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M23 : le règne sanglant des gouverneurs rebelles au Kivu

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Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Mouvement du 23 Mars (M23), fer de lance de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a franchi un nouveau cap dans son entreprise de déstabilisation en désignant des gouverneurs parallèles pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Après avoir pris le contrôle de la ville de Goma le 27 janvier 2025 et Bukavu le 16 février, le groupe rebelle, accusé par l’ONU et les Etats-Unis d’être soutenu par le Rwanda, a nommé deux gouverneurs pour ces territoires occupés. Ces désignations, orchestrées par Corneille Nangaa, chef de l’AFC, ne sont rien d’autre qu’une tentative de légitimer une occupation violente, défiant le gouvernement central et exacerbant une crise humanitaire déjà catastrophique.

Joseph Bahati, un pion militaire dans un jeu ethnique dangereux

Joseph Bahati Musanga, alias Erasto, nommé gouverneur du Nord-Kivu le 5 février 2025, est un colonel autoproclamé du M23 et membre de la communauté tutsi. Sa désignation, loin d’être un gage de compétence, sert à renforcer la rhétorique ethniciste du M23, qui se pose en défenseur des Tutsis tout en alimentant les tensions avec d’autres communautés, notamment les Hutus. Avant cette nomination, Bahati était directeur financier au sein du M23. Certaines sources affirment qu’il a été récompensé par le M23 à cause de son rôle d’argentier mais aussi pour avoir échappé miraculeusement lors d’une frappe de drone des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Il a été invisible depuis de longs mois, laissant libre cours aux rumeurs sur sa mort. Il va finir par réapparaitre quelques jours avant la prise de la ville de Goma.

Loin de stabiliser la région, Bahati s’est attiré les foudres de la communauté internationale. L’Union européenne l’a sanctionné pour son rôle dans le conflit armé, l’insécurité et les violations des droits humains, incluant des menaces directes contre des activistes à Goma. Des rapports de Human Rights Watch documentent ces intimidations, comme un appel menaçant qu’il aurait passé à un défenseur des droits humains le 27 janvier 2025. Sa prétendue gouvernance, assistée par des vice-gouverneurs comme Willy Manzi Ngarambe et Shadrak Amani Bahati, n’est qu’une façade pour maintenir l’emprise du M23, avec des mesures comme l’extension des heures d’ouverture de la frontière rwandaise, qui favorisent les intérêts rwandais au détriment de la souveraineté congolaise.

À Goma, la population vit dans un climat de peur permanente. Selon RFI, les habitants dénoncent des extorsions quotidiennes par les forces du M23, qui imposent des taxes illégales sur les commerçants et les citoyens, rendant la vie intenable dans une ville déjà asphyxiée économiquement. La brutalité du M23 est également documentée par Radio Okapi, qui rapporte des exécutions sommaires et des enlèvements, poussant la population à appeler à une intervention internationale urgente. Par ailleurs, Jeune Afrique souligne une crise de liquidité sans précédent à Goma, où l’absence de cash paralyse les transactions quotidiennes, exacerbant la misère des habitants sous le joug du M23.

Une nomination au service d’une occupation au Nord-Kivu

La désignation de Joseph Bahati, annoncée dans la précipitation après la chute de Goma, est un affront au gouvernement central, qui a nommé le général-major Evariste Somo Kakule comme gouverneur légitime basé à Beni, siège provisoire des institutions de la province. Cette dualité de pouvoir illustre l’anarchie imposée par le M23, qui cherche à se draper d’une légitimité administrative tout en semant la terreur. Les promesses de réouverture des ports ou de relance économique sont des leurres, masquant une réalité où les civils vivent sous la menace constante de violences, comme en témoignent les exécutions et viols rapportés par Amnesty International. Selon un rapport d’Amnesty, le M23 est responsable de 69 % des violations des droits humains dans les zones qu’il contrôle, incluant des massacres, des viols collectifs et des recrutements forcés d’enfants soldats.

