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Résolution de la crise en RDC : l’équation Kabila…

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Depuis plusieurs mois, sous la médiation américaine, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et celui du Rwanda tentent une voie de sortie de la crise sécuritaire qui secoue l’Est Congolais. Mais la condamnation à mort de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila pourrait bien compliquer l’équation. Condamné à la peine de mort, le 30 septembre 2025, notamment pour « trahison » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel » pour ses liens supposés avec le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), le prédécesseur de Félix Tshisekedi ne pourrait plus participer à un dialogue national. Ce qui rend complexe la résolution totale de la crise.   

Absent de Kinshasa depuis plus d’un an, l’ancien président a été jugé par contumace et sans avocat. Les chefs d’accusation prononcés par le lieutenant-général Jean-René Likulia, l’auditeur général, lors de son réquisitoire devant la Haute Cour Militaire, ont été pour la plupart confirmés dans le verdict des juges. La justice militaire l’a accusé d’être le véritable chef du groupe rebelle AFC/M23 tout en étant de connivence avec le Rwanda.

Il lui est reproché également d’avoir, en tant qu’auteur, coauteur ou complice, « engagé sa responsabilité pénale » dans la commission de « crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité » dans les Kivu, zones occupées en majorité par cette rébellion. Pourtant, lors d’une dernière audience sollicitée par les avocats des parties civiles, ce conseil avait renoncé, le 19 septembre, à requérir la peine capitale contre Joseph Kabila. À la place, ils ont demandé que l’ancien président soit condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Une option qui, au-delà du droit, recèle une portée politique : laisser Joseph Kabila en vie afin qu’il soit confronté à ses juges mais aussi à l’histoire et, peut-être, aux survivants des victimes de son régime. « Ne le condamnez pas à mort. Condamnez-le à la prison à vie, afin qu’il puisse recevoir la visite des rescapés et se mesurer aux conséquences de ses actes », avait plaidé Me Jean-Marie Kabengela, l’un des conseils des parties civiles. Les parties civiles – composées de la République, des provinces du Nord et Sud-Kivu ainsi que des ONG de défense des victimes – ont exigé 30 milliards de dollars de dommages et intérêts. Lors du verdict, la justice militaire n’a pas décidé de la confiscation des biens de l’ancien président car « cette peine n’existe pas », selon la loi.  

Procès et peine historiques ! 

La condamnation de Joseph Kabila est une première dans l’histoire de la RDC. Jamais un ancien chef de l’Etat n’avait été jugé et condamné au pays. Son parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), a dénoncé un « procès bidon » visant à éliminer un adversaire politique, qualifiant cette procédure judiciaire d’une « vaste blague ». Certains évoquent une vengeance de son successeur, Félix Tshisekedi. Les avocats de la République, quant à eux, rejettent l’hypothèse de vengeance. « C’est la première fois qu’un ancien président de la République se trouve en conflit avec les intérêts de la République. Il n’y a pas un désir de vengeance […] Mobutu ne s’était pas mis dans la posture de Joseph Kabila, Laurent-Désiré Kabila ne s’était pas mis dans cette posture ainsi que beaucoup d’autres. Il est le premier à avoir été indigne de sa qualité d’ancien président. », a déclaré à la presse Me Jean-Marie Kabengela. 

Une équation dans la résolution de la crise

La condamnation de Joseph Kabila pourrait être un tournant majeur dans la crise sécuritaire et politique au pays. L’ex-Raïs lui-même avait dénoncé des « accusations mensongères et politiquement motivées ». D’après l’ancien président, ces accusations sont destinées à « écarter un leader majeur de la scène politique » et à « faire taire l’opposition dans son ensemble ». Si à travers cette condamnation le gouvernement espère dissuader toute tentative de ralliement aux rebelles, cette décision de justice risque aussi de radicaliser Joseph Kabila. « Cette condamnation brise ainsi une possible coalition anti-Tshisekedi, avec à sa tête Joseph Kabila associé à une myriade d’opposants. Elle disqualifie enfin l’ex-président, aux yeux de Kinshasa, comme interlocuteur à un potentiel dialogue national. », estime Christophe Rigaud, journaliste français et spécialiste de la région des Grands lacs. 

