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RDC : Un nouveau dialogue inclusif interne est-il encore possible ?
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La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise multidimensionnelle où les violences dans l’Est, les divisions politiques et une catastrophe humanitaire sans précédent s’entrelacent pour menacer l’avenir du pays. L’idée d’un dialogue national inclusif, portée par des voix politiques, religieuses et civiles, ressurgit comme une tentative de réponse à ce chaos. Mais dans un contexte où les fractures internes s’aggravent, où les ingérences régionales brouillent les cartes et où les exigences des parties prenantes divergent radicalement, un tel processus peut-il encore voir le jour ? Entre l’offensive brutale du M23, les ambitions troubles de Joseph Kabila, les dissensions de l’opposition et les efforts laborieux de médiation, le chemin vers la réconciliation semble plus incertain que jamais. Pourtant, l’urgence d’un dialogue pour éviter l’irréparable n’a jamais été aussi criante.
Le M23 et l’ombre rwandaise : un conflit régionalisé
Dans l’Est de la RDC, la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) continue de semer la terreur et de déstabiliser une région déjà fragile. En janvier 2025, le groupe a capturé Goma, suivi de Bukavu en février, marquant une escalade dramatique du conflit. Cette offensive a aggravé une crise humanitaire colossale : des millions de personnes, déracinées, vivent dans des camps surpeuplés, confrontées à des pénuries alimentaires, à un manque d’accès aux soins et à des épidémies croissantes de choléra, comme le rapporte l’Organisation mondiale de la santé. Les témoignages relayés sur les réseaux sociaux, notamment par des observateurs locaux, décrivent une population épuisée, prise en étau entre les combats et l’absence de perspectives.
L’implication du Rwanda dans ce conflit est désormais indéniable. De nombreux rapports, tant du Gouvernement congolais que des Nations unies, ainsi que les sanctions américaines visant l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition incluant le M23, accusent explicitement Kigali de fournir un soutien militaire direct, comprenant armes, soldats, renseignements et assistance logistique. Les preuves s’accumulent : témoignages d’anciens combattants, images satellites et analyses d’experts confirment la présence de troupes rwandaises en milliers aux côtés des rebelles. Cette ingérence régionale est une crise géopolitique majeure, où les enjeux économiques, notamment liés à l’exploitation des minerais congolais, rendent toute tentative de résolution d’autant plus complexe.
Les efforts internationaux pour désamorcer la crise ont jusqu’ici échoué à produire des résultats durables. Les pourparlers de Doha, initiés en avril 2025 sous médiation qatarie, ont permis un cessez-le-feu temporaire, mais les négociations piétinent. Le M23 exige des garanties politiques, comme une reconnaissance de ses revendications territoriales et une amnistie pour ses leaders, des conditions jugées inacceptables par Kinshasa. Parallèlement, des discussions menées à Washington autour d’un possible « deal minerais contre sécurité », un accord économique pour l’exploitation exclusive des minerais rares contre le retrait des troupes rwandaises sur le sol congolais et également la sécurisation des zones minières de l’Est demeurent floues faute de communication à ce sujet, alimentant ainsi la méfiance de l’opposition politique, qui redoute une mainmise étrangère sur les ressources du pays. Sur le terrain, la population semble toutefois soutenir cette démarche, à condition qu’elle mette définitivement fin aux conflits récurrents et que l’État congolais y joue un rôle central.
Les accusations de crimes de guerre viennent encore compliquer la donne. Un rapport d’Amnesty International publié en mai 2025 documente des atrocités commises par le M23 à Goma et Bukavu : exécutions sommaires, tortures systématiques, disparitions forcées. Des témoignages glaçants décrivent l’usage de marteaux, de câbles électriques et de crosses de fusil pour infliger des sévices aux congolais, souvent ciblés sur des zones sensibles du corps. Des familles sont contraintes de payer des rançons exorbitantes pour libérer leurs proches, tandis que d’autres pleurent des milliers de disparus, sans nouvelles de leur sort. Ces exactions, perpétrées sous l’égide de Kigali, renforcent les appels à une intervention internationale plus musclée, mais surout les réticences à inclure le M23 dans un dialogue sans justice préalable.
