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RDC : Le M23 continue sa progression à la veille du dialogue, l’UE sanctionne…

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L’Union européenne a annoncé, ce 17 mars 2025, des sanctions contre plusieurs chefs militaires rwandais et des dirigeants de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). Malgré la pression internationale et l’ouverture d’un dialogue direct avec le gouvernement congolais à Luanda, les rebelles continuent d’avancer au Nord et Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), provoquant ainsi le déplacement massif de la population vers Kisangani.
Après avoir promis des mesures restrictives individuelles contre le Rwanda, l’Union européenne a mis sa menace à exécution. Les sanctions ciblent des officiers des Forces de défense rwandaises (RDF) et certains responsables du M23. Du côté de l’armée rwandaise, Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales rwandaises déployées en RDC, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi ont été frappés par ces mesures restrictives. Elles ciblent également Francis Kamanzi, directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), pour son rôle dans le trafic illicite de minerais congolais.

Par ailleurs, la Gasabo Gold Refinery, une entreprise spécialisée dans le raffinage de l’or, est sanctionnée car soupçonnée de raffiner et d’exporter de l’or extrait des zones contrôlées par les rebelles du M23 dans l’Est de la RDC. Du côté des rebelles du M23, les sanctions ciblent Bertrand Bisimwa, président de l’aile politique du M23, qui était déjà sous sanctions des Nations unies. Il y a également Joseph Bahati Musanga, gouverneur du Nord-Kivu nommé par Corneille Nangaa, chef de la coalition Alliance Fleuve Congo/M23, ainsi que Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande du M23, et Jean-Bosco Nzabonimpa, chef adjoint des finances du groupe. Ces mesures restrictives concernent une interdiction de voyage dans l’Union européenne ainsi qu’un gel des avoirs de ces personnalités et entités dans l’espace Schengen.

Avant l’annonce de ces sanctions, le Rwanda a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique. Tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans les 48 heures, selon le ministère rwandais des Affaires étrangères. La veille, dimanche 17 mars, le président rwandais Paul Kagame a accusé la Belgique de plaider en faveur de sanctions internationales contre son pays en raison du conflit dans l’Est de la RDC. À en croire le chef de l’État rwandais, Bruxelles avait toujours cherché à affaiblir le Rwanda, l’accusant d’avoir amputé une grande partie du territoire rwandais au profit de la RDC à l’époque coloniale, donnant ainsi au Rwanda une superficie comparable à celle de la Belgique.

Ouverture du dialogue et progression du M23

L’Angola a confirmé l’ouverture des discussions directes entre Kinshasa et le groupe armé M23 pour ce mardi 18 mars. Malgré la volonté des deux camps de participer à ces discussions, les combats continuent sur quasiment toutes les lignes de front. Au Nord-Kivu, précisément à Walikale-centre, chef-lieu du territoire portant le même nom, la population quitte ses habitations suite à l’avancée des rebelles de l’AFC/M23. Ce lundi 17 mars, ces insurgés se sont rapprochés de la localité de Mutakato, dans le groupement Banabangi. Pour fuir des exactions, la population de Walikale se dirige en majorité vers la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo. Alors que la rébellion a annoncé une délégation de cinq personnes à Luanda pour prendre part au dialogue direct, les affrontements ne baissent pas d’intensité. Au Sud-Kivu, les affrontements se poursuivent également entre ces rebelles et l’armée congolaise dans les hauts plateaux du territoire de Mwenga, tentant de s’emparer de Minembwe afin de faire jonction avec leurs alliés de Twirwaneho.

Heshima

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Boycott du dialogue de Luanda : l’AFC-M23 sur les traces de Paul Kagame ?

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L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) ne va plus participer aux négociations directes prévues ce mardi 18 mars 2025 à Luanda, capitale angolaise. Dans un communiqué publié la veille, le mouvement rebelle dénonce les sanctions individuelles prises par l’Union européenne contre plusieurs de ses dirigeants, affirmant que ces mesures compromettent le dialogue et rendent impossibles ces pourparlers. Pourtant, ces sanctions n’affectent en rien le déplacement des dirigeants de cette rébellion à Luanda. Une posture qui rappelle celle du président rwandais, Paul Kagame, qui avait boycotté, le 15 décembre dernier, sa rencontre avec Félix Tshisekedi.