D’autres analystes pensent que cette condamnation peut compliquer l’équation dans la résolution de la crise avec les rebelles de l’AFC/M23. « Kinshasa affirme que Kabila est le vrai patron de l’AFC/M23. Or, Massad Boulos [conseiller principal pour l’Afrique au département d’Etat américain,] considère que l’AFC/M23 est la pièce maîtresse du Puzzle en référence à l’Accord de Washington. Donc, en condamnant Joseph Kabila à mort, Kinshasa a condamné la pièce maîtresse du Puzzle. », conclut le journaliste Ambroise Mamba dans une analyse partagée notamment sur YouTube.

L’AFC/M23, à travers son coordonnateur adjoint Bertrand Bisimwa, a aussi dénoncé la condamnation de l’ancien président. « La condamnation à mort du président Joseph Kabila sous prétexte de son lien supposé avec l’AFC/M23 est une violation de la Déclaration de principes autant que la persistance des offensives armées du régime de Kinshasa », a-t-il écrit sur son compte X. Devant cette imbrication, il est possible que sur la table des négociations, la rébellion puisse plaider la cause de Joseph Kabila à Doha où se déroulent les pourparlers de paix entre le gouvernement congolais et les rebelles. 

En dehors du pays, Kabila reste-t-il dangereux ?

Avant la levée de son immunité au Sénat, Joseph Kabila vivait entre l’Afrique du Sud et en Namibie où la famille compte également une résidence. Mais depuis un temps, il est basé précisément à Harare, au Zimbabwe. « Sur place, il vit avec quelques proches et bénéficie d’une prise en charge, en plus de ses propres moyens. Le lien avec le Zimbabwe remonte à la présidence de son père, Laurent-Désiré Kabila. L’ancien chef de l’État a d’ailleurs toujours conservé dans sa garde rapprochée des militaires zimbabwéens. », fait remarquer RFI. 

À Harare, Joseph Kabila a reconstitué son réseau des fidèles, du moins ceux qui se sont exilés. Il y a M. Patient Sayiba, ancien directeur général de l’Office de fret multimodal (OGEFREM) qui vit entre la Tanzanie et le Zimbabwe. C’est aussi au Zimbabwe que vit John Numbi, ancien inspecteur général de la police et des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Son conseiller diplomatique Barnabé Kikaya Bin Karubi, qui est également ancien ambassadeur de la RDC à Harare, n’est toujours pas loin de Joseph Kabila. Il l’accompagne dans tous ses déplacements en Afrique australe. 

En étant en dehors du pays, Joseph Kabila peut toujours reconstituer un réseau susceptible de mettre la pression sur Kinshasa. « En dehors du pays, il peut toujours rester dangereux vis-à-vis du régime. Il ne restera pas les bras croisés. », estime un politologue congolais. 

Dans certains pays environnants la RDC, l’ancien chef de l’Etat compte encore des alliés : le Rwanda mais aussi l’Ouganda dans une certaine mesure. « Joseph Kabila continue de voyager dans la région et entretient de bonnes relations avec plusieurs dirigeants. Il a rencontré William Ruto, le président kenyan, au moins à trois reprises depuis son arrivée au pouvoir. Ses rapports sont également jugés bons avec Kigali », ajoute un correspondant de RFI. Par contre, il y a des doutes sur l’état de ses relations avec la Zambie et la Tanzanie, deux pays de la SADC qui lui étaient aussi proches. Joseph Kabila se méfie de Dar Es-Salaam depuis l’arrestation d’Éric Nkuba alias Malembe, proche collaborateur de Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, extradé vers Kinshasa puis condamné à mort par la justice militaire. 

Au niveau de la Zambie, certains proches de Joseph Kabila redoutent désormais les services secrets zambiens qui ne laissent plus passer sur leur territoire des personnes recherchées en RDC. Le cas du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, l’un de ses proches, a été suffisant pour susciter la méfiance des kabilistes vis-à-vis de Lusaka. Certaines sources évoquent aussi la difficulté rencontrée par le gouverneur du Haut-Katanga Jacques Kyabula en tentant de passer par la Zambie lorsqu’il est tombé en disgrâce avec Kinshasa dans le cadre du dossier de Corneille Nangaa et Joseph Kabila qu’il tentait de défendre dans un meeting tenu le 1er juillet 2025 à la Place de la Poste à Lubumbashi. « Cette guerre vient du Rwanda, mais il n’est pas question de nous battre contre Kabila et Nangaa, qui sont nos frères. », avait-il osé dire à la foule. Ce qui lui avait attiré la foudre du ministère de l’intérieur qui l’avait convoqué à Kinshasa, avant qu’il ne soit déclaré « porté disparu » pour réapparaître quelques jours plus tard alors que son poste avait été déjà confié à son adjoint pour assurer l’intérim. 

