Nous rejoindre

Nation

Accords de paix en RDC : le long chemin vers une difficile stabilité

Published

on

Cinq millions de morts, des dizaines de groupes armés, et des minerais qui valent de l’or. La République démocratique du Congo (RDC), indépendante depuis 1960, porte les stigmates de guerres où se mêlent rivalités ethniques, convoitises transnationales et impuissance de l’État. Trois accords majeurs Lusaka (1999), l’Accord Global de 2002 et Pretoria (2002) ont tenté, en vain, de rompre ce cycle infernal. Actuellement, Kinshasa et la rébellion du M23 sont en pleine négociation sous l’égide du Qatar et des États-Unis. Retour sur des traités qui ont buté sur les mêmes écueils : application partielle et défiance régionale.

La chute de Mobutu Sese Seko en 1997, après la première guerre du Congo, n’a pas sonné l’heure de la stabilité. Bien au contraire. Entre 1998 et 2003, la RDC s’enfonce dans un conflit régional dévastateur : neuf pays africains et des dizaines de milices s’affrontent dans ce qui deviendra la deuxième guerre du Congo, qualifiée par les experts de « guerre mondiale africaine » en raison de son ampleur. Aujourd’hui encore, l’Est du pays, notamment les Kivu, reste un baril de poudre. Le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, y mène des offensives meurtrières. « Ces guerres ne sont jamais vraiment terminées. Elles se transforment », analyse un rapport de l’United States Institute of Peace (2024), pointant l’échec des mécanismes de désarmement et la persistance des « économies de guerre » liées à l’exploitation illégale des ressources congolaises.

Lusaka 1999 : un cessez-le-feu en trompe-l’œil pour la RDC

La signature de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999 devait marquer la fin de la deuxième guerre du Congo. Pourtant, les armes continueront de parler pendant quatre années supplémentaires. Ce paradoxe résume à lui seul l’échec d’une diplomatie pressée mais incapable de résoudre les causes profondes du conflit.

Tout commence par la rupture entre Laurent-Désiré Kabila et ses anciens parrains rwandais et ougandais. Le président congolais, porté au pouvoir grâce à leur soutien en 1997, cherche à s’émanciper de leur influence. Les rancœurs s’accumulent : Kigali reproche à Kinshasa sa passivité face aux FDLR, ces milices hutues issues du génocide rwandais qui opèrent depuis l’Est congolais. Kampala, de son côté, convoite ouvertement les richesses minières du Kivu.

Lorsque éclate la rébellion en août 1998, le conflit prend immédiatement une dimension régionale. D’un côté, le gouvernement congolais s’appuie sur les troupes angolaises, zimbabwéennes et namibiennes. De l’autre, les mouvements rebelles du RCD et du MLC, soutenus respectivement par le Rwanda et l’Ouganda, progressent vers Kinshasa. La capitale ne doit son salut qu’à l’intervention tardive des alliés de Kabila.

C’est dans ce contexte tendu que le président zambien Frederick Chiluba entre en scène. Médiateur infatigable, il parvient à réunir autour d’une même table belligérants et observateurs internationaux après onze mois de combats acharnés. Les discussions, marathon diplomatique ponctué de menaces et de marchandages, aboutissent finalement à un texte ambitieux signé le 10 juillet 1999.

L’accord prévoit un cessez-le-feu immédiat, le retrait des troupes étrangères et la création d’une commission militaire mixte sous supervision onusienne. Sur le papier, toutes les conditions semblent réunies pour ramener la paix. Mais sur le terrain, les violations commencent avant même l’achèvement du processus de signature. A Gemena comme à Gbadolite, les combats reprennent de plus belle.

Les raisons de cet échec sont multiples. L’exclusion initiale des groupes rebelles des négociations a nourri leur méfiance. Le MLC, dirigé par Jean-Pierre Bemba, refuse de s’engager tant que le RCD n’aura pas fait de même. La MONUC, mission de paix mandatée par l’ONU, tarde à se déployer faute de moyens et de volonté politique. Surtout, aucun des signataires ne semble vraiment prêt à renoncer à ses ambitions.