Il devrait s’ouvrir, ce mardi, sous la médiation angolaise, des discussions directes entre la République Démocratique du Congo et les rebelles de l’AFC-M23. Pendant que tout était presque prêt, cette rébellion a fait volte-face. L’AFC-M23 affirme que les sanctions prises par l’Union européenne contre certains de ses dirigeants compromettent le dialogue et rendent impossibles les pourparlers tant attendus. La rébellion parle d’un sabotage du processus de paix. Pourtant, les sanctions individuelles qui visent également certains officiers de l’armée rwandaise n’affectent en rien les « négociations directes » tant réclamées par cette rébellion. « Il n’y a aucun rapport ! Les sanctions de l’Union européenne n’interdisaient nullement l’accueil en Angola d’une délégation du mouvement rebelle M23. C’est un mauvais prétexte pour échapper à la pression de la négociation diplomatique pour trouver une solution de paix en RDC », a déclaré l’ancien ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Jean-Marc Châtaigner.

Kinshasa maintient sa présence à Luanda

De son côté, la porte-parole du chef de l’État congolais, Tina Salama, a confirmé lundi 17 mars dans la soirée que le gouvernement maintenait l’envoi d’une délégation à Luanda, en Angola, pour ces négociations de paix sous la médiation du président angolais, João Lourenço. « La délégation de la RDC répondra bel et bien à l’invitation du médiateur, le président Lourenço, à Luanda ce mardi », a précisé Tina Salama. Ces négociations directes, initialement prévues pour réunir le gouvernement congolais et les rebelles du M23, visaient à trouver une solution pacifique à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la RDC.

Dans le paquet de sanctions dévoilé par l’Union européenne, cinq responsables du M23 sont ciblés. Il s’agit de Bertrand Bisimwa, président du mouvement, déjà sous sanctions de l’ONU ; Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande ; John Imani Nzenze, colonel au sein du mouvement ; Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances du M23 ; Joseph Bahati Musanga, actuel gouverneur de l’administration parallèle mise en place par la rébellion à Goma. Du côté du Rwanda, l’UE a également sanctionné trois hauts gradés de l’armée rwandaise impliqués dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. Il s’agit de Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la RDF ; Eugène Nkubito, commandant de la 3ème division de la RDF, présente au Nord-Kivu depuis août 2022 ; Pascal Muhizi, commandant de la 2ème division de la RDF, déployée dans l’Est congolais depuis août 2023.

Le M23 sur les traces de Kagame ?

En réponse à l’invitation de leur homologue angolais João Lourenço, médiateur de l’Union africaine entre les deux pays, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame devraient se retrouver à Luanda le 15 décembre dernier. Mais à la veille de ce rendez-vous crucial pour la paix, Paul Kagame avait boycotté la rencontre alors que Félix Tshisekedi s’était rendu à Luanda. À l’époque, Kigali avait pris comme prétexte le refus de Kinshasa de négocier directement avec le M23. À ce jour, le gouvernement congolais a accepté de négocier directement avec le M23. Mais le même scénario se répète. À la veille du rendez-vous à Luanda, le M23 boycotte à son tour les négociations. Ce qui laisse transparaître une stratégie propre du Rwanda et une manipulation de cette rébellion qui, en réalité, agit sous les ordres de Kigali.

Heshima

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Accord sur les minerais entre RDC-USA : l’ultime carte pour mettre fin à 30 ans de guerre ?

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En février, l’Africa-USA Business Council, un groupe de pression, a écrit au secrétaire d’État américain Marco Rubio au nom d’un sénateur congolais. Ce think tank évoque un possible accord qui inclurait un « partenariat économique et militaire » entre Washington et Kinshasa. Depuis, des discussions semblent faire du chemin. Si un tel accord est signé, la République Démocratique du Congo (RDC) pourrait-elle enfin respirer un nouvel air de sécurité dans l’Est du pays ? C’est visiblement ce qu’espère le gouvernement congolais. Dans le cadre de cet éventuel deal, Donald Trump a dépêché un émissaire ce week-end auprès de Félix Tshisekedi.


Le chef de l’État congolais a échangé, dimanche 16 mars 2025 à Kinshasa, avec M. Ronny Jackson, envoyé spécial du président des États-Unis Donald Trump et membre du Congrès américain. La rencontre a eu lieu à la Cité de l’Union africaine, dans la commune de Ngaliema. Au menu de leurs échanges : la crise sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans l’Est de la RDC, marquée par la présence des troupes rwandaises qui appuient les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Selon la Présidence congolaise, l’émissaire américain a insisté sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. « Nous allons travailler pour que tous les obstacles qui s’érigent sur le chemin de la paix soient ôtés afin que la paix revienne en RDC », a déclaré M. Ronny Jackson.