Le Burundi et le Congo-Brazzaville sont restés proches du président Félix Tshisekedi. Gitega contribue même en hommes et en armes dans le combat de Kinshasa contre la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par Kigali. En Afrique du Sud, démocratie oblige, Pretoria s’allie officiellement à Kinshasa mais n’a pas fermé ses portes à Joseph Kabila dont une partie de la famille vit toujours en Afrique du Sud. « Généralement, l’Afrique du Sud protège des exilés politiques. D’anciens proches du président rwandais Paul Kagame vivent toujours en Afrique du Sud sans être inquiétés », explique un diplomate africain qui fut accrédité à Pretoria. 

La pratique de l’alternance subira-t-elle un coup ?

Avant janvier 2019, la RDC était restée longtemps dans la tradition des coups d’Etat. Après l’élection du président Joseph Kasa-Vubu par le Parlement en 1960, le pays n’a connu que des coups d’Etat avec Joseph Désiré Mobutu, Laurent-Désiré Kabila puis Joseph Kabila après l’assassinat de son père. Kabila fils a dû céder le pouvoir pacifiquement à Félix Tshisekedi en janvier 2019. L’union entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi a donc débuté à l’issue de l’élection présidentielle de 2018, remportée par Félix Tshisekedi, alors que le Front commun pour le Congo, le FCC, remportait la majorité au Parlement. Les deux hommes, à l’issue d’un accord politique passé, alors que le résultat de l’élection présidentielle était mis en doute par l’Eglise catholique, ont alors convenu de cogérer le pays. Mais l’alliance a mal tourné en 2021. Ce conflit ouvert entre les deux personnalités pourrait porter un coup à l’idée d’une passation pacifique de pouvoir en RDC. « Félix Tshisekedi pourrait avoir du mal à quitter son pouvoir s’il estime qu’il n’a pas suffisamment de garantie auprès de son successeur », explique un analyste. Ce qui risque de réinstaurer un cycle violent de passation de pouvoir. 

En Afrique, cette expérience a été vécue notamment en République du Congo. En 1992, c’est Pascal Lisouba qui avait pris le pouvoir. Après s’être débarrassé tour à tour du président en fonction, Denis Sassou-Nguesso, et d’un grand adversaire politique, Bernard Kolelas, Pascal Lisouba devient le sixième président du Congo indépendant mais le premier à être élu au suffrage universel direct dans un scrutin ouvert. Réputé comme un intellectuel de haut vol, Lisouba ne connaitra malheureusement pas un quinquennat tranquille. L’ombre de son prédécesseur, Denis Sassou Nguesso, va continuer à planer sur le pays. Plus tard, Sassou Nguesso a signé son come-back par la force. Pascal Lisouba fuit au Gabon, laissant le pays aux mains des milices de l’ancien président Denis Sassou-Nguesso. Ainsi, l’ancien président va retrouver le pouvoir pour ne plus le quitter jusqu’à ce jour. Ce qui a mis fin à une alternance pacifique au pouvoir. 

En Afrique de l’Ouest, la plupart des pays de la région se sont éloignés des pratiques de l’alternance politique au pouvoir. Ce sont désormais six pays africains : le Soudan, en avril 2019 ; la Guinée, en septembre 2021 ; le Mali en août 2020 ; le Burkina Faso en janvier 2022 ; le Niger, en juillet 2023 ; le Gabon, en août 2023, qui ont vu leurs présidents respectifs être déposés par des moyens violents. A ces coups de saillie à l’ordonnancement démocratique et au calendrier électoral, l’on pourrait rajouter le cas « particulier » du Tchad, qui a basculé dans un coup d’Etat institutionnel, à la mort d’Idriss Deby Itno, le 20 avril 2021, et l’accession immédiate au pouvoir de son fils, Mahamat Idriss Deby, explique Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

Un dialogue pour faire table rase ?

