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Guerre contre le  M23 en RDC : Quel avenir pour la paix ?

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L’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de représenter l’un des foyers de conflit les plus complexes et violents de la région des Grands Lacs. Le groupe M23, largement soutenu par le Rwanda, figure parmi les acteurs centraux d’une guerre qui déchire cette région depuis plus de dix ans. Malgré de multiples tentatives pour instaurer une paix durable, la situation reste extrêmement tendue. L’armée congolaise se bat contre un ennemi bénéficiant de soutiens extérieurs, tandis que les processus de négociation s’avèrent largement infructueux. Aujourd’hui, le processus de Luanda semble offrir une nouvelle lueur d’espoir, mais représente-t-il une réelle solution ou n’est-il qu’une nouvelle impasse ?

Un conflit aux racines multiples

Le conflit dans l’Est de la RDC est le résultat de nombreux facteurs interconnectés. Il trouve ses origines dans des tensions ethniques exacerbées par l’héritage colonial, mais aussi dans les ingérences étrangères, en particulier celles du Rwanda et de l’Ouganda.

 À cela s’ajoute une concurrence féroce pour l’exploitation des ressources naturelles de la région, notamment le coltan, un minerai essentiel à l’économie mondiale. Le M23, composé de soldats mutins de l’armée congolaise, découle du brassage de 2009 des anciens combattants du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), un ancien groupe rebelle soutenu par Kigali. De nombreux rapports, y compris ceux de l’ONU, accusent le Rwanda d’apporter une aide militaire et logistique au M23, transformant ce groupe en un instrument des rivalités régionales.

La dimension économique du conflit

Au-delà des enjeux politiques et identitaires, cette guerre s’inscrit également dans une lutte pour le contrôle des ressources naturelles, qui alimente une crise humanitaire d’ampleur dramatique. Les combats ont causé des millions de déplacés et exacerbé les souffrances de la population locale, pris en étau entre les groupes armés et les forces gouvernementales.

L’échec du processus de Nairobi

L’échec des négociations dans le cadre l’égide du processus de Nairobi peut être attribué à plusieurs facteurs. La principale difficulté réside dans la question de la légitimité du M23. Le gouvernement congolais refuse de négocier avec un groupe qu’il considère comme une marionnette du Rwanda, et ce, malgré les pressions de la communauté internationale.

Les critiques concernant la gestion des négociations par les présidents kényans Uhuru Kenyatta et William Ruto ont été nombreuses, notamment l’accusation de manque d’impartialité et de conciliation excessive envers Kigali. L’absence de compromis sur des questions cruciales, telles que le retrait des troupes rwandaises ou la neutralisation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), a transformé ce dialogue en une vitrine diplomatique sans avancées concrètes.

Le processus de Luanda : un espoir fragilisé

En 2022, face à l’échec de Nairobi, un nouveau processus a vu le jour, celui de Luanda, porté par le président angolais João Lourenço. Ce cadre de négociation vise à instaurer un cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda, avec pour principaux objectifs le retrait des forces rwandaises, la neutralisation des FDLR et un dialogue direct entre Kinshasa et le M23.Cependant, plusieurs obstacles demeurent. Le retrait des troupes rwandaises, malgré des promesses répétées, tarde à se concrétiser, alimentant un sentiment de scepticisme croissant. Quant à la neutralisation des FDLR, bien que ce groupe ait été affaibli, il reste actif et semble loin de constituer une menace réelle pour Kigali, comme le prétend ce dernier. L’intégration des combattants du M23 dans les Forces armées congolaises (FARDC), exigée par le Rwanda, est perçue par Kinshasa comme une atteinte à la souveraineté de son armée, rappelant les erreurs du brassage des combattants du CNDP, qui a entraîné des infiltrations et des fuites d’informations sensibles.

Quelles solutions pour une paix durable ?