« Lusaka était un accord négocié dans la mauvaise foi par des acteurs qui n’avaient pas renoncé à la solution militaire », analyse le professeur sud-africain Hussein Solomon dans une étude pour le compte de la World Mediation Organization. Ce constat sévère ne doit pourtant pas occulter l’héritage de cet épisode diplomatique. Pour la première fois, la communauté internationale prenait la mesure de l’ampleur de la crise congolaise. Et le cadre posé à Lusaka servira de base aux négociations ultérieures.

Restait à comprendre pourquoi, malgré cette prise de conscience, les conflits allaient persister dans l’Est de la RDC. Une question que l’Accord Global et Inclusif de 2002 tentera à son tour et sans plus de succès, de résoudre.

2002 : L’Accord Global et Inclusif, ou l’impossible réconciliation

Sun City, février 2002. Le complexe hôtelier sud-africain, habitué aux congrès d’affaires, accueille une négociation autrement plus périlleuse : mettre fin à la plus grande guerre qu’ait connue l’Afrique depuis 1945. Le Dialogue Inter-Congolais s’ouvre dans un climat de défiance mutuelle, un an après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila et l’arrivée au pouvoir de son fils Joseph, jugé plus malléable par la communauté internationale.

La tâche est herculéenne. Malgré le cessez-le-feu de Lusaka, les combats n’ont jamais vraiment cessé dans l’Est du pays. Les différents belligérants : gouvernement, rébellions soutenues par le Rwanda et l’Ouganda, milices locales, continuent de se disputer le contrôle des richesses minières tout en affichant publiquement leur volonté de paix.

Pendant dix-neuf mois, les négociations vont connaître des avancées et des reculs spectaculaires. A Pretoria puis à Sun City, les délégations se déchirent sur la composition du futur gouvernement de transition. Le RCD de Azarias Ruberwa exige la vice-présidence et des ministères clés. Jean-Pierre Bemba, leader du MLC, campe sur ses positions. La société civile, prise en étau, tente d’imposer des garde-fous démocratiques.

Le 17 décembre 2002, après d’ultimes marchandages, l’Accord Global et Inclusif est enfin signé. Il prévoit un partage du pouvoir inédit : Joseph Kabila reste président, entouré de quatre vice-présidents issus des principales factions. Une nouvelle constitution doit être rédigée, des élections organisées dans un délai de deux ans. Sur le papier, le compromis semble tenir la route.

Mais la réalité est plus âpre. L’intégration des rebelles dans l’armée nationale tourne au fiasco. A Bunia comme à Bukavu, des combats éclatent entre anciens ennemis censés servir sous le même drapeau. Les Mai-Mai, ces milices locales, refusent de rendre les armes. « L’accord de 2002 a réussi à mettre fin à la guerre interétatique, mais il a échoué à construire une paix positive », analysera plus tard le chercheur congolais Freddy Mulumba.

Les élections de 2006, premières consultations démocratiques depuis l’indépendance, marqueront officiellement la fin de la transition. Pourtant, dans les Kivu, la violence persiste. Le M23 émergera quelques années plus tard, prouvant que les racines du conflit, faiblesse de l’Etat, ingérences régionales, exploitation des ressources, n’ont jamais été réellement extirpées.

L’Accord Global et Inclusif restera comme une tentative ambitieuse mais incomplète. Il aura permis de sortir le pays du chaos de la guerre totale, sans pour autant lui offrir les fondations d’une paix durable. Une leçon que les négociateurs de Doha, vingt ans plus tard, auraient peut-être intérêt à méditer.

Pretoria 2002 : un accord bilatéral sous haute tension

Dans l’ombre des négociations inter-congolaises de Sun City, un autre front diplomatique s’ouvre à Pretoria au cœur de l’été 2002. Cette fois, il ne s’agit plus de réconcilier les factions congolaises, mais de désamorcer la bombe régionale que représente l’affrontement entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda, acteur-clé de la deuxième guerre du Congo depuis 1998, campe sur ses positions : sa présence militaire en RDC serait une légitime défense face à la menace des génocidaires hutu réfugiés dans l’Est congolais. 

La délégation congolaise, menée par un Joseph Kabila, oppose un contre-argumentaire implacable. Les 20 000 soldats rwandais stationnés sur son territoire ne feraient que masquer une entreprise de pillage systématique des ressources minières, tout en soutenant la rébellion du RCD. Les preuves s’accumulent sur les convois de coltan transitant vers Kigali, tandis que les rapports onusiens documentent les exactions contre les civils. 

