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PPRD : Et si les caciques de Kabila choisissaient la patrie ? [Edito]

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Dans les cercles politiques congolais, une question émerge : et si les leaders du PPRD, alliés de Joseph Kabila, rompaient avec lui pour soutenir la cause nationale ? Cette hypothèse prend de l’ampleur alors que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise dans sa région orientale, où le M23 et l’AFC, soutenus par Paul Kagame, continuent de déstabiliser. Les dirigeants du PPRD se trouvent confrontés à un choix crucial : rester loyaux à Kabila ou privilégier la patrie.

Pour comprendre l’ampleur de cette hypothèse, il faut remonter aux racines de la crise actuelle. Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, reste une figure énigmatique. Arrivé au pouvoir dans des circonstances tragiques après l’assassinat de son père, le président Laurent-Désiré Kabila, il a présidé pendant près de deux décennies un pays rongé par les conflits, la corruption et les ingérences étrangères. Après avoir quitté officiellement la présidence en janvier 2019, au terme d’un processus électoral contesté par une partie de l’opposition, Kabila s’était retiré dans une semi-retraite politique, conservant néanmoins une influence considérable à travers le PPRD et ses alliés du Front Commun pour le Congo (FCC).

Mais depuis quelques mois, les rumeurs vont bon train : l’ancien chef d’État, discret mais omniprésent, serait impliqué dans les troubles qui secouent l’Est du pays. Le M23, ce mouvement rebelle qui a refait surface en 2021, et l’AFC, une coalition hétéroclite apparue plus récemment dirigée par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, bénéficient de soutien total du Rwanda. Les regards se tournent vers Kabila, accusé par le président Félix Tshisekedi, certains analystes et même des voix au sein du gouvernement Suminwa de jouer un double jeu. « Prendre les armes contre un gouvernement légitime, s’associer à Kagame, responsable de millions de morts en RDC, pour déstabiliser son propre pays, ce serait une trahison qui dépasse l’entendement », confie un politologue basé à Goma, sous couvert d’anonymat. « Kabila a toujours cultivé une image de patriote discret. Si ces accusations sont fondées, elles pulvérisent cet héritage. », a-t-il ajouté.

Les caciques du PPRD : entre fidélité et dilemme

Au cœur de cette tempête se trouvent les figures emblématiques du PPRD, ces « caciques » qui ont bâti leur carrière sous l’aile protectrice de Kabila. Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale, connu pour sa finesse juridique et son rôle dans la consolidation du pouvoir kabiliste ; Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin désigné lors de la présidentielle de 2018, incarnation d’une loyauté indéfectible ; Néhémie Mwilanya, stratège discret et ex-directeur de cabinet de Kabila ; Raymond Tshibanda, diplomate aguerri et ancien ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, ancien président du Sénat, Henry Mova Sakanyi, ancien ministre de l’Intérieur, … Ces hommes, parmi d’autres, ont été les piliers du système Kabila. Mais aujourd’hui, leur silence face aux accusations contre leur mentor interroge.

Rester fidèles à Kabila, c’est risquer d’être associés à une possible entreprise criminelle contre la nation. Rompre avec lui, c’est renier des années de loyauté et s’exposer à l’incertitude. Pourtant, l’idée d’une dissidence interne au PPRD commence à germer. Et si ces caciques, lassés de porter le fardeau des agissements de leur leader contre leur nation, décidaient de prendre leurs distances ? Et s’ils choisissaient la patrie plutôt que le parti ?

Une révolution au sein du PPRD : un scénario plausible ?

