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M23 : le règne sanglant des gouverneurs rebelles au Kivu

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Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Mouvement du 23 Mars (M23), fer de lance de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a franchi un nouveau cap dans son entreprise de déstabilisation en désignant des gouverneurs parallèles pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Après avoir pris le contrôle de la ville de Goma le 27 janvier 2025 et Bukavu le 16 février, le groupe rebelle, accusé par l’ONU et les Etats-Unis d’être soutenu par le Rwanda, a nommé deux gouverneurs pour ces territoires occupés. Ces désignations, orchestrées par Corneille Nangaa, chef de l’AFC, ne sont rien d’autre qu’une tentative de légitimer une occupation violente, défiant le gouvernement central et exacerbant une crise humanitaire déjà catastrophique.

Joseph Bahati, un pion militaire dans un jeu ethnique dangereux

Joseph Bahati Musanga, alias Erasto, nommé gouverneur du Nord-Kivu le 5 février 2025, est un colonel autoproclamé du M23 et membre de la communauté tutsi. Sa désignation, loin d’être un gage de compétence, sert à renforcer la rhétorique ethniciste du M23, qui se pose en défenseur des Tutsis tout en alimentant les tensions avec d’autres communautés, notamment les Hutus. Avant cette nomination, Bahati était directeur financier au sein du M23. Certaines sources affirment qu’il a été récompensé par le M23 à cause de son rôle d’argentier mais aussi pour avoir échappé miraculeusement lors d’une frappe de drone des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Il a été invisible depuis de longs mois, laissant libre cours aux rumeurs sur sa mort. Il va finir par réapparaitre quelques jours avant la prise de la ville de Goma.

Loin de stabiliser la région, Bahati s’est attiré les foudres de la communauté internationale. L’Union européenne l’a sanctionné pour son rôle dans le conflit armé, l’insécurité et les violations des droits humains, incluant des menaces directes contre des activistes à Goma. Des rapports de Human Rights Watch documentent ces intimidations, comme un appel menaçant qu’il aurait passé à un défenseur des droits humains le 27 janvier 2025. Sa prétendue gouvernance, assistée par des vice-gouverneurs comme Willy Manzi Ngarambe et Shadrak Amani Bahati, n’est qu’une façade pour maintenir l’emprise du M23, avec des mesures comme l’extension des heures d’ouverture de la frontière rwandaise, qui favorisent les intérêts rwandais au détriment de la souveraineté congolaise.

À Goma, la population vit dans un climat de peur permanente. Selon RFI, les habitants dénoncent des extorsions quotidiennes par les forces du M23, qui imposent des taxes illégales sur les commerçants et les citoyens, rendant la vie intenable dans une ville déjà asphyxiée économiquement. La brutalité du M23 est également documentée par Radio Okapi, qui rapporte des exécutions sommaires et des enlèvements, poussant la population à appeler à une intervention internationale urgente. Par ailleurs, Jeune Afrique souligne une crise de liquidité sans précédent à Goma, où l’absence de cash paralyse les transactions quotidiennes, exacerbant la misère des habitants sous le joug du M23.

Une nomination au service d’une occupation au Nord-Kivu

La désignation de Joseph Bahati, annoncée dans la précipitation après la chute de Goma, est un affront au gouvernement central, qui a nommé le général-major Evariste Somo Kakule comme gouverneur légitime basé à Beni, siège provisoire des institutions de la province. Cette dualité de pouvoir illustre l’anarchie imposée par le M23, qui cherche à se draper d’une légitimité administrative tout en semant la terreur. Les promesses de réouverture des ports ou de relance économique sont des leurres, masquant une réalité où les civils vivent sous la menace constante de violences, comme en témoignent les exécutions et viols rapportés par Amnesty International. Selon un rapport d’Amnesty, le M23 est responsable de 69 % des violations des droits humains dans les zones qu’il contrôle, incluant des massacres, des viols collectifs et des recrutements forcés d’enfants soldats.

