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Pétition contre Kamerhe : un début de crise au sein de l’Union sacrée ?
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5 mois agoon
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La redaction
La récente pétition déposée par le député Willy Mishiki contre Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, pourrait plonger la République Démocratique du Congo (RDC) dans une nouvelle crise politique majeure. L’affaire, qui dépasse le simple cadre institutionnel, met en lumière des tensions profondes au sein de l’Union sacrée et suscite des interrogations sur l’avenir de la coalition au pouvoir. Heshima Magazine revient sur les faits, explore les raisons probables de cette pétition et analyse les conséquences potentielles sur la configuration politique du pays.
Retour sur les circonstances de l’élection de Kamerhe à la présidence de l’Assemblée nationale
Vital Kamerhe, l’une des figures politiques emblématiques de la RDC, a accédé à la présidence de l’Assemblée nationale dans un contexte atypique. Contrairement à la tradition politique en RDC, où le chef de l’État impose souvent ses choix à la tête des institutions, Kamerhe a été contraint de passer par des primaires internes au sein de l’Union sacrée. Ce processus l’a opposé à deux poids de la majorité présidentielle notamment Bahati Lukwebo, ancien président du Sénat, et Christophe Mboso, président sortant de l’Assemblée nationale.
Cette primaire, perçue comme une tentative de l’affaiblir, aurait été motivée par une méfiance latente au sein de l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi. Des analystes avancent que cette manœuvre visait à empêcher Kamerhe d’être élu à la tête de cette institution clé afin de limiter son ascension politique. Kamerhe, considéré comme un allié stratégique, serait, une fois élu, difficilement malléable.
L’accord de Nairobi : un pacte trahi
L’histoire politique de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe est marquée par l’accord de Nairobi signé en 2018, qui scellait leur alliance pour conquérir le pouvoir. Cet accord prévoyait un partage équilibré des responsabilités. Cependant, les termes de cet engagement n’ont jamais été pleinement respectés, Kamerhe étant progressivement écarté des grandes décisions politiques après l’élection de Tshisekedi.
Ce déséquilibre alimente aujourd’hui une rivalité sous-jacente, exacerbée par la question de la réforme constitutionnelle proposée par l’UDPS. Cette réforme, qui remettrait à zéro les mandats présidentiels, pourrait permettre à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat en 2028. Kamerhe, qui ne s’est pas encore prononcé sur cette réforme, est perçu comme un obstacle potentiel, notamment en raison de ses ambitions présidentielles pour 2028.
La pétition de Mishiki : un acte isolé ou une stratégie orchestrée ?
Le dépôt de la pétition par Willy Mishiki soulève des interrogations sur ses motivations réelles. Mishiki, connu pour ses positions alignées sur l’UDPS, a par le passé contesté l’élection de Kamerhe à la présidence de l’Assemblée nationale. Cette démarche est-elle une initiative individuelle ou s’inscrit-elle dans une stratégie politique plus large orchestrée par des forces hostiles à Kamerhe ?
Un élément crucial est que si cette pétition est inscrite à l’ordre du jour, Kamerhe sera contraint de se dessaisir de la présidence de la plénière au profit de son premier vice-président, Jean-Claude Tshilumbayi, membre de l’UDPS. Ce transfert de pouvoir, même temporaire, pourrait être utilisé pour affaiblir Kamerhe et réduire son influence au sein de l’hémicycle.
Les tensions internes à l’Union sacrée
L’Union sacrée, coalition hétéroclite réunissant plusieurs plateformes politiques, est depuis longtemps minée par des rivalités internes. Les récents échanges tendus entre Kamerhe et des députés de l’UDPS, notamment l’honorable Daniel Aselo, témoignent d’une méfiance croissante.
La motion de défiance contre Alexis Gisaro, ministre des Infrastructures et membre de l’UDPS, a exacerbé ces tensions. Bien que Kamerhe nie être derrière cette motion, sa position en tant que président de l’Assemblée nationale le place au centre de la controverse. Certains soupçonnent que cette pétition vise à l’écarter pour empêcher l’adoption de la motion contre Gisaro.
