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Retour sur les différents projets de la CFEF avec la BAD
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La redaction
La Cellule d’exécution des financements en faveur des États fragiles (CFEF) a réalisé plusieurs projets avec le financement de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale. L’exécution de ces projets a eu un impact réel en République Démocratique du Congo (RDC), notamment en termes d’amélioration de la productivité agricole et de la qualité des infrastructures modernisées. La CFEF en qualité d’agence fiduciaire a notamment assuré avec satisfaction l’exécution du projet de construction d’un bâtiment moderne abritant les services de la Direction des Grandes Entreprises (DGE) de la Direction Générale des Impôts situé sur le Boulevard du 30 juin, à Kinshasa. La viabilisation des infrastructures de génie civil et de génie électrique de la Zone Economique Spéciale (ZES) pilote de Maluku fait également partie d’une des grandes réalisations faisant partie des composantes de nombreux projets exécutés.
De 2014 à 2024, de nombreux projets réussis ont été placés dans le portefeuille de la CFEF qui en assure la gestion fiduciaire. Il s’agit des projets ci-après : le Projet de Développement des Pôles de Croissance ouest (PDPC) financé par la Banque mondiale, le Projet de Renforcement des Systèmes de Développement Humain (PRSDHU) financé par la Banque mondiale, le Projet de Développement des Infrastructures Financières et des Marchés (PDIFM) financé par la Banque mondiale, le Projet d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes et à la Modernisation des Finances Publiques (PAMRIM-FP) et le Programme d’Appui Budgétaire en Réponse à la crise de la COVID-19 (PABRC) financés par la Banque africaine de Développement.
En outre, la CFEF a participé aux négociations de nouveaux projets avec les partenaires techniques et financiers du Gouvernement. La CFEF exécute actuellement le Projet d’Appui à la Relance de l’Economie Congolaise (PAREC) financé par la BAD, le Programme de financement de microfinance – fonds d’urgence COVID-19 financé par la KFW.
La CFEF assure pour le compte du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) plusieurs projets ayant trait à l’amélioration de la gouvernance et à la mobilisation des ressources internes.
Les interventions mises en place dans le cadre de ces projets, ont permis de renforcer la capacité des institutions, appuyées spécialement la Direction Générale des Impôts et la Direction Générale des Recettes Administratives, judiciaires, Domaniales et de participations (DGRAD, à mobiliser les ressources internes, à améliorer les infrastructures économiques à travers l’appui au projet des ZES et des infrastructures rurales et d’assurer une gestion efficace des finances publiques à travers l’appui au Comité de suivi de réformes des finances publique (COREF). Ces projets ont également permis de mettre en place des outils et des mécanismes pouvant permettre le développement et la croissance des Petites et Moyennes Entreprises grâce notamment à la mise en place d’une ligne de crédit destiné au refinancement des banques commerciales et des institutions de microfinance à travers deux accords de partenariat signés avec le FPM SA et la Banque Centrale du Congo.
Projet d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes et à la Modernisation des Finances Publiques (PAMRIM-FP)
Clôturé en 2022 et financé par la BAD à hauteur de 12 millions de dollars, le Projet d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes et Modernisation des Finances Publiques (PAMRIM-FP) avait pour but de contribuer à la mobilisation accrue des ressources internes et au renforcement de l’obligation de rendre compte. Spécifiquement, le PAMRIM-FP visait à renforcer la mobilisation des ressources internes et de consolider les réformes fiscales. Dans ce cadre, les interventions déployées ont permis la réorganisation de l’Inspection des services de la DGI, la formation des Vérificateurs et Huissiers fiscaux et, enfin, la construction d’un bâtiment abritant les services de la Direction des Grandes Entreprises (DGE) de la Direction Générale des Impôts.
Réorganisation de l’Inspection des services de la DGI
La CFEF a mené avec l’appui d’un consultant la réorganisation de cette structure. Cette agence congolaise a mis en place un dispositif de gestion pour trois nouvelles structures de contrôle. En même temps, elle a élaboré une politique de gestion du parc informatique de la DGI.
Formation des Vérificateurs et Huissiers Fiscaux
Au total, 512 vérificateurs polyvalents et 340 gestionnaires des comptes ont été formés à travers les 26 provinces de la RDC.
Construction d’un bâtiment pour la DGE
Un cabinet a été recruté pour réaliser les études architecturales et superviser la construction d’un bâtiment de six étages (R+6) abritant la Direction des Grandes Entreprises (DGE) sur le Boulevard du 30 Juin. Selon le Coordonnateur National de la CFEF, Alain Lungungu Kisoso, ce bâtiment a été construit dans les normes. « Nous sommes fiers d’avoir participé à l’érection de cet édifice. Cela rentre dans le cadre de la modernisation des infrastructures publiques prônée par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi », a-t-il déclaré en 2023. Les travaux de construction sont achevés depuis fin décembre 2023. A ce jour, le personnel de la DGE est déjà installé dans ce nouveau siège moderne.
Pérenniser les chaines des recettes en province
Dans le cadre de pérennisation des chaînes provinciales des recettes, dépenses et de la paie, la CFEF a fait installer des équipements informatiques et mis en œuvre un système intégré des finances publiques dans les provinces du Kongo Central, de la Tshopo et du Maniema. Les actions ont inclus l’installation des infrastructures physiques, c’est-à-dire, la mise en place des cellules de gestion des systèmes informatiques et démarrage de ce système dans les trois provinces. Il y a aussi la formation des agents. Sur ce point, 23 agents du Kongo Central et 40 agents de Kinshasa ont été formés sur l’usage et le paramétrage des modules du système des recettes, des dépenses et de la paie.
Achat des moyens de locomotion aux personnels
Le projet a permis d’améliorer la mobilité du personnel et des services de la Direction Générale des Impôts (DGI), de la Direction Générale des Recettes Administratives, judiciaires, Domaniales et de participations (DGRAD), de la Direction de Reddition Générale des Comptes (DRGC), de la Cour des Comptes et de la CFEF par l’acquisition de pick-up, bus, minibus et motos. Ce qui a facilité la mobilisation des recettes et le contrôle des administrations concernées.
Impact des actions de la CFEF

Les actions menées par la CFEF ont permis de renforcer la capacité des régies financières à mobiliser les ressources internes, les infrastructures économiques et assurer une gestion efficace des finances publiques. Selon la CFEF, ces réalisations témoignent de l’engagement de cette agence fiduciaire à soutenir le développement économique durable et inclusif promu en RDC par le Gouvernement de la République sous le leadership du Président de la République, transformant ainsi les défis posés par la crise en opportunités de croissance et de progrès pour les populations locales.
Le projet de Développement des Pôles de Croissance ouest (PDPC) est un projet multisectoriel ayant permis de libérer le potentiel de croissance des principaux secteurs productifs, en particulier l’agriculture et l’agro -industrie financé à hauteur de 110 millions de dollars par le Groupe de la Banque Mondiale. Il a été piloté par le ministère des Finances à travers la CFEF, comme unité de coordination du projet. Pour relever les défis liés à sa mise en œuvre, le PDPC s’est concentré sur certains des principaux moteurs du changement afin d’accroître la productivité et l’emploi des chaînes de valeur sélectionnées dans les zones ciblées. Les principaux facteurs de changement pris en considération étaient les suivants: le développement des chaînes de valeur agricoles aux fins d’améliorer les capacités d’approvisionnement agricole; le soutien aux infrastructures rurales; l’opérationnalisation de la Zone économique spéciale de Maluku via la facilitation des Partenariats Publics Privés – PPP; le renforcement des capacités de l’Agence des Zones économiques spéciales concernée dans le développement de la ZES et la viabilisation des infrastructures physiques. Le projet a également permis le développement proactif des affaires à travers un appui à l’Agence nationale de promotion des investissements dans la mise en œuvre des réformes réglementaires ciblées.