En RDC, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s’est dite « horrifiée » par la peine de mort infligée à Joseph Kabila. Dans une déclaration signée par son président Monseigneur Fulgence Muteba, et rendue publique le 6 octobre 2025, ces évêques catholiques ont dénoncé un verdict contraire à la dignité humaine et aux valeurs chrétiennes. « Nous sommes horrifiés par le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa, à l’issue du procès pénal expéditif engagé contre le président honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort », ont-ils déclaré. Ces prélats rappellent que la levée du moratoire sur la peine de mort, décidée en mars 2024 par le ministère de la Justice, allait déjà à l’encontre des engagements pris par la RDC en faveur de la défense de la vie. Tout en saluant les efforts des belligérants, des institutions du pays ainsi que des partenaires internationaux dans la promotion des solutions durables pour ramener la paix et la sécurité dans les zones sinistrées par le fait de guerre et des groupes armés étrangers et locaux, la CENCO insiste sur la tenue d’un dialogue national inclusif. « Nous sommes persuadés que ces efforts seront infructueux tant que les acteurs politiques congolais ne s’engageront pas résolument et concrètement dans un dialogue inclusif, et ne respecteront pas, au préalable, les Accords déjà signés, ne serait-ce que pour accroître la confiance des uns et des autres », note la CENCO. 

Cette position des prélats – bien que critiquée par une partie de l’opinion – pourrait garder une brèche pour des pourparlers entre le camp de Joseph Kabila et celui de Félix Tshisekedi tout en associant la société civile dans ces discussions. 

Dans les couloirs du PPRD, l’espoir reste permis. Certains cadres pensent que le président Félix Tshisekedi devrait accepter un dialogue inclusif qui résoudrait profondément l’actuelle crise sécuritaire. « Cette peine de mort va servir à quoi ? Les Etats-Unis renvoi le gouvernement au pays pour trouver la solution sur le plan national », déclare le secrétaire permanent adjoint du PPRD, Ferdinand Kambere. Selon lui, Joseph Kabila portera ce dossier de condamnation auprès des instances internationales. « Si eux-mêmes n’amènent pas ce dossier en cassation, cette condamnation va se retourner contre eux », a-t-il ajouté sur Top Congo FM. 

Si la population ou des acteurs internationaux jugent que la procédure n’a pas respecté les normes de justice, cela peut entamer la crédibilité du gouvernement Tshisekedi. Le risque est que la justice soit perçue comme un outil politique, ce qui affaiblit l’État de droit, pense Christophe Rigaud. « La peine de mort prononcée contre Joseph Kabila n’est pas sans risques. Elle marginalise certes l’ancien chef de l’Etat, mais elle pourrait tout aussi bien le radicaliser », a-t-il ajouté. Pour lui, la condamnation ou la mise en accusation d’un ancien chef d’État, surtout dans un climat de rivalité politique, peut être perçue comme un instrument de repli autoritaire. 

Heshima 

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DGI : focus sur la réforme de la fiscalité directe lancée en RDC   

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Depuis le 11 septembre 2025, le gouvernement congolais mène une vaste campagne nationale de sensibilisation et de vulgarisation autour de la réforme de la fiscalité directe. Adoptée par la loi n°25/035 du 30 novembre 2023, cette réforme entrera en application le 1er janvier 2026.Conçue dans une logique de modernisation et de transparence, elle s’inscrit dans la même dynamique que la mise en œuvre de la facture normalisée, qui vise à renforcer l’efficacité du recouvrement de la TVA. Ces deux chantiers stratégiques sont placés sous la conduite de la Direction générale des impôts (DGI). Mais en quoi cette réforme de la fiscalité directe diffère-t-elle réellement de l’ancien système ?

   Le système fiscal congolais, longtemps critiqué pour sa complexité et sa fragmentation, s’apprête à connaître une transformation majeure dans deux mois. La République démocratique du Congo mettra en œuvre la réforme issue des lois n° 23/052 et n° 23/053 du 30 novembre 2023, qui réorganisent en profondeur la fiscalité directe.

Au cœur de cette réforme figure un changement de paradigme : le pays abandonne le système d’imposition cédulaire, où chaque catégorie de revenu était taxée séparément selon des règles propres, pour adopter un système global d’imposition. Désormais, l’ensemble des revenus d’un contribuable sera agrégé afin de constituer une base unique soumise à l’impôt, marquant ainsi une étape décisive vers une fiscalité plus cohérente et équitable.

Deux impôts introduits par la réforme 

Dans cette nouvelle architecture fiscale, la réforme instaure deux impôts majeurs : l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP). Ces deux prélèvements se substituent à plusieurs taxes existantes, notamment l’impôt sur les revenus locatifs, celui sur les capitaux mobiliers ainsi que l’impôt sur les revenus professionnels couvrant les rémunérations, profits et bénéfices. Selon la DGI, il s’agit d’« une fiscalité plus juste et mieux adaptée à la réalité économique congolaise ».