Kinshasa, qui compte conclure un accord sur les minerais stratégiques avec Washington, attend des États-Unis un investissement dans le secteur de la sécurité afin de rompre le cycle de 30 ans d’instabilité et d’agression répétée par le Rwanda et l’Ouganda dans l’Est du pays. « Nous voulons travailler pour que les entreprises américaines puissent venir investir et travailler en RDC. Et pour cela, nous devons nous rassurer qu’il y a un environnement de paix », a ajouté M. Ronny Jackson.

Kinshasa veut rompre un cycle de 30 ans de violence

La RDC semble se tourner vers les États-Unis dans ses derniers efforts pour trouver un allié dans sa lutte contre l’avancée des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) appuyés par l’armée rwandaise. Mais Kinshasa ne voit pas seulement la crise sécuritaire actuelle. Le gouvernement congolais veut trouver un accord sur l’accès des Américains à certains minerais critiques qui lui permettra d’obtenir en échange un partenariat sécuritaire capable d’aider à stabiliser l’est du pays. S’inspirant de l’intérêt manifesté par Washington pour les minerais de l’Ukraine, la RDC, riche en ressources, espère conclure son propre accord avec le pays de l’Oncle Sam.

Déjà sous l’administration Biden, les Américains ont démontré qu’ils ne veulent plus laisser les Chinois seuls dans la course aux minerais stratégiques en RDC. Et Washington ne cache plus son appétit. « Les minerais essentiels dont notre monde a besoin pour les véhicules électriques et les semi-conducteurs peuvent être trouvés ici », avait déclaré Joe Biden en justifiant sa visite, le 4 décembre 2024, en Angola. Pris de vitesse par Pékin, Washington veut frapper un grand coup pour tenter de rattraper son retard dans l’exploitation de ces minerais, essentiels notamment pour les batteries des voitures électriques.

Quelle pourra être la nature du deal ?

D’après certaines fuites obtenues par la presse, il s’agit d’un accès des États-Unis aux minerais stratégiques de la RDC qui portera essentiellement sur l’octroi aux entreprises américaines de droits d’extraction et d’exportation afin de sécuriser une chaîne d’approvisionnement stable et directe pour les secteurs de la défense et de la technologie. Kinshasa propose également d’accorder aux entreprises américaines le contrôle opérationnel du port en eaux profondes de Banana, garantissant une supervision américaine de cet important hub d’exportation des minéraux africains.
Le gouvernement congolais se dit également prêt à collaborer avec les États-Unis pour développer un stock stratégique de minéraux congolais, renforçant ainsi la résilience économique et sécuritaire des États-Unis. En contrepartie, la RDC compte obtenir un renforcement de la coopération militaire avec les États-Unis, notamment la formation et l’équipement des FARDC « pour protéger les routes d’approvisionnement en minéraux contre les groupes armés soutenus par des puissances étrangères ».
Toujours dans le cadre de ce deal, le gouvernement congolais envisage de remplacer « les opérations inefficaces de maintien de la paix de l’ONU » par une coopération sécuritaire directe avec les États-Unis.

Intérêt américain

L’échange de minerais contre la sécurité entre la RDC et les États-Unis soulève des questions géopolitiques et économiques non moins complexes. La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de ressources minières, notamment de minerais essentiels comme le cobalt, le cuivre, le coltan et le lithium, qui sont cruciaux pour les technologies modernes, y compris les batteries pour les véhicules électriques, les téléphones mobiles et autres appareils électroniques.

D’un côté, les États-Unis ont un intérêt stratégique dans la sécurisation de l’approvisionnement en minerais rares, étant donné leur rôle majeur dans l’industrie technologique mondiale. Les États-Unis cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement en minerais rares pour réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, qui domine la chaîne d’approvisionnement mondiale pour ces minerais. La nature du deal consisterait donc à fournir un accès privilégié à certains minerais critiques et, en échange, Washington pourrait éventuellement proposer un apport sécuritaire en termes de formation militaire et d’équipements militaires adaptés dans le contexte de la RDC.