Renforcement des capacités d’approvisionnement agricole
Dans le cadre de sa mise en œuvre, le projet a permis la réhabilitation des bâtiments de trois stations de l’Institut National des Etudes et Recherches Agronomiques (INERA) au Kongo Central ; la réhabilitation et équipement des laboratoires de l’INERA et du Service National de Semences (SENASEM) ; le renforcement des capacités technique et matérielle des intervenants de la chaîne semencière et la subvention de la production semencière certifiée ; la production de 46,9 tonnes de semences de base de riz par l’INERA et 79,5 tonnes de semences R1 mises à la disposition des organisations paysannes et opérateurs semenciers. Il y a eu également la production de 2 845 817,69 mètres-linéaires de boutures de manioc de base par l’INERA et 8 391 329 mètres linéaires de boutures primaires mises à la disposition des ménages agricoles par les opérateurs semenciers ; la production de 882.148 plants de palmier à huile a été mise à la disposition des producteurs paysans ; la structuration et professionnalisation de 49.853 ménages agricoles ; l’accroissement de la productivité moyenne de 0,8 tonne à 3,7 tonnes pour le riz et de 5 tonnes à 18,4 tonnes pour le manioc ; la production par les bénéficiaires directs du projet de 6.309 tonnes de riz paddy, 208.719 tonnes de racines de manioc et 11.722 tonnes d’huile de palme ; le financement à coûts partagés de 31 microprojets, en vue du développement des chaînes de valeurs agricoles au Kongo Central ; l’appui au Comité provincial de coordination et suivi du projet et installation de 6 Comités techniques locaux, composés au total de 54 membres, dont 37 % des femmes et enfin la réhabilitation et la construction du bâtiment de l’Inspection Provinciale de l’Agriculture, Pêche et Elevage.
Appui à l’infrastructure rurale
Pour permettre aux agriculteurs de mieux évacuer leurs produits, la CFEF, qui pilote ce projet, a renforcé les capacités techniques, matérielles et institutionnelles de la Direction nationale des Voies de Desserte Agricole (DVDA). Une stratégie provinciale d’entretien routier a été élaborée mais aussi un appui a été mis en œuvre au titre de l’institutionnalisation de la Commission provinciale routière et des comités locaux d’entretien routier. Le projet a permis la réhabilitation de 542,5 kilomètres de pistes rurales répartis sur 22 axes routiers dans le Kongo Central, avec la construction des 27 ponts, dont celui de Mambutu Kubu à Lukula, long de 36 mètres et de Lubolo, à Tshela, avec une longueur de 12 mètres et de 622 dalots, au bénéfice de 134 527 ménages ruraux. Les ressources du projet ont contribué à la construction et montage de 114 pylônes d’une ligne électrique haute tension de 132 Kilovolts dimensionnée en 220 Kilovolts de 36,5 km et de deux postes électriques à Lunga Vasa et à Moenge (132/30 Kilovolts). Au titre du projet, le Gouvernement de la République a construit et équipé la Plateforme agroindustrielle de Lukula (PAIL) pour une capacité annuelle de transformation de 9.000 tonnes de manioc, 9.000 tonnes de régimes de palmier à huile et 800 tonnes de riz paddy, financé l’aménagement hydroagricole du périmètre rizicole de Tshikenge à Boma (seuil de capture, canalisation de base et zone de production de 13 ha).
Zone Economique Spéciale (ZES) pilote de Maluku
Le projet a permis la sélection d’un emplacement pour la ZES pilote de Maluku, la réalisation des études y associées, la mise en place d’un cadre juridique institutionnel et réglementaire applicable aux ZES en RDC, ainsi que d’un établissement public chargé de la gestion des ZES, en l’occurrence l’Agence des Zones économiques spéciales. Ces réalisations se sont avérées essentielles dans la conception des activités et le développement du programme des ZES en République Démocratique du Congo. Le projet a ainsi financé l’élaboration des produits analytiques nécessaires à la viabilisation du site de la ZES pilote de Maluku, notamment l’étude d’impact environnemental et le Plan d’Action de Réinstallation (PAR), ainsi que la construction d’un mur de clôture de 6.150 mètres pour la sécurisation du périmètre de la ZES pilote de Maluku.
Développement proactif des affaires
Dans sa troisième composante, le projet s’est intéressé au développement proactif des affaires. Un appui institutionnel et matériel à l’ANAPI pour la réalisation des activités d’élaboration des réformes, de suivi-évaluation et de communication sur les 4 indicateurs Doing business ciblés par le projet. En effet, la réalisation d’une étude sur la stratégie d’appui aux PME et producteurs agricoles le long des chaines de valeurs agricoles du Kongo-Central, ayant permis notamment de : mettre sur pied un cadre de concertation public-privé sur les PMEs ; octroyer à 266 producteurs agricoles et PMEs de microcrédit dans les pôles nodaux d’Inkisi et de Kimpese ; ouvrir des comptes épargne à 40 coopératives agricole et 15 PMEs dans les pôles de Boma, connecter des producteurs agricoles de Khanzi aux transformateurs de Kinzau Mvuete. Ce projet a permis aussi la réalisation d’une étude de faisabilité d’un parc agro-industriel à Nkundi, dans le Kongo-Central, comprenant un plan d’aménagement et de gestion ; l’élaboration d’un Programme de promotion ciblé de l’agro-industrie en RDC, PPCA, dans le cadre des directives stratégiques pour la promotion des investissements dans l’agriculture commerciale ; la réalisation d’une étude sur l’état des lieux du cadre actuel du dialogue public-privé et des solutions idoines pour le consolider ; réalisation d’une étude pour la fourniture, l’installation et la mise en service des équipements pour les entreprises et organismes intervenant dans le commerce transfrontalier ; la réalisation d’une étude sur la rationalisation du système fiscal par la mise en place d’une fiscalité et d’une parafiscalité centrale et provinciale ; la réalisation d’une enquête d’impact et de satisfaction sur les 4 indicateurs Doing business ciblés par le projet et, enfin, la fourniture des équipements informatiques dans le cadre de l’informatisation du processus de délivrance du permis de construire.
Impact de ce projet en RDC
Les actions de la CFEF dans le cadre du PDPC ont eu un impact significatif, note la source, notamment en termes d’amélioration de la productivité agricole et de la qualité des produits grâce aux infrastructures modernisées. Les travaux de construction et de réhabilitation ont généré de nombreux emplois locaux, stimulant ainsi l’économie des zones ciblées couvertes par le projet.
De plus, la réhabilitation des pistes rurales a facilité l’écoulement des produits agricoles, améliorant l’accès aux marchés et réduisant ainsi les coûts logistiques pour les agriculteurs. Ces réalisations de la CFEF dans le cadre du PDPC illustrent son efficacité et son engagement à promouvoir le développement économique durable et inclusif en RDC. Par ses efforts continus, la CFEF au nom du Gouvernement de la République a réussi à transformer les infrastructures rurales et à améliorer les conditions de vie des populations locales, faisant du développement agricole une réalité tangible.
Le PRSDHU renforce des systèmes de santé et d’éducation

Réalisé de 2015 à 2020, le Projet de Renforcement des Systèmes pour le Développement Humain (PRSDHU) a été financé par la Banque Mondiale. Il avait pour objectif de renforcer certains systèmes de gestion des services de l’éducation et de la santé dans des zones géographiques ciblées en RDC.
Dans sa première composante, ce projet a formé 1 417 agents du Ministère de l’EPST, dont 226 femmes, et a fourni des équipements en matériel informatique, en panneaux solaires et divers aux 518 sous-divisions éducationnelles pour la collecte et le traitement des données.
En outre, dans le cadre du projet, les applications informatiques ont été développées et mises à la disposition de 48 divisions éducationnelles ciblées pour la collecte des données. Cet appui du projet a permis de produire et de rendre publics les annuaires statistiques et les plans d’action opérationnels des années scolaires 2015-2016, 2018-2019 de 518 sous-divisions de 48 divisions éducationnelles de l’EPST.
