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RDC : d’Air Zaïre à Congo Airways, le difficile envol des compagnies aériennes congolaises
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4 mois agoon
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La redaction
Après l’apogée d’Air Zaïre dans les années 1970, l’aviation civile en République démocratique du Congo (RDC) a traversé des décennies de crises et d’initiatives de relance. Malgré des efforts de restructuration, les compagnies nationales peinent toujours à s’imposer durablement. Aujourd’hui, alors que Congo Airways affronte de nouvelles difficultés, le gouvernement envisage le lancement d’Air Congo, une compagnie qui pourrait redéfinir l’avenir de l’aviation congolaise
Air Zaïre : l’âge d’or de l’aviation congolaise
Créée en 1961 sous le nom d’Air Congo, la compagnie est renommée Air Zaïre en 1971, sous l’impulsion du président Mobutu Sese Seko. La compagnie nationale devient alors un symbole de prestige et d’ambition pour le pays, avec une flotte impressionnante d’une cinquantaine d’appareils, dont le légendaire Boeing 747 « Jimbo Jet ». Air Zaïre desservait des destinations en Afrique, en Europe et même en Asie, notamment en 1974 avec un vol diplomatique symbolique en DC-10 vers la Chine. Ce premier DC-10, acquis seulement trois ans après son entrée en service en 1971, montrait l’importance que Mobutu accordait au secteur aérien en tant qu’outil de soft power pour le pays.
La flotte comprenait alors divers appareils, tels que le DC-10, le DC-8 et plusieurs Caravelles, permettant à la compagnie de desservir des destinations internationales et de relier les principales villes du pays.
Descente aux enfers
Malgré cette période florissante, Air Zaïre est progressivement minée par des problèmes de gestion. Les réquisitions intempestives de la flotte par l’élite politique et des membres de la famille présidentielle, ainsi qu’un manque chronique de maintenance, plongent la compagnie dans la tourmente. Au milieu des années 1980, face à la concurrence de nouveaux transporteurs privés, la compagnie change de gestionnaires. L’administration est confiée à l’Union des Transports Aériens (UTA), une société française, qui tente de rationaliser les opérations. Toutefois, les pillages de 1991 et la destruction de l’aéroport de N’djili aggravent la situation, menant à la saisie et destruction de certains appareils emblématiques, comme le DC-10, immobilisé en Israël pour dette avant d’être détruit en 2002. En 1994, la flotte est réduite à cinq appareils, et les vols internationaux sont suspendus. L’année suivante, la société dépose le bilan, marquant la fin de l’ère d’Air Zaïre.
Éphémères Lignes aériennes congolaises (LAC)
Après une décennie sans compagnie nationale, les autorités créent en 2005 les Lignes aériennes congolaises (LAC). Cependant, cette compagnie opère avec une flotte limitée à seulement deux Boeing 737. Après trois ans d’exploitation précaire, l’entreprise cesse d’opérer et disparaît du ciel congolais en 2013, même si elle subsiste sur le plan légal en raison de ses actifs et passifs. En 2023, le gouvernement adopte un rapport sur sa liquidation, clôturant définitivement l’histoire de LAC.
Congo Airways : l’espoir mitigé
Fondée en 2015 avec l’appui d’Air France Consulting, Congo Airways vise à offrir une alternative fiable pour les vols domestiques et régionaux. Dotée initialement de deux Airbus A320 et d’avions Embraer loués, la compagnie dessert les principales villes congolaises. Cependant, en 2023, Congo Airways est contrainte de suspendre ses opérations en raison de l’usure de ses appareils et de l’expiration de son contrat de leasing avec Kenya Airways. En réaction, le gouvernement tente de renflouer la flotte : le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, annonce alors l’acquisition de deux avions loués auprès d’Air France et l’achat d’un appareil supplémentaire par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), l’un des actionnaires de Congo Airways.
Le 12 novembre, Congo Airways a accueilli un nouvel avion, un Boeing 737-800. C’est le premier d’une série de trois aéronefs annoncés par le gouvernement. Le vol inaugural est prévu pour ce vendredi 15 novembre à destination de Kindu et Lubumbashi. Avec cet appareil de location, la compagnie aérienne va reprendre ses vols, interrompus en raison d’un manque d’aéronefs.
