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RDC : Tshisekedi lève plusieurs « décisions stratégiques », ce vendredi, pour contrer le M23
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Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, va présider, ce vendredi 24 janvier 2025, une réunion du Conseil supérieur de la défense pour faire face à la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Après son retour de Suisse, jeudi soir, il a dirigé une autre réunion d’urgence avec le chef de l’armée, la Première ministre, le vice-Premier ministre, ministre de la Défense, ainsi que celui de l’Intérieur.
« Le président de la République va successivement présider, ce vendredi, à la Cité de l’Union africaine, le Conseil supérieur de la Défense et la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres », a annoncé la presse présidentielle. La réunion de crise de jeudi et celle du Conseil supérieur de la Défense de ce vendredi font suite à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où des rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont progressé dans les localités de Bweremana et Minova.
Le président de la République va présider, dans un premier temps, le Conseil supérieur de la Défense, où seront évaluées les stratégies militaires et sécuritaires en cours. Ce conseil se focalisera sur l’analyse fine de la situation sur le terrain et sur l’adaptation des opérations des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pour garantir la sécurité des populations et des territoires. À l’issue de cette réunion, plusieurs « décisions stratégiques » seront prises pour faire face à cette situation sécuritaire.
En deuxième lieu, le chef de l’État dirigera la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, qui s’avère particulièrement significative dans le contexte actuel. L’ordre du jour prévoit une discussion approfondie sur la situation sécuritaire au Nord-Kivu, permettant au gouvernement d’élaborer des réponses appropriées et de coordonner des actions au sein de l’appareil étatique.
Ville de Goma menacée
Dans la journée de jeudi, de violents combats ont opposé ces rebelles aux FARDC dans la cité de Sake, dernier verrou de l’armée pour protéger la ville de Goma. Les rebelles menacent de prendre la ville volcanique, pendant que l’armée, la MONUSCO et les forces de la SADC se réorganisent pour barrer la route à ces insurgés soutenus par le Rwanda.
Dans le même temps, des combats intenses étaient également signalés entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu. Les rebelles auraient lancé des attaques simultanées contre des positions des Wazalendo (volontaires patriotes) et des FARDC à Kilimanyoka et Kanyamahoro, à environ 20 kilomètres au nord de Goma. Dans l’ouest de la ville, une panique généralisée est palpable.
Des rumeurs sur la mort du gouverneur militaire
Depuis la soirée de jeudi 23 janvier, des rumeurs, essentiellement propagées par des comptes sur les réseaux sociaux rwandais, annoncent la mort du gouverneur militaire, le général-major Peter Cirimwami Nkuba. Ces rumeurs proviennent d’un compte X (anciennement Twitter) du porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, annonçant la « neutralisation » de cette autorité provinciale.
Ces informations n’ont pas été confirmées par le service de communication du gouverneur du Nord-Kivu. Le général-major Peter Cirimwami « se porte bien », réagit sa cellule de communication. « Il est bel et bien en vie et sur le terrain en train de suivre de près l’évolution des opérations », précise la même source. Pourtant, ce vendredi matin, l’internet a été coupé à Goma, selon plusieurs sources locales. Les informations du front remontent difficilement.
L’ONU appelle à la désescalade
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a condamné les nouvelles offensives du M23 et s’inquiète d’une « guerre régionale » dans l’Est de la RDC. « Cette offensive a des effets dévastateurs sur la population civile et a accru le risque d’une guerre régionale plus large », a fait savoir son porte-parole dans une déclaration à la presse.
Le chef de l’ONU a exhorté toutes les parties à respecter les droits de l’homme et le droit humanitaire international, notamment « en garantissant un accès immédiat et sans entrave aux populations ayant besoin d’une aide humanitaire et en respectant le caractère civil des sites de personnes déplacées à l’intérieur du pays ».
Des centaines de civils sont morts depuis la reprise des hostilités par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Plusieurs civils ont trouvé la mort dans les combats du 23 janvier dernier, notamment à Nyiragongo. L’hôpital de Ndosho, à Goma, est débordé par l’afflux des blessés, plus de deux cents, selon des sources locales.