Scénarios possibles en cas de destitution de Kamerhe
Une destitution de Vital Kamerhe entraînerait des répercussions politiques significatives. Le Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR), dirigé par Kamerhe et composé d’environ 231 élus, incluant des députés nationaux et provinciaux, est une force parlementaire majeure. Un retrait de ce regroupement de la coalition priverait l’Union sacrée de sa majorité à l’Assemblée nationale, fragilisant ainsi le gouvernement de Félix Tshisekedi. Cela compliquerait sérieusement des projets majeurs tels que l’adoption de la réforme constitutionnelle envisagée.
Cela explique pourquoi toute tentative de déstabilisation à l’encontre de Vital Kamerhe, comme la récente pétition déposée contre lui, pourrait entraîner une reconfiguration majeure des forces au sein de l’Union sacrée. La présence du PCR dans le processus décisionnel en fait un pivot stratégique pour Tshisekedi, mais également un point de fragilité en cas de divergence.
Si la pétition aboutissait à l’éviction de Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale, cela pourrait provoquer une série de répercussions, notamment le retrait potentiel du PCR de l’Union sacrée. Cela ouvrirait la voie à une reconfiguration politique qui pourrait inclure des alliances stratégiques entre Kamerhe et d’autres figures influentes du présidium de l’Union sacrée, comme Modeste Bahati Lukwebo, leader de l’AFDC-A, composé de 35 députés nationaux, qui partage également une position ambiguë vis-à-vis du projet de réforme constitutionnelle. Ces deux leaders, originaires du Sud-Kivu, constituent une force électorale et parlementaire majeure dans l’Est de la RDC.
Du côté de l’opposition, le FCC et Lamuka pourraient tirer parti de ces divisions au sein de la majorité présidentielle pour consolider leurs positions face à un Tshisekedi affaibli. Une destitution de Kamerhe pourrait aussi signaler une réorientation de sa trajectoire politique, renforçant son image en tant qu’opposant crédible et potentiel candidat à la présidentielle de 2028, fort de son expérience et de son ancrage électoral.
Une crise aux multiples ramifications
La pétition contre Vital Kamerhe ne se limite pas à un simple conflit parlementaire. Elle reflète des tensions structurelles au sein de l’Union sacrée et pourrait marquer un tournant décisif pour la coalition au pouvoir. Si Kamerhe venait à être destitué, les répercussions politiques seraient profondes, allant d’une fragilisation de la majorité parlementaire à une reconfiguration des alliances en vue des élections générales de 2028.
Dans ce contexte, la gestion de cette crise par Félix Tshisekedi sera déterminante pour l’avenir de son mandat et celui de l’Union sacrée. Les choix stratégiques des acteurs clés, notamment Bahati Lukwebo et les leaders du PCR, seront également cruciaux pour définir l’avenir politique de la RDC.
Heshima
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RDC : qui est Christophe Bitasimwa, le nouveau visage de l’Inspection générale des finances ?
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15 heures agoon
mai 8, 2025By
La redaction
L’Inspection générale des finances (IGF) de la République démocratique du Congo a un nouveau patron. Par ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale (RTNC) le 7 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a nommé Christophe Bitasimwa Bahii au poste d’Inspecteur général, chef de service, en remplacement de Jules Alingete Key, admis à la retraite. Heshima Magazine dresse le portrait de cet ardent défenseur de la justice économique, successeur de Jules Alingete Key, récemment admis à la retraite.
Homme de rigueur et défenseur de la justice sociale, Bitasimwa prend les rênes d’une institution clé dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des fonds publics. Son parcours académique solide et son engagement contre les inégalités économiques témoignent d’une volonté affirmée de renforcer la transparence dans la gestion des ressources nationales.
Il sera épaulé par Emmanuel Tshibingu Nsenga, nommé Inspecteur général adjoint. Ce nouveau tandem marque le début d’une ère que les observateurs espèrent aussi efficace que son prédécesseur dans le contrôle des finances publiques en RDC.