L’IS portera sur l’ensemble des bénéfices réalisés par les entreprises et autres personnes morales, tandis que l’IRPP concernera le revenu net global de chaque contribuable. Ce dernier correspond à la somme des revenus nets catégoriels perçus par une personne physique au cours d’une année d’imposition.

L’IS vise quelle catégorie d’entreprises ?

D’après la DGI, cette nouvelle fiscalité s’applique aux sociétés anonymes (SA), aux sociétés à responsabilité limitée (SARL) et aux sociétés par actions simplifiées (SAS), en raison de leur forme juridique. Sur le plan de l’activité, elle concerne également les sociétés coopératives, les personnes morales de droit public exerçant une activité lucrative, les sociétés de fait ou créées de fait, les associations momentanées, ainsi que les sociétés civiles menant une activité économique.

Le taux d’imposition est fixé à 30 % des bénéfices nets imposables, avec un minimum de perception de 1 % du chiffre d’affaires déclaré en cas de déficit ou de bénéfices insuffisants. La réforme introduit aussi un encadrement plus rigoureux des charges déductibles, notamment en subordonnant la déductibilité des rémunérations du personnel à leur imposition effective à l’IRPP.

En matière de plus-values, le taux est désormais fixé à 20 % en cas de réévaluation libre et à 5 % en cas de réévaluation légale. Quant au report des pertes, il est désormais limité à trois exercices consécutifs, conformément aux nouvelles dispositions légales.

Pour les entreprises minières soumises au Code minier, la réforme offre deux possibilités : soit appliquer les dispositions du Code minier avec un report des pertes limité à cinq ans, soit opter pour le régime de droit commun instauré par la nouvelle législation fiscale.

La DGI invite désormais les contribuables et opérateurs économiques à s’approprier cette réforme et à participer activement aux sessions de vulgarisation organisées sur l’ensemble du territoire national. Les prochains mois seront déterminants pour la réussite de cette transition, que les autorités considèrent comme un levier essentiel de mobilisation des ressources internes et de renforcement de la gouvernance financière.

En marge de la 10ème édition du Forum ExpoBéton tenue à Kinshasa, le directeur général des impôts, Barnabé Muakadi, a insisté sur la nécessité de mettre en place des régimes fiscaux incitatifs et ciblés afin de stimuler les grands projets structurants, tout en préservant la capacité de l’État à mobiliser des recettes. Il a également profité de cette tribune, en présence de nombreux chefs d’entreprise, pour sensibiliser sur les deux grandes réformes fiscales actuellement mises en œuvre par la DGI : la facture normalisée et la réforme de la fiscalité directe (IS-IRPP), toutes deux destinées à renforcer l’efficacité et l’équité du système fiscal congolais.

Heshima

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RDC : Inga III, le barrage du siècle ou le mirage énergétique ?

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 Annoncé depuis plus de deux décennies comme le projet qui transformera la République démocratique du Congo (RDC) en « géant énergétique de l’Afrique », le barrage Inga III peine à voir le jour. Entre ambitions colossales, retards chroniques, luttes d’intérêts et doutes environnementaux, l’un des plus grands projets hydroélectriques du monde oscille entre rêve de puissance et mirage industriel. Entre-temps, l’Ethiopie concrétise un projet similaire avec le barrage de la Renaissance. 

Sur les rives puissantes du fleuve Congo, à 225 kilomètres de Kinshasa, les eaux grondent au pied des chutes d’Inga. C’est ici que devait s’élever Inga III, le plus ambitieux projet hydroélectrique jamais conçu en Afrique. Mais plus de vingt ans après son lancement officiel, le chantier reste une promesse inachevée, symbole des contradictions d’un pays riche en ressources mais pauvre en infrastructures. « Inga III devait changer le destin du Congo », soupire Jean-Pierre Mbayo, ingénieur à la retraite de la Société nationale d’électricité (SNEL). « Aujourd’hui, on parle encore d’études, de financements, de consortiums… mais pas de béton coulé », a-t-il ajouté d’un air dépité.   

