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À New York, Barnabé Muakadi met en avant la hausse des recettes fiscales sous Tshisekedi

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Le directeur général des Impôts, Barnabé Muakadi Muakadi, a défendu, le 23 septembre 2025, à New York (États-Unis), l’attractivité du climat fiscal de la République démocratique du Congo (RDC). Devant un parterre d’investisseurs américains, il a présenté la progression significative des recettes fiscales enregistrée depuis l’arrivée au pouvoir du président Félix-Antoine Tshisekedi.

Selon lui, la RDC connaît depuis quelques années une croissance soutenue des revenus fiscaux, dépassant souvent les prévisions budgétaires et traduisant une dynamique positive pour le financement public.

Lors de la conférence « Invest in RD Congo », organisée à New York, M. Muakadi a salué les avancées obtenues sous la gouvernance de Félix Tshisekedi, qu’il attribue à une politique de bonne gouvernance et de rigueur fiscale. « Depuis l’indépendance, un seul gouvernement a réalisé un tel niveau de recettes : celui de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il est le premier chef de l’État à atteindre ce record en matière de mobilisation des revenus et d’incitations fiscales. Aujourd’hui, la RDC se positionne comme une destination incontournable pour les investissements en Afrique », a-t-il déclaré.

Une courbe ascendante des recettes fiscales depuis l’arrivée de Félix-Antoine Tshisekedi à la présidence a été présentée à l’occasion. Selon les chiffres communiqués par la Direction générale des Impôts (DGI), les recettes sont passées de 1,9 milliard de dollars, soit 7 % du taux de crédit en 2021 à 3,1 milliards en 2022, 5,7 milliards en 2023, 5,03 milliards en 2024 et 6,03 milliards en 2025. Cette progression, selon Barnabé Muakadi, résulte à la fois des réformes engagées par le gouvernement et du choix du chef de l’État de confier la DGI à un management rigoureux. « Le président Félix Tshisekedi, à qui je rends un vibrant hommage, est arrivé au pouvoir six mois avant ma nomination à la DGI. Cette ascension n’est pas un hasard. Elle repose sur un véritable changement : bonne gouvernance, transparence et surtout la volonté de placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », a reconnu le directeur général des Impôts.

Des recettes intérieures en forte hausse en 2024

Selon les données du ministère des Finances, les recettes intérieures de la République démocratique du Congo ont atteint 25 188,6 milliards de francs congolais (CDF) en 2024, contre 19 818,1 milliards CDF l’année précédente. Cette progression représente une hausse de 27 % en monnaie locale et environ 19 % en dollars américains, une performance attribuée à la fois à une meilleure mobilisation fiscale et aux effets de change.

Le taux de réalisation par rapport aux prévisions budgétaires a atteint 103,2 %, dépassant les 24 407 milliards CDF initialement fixés. Une part importante de ces résultats provient de la Direction générale des impôts (DGI), dont la contribution s’est révélée déterminante dans l’atteinte de ces objectifs.

Malgré le contexte sécuritaire difficile, marqué par la guerre à l’Est du pays, le directeur général des Impôts, Barnabé Muakadi, se montre confiant quant à la poursuite de cette dynamique en 2025. « Nous avons emboîté ce pas en nous disant : d’abord l’intérêt général, puis l’intérêt particulier. Aujourd’hui, nous sommes passés de 1,9 milliard à 6 milliards, et bientôt, nous atteindrons 7 milliards », a-t-il déclaré, soulignant que la rigueur dans la gestion demeure la clé de cette performance.

Muakadi vante les atouts fiscaux de la RDC

À New York, le directeur général des Impôts, Barnabé Muakadi, a également mis en avant les réformes engagées ces dernières années pour rendre la République démocratique du Congo plus attractive aux yeux des investisseurs étrangers. Devant un parterre d’hommes d’affaires américains, il a présenté la structure du système fiscal congolais et les opportunités offertes par les nouvelles politiques de gestion des recettes.

Le patron de la DGI a notamment souligné les progrès réalisés dans la numérisation du système fiscal, qui repose désormais sur un modèle déclaratif et automatisé. « Le système fiscal congolais est déclaratif. Nous sommes actuellement en pleine réforme du télépaiement, qui permet de régler ses impôts depuis n’importe où. L’administration fiscale peut suivre chaque paiement en temps réel, sans agent fixe. Je peux voir tout ce qui entre dans le Trésor public. Le contribuable déclare et paie lui-même », a-t-il expliqué.