Relance avec Air Congo
Face aux difficultés persistantes de Congo Airways, le gouvernement congolais prévoit de lancer Air Congo en partenariat avec Ethiopian Airlines, qui détiendra 49 % de la nouvelle entité, les 51 % restants revenant à l’État congolais. Le vol inaugural est fixé pour décembre 2024, avec une flotte initiale de deux Boeing 737-800 pour des liaisons domestiques et régionales. Le choix d’Ethiopian Airlines comme partenaire repose sur sa réputation de gestion rigoureuse et son succès dans d’autres collaborations africaines. Ce partenariat ambitionne d’éviter les erreurs passées grâce à une gouvernance partagée et un transfert de compétences, renforçant ainsi la connectivité régionale tout en promouvant la croissance du secteur aérien congolais.
Ce projet suscite néanmoins des interrogations sur la viabilité de deux compagnies nationales en RDC, alors que Congo Airways continue de lutter pour sa survie. L’initiative s’inscrit dans le cadre du marché unique africain du transport aérien (SAATM), qui vise à libéraliser le ciel africain et à encourager la coopération entre compagnies. Dans ce contexte, le succès d’Air Congo pourrait revitaliser le secteur, créer des emplois et offrir une connectivité accrue pour les Congolais, à condition que les erreurs de gouvernance et les pressions politiques soient évitées.
Le secteur aérien en RDC reste une composante stratégique pour le développement économique et l’intégration régionale. Le projet Air Congo pourrait permettre de redonner à la RDC un rôle significatif dans le ciel africain, contribuant ainsi à stimuler le tourisme, faciliter les échanges commerciaux, et reconnecter la diaspora congolaise au pays.
Heshima
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Nation
Assemblée nationale : une session de mars potentiellement explosive
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20 heures agoon
mars 14, 2025By
La redaction
Le 15 mars 2025, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) ouvrira sa session ordinaire, un moment crucial dans un contexte de crise profonde. Cette session, bien plus qu’une simple formalité, pourrait devenir un véritable terrain de bataille pour le pouvoir, notamment autour de la question du gouvernement d’union nationale. Entre rivalités internes à l’Union sacrée et tensions croissantes, elle s’annonce explosive et potentiellement historique.
À l’approche de cette session de mars 2025, la RDC se trouve à un carrefour politique. Au-delà des débats législatifs traditionnels, cette session pourrait être le théâtre d’affrontements décisifs pour gérer les multiples crises qui secouent le pays, notamment la guerre dans l’Est et la crise économique persistante. C’est dans ce contexte tendu que Félix Tshisekedi a, pour la première fois, présenté l’idée d’un gouvernement d’union nationale comme réponse aux immenses défis auxquels la nation est confrontée. Toutefois, derrière cette proposition se cache un terrain miné d’ambitions rivales, de fractures politiques profondes, et d’incertitudes sur sa mise en œuvre. Une session ordinaire qui pourrait ainsi se transformer en rendez-vous explosif, tant pour l’Assemblée nationale que pour toute la RDC.
Une guerre intestine qui menace l’USN
Les tensions entre l’UNC et l’UDPS, les deux principaux piliers de la coalition au pouvoir, sont bien loin d’être nouvelles, mais elles ont atteint un point de non-retour ces derniers mois. En février dernier, un communicant autoproclamé de l’UDPS a provoqué un véritable scandale en proférant des menaces de mort à l’encontre de Vital Kamerhe sur les réseaux sociaux, le qualifiant d’« homme à abattre », déclenchant une vague d’indignation parmi les députés de l’UNC. Ces derniers n’ont pas manqué de rappeler que Kamerhe avait échappé de justesse à une tentative d’assassinat en mai 2024 à Kinshasa, un événement que beaucoup dans son entourage attribuent à des rivalités politiques internes au sein de la majorité présidentielle.