Un parcours académique d’exception
Né le 9 novembre 1964 dans la province du Nord-Kivu, Christophe Bitasimwa Bahii affiche un parcours universitaire exemplaire, marqué par une spécialisation pointue en économie du développement. Licencié en économie de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), il poursuit ses études à l’Université Catholique du Congo (UCC), où il décroche en 2004 un diplôme spécial en économie du développement.
Il approfondit ensuite ses recherches avec un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en économie et développement, obtenu entre 2014 et 2016, toujours à l’UCC. Sa quête d’excellence culmine en 2022 avec l’obtention d’un doctorat dans la même discipline, sanctionné par la mention « Grande Distinction ». Sa thèse, intitulée « Inégalités économiques et redistribution des revenus et des richesses : approches idoines pour la République démocratique du Congo », propose des pistes concrètes pour une meilleure équité économique dans le pays.
En parallèle de sa carrière à l’Inspection générale des finances, Christophe Bitasimwa enseigne à l’UCC, où il contribue activement à la formation des futurs économistes congolais.
Un parcours professionnel dense au cœur de l’appareil d’État
Avec plus de 25 ans d’expérience dans l’administration publique congolaise, Christophe Bitasimwa Bahii a occupé plusieurs fonctions stratégiques, alliant rigueur technique et sens aigu de la gestion publique. Inspecteur des finances de 1989 à 2000, il interrompt brièvement sa mission de contrôle pour prendre des responsabilités de direction au sein de diverses institutions étatiques.
En 2001, il est nommé Administrateur-Directeur financier de la Régie nationale des approvisionnements et de l’imprimerie (RENAPI), devenue plus tard le Service national des approvisionnements et de l’imprimerie (SENAPI). L’année suivante, il accède à la présidence du Conseil d’administration de la REGIDESO, entreprise publique chargée de la distribution d’eau, un poste qu’il occupe jusqu’en 2005.
Son expertise le conduit ensuite à la COHYDRO (ex-SONAHYDROC), où il assume les fonctions d’Administrateur-Directeur technique. En 2010, il rejoint le Fonds national d’entretien routier (FONER) comme Directeur de l’Audit interne, avant d’être promu, en 2013, Secrétaire général aux Finances.
En juillet 2017, Christophe Bitasimwa intègre le comité de gestion de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI), consolidant ainsi son profil d’expert des questions économiques et financières à l’échelle nationale.
Un fervent défenseur de la justice économique
À la tête d’une institution désormais emblématique dans la lutte contre les détournements de fonds publics portée par la volonté ferme du président Félix Tshisekedi de combattre la fraude sous toutes ses formes et par le travail rigoureux de Jules Alingete Key, Inspecteur Général- Chef de Service sortant, Christophe Bitasimwa Bahii arrive avec un atout de taille : une conviction profonde en la justice sociale. Son engagement contre les inégalités économiques ne date pas d’hier ; il imprègne tant son parcours académique que ses choix professionnels.
Sa thèse de doctorat en économie et développement, soutenue avec mention « Grande Distinction », dresse un constat accablant sur les inégalités de revenus en RDC. Il y révèle qu’un ménage parmi les plus pauvres survit avec à peine 16 dollars par mois, quand les plus riches atteignent 132 dollars, des chiffres qui traduisent un fossé alarmant. Il y dénonce aussi les inégalités territoriales, notamment dans des provinces comme le Haut-Katanga ou Kinshasa, où les écarts de richesse sont particulièrement criants.
Mais Bitasimwa ne se contente pas de diagnostiquer : dans ses publications, il plaide pour des politiques audacieuses centrées sur la réduction des inégalités. Parmi ses recommandations : investir massivement dans les infrastructures et l’énergie pour stimuler la croissance, développer le capital humain par une éducation de qualité et mettre en œuvre des mesures ciblées à destination des populations rurales et vulnérables.
Son arrivée à la tête de l’IGF marque donc la continuité d’un combat de fond : celui d’un État plus juste, au service de tous.