Poursuivant son exposé, Barnabé Muakadi a détaillé la structure du système fiscal congolais, rappelant la diversité des impôts appliqués aux particuliers et aux entreprises. « Nous avons, par exemple, l’impôt spécial sur la prime, les actions et les parts sociales, ainsi que d’autres recettes comme les amendes et la vente des imprimés. Il existe des impôts à la charge des personnes physiques et d’autres qui concernent les sociétés », a-t-il précisé, non sans humour.

Le directeur général a ensuite énuméré les principaux impôts en vigueur : l’impôt sur les revenus, l’impôt sur les rémunérations, l’impôt sur les revenus des salariés expatriés, l’impôt exceptionnel sur les rémunérations des personnels étrangers, l’impôt sur les bénéfices et profits, l’impôt proportionnel sur les prestations de services, l’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et l’impôt spécial sur les profits exceptionnels.

Selon lui, ces mécanismes fiscaux visent à garantir la transparence du système tout en offrant une prévisibilité favorable aux investisseurs étrangers.

« Les entreprises qui s’installent en RDC doivent s’attendre à certaines obligations fiscales, mais cela leur permet aussi de planifier efficacement leurs investissements », a-t-il ajouté, avant de souligner que le pays propose plusieurs incitations, telles que des exonérations et des taux d’imposition réduits, particulièrement avantageux pour les investisseurs américains et autres partenaires étrangers.

Invitation des investisseurs américains à miser sur la RDC

Poursuivant son intervention, Barnabé Muakadi a lancé un appel clair aux investisseurs américains : « Je vous invite à investir en République démocratique du Congo, car de nombreuses opportunités fiscales vous y attendent. Nous sommes ici pour vous en faciliter l’accès », a-t-il déclaré.

Le directeur général des impôts a notamment mis en avant l’impôt sur la rémunération des expatriés, présenté comme l’un des principaux leviers du dispositif fiscal congolais. « Cet impôt, bien qu’indirect, est supporté par l’entreprise. Il vise avant tout à encadrer le recours excessif à la main-d’œuvre étrangère, tout en offrant une certaine flexibilité aux sociétés désireuses d’investir dans le pays », a-t-il précisé.

Pour Barnabé Muakadi, l’objectif est clair : favoriser des partenariats économiques équilibrés entre la RDC et les États-Unis. « Il est essentiel de bâtir des relations économiques solides et mutuellement bénéfiques, dans un contexte mondial marqué par une concurrence accrue. Le potentiel entre les États-Unis et la RDC est immense », a-t-il souligné, avant de rappeler que le pays accorde déjà de nombreux avantages fiscaux aux investisseurs étrangers, qu’ils soient personnes physiques ou morales.

Pour Barnabé Muakadi, le système fiscal congolais se distingue aujourd’hui par sa simplicité, son efficacité et sa transparence. Entièrement déclaratif et auto-liquidatif, il repose sur un mécanisme numérique qui facilite le paiement et renforce la traçabilité des opérations. « Le contribuable remplit désormais sa déclaration en ligne auprès de la DGI — notamment pour les grandes et moyennes entreprises, puis effectue le paiement via les banques commerciales, qui reversent les fonds à la Banque centrale du Congo sous 24 heures », a expliqué le directeur général des impôts.

Grâce à la télédéclaration et au télépaiement, il est aujourd’hui possible de s’acquitter de ses obligations fiscales depuis son domicile. Cette modernisation, au cœur de la stratégie de la DGI, vise à faciliter la vie des contribuables tout en assurant un suivi rigoureux des recettes publiques.

Cette digitalisation séduit également de plus en plus d’investisseurs étrangers, notamment américains, attirés par la stabilité et la prévisibilité du cadre fiscal congolais. Revenant sur l’évolution des recettes, Barnabé Muakadi a rappelé le chemin parcouru : « De 2002 à 2020, les recettes restaient faibles. Mais depuis 2020, la progression est spectaculaire. Je lance un appel aux investisseurs : venez en RDC. Ce pays est un carrefour stratégique entouré de neuf nations et doté d’un sol exceptionnellement riche. Venez profiter de ce véritable miracle économique », a-t-il exhorté.