À ce climat déjà lourd s’ajoute la polémique déclenchée par Christophe Mboso, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale et figure de proue de l’USN. Lors d’une rencontre politique à Kinshasa, au centre culturel des pays d’Afrique centrale, le 9 mars, Mboso a lâché une phrase incendiaire : « Kamerhe akufa » (que Kamerhe meure), une déclaration qui a été perçue par les députés de l’UNC et leurs alliés comme un « complot ourdi » contre Vital Kamerhe. Cette sortie a intensifié les tensions entre les deux hommes, déjà en concurrence lors des primaires de l’USN en avril 2024 pour la présidence de l’Assemblée, une élection remportée par Kamerhe avec 183 voix contre 113 pour Mboso. Depuis cette défaite, Mboso n’a jamais caché son amertume, et ses partisans, nombreux parmi les députés de la vieille garde, mènent une guerre par procuration contre ceux de Kamerhe. Ces querelles, alimentées par des accusations de trahison et des ambitions personnelles, risquent de transformer l’hémicycle en une véritable arène de combats fratricides, rendant toute tentative de collaboration, d’abord au sein du Bureau de l’Assemblée, puis au sein de la majorité, extrêmement fragile.
Session de septembre 2024 : un avant-goût du chaos à venir ?
Pour saisir l’enjeu de la session de mars, un retour sur la session ordinaire de septembre 2024 s’impose. Cette période avait été marquée par une agitation sans précédent au sein de l’Assemblée nationale. Des joutes verbales acerbes avaient opposé Vital Kamerhe à plusieurs élus de l’UDPS, notamment l’influent député national Daniel Aselo, ancien ministre de l’Intérieur. Ces affrontements, qui avaient débuté sur des questions de gestion parlementaire, avaient rapidement dégénéré en attaques personnelles, Kamerhe étant accusé par ses détracteurs de manquer de respect envers les élus de l’UDPS et de se comporter en « président bis » vis-à-vis de Tshisekedi. Le point culminant de ces tensions fut le dépôt d’une pétition par le député Willy Mishiki, membre de la majorité présidentielle, visant à destituer Kamerhe de son poste de président de l’Assemblée. Bien que cette initiative ait échoué faute de soutien suffisant, elle a révélé les fractures profondes au sein de l’USN.
Cette session de septembre avait également été dominée par des débats houleux sur la situation sécuritaire à l’Est du pays. Les échecs répétés des FARDC face aux rebelles du M23, malgré les promesses de Félix Tshisekedi de restaurer la paix, ont alimenté les critiques contre Kamerhe. Originaire du Sud-Kivu, Kamerhe défend depuis longtemps une approche basée sur le dialogue avec les groupes armés, une position qui lui a valu d’être accusé de « mollesse » par l’UDPS, davantage encline à une réponse militariste ou à un dialogue restreint entre Tshisekedi et Paul Kagame.
En parallèle, un autre événement marquant a eu lieu en septembre 2024 : le boycott des prolongations de l’état de siège. Les députés des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Tshopo ont décidé de ne pas participer aux sessions parlementaires visant à prolonger l’état de siège, qualifiant cette mesure de « haute trahison ». Bien que cette action ait été menée principalement par des élus de l’Est du pays, elle a eu des répercussions sur l’ensemble de l’Assemblée nationale, exacerbant les tensions interpartisanes, notamment entre l’UNC et l’UDPS. Ce boycott a mis en lumière le fossé grandissant entre le pouvoir central et les provinces affectées par l’insécurité, exacerbant le sentiment de rupture de confiance entre les élus de l’Est et la majorité présidentielle.
La session de septembre a aussi été marquée par des querelles sur la composition des commissions parlementaires. Le 18 septembre 2024, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a tenu une réunion avec les députés de son parti et leurs alliés pour discuter de la répartition des postes au sein des commissions parlementaires. L’UDPS et ses alliés ont revendiqué sept des dix commissions permanentes, arguant de leur majorité numérique. Cette revendication a été fermement contestée par l’UNC, ce qui a exacerbé les tensions au sein de l’Assemblée.
Ces tensions, loin d’être apaisées, annoncent une session de mars 2025 encore plus explosive, où les rancœurs accumulées risquent de se transformer en une confrontation ouverte.