Système National d’Information Sanitaire (SNIS)
Dans le secteur de la santé, le projet a appuyé 62 zones de santé et les divisions provinciales de Santé (DPS) de 4 provinces (Haut Katanga, Mai-ndombe, Sud-Ubangi et Kwilu) dans l’intégration du SNIS, à travers l’équipement en matériel informatique et kits solaires. Aussi, le projet a formé 473 agents sanitaires, dont 58 femmes, dans les domaines relatifs à l’exploitation du système national d’information sanitaire (SNIS), en GPS, collecte des données Géospatiales et à l’utilisation du logiciel DHIS 2/SNIS amélioré. Par ailleurs, le projet a accompagné environ 129 zones de santé de six DPS dans la mise en œuvre, suivi et évaluation des activités, ainsi que dans la collecte et l’analyse des données de qualité. En conséquence, 118 rapports annuels et 168 plans d’action opérationnels (PAO) des zones de santé ont d’abord été produits et mis en ligne sur le site web du Ministère de la Santé publique (http://www.sante.gouv.cd) ; et ensuite 92 rapports annuels en 2019 et 126 plans d’action opérationnels (PAO) pour 2020 des zones de santé ont été mis en ligne sur le site web du Ministère de la Santé publique.
Enquête sur les indicateurs de prestation des services en santé et éducation
Le projet a soutenu la collecte et la construction des bases de données des écoles et des formations sanitaires (FOSA) dans le cadre des indicateurs de prestation des services (SDI) dans les secteurs de l’éducation et de la santé.
Système de gestion de l’état civil
Grâce au projet, la stratégie de réforme du système d’enregistrement des faits d’état civil et de production des statistiques vitales, y compris son plan d’action et son budget, ont été élaborés et validés par les parties prenantes. Le projet a financé les échanges d’expérience sur terrain et a mis en place des centres d’excellence pilotes pour l’expérimentation du système informatisé d’enregistrement dans la commune de Limete à Kinshasa et dans le territoire de Mbanza-Ngungu dans la province du Kongo Central. Les innovations introduites dans la réforme ont conduit à la production de l’avant-projet du code de la famille révisé dans ses dispositions relatives à la personne, l’utilisation et la protection des données à caractères personnels, à l’interopérabilité entre les services de l’état civil et les structures médicales.
Dans sa deuxième composante, le projet a financé la mise en œuvre de 20 recommandations découlant d’une étude de l’OMS réalisée en 2014. La mise en œuvre de ces recommandations a donné lieu à la transformation de la Division de la pharmacie et du médicament (DPM) à une agence de réglementation autonome pérenne des produits pharmaceutiques essentiels, dénommée Autorité Congolaise pour la Réglementation Pharmaceutique (ACOREP).
Aussi, le projet a renforcé le Laboratoire Pharmaceutique de Kinshasa (LAPHAKI) en équipement, en formation et à la certification ISO 17025. En outre, un système d’information des acteurs du secteur privé, connecté à la SEGUCE, a été mis en place.
Système d’approvisionnement
Grâce à l’appui du projet, des plans d’affaires pour le développement de la Fédération des centrales d’approvisionnement en médicaments essentiels (FEDECAME), une organisation à but non lucratif, et des centrales de distribution régionale de Lubumbashi (CAMELU) et Goma (ASRAMES) ont été élaborés pour la préparer à gérer un volume considérable de passation des marchés.
Système de logistique
Le projet a appuyé le Programme National d’Approvisionnement en Médicaments essentiels (PNAM) dans l’évaluation rigoureuse du système actuel de logistique dans quelques provinces afin d’identifier une nouvelle organisation et un autre réseau logistique.
Au terme de cette évaluation, une stratégie nationale du système d’information pour la gestion logistique des médicaments (SIGL) a été élaborée avec la participation de toutes les parties prenantes ainsi que son plan d’action dans quelques provinces ciblées lesquelles ont été renforcées en capacité sur l’utilisation du logiciel DHIS 2 et du portail web « infomed.rdc.org »
Etudes
Cette troisième composante a porté sur la réalisation de deux études pour le ministère du Travail, Emploi et Prévoyance Sociale (étude de la main d’œuvre qualifiée et étude sur les mutuelles de santé en RD Congo) ; la réalisation de 4 études et dissémination de 3 études du Ministère des Affaires Sociales (étude de transformation des CPS en CAS, étude de l’évaluation de la vulnérabilité en RD Congo et la revue des dépenses publiques en protection sociale). Les résultats de ces efforts ont été remarquables. Les systèmes de gestion de l’information dans les domaines de l’éducation et de la santé ont été considérablement renforcés, permettant une meilleure collecte, analyse et utilisation des données pour la prise de décisions éclairées. Les systèmes de réglementation et de logistique des médicaments essentiels ont également été optimisés, garantissant un approvisionnement plus fiable et efficace.
L’impact du PRSDHU se fait sentir dans les zones ciblées, où les communautés bénéficient désormais d’une meilleure gestion des services de santé et d’éducation. Grâce aux efforts de la CFEF, la RDC a fait des progrès significatifs vers l’amélioration de ses infrastructures sociales essentielles, posant ainsi les bases d’un développement durable et inclusif.
Les exploits de la CFEF dans le cadre du PRSDHU illustrent son efficacité et son engagement indéfectible à promouvoir le développement humain en RDC. En transformant des objectifs ambitieux en réalisations concrètes.
PDIFM, modernisation des infrastructures financières
Financé par la Banque Mondiale, le Projet de Développement des Infrastructures Financières et des Marchés (PDIFM) a pris fin en avril 2021 et avait comme objectif de moderniser les infrastructures financières et à accroitre la disponibilité de financement pour les Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME). Plusieurs actions ont été menées, permettant des réalisations telles que la construction du réseau de communication interbancaire et interconnexion de toutes les banques commerciales au réseau de communication interbancaire en janvier 2016 ; la fourniture à la Banque Centrale du Congo (BCC) du système multidevise ATS/CSD pour les opérations du nouveau système de paiements en janvier 2016 ; la mise en service de l’ATS/CSD et mise en production du système national de paiement modernisé le 29 septembre 2017; la formation de 1.040 personnes, membres de la BCC et des banques commerciales, dans les domaines de la connaissance et de la gestion de la fibre optique, du Swift sur la gestion des paiements et de la liquidité, des évolutions des instruments de paiement en monnaie électronique ; le traitement de 100% des opérations en monnaie nationale dans le Système de Règlement Brut en Temps Réel (RTGS) et dans la Chambre de Compensation Automatisée (ACH) ; la fourniture à la BCC du Switch monétique national le 23 octobre 2017 ; la finalisation des statuts et du plan d’affaires de la Société Monétique Interbancaire du Congo ; la réalisation du diagnostic sectoriel de la microfinance et des outils de la supervision basée sur le risque, approuvé par la BCC le 22 septembre 2016 ; la formation de 150 cadres de la Direction de Supervision des Intermédiaires Financiers de la BCC dans les domaines du contrôle interne, de l’analyse des plans d’affaires des IMFs et de la supervision sur place et sur pièces basée sur les risques; la formation de 362 personnes; agents et cadres des IFP dans les domaines de la transformation et la consolidation de l’architecture institutionnelle, de l’amélioration du positionnement et des outils de gestion, de la réorganisation du département MPME, de la croissance du financement du secteur agricole ; l’élaboration des manuels des opérations de la ligne de crédit et du guichet de refinancement de la BCC ; la mise en place d’un guichet de refinancement à la BCC ; le décaissement de la ligne de crédit à moyen et long terme à hauteur de 8.165.447 USD, à travers le FPM SA (3.000.000 USD) et la BCC (5.165.447 USD), en faveur de 811 MPME (dont 13 agricoles), par le biais de deux banques commerciales, six IMFs et deux COOPECs et enfin la mise en place des politiques sociales et environnementales dans les institutions financières bénéficiaires de la ligne de crédit de ce projet.
A travers l’implémentation de tous ces projets, la CFEF apporte une contribution exceptionnelle au développement de la République Démocratique du Congo. L’impact de ses actions au pays se font sentir dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Cette agence compte poursuivre son élan dans d’autres projets, notamment celui du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) dans 7 provinces dont elle a la charge de l’exécution des travaux.