Au Nord-Kivu, le M23/AFC a procédé à la nomination d’un délégué aux mines et d’un administrateur financier, signalant une volonté claire de contrôler les circuits économiques locaux, notamment dans des zones riches en coltan, or et cassitérite comme Walikale. Ces affectations, largement dénoncées par les acteurs humanitaires et économiques, révèlent une stratégie de prédation plus qu’un projet de gouvernance. Elles s’ajoutent à la réactivation de certains axes transfrontaliers avec le Rwanda, comme celui de Petite Barrière, facilitant un commerce illicite au détriment des intérêts de l’État congolais. Selon Actualité.cd, d’autres groupes armés comme les Nyatura (12 %) et les Mai-Mai Mazembe (7%) contribuent également aux violences, mais le M23 reste le principal acteur de cette spirale observée depuis 4 ans.

Dans un effort pour consolider son emprise économique, Corneille Nangaa a annoncé en mars 2025 la création d’une « Nouvelle Banque du Kivu » pour pallier le manque de liquidité dans les zones sous contrôle du M23, une initiative dénoncée comme illégale par les autorités congolaises. Selon Africa Infos, cette banque vise à centraliser les ressources pillées, mais Steve Mbikayi, homme politique congolais, a affirmé que les sanctions internationales contre Nangaa rendraient ce projet inopérant. Plus récemment, le 7 avril 2025, Nangaa a lancé la CADECO (Caisse générale d’épargne du Congo), une structure parallèle pour soi-disant relancer l’économie locale, mais Radio Okapi rapporte que la direction générale de la CADECO officielle a dénoncé cette initiative comme une fraude, accusant le M23 de vouloir légitimer son pillage des ressources.

L’opportunisme au service d’une cause illégale au Sud-Kivu

Emmanuel Birato Rwihimba, alias Manu Birato, nommé lui aussi gouverneur du Sud-Kivu le 28 février 2025, incarne l’opportunisme au cœur de cette entreprise rebelle. Homme d’affaires originaire de Bukavu, il a navigué entre les sphères politiques congolaises, passant du PPRD de Joseph Kabila, de l’UNC de Vital Kamerhe, à l’Union sacrée de la nation sous Félix Tshisekedi, avant de rejoindre l’AFC/M23 après un exil en Belgique. Son parcours, marqué par des allégeances changeantes et une rupture avec Vital Kamerhe en 2019, révèle un homme prêt à saisir toute opportunité, même au prix de la trahison et de sang. Sa nomination n’est pas le fruit d’un mérite, mais d’un calcul pour rallier des élites locales à une cause illégitime.

Une gouvernance sous le joug de la violence

À Bukavu, Birato est assisté par Dunia Masumbuko Bwenge et Juvénal Gishinge Gasinzira, chargés respectivement des affaires politiques et économiques. Mais cette administration autoproclamée opère dans un climat de peur. Selon le journal Le Monde, les rebelles du M23 imposent leur autorité par la terreur, avec des arrestations arbitraires et des exécutions publiques qui sèment la panique parmi la population. Des rapports de l’ONU font état de viols collectifs et d’exécutions sommaires dans le Sud-Kivu sous contrôle du M23, des atrocités qui contredisent les promesses de sécurité de Birato. MSN rapporte que Bukavu est en état d’alerte permanente, avec un exode massif des habitants fuyant la menace rebelle, tandis que le gouverneur légitime du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a alerté sur un « carnage quotidien » dans sa province, dénonçant l’incapacité des forces de l’ordre à protéger les civils.

Depuis mars 2025, l’administration parallèle mise en place par Emmanuel Birato à Bukavu s’est dotée d’une structure plus complète : deux vice-gouverneurs, un maire et plusieurs responsables sectoriels ont été désignés sans aucun mandat légal. Cette expansion institutionnelle autoproclamée vise à imposer une normalisation forcée de l’occupation. Mais loin d’apaiser la situation, ces décisions ont renforcé un climat de répression. Selon l’UNICEF, les violences sexuelles ont atteint une ampleur inédite dans les zones contrôlées par le M23/AFC, où le viol est utilisé comme une arme de guerre. Ce recours systématique à la terreur démystifie le discours sécuritaire de Birato.

La suspension des activités minières formelles, signalée par l’ITSCI, paralyse l’économie locale, tandis que les ressources continuent d’être pillées pour financer les opérations rebelles. Loin d’être un sauveur, Birato est un rouage d’une machine de prédation, où les richesses du Sud-Kivu sont détournées au profit du M23 et de ses alliés dont le Rwanda.