C’est dans cette atmosphère électrique que Jacob Zuma, alors vice-président sud-africain, tente de jouer les médiateurs. Pendant cinq jours, les pourparlers achoppent sur la question de la chronologie : Kigali exige le démantèlement préalable des FDLR, Kinshasa veut un retrait immédiat des troupes rwandaises. Le compromis final, scellé le 30 juillet sous l’égide de l’ONU et de l’Union Africaine, tient en trois mots : retrait contre désarmement. 

Les mois suivants révèlent les limites de cet équilibre précaire. Si le Rwanda semble respecter son engagement en retirant ses troupes avant la fin 2002, le désarmement des FDLR tourne au fiasco. La MONUC, chargée de superviser le processus, se heurte à l’immensité du territoire et à la complexité des alliances locales. Dans les couloirs de l’ONU, on chuchote que certains commandants rwandais n’auraient, en réalité, jamais vraiment quitté l’Est congolais, se contentant de troquer leurs uniformes contre ceux du RCD. 

L’accord de Pretoria laisse ainsi un goût amer. En surface, il a réussi à éteindre le volet international du conflit. En profondeur, il n’a rien réglé des contentieux historiques entre les deux pays. La menace des FDLR, brandie comme justification par Kigali, apparaît de plus en plus comme un prétexte commode : ces milices, militairement insignifiantes depuis des années, n’ont jamais constitué une réelle menace pour la sécurité rwandaise. Pendant ce temps, l’Est de la RDC sombre dans une nouvelle ère de violence, où se mêlent conflits et compétition pour les ressources et ingérences étrangères déguisées. 

Vingt ans plus tard, le spectre de Pretoria plane toujours sur les négociations actuelles. Les mêmes acteurs, sous des étiquettes renouvelées, continuent de jouer la même partition. Seul le décor a changé : Doha et Washington ont remplacé Sun City et Pretoria, mais la mélodie reste étrangement familière.

L’Accord du 23 mars 2009, un tournant manqué

Goma, mars 2009. Dans un hôtel de la ville en état de siège, le gouvernement congolais et la rébellion du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) signent un accord sous haute pression internationale. L’objectif affiché est clair : mettre fin aux violences dans le Nord-Kivu en intégrant les combattants tutsis du CNDP au sein de l’armée régulière. Mais derrière les promesses de paix, les rancœurs persistent.

Le texte prévoit l’amnistie pour les combattants du CNDP et leur incorporation dans les FARDC (Forces armées de la RDC). En échange, le mouvement rebelle accepte de déposer les armes. Une clause prévoit même la transformation du CNDP en parti politique. « C’était un compromis pragmatique », se souvient un ancien négociateur onusien. « Mais personne n’a vraiment cru à la sincérité des parties. »

Très vite, l’application patine. Les combattants du CNDP, intégrés nominalement à l’armée, conservent leurs structures parallèles. Certains dénoncent des discriminations dans les promotions. D’autres, comme Bosco Ntaganda alias « Terminator », continuent de contrôler des mines d’or au nom du pouvoir tout en préparant leur revanche et en refusant toute mutation en dehors des zones de l’Est.

En 2012, la rupture est consommée. D’anciens cadres du CNDP forment le M23, accusant Kinshasa d’avoir violé l’accord. Les combats reprennent, plus violents que jamais. « Le 23 mars 2009 était une trêve, pas une paix », analyse un officier congolais sous couvert d’anonymat. « On a juste donné trois ans de répit aux belligérants pour se réarmer. »

L’échec de cet accord étale cruellement les limites des solutions purement militaires aux crises congolaises. Il révèle aussi un schéma récurrent : des rébellions recyclées plutôt que démobilisées, des compromis de façade, et une communauté internationale trop pressée de cocher des cases. Des dynamiques qui, en 2025, pèsent encore sur les négociations de Doha.

2025 : Négociations à double étage pour une paix fragile

L’Est de la RDC continue de brûler en 2025. La résurgence du M23, ce groupe rebelle à dominante tutsi, a transformé les Kivu en poudrière. Depuis janvier, l’offensive s’est intensifiée : Goma et Bukavu tombent tour à tour, provoquant un exode massif de populations et une crise humanitaire sans précédent. Dans les coulisses diplomatiques, deux capitales émergent comme scènes de négociations parallèles : Doha et Washington, où se joue peut-être le dernier acte de cette interminable tragédie.