Heshima
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Discours de Félix Tshisekedi entre promesses et réalités
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2 jours agoon
février 15, 2025By
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Le 29 janvier 2025 restera gravé dans l’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC). Ce jour-là, le président Félix Tshisekedi s’adressa à la nation et à l’opinion internationale avec une fermeté inédite, après la prise stratégique de Goma par le M23, un groupe armé soutenu par le Rwanda. Au-delà de la rhétorique martiale, ce discours se révèle être une fenêtre sur la politique sécuritaire du chef de l’État, une évaluation des promesses de paix faites au fil des années, une mise en perspective des mesures d’exception telles que l’état de siège et une analyse des difficultés rencontrées par l’armée congolaise, sans oublier la dimension diplomatique de la crise. Plongez, avec Heshima Magazine, au cœur des enjeux et des stratégies qui se dessinent dans ce contexte de tension accrue.
Depuis son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi a tenté de repositionner la RDC sur le plan sécuritaire, mettant en avant la restauration de l’autorité de l’État dans les zones de conflit. L’exécutif a entrepris une refonte des dispositifs de défense, cherchant à moderniser les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et à réorganiser l’appareil de sécurité. L’objectif affiché est double : d’une part, répondre aux agressions des groupes armés comme le M23 et, d’autre part, rassurer une population traumatisée par des années de violences et d’instabilité.
Un appel à l’unité nationale et à la mobilisation générale
Le discours du 29 janvier se distingue par son insistance sur l’unité nationale et l’appel à la mobilisation générale. Il incarne l’espoir d’un changement, tout en soulignant les limites d’une politique sécuritaire confrontée à des réalités multiples : un ennemi extérieur bien équipé, une armée fragilisée par des dysfonctionnements internes et les obstacles d’une diplomatie hésitante. Ce discours, fort de son apparente détermination, cache parfois des failles structurelles qui entravent une réponse plus efficace face à un ennemi aux appuis extérieurs bien armés et une armée qui peine à se réorganiser face à la complexité du terrain.
La mise en œuvre de mesures répressives comme l’extension de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu est accompagnée d’une proposition de dialogue, quoique conditionnel, dans le cadre du processus de paix de Luanda. Cependant, malgré l’affichage d’une ferme volonté de restaurer l’autorité de l’État, la rhétorique martiale masque des défaillances qui ne permettent pas toujours d’atteindre les résultats escomptés.
Promesses de paix et réalité du terrain
Dès ses premiers jours au pouvoir, Félix Tshisekedi s’était engagé à instaurer une ère de paix et de stabilité. Des annonces ambitieuses avaient alors été faites : réorganisation des forces de sécurité, engagement dans des processus de réconciliation et augmentation des effectifs de la police pour renforcer la lutte contre la criminalité. Ces engagements, largement relayés par les médias et salués par la communauté internationale, avaient suscité l’espoir d’un changement profond dans un pays trop souvent gangrené par l’insécurité.
Cependant, six ans plus tard, le constat demeure mitigé. La violence persiste et se renouvelle sous des formes imprévues. La reprise des hostilités dans l’est du pays, exacerbée par l’intervention de groupes armés étrangers et la multiplication des conflits intercommunautaires, montre que les réformes promises n’ont pas produit les effets escomptés. En particulier, la situation sécuritaire, notamment en Ituri et au Nord-Kivu, demeure préoccupante, avec des milliers de victimes civiles, des déplacements massifs et un tissu social en délitement.
Les experts estiment que ce décalage entre la promesse d’un avenir pacifique et la réalité des affrontements est en partie dû à une mauvaise anticipation des dynamiques régionales. En effet, l’implication du Rwanda, par le biais des Forces de Défense du Rwanda (RDF) et leur soutien au M23, a compliqué la donne. Cette ingérence extérieure, dénoncée avec véhémence par le président dans son allocution, témoigne d’une réalité géopolitique complexe où les rivalités et enjeux stratégiques dépassent largement le cadre national.
Les efforts pour instaurer le dialogue n’ont pas non plus porté leurs fruits à court terme. La diplomatie, bien que proactive, se heurte à l’inertie de certains acteurs internationaux qui, parfois, semblent paralysés face à la rapidité de l’escalade des violences. Ce décalage met en exergue la difficulté de transformer de belles intentions en actions concrètes sur le terrain.
État de siège : un bilan contrasté après quatre ans
L’instauration de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu avait pour objectif immédiat de rétablir l’ordre et de protéger les populations des incursions des groupes armés. Cette mesure exceptionnelle, censée renforcer le contrôle étatique sur des territoires devenus quasi autonomes, s’est révélée être une arme à double tranchant.