Joseph Kabila : un retour calculé dans un climat explosif
L’ombre de Joseph Kabila, président de la RDC de 2001 à 2019, plane sur la crise actuelle. En « retrait officielle » de la scène politique depuis son départ du pouvoir selon ses proches, il reste une figure polarisante, accusée par Kinshasa et de nombreux organisations de la société civile de soutenir la rébellion soutenue par Paul Kagame, l’AFC/M23. Le 22 mai courant, le Sénat congolais a levé son immunité parlementaire, ouvrant la voie à des poursuites pour trahison et insurrection. L’arrivée de kabila à Goma, une ville pourtant sous contrôle rebelle, où il a lancé des « consultations » est mal perçue par le pouvoir.
Lors de son discours en ligne du 23 mai dernier, Kabila a multiplié les déclarations incendiaires, conditionnant toute perspective de dialogue au départ, sans négociations aucunes, du Président Félix Tshisekedi. Il a présenté sa « solution globale » à la guerre menée contre la RDC, articulée autour de douze recommandations, en insistant sur la nécessité d’un « dialogue inclusif » et d’une « refondation de l’État ».
Ses proches, dont Kikaya Bin Karubi, justifient ses démarches en affirmant qu’un dialogue avec l’AFC et le M23 est nécessaire pour « sauver le Congo ». Mais ces prises de position creusent le fossé avec Kinshasa, qui y voit une menace directe à l’unité nationale. Pour le gouvernement congolais, il est impératif de prendre en compte les crimes commis et d’en assurer la justice. La condamnation à mort pour trahison et insurrection de Corneille Nangaa, proche de Kabila, ancien président de la commission électorale et leader de l’AFC, illustre l’ampleur des fractures. Le jeudi 29 mai, Joseph Kabila est apparu pour la première fois en public depuis son arrivée à Goma. Dans son entourage, certaines figures politiques étaient présentes : Moise Nyarugabo, Kikaya Bin Karubi, Patient Sayiba et le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka.
Kabila, par ses silences et ses interventions ciblées, incarne une énigme. Est-il un acteur de l’ombre soutenant la rébellion pour déstabiliser le pouvoir, ou un opportuniste cherchant à capitaliser sur le chaos ? Sa présence à Goma, saluée par les rebelles, a exacerbé les tensions, transformant chaque geste en un symbole de division. Pour beaucoup, son rôle compromet les chances d’un dialogue véritable, tant il cristallise les méfiances mutuelles.
Une opposition fragmentée : entre ambitions et désunion
Martin Fayulu, Moïse Katumbi et leurs partis respectifs jouent un rôle central dans la crise politique actuelle. Leurs positions et alliances pourraient peser sur l’issue des tensions. S’ils soutiennent tous deux l’initiative de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), leurs exigences et attentes divergent, ce qui risque de compliquer les négociations. Par ailleurs, la condamnation des opposants Augustin Matata Ponyo et Corneille Nangaa, ainsi que la demande de dissolution des partis politiques de Joseph Kabila, Nangaa, Franck Diongo et Thomas Lubanga pour participation à des rébellions armées, ajoutent une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà explosive.
La volonté de Félix Tshisekedi de former un gouvernement d’union nationale à travers des consultations menées par son conseiller spécial en matière de sécurité, Eberande Kolongele, a suscité davantage de méfiance que d’adhésion. L’opposition y a vu une tentative de légitimer le statu quo, tandis que le pouvoir a catégoriquement refusé d’inclure des figures liées aux rébellions dans ces consultations, clôturées le 8 avril 2025. Un député du parti présidentiel résume l’impasse : « Comment dialoguer avec ceux qui orchestrent des massacres dans l’Est du pays ? » Une question qui résonne avec les accusations visant Corneille Nangaa et ses alliés, et met en lumière le cœur du dilemme : bâtir un dialogue inclusif sans sacrifier l’exigence de justice.
La CENCO et l’ECC : des médiateurs sous pression
Les institutions religieuses, notamment la CENCO et l’ECC, tentent de jouer un rôle de médiation à travers leur Pacte social pour la paix, lancé en janvier 2025. Leur initiative vise à créer un cadre « neutre » pour un dialogue inclusif, incluant l’opposition politique et l’AFC/M23. Elle a reçu le soutien non seulement de Fayulu et Katumbi, comme mentionné précédemment, mais aussi celui de Kabila, ainsi que d’une partie de la société civile.
En février 2025, une délégation de ces institutions a rencontré, entre autres, des représentants du M23 à Goma, les présidents rwandais, ougandais, congolais (Brazzaville) et angolais, ainsi que l’ancien président Joseph Kabila. Cette démarche audacieuse avait pour but de promouvoir une feuille de route vers la paix.