C’est sous les ors des palaces qataris que le gouvernement congolais et le M23 engagent des pourparlers en avril 2025. La rencontre surprise entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame en mars a créé l’électrochoc nécessaire. Le Qatar, nouveau venu dans le jeu congolais mais déjà influent grâce à ses accords économiques avec les deux pays, joue les médiateurs improbables. L’accord du 24 avril, arraché après des nuits blanches de négociation, prévoit un cessez-le-feu immédiat et l’abandon des discours de haine.

Pourtant, sur le terrain, les combats continuent de gronder. « Cette trêve tient du miracle précaire », souffle un diplomate européen présent à Doha. Les observateurs notent surtout l’absence criante des représentants des communautés locales autour de la table, pourtant premières victimes du conflit.

Washington : le poker menteur américain

À 12 000 km de là, le département d’État américain organise sa propre partie d’échecs. Le 25 avril, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe signent une déclaration de principes sous l’œil satisfait de Marco Rubio. Le texte, aussi vague qu’ambitieux, promet le respect mutuel des souverainetés et l’abandon du soutien aux groupes armés.

Les motivations américaines transparaissent à travers les promesses d’investissements milliardaires dans le secteur minier. « Washington veut sécuriser son approvisionnement en minerais critiques tout en contenant l’influence chinoise dans la région », analyse un expert des questions africaines sous couvert d’anonymat.

Les ombres au tableau

L’histoire récente donne peu d’espoirs. Depuis 2021, pas moins de six cessez-le-feu ont été violés. À Washington, le refus des deux ministres de se serrer la main en dit long sur la défiance persistante. Dans le Sud-Kivu, des combats éclatent encore malgré les déclarations officielles.

« Nous avons toutes les raisons de douter », résume amèrement une habitante de Goma contactée par téléphone. Les experts comme Delphin Ntanyoma de l’Université de Leeds soulignent l’impossible équation : « Comment surveiller un cessez-le-feu dans une région où les frontières entre armée régulière, milices et groupes rebelles sont si poreuses ? »

Un espoir malgré tout ?

L’implication inédite du Qatar et des États-Unis, ajoutée aux pressions croissantes de la SADC et de l’Union Africaine, pourrait marquer un tournant. Les propositions de mécanismes sécuritaires conjoints et d’intégration économique régionale offrent une lueur d’espoir.

Mais comme le rappelle douloureusement l’histoire congolaise, les accords de paix ne valent souvent que par la volonté politique qui les sous-tend. En 2025 comme en 2002, la paix durable se heurte aux mêmes démons : convoitises étrangères, faiblesse de l’État, et cette malédiction des ressources qui transforme l’or et le coltan en sang et en larmes.

La balle est désormais dans le camp des belligérants. Et comme le murmure un vieux proverbe congolais : « On ne construit pas la paix avec des signatures, mais avec des cœurs sincères. »

Heshima

Continue Reading

Nation

DGI : Barnabé Muakadi appelle la population à s’approprier les réformes fiscales 

Published

on

En marge de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN), le directeur général des Impôts, Barnabé Muakadi Muamba, a appelé la population à s’approprier les réformes fiscales en cours, notamment la facture normalisée, les dispositifs électroniques fiscaux et la réforme de la fiscalité directe avec l’instauration de l’Impôt sur les Sociétés (IS) et de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP)

La Direction générale des impôts (DGI) a pris part à la 47ᵉ édition de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN). Le 28 août 2025, son directeur général, Barnabé Muakadi Muamba, a effectué une visite guidée des stands, en compagnie de plusieurs cadres et agents de l’administration fiscale. Cette démarche s’inscrit dans la promotion du civisme fiscal mais aussi dans la vulgarisation des réformes actuellement mises en œuvre en République démocratique du Congo.

Au cours de cette visite, le numéro un de la DGI s’est arrêté au stand de son institution, avant d’appeler la population à s’approprier ces réformes pour en garantir le succès. Parmi elles figure la facture normalisée, désormais obligatoire pour toute vente de biens ou prestation de services. Contrairement aux factures traditionnelles, elle est générée par un logiciel ou un équipement agréé, intègre un code de vérification et transmet automatiquement les données à l’administration fiscale. Une innovation qui, selon Barnabé Muakadi, « permettra à l’État congolais de renforcer la traçabilité, l’intégrité et l’authenticité des transactions économiques ». Ces dispositifs, auxquels s’ajoute la réforme de la fiscalité directe, visent à moderniser le système fiscal et à accroître la transparence.