Pour parvenir à une paix durable dans l’Est de la RDC, plusieurs éléments doivent être réunis. D’abord, un véritable engagement de toutes les parties prenantes : Kinshasa, le M23, le Rwanda et les acteurs régionaux. Le gouvernement congolais devra envisager un dialogue direct avec le M23, à condition que le Rwanda cesse ses ingérences et garantisse un retrait effectif de ses troupes.

Ensuite, la mise en place d’un mécanisme de vérification crédible est cruciale. L’Union africaine ou la SADC pourraient jouer un rôle central pour assurer le respect des accords et garantir leur mise en œuvre. De plus, l’inclusion des communautés locales et de la société civile dans le processus de paix est essentielle afin de répondre aux besoins et préoccupations des populations affectées par le conflit.

L’option militaire ou diplomatique ?

Bien que la solution militaire soit parfois vue comme une issue possible, elle risquerait de prolonger le cycle de violence sans résoudre les causes profondes du conflit. Les victoires militaires précédentes en RDC n’ont jamais permis d’aboutir à une paix durable, et une telle option risquerait de raviver de nouveaux ressentiments et d’entraîner de lourdes pertes humaines.

À l’inverse, une approche diplomatique inclusive, fondée sur un compromis politique global, apparaît comme l’option la plus prometteuse. Cela nécessiterait des efforts pour désarmer et réintégrer les ex-combattants, mais aussi des réformes institutionnelles profondes. Un travail de justice transitionnelle et de réconciliation devrait être au cœur de cette démarche pour apaiser les divisions et instaurer une confiance mutuelle entre les différentes parties.

Vers un dialogue plus inclusif ?

Le conflit du M23 en République Démocratique du Congo (RDC) est l’un des défis géopolitiques les plus complexes de la région. Les échecs répétés des négociations révèlent la méfiance et les profondes divisions entre les acteurs concernés. Cependant, le processus de Luanda, bien que fragile, pourrait constituer la base d’un dialogue structuré et plus efficace. Les récentes initiatives témoignent d’une volonté croissante de la communauté internationale de privilégier la voie du dialogue pour sortir de l’impasse sécuritaire. Dans un communiqué publié le 3 février 2025, une équipe d’experts internationaux a souligné que « la détérioration de la situation dans l’Est du pays impose de revenir à la table des négociations ». Ces spécialistes insistent sur la nécessité d’un dialogue immédiat et structuré pour protéger les populations vulnérables et mettre fin aux violences persistantes, tout en respectant les droits humains et le droit international humanitaire. Ils plaident pour une approche pacifique en remplacement des offensives militaires, qui, jusqu’ici, n’ont pas permis de traiter les causes profondes du conflit.

Pour que ce dialogue soit véritablement inclusif, il serait nécessaire d’y associer toutes les forces vives du pays, y compris la société civile et les figures politiques influentes. L’implication de personnalités telles que Joseph Kabila, Martin Fayulu, Denis Mukwege ou Moïse Katumbi pourrait favoriser un consensus national plus large, bien que leur participation soulève des questions de crédibilité et de faisabilité. La participation de Joseph Kabila, en particulier, pourrait constituer un facteur déterminant dans l’évolution du conflit. En effet, Corneille Nangaa, souvent qualifié de « poulain » de l’ancien président, entretient des liens étroits avec lui, ce qui pourrait jouer un rôle clé dans la résolution de la crise. Son implication pourrait également inciter plusieurs figures de son ancien parti, actuellement alignées avec Nangaa dans sa lutte contre le gouvernement, à reconsidérer leur position. Cette dynamique pourrait ainsi favoriser un apaisement au sein de l’opposition et accélérer un compromis politique acceptable.