Un rêve ancien, des promesses répétées

Le complexe hydroélectrique d’Inga ne date pas d’hier. Les deux premiers barrages, Inga I (1972) et Inga II (1982), devaient déjà propulser la RDC dans l’ère de l’électrification continentale. Mais les années de crise politique, de mauvaise gestion et de guerres successives ont freiné toute expansion. L’idée d’Inga III refait surface dans les années 2000, sous Joseph Kabila, avec un objectif colossal : produire 11 000 mégawatts d’électricité, soit de quoi alimenter non seulement la RDC, mais aussi une partie de l’Afrique australe. Le projet est alors rebaptisé « Grand Inga », censé à terme atteindre 40 000 MW, devenant ainsi le plus grand barrage du monde.

« Sur le papier, c’est un Eldorado énergétique », commente Agnès Mboyo, chercheuse à l’Université de Kinshasa. « Mais dans la réalité, la gouvernance, les financements et la planification environnementale n’ont jamais été à la hauteur des ambitions. »

Le projet rencontre également deux types d’opposition : sur le plan environnemental et deuxièmement son intérêt semble limité aux seuls miniers. D’après le reporter d’Africanews télévision, Chris Ocamringa, ce vaste projet hydroélectrique a été critiqué par certains militants de la société civile qui pensent que ce projet répondra plus aux besoins des investisseurs miniers que des Congolais de manière générale. Des populations riveraines craignent également des expropriations mais aussi pour leurs activités champêtres.   

Ben Munanga, président du conseil d’administration du géant minier KAMOA Copper S.A, rejette les accusations selon lesquelles la production de l’électricité du projet Inga 3 ira à 100 % aux miniers. « Il est dit nulle part dans le projet que toute la production ira à l’opérateur minier », a-t-il réfuté.      

Des partenaires nombreux, mais aucune mise en œuvre concrète

Au fil des ans, Inga III a vu défiler les partenaires : Chine, Espagne, Afrique du Sud, Banque mondiale, Union africaine. Chaque accord semblait marquer un tournant, avant de retomber dans le flou. La Banque mondiale s’est même retirée du projet en 2016, évoquant « un manque de transparence dans la conduite du dossier ». Sous Félix Tshisekedi, les discussions ont repris avec un consortium sino-espagnol, mais les négociations patinent.

Le gouvernement affirme vouloir reconfigurer le projet pour répondre d’abord aux besoins nationaux – un changement stratégique face à l’opinion publique, lassée de voir le courant partir à l’étranger alors que moins de 20 % des Congolais ont accès à l’électricité. « Il est impensable que le Congo exporte l’électricité alors que nos villages vivent encore dans le noir », avait déclaré un coordonnateur d’une ONG de défense de l’environnement. « Inga doit d’abord servir le peuple congolais. »

Un projet pharaonique… et controversé

Derrière les promesses, les critiques se multiplient. Les organisations écologistes redoutent un désastre environnemental sur le fleuve Congo, le deuxième plus puissant du monde après l’Amazone. Les ONG locales, quant à elles, dénoncent un manque de consultation des communautés affectées par les expropriations prévues. « Le discours sur le développement masque souvent la réalité : des familles déplacées, des écosystèmes détruits et des contrats opaques », dénonce Marie-Louise Kebi, militante d’un collectif pour la préservation des eaux du fleuve Congo. « Inga III risque de reproduire les erreurs des grands barrages du passé », estime-t-elle.

Sur le plan financier, les chiffres donnent le vertige : le coût initial, estimé à 12 milliards puis à 14 milliards selon les dernières projections. Dans un contexte de dette publique croissante et de corruption endémique, beaucoup doutent de la viabilité économique du projet.

Le symbole d’un pays à la croisée des chemins

Pour ses défenseurs, Inga III reste une chance historique. « Le Congo ne peut pas renoncer à son rôle de puissance énergétique », plaide Germain Kabeya, économiste. « Si nous réussissons Inga, nous devenons le cœur électrique de l’Afrique. » Mais pour d’autres, ce rêve industriel ne doit pas faire oublier les priorités immédiates : électrification rurale, maintenance des réseaux existants, et lutte contre les pertes massives d’énergie (près de 40 % selon la SNEL).

« L’énergie ne se mesure pas en mégawatts produits, mais en foyers éclairés », rappelle Élodie Manda, une ingénieure électromécanicienne. « Tant que Kinshasa restera éclairée et Kikwit dans le noir, Inga restera un mirage », a-t-elle ajouté. Devant cette réalité amère, l’administration Tshisekedi a changé le fusil d’épaule. En attendant Inga III, le gouvernement a créé ANSER : une Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain. Elle vise à atteindre 30 % d’électrification des milieux ruraux et périurbains en 2025 et 50 % d’ici à 2030. Grâce à l’énergie solaire, cette structure a déjà apporté de l’électricité à Lodja, au Sankuru. Réputé un des trous noirs du pays, ce chef-lieu de la province a été éclairé avec notamment une partie de Lumumbaville, une nouvelle ville créée en hommage à Patrice Emery Lumumba, à Onalua.           