D’un côté, l’état de siège a permis une mobilisation rapide des forces de sécurité et a contribué à certaines victoires tactiques contre des milices isolées. Des dispositifs de surveillance renforcés et des opérations de grande envergure ont temporairement limité la progression de certains groupes hostiles. Pourtant, l’impact à long terme de cette mesure est loin d’être satisfaisant. Les chiffres évoqués par les organisations de défense des droits humains restent alarmants : plusieurs milliers de civils tués, des centaines de blessés et de nombreux cas de détentions arbitraires.
Les restrictions imposées à la population, en plus d’alimenter un climat de méfiance, ont souvent favorisé un sentiment d’exclusion qui a renforcé la radicalisation de certains groupes. La prise de Goma par le M23 constitue un signal fort de l’échec de cette stratégie sécuritaire dans certaines zones. Elle révèle que, malgré des années d’efforts et une volonté affichée de restaurer la souveraineté sur l’ensemble du territoire, les méthodes employées peinent à contenir une menace qui a su se réinventer et se renforcer. Le bilan de l’état de siège doit ainsi être envisagé non seulement en termes de résultats opérationnels, mais aussi à la lumière des conséquences humanitaires et sociales qui en découlent.
L’armée congolaise face au défi de la guerre
Les FARDC, pilier central de la défense nationale, se trouvent dans une situation critique. Malgré des investissements conséquents dans le secteur de la défense, l’armée demeure en proie à une série de dysfonctionnements structurels qui compromettent sa capacité à faire face aux agressions. Les rapports de terrain font état d’un manque criant de moyens logistiques et d’équipements modernes, contrastant fortement avec la sophistication des armes mises à disposition des forces adverses, notamment celles fournies par le Rwanda au M23.
La corruption, omniprésente au sein de certaines strates de l’appareil militaire, nuit à la crédibilité des opérations et détourne des ressources indispensables à la modernisation des forces. Des enquêtes menées par des organismes indépendants ont révélé que des fonds alloués à l’achat d’équipements ont souvent été détournés, laissant des unités entières dans l’impossibilité de mener des actions coordonnées. Ce malaise interne se traduit également par un moral en berne chez les soldats, qui se sentent abandonnés par un système incapable de garantir leur sécurité sur le terrain.Les cas d’abandon de positions et de désorganisation observés lors des affrontements récents témoignent d’un effritement de la cohésion militaire.
Pour beaucoup d’analystes, cette démoralisation représente une menace aussi grande que l’ennemi extérieur, car elle fragilise la capacité de réponse des FARDC face aux offensives du M23. La situation exige ainsi une réforme en profondeur, non seulement en termes de moyens matériels, mais aussi dans l’organisation et la formation des troupes. L’urgence de renforcer la discipline et de restaurer la confiance au sein des forces armées apparaît comme un impératif stratégique pour inverser la tendance.
Quelle diplomatie pour contrer la guerre du M23 ?
Plutôt que de se concentrer exclusivement sur la diplomatie menée jusqu’à présent par le pouvoir à Kinshasa, il est pertinent de s’interroger sur les stratégies diplomatiques qui pourraient être déployées à une échelle plus large – régionale, africaine et internationale – pour résoudre ce conflit complexe.
En premier lieu, il est crucial de négocier pour obtenir le soutien renforcé de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe), même après le départ de la mission militaire SAMIDRC, présente actuellement au Nord-Kivu. La diplomatie étant avant tout un jeu de rapports de forces et de compromis sur les intérêts respectifs des États, la RDC doit déployer une diplomatie proactive et efficace pour obtenir un renforcement de la mission, tant en termes de personnel militaire que de matériels adéquats.
En second lieu, la RDC, en tant que plus grand pays francophone du monde, pourrait jouer sur cet atout pour influer sur la diplomatie internationale. Un levier important pourrait être d’inciter la France à adopter des sanctions contre le Rwanda, puis de militer au sein des instances internationales, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, pour obtenir des sanctions plus larges. En effet, une pression pourrait être exercée par la RDC à la France en menaçant de quitter la Francophonie si la France persiste dans son inaction face à l’agression rwandaise. Un tel ultimatum serait bien plus percutant qu’une simple demande d’aide : il s’agirait d’un message fort sur le rôle central de la RDC au sein de l’espace francophone et sur l’impact de l’inaction de ses partenaires.
En troisième lieu, la RDC pourrait envisager une pression supplémentaire en menaçant de suspendre, pour une durée indéfinie, sa participation à l’Union Africaine (UA) si aucune mesure contraignante n’est prise contre le Rwanda. L’UA, en tant qu’institution continentale, a la responsabilité de promouvoir la paix et la stabilité en Afrique.
Si l’inaction perdure, la RDC pourrait revendiquer son droit de revoir sa participation et d’exiger des actions plus fermes contre les agresseurs.