La DGI au cœur des réformes fiscales   

La République démocratique du Congo franchit une nouvelle étape dans la modernisation de son système fiscal. Depuis le 1er juillet, l’usage de la facture normalisée est devenu obligatoire pour l’ensemble des contribuables. Cette mesure avait été entérinée à l’issue d’une séance de travail à Kinshasa, réunissant les cadres de la Direction générale des impôts (DGI), les membres du Comité technique de pilotage ainsi que le groupement SITAX, chargé de l’implémentation technologique. Au cœur de cette réforme figurent les Dispositifs électroniques fiscaux (DEF), conçus pour transmettre en temps réel à la DGI toutes les informations liées à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce mécanisme marque une transformation profonde des pratiques fiscales et comptables en République démocratique du Congo, renforçant à la fois la transparence et la traçabilité des transactions.

« Chaque entreprise concernée émettra désormais ses factures via un système sécurisé, authentifié par un QR code, permettant de retracer les opérations commerciales en temps réel », explique Dieudonné Ntumba, conseiller fiscal et Douanes au cabinet du ministre des Finances. Ce dispositif se décline en Unités de Facturation (UF) pour les sociétés ne disposant pas de système de facturation, et en Modules de Contrôle de Facturation (MCF) pour celles déjà équipées, avec des versions dématérialisées (e-UF et e-MCF) mises gratuitement à disposition par la DGI.

L’implémentation de cette réforme avait été amorcée en septembre 2024 auprès de quelques entreprises pilotes assujetties. Depuis août 2025, la mesure est entrée dans une phase de généralisation à l’ensemble des assujettis redevables de la TVA. Une seconde extension est prévue dès janvier 2026 pour couvrir progressivement d’autres catégories d’entreprises.

La DGI, cheville ouvrière de cette réforme, insiste sur l’importance de sensibiliser l’ensemble de la population congolaise. Dès septembre 2024, son directeur général, Barnabé Muakadi, soulignait que la facture normalisée présente des avantages pour toutes les parties prenantes : l’État, les opérateurs économiques et les citoyens. Pour l’État, elle garantit une hausse des recettes fiscales, un meilleur contrôle des contribuables et des transactions, ainsi qu’une normalisation des factures appuyée par des données fiables sur chaque opération. Les contribuables, eux, bénéficient d’un accroissement du niveau de conformité, d’une gouvernance plus rigoureuse de leurs activités et d’une simplification des audits. La réforme ouvre également la voie à la modernisation et à la fiabilisation des processus de facturation électronique et des statistiques, renforce l’équité concurrentielle, améliore la transparence avec l’administration fiscale et assure une plus grande conformité à la législation commerciale et fiscale.

Vers la digitalisation de la fiscalité

Depuis vingt ans, l’État congolais s’emploie à moderniser son système fiscal afin de lutter contre la corruption et d’améliorer la mobilisation des recettes. Ces cinq dernières années, le pays a franchi une nouvelle étape en s’engageant dans la digitalisation de sa fiscalité. Objectif : optimiser la collecte des ressources et réduire la fraude grâce à des outils numériques et à des procédures de paiement en ligne.

Des solutions comme le logiciel ISYS-Régies ou la dématérialisation des formulaires facilitent les paiements et renforcent la transparence. Concernant la facture normalisée, le ministère des Finances suit de près ce chantier majeur. « Il est de notre responsabilité collective de faire en sorte que cette transition vers la digitalisation des entreprises se déroule dans les meilleures conditions », déclarait le ministre des Finances, Doudou Fwamba, en septembre 2024.

Un rapport annuel de l’Inspection générale des finances (IGF), publié en 2023, souligne que l’essor des plateformes de paiement mobile et la dématérialisation des formulaires fiscaux ont contribué à réduire la corruption et à raccourcir les délais de traitement des dossiers. Ces innovations favorisent également l’intégration du secteur informel, en simplifiant les déclarations et en renforçant la capacité d’audit des services fiscaux.