Dans cette optique, un projet de dialogue national soutenu par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) renforce cette dynamique inclusive. Lors d’une interview donnée à actualité.cd le 4 février 2025, Monseigneur Donatien Nshole a affirmé que l’intégration des groupes armés, en particulier l’AFC/M23, est indispensable pour envisager une paix durable. Il a souligné : « La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes ; il n’aurait aucun sens de les exclure du processus de réconciliation et de dialogue, sans quoi l’espoir d’un accord global resterait illusoire. » Ce projet s’inscrit dans le cadre du « Pacte Social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs », qui cherche à rassembler l’ensemble des acteurs, y compris les groupes armés, les représentants de l’État et de la société civile, pour promouvoir une approche holistique et pacifiée de la crise.

Au-delà des négociations, la refonte de la gouvernance dans l’Est de la RDC devient primordiale. Un modèle décentralisé, capable de répondre aux revendications locales et d’adopter un mécanisme sécuritaire adapté, pourrait constituer un levier essentiel pour parvenir à une paix durable.

Ces initiatives marquent un tournant dans la gestion du conflit. En élargissant le cercle des acteurs impliqués et en plaçant le dialogue au cœur de la stratégie de résolution, les porteurs de ces projets montrent que la paix ne pourra être obtenue qu’à condition d’inclure toutes les voix, y compris celles qui ont jusque-là été marginalisées. Bien que complexe et fragile, cette démarche ouvre la voie à une réconciliation nationale et à une transformation des mécanismes de gouvernance, offrant ainsi la possibilité d’un apaisement durable dans la région.

Enfin, la communauté internationale doit jouer un rôle actif en soutenant un processus véritablement inclusif, fondé sur la réconciliation et la confiance. Car au-delà de la guerre, l’enjeu principal reste la reconstruction d’un pays meurtri par des décennies de conflits et d’instabilité.

Ces ajouts viennent compléter la réflexion sur la nécessité d’un dialogue plus inclusif en RDC, en mettant en lumière les initiatives actuelles et en réaffirmant l’urgence d’un engagement global pour instaurer une paix pérenne.

Heshima

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International

Conflits RDC-Rwanda : le dessous des cartes d’une désescalade rapide

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Après la signature le 23 avril 2025, au Qatar, d’un communiqué conjoint entre Kinshasa et le Mouvement du 23 mars affilié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda vont signer à Washington, ce vendredi 25 avril, une déclaration de principes bilatérales. Une signature qui couronne un processus de désescalade accéléré sous l’impulsion des États-Unis depuis plus d’un mois.

Ce matin, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a fait une annonce surprise : Kinshasa et Kigali vont signer une déclaration de principes sur la paix. Les responsables de la diplomatie de ces deux pays sont déjà présents aux États-Unis. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, représente la RDC et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, pour le Rwanda. Ce document vise à renforcer la coopération et la stabilité dans l’Est de la RDC, en proie aux conflits armés depuis plus de trois décennies.

Mais quel pourrait être le secret d’une telle accélération de ce processus de paix qui a pourtant plusieurs fois capoté entre Nairobi et Luanda ? Dans les coulisses de ce début de dénouement il y a le Qatar et les États-Unis. Doha a joué un rôle clé depuis le tête-à-tête réussi entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Après cette rencontre inattendue, les choses avaient commencé à s’accélérer. Un mois plus tard, Kinshasa et l’AFC/M23 ont dit, dans leur communiqué conjoint, vouloir « œuvrer à la conclusion d’une trêve ». Les deux parties ont également travaillé « en faveur d’une cessation immédiate des hostilités ».

Le Qatar s’impose depuis peu comme un médiateur de premier plan dans cette crise. Ce pays du Golfe s’est déjà montré performant dans ce domaine de médiation. Depuis le début de la guerre à Gaza, le Qatar joue un rôle majeur sur plusieurs fronts pour essayer avec les États-Unis et l’Égypte de mettre un terme à un conflit ayant causé plus de 40 000 morts. Doha entend également jouer un rôle décisif dans la résolution du conflit entre la RDC et le Rwanda.