Bitasimwa, un patriote chevronné au service de l’État
La nomination de Christophe Bitasimwa Bahii à la tête de l’IGF a été saluée avec respect par son prédécesseur, Jules Alingete Key. Ce dernier a exprimé sa « gratitude » au président Félix Tshisekedi pour la confiance accordée durant les cinq années passées à la tête de cette institution stratégique, tout en souhaitant « plein succès » à son successeur dans ses nouvelles fonctions.
Un hommage appuyé est également venu du cercle familial. L’épouse du nouveau chef de l’IGF, Alice Mirimo, a tenu à remercier le chef de l’État et son équipe pour cette nomination, qu’elle qualifie d’« acte fort » en faveur de la compétence et du mérite. À ses yeux, Christophe Bitasimwa est un « digne fils » de la République, un « patriote chevronné, dévoué à la nation », dont la promotion couronne un parcours irréprochable, marqué par une rigueur professionnelle constante et un engagement profond pour le bien commun.
Mme Mirimo souligne que le combat de son mari dépasse les chiffres et les institutions : il s’ancre dans une vision d’égalité des chances, de justice sociale et d’amour de la patrie. C’est porté par ces valeurs que le nouveau patron de l’IGF s’apprête à relever un défi de taille : poursuivre avec fermeté et intégrité, le travail de son prédécesseur dans la lutte contre les détournements de deniers publics, afin que les richesses du pays profitent à l’ensemble de la population.
Heshima Magazine
Nation
RDC : De Sophie Kanza à Judith Suminwa, l’ascension difficile des femmes politiques
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21 heures agoon
mai 8, 2025By
La redaction
Exclues totalement des sphères de pouvoir sous la période coloniale, les femmes congolaises ont accédé timidement aux droits politiques au lendemain de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) en 1960. Leur histoire est marquée par des luttes constantes pour la reconnaissance, la représentation et la participation dans un contexte de patriarcat dominant, d’instabilité politique et de conflits prolongés. Heshima Magazine présente un aperçu historique et thématique de leur engagement politique.
Depuis la création de l’État Indépendant du Congo (EIC) en 1885, les femmes tout comme une large majorité des hommes, étaient marginalisées sur le plan politique. Sous la colonisation belge, les Congolaises n’avaient pratiquement aucun droit politique. Le système colonial, raciste et patriarcal, les excluait totalement des sphères de pouvoir. Cependant, pendant cette période, des formes de résistance informelles ont vu le jour parmi les femmes. Certaines ont joué des rôles notables dans les résistances locales, même si cela demeure rarement documenté officiellement.
Il a fallu attendre six ans après l’indépendance du pays pour voir une femme accéder à un poste ministériel : Sophie Kanza, nommée ministre des Affaires sociales. De cette pionnière à Judith Suminwa, actuelle Première ministre, en passant par Jeanine Mabunda, ancienne présidente de l’Assemblée nationale, la RDC a enregistré des avancées notables. Mais dans une société où le patriarcat reste enraciné, la marche vers une véritable parité demeure un combat de longue haleine.
Sophie Kanza, pionnière des femmes politiques (1940-1999)
Sophie Kanza, également connue sous le nom de Sophie Lihau-N’kanza, est une figure emblématique de l’histoire politique et sociale de la RDC. Née le 8 février 1940 à Léopoldville (actuelle Kinshasa), elle est la première femme congolaise à avoir occupé un poste ministériel et à avoir intégré une école secondaire, marquant ainsi des jalons importants dans la lutte pour l’égalité des genres au pays de Lumumba.
Fille de Daniel Kanza, l’un des pères de l’indépendance et premier gouverneur noir de Kinshasa, et d’Élisabeth Mansangaza, Sophie fut la sixième d’une fratrie de sept enfants. Elle effectua ses études primaires et secondaires à Brazzaville, alors au Congo français. En 1961, elle devient la première femme congolaise diplômée de l’enseignement secondaire. Trois ans plus tard, elle obtient une licence en sociologie à l’Université de Genève, devenant ainsi la première universitaire congolaise. Elle poursuit ensuite ses études à l’Université Harvard, où elle décroche un doctorat en sociologie entre 1973 et 1976.