Cependant, leur crédibilité est mise à l’épreuve. Des voix, notamment au sein du parti Le Centre, les accusent de partialité, leur reprochant une proximité avec l’opposition radicale. À ces critiques s’ajoute la révélation embarrassante de leur financement partiel par le Rwanda et certains acteurs de l’opposition, un aveu qui a jeté le doute sur leur neutralité affichée. Ces éléments, largement relayés par les médias locaux, sapent leur légitimité et leur capacité à fédérer. Les contradictions entre la volonté affichée d’apaisement et les lignes rouges du pouvoir illustrent la complexité de la tâche des médiateurs.
Les efforts internationaux : une lueur d’espoir fragile
À l’échelle internationale, plusieurs initiatives tentent de contenir la crise. La médiation angolaise, soutenue par l’Union africaine, a permis des discussions régionales, tandis qu’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies en février 2025 a appelé à un cessez-le-feu durable et à des sanctions renforcées contre les soutiens du M23. Les pourparlers de Doha, bien que prometteurs, n’ont pour le moment, abouti qu’à des accords précaires, souvent violés sur le terrain. Des observateurs internationaux notent que ces cessez-le-feu fragiles ne résistent pas aux ambitions territoriales des rebelles et aux ingérences extérieures.
Les discussions à Washington, axées sur un échange « minerais contre sécurité » censées mettre fin définitivement aux centaines de groupes armés en RDC, suscitent autant d’espoir que d’inquiétudes.
« C’est une opportunité historique de stabilisation de la région », défend un diplomate occidental à Kinshasa sous couvert d’anonymat. « Les USA veulent une place de choix dans les mines du Congo et la RDC a besoin de paix pour développer son pays. Tout le monde y gagne. »
La crainte d’une internationalisation excessive du conflit persiste est aussi là. Des puissances comme la Chine, très présente dans le secteur minier congolais, observent la situation de près, alimentant les inquiétudes d’une nouvelle forme de conflit en RDC. « Les solutions imposées de l’extérieur ne feront que prolonger notre souffrance », tonne un activiste de Goma, résumant le sentiment de nombreux Congolais qui y voient une menace de déstabilisation sous une autre forme.
Un dialogue inclusif : illusion ou ultime recours ?
La question de la faisabilité d’un dialogue inclusif repose sur une équation presque insoluble. D’un côté, Kabila et ses alliés exigent une transition politique et le départ de Tshisekedi comme préalable à toute discussion. De l’autre, le pouvoir refuse tout dialogue avec des acteurs liés aux rebellions, invoquant la nécessité de justice pour les victimes de Nord-Kivu et Sud-Kivu. Entre ces positions irréconciliables, la CENCO et l’ECC tentent de tracer une voie médiane, mais leur influence reste limitée face aux méfiances accumulées.
Les atrocités documentées par Amnesty International, combinées aux ingérences régionales, rendent l’inclusion du M23 dans un dialogue politiquement et moralement problématique si justice n’est pas faite. Pourtant, exclure les rebelles risque de prolonger le conflit armé, au détriment d’une population déjà à bout. Les sanctions internationales, les pourparlers de Doha et les discussions de Washingtons pourraient offrir un levier, mais leur impact dépendra de la volonté des protagonistes et acteurs congolais de faire des compromis.
L’étau se resserre, l’urgence s’impose
En RDC, le temps joue contre la paix. Chaque jour renforce l’enracinement des crises sécuritaire, politique, humanitaire, tandis que les acteurs, englués dans leurs rivalités, semblent incapables de saisir l’urgence. Un dialogue inclusif, s’il devait émerger, devra surmonter des défis titanesques : apaiser les revendications contradictoires, répondre aux exigences de justice pour les victimes des crimes de guerre, neutraliser les ingérences régionales et, surtout, restaurer une confiance érodée par des décennies de trahisons.
Entre les ambitions politiques affirmées de Kabila, la guerre menée par le Rwanda, les divisions au sein de l’opposition, les pressions internationales, la lassitude d’une population exsangue et la détermination du gouvernement congolais à mettre définitivement fin aux crises sécuritaires, la fenêtre d’opportunité se rétrécit. La réponse à la question : un nouveau dialogue inclusif est-il encore possible ? dépendra de la capacité des Congolais à transcender leurs fractures. Faute d’un sursaut national, la RDC pourrait plonger plus profond encore dans le chaos, abandonnant un peuple résilient mais épuisé par trois décennies de violences récurrentes, assoiffé d’une paix tant promise.