Washington à la manœuvre

Derrière le Qatar, les États-Unis jouent le rôle de gendarme pour promouvoir la paix dans l’Est de la RDC. Un pays pour lequel il compte investir des milliards de dollars dans les minerais rares enfouis sous le sol congolais. Pour faire de la place à l’investissement, Washington a commencé par préparer le terrain à la paix. L’accord de paix qui sera signé entre Kinshasa et Kigali pourrait aussi prendre en compte une dimension économique. Selon les sources de l’agence Reuters, cette déclaration de principes concernera également le développement économique entre le Rwanda et la RDC. Ce qui sous-entend que dans le futur accord minier entre les États-Unis et la RDC, il pourrait y avoir une collaboration économique avec Kigali alors que les deux pays s’efforcent de mettre fin aux violences après une avancée des rebelles de l’AFC/M23 appuyés par le Rwanda.

Kinshasa reconnaît avoir consenti à des compromis

Pour le gouvernement congolais, la déclaration conjointe annonçant une volonté de trêve entre Kinshasa et l’AFC/M23 est une des conséquences des engagements souscrits par les deux Chefs d’État à Doha. « Le dialogue dont il est question ici, c’est le dialogue entre les signataires de la déclaration conjointe à savoir les experts du gouvernement et les délégués du M23. Nous avons fait un pas vers la paix. Le premier, celui du cessez-le-feu, a donné les résultats », a déclaré le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya. Ce dernier a avoué qu’un tel processus a nécessité des compromis. « Il faut considérer que la déclaration conjointe est une étape vers la paix. Considérons-nous tous que nous sommes dans un processus qui est sensible parce qu’on ne peut pas faire de paix sans compromis et là nous sommes engagés dans cette dynamique », a-t-il avoué. Avec la pression américaine derrière les acteurs clés dans cette crise, ce processus de paix prend désormais les allures d’un marathon diplomatique. Le porte-parole du gouvernement affirme que le médiateur va fixer d’autres rounds de discussion, probablement pour aborder les questions de fond et essayer de résoudre une bonne fois cette lancinante crise.

Heshima

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Vers une trêve entre Kinshasa et l’AFC/M23, Joseph Kabila de plus en plus isolé 

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À l’issue de ces discussions, les deux parties ont convenu, dans un communiqué conjoint diffusé notamment à la RTNC, de travailler à la conclusion d’une trêve en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu effectif. Une avancée qui ouvre désormais un long chemin pour le dialogue de fond. Une entente qui pourrait isoler l’ancien président de la République Joseph Kabila, dont le parti a été suspendu pour « complicité » avec les rebelles.

Les délégations de Kinshasa et de l’AFC/M23 ont décidé d’une trêve devant conduire à l’instauration d’un cessez-le-feu effectif dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont une bonne partie est occupée par les rebelles. Les deux parties ont, d’un commun accord, réaffirmé leur attachement à une cessation immédiate des hostilités. Kinshasa et les rebelles ont aussi décidé de rejeter catégoriquement tout discours de haine et d’intimidation, recommandant aux communautés locales de respecter ces engagements. Les deux parties se sont engagées à observer ces dispositions afin d’aller vers un dialogue qui portera sur les causes profondes de la crise en cours ainsi que sur les modalités concrètes de sortie de conflit dans les territoires de l’Est du pays. Kinshasa et l’AFC/M23 appellent le peuple congolais, les chefs religieux et les médias à soutenir et à relayer ce message d’espoir et de paix.

Un retournement de situation, alors que deux jours plus tôt, les négociations semblaient être dans l’impasse. Car la délégation des rebelles avait quitté Doha mardi. Mais d’autres sources révèlent que ce communiqué conjoint avait été préparé depuis le 17 avril, mais il attendait le feu vert de Félix Tshisekedi. Le chef de l’État congolais n’avait pas encore donné son feu vert pour la publication conjointe de ce document.