Au Nord-Kivu, le M23/AFC a procédé à la nomination d’un délégué aux mines et d’un administrateur financier, signalant une volonté claire de contrôler les circuits économiques locaux, notamment dans des zones riches en coltan, or et cassitérite comme Walikale. Ces affectations, largement dénoncées par les acteurs humanitaires et économiques, révèlent une stratégie de prédation plus qu’un projet de gouvernance. Elles s’ajoutent à la réactivation de certains axes transfrontaliers avec le Rwanda, comme celui de Petite Barrière, facilitant un commerce illicite au détriment des intérêts de l’État congolais. Selon Actualité.cd, d’autres groupes armés comme les Nyatura (12 %) et les Mai-Mai Mazembe (7%) contribuent également aux violences, mais le M23 reste le principal acteur de cette spirale observée depuis 4 ans.

Dans un effort pour consolider son emprise économique, Corneille Nangaa a annoncé en mars 2025 la création d’une « Nouvelle Banque du Kivu » pour pallier le manque de liquidité dans les zones sous contrôle du M23, une initiative dénoncée comme illégale par les autorités congolaises. Selon Africa Infos, cette banque vise à centraliser les ressources pillées, mais Steve Mbikayi, homme politique congolais, a affirmé que les sanctions internationales contre Nangaa rendraient ce projet inopérant. Plus récemment, le 7 avril 2025, Nangaa a lancé la CADECO (Caisse générale d’épargne du Congo), une structure parallèle pour soi-disant relancer l’économie locale, mais Radio Okapi rapporte que la direction générale de la CADECO officielle a dénoncé cette initiative comme une fraude, accusant le M23 de vouloir légitimer son pillage des ressources.

L’opportunisme au service d’une cause illégale au Sud-Kivu

Emmanuel Birato Rwihimba, alias Manu Birato, nommé lui aussi gouverneur du Sud-Kivu le 28 février 2025, incarne l’opportunisme au cœur de cette entreprise rebelle. Homme d’affaires originaire de Bukavu, il a navigué entre les sphères politiques congolaises, passant du PPRD de Joseph Kabila, de l’UNC de Vital Kamerhe, à l’Union sacrée de la nation sous Félix Tshisekedi, avant de rejoindre l’AFC/M23 après un exil en Belgique. Son parcours, marqué par des allégeances changeantes et une rupture avec Vital Kamerhe en 2019, révèle un homme prêt à saisir toute opportunité, même au prix de la trahison et de sang. Sa nomination n’est pas le fruit d’un mérite, mais d’un calcul pour rallier des élites locales à une cause illégitime.

Une gouvernance sous le joug de la violence

À Bukavu, Birato est assisté par Dunia Masumbuko Bwenge et Juvénal Gishinge Gasinzira, chargés respectivement des affaires politiques et économiques. Mais cette administration autoproclamée opère dans un climat de peur. Selon le journal Le Monde, les rebelles du M23 imposent leur autorité par la terreur, avec des arrestations arbitraires et des exécutions publiques qui sèment la panique parmi la population. Des rapports de l’ONU font état de viols collectifs et d’exécutions sommaires dans le Sud-Kivu sous contrôle du M23, des atrocités qui contredisent les promesses de sécurité de Birato. MSN rapporte que Bukavu est en état d’alerte permanente, avec un exode massif des habitants fuyant la menace rebelle, tandis que le gouverneur légitime du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a alerté sur un « carnage quotidien » dans sa province, dénonçant l’incapacité des forces de l’ordre à protéger les civils.

Depuis mars 2025, l’administration parallèle mise en place par Emmanuel Birato à Bukavu s’est dotée d’une structure plus complète : deux vice-gouverneurs, un maire et plusieurs responsables sectoriels ont été désignés sans aucun mandat légal. Cette expansion institutionnelle autoproclamée vise à imposer une normalisation forcée de l’occupation. Mais loin d’apaiser la situation, ces décisions ont renforcé un climat de répression. Selon l’UNICEF, les violences sexuelles ont atteint une ampleur inédite dans les zones contrôlées par le M23/AFC, où le viol est utilisé comme une arme de guerre. Ce recours systématique à la terreur démystifie le discours sécuritaire de Birato.