Le pays multiplie les incitations fiscales pour renforcer son attractivité économique. Selon le directeur général des Impôts, Barnabé Muakadi, les entreprises étrangères qui s’installent dans le pays bénéficient d’une réduction de 50 % du taux d’imposition pendant leurs dix premières années d’activité. « Au lieu de payer 25 % d’impôt, elles ne paieront que 12,5 %. Cet avantage fiscal est valable pour une décennie. Chers investisseurs, pensez à la République démocratique du Congo », a-t-il lancé, assurant que le pays figure désormais parmi les meilleures destinations d’affaires en Afrique.

Outre cet allègement fiscal, la DGI applique également un taux de TVA réduit de 16 % à 8 % pour les distributeurs de produits pétroliers, et une exonération totale sur certains produits de première nécessité pour une période de dix ans. Autant de mesures qui confirment la volonté du gouvernement congolais de stimuler l’investissement privé, notamment dans les zones économiques spéciales.

Ces efforts portent déjà leurs fruits. En 2024, la Direction générale des impôts (DGI) a mobilisé plus de 15 113 milliards de francs congolais, dépassant largement ses prévisions initiales fixées à 14 016 milliards CDF. Cette performance témoigne d’une amélioration notable de l’efficacité fiscale et du rôle central joué par la DGI dans le financement du budget national.

Heshima

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DGI : focus sur la réforme de la fiscalité directe lancée en RDC   

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Depuis le 11 septembre 2025, le gouvernement congolais mène une vaste campagne nationale de sensibilisation et de vulgarisation autour de la réforme de la fiscalité directe. Adoptée par la loi n°25/035 du 30 novembre 2023, cette réforme entrera en application le 1er janvier 2026.Conçue dans une logique de modernisation et de transparence, elle s’inscrit dans la même dynamique que la mise en œuvre de la facture normalisée, qui vise à renforcer l’efficacité du recouvrement de la TVA. Ces deux chantiers stratégiques sont placés sous la conduite de la Direction générale des impôts (DGI). Mais en quoi cette réforme de la fiscalité directe diffère-t-elle réellement de l’ancien système ?

   Le système fiscal congolais, longtemps critiqué pour sa complexité et sa fragmentation, s’apprête à connaître une transformation majeure dans deux mois. La République démocratique du Congo mettra en œuvre la réforme issue des lois n° 23/052 et n° 23/053 du 30 novembre 2023, qui réorganisent en profondeur la fiscalité directe.

Au cœur de cette réforme figure un changement de paradigme : le pays abandonne le système d’imposition cédulaire, où chaque catégorie de revenu était taxée séparément selon des règles propres, pour adopter un système global d’imposition. Désormais, l’ensemble des revenus d’un contribuable sera agrégé afin de constituer une base unique soumise à l’impôt, marquant ainsi une étape décisive vers une fiscalité plus cohérente et équitable.

Deux impôts introduits par la réforme 

Dans cette nouvelle architecture fiscale, la réforme instaure deux impôts majeurs : l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP). Ces deux prélèvements se substituent à plusieurs taxes existantes, notamment l’impôt sur les revenus locatifs, celui sur les capitaux mobiliers ainsi que l’impôt sur les revenus professionnels couvrant les rémunérations, profits et bénéfices. Selon la DGI, il s’agit d’« une fiscalité plus juste et mieux adaptée à la réalité économique congolaise ».

L’IS portera sur l’ensemble des bénéfices réalisés par les entreprises et autres personnes morales, tandis que l’IRPP concernera le revenu net global de chaque contribuable. Ce dernier correspond à la somme des revenus nets catégoriels perçus par une personne physique au cours d’une année d’imposition.

L’IS vise quelle catégorie d’entreprises ?

D’après la DGI, cette nouvelle fiscalité s’applique aux sociétés anonymes (SA), aux sociétés à responsabilité limitée (SARL) et aux sociétés par actions simplifiées (SAS), en raison de leur forme juridique. Sur le plan de l’activité, elle concerne également les sociétés coopératives, les personnes morales de droit public exerçant une activité lucrative, les sociétés de fait ou créées de fait, les associations momentanées, ainsi que les sociétés civiles menant une activité économique.