Accès aux marchés et à la technologie

Les États-Unis sont l’une des plus grandes économies du monde et possèdent des entreprises technologiques avancées. En établissant des partenariats, la RDC pourrait avoir un meilleur accès aux marchés mondiaux pour ses minerais, en particulier les métaux rares comme le cobalt et le cuivre, qui sont essentiels pour des industries telles que les batteries électriques, les technologies de communication et l’énergie renouvelable. Ce partenariat pourrait permettre à la RDC de bénéficier d’un transfert technologique, avec la possibilité d’améliorer la chaîne de valeur des minerais sur place. Un tel accord pourrait inclure des investissements dans les infrastructures de la RDC, comme les routes, les chemins de fer et les ports, afin de faciliter l’extraction, le transport et l’exportation des minerais. C’est d’ailleurs sur ce volet des infrastructures que l’ancien président américain Joe Biden a visité l’Angola dans le cadre du corridor de Lobito qui partira du port de Lobito en Angola jusqu’en RDC. Cela pourrait améliorer la compétitivité du secteur minier congolais tout en stimulant la croissance économique.

L’opposition boude…

Ce deal, qui pourrait stopper une insécurité qui dure depuis 30 ans, dérange l’opposition. Celle-ci voit dans ce possible accord une volonté de Félix Tshisekedi de brader les minerais du pays pour sauver son pouvoir. Pour Olivier Kamitatu, cadre de Ensemble pour la République et porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, cette proposition n’est rien d’autre qu’une escroquerie. « Les tentatives de s’attirer les faveurs de Donald Trump en échangeant des terres rares et des minéraux stratégiques contre la protection d’une kleptocratie clanique ne trompent personne. Les observateurs informés savent bien que les mines du Katanga sont en grande partie aux mains des Chinois ou d’étrangers », a-t-il écrit sur son compte X.

Ultime recours contre une instabilité chronique

Les minerais, notamment le coltan, le tungstène et l’étain, sont une source importante de financement pour les groupes armés qui opèrent dans l’est de la RDC. Ces groupes contrôlent souvent les zones minières et extorquent des revenus pour financer leurs activités militaires. Un accord visant à améliorer la traçabilité et la gestion des ressources minières pourrait réduire cette source de financement, affaiblissant ainsi les groupes armés et contribuant à la paix. Un tel accord pourrait encourager les États-Unis et d’autres partenaires internationaux à soutenir des initiatives de gouvernance plus transparente dans les zones minières, en améliorant la gestion des ressources et en réduisant la corruption. Une meilleure gestion des revenus issus des minerais pourrait permettre des investissements dans les infrastructures locales, créant ainsi un environnement plus stable et propice à la paix.

Si les États-Unis s’engagent à soutenir un commerce équitable et durable des minerais congolais, cela pourrait renforcer les liens économiques entre les deux pays. Cette collaboration pourrait offrir une alternative plus sûre et plus transparente aux chaînes d’approvisionnement informelles souvent exploitées par des groupes armés. Les populations locales pourraient bénéficier d’emplois réguliers et d’une plus grande sécurité économique, ce qui limiterait le soutien aux groupes armés.

Heshima

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Assemblée nationale : une session de mars potentiellement explosive

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Le 15 mars 2025, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) ouvrira sa session ordinaire, un moment crucial dans un contexte de crise profonde. Cette session, bien plus qu’une simple formalité, pourrait devenir un véritable terrain de bataille pour le pouvoir, notamment autour de la question du gouvernement d’union nationale. Entre rivalités internes à l’Union sacrée et tensions croissantes, elle s’annonce explosive et potentiellement historique.

À l’approche de cette session de mars 2025, la RDC se trouve à un carrefour politique. Au-delà des débats législatifs traditionnels, cette session pourrait être le théâtre d’affrontements décisifs pour gérer les multiples crises qui secouent le pays, notamment la guerre dans l’Est et la crise économique persistante. C’est dans ce contexte tendu que Félix Tshisekedi a, pour la première fois, présenté l’idée d’un gouvernement d’union nationale comme réponse aux immenses défis auxquels la nation est confrontée. Toutefois, derrière cette proposition se cache un terrain miné d’ambitions rivales, de fractures politiques profondes, et d’incertitudes sur sa mise en œuvre. Une session ordinaire qui pourrait ainsi se transformer en rendez-vous explosif, tant pour l’Assemblée nationale que pour toute la RDC.