Imaginons un instant ce scénario : dans une salle de réunion à Kinshasa ou Lubumbashi, les ténors du PPRD se réunissent en conclave. Autour de la table, Minaku, Shadary, Mwilanya et d’autres poids lourds du parti. L’ambiance est lourde, les visages tendus. Après des heures de débats, une décision est prise : Joseph Kabila doit être écarté. Dans une déclaration solennelle, diffusée en direct à la télévision nationale, ils annoncent leur désolidarisation. « Nous, cadres du PPRD, refusons de trahir notre pays », proclament-ils. « Les agissements de l’ancien président Joseph Kabila constituent une haute trahison incompatible avec les valeurs que nous défendons. En conséquence, nous le révoquons du parti et de sa présidence. »

Ce geste, aussi spectaculaire qu’inédit, serait suivi d’une refondation interne. Une assemblée extraordinaire est convoquée pour élire une nouvelle direction. Le PPRD, débarrassé de l’hypothèque Kabila, se repositionnerait comme une force patriotique, tournée vers l’avenir. L’enjeu est de taille : en choisissant la patrie, ces caciques pourraient non seulement sauver leur propre crédibilité, mais aussi redonner au PPRD une popularité et une légitimité perdues.

Un signal pour la cohésion nationale

Au-delà des murs du PPRD, cette révolution interne aurait des répercussions profondes sur la scène nationale. Depuis son accession au pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi peine à unifier un pays fracturé par des décennies de conflits et de méfiance politique. La guerre dans l’Est, alimentée par des ingérences rwandaises et ougandaises et des luttes intestines, reste une plaie ouverte. Dans ce contexte, un PPRD refondé, débarrassé de ses compromissions, pourrait devenir un allié inattendu dans la quête de cohésion nationale.

Le peuple congolais, épuisé par les guerres et les trahisons successives, pourrait voir dans ce geste une lueur d’espoir. « Si des hommes comme Minaku ou Shadary, longtemps perçus comme des apparatchiks du système Kabila, se dressaient pour défendre la nation, cela changerait la donne », estime une militante des droits de l’homme à Kinshasa. « Ce serait un message puissant : personne n’est au-dessus de la RDC, pas même Kabila. »

Félix Tshisekedi peut approcher le camp adverse

Et si Félix Tshisekedi saisissait cette opportunité historique ? En février 2025, le président avait évoqué la formation d’un gouvernement d’union nationale, une initiative visant à rassembler les forces politiques autour d’un projet commun. Cette annonce a été accueillie avec scepticisme par une bonne frange de l’opposition politique. Imaginons que Tshisekedi tende la main à ces caciques repentis. Lors d’une rencontre discrète, il pourrait leur proposer ce que Kabila, retranché dans l’ombre et discrédité, ne peut plus offrir : des postes de responsabilité au niveau national. Certains de ces caciques pourraient rejoindre le gouvernement d’union nationale annoncé et y jouer un rôle clé.

Ce marché, s’il était conclu, serait un coup de maître pas seulement pour Tshisekedi mais aussi et surtout pour une nation qui a risqué sa perte. En intégrant ces figures du PPRD, il projetterait une image d’unité face aux menaces extérieures, notamment celle du Rwanda. « Félix a tout à gagner », analyse un diplomate occidental basé à Kinshasa. « Il transformerait des ennemis en partenaires, tout en marginalisant Kabila une fois pour toutes. »

Les défis d’une alliance improbable

Bien sûr, une telle alliance ne serait pas sans obstacles. Au sein de l’UDPS, les fidèles de Tshisekedi pourraient voir d’un mauvais œil l’arrivée de ces anciens kabilistes, perçus comme des opportunistes cherchant à sauver leur carrière. Les victimes des années Kabila, celles des répressions, des guerres et des pillages, pourraient crier à l’impunité. Et pourtant, dans un pays où la realpolitik a souvent prévalu, ce compromis pourrait être perçu comme un mal nécessaire pour avancer et sauver le pays.

Un horizon possible

Malgré ces incertitudes, l’hypothèse d’un PPRD choisissant la patrie offre une perspective enthousiasmante. Si les caciques de Kabila faisaient ce pas audacieux, la RDC pourrait sortir grandie de cette crise. Un PPRD refondé deviendrait une force politique crédible, capable de contribuer à la reconstruction nationale. Félix Tshisekedi, en scellant cette alliance, prouverait sa capacité à transcender les clivages pour le bien commun. Et le peuple congolais, trop souvent otage des ambitions de ses dirigeants, pourrait enfin entrevoir un avenir de stabilité.