Le taux d’imposition est fixé à 30 % des bénéfices nets imposables, avec un minimum de perception de 1 % du chiffre d’affaires déclaré en cas de déficit ou de bénéfices insuffisants. La réforme introduit aussi un encadrement plus rigoureux des charges déductibles, notamment en subordonnant la déductibilité des rémunérations du personnel à leur imposition effective à l’IRPP.

En matière de plus-values, le taux est désormais fixé à 20 % en cas de réévaluation libre et à 5 % en cas de réévaluation légale. Quant au report des pertes, il est désormais limité à trois exercices consécutifs, conformément aux nouvelles dispositions légales.

Pour les entreprises minières soumises au Code minier, la réforme offre deux possibilités : soit appliquer les dispositions du Code minier avec un report des pertes limité à cinq ans, soit opter pour le régime de droit commun instauré par la nouvelle législation fiscale.

La DGI invite désormais les contribuables et opérateurs économiques à s’approprier cette réforme et à participer activement aux sessions de vulgarisation organisées sur l’ensemble du territoire national. Les prochains mois seront déterminants pour la réussite de cette transition, que les autorités considèrent comme un levier essentiel de mobilisation des ressources internes et de renforcement de la gouvernance financière.

En marge de la 10ème édition du Forum ExpoBéton tenue à Kinshasa, le directeur général des impôts, Barnabé Muakadi, a insisté sur la nécessité de mettre en place des régimes fiscaux incitatifs et ciblés afin de stimuler les grands projets structurants, tout en préservant la capacité de l’État à mobiliser des recettes. Il a également profité de cette tribune, en présence de nombreux chefs d’entreprise, pour sensibiliser sur les deux grandes réformes fiscales actuellement mises en œuvre par la DGI : la facture normalisée et la réforme de la fiscalité directe (IS-IRPP), toutes deux destinées à renforcer l’efficacité et l’équité du système fiscal congolais.

Heshima

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RDC : Inga III, le barrage du siècle ou le mirage énergétique ?

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 Annoncé depuis plus de deux décennies comme le projet qui transformera la République démocratique du Congo (RDC) en « géant énergétique de l’Afrique », le barrage Inga III peine à voir le jour. Entre ambitions colossales, retards chroniques, luttes d’intérêts et doutes environnementaux, l’un des plus grands projets hydroélectriques du monde oscille entre rêve de puissance et mirage industriel. Entre-temps, l’Ethiopie concrétise un projet similaire avec le barrage de la Renaissance. 

Sur les rives puissantes du fleuve Congo, à 225 kilomètres de Kinshasa, les eaux grondent au pied des chutes d’Inga. C’est ici que devait s’élever Inga III, le plus ambitieux projet hydroélectrique jamais conçu en Afrique. Mais plus de vingt ans après son lancement officiel, le chantier reste une promesse inachevée, symbole des contradictions d’un pays riche en ressources mais pauvre en infrastructures. « Inga III devait changer le destin du Congo », soupire Jean-Pierre Mbayo, ingénieur à la retraite de la Société nationale d’électricité (SNEL). « Aujourd’hui, on parle encore d’études, de financements, de consortiums… mais pas de béton coulé », a-t-il ajouté d’un air dépité.   

Un rêve ancien, des promesses répétées

Le complexe hydroélectrique d’Inga ne date pas d’hier. Les deux premiers barrages, Inga I (1972) et Inga II (1982), devaient déjà propulser la RDC dans l’ère de l’électrification continentale. Mais les années de crise politique, de mauvaise gestion et de guerres successives ont freiné toute expansion. L’idée d’Inga III refait surface dans les années 2000, sous Joseph Kabila, avec un objectif colossal : produire 11 000 mégawatts d’électricité, soit de quoi alimenter non seulement la RDC, mais aussi une partie de l’Afrique australe. Le projet est alors rebaptisé « Grand Inga », censé à terme atteindre 40 000 MW, devenant ainsi le plus grand barrage du monde.