Une stratégie illégale et destructrice

Les nominations de Bahati et Birato sont une provocation directe contre Kinshasa, qui maintient des gouverneurs légitimes dans ces provinces. En instaurant des administrations parallèles, le M23/AFC cherche à se poser en État de fait, une manœuvre dénoncée par un envoyé de l’ONU comme une menace d’expansion vers d’autres provinces. Cette stratégie s’appuie sur la force brute : depuis janvier 2025, le M23 a causé des milliers de morts et déplacé environ un million de personnes, dont 400 000 enfants, déplore l’ONU. Loin de stabiliser, ces gouverneurs autoproclamés aggravent une crise humanitaire déjà qualifiée de « pire au monde » par les Nations Unies. Un rapport récent de l’ONU, publié en avril 2025, souligne que plus de 7 millions de personnes sont déplacées dans l’est de la RDC, avec des besoins humanitaires criants, notamment en matière de nourriture et d’abris, qui restent largement insatisfaits.

Un jeu régional aux conséquences dévastatrices

Le soutien du Rwanda corroboré par des rapports de l’ONU et des sanctions contre des officiers rwandais, place ces nominations dans un contexte régional explosif. Le M23 contrôle désormais près de 20 % du territoire congolais, coupant des routes stratégiques comme celle reliant le Nord-Kivu au Sud-Kivu. Les combats persistants, notamment à Walikale et dans le Sud-Kivu, malgré des appels au cessez-le-feu par l’EAC et la SADC, montrent que ces gouverneurs ne sont que des marionnettes dans un conflit plus large, où les minerais du Kivu financent l’escalade militaire. La BBC rapporte que des affrontements récents dans la région de Masisi, en mars 2025, ont fait des dizaines de morts, illustrant la volatilité persistante de la situation.

Un avenir sombre pour le Kivu

Les sanctions de l’UE et des États-Unis contre des figures du M23, dont Bahati, et les pourparlers avortés à Doha et Luanda illustrent l’impuissance internationale face à cette crise. Le retrait des forces de la SADC, après des pertes face au M23, et l’échec des médiations régionales laissent les civils congolais à la merci des rebelles. Un post du député Steve Mbikayi sur X, datant d’octobre 2024, affirmait déjà que « le M23 est un outil de Kigali pour contrôler les richesses du Kivu », une analyse qui résonne avec les événements actuels, bien que cette information reste à vérifier.

Dans un récent rapport, le Conseil de sécurité des Nations Unies a fermement condamné ces prises de pouvoir illégales et les actes de violence commis par le M23/AFC, tout en pointant la responsabilité du Rwanda dans la poursuite des hostilités. Ces condamnations internationales, bien que nombreuses, peinent encore à enrayer la dynamique expansionniste du groupe rebelle, qui continue d’imposer sa loi par la force, en sapant les fondements mêmes de la souveraineté congolaise.

Les nominations de Joseph Bahati Musanga et Emmanuel Birato Rwihimba ne sont pas des actes de gouvernance, mais des outils d’une occupation illégale. Loin de mériter la moindre considération, ces figures symbolisent l’arrogance d’un mouvement qui prospère sur la souffrance des Congolais. Avec des villes comme Goma et Bukavu à l’arrêt, des marchés paralysés et des millions de déplacés, le M23/AFC ne construit pas un avenir, mais un chaos. La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent redoubler d’efforts pour restaurer la souveraineté nationale et mettre fin à cette mascarade, avant que le Kivu ne s’enfonce davantage dans l’abîme.

Heshima Magazine

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Revanche du sol sur le sous-sol Au Lualaba, l’agriculture sort de l’ombre et prend racine   

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Longtemps perçue comme un bastion minier incontournable, la province du Lualaba, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, amorce un virage inattendu : celui d’un renouveau agricole. Des jeunes entrepreneurs, des coopératives rurales et des ONG locales y initient, loin des projecteurs, une dynamique nouvelle autour de l’agriculture vivrière. Dans une région jadis dominée par l’extraction de cuivre et de cobalt, des exploitations maraîchères émergent désormais sur les terres oubliées. Une reconversion discrète mais prometteuse, qui pourrait redessiner l’économie locale. Heshima Magazine est allé à la rencontre de celles et ceux qui portent cette transition.