Heshima
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International
Afrique : ces anciens chefs d’État qui ont réussi à revenir au pouvoir
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3 jours agoon
juin 17, 2025By
La redaction
En Afrique, certains chefs d’État sont revenus aux commandes après avoir quitté le pouvoir. Certains ont réussi à le faire en utilisant les armes. Du Congolais Denis Sassou-Nguesso au Ghanéen Jerry Rawlings, Heshima Magazine revient sur la ‘‘short list’’ de ces présidents qui ont retrouvé les palais présidentiels par des moyens pacifiques ou par la force.
Dans le microcosme politique africain, les comportements des chefs d’État varient considérablement, allant parfois de l’autoritarisme à la démocratie. Ces attitudes sont influencées par des facteurs historiques, culturels et politiques des différents pays. Certains chefs d’État ont utilisé l’autoritarisme pour consolider leur pouvoir, limitant ainsi la participation politique. Dans d’autres régions du continent, certains mettent l’accent sur le développement économique et la consolidation des institutions démocratiques. Ces attitudes et comportements sont également dictés par une influence des anciennes métropoles de certains pays hier colonisés. Ces anciennes puissances coloniales exercent souvent une influence depuis l’Occident.
Denis Sassou Nguesso, un retour par les armes
Denis Sassou Nguesso est né le 29 novembre 1943 à Edou, dans le district d’Oyo, au nord de la République du Congo, alors appelée Moyen-Congo, dans le cadre de l’organisation de l’Afrique équatoriale française (AEF), une fédération coloniale regroupant quatre territoires : le Tchad, l’Oubangui-Chari (actuelle Centrafrique), le Moyen-Congo (actuel Congo-Brazzaville), et le Gabon. Après l’assassinat du président Marien Ngouabi, le 18 mars 1977, Denis Sassou-Nguesso, alors colonel au sein de l’armée et membre influent du Parti congolais du travail (PCT), joue un rôle majeur.
Avant la normalisation de la vie politique du pays, la Constitution de 1973 est d’abord abrogée. C’est un Comité militaire du parti, dont il est membre, qui assume l’intérim du pouvoir. Dans ce comité, le colonel Denis Sassou Nguesso occupe les postes de premier vice-président et de ministre de la Défense. Mais au fil des jours, un bras de fer s’engage entre lui et le président Joachim Yhombi-Opango. Ce dernier sera vite accusé de corruption et écarté de son poste lors d’une séance du Comité central du PCT, le 5 février 1979.
Reconnu comme l’un des instigateurs de ce renversement indolore du président Yhombi-Opango, Sassou Nguesso est nommé président provisoire le 8 février, soit trois jours après la réunion du comité central du PCT. En mars, il sera confirmé dans ses fonctions lors d’un congrès spécial. Ainsi, Denis Sassou Nguesso devient le président de la République du Congo. Pour consolider son mandat de 5 ans, il organise des élections le 8 juillet, lors desquelles le PCT, parti unique, monopolise les sièges. Un référendum appuie également la nouvelle Constitution. Et dans son discours après sa prestation de serment, le 14 août, le président amnistie les prisonniers politiques, incluant ceux accusés de l’assassinat du président Marien Ngouabi en 1977. Il va rapprocher le Congo du communisme tout en gardant d’excellentes relations avec l’Occident, principalement la France. Sassou va ainsi diriger le pays pendant toute une décennie, jusqu’en 1990. Au cours de cette année, le Congo-Brazzaville n’échappera pas au vent de la perestroïka qui souffle depuis l’Union soviétique jusqu’en Afrique. Sur l’autre rive du fleuve Congo, au Zaïre d’alors, Mobutu s’est tiré d’affaire en autorisant le multipartisme, chez lui, ce mouvement des réformes démocratiques lui apportera une défaite cuisante à la présidentielle de 1992, entraînant aussi son parti, le PCT.
Pascal Lisouba, renversé militairement par Sassou
En 1992, c’est un homme du sud du pays qui prend le pouvoir : Pascal Lisouba. Après s’être débarrassé tour à tour du président en fonction, Denis Sassou-Nguesso, et d’un grand adversaire politique, Bernard Kolelas, Pascal Lisouba devient le sixième président du Congo indépendant mais le premier à être élu au suffrage universel direct dans un scrutin ouvert. Réputé comme un intellectuel de haut vol, Lisouba ne connaitra malheureusement pas un quinquennat tranquille. L’ombre de son prédécesseur va continuer à planer sur le pays. Certains observateurs accuseraient même l’ex président Sassou de mettre des bâtons dans les roues de son successeur. Dans ce contexte, le nouveau président doit alors faire face au mécontentement grandissant des fonctionnaires, qui accusaient plusieurs mois de retard dans leurs salaires. Il y a aussi une question sécuritaire majeure : la prolifération de milices à base ethnique. Mais la grande question qui aurait provoqué plus tard le come-back de Denis Sassou-Nguesso serait celle de la gestion de la manne pétrolière du pays. Pascal Lisouba a fait face « aux blocages du pétrolier français Elf, qui lui refuse des avances sur la manne pétrolière, indispensable au paiement des salaires, tout en lui reprochant de brader le brent congolais, notamment à la firme américaine Occidental Petroleum (Oxy) », explique le journal Le Monde. Sous son mandat, le pays connaitra deux guerres. La première en 1993, qualifiée de « guerre du pétrole », puis la seconde en 1997, qui entraînera son départ du pouvoir au profit d’un retour de Denis Sassou-Nguesso. Cette deuxième guerre civile sera particulièrement meurtrière avec des dégâts collatéraux à Kinshasa, la capitale de la RDC, voisine de Brazzaville. Pascal Lisouba fuit au Gabon, laissant le pays aux mains des milices de l’ancien président Denis Sassou-Nguesso. « Ce sont eux qui ont pris Brazzaville puis Pointe Noire avec l’aide de l’armée angolaise », explique la journaliste Dorothée Olliéric, envoyée spéciale d’un média français en 1997. Ainsi, Denis Sassou-Nguesso va retourner au pouvoir pour ne plus le quitter jusqu’à présent. « En 2015, il a modifié la constitution pour s’accorder une possibilité de se représenter à plusieurs reprises à la tête du pays », explique un politologue du Congo-Brazzaville en exil.
Denis Sassou-Nguesso est donc redevenu officiellement président de la République du Congo depuis le 25 octobre 1997, après avoir déjà été au pouvoir de 1979 à 1992. Il a également été chef de l’État par intérim de 1977 à 1979 suite à l’assassinat de Marien Ngouabi. Il a été réélu en 2002, 2009 puis 2016 avec une opposition parfois réprimée. Son dernier challenger politique, le général Jean-Marie Michel Mokoko – ancien chef de l’armée – purge depuis 2018 une peine de 20 ans de prison ferme après les élections de 2016. Il est accusé d’« atteinte à la sûreté intérieure et détention illégale d’armes et munitions de guerre ».
Une bonne partie de l’histoire postcoloniale de ce pays s’est jouée avec le personnage politique de Denis Sassou-Nguesso. Malgré sa proximité avec la France et la multinationale Total, le régime de Denis Sassou-Nguesso est souvent critiqué pour son autoritarisme, la répression de l’opposition, et la corruption. Son pays, riche en pétrole, souffre malgré tout d’une économie fragile et d’une forte dette publique. Et pendant ce temps, la famille biologique du président de la République occupe des postes clés au sein de l’Etat et dans l’économie. Le chef de l’Etat a fait l’objet, avec ses proches, de poursuites en France dans l’affaire dite des « biens mal acquis », concernant l’achat de propriétés de luxe en Europe avec des fonds publics présumés détournés.