En 1998, elle est victime d’un grave accident de voiture à Paris qui la rend paraplégique. Elle quitte alors son poste à l’UNESCO pour se consacrer à la défense des droits des personnes handicapées. Elle décède le 2 avril 1999 à Kinshasa, des suites d’un arrêt cardiaque, et repose aujourd’hui à Luozi, au Kongo Central. En 2004, elle est admise au Panthéon de l’histoire congolaise. En Belgique, son nom est proposé parmi ceux appelés à remplacer celui du tunnel Léopold II. En RDC, une association de femmes universitaires rend hommage à son engagement à travers le « Cercle Sophie Kanza ».
Philomène Omatuku, première femme à diriger une institution parlementaire
Madame Philomène Omatuku Atshakawo Akatshi est également une figure incontournable de la politique congolaise. En février 2003, elle est nommée présidente par intérim de l’Assemblée nationale constituante et législative – Parlement de Transition (ACL-PT), devenant ainsi la première femme à diriger une institution parlementaire en RDC. Elle y reste jusqu’en août 2003.
Nommée en 2007 ministre de la Condition féminine dans le gouvernement Gizenga I, puis reconduite dans le gouvernement Gizenga II, elle lance en 2008 la ligne verte « 677 », destinée à informer les victimes de violences sexuelles sur les structures de prise en charge disponibles, dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation.
Jeanine Mabunda, une des figures de premier plan
Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi est une actrice politique majeure. Née le 10 avril 1964 à Kinshasa, elle a étudié le droit à l’Université catholique de Louvain, puis obtenu un master en sciences commerciales à l’ICHEC de Bruxelles.
Nommée ministre du Portefeuille en 2007, elle est ensuite conseillère spéciale du président Joseph Kabila pour la lutte contre les violences sexuelles. Élit députée en 2011, elle est réélue en 2018. Le 24 avril 2019, elle devient la première femme élue à la présidence de l’Assemblée nationale. Durant son mandat, elle se démarque par des initiatives sociales, notamment dans l’accès à l’eau potable et l’énergie. Sa destitution en décembre 2020 signe la rupture entre le FCC et le CACH. Elle reçoit le prix de la Femme d’Influence en 2019 et dirige la « Fondation Briser Le Silence ».
Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la République
Judith Suminwa Tuluka incarne une étape historique dans l’évolution de la représentation féminine en RDC. Le 1er avril 2024, elle est nommée Première ministre par le président Félix Tshisekedi, devenant ainsi la toute première femme à occuper ce poste dans l’histoire du pays. Économiste de formation, elle a fait ses études à l’Université catholique de Louvain en Belgique, où elle a obtenu une licence en économie. Avant sa nomination, elle a occupé le poste de ministre du Plan, se distinguant par sa rigueur et sa capacité à piloter les dossiers complexes liés au développement national.
Sa désignation à la tête du gouvernement constitue un symbole fort dans un contexte politique encore dominé par les hommes. Elle hérite d’un pays confronté à de nombreux défis, dont l’insécurité persistante à l’Est, les tensions sociales et les besoins accrus en gouvernance inclusive. Judith Suminwa représente un espoir renouvelé pour une gouvernance plus sensible aux questions de genre. Sa nomination a été saluée tant au niveau national qu’international, perçue comme une avancée significative dans la lutte pour l’égalité politique en RDC. Elle incarne la continuité de l’engagement de pionnières comme Sophie Kanza, tout en ouvrant une nouvelle ère pour les femmes congolaises.
Engagements des femmes en politique
À l’époque de la Conférence nationale souveraine (1990-1992), de nombreuses femmes s’engagent en politique malgré un terrain difficile. Cette période marque un tournant avec l’émergence d’organisations féminines réclamant plus d’égalité. Toutefois, leur représentativité reste marginale.