Mars 2025 : une session à haut risque
Avec l’annonce de la probable investiture d’un gouvernement d’union nationale par Félix Tshisekedi le 22 février devant les élus et cadres de l’USN, la session de mars 2025 s’annonce comme un véritable moment de vérité pour la RDC. Si ce gouvernement voit le jour pendant cette session, son investiture par l’Assemblée nationale marquera l’un des moments clés de cette période parlementaire. Toutefois, cette initiative, censée renforcer la cohésion nationale, se heurtera à des obstacles considérables. Les relations entre le parti présidentiel, qui domine l’hémicycle avec près de 70 sièges, et son allié l’UNC, sont aujourd’hui au bord de la rupture. Une répartition inégale des portefeuilles ministériels pourrait transformer cette session en une guerre ouverte entre alliés, mettant en péril l’union sacrée.
Vital Kamerhe, fidèle à Tshisekedi depuis leur rupture avec Joseph Kabila en 2018, restera-t-il fidèle au président ou tentera-t-il d’utiliser cette situation pour renforcer sa propre stature politique ? De son côté, l’UDPS, forte de sa domination numérique, pourrait voir dans cette session l’opportunité de marginaliser l’UNC et de reprendre le contrôle d’une majorité devenue ingouvernable. Une rupture entre les deux partis n’est pas une hypothèse farfelue. Les ambitions présidentielles de Kamerhe, jamais éteintes depuis sa candidature avortée en 2018, pourraient refaire surface, en particulier si Tshisekedi apparaît affaibli par les revers militaires et les critiques sur sa gestion de la crise.
Une telle fracture aurait des répercussions majeures. L’USN, déjà fragilisée par des alliances opportunistes, risquerait de s’effondrer, entraînant une recomposition des forces politiques à l’Assemblée. Dans un scénario extrême, cette session pourrait marquer l’échec du projet du gouvernement d’union nationale, plongeant la RDC dans une instabilité institutionnelle encore plus profonde. Les débats promettent d’être houleux, les alliances incertaines, et les luttes de pouvoir pourraient redessiner l’avenir du pays pour les années à venir. À Kinshasa, les rumeurs vont bon train et la session de mars semble plus que jamais un moment où chaque camp jouera son va-tout.
Un pays en attente, une Assemblée au bord du précipice
Alors que des milliers de jeunes congolais s’enrôlent pour défendre la patrie contre les avancées du M23, et que des populations des provinces du Nord et du Sud-Kivu fuient les violences qui ravagent leurs villages, les attentes de la population sont immenses. Les Congolais espèrent des réponses concrètes : la fin de l’insécurité, une économie revitalisée, et un leadership unifié face à la crise. Mais à Kinshasa, une guerre des égos pourrait bien voler la vedette. Sous la direction d’un Vital Kamerhe contesté mais déterminé à conserver son influence, l’Assemblée nationale se prépare à un rendez-vous politique à très haut risque.
Entre l’espoir d’un gouvernement d’union nationale et la menace d’une rupture au sein de la majorité, la session de mars 2025 ne sera pas seulement explosive : elle pourrait redéfinir les contours de la gouvernance congolaise pour les années à venir. Les jours qui viennent pourraient déterminer si cette session marquera le début d’une nouvelle ère de collaboration ou si elle précipitera la RDC dans un chaos politique encore plus profond. Une chose est sûre : ce choc des titans ne laissera personne indifférent et ses répercussions se feront sentir bien au-delà des murs de l’hémicycle.
Appel à la retenue
À l’approche de cette session cruciale, il est impératif que les acteurs politiques de la République privilégient avant tout l’unité et la stabilité de la nation. En période de crise, les divisions internes ne font que renforcer les ennemis du pays, à commencer par ceux qui cherchent à déstabiliser la région, tels que Paul Kagame et ses alliés. Dans ce contexte, une crise politique majeure ne ferait qu’ouvrir la voie à la manipulation de ces ennemis. La priorité doit être donnée aux intérêts supérieurs de la nation, et non à des ambitions personnelles ou partisanes. C’est dans l’unité et la retenue que la République pourra surmonter les défis qui l’attendent, tout en préservant sa souveraineté face aux menaces extérieures.