Les deux parties sont sous pression américaine

Les deux parties présentes à Doha sont sous pression de Washington, qui veut voir un accord de paix entre les belligérants. L’annonce de cette trêve et d’un engagement pour un dialogue de fond intervient au lendemain d’une rencontre entre le ministre d’État qatari Mohammed Al-Khulaifi, en charge du dossier, et Massad Boulos, le nouveau conseiller principal pour l’Afrique à la Maison Blanche. Lors d’un point de presse le 17 avril 2025, M. Boulos n’avait pas hésité à appeler Kigali à cesser tout soutien au M23 et de retirer ses troupes de la RDC. Une pression continue qui aurait beaucoup pesé sur le premier communiqué conjoint divulgué par Kinshasa et l’AFC/M23. Washington, qui réfléchit sur un accord minier avec la RDC, a tout intérêt de voir un retour rapide et pérenne de la paix dans cette partie du pays. « Le M23 avait même décidé de retirer toute sa délégation de Doha pour retourner dans l’est de la RDC. Et ce changement radical, rapide, de leurs positions peut s’expliquer par le fait que le représentant spécial des États-Unis pour l’Afrique était à Doha », explique à Deutsche Welle le politologue congolais Christian Moleka. Selon ce dernier, la pression américaine a contribué pour beaucoup dans ce retournement de situation.

Le sort incertain de Joseph Kabila

L’entente entre le gouvernement et les rebelles de l’AFC/M23 pourrait mettre l’ancien président de la République, Joseph Kabila, dans une très mauvaise posture. Après son voyage éclair à Goma, fief des rebelles du M23, le gouvernement congolais a pris des mesures sévères contre l’ancien chef de l’État.

Kinshasa durcit le ton contre Joseph Kabila et ses proches. Après l’annonce de la suspension des activités de son parti, le PPRD, sur toute l’étendue du territoire, sa formation politique a été déguerpie de son siège de Kinshasa. « La justice a restitué ce jour [mercredi 23 avril] à Madame Serana sa parcelle située sur l’avenue Pumbu n°22-24, Quartier des Cliniques, dans la commune de la Gombe à Kinshasa », peut-on lire dans le communiqué du ministère de la Justice et Garde des Sceaux. Cette propriété, poursuit la note, a été spoliée depuis 23 ans par Madame Gloria Mteyu, « sœur de l’ancien Président de la République, Joseph Kabila, qui a illégalement abrité le siège du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ».

Aux yeux de plusieurs observateurs, Joseph Kabila risque de devenir l’ennemi public numéro un, laissant le M23 devenir désormais un interlocuteur du gouvernement. « Joseph Kabila risque de passer d’un acteur d’alternance démocratique à un paria de la République », estime un analyste qui pense que l’ancien chef de l’État a franchi la ligne rouge en soutenant les thèses d’une rébellion qu’il avait lui-même combattue. La procédure pour enclencher des poursuites judiciaires contre Kabila serait en cours. Le sort de Joseph Kabila dans cette crise reste incertain. Si l’ex-Raïs est réellement en intelligence avec le M23 et l’AFC, cela ne tardera pas à être davantage dévoilé. L’AFC/M23 serait contraint de plaider aussi sa cause à Doha pour une paix globale.

Heshima 

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Pacte de paix CENCO-ECC : progrès ou impasse ?

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Le foisonnement des initiatives de médiation semble faire oublier la démarche des Églises catholique et protestante dans la recherche des solutions aux conflits armés en République démocratique du Congo (RDC). La célébration pascale, le 20 avril 2025, a servi de tribune au cardinal Fridolin Ambongo et au représentant légal de l’Église du Christ au Congo (ECC), André Bokundoa, pour appeler les Congolais à adhérer à l’idée d’un « Pacte pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Malgré la tournée effectuée par ces prélats et révérends, l’initiative reste toujours timide.