Enfin, pour les pays qui soutiennent le Rwanda, il est bien connu qu’ils ont tous des intérêts stratégiques et économiques et donc intérêt à maintenir des relations avec ce pays. Dans cette optique, la RDC doit être en mesure d’offrir à ces nations des alternatives économiques et diplomatiques plus avantageuses que celles dont ils bénéficient de la part du Rwanda. La question clé est : que peut proposer la RDC pour convaincre ces pays de se dissocier du Rwanda et soutenir des sanctions contre lui ? Cette question nécessite des réponses diplomatiques sur mesure, adaptées aux intérêts de chaque acteur régional et international.
Entre la parole et l’action
Le discours du président Félix Tshisekedi, prononcé dans un contexte de crise aiguë, est à la fois une déclaration de défiance et un appel à l’unité nationale. Il incarne l’espoir d’un changement, tout en soulignant les limites d’une politique sécuritaire confrontée à des réalités multiples : la persistance d’un ennemi extérieur bien équipé, la défaillance d’un système militaire en quête de modernisation et les obstacles d’une diplomatie hésitante.
Les promesses de paix et de stabilité formulées il y a six ans se heurtent aujourd’hui à une réalité complexe, où chaque avancée tactique semble rapidement compromise par une série de revers stratégiques. Au final, le chemin vers une RDC plus sûre et unifiée passe par une réforme globale, mêlant modernisation des forces armées, lutte acharnée contre la corruption et une diplomatie affirmée.
La gestion de cette crise, d’une ampleur sans précédent, exigera non seulement une mobilisation de toutes les ressources nationales, mais également un engagement résolu de la communauté internationale. Ce défi, qui dépasse le cadre d’un simple conflit territorial, interroge sur la capacité d’un État à transformer des promesses en réalités, dans l’intérêt de la paix et du bien-être de ses concitoyens.
La détermination affichée par le président Tshisekedi et les appels lancés à la population témoignent d’un désir ardent de rétablir l’ordre et la justice. Cependant, pour que ces ambitions se matérialisent, une synergie entre action militaire, réformes internes et diplomatie de terrain sera indispensable. Seul un engagement collectif, associant les pouvoirs publics, les forces armées et la société civile, pourra permettre à la RDC de franchir ce cap décisif et de tourner la page d’une période marquée par la violence et l’impunité.
Heshima
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Conflit RDC-Rwanda : Dialogue amorcé, mais les combats continuent
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février 14, 2025By
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Une semaine après avoir rencontré le président congolais Félix Tshisekedi, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont rencontré, jeudi 13 février à Kigali, le président rwandais, Paul Kagame. Malgré le début de ces contacts, les bruits de bottes continuent dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Et ce, en dépit du cessez-le-feu décidé par les chefs d’État de l’EAC-SADC, le 8 février, à Dar es Salaam, en Tanzanie. Après l’occupation de l’aéroport de Kavumu par des rebelles, ce 14 février, le chef de l’État décide d’écourter son voyage en Allemagne pour rentrer au pays.
L’armée rwandaise, en appui aux rebelles du M23, poursuit son expansion territoriale dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Des combats sont engagés à la fois au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, se rapprochant notamment de la ville de Bukavu. Malgré les condamnations de l’agression rwandaise, Kigali n’a pas renoncé à son intention belliciste. Paul Kagame a récemment fait savoir qu’entre les sanctions occidentales et faire face à une menace existentielle, son pays choisirait le second. Ce qui démontre clairement que Kigali est loin de procéder à une désescalade dans le conflit qui l’oppose à la RDC à travers les rebelles du M23/AFC.
Les parlementaires européens, réunis le 13 février à Strasbourg, ont demandé, à la quasi-unanimité, la suspension « immédiate » d’un accord signé en février 2024 avec le Rwanda. Il s’agit d’un mémorandum d’entente conclu entre l’Union européenne et le pays des « mille collines » sur les chaînes de valeur des matières premières durables, signé le 19 février 2024. Cette résolution a été adoptée avec 443 voix pour, 4 contre et 48 abstentions. L’accord incriminé constituait un point de divergence majeur entre Kinshasa et l’institution européenne. Kinshasa accuse l’Union européenne d’encourager « le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda ». Un eurodéputé du groupe des Verts et président de la commission des droits humains du parlement européen, Mounir Satouri, a avoué que ce partenariat stratégique avec le Rwanda sur les filières durables de matières premières était « indéfendable dès le départ ».