Heshima Magazine
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Revanche du sol sur le sous-sol Au Lualaba, l’agriculture sort de l’ombre et prend racine
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9 heures agoon
septembre 11, 2025By
La redaction
Longtemps perçue comme un bastion minier incontournable, la province du Lualaba, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, amorce un virage inattendu : celui d’un renouveau agricole. Des jeunes entrepreneurs, des coopératives rurales et des ONG locales y initient, loin des projecteurs, une dynamique nouvelle autour de l’agriculture vivrière. Dans une région jadis dominée par l’extraction de cuivre et de cobalt, des exploitations maraîchères émergent désormais sur les terres oubliées. Une reconversion discrète mais prometteuse, qui pourrait redessiner l’économie locale. Heshima Magazine est allé à la rencontre de celles et ceux qui portent cette transition.
Longtemps éclipsée par l’omniprésence de l’industrie minière, l’agriculture dans la province du Lualaba amorce un retour discret mais déterminé. Dans les plaines fertiles qui bordent Kolwezi, les friches d’hier cèdent la place à des champs de maïs, de manioc et de haricots. Cette transformation, encore peu médiatisée, s’inscrit dans une volonté locale de diversifier l’économie, garantir la sécurité alimentaire et générer un emploi durable.
À la tête de cette dynamique, la gouverneure Marie-Thérèse Fifi Masuka Saini, en fonction depuis plus de cinq ans, imprime un cap clair. Inspirée par la vision présidentielle d’un retour stratégique à la terre, celle que le chef de l’État Félix Tshisekedi qualifie de « revanche du sol sur le sous-sol », elle en fait une priorité politique. « Nous faisons de cette vision du chef de l’État une priorité de gouvernance », affirme-t-elle.
Le Lualaba veut rompre avec la dépendance minière
Depuis 2022, le gouvernement provincial du Lualaba a intensifié ses efforts pour revitaliser le secteur agricole. Des campagnes de sensibilisation, des formations aux techniques modernes, la distribution de semences améliorées ainsi que l’accompagnement des coopératives ont été mis en place. Un appui logistique a également été développé pour faciliter l’écoulement des produits vers les marchés.
En janvier 2024, Françoise Mangweji, bourgmestre de la commune de Dilala à Kolwezi, a procédé à la remise d’intrants agricoles aux petits exploitants de sa municipalité. Un geste fort, destiné à inciter les populations à investir davantage dans l’agriculture locale. « Nous devons cesser de dépendre de la Zambie pour notre alimentation. Nous allons tous cultiver, et chaque parcelle nous montrera son champ », a-t-elle lancé, lors de la cérémonie. Revendiquant fièrement son propre parcours, elle a ajouté : « Je vais vous révéler un secret : j’ai grandi et poursuivi toutes mes études, de la primaire à l’université, grâce aux champs. Ma mère, cultivatrice, n’a jamais travaillé dans une entreprise. »
Par ce témoignage, la bourgmestre entend renforcer la valorisation sociale de l’agriculture et inspirer les nouvelles générations.
Du creusage aux cultures, des paysans deviennent entrepreneurs
À une trentaine de kilomètres de Kolwezi, dans le village de Musompo, un mouvement discret mais significatif est en marche : des jeunes abandonnent les mines artisanales pour retourner à la terre. Jean-Michel Kabamba, 31 ans, en est l’un des visages emblématiques. Ancien creuseur, il s’est reconverti dans l’agriculture. « J’ai commencé avec un hectare de maïs. Aujourd’hui, j’en cultive cinq. Grâce au soutien de la coopérative, j’ai accès à un tracteur et je vends mes récoltes au marché de Kolwezi », témoigne-t-il, visiblement fier de son parcours.
Ce retour vers l’agriculture est encouragé par des partenaires comme la FAO et Enabel, qui proposent des formations en agroécologie et soutiennent la mise en place de chaînes de valeur autour du maïs, du soja et du riz.
Dans le territoire de Dilolo, un autre exemple attire l’attention : Jules Kuzunga, jeune riziculteur appuyé par le gouvernement provincial. Il cultive déjà 100 hectares et ambitionne d’en atteindre 500 d’ici la fin de l’année. Une progression qui a valu les félicitations publiques de la gouverneure Fifi Masuka en juin dernier : « L’agriculture est un levier stratégique pour notre jeunesse, notre souveraineté alimentaire et le bien-être de notre population. C’est pourquoi nous en avons fait une priorité », avait-elle déclaré après l’avoir rencontré.