Longtemps éclipsée par l’omniprésence de l’industrie minière, l’agriculture dans la province du Lualaba amorce un retour discret mais déterminé. Dans les plaines fertiles qui bordent Kolwezi, les friches d’hier cèdent la place à des champs de maïs, de manioc et de haricots. Cette transformation, encore peu médiatisée, s’inscrit dans une volonté locale de diversifier l’économie, garantir la sécurité alimentaire et générer un emploi durable.

À la tête de cette dynamique, la gouverneure Marie-Thérèse Fifi Masuka Saini, en fonction depuis plus de cinq ans, imprime un cap clair. Inspirée par la vision présidentielle d’un retour stratégique à la terre, celle que le chef de l’État Félix Tshisekedi qualifie de « revanche du sol sur le sous-sol », elle en fait une priorité politique. « Nous faisons de cette vision du chef de l’État une priorité de gouvernance », affirme-t-elle.

Le Lualaba veut rompre avec la dépendance minière

Depuis 2022, le gouvernement provincial du Lualaba a intensifié ses efforts pour revitaliser le secteur agricole. Des campagnes de sensibilisation, des formations aux techniques modernes, la distribution de semences améliorées ainsi que l’accompagnement des coopératives ont été mis en place. Un appui logistique a également été développé pour faciliter l’écoulement des produits vers les marchés.

En janvier 2024, Françoise Mangweji, bourgmestre de la commune de Dilala à Kolwezi, a procédé à la remise d’intrants agricoles aux petits exploitants de sa municipalité. Un geste fort, destiné à inciter les populations à investir davantage dans l’agriculture locale. « Nous devons cesser de dépendre de la Zambie pour notre alimentation. Nous allons tous cultiver, et chaque parcelle nous montrera son champ », a-t-elle lancé, lors de la cérémonie. Revendiquant fièrement son propre parcours, elle a ajouté : « Je vais vous révéler un secret : j’ai grandi et poursuivi toutes mes études, de la primaire à l’université, grâce aux champs. Ma mère, cultivatrice, n’a jamais travaillé dans une entreprise. »

Par ce témoignage, la bourgmestre entend renforcer la valorisation sociale de l’agriculture et inspirer les nouvelles générations.

Du creusage aux cultures, des paysans deviennent entrepreneurs

À une trentaine de kilomètres de Kolwezi, dans le village de Musompo, un mouvement discret mais significatif est en marche : des jeunes abandonnent les mines artisanales pour retourner à la terre. Jean-Michel Kabamba, 31 ans, en est l’un des visages emblématiques. Ancien creuseur, il s’est reconverti dans l’agriculture. « J’ai commencé avec un hectare de maïs. Aujourd’hui, j’en cultive cinq. Grâce au soutien de la coopérative, j’ai accès à un tracteur et je vends mes récoltes au marché de Kolwezi », témoigne-t-il, visiblement fier de son parcours.

Ce retour vers l’agriculture est encouragé par des partenaires comme la FAO et Enabel, qui proposent des formations en agroécologie et soutiennent la mise en place de chaînes de valeur autour du maïs, du soja et du riz.

Dans le territoire de Dilolo, un autre exemple attire l’attention : Jules Kuzunga, jeune riziculteur appuyé par le gouvernement provincial. Il cultive déjà 100 hectares et ambitionne d’en atteindre 500 d’ici la fin de l’année. Une progression qui a valu les félicitations publiques de la gouverneure Fifi Masuka en juin dernier : « L’agriculture est un levier stratégique pour notre jeunesse, notre souveraineté alimentaire et le bien-être de notre population. C’est pourquoi nous en avons fait une priorité », avait-elle déclaré après l’avoir rencontré.

Les coopératives rurales, piliers de la transition agricole

Dans le Lualaba, les coopératives rurales s’imposent progressivement comme des moteurs du changement. Souvent dirigés par des femmes, ces groupements relancent la culture du manioc, du sorgho, des arachides ou encore des légumes-feuilles, avec une logique économique affirmée.