CENCO-ECC chez Kagame
Après avoir rencontré certains opposants à Kinshasa, notamment Martin Fayulu et Delly Sesanga, puis le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et Mouvement du 23 mars (AFC-M23), Corneille Nangaa, à Goma, la CENCO et l’ECC tentent d’arrimer Paul Kagame au pacifisme. Selon l’ECC, cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’initiative du « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». D’après Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, les prélats ont apporté au président du Rwanda le message allant dans le sens de la recherche de la paix durable en RDC et dans la sous-région. Ces évêques n’ont pas encore révélé ce qu’a été la réaction de Paul Kagame à cette proposition d’un pacte social pour la paix dans les Grands Lacs. La CENCO-ECC compte rencontrer tous les acteurs susceptibles de contribuer à la paix dans cette sous-région.
Kabila et Katumbi, prochaines étapes des évêques
Les prélats de la CENCO et les pasteurs de l’ECC vont également se rendre en Belgique pour rencontrer Moïse Katumbi. Il est aussi prévu de rencontrer, dans leur agenda, l’ancien président de la République, Joseph Kabila ou son représentant. Joseph Kabila retrouve la scène politique depuis sa rencontre avec Moïse Katumbi à Addis-Abeba. Soupçonné d’être derrière la rébellion menée par Corneille Nangaa, l’ancien chef de l’État pourrait jouer un rôle clé dans le dénouement de l’actuelle crise sécuritaire.
L’Angola quitte la médiation
Au milieu des vagues de violences qui se poursuivent dans l’Est de la RDC, le président angolais, João Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine, quitte le navire de la médiation dans ce conflit. « Il est temps pour moi de passer le témoin à un autre chef d’État concernant la médiation entre Kinshasa et Kigali », a affirmé Lourenço dans une récente interview accordée à Jeune Afrique. Luanda, qui va prendre la présidence tournante de l’Union africaine, ne saurait plus exercer le rôle de médiateur. Addis-Abeba devrait choisir un nouveau médiateur pour ce conflit. Dans la foulée, João Lourenço a plaidé en faveur d’un dialogue, y compris avec le M23. « Les autorités congolaises ont conscience de la nécessité de parler à toutes les parties, y compris au M23. Et nous avons plaidé en ce sens auprès du président Félix Tshisekedi en rappelant notre propre exemple », a-t-il déclaré, soulignant que l’Angola a dû dialoguer même avec la rébellion de l’Unita, le moment venu.
L’UDPS s’oppose à un dialogue avec le M23
La démarche des prélats catholiques et protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, le 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles de l’AFC-M23. Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation à l’initiative d’un dialogue social que prônent les évêques de la CENCO et de l’ECC. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».
De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet n’engage ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a fait savoir André Mbata.
L’ODEP refuse un dialogue avec le Rwanda
L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a rejeté tout dialogue avec les agresseurs, notamment le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas mâché ses mots face aux prélats catholiques et protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de jouer le jeu de l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ».
Pour sa part, Germain Kambinga, président du parti politique Le Centre, pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est pour l’instant inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien indique que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risqueraient d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.
Mais la CENCO-ECC essaie de calmer les esprits, indiquant que son initiative a été saluée par le chef de l’État, Félix Tshisekedi. « Quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé, les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a réagi Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO. Pour lui, le président de la République a qualifié de « louable » cette démarche des évêques.
Kamerhe renvoie la balle au gouvernement
L’Assemblée nationale, qui a consacré une session extraordinaire sur la crise sécuritaire en RDC, a laissé la question des négociations menées par la CENCO-ECC au gouvernement et au chef de l’État. Face aux députés, le président de l’Assemblée nationale a appelé les élus à se départir de l’émotion face à cette crise. « Vous risquez de parler et de dire des choses que vous ne maîtrisez pas. Si vous voulez la paix, il faut chasser l’émotion », a affirmé Vital Kamerhe lors de la clôture de cette session, le 13 février. La chambre basse du Parlement a promis de mieux s’enquérir de la situation auprès du Gouvernement dans le cadre de la coopération interinstitutionnelle.
Tshisekedi dos au mur ?