Au Burundi, les coups d’Etat de Pierre Buyoya
Pierre Buyoya est une figure politique majeure de l’histoire du Burundi. Comme Denis Sassou-Nguesso, lui aussi a dirigé le pays à deux reprises, dans un contexte de tensions ethniques entre Hutus et Tutsis. Né le 24 novembre 1949 à Rutovu, dans une famille tutsie de la région de Bururi, Pierre Buyoya a suivi une formation militaire, notamment en Belgique et en France, et gravi les échelons de l’armée burundaise. Il est perçu comme un officier brillant, loyal et modéré. Mais le 3 septembre 1987, il mène un coup d’État sans effusion de sang contre le président Jean-Baptiste Bagaza, accusé de dérive autoritaire et de persécutions religieuses. Pierre Buyoya devient président du Burundi. Il instaure un régime militaire mais avec une légère ouverture politique. En 1992, une nouvelle Constitution multipartite est adoptée par référendum. En 1993, Buyoya organise les premières élections libres du pays. Malheureusement, il sera battu par Melchior Ndadaye, un Hutu. Ce qui marque un tournant historique dans un pays longtemps dirigé par un Tutsi. C’est d’ailleurs la première fois qu’un Hutu accède au pouvoir. Pourtant, les Hutu représentent environ 85 % de la population du Burundi.
En octobre 1993, peu après son élection, le président Ndadaye est assassiné par des militaires tutsis, provoquant une guerre civile entre Hutus et Tutsis dans le pays. Le Burundi entre alors dans une période d’instabilité, avec plusieurs gouvernements de transition et de brefs coups de force militaires. Cette période sera aussi sanglante pour le pays.
Deuxième prise de pouvoir de Buyoya (1996–2003)
Le 25 juillet 1996, Buyoya revient au pouvoir par un second coup d’État, renversant le président Sylvestre Ntibantunganya, en pleine guerre civile. Son retour est condamné par la communauté internationale, notamment par les pays africains, qui imposent des sanctions économiques contre le Burundi. Pour calmer tout le monde, il initie un processus de paix, notamment des négociations avec les groupes armés et les partis politiques. En 2000, il signera les Accords d’Arusha, qui visent à mettre un terme à la guerre civile (300 000 morts entre 1993 et 2006), et quitte le pouvoir en 2003 conformément à ces accords. En partant, il a cédé pacifiquement le pouvoir à Domitien Ndayizeye, un Hutu, conformément aux accords de paix. Ces Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation ont été signés avec l’aide de médiateurs comme Nelson Mandela et le Tanzanien Julius Nyerere. Buyoya décède à Paris à l’âge de 71 ans, des suites du Covid-19.
Au Ghana, des violents coups d’Etat de Jerry Rawlings
Au Ghana, Jerry Rawlings représente une figure emblématique de l’histoire contemporaine du pays. Né le 22 juin 1947 à Accra, au Ghana, d’un père écossais et d’une mère ghanéenne, il intègre l’armée de l’air du Ghana et obtient son diplôme en 1969. Il devient lieutenant d’aviation puis va gravir les échelons au sein de la grande muette. En 1979, il tente son premier coup d’État contre le régime militaire du général Fred Akuffo, dénonçant la corruption et les inégalités. Mais son action échoue. Jerry Rawlings est arrêté, jugé et condamné à mort, mais il devient très populaire parmi la population et les jeunes soldats. Le 4 juin 1979, de jeunes officiers le libèrent et le placent à la tête du pays après un coup d’État réussi. Il dirige brièvement le Conseil des Forces armées révolutionnaires (AFRC). Le nouveau chef d’Etat militaire a de l’aversion pour la classe politique ghanéenne qu’il estime corrompue. Alors, il aura comme mot d’ordre : « nettoyer » les écuries d’Augias de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest. Pour ce faire, il va faire exécuter plusieurs anciens chefs d’État et généraux de l’armée dont le général Fred Akuffo (son prédécesseur) pour corruption après des procès. Mais quelques années plus tard, il va exprimer ses regrets concernant ces exécutions. Trois mois seulement après ce putsch, soit en septembre 1979, il remet le pouvoir à un président civil élu, Hilla Limann, mais reste influent dans l’ombre.
Un deuxième coup d’Etat pour un long règne (1981–2001)
Deux ans après son premier coup d’Etat, soit le 31 décembre 1981, Rawlings organise un deuxième coup d’État, renversant le président Limann, qu’il juge inefficace. Il établit le Conseil provisoire de défense nationale (PNDC) et dirige un régime autoritaire fondé sur des principes révolutionnaires et populistes. Face à une grave crise économique, il opère un revirement en politique économique, ouvrant la voie à des collaborations notamment avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Il applique des programmes d’ajustement structurel, avec des résultats mitigés : croissance relancée mais une forte pauvreté persiste dans le pays. Sur le plan de la politique étrangère, il tisse des liens avec Fidel Castro et Mouammar Khadafi, devenant presque l’ami de ces leaders. En 1992, il introduit d’élections multipartites, date à laquelle il est lui-même élu pour la première fois président de la République. Réélu pour la dernière fois en 1996, puisque, selon les termes d’une constitution dont il est lui-même l’auteur, aucun président ne peut se représenter une troisième fois.
Après deux mandats officiels, il quitte ainsi le pouvoir en 2001, et, fait rare en Afrique, de manière pacifique et volontaire. Après quasiment dix-neuf années d’exercice ininterrompu, il apporte son soutien à son dauphin et vice-président, John Atta-Mills. Mais ce dernier ne réussit à remporter le scrutin face à John Kufuor, candidat du parti d’opposition New Patriotic Party (NPP). Il décède en 2020, à Accra, à l’âge de 73 ans. En Afrique et particulièrement au Ghana, il passe pour un modèle. Son charisme, son franc-parler et sa proximité avec les classes populaires l’ont rendu populaire. Grâce à lui, le Ghana a stabilisé sa démocratie et le cycle électoral a régulièrement continué jusqu’à l’élection en 2025 du président John Dramani Mahama. Ce dernier a battu Nana Akufo-Addo, qui était en poste depuis 2017. Aux yeux de certains médias, Jerry Rawlings a incarné une extraordinaire carrière. « Peu de dirigeants, même parmi les plus colorés d’Afrique, ont pu égaler l’extraordinaire carrière de Jerry Rawling : deux fois chef d’un coup d’État militaire et deux fois élu à la présidence du Ghana », commente la BBC à l’occasion des funérailles de cette personnalité politique ghanéenne à Accra. Rawlings est resté une figure influente de la vie politique ghanéenne et souvent sollicité comme médiateur en Afrique.
Amadou Toumani Touré au Mali : du putschiste à un élu civil
Dans l’histoire post-indépendance du Mali, un dirigeant a aussi marqué son époque parmi tant d’autres : Amadou Toumani Touré. Souvent surnommé « ATT », il fut une figure politique majeure du pays. Né le 4 novembre 1948 à Mopti, au centre du Mali, Amadou Toumani Touré suit une formation militaire au Mali, en Union soviétique, et en France (École d’application de l’infanterie à Montpellier). Il est arrivé au pouvoir en participant à un coup d’État militaire contre le général Moussa Traoré qui dirigeait le Mali d’une main de fer.
Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1968, le président Moussa Traoré impose un parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), fortement contesté en raison de graves crises économiques. Cette contestation s’intensifie à la fin des années 1980 avec des crises économiques récurrentes et la soif de démocratie dans un contexte de multipartisme en Afrique de l’Ouest. Plusieurs grèves syndicales et estudiantines s’enchaînent et paralysent le pays. Le régime militaire du parti unique réprime dans le sang toutes velléités démocratiques. Ce qui ouvre la voie à un coup d’Etat. Le 26 mars 1991, un groupe de militaires mené par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré renverse le général président et le met aux arrêts. Il sera jugé et condamné à mort en 1993. Un Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP) est créé et l’UDPM, le parti de l’ex président, est dissous. Soumana Sacko a été nommé chef du gouvernement d’Amadou Toumani Touré. Après ce putsch, ce président de transition avait pris des engagements pour organiser les élections. Quatre mois plus tard, une tentative de putsch, qui visait le nouvel homme fort de Bamako, échoue. Soupçonné d’avoir participé à cette conjuration, le ministre de l’Intérieur est arrêté le 15 juillet 1991. En 1992, des élections législatives ont lieu conformément aux engagements du président putschiste. Organisé en avril 1992, le second tour de cette élection a vu Alpha Oumar Konaré l’emporter face à Tieoule Mamadou Konaté, son rival.