Conflits armés et transition (1996-2006)
Les guerres du Congo ont profondément affecté les femmes, mais ont aussi contribué à leur mobilisation politique. Des figures telles que Catherine Nzuzi wa Mbombo ou Marie Madeleine Kalala émergent. Julienne Lusenge, militante des droits humains, devient une figure internationale, notamment reconnue par l’ONU en 2019 parmi les vingt femmes les plus influentes au monde.
La parité homme-femme scellée dans la loi
L’article 14 de la Constitution de 2006 établit la parité hommes-femmes, mais sa mise en œuvre reste incomplète. En 2018, les femmes ne représentaient que 8,8 % de l’Assemblée nationale. Des mesures incitatives ont été introduites dans la loi électorale pour encourager les partis à aligner des femmes. Sous le gouvernement Sama Lukonde, la présence féminine a atteint 28 %, signe d’un progrès lent mais tangible.
Initiatives citoyennes et défis actuels
Des militantes comme Espérance Mawanzo mènent des initiatives pour promouvoir la parité, avec la mise en place d’un observatoire dédié. Les femmes jouent également un rôle important dans les ONG, les associations et la gouvernance locale. Toutefois, le patriarcat, les violences politiques et l’absence de soutien institutionnel continuent de freiner leur progression.
Mais le parcours de femmes comme Sophie Kanza, Jeanine Mabunda, Philomène Omatuku, Julienne Lusenge, Alphonsine Kalume ou encore Judith Suminwa montre que malgré les entraves, les femmes congolaises marquent l’histoire politique de leur empreinte, inspirant ainsi les générations futures.
Heshima
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Gouvernance Tshisekedi : des signaux qui inquiètent…
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2 jours agoon
mai 7, 2025By
La redaction
Gestion des ressources financières, construction des infrastructures, création des établissements publics… Depuis son accession au pouvoir en 2019, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a montré une énergie débordante pour résoudre de nombreux problèmes du pays. Mais certaines de ses méthodes de gouvernance renvoient des signaux inquiétants. C’est notamment le cas de la multiplicité des établissements ou organismes publics dont la plupart se sont révélés inefficaces au fil des ans. Heshima Magazine fait un tour d’horizon des structures qui posent problème et dont les attributions auraient pu être exercées par les ministères sectoriels.
Dans la mythologie grecque, il existe une saisissante histoire de cinquante filles appelées « les Danaïdes ». Elles étaient condamnées par les dieux grecs à remplir un tonneau d’eau troué. Ces filles de Danaos, roi d’Égypte, exécutaient ainsi une punition perpétuelle suite au meurtre de leurs maris, les fils d’Égyptos. Ce châtiment ininterrompu est resté célèbre et a donné naissance à l’expression « tonneau des Danaïdes » pour désigner une « tâche absurde, sans fin ou impossible » ou encore un travail déjà voué à l’échec. En RDC, plusieurs projets semblent ressembler au tonneau des Danaïdes. De l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) au Fonds national des réparations des victimes de violences sexuelles (FONAREV), ces structures au bilan mitigé ont contribué pour la plupart à la dilapidation des fonds de l’État. Une politique qui suscite des critiques au sein même de l’entourage du chef de l’État.
Après Kabund, Nicolas Kazadi porte la charge de la dénonciation
Les récentes révélations de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, font froid dans le dos. Cet ancien conseiller du chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, a jeté un pavé dans la mare le week-end dernier. Lors du premier quinquennat de Félix Tshisekedi (2019-2023), au total 53 nouveaux établissements publics ont été créés. Certains ont vu le jour pendant que l’année était en cours. Ce qui insinue qu’ils n’ont pas été pris en charge par le budget voté initialement par le parlement. « On les [ces établissements] paie en cours d’année, sans prévision budgétaire. Ils commencent à recruter, ils n’ont même pas de cadre limite », dénonce Nicolas Kazadi.
Cet ancien proche collaborateur de l’actuel président de la République, devenu député national, n’a pas mis des gants pour porter ses coups contre la gouvernance de Félix Tshisekedi tout en prenant soin de ne pas l’indexer. « Nous voulons trop de jouissance. S’il y a de l’argent, partageons d’abord et nous allons réfléchir après. L’argent du projet est arrivé, on se le partage d’abord et on va réfléchir plus tard. C’est ça le problème », a-t-il déclaré au cours d’une émission animée par la journaliste congolaise Paulette Kimuntu.