« Sur le papier, c’est un Eldorado énergétique », commente Agnès Mboyo, chercheuse à l’Université de Kinshasa. « Mais dans la réalité, la gouvernance, les financements et la planification environnementale n’ont jamais été à la hauteur des ambitions. »

Le projet rencontre également deux types d’opposition : sur le plan environnemental et deuxièmement son intérêt semble limité aux seuls miniers. D’après le reporter d’Africanews télévision, Chris Ocamringa, ce vaste projet hydroélectrique a été critiqué par certains militants de la société civile qui pensent que ce projet répondra plus aux besoins des investisseurs miniers que des Congolais de manière générale. Des populations riveraines craignent également des expropriations mais aussi pour leurs activités champêtres.   

Ben Munanga, président du conseil d’administration du géant minier KAMOA Copper S.A, rejette les accusations selon lesquelles la production de l’électricité du projet Inga 3 ira à 100 % aux miniers. « Il est dit nulle part dans le projet que toute la production ira à l’opérateur minier », a-t-il réfuté.      

Des partenaires nombreux, mais aucune mise en œuvre concrète

Au fil des ans, Inga III a vu défiler les partenaires : Chine, Espagne, Afrique du Sud, Banque mondiale, Union africaine. Chaque accord semblait marquer un tournant, avant de retomber dans le flou. La Banque mondiale s’est même retirée du projet en 2016, évoquant « un manque de transparence dans la conduite du dossier ». Sous Félix Tshisekedi, les discussions ont repris avec un consortium sino-espagnol, mais les négociations patinent.

Le gouvernement affirme vouloir reconfigurer le projet pour répondre d’abord aux besoins nationaux – un changement stratégique face à l’opinion publique, lassée de voir le courant partir à l’étranger alors que moins de 20 % des Congolais ont accès à l’électricité. « Il est impensable que le Congo exporte l’électricité alors que nos villages vivent encore dans le noir », avait déclaré un coordonnateur d’une ONG de défense de l’environnement. « Inga doit d’abord servir le peuple congolais. »

Un projet pharaonique… et controversé

Derrière les promesses, les critiques se multiplient. Les organisations écologistes redoutent un désastre environnemental sur le fleuve Congo, le deuxième plus puissant du monde après l’Amazone. Les ONG locales, quant à elles, dénoncent un manque de consultation des communautés affectées par les expropriations prévues. « Le discours sur le développement masque souvent la réalité : des familles déplacées, des écosystèmes détruits et des contrats opaques », dénonce Marie-Louise Kebi, militante d’un collectif pour la préservation des eaux du fleuve Congo. « Inga III risque de reproduire les erreurs des grands barrages du passé », estime-t-elle.

Sur le plan financier, les chiffres donnent le vertige : le coût initial, estimé à 12 milliards puis à 14 milliards selon les dernières projections. Dans un contexte de dette publique croissante et de corruption endémique, beaucoup doutent de la viabilité économique du projet.

Le symbole d’un pays à la croisée des chemins

Pour ses défenseurs, Inga III reste une chance historique. « Le Congo ne peut pas renoncer à son rôle de puissance énergétique », plaide Germain Kabeya, économiste. « Si nous réussissons Inga, nous devenons le cœur électrique de l’Afrique. » Mais pour d’autres, ce rêve industriel ne doit pas faire oublier les priorités immédiates : électrification rurale, maintenance des réseaux existants, et lutte contre les pertes massives d’énergie (près de 40 % selon la SNEL).

« L’énergie ne se mesure pas en mégawatts produits, mais en foyers éclairés », rappelle Élodie Manda, une ingénieure électromécanicienne. « Tant que Kinshasa restera éclairée et Kikwit dans le noir, Inga restera un mirage », a-t-elle ajouté. Devant cette réalité amère, l’administration Tshisekedi a changé le fusil d’épaule. En attendant Inga III, le gouvernement a créé ANSER : une Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain. Elle vise à atteindre 30 % d’électrification des milieux ruraux et périurbains en 2025 et 50 % d’ici à 2030. Grâce à l’énergie solaire, cette structure a déjà apporté de l’électricité à Lodja, au Sankuru. Réputé un des trous noirs du pays, ce chef-lieu de la province a été éclairé avec notamment une partie de Lumumbaville, une nouvelle ville créée en hommage à Patrice Emery Lumumba, à Onalua.           

Inga III : le barrage du siècle… ou du siècle prochain ?