Les coopératives rurales, piliers de la transition agricole

Dans le Lualaba, les coopératives rurales s’imposent progressivement comme des moteurs du changement. Souvent dirigés par des femmes, ces groupements relancent la culture du manioc, du sorgho, des arachides ou encore des légumes-feuilles, avec une logique économique affirmée.
À Lubudi, une coopérative féminine regroupe plus de 40 productrices qui transforment le manioc en chikwangue, revendue jusque dans les marchés de Kolwezi. « Avant, on cultivait pour nourrir la famille. Aujourd’hui, on cultive pour vendre et envoyer nos enfants à l’école », témoigne fièrement Pauline Kapia, présidente du groupement.
Cette dynamique locale est renforcée par un programme agricole quinquennal lancé sous l’impulsion de la gouverneure Fifi Masuka. Ce plan ambitieux prévoit la mise en culture de 10 000 hectares, la structuration de coopératives locales et la création d’une unité de transformation agro-pastorale.
Au-delà des objectifs chiffrés, c’est toute une population — femmes, jeunes, agriculteurs — qui est au cœur de ce projet. Formations, équipements agricoles, accès aux outils de production et à la transformation locale : autant de leviers pour une agriculture plus moderne, génératrice de revenus et d’emplois durables.
L’appui stratégique des miniers, ONG et partenaires
Dans la province du Lualaba, le retour à l’agriculture ne repose pas uniquement sur les initiatives publiques. Plusieurs sociétés minières, ONG et partenaires techniques s’engagent désormais dans cette dynamique de diversification économique. Objectif : faire du sol un levier durable, complémentaire au sous-sol.
Des organisations locales et internationales forment les agriculteurs aux techniques modernes, fournissent des semences améliorées, des outils agricoles, et facilitent l’accès aux marchés. Une coopérative appuie à elle seule plus de 500 familles rurales dans la culture de maïs hybride et la rotation culturale. « Notre objectif est de faire du Lualaba une province nourricière, et pas seulement extractive », résume son coordinateur, Jacques Lunda.
Les entreprises minières ne sont pas en reste. En juin 2024, la société Mutanda Mining, filiale du groupe Glencore en partenariat avec le gouvernement congolais, a lancé avec Equity-BCDC le projet ProAc, dédié au développement du secteur agroalimentaire. Selon le communiqué, ProAc vise à stimuler la diversification économique, promouvoir une agriculture durable, renforcer la sécurité alimentaire, encourager l’inclusion financière et améliorer les conditions de vie des communautés locales.
Alors que le Lualaba demeure l’un des cœurs miniers de la RDC, de plus en plus de voix plaident pour une transition économique maîtrisée. Pour Joseph Ilunga, agronome à la retraite désormais engagé dans l’encadrement des jeunes, la voie est claire : « Le cobalt ne sera pas éternel. Mais la terre, elle, continue de donner… si on la respecte. »
Lualaba, terre de réflexion sur l’agribusiness
Le 11 avril 2025, la province avait accueilli la toute première édition du Grand Salon de l’Agribusiness et du Digital. Cette édition était axée sur les femmes et les jeunes entrepreneurs du secteur agricole et technologique. « Depuis 2017, nous nous posons cette question essentielle : que mangeons-nous, et qui nourrit les Congolais ? », a déclaré Teddy Kolly,
fondateur du salon, en rappelant les motivations profondes qui ont conduit à la création de ce cadre de réflexion sur l’agriculture et le digital. Selon lui, il faut combattre l’insécurité alimentaire qui est « une arme silencieuse », soulignant l’urgence de « consommer congolais pour transformer économiquement le pays. »
Le ministre provincial des Affaires foncières, Agriculture, Pêche et Élevage, qui a pris part à l’ouverture de ce salon, avait reconnu que des tels événements ouvrent « des opportunités concrètes pour le monde agricole et numérique.» Le ministre Jean-Pierre Kalenga Mupataie avait aussi rendu hommage au président de la République, Félix Tshisekedi, pour « sa vision axée sur les chaînes de valeur agricoles. » Mais également à la cheffe du gouvernement provincial pour « son leadership décisif », plaidant pour un meilleur accès aux semences, engrais, pesticides et à l’exportation.