La suspension des activités minières formelles, signalée par l’ITSCI, paralyse l’économie locale, tandis que les ressources continuent d’être pillées pour financer les opérations rebelles. Loin d’être un sauveur, Birato est un rouage d’une machine de prédation, où les richesses du Sud-Kivu sont détournées au profit du M23 et de ses alliés dont le Rwanda.

Une stratégie illégale et destructrice

Les nominations de Bahati et Birato sont une provocation directe contre Kinshasa, qui maintient des gouverneurs légitimes dans ces provinces. En instaurant des administrations parallèles, le M23/AFC cherche à se poser en État de fait, une manœuvre dénoncée par un envoyé de l’ONU comme une menace d’expansion vers d’autres provinces. Cette stratégie s’appuie sur la force brute : depuis janvier 2025, le M23 a causé des milliers de morts et déplacé environ un million de personnes, dont 400 000 enfants, déplore l’ONU. Loin de stabiliser, ces gouverneurs autoproclamés aggravent une crise humanitaire déjà qualifiée de « pire au monde » par les Nations Unies. Un rapport récent de l’ONU, publié en avril 2025, souligne que plus de 7 millions de personnes sont déplacées dans l’est de la RDC, avec des besoins humanitaires criants, notamment en matière de nourriture et d’abris, qui restent largement insatisfaits.

Un jeu régional aux conséquences dévastatrices

Le soutien du Rwanda corroboré par des rapports de l’ONU et des sanctions contre des officiers rwandais, place ces nominations dans un contexte régional explosif. Le M23 contrôle désormais près de 20 % du territoire congolais, coupant des routes stratégiques comme celle reliant le Nord-Kivu au Sud-Kivu. Les combats persistants, notamment à Walikale et dans le Sud-Kivu, malgré des appels au cessez-le-feu par l’EAC et la SADC, montrent que ces gouverneurs ne sont que des marionnettes dans un conflit plus large, où les minerais du Kivu financent l’escalade militaire. La BBC rapporte que des affrontements récents dans la région de Masisi, en mars 2025, ont fait des dizaines de morts, illustrant la volatilité persistante de la situation.

Un avenir sombre pour le Kivu

Les sanctions de l’UE et des États-Unis contre des figures du M23, dont Bahati, et les pourparlers avortés à Doha et Luanda illustrent l’impuissance internationale face à cette crise. Le retrait des forces de la SADC, après des pertes face au M23, et l’échec des médiations régionales laissent les civils congolais à la merci des rebelles. Un post du député Steve Mbikayi sur X, datant d’octobre 2024, affirmait déjà que « le M23 est un outil de Kigali pour contrôler les richesses du Kivu », une analyse qui résonne avec les événements actuels, bien que cette information reste à vérifier.

Dans un récent rapport, le Conseil de sécurité des Nations Unies a fermement condamné ces prises de pouvoir illégales et les actes de violence commis par le M23/AFC, tout en pointant la responsabilité du Rwanda dans la poursuite des hostilités. Ces condamnations internationales, bien que nombreuses, peinent encore à enrayer la dynamique expansionniste du groupe rebelle, qui continue d’imposer sa loi par la force, en sapant les fondements mêmes de la souveraineté congolaise.

Les nominations de Joseph Bahati Musanga et Emmanuel Birato Rwihimba ne sont pas des actes de gouvernance, mais des outils d’une occupation illégale. Loin de mériter la moindre considération, ces figures symbolisent l’arrogance d’un mouvement qui prospère sur la souffrance des Congolais. Avec des villes comme Goma et Bukavu à l’arrêt, des marchés paralysés et des millions de déplacés, le M23/AFC ne construit pas un avenir, mais un chaos. La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent redoubler d’efforts pour restaurer la souveraineté nationale et mettre fin à cette mascarade, avant que le Kivu ne s’enfonce davantage dans l’abîme.

Heshima Magazine

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Kabila-Bemba : les racines d’une rancune interminable ?

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Depuis la fin de la présidentielle de 2006 remportée par Joseph Kabila face à son principal challenger Jean-Pierre Bemba, un climat de méfiance s’était installé entre les deux hommes. Ce qui avait conduit à des affrontements en plein Kinshasa entre l’armée et la garde rapprochée de celui qui fut un des vice-présidents de la République démocratique du Congo (RDC). Heshima Magazine revient sur les origines d’un conflit qui semble persister à ce jour.