Inga III : le barrage du siècle… ou du siècle prochain ?

En 2025, Inga III n’est encore qu’un projet en attente de financement définitif, malgré des décennies d’études et de promesses politiques. Entre tensions géopolitiques, retards administratifs et défi de gouvernance, le barrage du siècle reste suspendu entre deux réalités : celle du rêve national et celle du doute collectif. « Le fleuve, lui, continue de couler », sourit amèrement un ingénieur qui renvoie ce projet aux calendes grecques suite aux nombreux défis qui se dressent au pays.

Pourtant, dans la Corne de l’Afrique, un pays a décidé et s’est donné les moyens d’y parvenir sans trop attendre l’aide extérieure : l’Ethiopie. Démarrés en 2010, les travaux ont duré 14 ans. Le Grand barrage de la Renaissance est aujourd’hui un projet hydroélectrique majeur construit par l’Éthiopie sur le Nil Bleu. Ce barrage est devenu une source de tensions géopolitiques avec les pays en aval du Nil, notamment l’Égypte et le Soudan. Le barrage est officiellement inauguré en septembre 2025, mais des turbines sont opérationnelles depuis 2022, produisant de l’électricité pour l’Éthiopie et ayant pour objectif l’exportation d’énergie dans la région. L’Égypte et le Soudan craignent que le barrage ne réduise leur approvisionnement en eau et cherchent à trouver un accord avec l’Éthiopie.     

Heshima

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RDC : face aux embouteillages, comment bâtir une industrie du rail ? 

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Les villes de la République démocratique du Congo sont confrontées à une croissance démographique rapide, entraînant une urbanisation accélérée avec des défis majeurs comme l’insuffisance des infrastructures routières et des services de base. Des villes comme Kinshasa et Matadi font face à des embouteillages monstres, détériorant ainsi la qualité de vie dans ces métropoles. Le gouvernement a relancé, bon gré mal gré, le train urbain. Mais la qualité des rails laisse à désirer, obligeant l’exécutif national à penser à l’implantation d’une usine d’assemblage et de montage de trains au pays. 

L’Office national des transports (ONATRA) a réfectionné certains rails pour permettre la reprise du train urbain entre Kinshasa et Matadi. Dans des quartiers comme Mapela, dans la commune de Masina, cette réfection suscite des réactions contrastées. Si certains saluent la reprise du train, d’autres se montrent inquiets par rapport à la mauvaise qualité du travail réalisé lors de la réfection de ces rails. « La réhabilitation du rail est faite de manière précaire et cela peut causer un déraillement du train. Ils ont posé le rail sur des sacs de sable. Avec le soleil et le retour de la pluie, ces sacs peuvent s’user facilement et provoquer des dégâts au passage du train », explique Jérôme Mabeka, habitant non loin de ce chemin de fer. 

Implanter une usine de montage de trains 

Vieux de plus d’un siècle, le réseau ferroviaire de la RDC nécessite non seulement une réfection approfondie mais également la construction de nouveaux rails. Pour faire face à ces défis du rail et des locomotives, le pays a lancé le 25 octobre 2025 un appel à manifestation d’intérêt international pour la construction d’une usine d’assemblage et de montage de trains. Le document, signé par le ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, recherche des partenaires pour la création d’unités d’assemblage capables de produire plusieurs dizaines de locomotives et wagons par an, tout en assurant un transfert de compétences vers les ingénieurs et techniciens locaux. Le projet sera mis en œuvre sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP) d’une durée comprise entre 25 et 30 ans. Il prévoit également la création d’un écosystème de maintenance, la production de pièces détachées et la formation professionnelle. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de relance et de modernisation du secteur ferroviaire, en cohérence avec la politique d’industrialisation et d’intégration régionale promue par le gouvernement. Le projet vise aussi à moderniser la voie ferrée congolaise, vieille d’un siècle. Selon le communiqué, la RDC dispose de plus de 5 000 km de voies ferrées, mais son potentiel ferroviaire est sous-exploité en raison du vieillissement du matériel roulant et de l’absence d’industries locales de production ou de réhabilitation. Ce qui a poussé le gouvernement à lancer cet appel à manifestation d’intérêt international afin de trouver des partenaires en mesure d’assurer un réseau ferroviaire local. 