Heshima

Continue Reading

Nation

Union Sacrée : Tshisekedi remodèle son appareil politique

Published

on

À trois ans de la fin de son second mandat et à l’approche d’un dialogue national, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a présidé, le 30 août 2025, le deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN). Ce rendez-vous stratégique a permis l’adoption unanime d’une nouvelle charte et d’un règlement intérieur, marquant une étape clé dans la consolidation de cette plateforme politique en vue des élections générales de 2028.

Réunis sous la direction de Félix Tshisekedi, les membres de l’USN ont doté leur coalition d’outils fondamentaux pour renforcer son unité et clarifier ses règles de fonctionnement. La nouvelle charte et le règlement intérieur, adoptés à l’unanimité, visent à stabiliser la plateforme après des tensions internes, notamment autour de la composition du présidium, l’organe décisionnel de l’USN. Initialement composé des leaders de l’UDPS (Augustin Kabuya), du MLC (Jean-Pierre Bemba), de l’AFDC-A (Modeste Bahati), de l’UNC (Vital Kamerhe), du CRD (Christophe Mboso Nkodia) et d’« Agissons et bâtissons » (Jean-Michel Sama Lukonde), le présidium a été élargi en mars 2025 à 40 membres. Cette réorganisation a intégré des partis revendiquant une meilleure représentation, notamment ceux comptant au moins sept élus au niveau national ou provincial.

Ce congrès, en réaffirmant la souveraineté nationale et en posant les bases d’une stratégie politique, signale une volonté de l’USN de se préparer aux futurs défis électoraux et de renforcer son ancrage dans le paysage politique congolais.

Des sanctions prévues contre l’insubordination

Le deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN), tenu le 30 août 2025 sous la présidence de Félix Tshisekedi, a adopté de nouvelles mesures pour renforcer la discipline au sein de la plateforme politique. Parmi les décisions phares, le règlement intérieur prévoit désormais des sanctions contre les membres qui manqueraient à leurs engagements, notamment au « devoir de loyauté » envers la Haute Autorité politique de l’USN, incarnée par le président Tshisekedi.

« Nous avons accepté de nous soumettre à un régime disciplinaire en cas de manquement à nos engagements », a déclaré André Mbata, secrétaire permanent de l’USN. Ces réformes visent à optimiser le fonctionnement de la coalition en adaptant ses structures aux réalités politiques, administratives et sociales de la RDC, dans un contexte marqué par la guerre dans l’Est, attribuée à une agression rwandaise via la rébellion AFC/M23, et par les préparatifs d’un dialogue national.

Lancée en décembre 2020 par Félix Tshisekedi après la rupture avec la coalition FCC-CACH de Joseph Kabila, l’USN s’est imposée comme une force majoritaire au Parlement, réunissant 391 députés de 24 partis dès juin 2023. Une charte, signée en avril 2023, avait institué quatre organes décisionnels : le Congrès, la Haute Autorité politique, le Présidium et la Conférence des présidents des partis et personnalités désignées. Le président Tshisekedi conserve un contrôle centralisé, nommant seul le secrétaire permanent, ses adjoints et les membres nationaux.

Les nouveaux textes, fruit de consultations entre Tshisekedi et les membres de l’USN, renforcent la gouvernance de la plateforme. Axée sur la stabilité et le pragmatisme, l’USN se positionne comme un outil de rassemblement politique face aux défis électoraux de 2028 et aux tensions régionales.

Dialogue : Tshisekedi contre une médiation étrangère

Lors du deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN), le 30 août 2025, le président Félix Tshisekedi a réaffirmé son engagement pour un dialogue national visant à renforcer la cohésion entre Congolais et à répondre à la guerre dans l’Est, attribuée à la rébellion AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Tout en se disant ouvert au dialogue, il a posé une condition ferme : « Pas de dialogue à l’extérieur du pays. Nous devons parler entre Congolais, ici, chez nous, sans facilitateur étranger. » Cette déclaration, saluée par des applaudissements des congressistes, reflète la volonté de Kinshasa de privilégier un dialogue inclusif, mais strictement national, centré sur les intérêts de la RDC.

Cette position intervient alors que la Fondation Thabo Mbeki a convié les parties prenantes de la crise congolaise à une conférence sur la paix et la sécurité, prévue du 3 au 6 septembre à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le gouvernement congolais a décliné l’invitation, exprimant son refus de voir l’ancien président sud-africain jouer un rôle dans la gestion de la crise de l’Est. Kinshasa reproche à Thabo Mbeki une proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, accusé par la justice militaire congolaise de collusion avec les rebelles de l’AFC/M23, ainsi qu’une partialité en faveur des « agresseurs » de la RDC.