À 62 ans, Jean-Pierre Bemba semble avoir tout connu : l’enfance d’un fils à papa, l’exil, la rébellion, la vice-présidence, la passion d’une campagne électorale en tant que challenger principal du président sortant, la prison à La Haye, puis le retour aux affaires sous Félix Tshisekedi. Après le conflit sanglant que certains spécialistes ont qualifié de « première guerre mondiale africaine » entre 1998 et 2002, Jean-Pierre Bemba se révèle comme une pièce maîtresse des accords de paix de Sun-City, qui ont mis fin à cette guerre en RDC. Un accord qui a marqué le retour à la démocratie. Le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC) occupe à ce titre l’un des quatre postes de vice-présidents, en charge de l’économie et des finances.

Très vite, il s’impose comme le principal rival du jeune président Joseph Kabila, âgé seulement de 35 ans et qui a succédé à son père assassiné début 2001. Les deux hommes se retrouvent au second tour de l’élection présidentielle de 2006, la première élection démocratique du pays depuis l’indépendance en 1960, bien que d’autres scrutins aient eu lieu auparavant dans un cadre plus controversé. Au terme d’une campagne tendue au cours de laquelle Bemba n’a eu de cesse de mettre l’accent sur sa « congolité » face aux origines prétendument douteuses de son adversaire, c’est finalement Joseph Kabila qui l’emporte avec 58 % des suffrages.

Des résultats contestés par le MLC

Bemba conteste les résultats, avant finalement d’accepter de mener une opposition « républicaine ». Il sera élu sénateur en janvier 2007. Le gouvernement de Kabila lui demandera alors de se libérer de sa garde rapprochée composée essentiellement de ses éléments issus de la rébellion. Bemba le percevra comme une menace à sa sécurité, les deux hommes ne se faisant plus confiance l’un et l’autre. Un ultimatum sera alors donné par l’armée pour le 15 mars 2007. Mais la garde du chairman du MLC n’a pas bougé d’un seul iota. Le 22 mars, un assaut finira par être lancé contre la résidence de Bemba et ses bureaux se trouvant sur le Boulevard du 30 Juin, à Kinshasa. Bilan : au moins 200 morts, civils et militaires compris. Bemba va finalement se retrancher à l’ambassade d’Afrique du Sud, avant de s’envoler plus tard pour le Portugal.

Kabila a-t-il manigancé l’arrestation de Bemba ?

En mai 2008, alors qu’il était dans sa résidence de Rhode-Saint-Genèse à Bruxelles, Jean-Pierre Bemba est arrêté puis transféré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas. Il est poursuivi pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » commis par des hommes qu’il commandait en République centrafricaine, voisine de la RDC, en 2002 et 2003. Mais la main noire de Joseph Kabila plane. Certains opposants l’accusent de vouloir se débarrasser d’un adversaire gênant. Ce dernier et François Bozizé, ayant chacun un rival commun – Bemba pour Kabila et Ange Félix Patassé pour Bozizé –, auraient ainsi renforcé leur rapprochement. Certains analystes estiment que le dossier de l’arrestation de Jean-Pierre Bemba aurait été motivé par ces deux chefs d’État.

Patassé, le témoin manquant…

En avril 2011, l’ancien président centrafricain Ange Félix Patassé décède en exil au Cameroun. Il était et restera le grand absent du procès de Jean-Pierre Bemba devant la CPI. En RDC, une partie de l’opinion congolaise ne comprenait pas comment Bemba affrontait seul ce dossier, sans qu’Ange Félix Patassé, à qui il prêtait main-forte contre la rébellion de Bozizé, n’ait été convoqué par cette juridiction internationale. Pourtant, les troupes de Bemba étaient parties défendre Ange-Félix Patassé d’un coup d’État. Cette question hantera le procès de Bemba au point de faire réagir un fonctionnaire de la CPI.