Heshima
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Dialogue avec le M23 : le plus difficile commence à Luanda
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2 jours agoon
mars 13, 2025By
La redaction
En tant que médiateur dans le conflit entre le gouvernement congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), l’Angola a annoncé la date de début des négociations directes entre les deux parties. Les deux délégations se rencontreront mardi 18 mars à Luanda pour entamer les échanges. Mais dans le communiqué, seul le nom du M23 apparaît. Sa vitrine politique de dernière minute, l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, n’est souvent pas évoquée. En position de force sur le terrain, le M23 pourrait rendre la vie difficile au gouvernement pendant les discussions.
Alors que l’Angola a annoncé, mardi 11 mars 2025, une décision majeure, celle des négociations directes entre le M23 et le gouvernement congolais, un silence de monastère a été observé du côté de la rébellion. Le M23 criait à tue-tête pour obtenir un dialogue direct avec le gouvernement. Maintenant que Luanda l’a annoncé, les réactions se sont fait attendre… Un fait suscite pourtant la curiosité. Ce n’est pas Corneille Nangaa, devenu coordonnateur de l’AFC-M23, qui réagit à la décision de Luanda. C’est plutôt l’ancien patron de la branche politique originelle du M23 qui réagit. « Nous l’avons dit, nous l’avons fait : Nous avons pris l’engagement de faire échouer l’option militaire de Monsieur Tshisekedi pour l’amener, de gré ou de force, à la table de négociations, seule option civilisée pour régler la présente crise qui a duré des décennies », a déclaré Bertrand Bisimwa, patron de la branche politique originelle du M23.
Ce qui laisse penser à une forme d’isolement de Corneille Nangaa qui s’est greffé à une revendication identitaire de longue date pour assouvir sa soif de vengeance contre Félix Tshisekedi et prendre le contrôle de Kinshasa en renversant le régime. Un agenda différent de celui du M23 originel.
Corneille Nangaa court-circuité ?
Sauf s’il s’agit d’une stratégie de la rébellion, Corneille Nangaa risque d’être by-passé ou marginalisé dans ces discussions. Le M23 a toujours eu des revendications identitaires différentes de celles poursuivies par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Nangaa est obsédé par le désir de reprendre le pouvoir qu’il dit avoir remis à Félix Tshisekedi en 2018 à la suite d’un « compromis à l’africaine ». Il affirme vouloir défaire un « monstre » que lui-même avait créé. Un agenda qui n’est forcément pas celui du M23 qui, depuis plus d’une décennie, veut obtenir le retour au Congo des réfugiés tutsis mais aussi avoir la mainmise sécuritaire dans la région des Kivu.
À Luanda, cette rébellion mettra probablement sur la table ses revendications « naturelles », en décalage avec celles de Corneille Nangaa. C’est la plus grande équation de ces discussions. Si les revendications du M23 se mêlaient à celles de Nangaa, la rébellion chercherait alors à obtenir le départ négocié de Félix Tshisekedi ou à instaurer une transition qui inclurait tous les acteurs de la crise sécuritaire actuelle, y compris l’ancien président Joseph Kabila. Ce qui risquerait de briser le cycle démocratique entamé depuis 2006 grâce à la Constitution en vigueur. Joseph Kabila n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots en affirmant que même si Kinshasa négociait avec le M23, la crise ne prendra pas fin. Ce qui insinue qu’il faudrait compter aussi sur lui pour résoudre cette crise.
Le processus de Nairobi étouffé
Du côté du gouvernement, aucune ligne rouge n’a encore été fixée concernant les discussions à venir. Madame Tina Salama, porte-parole du Président congolais, a affirmé prendre acte de cette initiative de dialogue tout en rappelant le processus de Nairobi. « Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli, qui est le processus de Nairobi, et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773. », a-t-elle déclaré. Pourtant, ce processus de Nairobi semble être dépassé suite à l’évolution des événements. Le processus de Luanda, initialement conçu comme un cadre de discussion pour les deux États (RDC-Rwanda), intègre désormais la rébellion du M23, étouffant ainsi la celui de Nairobi.