Des défis à surmonter pour consolider les acquis
Malgré les avancées enregistrées, le secteur agricole du Lualaba fait encore face à certains obstacles structurels. L’accès irrégulier à l’eau, le déficit d’infrastructures rurales, la faiblesse des investissements privés et les difficultés d’accès au crédit ralentissent son essor.
Pourtant, sur le terrain, l’engagement reste fort. Serge Mulumba, coordonnateur de la Réserve stratégique générale, salue « le courage et la résilience remarquables » des jeunes entrepreneurs agricoles. Un engagement également reconnu par la bourgmestre de Dilala lors d’une récente distribution d’intrants agricoles : « Vous êtes des gens à respecter, car c’est vous qui cherchez le développement et mettez fin à la faim dans notre province du Lualaba. » Le changement climatique complique aussi les calendriers agricoles, rendant les saisons plus incertaines. « Il nous faut des routes, des silos, des intrants abordables et un vrai soutien bancaire », souligne un responsable de coopérative à Fungurume.
Face à ces défis, la gouverneure Fifi Masuka a prévu une série de mesures concrètes dans le cadre de son programme quinquennal. L’objectif est clair : lever progressivement les obstacles qui freinent encore le plein potentiel de l’agriculture locale, et bâtir un avenir plus résilient pour les communautés rurales.
Heshima
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Jean-Marie Kaseya, incarne la stabilité institutionnelle
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9 heures agoon
septembre 11, 2025By
La redaction
Président de l’Assemblée provinciale du Lualaba depuis février 2024, Jean-Marie Kaseya Tshingambo, 54 ans, incarne une figure de rigueur et de cohérence au sein des institutions provinciales. À la tête de l’hémicycle pour la législature 2023–2028, il s’affirme comme l’un des piliers du dialogue interinstitutionnel. Sa ligne directrice est sans ambiguïté : stabilité politique et développement provincial. Grâce à son leadership pondéré et à sa capacité d’écoute, le Lualaba reste à l’écart des crises qui minent d’autres entités territoriales. Une posture de médiateur assumée, qui fait de lui l’un des artisans silencieux de la cohésion institutionnelle au sein de cette province stratégique.
Si la province du Lualaba jouit aujourd’hui d’une relative stabilité institutionnelle, c’est en grande partie grâce à l’approche conciliante du bureau de l’Assemblée provinciale, dirigé par Jean-Marie Kaseya. À l’écoute de l’exécutif, sans jamais renier l’indépendance de l’institution qu’il préside, il s’inscrit dans une logique de complémentarité. Une posture qui lui permet de revendiquer, non sans fierté, les avancées concrètes observées sur le terrain. « Comme je le dis toujours : j’œuvre pour la stabilité des institutions et pour le chef de l’État », a-t-il affirmé en juin dernier, saluant les nombreuses réalisations récemment inaugurées au Lualaba par le président Félix Tshisekedi, dont le village des Congrès.
Pour Jean-Marie Kaseya, la clé du développement du Lualaba réside dans la stabilité entre l’exécutif et l’organe délibérant. Avant la série d’inaugurations publiques de juin, la gouverneure Fifi Masuka avait convié les députés à une visite d’inspection des chantiers à Kolwezi. Le président de l’Assemblée provinciale s’est dit impressionné par l’ampleur des réalisations : « Je suis épaté. Je vis au Lualaba, mais je ne pouvais imaginer des infrastructures d’un tel standing. J’ai eu l’impression d’être à Indaba, en Afrique du Sud », a-t-il déclaré. Pour lui, ces avancées sont le fruit direct d’une collaboration institutionnelle apaisée : « Sans stabilité, il ne peut y avoir de développement. La coopération entre l’Assemblée provinciale et l’exécutif permet à la gouverneure de dérouler le plan quinquennal 2024–2028. »
Hommage appuyé à la gouverneure Masuka

Début juillet, à la clôture de la session de mars, l’Assemblée provinciale du Lualaba a décerné à la gouverneure Fifi Masuka un « diplôme de bâtisseur », saluant ses réalisations infrastructurelles. Dans son discours, le président Jean-Marie Kaseya a souligné la détermination de l’exécutif provincial à transformer la province et a réitéré l’engagement de l’organe délibérant à l’accompagner dans cette dynamique. « Même ceux qui viendront après reconnaîtront que le Lualaba a eu la chance d’être dirigé par une femme comme Fifi Masuka », a-t-il lancé, convaincu que l’action de la gouverneure marquera durablement l’histoire de la province.