À Lubudi, une coopérative féminine regroupe plus de 40 productrices qui transforment le manioc en chikwangue, revendue jusque dans les marchés de Kolwezi. « Avant, on cultivait pour nourrir la famille. Aujourd’hui, on cultive pour vendre et envoyer nos enfants à l’école », témoigne fièrement Pauline Kapia, présidente du groupement.

Cette dynamique locale est renforcée par un programme agricole quinquennal lancé sous l’impulsion de la gouverneure Fifi Masuka. Ce plan ambitieux prévoit la mise en culture de 10 000 hectares, la structuration de coopératives locales et la création d’une unité de transformation agro-pastorale.

Au-delà des objectifs chiffrés, c’est toute une population — femmes, jeunes, agriculteurs — qui est au cœur de ce projet. Formations, équipements agricoles, accès aux outils de production et à la transformation locale : autant de leviers pour une agriculture plus moderne, génératrice de revenus et d’emplois durables.

L’appui stratégique des miniers, ONG et partenaires

Dans la province du Lualaba, le retour à l’agriculture ne repose pas uniquement sur les initiatives publiques. Plusieurs sociétés minières, ONG et partenaires techniques s’engagent désormais dans cette dynamique de diversification économique. Objectif : faire du sol un levier durable, complémentaire au sous-sol.

Des organisations locales et internationales forment les agriculteurs aux techniques modernes, fournissent des semences améliorées, des outils agricoles, et facilitent l’accès aux marchés. Une coopérative appuie à elle seule plus de 500 familles rurales dans la culture de maïs hybride et la rotation culturale. « Notre objectif est de faire du Lualaba une province nourricière, et pas seulement extractive », résume son coordinateur, Jacques Lunda.

Les entreprises minières ne sont pas en reste. En juin 2024, la société Mutanda Mining, filiale du groupe Glencore en partenariat avec le gouvernement congolais, a lancé avec Equity-BCDC le projet ProAc, dédié au développement du secteur agroalimentaire. Selon le communiqué, ProAc vise à stimuler la diversification économique, promouvoir une agriculture durable, renforcer la sécurité alimentaire, encourager l’inclusion financière et améliorer les conditions de vie des communautés locales.

Alors que le Lualaba demeure l’un des cœurs miniers de la RDC, de plus en plus de voix plaident pour une transition économique maîtrisée. Pour Joseph Ilunga, agronome à la retraite désormais engagé dans l’encadrement des jeunes, la voie est claire : « Le cobalt ne sera pas éternel. Mais la terre, elle, continue de donner… si on la respecte. »

Lualaba, terre de réflexion sur l’agribusiness 

Le 11 avril 2025, la province avait accueilli la toute première édition du Grand Salon de l’Agribusiness et du Digital. Cette édition était axée sur les femmes et les jeunes entrepreneurs du secteur agricole et technologique. « Depuis 2017, nous nous posons cette question essentielle : que mangeons-nous, et qui nourrit les Congolais ? », a déclaré Teddy Kolly,

fondateur du salon, en rappelant les motivations profondes qui ont conduit à la création de ce cadre de réflexion sur l’agriculture et le digital. Selon lui, il faut combattre l’insécurité alimentaire qui est « une arme silencieuse », soulignant l’urgence de « consommer congolais pour transformer économiquement le pays. » 

Le ministre provincial des Affaires foncières, Agriculture, Pêche et Élevage, qui a pris part à l’ouverture de ce salon, avait reconnu que des tels événements ouvrent « des opportunités concrètes pour le monde agricole et numérique.» Le ministre Jean-Pierre Kalenga Mupataie avait aussi rendu hommage au président de la République, Félix Tshisekedi, pour « sa vision axée sur les chaînes de valeur agricoles. » Mais également à la cheffe du gouvernement provincial pour « son leadership décisif », plaidant pour un meilleur accès aux semences, engrais, pesticides et à l’exportation.

Des défis à surmonter pour consolider les acquis

Malgré les avancées enregistrées, le secteur agricole du Lualaba fait encore face à certains obstacles structurels. L’accès irrégulier à l’eau, le déficit d’infrastructures rurales, la faiblesse des investissements privés et les difficultés d’accès au crédit ralentissent son essor.