Heshima
Nation
De Kasa-Vubu à Tshisekedi, l’histoire des gouvernements d’union nationale en RDC
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3 jours agoon
mars 12, 2025By
La redaction
Lors d’une rencontre avec les membres de l’Union sacrée de la Nation, à Kinshasa, le président de la République Félix Tshisekedi a avancé l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Le chef de l’État a insisté sur la nécessité de dépasser les clivages internes pour affronter les menaces extérieures. Mais cette idée va-t-elle aider à résoudre la crise sécuritaire actuelle ? Retour sur une brève histoire des gouvernements d’union nationale en République démocratique du Congo (RDC).
Dans son histoire, la RDC a connu des moments où les dirigeants ont eu recours à des gouvernements d’union nationale. Ce sont des entités politiques temporaires créées dans des contextes de crise politique, souvent pour assurer la paix et la réconciliation nationale. Ces gouvernements ont été une réponse aux tensions internes, aux conflits armés, et aux divisions politiques, dans le but de former un gouvernement de large coalition afin de garantir la stabilité et la transition vers un système démocratique plus inclusif. Cette pratique politique remonte à plusieurs années.
Gouvernement d’union nationale de 1964-1965
Après l’indépendance de la RDC le 30 juin 1960, le pays a traversé une période de turbulences politiques, avec des conflits internes et des tensions entre les différentes factions politiques. La rébellion, qui a duré de 1961 à 1964, a exacerbé la situation. Cette rébellion, appelée « Simba », est une insurrection qui a eu lieu, de 1961 à 1964, au Congo-Léopoldville, en réaction aux abus du gouvernement central congolais. Menée par Antoine Gizenga et Pierre Mulele, elle est parfois appelée rébellion « muleliste » du nom de ce dernier. Pour fédérer les politiques à l’époque, le président Joseph Kasa-Vubu a mis en place un gouvernement d’union nationale. Ce gouvernement a été formé par le Premier ministre Evariste Kimba en réponse à la guerre civile et aux tensions politiques. Il a impliqué une coopération entre différentes forces politiques et régionales, bien qu’il n’ait pas réussi à établir une stabilité durable. Cependant, cette équipe a rapidement été remplacée par un régime plus autoritaire sous le maréchal Mobutu Sese Seko en 1965.
Gouvernement d’union nationale de 1991-1992
Dans les années 1990, le président Mobutu a fait face à une pression croissante pour réformer son régime autoritaire. En 1991, après des émeutes et des manifestations contre son régime, il finira par accepter de convoquer une conférence nationale dite « souveraine » pour mettre en place des réformes politiques. En 1992, un gouvernement d’union nationale a été formé dans le but de créer une transition vers un système multipartite et démocratique. Dirigé par le Premier ministre Etienne Tshisekedi, ce gouvernement a vu la participation de différentes forces politiques et a été perçu comme une tentative de rétablir un équilibre entre les factions rivales, à savoir l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le MPR mais aussi d’autres courants politiques nés pendant cette ouverture politique. Cependant, cette période de transition a été marquée par des tensions internes et l’instabilité. Ce gouvernement n’aura duré qu’environ 4 mois.
Gouvernement de large union après la guerre de 1998-2003
La plus grande et la plus importante expérience de gouvernement d’union nationale en RDC a eu lieu après la guerre de 1998-2003. Ce conflit a impliqué de nombreuses factions internes et des puissances étrangères, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Le conflit a opposé les Forces armées congolaises (FAC) du président Laurent-Désiré Kabila à des groupes rebelles composés notamment du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) de Azarias Ruberwa, du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, avec l’appui de pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Pour trouver la paix, il y a eu d’abord l’Accord de Lusaka (1999) puis l’Accord Global et Inclusif (2002-2003).
Après plusieurs tentatives infructueuses de négociation de la paix, l’Accord de Lusaka a été signé entre le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila et les groupes rebelles. Cependant, cet accord n’a pas suffi à instaurer la paix. La situation a continué à se détériorer, jusqu’à la signature de l’Accord Global et Inclusif en 2002, qui a permis la création d’un gouvernement d’union nationale formé de diverses factions politiques, incluant des membres du gouvernement, des rebelles, des groupes de la société civile et des politiciens issus de différentes régions du pays. Au sommet du pays, une formule a été trouvée, le 1+4. C’est-à-dire, un président de la République (Joseph Kabila, successeur de son père assassiné en 2001) et les quatre vice-présidents issus en majorité de la rébellion, à savoir Azarias Ruberwa, Jean-Pierre Bemba, Arthur Z’ahidi Ngoma et Yerodia Abdoulaye Ndombasi.