À ce jour, où en est-on avec la démarche du dialogue menée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ? Malgré la tournée régionale et internationale effectuée par la délégation de ces deux confessions religieuses, certaines sources proches de ces structures évoquent une impasse politique doublée d’un flou persistant sur le format à adopter. « Les yeux de la CENCO-ECC sont aussi rivés sur les négociations de Doha au Qatar », explique une source. L’idée, c’est d’attendre un cessez-le-feu officiel pour finalement trouver un format de discussions.

Dans l’opinion publique, à Kinshasa comme en province, cette initiative souffre d’une certaine réticence des Congolais liée notamment à l’attitude ambigüe de la CENCO face aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe allié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) coordonnée par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa.

Un autre élément ayant fragilisé la démarche de ces évêques et pasteurs, c’est la déclaration du Monseigneur Fulgence Muteba sur le financement de leur démarche par certains pays de la région dont le Rwanda. Une affirmation qui avait suscité un tollé il y a plus d’une semaine, nécessitant le recadrage du secrétaire général de la CENCO, Monseigneur Donatien Nshole. Ce dernier avait précisé que les fonds évoqués par Mgr Muteba étaient liés au remboursement des billets d’avion après que les protocoles des deux pays, à savoir le Rwanda et le Kenya, avaient réaménagé l’agenda de leur voyage. « Kigali a remboursé notre billet. Par ailleurs, l’hospitalité des États fait partie de ce que Mgr Fulgence Muteba a fait mention », a rectifié Donatien Nshole.

Ambongo encourage l’adhésion des Congolais

Lors de la célébration pascale, le 20 avril 2025, les deux Églises engagées dans la démarche de la paix en ont profité pour inviter les Congolais à adhérer à l’idée de ce « Pacte pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Malgré les réticences observées, le cardinal Ambongo a affiché son optimisme, dans son message du 19 avril, en appelant à l’adhésion de tous à ce projet de paix. « C’est dans cette optique que j’encourage et j’exhorte une fois de plus les uns et les autres à accueillir avec confiance et ferveur l’initiative du Pacte social pour la paix et le bien-vivre, proposé par la CENCO et l’ECC. On y trouve les germes d’un avenir radieux et harmonieux pour tous », a-t-il déclaré. De son côté, André Bokundoa de l’ECC, a lancé le même appel aux Congolais.

Ce Pacte va-t-il toujours avoir lieu ?

Prises de vitesse par les négociations de Qatar, les deux Églises font preuve de patience dans l’attente de l’aboutissement de ce projet de dialogue. Mais il y a le risque de voir que si les politiques trouvent la paix à Doha et que la République retrouve sa pleine souveraineté, les hommes politiques seraient de moins en moins enclins à s’asseoir pour discuter de la paix qu’ils auraient eux-mêmes déjà négociée au Qatar. L’intérêt d’un tel pacte pourrait baisser aux yeux des hommes politiques, sauf en cas d’un nouveau désaccord.

Autre point faible : la multiplication des médiations rend la démarche plus confuse. Elle ne facilite pas la tâche à la CENCO-ECC dont l’agenda ne semble fixé nulle part. Mais les évêques et les révérends sont patients : leur pacte est à inscrire dans la durée. Ils visent à mettre sur pied un document qui garantirait la paix et le vivre-ensemble à l’horizon du centenaire de la RDC, en 2060. Les deux Églises travaillent ensemble pour encourager toutes les parties à s’engager en faveur de la paix, du dialogue et de la réconciliation. Ce pacte vise également à renforcer la cohésion entre les différentes communautés et à prévenir les conflits en favorisant le respect mutuel, la tolérance et la solidarité. C’est une démarche qui montre l’engagement des acteurs religieux dans la construction d’une société plus pacifique et harmonieuse. Reste à savoir si leur voix pourra porter jusqu’aux sphères du pouvoir, notamment face à des figures comme Paul Kagame, dont la realpolitik éclipse souvent les appels à la paix.

Heshima

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