Les entités intéressées, telles que des constructeurs ferroviaires, sociétés d’ingénierie, entreprises BTP, investisseurs institutionnels et centres de formation, ont jusqu’au 5 décembre 2025 à 15h00 (heure de Kinshasa) pour soumettre leurs dossiers. Des visites de sites sont prévues à Matadi et Kalemie avant le 25 novembre 2025. Ces deux villes ont été choisies par le gouvernement pour abriter ces usines. 

Une fois mis en œuvre, cette usine pourrait renforcer la souveraineté industrielle du pays et réduire la dépendance aux importations de locomotives et wagons, relancer la production locale du matériel roulant adapté aux besoins nationaux et régionaux et créer des emplois qualifiés. Il s’agit également de favoriser le transfert de technologies et de développer un centre de formation ferroviaire national, de soutenir la relance de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et de l’Office national des transports (ONATRA) ainsi que les projets PPP ferroviaires (Corridor de Lobito, Corridor Est-Centre, Kinshasa-Matadi-Banana). 

Face aux embouteillages, relancer le train 

Pour combattre les embouteillages chroniques en RDC, et plus spécifiquement à Kinshasa, le pays prévoit des projets de train urbain pour réduire ces congestions du trafic. Ce projet, appelé Métrokin, a pour objectif de désengorger la capitale en offrant un transport de masse, même si des investissements colossaux et une réhabilitation du réseau sont nécessaires. Le gouverneur de Kinshasa avait annoncé la construction d’une ligne de métro aérien avec un partenaire malaisien, et des études ont été menées pour sa réalisation. Mais jusqu’ici, les signaux pour concrétiser ce projet restent encore faibles. 

Par contre, en septembre 2025, le gouvernement a relancé la ligne Kinshasa-Matadi, longue de 366 km. Cette ligne relie la capitale au principal port maritime du pays, tout en acquérant de nouveaux matériels roulants. À terme, cette ligne doit être prolongée jusqu’au futur port en eau profonde de Banana, actuellement en construction, dans le cadre d’un plan visant à fluidifier les échanges intérieurs et extérieurs. Si ces projets de l’industrie du rail se concrétisent, ils devraient réduire les défis de mobilité dans un contexte où le réseau routier national et le transport fluvial font face à de nombreuses contraintes : routes dégradées, congestion urbaine, embarcations vétustes, voies de navigation non balisées et accidents fréquents. Autant de facteurs qui pèsent sur les coûts logistiques et affectent la compétitivité économique du pays. 

Éviter les erreurs du passé 

En juin 2015, la RDC avait réhabilité certains tronçons de ses chemins de fer et avait réceptionné 18 locomotives neuves sur 38 commandées. À cette époque, la dernière acquisition d’une locomotive neuve datait de 40 ans. Après environ 15 ans d’interruption, le trafic passager sur la ligne ferroviaire Matadi-Kinshasa avait été inauguré le 2 juillet 2015. Mais faute de maintenance dans une ligne ferroviaire vétuste et de locomotives parfois inadaptées, le trafic Kinshasa-Matadi n’avait pas fait long feu sous Joseph Kabila. En relançant cette ligne sous Félix Tshisekedi, le gouvernement devrait éviter les erreurs du passé en travaillant sur la modernisation du rail congolais afin de pérenniser ce trafic en ajoutant des nouveaux rails sur des lignes existantes. Le sénateur Jean-Bamanisa, qui travaille depuis des années dans le secteur de la construction, conseille au gouvernement d’ajouter des rails modernes sur des servitudes ferroviaires existantes afin de permettre le trafic des locomotives de technologie récente. Sans cette modernisation, l’industrie du rail ne saurait redécoller en RDC. 

Avec la réhabilitation des corridors ferroviaires régionaux, notamment celui de Lobito (Angola – Zambie – RDC) et celui du Tanganyika vers la Tanzanie, l’industrie du rail pourrait être boostée. Ce qui augure peut-être un nouveau départ, à condition de remédier à l’absence d’un écosystème industriel complémentaire tel que des sous-traitants locaux, une logistique intégrée et la maintenance. Il faut également résoudre un goulot d’étranglement persistant dans les domaines de l’énergie, des infrastructures ou de la connectivité numérique, facteurs qui risquent aussi de freiner les gains de productivité attendus. 

Heshima Magazine

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