En insistant sur un dialogue « sans agendas importés », Tshisekedi cherche à recentrer les discussions sur les priorités nationales, dans un contexte marqué par des tensions régionales et des défis internes croissants.

Dialogue CENCO-ECC : le FCC frileux face à un pilotage élargi  

Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les pasteurs de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont annoncé, le 25 août 2025, l’ouverture du dialogue national à d’autres confessions religieuses pour promouvoir un pacte social axé sur la paix et le vivre-ensemble. Cette initiative a conduit à l’élaboration d’une feuille de route commune, exhortant le président Félix Tshisekedi à prendre des « actes d’État » rapides pour lancer officiellement ce processus inclusif.

Cette ouverture intervient dans un contexte où le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, initialement favorable à un dialogue piloté par la CENCO et l’ECC, a réduit ses revendications sur ce point. Longtemps perçues par le pouvoir comme opposées à ses intérêts, les Églises catholique et protestante ont cherché à élargir leur démarche en intégrant d’autres confessions religieuses. La feuille de route proposée vise à structurer un dialogue national centré sur la réconciliation et la résolution des tensions, notamment dans l’Est de la RDC.

Heshima  

Continue Reading

Nation

Rutshuru : quand le silence international devient complice d’un génocide rampant

Published

on

Juillet 2025, l’Est de la RDC saigne à nouveau dans l’indifférence mondiale. Plus de 140 civils, majoritairement des agriculteurs hutus, ont été massacrés autour du parc des Virunga par le Mouvement du 23 mars (M23), avec l’appui de l’armée rwandaise. Des familles décimées, des corps jetés dans la rivière, des enfants exécutés sous les yeux de leurs mères : un carnage qui illustre une crise ancienne. Reste une question lancinante : la communauté internationale continuera-t-elle de se taire, au risque d’entretenir l’impunité qui fait de l’Est congolais un charnier à ciel ouvert ?

Des villages paisibles, nichés aux abords du parc des Virunga, ont été soudain envahis par des combattants armés jusqu’aux dents. Entre le 10 et le 30 juillet 2025, dans des localités comme Busesa, Kakoro, Kafuru ou Nyamilima, hommes, femmes et enfants ont été arrachés de leurs maisons, forcés à marcher en silence vers leur mort.

Une survivante, interrogée par des activistes locaux, raconte comment son mari a été tailladé à la machette devant elle, avant que 70 personnes, dont des filles à peine sorties de l’enfance, ne soient exécutées au bord de la rivière. Human Rights Watch, dans son rapport publié le 20 août 2025, documente ces horreurs avec précision. L’ONG accuse le M23 d’avoir sommairement exécuté plus de 140 civils, majoritairement hutus, dans au moins quatorze villages. Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur la région des Grands Lacs, décrit ces actes comme une campagne militaire ciblée contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu, mais qui frappe aveuglément des civils hutus.

Le bilan pourrait être bien plus lourd

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a révélé le 6 août 2025 que le M23, épaulé par des éléments des Forces de défense rwandaises (RDF), a tué au moins 319 civils, dont 48 femmes et 19 enfants, dans quatre villages du même territoire. Ces chiffres, corroborés par des témoins oculaires et des sources militaires, font de ce massacre l’un des plus sanglants depuis la résurgence du M23 en 2021. Des haut officiers dont le colonel Mushagara et le général Baudouin Ngaruye, déjà sous sanctions onusiennes, sont accusés d’avoir orchestré ces opérations, où des villages entiers ont été incendiés et des corps enterrés à la hâte pour effacer les traces. Radio Okapi, dans son article du 20 août 2025, rapporte que ces exécutions ont eu lieu en pleine période de cessez-le-feu, en violation flagrante des engagements diplomatiques.

Un contexte sécuritaire explosif

Derrière ces atrocités se cache un engrenage infernal, où le M23, rébellion tutsie soutenue par Kigali, sème la terreur pour imposer son contrôle sur les riches terres minières du Nord-Kivu. Ce mouvement, qui a capturé les villes de Goma et Bukavu en janvier et février derniers, prétend lutter contre les FDLR, héritiers des génocidaires rwandais de 1994. Mais les faits sont clairs : ces massacres visent des communautés hutues entières, faisant craindre un nettoyage ethnique, comme l’alerte Human Rights Watch. L’implication rwandaise n’est plus un secret ; témoignages et analyses onusiennes confirment la présence de troupes RDF aux côtés du M23, malgré les démentis de Kigali.