Et si tout cela n’était pas qu’un rêve ? Et si, face à l’abîme, les caciques de Kabila décidaient d’écrire une nouvelle page de l’histoire congolaise ? À eux, peut-être, de saisir cette chance. À Félix Tshisekedi de tendre la main. La patrie, elle, attend.

Heshima

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Boycott du dialogue de Luanda : l’AFC-M23 sur les traces de Paul Kagame ?

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L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) ne va plus participer aux négociations directes prévues ce mardi 18 mars 2025 à Luanda, capitale angolaise. Dans un communiqué publié la veille, le mouvement rebelle dénonce les sanctions individuelles prises par l’Union européenne contre plusieurs de ses dirigeants, affirmant que ces mesures compromettent le dialogue et rendent impossibles ces pourparlers. Pourtant, ces sanctions n’affectent en rien le déplacement des dirigeants de cette rébellion à Luanda. Une posture qui rappelle celle du président rwandais, Paul Kagame, qui avait boycotté, le 15 décembre dernier, sa rencontre avec Félix Tshisekedi.

Il devrait s’ouvrir, ce mardi, sous la médiation angolaise, des discussions directes entre la République Démocratique du Congo et les rebelles de l’AFC-M23. Pendant que tout était presque prêt, cette rébellion a fait volte-face. L’AFC-M23 affirme que les sanctions prises par l’Union européenne contre certains de ses dirigeants compromettent le dialogue et rendent impossibles les pourparlers tant attendus. La rébellion parle d’un sabotage du processus de paix. Pourtant, les sanctions individuelles qui visent également certains officiers de l’armée rwandaise n’affectent en rien les « négociations directes » tant réclamées par cette rébellion. « Il n’y a aucun rapport ! Les sanctions de l’Union européenne n’interdisaient nullement l’accueil en Angola d’une délégation du mouvement rebelle M23. C’est un mauvais prétexte pour échapper à la pression de la négociation diplomatique pour trouver une solution de paix en RDC », a déclaré l’ancien ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Jean-Marc Châtaigner.

Kinshasa maintient sa présence à Luanda

De son côté, la porte-parole du chef de l’État congolais, Tina Salama, a confirmé lundi 17 mars dans la soirée que le gouvernement maintenait l’envoi d’une délégation à Luanda, en Angola, pour ces négociations de paix sous la médiation du président angolais, João Lourenço. « La délégation de la RDC répondra bel et bien à l’invitation du médiateur, le président Lourenço, à Luanda ce mardi », a précisé Tina Salama. Ces négociations directes, initialement prévues pour réunir le gouvernement congolais et les rebelles du M23, visaient à trouver une solution pacifique à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la RDC.

Dans le paquet de sanctions dévoilé par l’Union européenne, cinq responsables du M23 sont ciblés. Il s’agit de Bertrand Bisimwa, président du mouvement, déjà sous sanctions de l’ONU ; Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande ; John Imani Nzenze, colonel au sein du mouvement ; Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances du M23 ; Joseph Bahati Musanga, actuel gouverneur de l’administration parallèle mise en place par la rébellion à Goma. Du côté du Rwanda, l’UE a également sanctionné trois hauts gradés de l’armée rwandaise impliqués dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. Il s’agit de Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la RDF ; Eugène Nkubito, commandant de la 3ème division de la RDF, présente au Nord-Kivu depuis août 2022 ; Pascal Muhizi, commandant de la 2ème division de la RDF, déployée dans l’Est congolais depuis août 2023.

Le M23 sur les traces de Kagame ?

En réponse à l’invitation de leur homologue angolais João Lourenço, médiateur de l’Union africaine entre les deux pays, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame devraient se retrouver à Luanda le 15 décembre dernier. Mais à la veille de ce rendez-vous crucial pour la paix, Paul Kagame avait boycotté la rencontre alors que Félix Tshisekedi s’était rendu à Luanda. À l’époque, Kigali avait pris comme prétexte le refus de Kinshasa de négocier directement avec le M23. À ce jour, le gouvernement congolais a accepté de négocier directement avec le M23. Mais le même scénario se répète. À la veille du rendez-vous à Luanda, le M23 boycotte à son tour les négociations. Ce qui laisse transparaître une stratégie propre du Rwanda et une manipulation de cette rébellion qui, en réalité, agit sous les ordres de Kigali.