Une guerre intestine qui menace l’USN

Les tensions entre l’UNC et l’UDPS, les deux principaux piliers de la coalition au pouvoir, sont bien loin d’être nouvelles, mais elles ont atteint un point de non-retour ces derniers mois. En février dernier, un communicant autoproclamé de l’UDPS a provoqué un véritable scandale en proférant des menaces de mort à l’encontre de Vital Kamerhe sur les réseaux sociaux, le qualifiant d’« homme à abattre », déclenchant une vague d’indignation parmi les députés de l’UNC. Ces derniers n’ont pas manqué de rappeler que Kamerhe avait échappé de justesse à une tentative d’assassinat en mai 2024 à Kinshasa, un événement que beaucoup dans son entourage attribuent à des rivalités politiques internes au sein de la majorité présidentielle.

À ce climat déjà lourd s’ajoute la polémique déclenchée par Christophe Mboso, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale et figure de proue de l’USN. Lors d’une rencontre politique à Kinshasa, au centre culturel des pays d’Afrique centrale, le 9 mars, Mboso a lâché une phrase incendiaire : « Kamerhe akufa » (que Kamerhe meure), une déclaration qui a été perçue par les députés de l’UNC et leurs alliés comme un « complot ourdi » contre Vital Kamerhe. Cette sortie a intensifié les tensions entre les deux hommes, déjà en concurrence lors des primaires de l’USN en avril 2024 pour la présidence de l’Assemblée, une élection remportée par Kamerhe avec 183 voix contre 113 pour Mboso. Depuis cette défaite, Mboso n’a jamais caché son amertume, et ses partisans, nombreux parmi les députés de la vieille garde, mènent une guerre par procuration contre ceux de Kamerhe. Ces querelles, alimentées par des accusations de trahison et des ambitions personnelles, risquent de transformer l’hémicycle en une véritable arène de combats fratricides, rendant toute tentative de collaboration, d’abord au sein du Bureau de l’Assemblée, puis au sein de la majorité, extrêmement fragile.

Session de septembre 2024 : un avant-goût du chaos à venir ?

Pour saisir l’enjeu de la session de mars, un retour sur la session ordinaire de septembre 2024 s’impose. Cette période avait été marquée par une agitation sans précédent au sein de l’Assemblée nationale. Des joutes verbales acerbes avaient opposé Vital Kamerhe à plusieurs élus de l’UDPS, notamment l’influent député national Daniel Aselo, ancien ministre de l’Intérieur. Ces affrontements, qui avaient débuté sur des questions de gestion parlementaire, avaient rapidement dégénéré en attaques personnelles, Kamerhe étant accusé par ses détracteurs de manquer de respect envers les élus de l’UDPS et de se comporter en « président bis » vis-à-vis de Tshisekedi. Le point culminant de ces tensions fut le dépôt d’une pétition par le député Willy Mishiki, membre de la majorité présidentielle, visant à destituer Kamerhe de son poste de président de l’Assemblée. Bien que cette initiative ait échoué faute de soutien suffisant, elle a révélé les fractures profondes au sein de l’USN.

Cette session de septembre avait également été dominée par des débats houleux sur la situation sécuritaire à l’Est du pays. Les échecs répétés des FARDC face aux rebelles du M23, malgré les promesses de Félix Tshisekedi de restaurer la paix, ont alimenté les critiques contre Kamerhe. Originaire du Sud-Kivu, Kamerhe défend depuis longtemps une approche basée sur le dialogue avec les groupes armés, une position qui lui a valu d’être accusé de « mollesse » par l’UDPS, davantage encline à une réponse militariste ou à un dialogue restreint entre Tshisekedi et Paul Kagame.

En parallèle, un autre événement marquant a eu lieu en septembre 2024 : le boycott des prolongations de l’état de siège. Les députés des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Tshopo ont décidé de ne pas participer aux sessions parlementaires visant à prolonger l’état de siège, qualifiant cette mesure de « haute trahison ». Bien que cette action ait été menée principalement par des élus de l’Est du pays, elle a eu des répercussions sur l’ensemble de l’Assemblée nationale, exacerbant les tensions interpartisanes, notamment entre l’UNC et l’UDPS. Ce boycott a mis en lumière le fossé grandissant entre le pouvoir central et les provinces affectées par l’insécurité, exacerbant le sentiment de rupture de confiance entre les élus de l’Est et la majorité présidentielle.

La session de septembre a aussi été marquée par des querelles sur la composition des commissions parlementaires. Le 18 septembre 2024, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a tenu une réunion avec les députés de son parti et leurs alliés pour discuter de la répartition des postes au sein des commissions parlementaires. L’UDPS et ses alliés ont revendiqué sept des dix commissions permanentes, arguant de leur majorité numérique. Cette revendication a été fermement contestée par l’UNC, ce qui a exacerbé les tensions au sein de l’Assemblée.