ATT revient au pouvoir par les élections en tant que civil
Après la victoire d’Alpha Oumar Konaré, ce dernier organise le Mali en engageant le pays sur la voie de la démocratie. Après des réformes politiques et économiques, l’année 1997 sera marquée par sa réélection à la tête du pays et la victoire aux législatives de son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-Pasj). Même si des irrégularités et la controverse ont entaché les résultats contestés par l’opposition, le pays se dirigera tout de même vers la fin du dernier mandat de Konaré. En 2002, ATT réapparaît dans la sphère politique. Cette fois-ci, il est devenu civil après sa retraite anticipée de l’armée. Il va concourir à la présidentielle de 2002 et l’emportera le 1er septembre de cette année. Il restera célèbre pour avoir joué un rôle central dans la démocratisation du pays dans les années 1990, après avoir renversé une dictature militaire, puis pour avoir dirigé le pays comme président élu. Son parcours se distingue par sa réputation de « soldat de la démocratie » jusqu’à sa chute en 2012. Cette année, le pays a malheureusement sombré dans un nouveau putsch. Le 22 mars, le général Amadou Haya Sanogo prend le pouvoir. ATT va mourir le 10 novembre 2020 à Istanbul, en Turquie, à l’âge de 72 ans, à la suite d’une opération cardiaque.
Une situation qui guette certains pays africains
En Afrique, cette tendance à revenir au pouvoir après avoir fait son temps guette certains anciens chefs d’Etat. En Afrique du Sud, Jacob Zuma, après avoir été forcé à la démission, tente de revenir aux affaires de plusieurs manières. Ecarté de l’ANC, parti principal du pays, il a créé son propre parti pour tenter de revenir aux affaires grâce aux résultats des législatives. Ce qui a émietté les sièges de l’ANC qui, pour la première fois de son histoire, a perdu la majorité absolue au parlement. Ce qui l’a obligé à créer des alliances pour gouverner le pays. À défaut de revenir à la tête du pays qui nécessite une majorité des sièges confortables, Jacob Zuma cherche toutefois à influencer la politique sud-africaine et à regagner une position de force. En RDC, l’ancien président Joseph Kabila semble également être dans cette logique. Ce dernier a presque rallié la rébellion du Mouvement du 23 mars (AFC/M23) qui occupe une partie du pays dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Lors d’une interview aux États-Unis, son conseiller, Barnabé Kikaya, n’a pas mâché ses mots : « Les objectifs du président Kabila ne sont pas en contradiction avec ceux de la rébellion. Ils visent tous à mettre fin à la tyrannie de Tshisekedi ».
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La RDC, carrefour naturel du ciel africain, peine à décoller
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juin 11, 2025By
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La République démocratique du Congo dispose d’un atout majeur encore largement sous-exploité : sa position géographique centrale au cœur du continent africain. Alors que l’Éthiopie a démontré comment transformer cette centralité en machine à revenus grâce à Ethiopian Airlines et ses 7 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, la RDC semble enfin prendre conscience de son potentiel aéronautique exceptionnel. Les projets de modernisation d’aéroports pourraient transformer le pays en véritable hub continental, générant des revenus colossaux.
La RDC occupe une position géographique exceptionnelle qui en fait le candidat naturel pour devenir le principal hub aérien du continent africain. Située au centre géographique de l’Afrique, la RDC partage ses frontières avec neuf pays, créant un réseau de connexions naturelles vers toutes les régions du continent. Cette centralité géographique représente un avantage concurrentiel considérable que peu de pays africains peuvent revendiquer.
« La RDC est littéralement le carrefour naturel de l’Afrique », explique Dr. Mukendi Kalala, économiste spécialisé dans les transports à l’Université de Kinshasa. « Un voyageur souhaitant se rendre du Caire à Cape Town, ou de Lagos à Nairobi, passerait logiquement par le territoire congolais si nous disposions des infrastructures adéquates. C’est exactement ce que fait l’Éthiopie depuis des décennies. », a-t-il déclaré.
Cette position stratégique prend une dimension encore plus importante quand on considère que le transport aérien intra-africain reste largement déficitaire. Selon l’article de Jeune Afrique sur les défis du transport aérien en Afrique centrale, les liaisons durables font cruellement défaut dans la région. La RDC pourrait combler ce vide en devenant le point de convergence naturel des flux aériens continentaux.
Une dynamique de modernisation enfin enclenchée
Les autorités congolaises semblent avoir pris conscience de cet enjeu stratégique. Le lancement des travaux de modernisation de l’aéroport de Luano par le président Félix Tshisekedi en avril marque une étape symbolique importante. Cette plateforme située près de Lubumbashi verra la construction d’une nouvelle aérogare d’une capacité d’un million de voyageurs, l’élargissement de la piste d’atterrissage et le renouvellement complet des équipements de navigation.
Mais l’ambition va bien au-delà de Luano. Comme l’a révélé Jean-Pierre Bemba Gombo, Vice-Premier ministre et ministre des Transports, en octobre 2024, le gouvernement a signé un mémorandum d’entente avec China First Highway Engineering Co., Ltd. pour la mise en œuvre de projets de construction et de modernisation de onze aéroports à travers le pays. Cette liste ambitieuse inclut les aéroports de Kalemie, Moba, Buta, Kenge, Mbandaka, Bumba, Moanda, Kikwit, Lodja, Gemena et Munkamba.
« Nous assistons à une véritable révolution infrastructurelle », commente Josephine Mambeko, analyste en aviation civile basée à Kinshasa. « Pour la première fois depuis des décennies, la RDC se donne les moyens de ses ambitions dans le secteur aérien. »
L’exemple éthiopien : une feuille de route éprouvée
L’Éthiopie constitue un modèle particulièrement éclairant pour comprendre le potentiel de la RDC. Ethiopian Airlines, créée en 1946, a su capitaliser sur la position géographique stratégique d’Addis-Abeba dans la région de la corne de l’Afrique pour devenir le leader continental. Avec une flotte de plus de 150 appareils modernes d’un âge moyen inférieur à sept ans, la compagnie dessert 142 destinations internationales, dont 70 villes africaines.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Ethiopian Airlines a généré un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars lors de l’exercice 2023-2024, contre 6,1 milliards l’année précédente. Cette performance exceptionnelle s’appuie sur un réseau qui fait d’Addis-Abeba le principal hub de connexion pour les voyages intra-africains et entre l’Afrique et le reste du monde.
L’Éthiopie ne s’arrête pas là. Le nouveau projet d’aéroport d’Abusera, situé à 70 kilomètres d’Addis-Abeba, prévoit une capacité annuelle de 110 millions de passagers à terme, ce qui en ferait l’un des plus grands aéroports du monde. La première phase devrait ouvrir en 2029, complétant l’aéroport international Bole qui atteindra bientôt sa capacité maximale de 25 millions de passagers annuels.
« L’Éthiopie a démontré qu’un pays africain peut devenir un acteur majeur du transport aérien mondial », souligne un cadre de Congo Airways. « Mais la RDC présente des avantages géographiques encore plus importants. Nous sommes au centre exact du continent, là où l’Éthiopie est plutôt en périphérie orientale. »
Des retombées économiques en cascade
Au-delà des revenus directs du transport aérien, la transformation de la RDC en hub continental déclencherait un cercle vertueux économique. Le tourisme, secteur actuellement marginal malgré la richesse exceptionnelle du patrimoine naturel congolais, connaîtrait un essor considérable. Les 9 parcs nationaux du pays, la forêt équatoriale du bassin du Congo, l’Okapi, les chutes d’Inga ou encore la biodiversité unique du pays constituent des atouts touristiques de classe mondiale.
« Imaginez l’impact d’une connexion aérienne fluide entre Kinshasa et les grands parcs du pays », projette Thomas Kimbangu, consultant en développement touristique. « Nous pourrions rivaliser avec le Kenya ou la Tanzanie en termes d’attractivité touristique voire plus, simplement en rendant nos joyaux naturels accessibles. », estime-t-il.