Heshima

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RDC : Le M23 continue sa progression à la veille du dialogue, l’UE sanctionne…

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L’Union européenne a annoncé, ce 17 mars 2025, des sanctions contre plusieurs chefs militaires rwandais et des dirigeants de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). Malgré la pression internationale et l’ouverture d’un dialogue direct avec le gouvernement congolais à Luanda, les rebelles continuent d’avancer au Nord et Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), provoquant ainsi le déplacement massif de la population vers Kisangani.
Après avoir promis des mesures restrictives individuelles contre le Rwanda, l’Union européenne a mis sa menace à exécution. Les sanctions ciblent des officiers des Forces de défense rwandaises (RDF) et certains responsables du M23. Du côté de l’armée rwandaise, Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales rwandaises déployées en RDC, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi ont été frappés par ces mesures restrictives. Elles ciblent également Francis Kamanzi, directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), pour son rôle dans le trafic illicite de minerais congolais.

Par ailleurs, la Gasabo Gold Refinery, une entreprise spécialisée dans le raffinage de l’or, est sanctionnée car soupçonnée de raffiner et d’exporter de l’or extrait des zones contrôlées par les rebelles du M23 dans l’Est de la RDC. Du côté des rebelles du M23, les sanctions ciblent Bertrand Bisimwa, président de l’aile politique du M23, qui était déjà sous sanctions des Nations unies. Il y a également Joseph Bahati Musanga, gouverneur du Nord-Kivu nommé par Corneille Nangaa, chef de la coalition Alliance Fleuve Congo/M23, ainsi que Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande du M23, et Jean-Bosco Nzabonimpa, chef adjoint des finances du groupe. Ces mesures restrictives concernent une interdiction de voyage dans l’Union européenne ainsi qu’un gel des avoirs de ces personnalités et entités dans l’espace Schengen.

Avant l’annonce de ces sanctions, le Rwanda a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique. Tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans les 48 heures, selon le ministère rwandais des Affaires étrangères. La veille, dimanche 17 mars, le président rwandais Paul Kagame a accusé la Belgique de plaider en faveur de sanctions internationales contre son pays en raison du conflit dans l’Est de la RDC. À en croire le chef de l’État rwandais, Bruxelles avait toujours cherché à affaiblir le Rwanda, l’accusant d’avoir amputé une grande partie du territoire rwandais au profit de la RDC à l’époque coloniale, donnant ainsi au Rwanda une superficie comparable à celle de la Belgique.

Ouverture du dialogue et progression du M23

L’Angola a confirmé l’ouverture des discussions directes entre Kinshasa et le groupe armé M23 pour ce mardi 18 mars. Malgré la volonté des deux camps de participer à ces discussions, les combats continuent sur quasiment toutes les lignes de front. Au Nord-Kivu, précisément à Walikale-centre, chef-lieu du territoire portant le même nom, la population quitte ses habitations suite à l’avancée des rebelles de l’AFC/M23. Ce lundi 17 mars, ces insurgés se sont rapprochés de la localité de Mutakato, dans le groupement Banabangi. Pour fuir des exactions, la population de Walikale se dirige en majorité vers la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo. Alors que la rébellion a annoncé une délégation de cinq personnes à Luanda pour prendre part au dialogue direct, les affrontements ne baissent pas d’intensité. Au Sud-Kivu, les affrontements se poursuivent également entre ces rebelles et l’armée congolaise dans les hauts plateaux du territoire de Mwenga, tentant de s’emparer de Minembwe afin de faire jonction avec leurs alliés de Twirwaneho.

Heshima

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Accord sur les minerais entre RDC-USA : l’ultime carte pour mettre fin à 30 ans de guerre ?