Malgré le fait d’avoir contribué, selon lui, à la hausse du budget, passant de 4 milliards de dollars à 16 milliards, Nicolas Kazadi s’est plaint de la multiplicité des primes et des rubriques, entravant ainsi la possibilité d’investir ces fonds dans des projets d’intérêt commun. S’agissant des dépenses du Parlement, cet ancien Conseiller à la Présidence de la République a relevé une forte hausse entre 2017 et 2023. « Pour le Parlement, 2017-2018, c’était environ 5 milliards FC par mois. En 2023, c’est autour de 45 milliards de francs congolais », a-t-il fait savoir. Comme pour dire que la hausse du budget national a créé également une élasticité des besoins de consommation des fonds au sein des institutions. Plus le budget augmente, plus les animateurs des institutions élargissent leurs parts dans le budget. Conséquence : les Congolais en général ne sentiront pas l’impact social de la hausse du budget, car déjà consommé par les institutions. Une gouvernance qui inquiète. En juillet 2022, Jean Marc Kabund avait formulé les mêmes critiques. « Nous avons essayé en vain de rappeler à l’ordre, jour et nuit, celui avec qui nous avons pensé incarner la vision du Sphinx résumée par la célèbre phrase : ‘‘le peuple d’abord’’ », avait déclaré l’ancien président a.i. de l’Union pour la démocratique et le progrès social (UDPS).
En réaction aux révélations de Nicolas Kazadi, l’opposant André Claudel Lubaya semble rejoindre les préoccupations de l’ancien ministre des Finances, accusant le régime de Félix Tshisekedi d’avoir multiplié les structures publiques inefficaces, budgétivores et déconnectées des besoins du peuple. Selon lui, ces entités, érigées sans planification rigoureuse, ont contribué à l’hémorragie des ressources de l’État, au bénéfice d’une minorité. Cet ancien député de Kananga considère ces aveux tardifs de Nicolas Kazadi comme « une lucidité retrouvée ». Pour lui, ces entités fondamentalement vaines ont relégué aux oubliettes le défunt projet social « le peuple d’abord ».
APCL, une structure budgétivore et sans résultats probants
En créant certaines agences ou des établissements publics, le président Félix Tshisekedi a quasiment affaibli la mission de certains ministères ou des structures étatiques existantes. C’est le cas de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC). Créée par l’ordonnance du 17 mars 2020, l’APLC a pour mission principale la prévention et la lutte contre toute forme de corruption. Cet établissement public et service spécialisé au sein du cabinet de la Présidence de la République a remplacé le rôle joué par le conseiller spécial en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Mais cette mission est aussi assurée par une structure déjà existante : la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF). Celle-ci, placée sous l’autorité du ministre des Finances, est chargée du renseignement financier. Sa mission principale est de favoriser le développement d’une économie saine mais aussi de lutter contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ce qui peut créer un chevauchement des compétences dans la pratique entre les deux structures.
En décembre 2020, Ghislain Kikangala, alors coordonnateur de l’APLC, avait été placé en garde à vue pendant 24 heures par le parquet général près la Cour d’appel de Gombe pour des soupçons de corruption. Il était interrogé sur l’extorsion des fonds chiffrés à 30 000 dollars perçus en liquide comme avance d’une caution de 50 000 dollars exigée à Access Bank pour libérer son directeur général en détention entre les mains de l’APLC. Deux directeurs de cette agence étaient également impliqués dans cette affaire. « C’est quand même assez grave de voir que ce sont des agents de la banque qui font des décharges à la main pour percevoir de l’argent, alors que ce sont des opérations qui peuvent être gérées de compte à compte. Cela pourrait soulever plusieurs soupçons de corruption. Cela reste quand même assez grave. », avait réagi Jean-Jacques Lumumba, un ancien banquier congolais et lanceur d’alerte, qui ne comprenait pas cette perception de la caution par le responsable de l’APLC en lieu et place de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD). Pourtant, la banque affirmait que le dossier de blanchiment d’argent sur lequel se penche l’APLC était déjà transmis à la CENAREF par la banque elle-même après avoir remarqué un mouvement suspect dans le compte d’un client. Depuis ce scandale, l’APLC a perdu de sa superbe au sein de l’opinion. Et son coordonnateur avait été limogé par Félix Tshisekedi quelques mois plus tard. A ce jour, ce service public est presque l’ombre d’elle-même, l’Inspection générale des finances (IGF) et la CENAREF font le gros lot du travail anti-corruption dans le pays.