Pourtant, sur le terrain, l’engagement reste fort. Serge Mulumba, coordonnateur de la Réserve stratégique générale, salue « le courage et la résilience remarquables » des jeunes entrepreneurs agricoles. Un engagement également reconnu par la bourgmestre de Dilala lors d’une récente distribution d’intrants agricoles : « Vous êtes des gens à respecter, car c’est vous qui cherchez le développement et mettez fin à la faim dans notre province du Lualaba. » Le changement climatique complique aussi les calendriers agricoles, rendant les saisons plus incertaines. « Il nous faut des routes, des silos, des intrants abordables et un vrai soutien bancaire », souligne un responsable de coopérative à Fungurume.

Face à ces défis, la gouverneure Fifi Masuka a prévu une série de mesures concrètes dans le cadre de son programme quinquennal. L’objectif est clair : lever progressivement les obstacles qui freinent encore le plein potentiel de l’agriculture locale, et bâtir un avenir plus résilient pour les communautés rurales.

Heshima 

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Jean-Marie Kaseya, incarne la stabilité institutionnelle   

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Président de l’Assemblée provinciale du Lualaba depuis février 2024, Jean-Marie Kaseya Tshingambo, 54 ans, incarne une figure de rigueur et de cohérence au sein des institutions provinciales. À la tête de l’hémicycle pour la législature 2023–2028, il s’affirme comme l’un des piliers du dialogue interinstitutionnel. Sa ligne directrice est sans ambiguïté : stabilité politique et développement provincial. Grâce à son leadership pondéré et à sa capacité d’écoute, le Lualaba reste à l’écart des crises qui minent d’autres entités territoriales. Une posture de médiateur assumée, qui fait de lui l’un des artisans silencieux de la cohésion institutionnelle au sein de cette province stratégique.

Si la province du Lualaba jouit aujourd’hui d’une relative stabilité institutionnelle, c’est en grande partie grâce à l’approche conciliante du bureau de l’Assemblée provinciale, dirigé par Jean-Marie Kaseya. À l’écoute de l’exécutif, sans jamais renier l’indépendance de l’institution qu’il préside, il s’inscrit dans une logique de complémentarité. Une posture qui lui permet de revendiquer, non sans fierté, les avancées concrètes observées sur le terrain. « Comme je le dis toujours : j’œuvre pour la stabilité des institutions et pour le chef de l’État », a-t-il affirmé en juin dernier, saluant les nombreuses réalisations récemment inaugurées au Lualaba par le président Félix Tshisekedi, dont le village des Congrès.

Pour Jean-Marie Kaseya, la clé du développement du Lualaba réside dans la stabilité entre l’exécutif et l’organe délibérant. Avant la série d’inaugurations publiques de juin, la gouverneure Fifi Masuka avait convié les députés à une visite d’inspection des chantiers à Kolwezi. Le président de l’Assemblée provinciale s’est dit impressionné par l’ampleur des réalisations : « Je suis épaté. Je vis au Lualaba, mais je ne pouvais imaginer des infrastructures d’un tel standing. J’ai eu l’impression d’être à Indaba, en Afrique du Sud », a-t-il déclaré. Pour lui, ces avancées sont le fruit direct d’une collaboration institutionnelle apaisée : « Sans stabilité, il ne peut y avoir de développement. La coopération entre l’Assemblée provinciale et l’exécutif permet à la gouverneure de dérouler le plan quinquennal 2024–2028. »

Hommage appuyé à la gouverneure Masuka

Début juillet, à la clôture de la session de mars, l’Assemblée provinciale du Lualaba a décerné à la gouverneure Fifi Masuka un « diplôme de bâtisseur », saluant ses réalisations infrastructurelles. Dans son discours, le président Jean-Marie Kaseya a souligné la détermination de l’exécutif provincial à transformer la province et a réitéré l’engagement de l’organe délibérant à l’accompagner dans cette dynamique. « Même ceux qui viendront après reconnaîtront que le Lualaba a eu la chance d’être dirigé par une femme comme Fifi Masuka », a-t-il lancé, convaincu que l’action de la gouverneure marquera durablement l’histoire de la province.