Ce gouvernement, dirigé par Joseph Kabila après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en 2001, a été un tournant pour le pays. Le gouvernement d’union nationale a été mis en place dans le but de pacifier le pays, garantir la transition vers des élections démocratiques et rétablir la stabilité. Le gouvernement d’union nationale était composé de différents partis politiques, de groupes rebelles, de la société civile et de l’opposition. L’un des aspects clés était la répartition des ministères entre ces groupes. Le président Joseph Kabila a exercé un rôle symbolique et unificateur, mais les différents groupes de l’opposition et de la société civile ont également eu une grande influence. Ce gouvernement a dirigé le pays jusqu’en 2006 lors des premières élections générales et pluralistes de la RDC.
Gouvernement après l’Accord de la Saint-Sylvestre (2016-2018)
Un autre gouvernement d’union nationale a été mis en place après l’accord politique du 31 décembre 2016, connu sous le nom d’Accord de la Saint-Sylvestre, signé sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Cet accord visait à résoudre la crise politique liée à la fin du mandat de Joseph Kabila en 2016, sans élection présidentielle à l’horizon. Le gouvernement a été formé avec l’inclusion de l’opposition dans le but d’organiser des élections, de garantir la paix et d’achever la transition politique. Cet accord a permis la création d’un gouvernement d’union nationale avec une répartition des ministères entre la majorité présidentielle et l’opposition. Le processus électoral a été mis en place, mais il y a eu des retards, et les élections n’ont été organisées qu’en décembre 2018, avec la victoire de Félix Tshisekedi à la présidence.
Tshisekedi va-t-il réussir son gouvernement ?
Le président Félix Tshisekedi fait face à une crise sécuritaire sans précédent dans l’Est du pays. Malgré les appels au cessez-le-feu du Conseil de sécurité de l’ONU, de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu, aggravant ainsi la crise sécuritaire et humanitaire dans cette partie du pays. Pour resserrer les rangs des Congolais face à cette agression étrangère déguisée, le chef de l’État a annoncé son intention de former un gouvernement d’union nationale. Mais le camp de Joseph Kabila, accusé d’être de mèche avec les rebelles, boude l’initiative.
Dans une déclaration faite le 4 mars, le bureau politique du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien président congolais a rappelé que la formation d’un gouvernement d’union nationale ne constitue aucunement une solution à la crise actuelle. « De 1960 à ce jour, les gouvernements d’union nationale n’ont jamais permis d’apporter de solutions durables aux crises qu’a connues notre pays », rappelle ce parti.
Pourtant, sous Joseph Kabila, ces initiatives ont permis au moins de laisser passer l’orage. C’est le cas du gouvernement issu de l’Accord de la Saint-Sylvestre en 2016 conclu après des manifestations populaires réprimées dans le sang. Les gouvernements d’union nationale en RDC ont, dans la majorité des cas, constitué des réponses nécessaires face aux crises internes et aux conflits armés. Bien qu’ils aient souvent permis d’apaiser les tensions à court terme et d’initier des processus de transition vers la démocratie, ces gouvernements ont aussi été marqués par des luttes de pouvoir internes, des rivalités politiques et des défis dans la mise en œuvre des réformes.
Le M23 peut-il intégrer le gouvernement ?
Il n’est un secret pour personne que Kinshasa a toujours refusé de se mettre autour d’une même table avec le M23 qu’il qualifie de « coquille vide », préférant dialoguer directement avec le Rwanda qui est le créateur de ce mouvement pour notamment piller les ressources naturelles de la RDC. Mais depuis le 11 mars, la situation a évolué. Après une visite éclair de Félix Tshisekedi à Luanda, la Présidence angolaise a annoncé des négociations directes entre Kinshasa et le M23. Reste à savoir quel format prendra ce dialogue. Le M23 sera-t-il intégré dans le futur gouvernement d’union nationale ? La forme des discussions pourrait le démontrer à l’avenir.
Heshima
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