FONAREV, une compétence du ministère des droits humains
L’une des 53 agences créées par Félix Tshisekedi, c’est le Fonds national des réparations des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV). Cette structure a été placée sous la tutelle du ministère des Droits humains. Pourtant, ses compétences pouvaient être exercées par les fonctionnaires de ce ministère sans toutefois créer des nouvelles structures budgétivores. Le FONAREV mobilise et optimise les différentes ressources financières qui lui sont allouées par la loi du 26 décembre 2022. Mais les attributions de cette structure auraient pu rester au ministère des Droits humains sans créer un personnel supplémentaire à payer et des frais de fonctionnement parfois pour des résultats mitigés.
FRIVAO, source d’enrichissement dans le dos des victimes
Créé par ordonnance présidentielle en décembre 2019, le Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes des activités armées de l’Ouganda en République Démocratique du Congo (FRIVAO) a été placé sous la tutelle du ministère de la Justice et Garde des Sceaux. Mais les animateurs de cet établissement seront vite accusés de détournement. La mission de cette structure était d’identifier et indemniser les victimes de la guerre de « 6 jours » menée entre l’armée ougandaise et celle du Rwanda sur le sol congolais, à Kisangani. Après un contrôle rigoureux des inspecteurs de l’IGF, il a été révélé « beaucoup d’écarts de chiffres entre ce qui a été réellement décaissé et le travail pour lequel ce décaissement a été opéré ». Ce qui a suscité la colère du ministre de la Justice, Constant Mutamba, lui-même victime de cette guerre de 6 jours.
Le 31 juillet 2024, à la veille de la commémoration du Genocost, Mutamba, autorité de tutelle du FRIVAO, a ordonné le gel de tout mouvement débiteur sur le compte de cette structure censée recevoir en cinq tranches, à partir de 2023, un montant de 325 millions de dollars d’indemnisation de la part de l’Ouganda.
Tshisekedi veut démanteler certains établissements…
Lors de la 42ᵉ réunion du Conseil des ministres, le 2 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a exhorté le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour redresser les finances publiques. Dans un contexte de guerre d’agression et de réduction du train de vie des institutions, le chef de l’État a insisté sur la nécessité d’un contrôle rigoureux du cadre macroéconomique, tout en demandant un audit des structures nouvellement créées afin d’en évaluer la pertinence. Celles qui seront inutilement budgétivores, après l’évaluation du gouvernement, vont être supprimées.
Dans l’entretemps, ce sont les fonds de l’État qui ont été dilapidés dans le fonctionnement de ces structures. Un véritable tonneau des Danaïdes. Une tache d’huile dans la gouvernance de Félix Tshisekedi qui risque d’entamer l’ensemble de son bilan au pouvoir. Penser au démantèlement de ces structures après plus de 6 ans d’exercice du pouvoir sonne comme un réveil tardif. Face à ces faits inquiétants de la gouvernance de Tshisekedi, André Claudel Lubaya a rappelé une confession publique faite par le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya. Ce dernier reconnaissait publiquement le désenchantement populaire suite à leur gestion de la chose publique. « Le peuple croyait que ses souffrances prendraient fin avec l’UDPS au pouvoir. Aujourd’hui, il est trahi », avait-il déclaré d’un ton triste devant les combattants du parti présidentiel à Limete.
Heshima
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