L’effet multiplicateur toucherait également l’hôtellerie, la restauration, les services financiers et la logistique. L’exemple d’Addis-Abeba, devenue un centre d’affaires continental grâce à sa connectivité aérienne, illustre parfaitement ce phénomène. Les organisations internationales, les multinationales et les investisseurs privilégient systématiquement les destinations bien connectées pour leurs implantations régionales.
La création d’emplois directs et indirects serait massive. Le secteur aérien éthiopien emploie aujourd’hui plus de 100 000 personnes, de la maintenance des appareils aux services au sol, en passant par les métiers de l’hôtellerie et du commerce. La RDC, avec sa population jeune et nombreuse, pourrait absorber facilement une main-d’œuvre similaire, contribuant significativement à la réduction du chômage.
Les défis à relever pour concrétiser cette vision
Malgré ce potentiel exceptionnel, plusieurs défis majeurs subsistent. La création ou la restructuration d’une compagnie aérienne nationale fiable et compétitive constitue un préalable indispensable. L’expérience malheureuse de nombreuses compagnies africaines, évoquée dans l’analyse de Jeune Afrique sur les échecs en série du secteur en Afrique centrale, rappelle que la gestion rigoureuse et la vision à long terme sont cruciales. « Nous devons apprendre des erreurs du passé », insiste Jean Mundele, ancien cadre de l’aviation civile congolaise. « Une compagnie nationale ne peut réussir que si elle est gérée selon des critères commerciaux stricts, avec des partenariats techniques solides et une gouvernance transparente. », a-t-il ajouté.
L’investissement initial requis est considérable. Les infrastructures aéroportuaires modernes nécessitent plusieurs milliards de dollars, sans compter l’acquisition d’une flotte aérienne moderne. Cependant, l’exemple éthiopien démontre que ces investissements sont rapidement rentabilisés par les revenus générés.
Vers une transformation économique structurelle
La RDC se trouve aujourd’hui à un tournant historique. Les projets annoncés en 2024 et 2025 marqueraient une prise de conscience politique du potentiel extraordinaire que représente la position géographique centrale du Congo. Si cette dynamique se confirme et s’accompagne d’une vision stratégique cohérente avec une détermination à toutes épreuves, le pays pourrait opérer une transformation économique majeure.
« Nous avons l’opportunité unique de diversifier notre économie en capitalisant sur un atout naturel inépuisable : notre géographie », résume Dr. Kalala. « L’Éthiopie nous a montré la voie, mais nous pouvons faire encore mieux grâce à notre centralité géographique supérieure. », conclut-il.
Cette transformation ne se fera pas du jour au lendemain, mais les fondations sont peut-être en train d’être posées. Les investissements massifs prévus dans les infrastructures aéroportuaires, combinés à une volonté politique affirmée, créent les conditions d’une réussite à la hauteur des ambitions. La RDC pourrait ainsi rejoindre le club très fermé des pays africains qui ont su transformer leur position géographique en levier économique durable, ouvrant une nouvelle page de son développement économique.
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RDC : Un nouveau dialogue inclusif interne est-il encore possible ?
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3 semaines agoon
mai 30, 2025By
La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise multidimensionnelle où les violences dans l’Est, les divisions politiques et une catastrophe humanitaire sans précédent s’entrelacent pour menacer l’avenir du pays. L’idée d’un dialogue national inclusif, portée par des voix politiques, religieuses et civiles, ressurgit comme une tentative de réponse à ce chaos. Mais dans un contexte où les fractures internes s’aggravent, où les ingérences régionales brouillent les cartes et où les exigences des parties prenantes divergent radicalement, un tel processus peut-il encore voir le jour ? Entre l’offensive brutale du M23, les ambitions troubles de Joseph Kabila, les dissensions de l’opposition et les efforts laborieux de médiation, le chemin vers la réconciliation semble plus incertain que jamais. Pourtant, l’urgence d’un dialogue pour éviter l’irréparable n’a jamais été aussi criante.
Le M23 et l’ombre rwandaise : un conflit régionalisé
Dans l’Est de la RDC, la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) continue de semer la terreur et de déstabiliser une région déjà fragile. En janvier 2025, le groupe a capturé Goma, suivi de Bukavu en février, marquant une escalade dramatique du conflit. Cette offensive a aggravé une crise humanitaire colossale : des millions de personnes, déracinées, vivent dans des camps surpeuplés, confrontées à des pénuries alimentaires, à un manque d’accès aux soins et à des épidémies croissantes de choléra, comme le rapporte l’Organisation mondiale de la santé. Les témoignages relayés sur les réseaux sociaux, notamment par des observateurs locaux, décrivent une population épuisée, prise en étau entre les combats et l’absence de perspectives.
L’implication du Rwanda dans ce conflit est désormais indéniable. De nombreux rapports, tant du Gouvernement congolais que des Nations unies, ainsi que les sanctions américaines visant l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition incluant le M23, accusent explicitement Kigali de fournir un soutien militaire direct, comprenant armes, soldats, renseignements et assistance logistique. Les preuves s’accumulent : témoignages d’anciens combattants, images satellites et analyses d’experts confirment la présence de troupes rwandaises en milliers aux côtés des rebelles. Cette ingérence régionale est une crise géopolitique majeure, où les enjeux économiques, notamment liés à l’exploitation des minerais congolais, rendent toute tentative de résolution d’autant plus complexe.
Les efforts internationaux pour désamorcer la crise ont jusqu’ici échoué à produire des résultats durables. Les pourparlers de Doha, initiés en avril 2025 sous médiation qatarie, ont permis un cessez-le-feu temporaire, mais les négociations piétinent. Le M23 exige des garanties politiques, comme une reconnaissance de ses revendications territoriales et une amnistie pour ses leaders, des conditions jugées inacceptables par Kinshasa. Parallèlement, des discussions menées à Washington autour d’un possible « deal minerais contre sécurité », un accord économique pour l’exploitation exclusive des minerais rares contre le retrait des troupes rwandaises sur le sol congolais et également la sécurisation des zones minières de l’Est demeurent floues faute de communication à ce sujet, alimentant ainsi la méfiance de l’opposition politique, qui redoute une mainmise étrangère sur les ressources du pays. Sur le terrain, la population semble toutefois soutenir cette démarche, à condition qu’elle mette définitivement fin aux conflits récurrents et que l’État congolais y joue un rôle central.
Les accusations de crimes de guerre viennent encore compliquer la donne. Un rapport d’Amnesty International publié en mai 2025 documente des atrocités commises par le M23 à Goma et Bukavu : exécutions sommaires, tortures systématiques, disparitions forcées. Des témoignages glaçants décrivent l’usage de marteaux, de câbles électriques et de crosses de fusil pour infliger des sévices aux congolais, souvent ciblés sur des zones sensibles du corps. Des familles sont contraintes de payer des rançons exorbitantes pour libérer leurs proches, tandis que d’autres pleurent des milliers de disparus, sans nouvelles de leur sort. Ces exactions, perpétrées sous l’égide de Kigali, renforcent les appels à une intervention internationale plus musclée, mais surout les réticences à inclure le M23 dans un dialogue sans justice préalable.
Joseph Kabila : un retour calculé dans un climat explosif
L’ombre de Joseph Kabila, président de la RDC de 2001 à 2019, plane sur la crise actuelle. En « retrait officielle » de la scène politique depuis son départ du pouvoir selon ses proches, il reste une figure polarisante, accusée par Kinshasa et de nombreux organisations de la société civile de soutenir la rébellion soutenue par Paul Kagame, l’AFC/M23. Le 22 mai courant, le Sénat congolais a levé son immunité parlementaire, ouvrant la voie à des poursuites pour trahison et insurrection. L’arrivée de kabila à Goma, une ville pourtant sous contrôle rebelle, où il a lancé des « consultations » est mal perçue par le pouvoir.
Lors de son discours en ligne du 23 mai dernier, Kabila a multiplié les déclarations incendiaires, conditionnant toute perspective de dialogue au départ, sans négociations aucunes, du Président Félix Tshisekedi. Il a présenté sa « solution globale » à la guerre menée contre la RDC, articulée autour de douze recommandations, en insistant sur la nécessité d’un « dialogue inclusif » et d’une « refondation de l’État ».