Heshima
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Clément Mufundji Tshinat, un parcours bâti sur l’expérience
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1 jour agoon
septembre 10, 2025By
La redaction
En fonction depuis juillet 2024 aux côtés de la gouverneure Fifi Masuka, Clément Mufundji Tshinat Karl s’impose comme une voix qui compte dans la gouvernance provinciale du Lualaba. Issu des rangs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ce cadre chevronné a gravi les échelons depuis la base, jusqu’à s’inscrire aujourd’hui dans un tandem exécutif engagé à faire bouger les lignes dans une province minière en pleine expansion. Portrait d’un acteur discret, mais déterminant.
Depuis son investiture en 2024, Clément Mufundji Tshinat Karl, 66 ans, s’est affirmé comme l’un des piliers de l’exécutif provincial du Lualaba. Vice-gouverneur d’une province au cœur de la richesse minière congolaise, il se trouve aujourd’hui à l’intersection des enjeux politiques, sociaux et économiques les plus pressants. Docteur à thèse, ancien ministre provincial de l’Environnement puis des Finances, il apporte à ses fonctions une expertise rare, qu’il met au service d’un tandem exécutif solidement formé avec la gouverneure Fifi Masuka.
Un parcours forgé par l’expérience et la rigueur technique
Né en 1959 à Lubumbashi, Clément Mufundji Tshinat a bâti son ascension politique dans l’ex-Katanga, avec un enracinement profond dans sa province d’origine, le Lualaba. « J’ai commencé la politique à 20 ans. J’étais conseiller municipal dans la commune de Dilala, puis conseiller urbain à Kolwezi, avant de devenir bourgmestre adjoint de Dilala », se souvenait-il dans une émission dédiée à son parcours.
Élu député provincial du Grand Katanga dès les élections de 2006, il s’illustre au sein de l’Assemblée provinciale comme président de la Commission économique et financière (ECOFIN). Son travail législatif marquant inclut l’initiative de l’édit sur la sous-traitance, qui servira de base à la future loi nationale adoptée par le Parlement. Il contribue également à la mise en place de la Direction des régies financières du Katanga (DIRKAT), aujourd’hui modèle pour d’autres entités provinciales. En 2023, il est de nouveau plébiscité dans les urnes, cette fois comme député provincial de l’UDPS pour la circonscription de Mutshatsha.
Un fédéraliste et partisan de l’équité
Clément Mufundji s’exprime rarement. Mais lorsqu’il prend la parole, c’est pour défendre des idées structurantes. En novembre 2024, alors que le débat sur une éventuelle réforme constitutionnelle refait surface, il plaide publiquement pour la création d’un Conseil économique et social à la fois au niveau national et dans chaque province.
Selon lui, une telle institution permettrait d’orienter les politiques de développement de manière équilibrée, en veillant à ce qu’aucune entité territoriale ne soit marginalisée. « Nous devons garantir une équité réelle entre les provinces, surtout depuis le dernier découpage territorial », insiste-t-il.
Fervent partisan du fédéralisme, Clément Mufundji estime que la Constitution actuelle a déjà jeté les bases d’un véritable État décentralisé. À ses yeux, elle prolonge, dans l’esprit, la dynamique enclenchée par la Constitution de Luluabourg de 1964, en redonnant aux provinces une autonomie effective dans la gestion de leurs affaires.
Un tandem solide avec Fifi Masuka
Figure d’expérience au Lualaba, Clément Mufundji Tshinat Karl forme aujourd’hui un binôme exécutif stratégique avec la gouverneure Fifi Masuka. Ensemble, ils portent un mandat exigeant : conduire le développement d’une jeune province, au sous-sol riche mais aux défis multiples.
« Je connais son patriotisme. Je connais l’amour qu’elle porte à cette province », confie-t-il à propos de sa collaboratrice. Un respect mutuel semble cimenter leur gouvernance.
Convaincu de la mission qui leur incombe, il insiste : « Nous avons été amenés à la tête du Lualaba pour relever des défis ». Dans un territoire en pleine mutation, le duo avance à un rythme soutenu, entre chantiers d’infrastructures, réformes locales et mise en valeur des ressources. Une gouvernance à deux voix, mais unie par une même vision.
Heshima
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