En 2025, Inga III n’est encore qu’un projet en attente de financement définitif, malgré des décennies d’études et de promesses politiques. Entre tensions géopolitiques, retards administratifs et défi de gouvernance, le barrage du siècle reste suspendu entre deux réalités : celle du rêve national et celle du doute collectif. « Le fleuve, lui, continue de couler », sourit amèrement un ingénieur qui renvoie ce projet aux calendes grecques suite aux nombreux défis qui se dressent au pays.

Pourtant, dans la Corne de l’Afrique, un pays a décidé et s’est donné les moyens d’y parvenir sans trop attendre l’aide extérieure : l’Ethiopie. Démarrés en 2010, les travaux ont duré 14 ans. Le Grand barrage de la Renaissance est aujourd’hui un projet hydroélectrique majeur construit par l’Éthiopie sur le Nil Bleu. Ce barrage est devenu une source de tensions géopolitiques avec les pays en aval du Nil, notamment l’Égypte et le Soudan. Le barrage est officiellement inauguré en septembre 2025, mais des turbines sont opérationnelles depuis 2022, produisant de l’électricité pour l’Éthiopie et ayant pour objectif l’exportation d’énergie dans la région. L’Égypte et le Soudan craignent que le barrage ne réduise leur approvisionnement en eau et cherchent à trouver un accord avec l’Éthiopie.     

Heshima

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RDC : face aux embouteillages, comment bâtir une industrie du rail ? 

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Les villes de la République démocratique du Congo sont confrontées à une croissance démographique rapide, entraînant une urbanisation accélérée avec des défis majeurs comme l’insuffisance des infrastructures routières et des services de base. Des villes comme Kinshasa et Matadi font face à des embouteillages monstres, détériorant ainsi la qualité de vie dans ces métropoles. Le gouvernement a relancé, bon gré mal gré, le train urbain. Mais la qualité des rails laisse à désirer, obligeant l’exécutif national à penser à l’implantation d’une usine d’assemblage et de montage de trains au pays. 

L’Office national des transports (ONATRA) a réfectionné certains rails pour permettre la reprise du train urbain entre Kinshasa et Matadi. Dans des quartiers comme Mapela, dans la commune de Masina, cette réfection suscite des réactions contrastées. Si certains saluent la reprise du train, d’autres se montrent inquiets par rapport à la mauvaise qualité du travail réalisé lors de la réfection de ces rails. « La réhabilitation du rail est faite de manière précaire et cela peut causer un déraillement du train. Ils ont posé le rail sur des sacs de sable. Avec le soleil et le retour de la pluie, ces sacs peuvent s’user facilement et provoquer des dégâts au passage du train », explique Jérôme Mabeka, habitant non loin de ce chemin de fer. 

Implanter une usine de montage de trains 

Vieux de plus d’un siècle, le réseau ferroviaire de la RDC nécessite non seulement une réfection approfondie mais également la construction de nouveaux rails. Pour faire face à ces défis du rail et des locomotives, le pays a lancé le 25 octobre 2025 un appel à manifestation d’intérêt international pour la construction d’une usine d’assemblage et de montage de trains. Le document, signé par le ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, recherche des partenaires pour la création d’unités d’assemblage capables de produire plusieurs dizaines de locomotives et wagons par an, tout en assurant un transfert de compétences vers les ingénieurs et techniciens locaux. Le projet sera mis en œuvre sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP) d’une durée comprise entre 25 et 30 ans. Il prévoit également la création d’un écosystème de maintenance, la production de pièces détachées et la formation professionnelle. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de relance et de modernisation du secteur ferroviaire, en cohérence avec la politique d’industrialisation et d’intégration régionale promue par le gouvernement. Le projet vise aussi à moderniser la voie ferrée congolaise, vieille d’un siècle. Selon le communiqué, la RDC dispose de plus de 5 000 km de voies ferrées, mais son potentiel ferroviaire est sous-exploité en raison du vieillissement du matériel roulant et de l’absence d’industries locales de production ou de réhabilitation. Ce qui a poussé le gouvernement à lancer cet appel à manifestation d’intérêt international afin de trouver des partenaires en mesure d’assurer un réseau ferroviaire local. 