Heshima 

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Clément Mufundji Tshinat, un parcours bâti sur l’expérience 

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En fonction depuis juillet 2024 aux côtés de la gouverneure Fifi Masuka, Clément Mufundji Tshinat Karl s’impose comme une voix qui compte dans la gouvernance provinciale du Lualaba. Issu des rangs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ce cadre chevronné a gravi les échelons depuis la base, jusqu’à s’inscrire aujourd’hui dans un tandem exécutif engagé à faire bouger les lignes dans une province minière en pleine expansion. Portrait d’un acteur discret, mais déterminant.

Depuis son investiture en 2024, Clément Mufundji Tshinat Karl, 66 ans, s’est affirmé comme l’un des piliers de l’exécutif provincial du Lualaba. Vice-gouverneur d’une province au cœur de la richesse minière congolaise, il se trouve aujourd’hui à l’intersection des enjeux politiques, sociaux et économiques les plus pressants. Docteur à thèse, ancien ministre provincial de l’Environnement puis des Finances, il apporte à ses fonctions une expertise rare, qu’il met au service d’un tandem exécutif solidement formé avec la gouverneure Fifi Masuka.

Un parcours forgé par l’expérience et la rigueur technique

Né en 1959 à Lubumbashi, Clément Mufundji Tshinat a bâti son ascension politique dans l’ex-Katanga, avec un enracinement profond dans sa province d’origine, le Lualaba. « J’ai commencé la politique à 20 ans. J’étais conseiller municipal dans la commune de Dilala, puis conseiller urbain à Kolwezi, avant de devenir bourgmestre adjoint de Dilala », se souvenait-il dans une émission dédiée à son parcours.

Élu député provincial du Grand Katanga dès les élections de 2006, il s’illustre au sein de l’Assemblée provinciale comme président de la Commission économique et financière (ECOFIN). Son travail législatif marquant inclut l’initiative de l’édit sur la sous-traitance, qui servira de base à la future loi nationale adoptée par le Parlement. Il contribue également à la mise en place de la Direction des régies financières du Katanga (DIRKAT), aujourd’hui modèle pour d’autres entités provinciales. En 2023, il est de nouveau plébiscité dans les urnes, cette fois comme député provincial de l’UDPS pour la circonscription de Mutshatsha.

Un fédéraliste et partisan de l’équité 

Clément Mufundji s’exprime rarement. Mais lorsqu’il prend la parole, c’est pour défendre des idées structurantes. En novembre 2024, alors que le débat sur une éventuelle réforme constitutionnelle refait surface, il plaide publiquement pour la création d’un Conseil économique et social à la fois au niveau national et dans chaque province.

Selon lui, une telle institution permettrait d’orienter les politiques de développement de manière équilibrée, en veillant à ce qu’aucune entité territoriale ne soit marginalisée. « Nous devons garantir une équité réelle entre les provinces, surtout depuis le dernier découpage territorial », insiste-t-il.

Fervent partisan du fédéralisme, Clément Mufundji estime que la Constitution actuelle a déjà jeté les bases d’un véritable État décentralisé. À ses yeux, elle prolonge, dans l’esprit, la dynamique enclenchée par la Constitution de Luluabourg de 1964, en redonnant aux provinces une autonomie effective dans la gestion de leurs affaires.

Un tandem solide avec Fifi Masuka

Figure d’expérience au Lualaba, Clément Mufundji Tshinat Karl forme aujourd’hui un binôme exécutif stratégique avec la gouverneure Fifi Masuka. Ensemble, ils portent un mandat exigeant : conduire le développement d’une jeune province, au sous-sol riche mais aux défis multiples.

« Je connais son patriotisme. Je connais l’amour qu’elle porte à cette province », confie-t-il à propos de sa collaboratrice. Un respect mutuel semble cimenter leur gouvernance.

Convaincu de la mission qui leur incombe, il insiste : « Nous avons été amenés à la tête du Lualaba pour relever des défis ». Dans un territoire en pleine mutation, le duo avance à un rythme soutenu, entre chantiers d’infrastructures, réformes locales et mise en valeur des ressources. Une gouvernance à deux voix, mais unie par une même vision.

Heshima

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