« Évidemment, nous continuons nos enquêtes en République centrafricaine. Nous ne nous arrêterons pas là », avait réagi Pascal Turlan, conseiller en coopération pour le procureur de la CPI. Mais jusqu’à l’acquittement de Bemba en 2018, la CPI n’avait presque plus fait allusion à cet aspect de l’enquête.

Un acquittement au goût de revanche contre Kabila

Le 8 juin 2018, la Chambre d’appel a décidé, à la majorité, d’acquitter Jean-Pierre Bemba Gombo des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Bemba va alors quitter ses co-pensionnaires de taille tels que l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Contrairement à ce qui est parfois mentionné, Charles Taylor n’était pas détenu à la CPI, mais à La Haye sous mandat du Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Pressé par le temps, il tente de prendre sa revanche en briguant la présidentielle de décembre 2018. Mais « Baïmoto » rencontre encore un nouveau blocage : sa candidature est rejetée par la CENI alors dirigée par l’actuel rebelle, Corneille Nangaa. Pour Bemba, c’est une preuve supplémentaire que l’on s’acharne contre lui. Il apporte alors son soutien à la candidature commune de l’opposition incarnée par Martin Fayulu.

Allié indéfectible de Tshisekedi

Après la présidentielle, c’est Félix Tshisekedi qui est proclamé vainqueur. Bemba reste dans l’opposition, avant d’intégrer finalement l’Union sacrée de la Nation après les concertations nationales ayant mené à la rupture de la coalition entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Au sein de cette alliance, il occupera les postes de vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale puis celui des Transports. C’est depuis cette position qu’il enverra plus de coups à Joseph Kabila, soupçonné d’être derrière la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, alliée au M23.

Le 5 mars 2025, Jean-Pierre Bemba a accusé l’ancien président d’être l’instigateur des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ainsi que ceux de l’AFC. En plus de soutenir l’AFC/M23, Bemba dit détenir des preuves selon lesquelles Joseph Kabila est également derrière les miliciens Mobondo, actifs dans les provinces du Maï-Ndombe, du Kwilu, du Kwango, du Kongo Central et dans une partie de Kinshasa. Dans la foulée d’un autre meeting, Bemba a encore remis en cause la nationalité congolaise de Joseph Kabila, réveillant un vieux démon autour de la « congolité » du quatrième président de la RDC. Décidément, les rancœurs entre les deux personnalités sont loin de prendre fin.

Heshima

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Tollé en RDC après le meurtre d’un policier « PCR » impliquant des agents de la Première ministre

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Fiston Kabeya Senda, brigadier de première classe de la Police de circulation routière (PCR), est décédé le 31 mars 2025 à Kinshasa, en République démocratique du Congo, dans des circonstances qui ont provoqué une onde de choc à travers le pays. Selon le témoignage de son collègue, ce père de famille aurait été torturé et tué par des membres de sécurité de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, après une altercation liée au passage de son cortège roulant à contresens. Une enquête militaire est en cours, tandis que les réseaux sociaux s’enflamment, exigeant justice pour cet agent perçu comme un serviteur dévoué de la nation.

Un incident aux circonstances troublantes

L’incident s’est déroulé dans la soirée du 31 mars 2025, alors que Kabeya Senda régulait la circulation dans une artère animée de Kinshasa. D’après un collègue présent sur les lieux, le cortège de la Première ministre empruntait un sens interdit, une pratique parfois tolérée pour les hauts responsables en raison de mesures de sécurité. « La Première ministre roulait à sens unique. Nous avons frayé un chemin pour faire passer son cortège. Dix minutes après, la suite de son convoi est revenue avec à son bord un major en charge de sa sécurité. Ils ont arrêté notre collègue Kabeya Senda, l’ont torturé sur place, puis emmené vers l’auditorat militaire. Il est mort là-bas », a rapporté ce témoin. Le corps de la victime repose actuellement à la morgue de l’Hôpital du Camp Kokolo. Une vidéo, devenue virale mais non authentifiée, montre un homme presque dénudé battu avec une rare violence par des policiers, alimentant les soupçons qu’il s’agirait de Kabeya Senda.