Les entités intéressées, telles que des constructeurs ferroviaires, sociétés d’ingénierie, entreprises BTP, investisseurs institutionnels et centres de formation, ont jusqu’au 5 décembre 2025 à 15h00 (heure de Kinshasa) pour soumettre leurs dossiers. Des visites de sites sont prévues à Matadi et Kalemie avant le 25 novembre 2025. Ces deux villes ont été choisies par le gouvernement pour abriter ces usines. 

Une fois mis en œuvre, cette usine pourrait renforcer la souveraineté industrielle du pays et réduire la dépendance aux importations de locomotives et wagons, relancer la production locale du matériel roulant adapté aux besoins nationaux et régionaux et créer des emplois qualifiés. Il s’agit également de favoriser le transfert de technologies et de développer un centre de formation ferroviaire national, de soutenir la relance de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et de l’Office national des transports (ONATRA) ainsi que les projets PPP ferroviaires (Corridor de Lobito, Corridor Est-Centre, Kinshasa-Matadi-Banana). 

Face aux embouteillages, relancer le train 

Pour combattre les embouteillages chroniques en RDC, et plus spécifiquement à Kinshasa, le pays prévoit des projets de train urbain pour réduire ces congestions du trafic. Ce projet, appelé Métrokin, a pour objectif de désengorger la capitale en offrant un transport de masse, même si des investissements colossaux et une réhabilitation du réseau sont nécessaires. Le gouverneur de Kinshasa avait annoncé la construction d’une ligne de métro aérien avec un partenaire malaisien, et des études ont été menées pour sa réalisation. Mais jusqu’ici, les signaux pour concrétiser ce projet restent encore faibles. 

Par contre, en septembre 2025, le gouvernement a relancé la ligne Kinshasa-Matadi, longue de 366 km. Cette ligne relie la capitale au principal port maritime du pays, tout en acquérant de nouveaux matériels roulants. À terme, cette ligne doit être prolongée jusqu’au futur port en eau profonde de Banana, actuellement en construction, dans le cadre d’un plan visant à fluidifier les échanges intérieurs et extérieurs. Si ces projets de l’industrie du rail se concrétisent, ils devraient réduire les défis de mobilité dans un contexte où le réseau routier national et le transport fluvial font face à de nombreuses contraintes : routes dégradées, congestion urbaine, embarcations vétustes, voies de navigation non balisées et accidents fréquents. Autant de facteurs qui pèsent sur les coûts logistiques et affectent la compétitivité économique du pays. 

Éviter les erreurs du passé 

En juin 2015, la RDC avait réhabilité certains tronçons de ses chemins de fer et avait réceptionné 18 locomotives neuves sur 38 commandées. À cette époque, la dernière acquisition d’une locomotive neuve datait de 40 ans. Après environ 15 ans d’interruption, le trafic passager sur la ligne ferroviaire Matadi-Kinshasa avait été inauguré le 2 juillet 2015. Mais faute de maintenance dans une ligne ferroviaire vétuste et de locomotives parfois inadaptées, le trafic Kinshasa-Matadi n’avait pas fait long feu sous Joseph Kabila. En relançant cette ligne sous Félix Tshisekedi, le gouvernement devrait éviter les erreurs du passé en travaillant sur la modernisation du rail congolais afin de pérenniser ce trafic en ajoutant des nouveaux rails sur des lignes existantes. Le sénateur Jean-Bamanisa, qui travaille depuis des années dans le secteur de la construction, conseille au gouvernement d’ajouter des rails modernes sur des servitudes ferroviaires existantes afin de permettre le trafic des locomotives de technologie récente. Sans cette modernisation, l’industrie du rail ne saurait redécoller en RDC. 

Avec la réhabilitation des corridors ferroviaires régionaux, notamment celui de Lobito (Angola – Zambie – RDC) et celui du Tanganyika vers la Tanzanie, l’industrie du rail pourrait être boostée. Ce qui augure peut-être un nouveau départ, à condition de remédier à l’absence d’un écosystème industriel complémentaire tel que des sous-traitants locaux, une logistique intégrée et la maintenance. Il faut également résoudre un goulot d’étranglement persistant dans les domaines de l’énergie, des infrastructures ou de la connectivité numérique, facteurs qui risquent aussi de freiner les gains de productivité attendus. 

Heshima Magazine

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