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En février, l’Africa-USA Business Council, un groupe de pression, a écrit au secrétaire d’État américain Marco Rubio au nom d’un sénateur congolais. Ce think tank évoque un possible accord qui inclurait un « partenariat économique et militaire » entre Washington et Kinshasa. Depuis, des discussions semblent faire du chemin. Si un tel accord est signé, la République Démocratique du Congo (RDC) pourrait-elle enfin respirer un nouvel air de sécurité dans l’Est du pays ? C’est visiblement ce qu’espère le gouvernement congolais. Dans le cadre de cet éventuel deal, Donald Trump a dépêché un émissaire ce week-end auprès de Félix Tshisekedi.


Le chef de l’État congolais a échangé, dimanche 16 mars 2025 à Kinshasa, avec M. Ronny Jackson, envoyé spécial du président des États-Unis Donald Trump et membre du Congrès américain. La rencontre a eu lieu à la Cité de l’Union africaine, dans la commune de Ngaliema. Au menu de leurs échanges : la crise sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans l’Est de la RDC, marquée par la présence des troupes rwandaises qui appuient les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Selon la Présidence congolaise, l’émissaire américain a insisté sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. « Nous allons travailler pour que tous les obstacles qui s’érigent sur le chemin de la paix soient ôtés afin que la paix revienne en RDC », a déclaré M. Ronny Jackson.

Kinshasa, qui compte conclure un accord sur les minerais stratégiques avec Washington, attend des États-Unis un investissement dans le secteur de la sécurité afin de rompre le cycle de 30 ans d’instabilité et d’agression répétée par le Rwanda et l’Ouganda dans l’Est du pays. « Nous voulons travailler pour que les entreprises américaines puissent venir investir et travailler en RDC. Et pour cela, nous devons nous rassurer qu’il y a un environnement de paix », a ajouté M. Ronny Jackson.

Kinshasa veut rompre un cycle de 30 ans de violence

La RDC semble se tourner vers les États-Unis dans ses derniers efforts pour trouver un allié dans sa lutte contre l’avancée des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) appuyés par l’armée rwandaise. Mais Kinshasa ne voit pas seulement la crise sécuritaire actuelle. Le gouvernement congolais veut trouver un accord sur l’accès des Américains à certains minerais critiques qui lui permettra d’obtenir en échange un partenariat sécuritaire capable d’aider à stabiliser l’est du pays. S’inspirant de l’intérêt manifesté par Washington pour les minerais de l’Ukraine, la RDC, riche en ressources, espère conclure son propre accord avec le pays de l’Oncle Sam.

Déjà sous l’administration Biden, les Américains ont démontré qu’ils ne veulent plus laisser les Chinois seuls dans la course aux minerais stratégiques en RDC. Et Washington ne cache plus son appétit. « Les minerais essentiels dont notre monde a besoin pour les véhicules électriques et les semi-conducteurs peuvent être trouvés ici », avait déclaré Joe Biden en justifiant sa visite, le 4 décembre 2024, en Angola. Pris de vitesse par Pékin, Washington veut frapper un grand coup pour tenter de rattraper son retard dans l’exploitation de ces minerais, essentiels notamment pour les batteries des voitures électriques.

Quelle pourra être la nature du deal ?

D’après certaines fuites obtenues par la presse, il s’agit d’un accès des États-Unis aux minerais stratégiques de la RDC qui portera essentiellement sur l’octroi aux entreprises américaines de droits d’extraction et d’exportation afin de sécuriser une chaîne d’approvisionnement stable et directe pour les secteurs de la défense et de la technologie. Kinshasa propose également d’accorder aux entreprises américaines le contrôle opérationnel du port en eaux profondes de Banana, garantissant une supervision américaine de cet important hub d’exportation des minéraux africains.
Le gouvernement congolais se dit également prêt à collaborer avec les États-Unis pour développer un stock stratégique de minéraux congolais, renforçant ainsi la résilience économique et sécuritaire des États-Unis. En contrepartie, la RDC compte obtenir un renforcement de la coopération militaire avec les États-Unis, notamment la formation et l’équipement des FARDC « pour protéger les routes d’approvisionnement en minéraux contre les groupes armés soutenus par des puissances étrangères ».
Toujours dans le cadre de ce deal, le gouvernement congolais envisage de remplacer « les opérations inefficaces de maintien de la paix de l’ONU » par une coopération sécuritaire directe avec les États-Unis.