Réactions officielles et appel au calme

Face à l’émoi suscité, la Police nationale congolaise (PNC) a réagi rapidement par un communiqué lu par Julien Mavungu Mangoma, du Service d’information et de communication. « Nous appelons la population à ne pas céder à la manipulation et à la désinformation tant que les circonstances exactes de la mort de ce policier ne sont pas élucidées », a-t-il déclaré. La justice militaire a été saisie, et des enquêtes sont en cours pour identifier les auteurs de cet « acte odieux » et les traduire en justice. À ce jour, aucune déclaration officielle n’a émané du bureau de la Première ministre, laissant planer des questions sur sa connaissance ou son implication dans les agissements de son service de sécurité, composé probablement d’agents de police spécialisée.

Un policier dévoué victime d’abus de pouvoir ?

Fiston Kabeya Senda était un brigadier au sein de la PCR, chargé de faire respecter les règles de circulation dans une ville où le chaos routier est monnaie courante. Selon des collègues et des publications sur X, il était convaincu de travailler « avec amour pour son pays », un dévouement rappelé par ses supérieurs qui insistaient sur l’égalité devant la loi, même pour les convois officiels. Ce zèle aurait-il signé son arrêt de mort ? L’incident soulève un débat plus large sur les privilèges accordés aux cortèges des hauts responsables. Si aucune loi publique ne détaille ces exemptions en RDC, des pratiques similaires dans d’autres pays permettent aux officiels d’outrepasser les règles pour des raisons de sécurité, une coutume qui, ici, aurait dégénéré en violence.

Une indignation massive sur les réseaux sociaux

Depuis l’annonce du meurtre le 1er avril 2025, les réactions fusent sur X, où des milliers de Congolais expriment leur colère et demandent justice. « Père de famille, il a accepté de servir son pays dans des conditions mille fois moins bonnes que celles des privilégiés de la République », déplore @Aimé Ntambwe, un internaute. Un autre utilisateur, @Katsuva_R, écrit : « Tué par la garde de la Première ministre Judith Suminwa, Fiston Kabeya était un policier convaincu de travailler avec amour pour son pays ! Son péché mortel a été d’interpeller son cortège. » De son côté, @alfreddiomba3 exige : « Que la justice soit rendue pour Kabeya Senda, sauvagement tué par un officier de la sécurité de Suminwa. » Ces messages traduisent un ras-le-bol face aux abus présumés des élites, dans un pays où les inégalités et la brutalité policière sont régulièrement dénoncées.

Un parallèle avec l’affaire Dolly Makambo

Certains internautes établissent un parallèle avec le cas de Dolly Makambo, ancien ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa, condamné en 2021 à dix ans de prison ferme pour avoir incité son garde du corps à tuer un administrateur de santé en 2019. La justice militaire avait alors estimé que l’officiel portait une responsabilité directe dans l’acte de son subordonné. Dans le cas de Kabeya Senda, une question clé demeure : Judith Suminwa était-elle informée du retour de son cortège pour punir le policier ? Si les enquêtes confirment l’implication de son chef de sécurité, cela pourrait ouvrir la voie à une responsabilité juridique ou politique, un précédent que beaucoup surveillent de près.

Un débat sur les privilèges et la justice

Au-delà du drame, cet incident ravive les tensions autour des privilèges des mandataires publics en RDC. Pourquoi certains officiels brûlent-ils les feux rouges ou roulent-ils à contresens, au mépris des règles qu’ils imposent aux citoyens ? Dans une ville comme Kinshasa, où la circulation est un défi quotidien, ces pratiques exacerbent le sentiment d’injustice. Alors que l’enquête progresse, les Congolais attendent des réponses claires et des sanctions exemplaires, dans un climat de défiance croissante envers les institutions.

Heshima

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RDC : Washington envisage un mandat de la MONUSCO adapté à la crise actuelle

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Le 27 mars 2025, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une nouvelle session sur la crise sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Le représentant permanent de Kinshasa à l’ONU a accusé le Rwanda d’avoir plus de la moitié de son armée sur le sol congolais. De son côté, Kigali épingle la mauvaise gouvernance du gouvernement congolais et l’accuse de collaborer avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour déstabiliser son pays. Face à l’occupation des villes congolaises, les États-Unis proposent un mandat de la MONUSCO plus adapté à la situation.