Ses proches, dont Kikaya Bin Karubi, justifient ses démarches en affirmant qu’un dialogue avec l’AFC et le M23 est nécessaire pour « sauver le Congo ». Mais ces prises de position creusent le fossé avec Kinshasa, qui y voit une menace directe à l’unité nationale. Pour le gouvernement congolais, il est impératif de prendre en compte les crimes commis et d’en assurer la justice. La condamnation à mort pour trahison et insurrection de Corneille Nangaa, proche de Kabila, ancien président de la commission électorale et leader de l’AFC, illustre l’ampleur des fractures. Le jeudi 29 mai, Joseph Kabila est apparu pour la première fois en public depuis son arrivée à Goma. Dans son entourage, certaines figures politiques étaient présentes : Moise Nyarugabo, Kikaya Bin Karubi, Patient Sayiba et le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka.
Kabila, par ses silences et ses interventions ciblées, incarne une énigme. Est-il un acteur de l’ombre soutenant la rébellion pour déstabiliser le pouvoir, ou un opportuniste cherchant à capitaliser sur le chaos ? Sa présence à Goma, saluée par les rebelles, a exacerbé les tensions, transformant chaque geste en un symbole de division. Pour beaucoup, son rôle compromet les chances d’un dialogue véritable, tant il cristallise les méfiances mutuelles.
Une opposition fragmentée : entre ambitions et désunion
Martin Fayulu, Moïse Katumbi et leurs partis respectifs jouent un rôle central dans la crise politique actuelle. Leurs positions et alliances pourraient peser sur l’issue des tensions. S’ils soutiennent tous deux l’initiative de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), leurs exigences et attentes divergent, ce qui risque de compliquer les négociations. Par ailleurs, la condamnation des opposants Augustin Matata Ponyo et Corneille Nangaa, ainsi que la demande de dissolution des partis politiques de Joseph Kabila, Nangaa, Franck Diongo et Thomas Lubanga pour participation à des rébellions armées, ajoutent une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà explosive.
La volonté de Félix Tshisekedi de former un gouvernement d’union nationale à travers des consultations menées par son conseiller spécial en matière de sécurité, Eberande Kolongele, a suscité davantage de méfiance que d’adhésion. L’opposition y a vu une tentative de légitimer le statu quo, tandis que le pouvoir a catégoriquement refusé d’inclure des figures liées aux rébellions dans ces consultations, clôturées le 8 avril 2025. Un député du parti présidentiel résume l’impasse : « Comment dialoguer avec ceux qui orchestrent des massacres dans l’Est du pays ? » Une question qui résonne avec les accusations visant Corneille Nangaa et ses alliés, et met en lumière le cœur du dilemme : bâtir un dialogue inclusif sans sacrifier l’exigence de justice.
La CENCO et l’ECC : des médiateurs sous pression
Les institutions religieuses, notamment la CENCO et l’ECC, tentent de jouer un rôle de médiation à travers leur Pacte social pour la paix, lancé en janvier 2025. Leur initiative vise à créer un cadre « neutre » pour un dialogue inclusif, incluant l’opposition politique et l’AFC/M23. Elle a reçu le soutien non seulement de Fayulu et Katumbi, comme mentionné précédemment, mais aussi celui de Kabila, ainsi que d’une partie de la société civile.
En février 2025, une délégation de ces institutions a rencontré, entre autres, des représentants du M23 à Goma, les présidents rwandais, ougandais, congolais (Brazzaville) et angolais, ainsi que l’ancien président Joseph Kabila. Cette démarche audacieuse avait pour but de promouvoir une feuille de route vers la paix.
Cependant, leur crédibilité est mise à l’épreuve. Des voix, notamment au sein du parti Le Centre, les accusent de partialité, leur reprochant une proximité avec l’opposition radicale. À ces critiques s’ajoute la révélation embarrassante de leur financement partiel par le Rwanda et certains acteurs de l’opposition, un aveu qui a jeté le doute sur leur neutralité affichée. Ces éléments, largement relayés par les médias locaux, sapent leur légitimité et leur capacité à fédérer. Les contradictions entre la volonté affichée d’apaisement et les lignes rouges du pouvoir illustrent la complexité de la tâche des médiateurs.
Les efforts internationaux : une lueur d’espoir fragile
À l’échelle internationale, plusieurs initiatives tentent de contenir la crise. La médiation angolaise, soutenue par l’Union africaine, a permis des discussions régionales, tandis qu’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies en février 2025 a appelé à un cessez-le-feu durable et à des sanctions renforcées contre les soutiens du M23. Les pourparlers de Doha, bien que prometteurs, n’ont pour le moment, abouti qu’à des accords précaires, souvent violés sur le terrain. Des observateurs internationaux notent que ces cessez-le-feu fragiles ne résistent pas aux ambitions territoriales des rebelles et aux ingérences extérieures.
Les discussions à Washington, axées sur un échange « minerais contre sécurité » censées mettre fin définitivement aux centaines de groupes armés en RDC, suscitent autant d’espoir que d’inquiétudes.
« C’est une opportunité historique de stabilisation de la région », défend un diplomate occidental à Kinshasa sous couvert d’anonymat. « Les USA veulent une place de choix dans les mines du Congo et la RDC a besoin de paix pour développer son pays. Tout le monde y gagne. »
La crainte d’une internationalisation excessive du conflit persiste est aussi là. Des puissances comme la Chine, très présente dans le secteur minier congolais, observent la situation de près, alimentant les inquiétudes d’une nouvelle forme de conflit en RDC. « Les solutions imposées de l’extérieur ne feront que prolonger notre souffrance », tonne un activiste de Goma, résumant le sentiment de nombreux Congolais qui y voient une menace de déstabilisation sous une autre forme.
Un dialogue inclusif : illusion ou ultime recours ?
La question de la faisabilité d’un dialogue inclusif repose sur une équation presque insoluble. D’un côté, Kabila et ses alliés exigent une transition politique et le départ de Tshisekedi comme préalable à toute discussion. De l’autre, le pouvoir refuse tout dialogue avec des acteurs liés aux rebellions, invoquant la nécessité de justice pour les victimes de Nord-Kivu et Sud-Kivu. Entre ces positions irréconciliables, la CENCO et l’ECC tentent de tracer une voie médiane, mais leur influence reste limitée face aux méfiances accumulées.
Les atrocités documentées par Amnesty International, combinées aux ingérences régionales, rendent l’inclusion du M23 dans un dialogue politiquement et moralement problématique si justice n’est pas faite. Pourtant, exclure les rebelles risque de prolonger le conflit armé, au détriment d’une population déjà à bout. Les sanctions internationales, les pourparlers de Doha et les discussions de Washingtons pourraient offrir un levier, mais leur impact dépendra de la volonté des protagonistes et acteurs congolais de faire des compromis.
L’étau se resserre, l’urgence s’impose
En RDC, le temps joue contre la paix. Chaque jour renforce l’enracinement des crises sécuritaire, politique, humanitaire, tandis que les acteurs, englués dans leurs rivalités, semblent incapables de saisir l’urgence. Un dialogue inclusif, s’il devait émerger, devra surmonter des défis titanesques : apaiser les revendications contradictoires, répondre aux exigences de justice pour les victimes des crimes de guerre, neutraliser les ingérences régionales et, surtout, restaurer une confiance érodée par des décennies de trahisons.
Entre les ambitions politiques affirmées de Kabila, la guerre menée par le Rwanda, les divisions au sein de l’opposition, les pressions internationales, la lassitude d’une population exsangue et la détermination du gouvernement congolais à mettre définitivement fin aux crises sécuritaires, la fenêtre d’opportunité se rétrécit. La réponse à la question : un nouveau dialogue inclusif est-il encore possible ? dépendra de la capacité des Congolais à transcender leurs fractures. Faute d’un sursaut national, la RDC pourrait plonger plus profond encore dans le chaos, abandonnant un peuple résilient mais épuisé par trois décennies de violences récurrentes, assoiffé d’une paix tant promise.
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