Les Congolais du Kasaï Central, au centre de la République démocratique du Congo, attendaient le président de la République de pied ferme pour lui rappeler ses promesses formulées pendant la campagne électorale, ainsi que celles faites bien avant le début de son second quinquennat. Devant Félix Tshisekedi, le 24 décembre 2024, à la Place de l’Indépendance, à Kananga, ils ont évoqué les promesses liées à l’accès à l’eau potable, à l’électricité, ainsi qu’aux infrastructures routières.
Le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, est en itinérance dans le Grand Kasaï. Le 24 décembre, il a débuté son périple à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central. Lors de son discours à la population, celle-ci a rappelé de nombreux projets encore non concrétisés, notamment celui de la fourniture d’eau potable et d’électricité, ainsi que la construction de la route Kananga-Kalamba Mbuji. Ce tronçon, qui mène à la frontière avec l’Angola, est considéré comme vital pour désenclaver la région du Kasaï.
Face à ces rappels, Félix Tshisekedi a promis d’achever la construction de cette route avant la fin de son mandat, le dernier selon la Constitution. « La route Kananga-Kalamba Mbuji me préoccupe profondément. Cette route est un salut pour le reste du pays, notamment pour les provinces du Kwilu et du Kwango. Mon mandat ne se terminera pas sans que ce projet se réalise », a-t-il déclaré en tshiluba, l’une des quatre langues nationales du pays. Par ailleurs, il a critiqué le régime précédent, qu’il accuse de n’avoir rien accompli durant 18 années au pouvoir. « Ils n’ont rien fait pour la gratuité de l’enseignement, la maternité gratuite ou encore les 145 territoires [du pays] », a-t-il ajouté, soulignant les réformes déjà engagées sous son mandat dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Après plusieurs interruptions, le ministre d’État chargé des Infrastructures et des Travaux publics, Alexis Gisaro, avait relancé en juillet dernier les travaux de construction de cette route. Lors de ce lancement, il avait promis que rien n’entraverait l’achèvement de ce projet, dont le coût total est estimé à 300 millions de dollars pour une distance de 230 kilomètres. Une avance de 40 millions de dollars sur ce montant était déjà disponible, selon le ministre.
Concernant l’approvisionnement en eau potable, Félix Tshisekedi a passé la parole au directeur général de la REGIDESO pour répondre à la foule. En ce qui concerne l’électricité, il a accusé les chefs coutumiers de la région de bloquer le projet du barrage de Katende. Il a rappelé qu’à sa dernière visite sur le site, ils avaient été attaqués par des abeilles, appelant les chefs coutumiers à bénir le projet. Pourtant, depuis 2022, Félix Tshisekedi avait ordonné la reprise des travaux de ce barrage sans délai. Il avait également promis son achèvement dans un « délai raisonnable », mais peu de progrès ont été constatés. La construction de la centrale hydroélectrique de Katende, confiée à l’entreprise indienne Angelic, reste toujours en suspens.
Dossier sur la révision de la Constitution
Lors de son meeting, il a aussi abordé la question controversée de la modification ou de la révision de la Constitution. Cette fois, Tshisekedi a déclaré que le peuple pouvait également s’opposer à tout changement. « Nous sommes à votre service. Si vous voulez changer la Constitution, nous la changerons. Si vous voulez la modifier, nous la modifierons. Si vous voulez la garder telle quelle, nous la garderons telle quelle », a-t-il assuré. Il a annoncé qu’une commission multidisciplinaire serait nommée l’année prochaine pour étudier cette question.
50 millions pour la MIBA à Mbuji-Mayi
Après Kananga, Félix Tshisekedi est arrivé, le 26 décembre 2024, à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, deuxième étape de sa mission d’itinérance dans l’espace Grand Kasaï. Lors de son meeting devant la population, il a affirmé avoir apporté 50 millions de dollars pour le redressement de la Minière de Bakwanga (MIBA). Le redressement de cette ancienne pierre angulaire de l’économie nationale faisait partie de ses promesses de campagne. Six ans après, la MIBA demeure une entreprise publique en grande difficulté, et la population attend toujours la concrétisation des promesses liées à sa relance.
Sécurité à l’Est
Le président a également rappelé ses six engagements pris après sa réélection, notamment celui portant sur la sécurité. Il a évoqué la rencontre avortée avec Paul Kagame, prévue dans le cadre de la tripartite de Luanda le 15 décembre. Selon lui, l’absence du président rwandais reflète une volonté d’échapper à un accord de paix qui aurait mis fin aux déstabilisations de l’Est de la RDC. « [Paul Kagame] savait que notre déplacement à Luanda visait à signer un accord de paix. Il a préféré fuir, conscient que cela aurait mis fin à ses stratégies de déstabilisation de l’Est de notre pays, de pillage de nos ressources et d’assassinats de nos compatriotes », a-t-il déclaré.
Félix Tshisekedi poursuivra son itinérance en lançant, le 27 décembre, le programme de gratuité de la maternité dans la province du Kasaï Oriental. Contrairement au gouverneur du Kasaï Central, Joseph-Moïse Kambulu, qui a décrit sans détour la précarité de sa province (manque d’eau, d’électricité et de voiries), son homologue du Kasaï Oriental, Jean-Paul Mbwembwe, a salué les routes urbaines réalisées depuis l’arrivée de Tshisekedi au pouvoir.
Cependant, la population locale reste en attente de la concrétisation de plusieurs projets, en particulier ceux du Programme accéléré de lutte contre la pauvreté, qui incluent des travaux de réhabilitation d’écoles publiques toujours inachevés.
Heshima