Intérêt américain

L’échange de minerais contre la sécurité entre la RDC et les États-Unis soulève des questions géopolitiques et économiques non moins complexes. La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de ressources minières, notamment de minerais essentiels comme le cobalt, le cuivre, le coltan et le lithium, qui sont cruciaux pour les technologies modernes, y compris les batteries pour les véhicules électriques, les téléphones mobiles et autres appareils électroniques.

D’un côté, les États-Unis ont un intérêt stratégique dans la sécurisation de l’approvisionnement en minerais rares, étant donné leur rôle majeur dans l’industrie technologique mondiale. Les États-Unis cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement en minerais rares pour réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, qui domine la chaîne d’approvisionnement mondiale pour ces minerais. La nature du deal consisterait donc à fournir un accès privilégié à certains minerais critiques et, en échange, Washington pourrait éventuellement proposer un apport sécuritaire en termes de formation militaire et d’équipements militaires adaptés dans le contexte de la RDC.

Accès aux marchés et à la technologie

Les États-Unis sont l’une des plus grandes économies du monde et possèdent des entreprises technologiques avancées. En établissant des partenariats, la RDC pourrait avoir un meilleur accès aux marchés mondiaux pour ses minerais, en particulier les métaux rares comme le cobalt et le cuivre, qui sont essentiels pour des industries telles que les batteries électriques, les technologies de communication et l’énergie renouvelable. Ce partenariat pourrait permettre à la RDC de bénéficier d’un transfert technologique, avec la possibilité d’améliorer la chaîne de valeur des minerais sur place. Un tel accord pourrait inclure des investissements dans les infrastructures de la RDC, comme les routes, les chemins de fer et les ports, afin de faciliter l’extraction, le transport et l’exportation des minerais. C’est d’ailleurs sur ce volet des infrastructures que l’ancien président américain Joe Biden a visité l’Angola dans le cadre du corridor de Lobito qui partira du port de Lobito en Angola jusqu’en RDC. Cela pourrait améliorer la compétitivité du secteur minier congolais tout en stimulant la croissance économique.

L’opposition boude…

Ce deal, qui pourrait stopper une insécurité qui dure depuis 30 ans, dérange l’opposition. Celle-ci voit dans ce possible accord une volonté de Félix Tshisekedi de brader les minerais du pays pour sauver son pouvoir. Pour Olivier Kamitatu, cadre de Ensemble pour la République et porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, cette proposition n’est rien d’autre qu’une escroquerie. « Les tentatives de s’attirer les faveurs de Donald Trump en échangeant des terres rares et des minéraux stratégiques contre la protection d’une kleptocratie clanique ne trompent personne. Les observateurs informés savent bien que les mines du Katanga sont en grande partie aux mains des Chinois ou d’étrangers », a-t-il écrit sur son compte X.

Ultime recours contre une instabilité chronique

Les minerais, notamment le coltan, le tungstène et l’étain, sont une source importante de financement pour les groupes armés qui opèrent dans l’est de la RDC. Ces groupes contrôlent souvent les zones minières et extorquent des revenus pour financer leurs activités militaires. Un accord visant à améliorer la traçabilité et la gestion des ressources minières pourrait réduire cette source de financement, affaiblissant ainsi les groupes armés et contribuant à la paix. Un tel accord pourrait encourager les États-Unis et d’autres partenaires internationaux à soutenir des initiatives de gouvernance plus transparente dans les zones minières, en améliorant la gestion des ressources et en réduisant la corruption. Une meilleure gestion des revenus issus des minerais pourrait permettre des investissements dans les infrastructures locales, créant ainsi un environnement plus stable et propice à la paix.

Si les États-Unis s’engagent à soutenir un commerce équitable et durable des minerais congolais, cela pourrait renforcer les liens économiques entre les deux pays. Cette collaboration pourrait offrir une alternative plus sûre et plus transparente aux chaînes d’approvisionnement informelles souvent exploitées par des groupes armés. Les populations locales pourraient bénéficier d’emplois réguliers et d’une plus grande sécurité économique, ce qui limiterait le soutien aux groupes armés.

Heshima

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