Ces tensions, loin d’être apaisées, annoncent une session de mars 2025 encore plus explosive, où les rancœurs accumulées risquent de se transformer en une confrontation ouverte.

Mars 2025 : une session à haut risque

Avec l’annonce de la probable investiture d’un gouvernement d’union nationale par Félix Tshisekedi le 22 février devant les élus et cadres de l’USN, la session de mars 2025 s’annonce comme un véritable moment de vérité pour la RDC. Si ce gouvernement voit le jour pendant cette session, son investiture par l’Assemblée nationale marquera l’un des moments clés de cette période parlementaire. Toutefois, cette initiative, censée renforcer la cohésion nationale, se heurtera à des obstacles considérables. Les relations entre le parti présidentiel, qui domine l’hémicycle avec près de 70 sièges, et son allié l’UNC, sont aujourd’hui au bord de la rupture. Une répartition inégale des portefeuilles ministériels pourrait transformer cette session en une guerre ouverte entre alliés, mettant en péril l’union sacrée.

Vital Kamerhe, fidèle à Tshisekedi depuis leur rupture avec Joseph Kabila en 2018, restera-t-il fidèle au président ou tentera-t-il d’utiliser cette situation pour renforcer sa propre stature politique ? De son côté, l’UDPS, forte de sa domination numérique, pourrait voir dans cette session l’opportunité de marginaliser l’UNC et de reprendre le contrôle d’une majorité devenue ingouvernable. Une rupture entre les deux partis n’est pas une hypothèse farfelue. Les ambitions présidentielles de Kamerhe, jamais éteintes depuis sa candidature avortée en 2018, pourraient refaire surface, en particulier si Tshisekedi apparaît affaibli par les revers militaires et les critiques sur sa gestion de la crise.

Une telle fracture aurait des répercussions majeures. L’USN, déjà fragilisée par des alliances opportunistes, risquerait de s’effondrer, entraînant une recomposition des forces politiques à l’Assemblée. Dans un scénario extrême, cette session pourrait marquer l’échec du projet du gouvernement d’union nationale, plongeant la RDC dans une instabilité institutionnelle encore plus profonde. Les débats promettent d’être houleux, les alliances incertaines, et les luttes de pouvoir pourraient redessiner l’avenir du pays pour les années à venir. À Kinshasa, les rumeurs vont bon train et la session de mars semble plus que jamais un moment où chaque camp jouera son va-tout.

Un pays en attente, une Assemblée au bord du précipice

Alors que des milliers de jeunes congolais s’enrôlent pour défendre la patrie contre les avancées du M23, et que des populations des provinces du Nord et du Sud-Kivu fuient les violences qui ravagent leurs villages, les attentes de la population sont immenses. Les Congolais espèrent des réponses concrètes : la fin de l’insécurité, une économie revitalisée, et un leadership unifié face à la crise. Mais à Kinshasa, une guerre des égos pourrait bien voler la vedette. Sous la direction d’un Vital Kamerhe contesté mais déterminé à conserver son influence, l’Assemblée nationale se prépare à un rendez-vous politique à très haut risque.

Entre l’espoir d’un gouvernement d’union nationale et la menace d’une rupture au sein de la majorité, la session de mars 2025 ne sera pas seulement explosive : elle pourrait redéfinir les contours de la gouvernance congolaise pour les années à venir. Les jours qui viennent pourraient déterminer si cette session marquera le début d’une nouvelle ère de collaboration ou si elle précipitera la RDC dans un chaos politique encore plus profond. Une chose est sûre : ce choc des titans ne laissera personne indifférent et ses répercussions se feront sentir bien au-delà des murs de l’hémicycle.

Appel à la retenue

À l’approche de cette session cruciale, il est impératif que les acteurs politiques de la République privilégient avant tout l’unité et la stabilité de la nation. En période de crise, les divisions internes ne font que renforcer les ennemis du pays, à commencer par ceux qui cherchent à déstabiliser la région, tels que Paul Kagame et ses alliés. Dans ce contexte, une crise politique majeure ne ferait qu’ouvrir la voie à la manipulation de ces ennemis. La priorité doit être donnée aux intérêts supérieurs de la nation, et non à des ambitions personnelles ou partisanes. C’est dans l’unité et la retenue que la République pourra surmonter les défis qui l’attendent, tout en préservant sa souveraineté face aux menaces extérieures.

Heshima

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