Face à cette crise sécuritaire majeure, le chef de l’État congolais est-il dos au mur ? En séjour en Allemagne, Félix Tshisekedi a décidé d’écourter son séjour. Il ne participera plus au sommet de l’Union africaine prévu à Addis-Abeba, en Éthiopie, suite aux derniers développements de la crise sécuritaire au pays. Les rebelles de l’AFC-M23, appuyés par l’armée rwandaise, se sont emparés de l’aéroport stratégique de Kavumu, au Sud-Kivu. Un coup dur pour le gouvernement, car cette infrastructure aéroportuaire était la base militaire des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et un centre de commandement, notamment pour des drones chinois, CH-4A. Ce qui diminue drastiquement la marge de manœuvre de l’armée congolaise dans l’espace Kivu, anéantissant ainsi, pour l’instant, la possibilité de riposte à partir de cet aéroport. Plus les rebelles avancent, moins le chef de l’État a de choix que d’ouvrir des discussions avec les belligérants, en attendant une réorganisation de l’appareil sécuritaire. C’est la voie qui semble la plus plausible dans l’état actuel de la crise.
Heshima
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Dialogue et réorganisation militaire : Tshisekedi tient deux fers au feu
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février 6, 2025By
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La grave crise sécuritaire qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) pousse le chef de l’État, Félix Tshisekedi, à opérer de multiples changements, notamment sur le plan sécuritaire. Alors qu’un dialogue se profile à l’horizon avec les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23/AFC), Tshisekedi réorganise son appareil sécuritaire en nommant un nouveau conseiller spécial en matière de sécurité. À ce poste, le professeur Désiré Cashmir Eberande Kolongele succède à un autre universitaire, Jean-Louis Esambo.
Ancien directeur de cabinet intérimaire du chef de l’État et ex-ministre du Numérique, Désiré Cashmir Eberande occupera désormais le poste de conseiller spécial du président en matière de sécurité. L’ordonnance présidentielle le nommant a été lue mercredi 5 février 2025 à la télévision nationale (RTNC). Élu député national dans la circonscription de Bulungu, dans la province du Kwilu, il pilotera le puissant Conseil national de sécurité (CNS), une structure stratégique auparavant dirigée par l’ancien sécurocrate François Beya.
Depuis l’ère de Joseph Kabila, ce poste a vu défiler plusieurs personnalités, telles que Pierre Lumbi, Jean Mbuyu, François Beya, Jean-Louis Esambo, et désormais Désiré Cashmir Eberande. Ce dernier aura la lourde tâche de diriger le Conseil national de sécurité dans un contexte particulièrement critique. Le pays traverse l’une des crises les plus graves de son histoire. Après avoir pris Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le 27 janvier, les rebelles du M23, soutenus par les troupes rwandaises, ont lancé une nouvelle offensive dans l’Est du pays mercredi 5 février, reprenant leur progression vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. La cité minière de Nyabibwe, située à environ 100 kilomètres de Bukavu, est déjà tombée aux mains des insurgés. Ces derniers visent désormais l’aéroport de Kavumu, avant de tenter d’atteindre Bukavu.
Tshisekedi tient deux fers au feu
Félix Tshisekedi poursuit la réorganisation de l’armée et des autres secteurs de la sécurité, malgré les revers militaires dans l’Est du pays. Parallèlement, le chef de l’État garde deux options ouvertes : l’option militaire et celle du dialogue. Si la première a montré ses limites pour l’instant, la seconde semble être la moins coûteuse en termes de pertes humaines et de préservation des maigres acquis engrangés jusqu’ici. Bien qu’il ait initialement refusé de dialoguer avec les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, Tshisekedi a finalement accepté les pourparlers proposés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Ces discussions, qui s’inscrivent dans le cadre d’un pacte social pour la paix, incluront Corneille Nangaa et d’autres représentants du M23.
Une donne vient compliquer l’équation, c’est que Corneille Nangaa est désormais sous mandat d’arrêt international lancé par la justice militaire. Comment va-t-il apprécier cette situation ? Comment l’ECC et la CENCO vont-elles prendre langue avec un homme recherché ? C’est là où les romains s’empoigneèrent.
Sur le plan régional, Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, sont attendus samedi 8 février à un sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), prévu à Dar es Salam, en Tanzanie. Le président du Conseil européen, António Costa, a annoncé avoir eu des échanges avec les deux chefs d’État directement concernés par cette crise. « Il faut trouver une solution durable à long terme pour la stabilité de la région », a-t-il déclaré, exprimant son espoir de voir des « discussions constructives » s’engager à Dar es Salam.
De son côté, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a salué la tenue de ce sommet conjoint SADC-CAE, prévu les 7 et 8 février. Cette organisation régionale qualifie ces assises d’« occasion cruciale » pour s’attaquer à la crise sécuritaire et humanitaire qui affecte des millions de civils dans la région des Grands Lacs.
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