Réactions et appels à la justice

Le gouvernement congolais a condamné avec véhémence ces actes. Dans un communiqué du 7 août 2025, le ministère de la Communication, des Médias et Porte-parole du gouvernement a dénoncé un « massacre odieux » de plus de 300 civils et appelé à la mise en place d’une commission d’enquête internationale sous l’égide de la résolution A/HCR/RES/S-37/1 du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, a réaffirmé dans sa déclaration du 23 août 2025 qu’il est temps d’établir un Tribunal pénal international pour le Congo, citant le rapport Mapping de l’ONU, vieux de quinze ans, qui documente des crimes similaires restés sans suite.

Les enjeux diplomatiques : accords bafoués et silence meurtrier

Comment expliquer que de telles horreurs surviennent alors que des accords de paix étaient pourtant conclus ? L’accord tripartite USA-RDC-Rwanda du 27 juin 2025 et la déclaration de Doha du 19 juillet entre Kinshasa et le M23 promettaient un cessez-le-feu. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre : violations flagrantes de leur engagement. Le Rwanda de son côté rejette toute implication de ses forces, qualifiant ces accusations de « déformations flagrantes ».

La communauté internationale, prompte à condamner ailleurs, reste ici paralysée. Les États-Unis, par la voix de Dorothy Camille Shea à l’ONU, ont réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité le 20 août 2025, dénonçant des crimes de guerre. Le Royaume-Uni, dans un communiqué du 24 août, a condamné des « massacres généralisés » et appelé au retrait des troupes étrangères. La Belgique, indignée par le « nouveau massacre de plus de 300 civils », a exhorté à une cessation immédiate des violences dans sa déclaration du 9 août. Mais ces paroles sonnent creux, faute de sanctions concrètes. Human Rights Watch appelle à une révision urgente de l’aide militaire au Rwanda et à des enquêtes indépendantes, avertissant que, sans cela, les atrocités se poursuivront. Ce silence complice, dicté par des intérêts géopolitiques, minerais, stabilité régionale, laisse Paul Kagame nier tout en continuant d’armer le M23.

L’impact humanitaire et social : une population brisée, une société déchirée

Derrière les chiffres, ce sont des vies fracassées. Plus de sept millions de déplacés internes en RDC, dont des milliers fuyant Rutshuru vers les forêts ou les camps déjà surpeuplés. Des femmes violées utilisées comme armes de guerre, des enfants enrôlés de force, une famine qui menace avec la destruction des champs. Les survivants, traumatisés, livrent des récits glaçants : une mère contrainte de marcher avec son bébé en pleurs, menacée de mort si l’enfant ne se taisait pas.

Sur le plan humanitaire, l’ONU et des ONG comme Médecins sans frontières tentent de contenir le mpox et la malnutrition, mais l’accès reste entravé par les combats. Socialement, les fractures s’accentuent : l’opposition, par la voix de Martin Fayulu, accuse le gouvernement d’inaction, tandis que l’Église appelle à un pacte social pour la paix sans désigner les responsables, affaiblissant ainsi son influence.

Vers une fin de l’impunité ? L’heure de l’action a sonné

La RDC, géant aux pieds d’argile, mérite mieux que des condoléances creuses. Denis Mukwege insiste : « La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux sur cette tragédie. » Le temps est venu de sanctions coordonnées, d’un tribunal spécialisé, d’une pression réelle sur Kigali. Si le silence perdure, Rutshuru ne sera qu’un chapitre supplémentaire dans l’histoire d’un génocide oublié. Pour l’amour de ce pays meurtri, il faut un sursaut : la paix ne viendra pas des mots, mais des actes.

Heshima Magazine

Continue Reading

NOUS SOMMES AUSSI SUR FACEBOOK

Trending

You cannot copy content of this page

WeCreativez WhatsApp Support
Notre rédaction est là pour répondre à toutes vos préoccupations. N'hésitez pas !
👋Bonjour, comment puis-je vous aider ?