Devant le Conseil de sécurité, Kinshasa et Kigali se sont encore retrouvés nez à nez. Le représentant permanent de la RDC à l’ONU, Zénon Mukongo, a déclaré que plus de la moitié de l’armée rwandaise était déployée sur le territoire congolais. « Et ce, sans le consentement de l’État congolais. Le droit à la légitime défense ne saurait être évoqué comme justification d’une invasion armée ni de la création d’une administration parallèle sur le territoire d’un État souverain », a déclaré ce diplomate de la RDC près de l’ONU. Il a également indiqué que les militaires rwandais ont enlevé des patients, des gardes malades sur les lits de l’hôpital, les ont torturés, puis tués sans sommation. « Il y a eu des milliers de morts et de déplacés internes. Des villes entières ravagées, de Walikale à Kamanyola en passant par Bunagana et Masisi-Centre […] dans un contexte globalement chaotique », a ajouté Zénon Mukongo. Ce dernier a aussi accusé les forces de défense rwandaises et leurs supplétifs de l’AFC-M23 d’avoir chassé des populations de leurs foyers et instauré « une administration parallèle », en violation de la souveraineté de la RDC.

De son côté, le Rwanda, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, a accusé la RDC de collaborer avec les combattants des FDLR pour déstabiliser le Rwanda. Dans la foulée, il a dénoncé la mauvaise gouvernance du régime de Kinshasa, qu’il juge responsable des conflits sécuritaires actuels en RDC. Pour lui, le Rwanda n’avait pas initié le conflit, mais en subissait le poids. Il a attribué les causes profondes aux activités des combattants des FDLR. Une force pourtant résiduelle et quasi-inexistante pour inquiéter le Rwanda. Il a évoqué la persécution des Congolais parlant le Kinyarwanda, notamment les communautés tutsies.

Un mandat de la MONUSCO adapté à la réalité

Lors de cette session, Washington a plaidé pour un mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) plus adapté à la nouvelle donne du terrain. Pour les États-Unis, la MONUSCO devrait être renforcée, refusant les accusations du Rwanda sur une complicité des casques bleus avec les FDLR. « Les États-Unis dénoncent les discours mensongers du gouvernement rwandais accusant la MONUSCO de soutenir les FDLR », a déclaré la représentante de Washington au Conseil de sécurité. Elle propose une modification du mandat de la force onusienne en RDC pour l’adapter à la réalité du terrain actuel.

Exigence d’un cessez-le-feu inconditionnel

En convoquant cette session, l’ONU voulait avoir un rapport sur l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Le portrait dressé par la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, reste alarmant. Pour la patronne de la MONUSCO, la rébellion de l’AFC/M23 « vise la Tshopo et le Maniema ». Elle a décrit une situation humanitaire toujours préoccupante dans les zones occupées par la rébellion tout en plaidant pour la réouverture des aéroports de Goma, au Nord-Kivu, et de Kavumu, dans le Sud-Kivu. Elle a aussi appelé à orienter « tous les efforts vers un cessez-le-feu inconditionnel ».

À Goma, le M23 facilite le départ de SAMIDRC

Pendant ce temps, ce vendredi 28 mars, à Goma, une réunion s’est tenue entre les chefs d’état-major des forces de défense de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la direction de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (AFC/M23). Cette rencontre avait pour but de discuter des modalités du retrait immédiat de la force régionale de la SADC (SAMIDRC) de la ville de Goma. Les éléments de cette force régionale sont restés bloqués à Goma depuis la chute de la ville, en janvier dernier. Un sommet de la SADC tenu récemment à Harare, au Zimbabwe, avait mis un terme à leur mandat en RDC. Sultani Makenga a signé un accord sur le départ immédiat de cette force de la ville de Goma. Les deux parties (AFC/M23 et SADC) ont réaffirmé leurs engagements en faveur d’un cessez-le-feu et d’un retrait sans condition de la SAMIDRC. L’AFC/M23 a accepté de faciliter le « départ immédiat » de ces troupes de la SADC avec leurs armes et équipements. Mais les matériels militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) capturés par cette rébellion resteront entre leurs mains.

Heshima

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