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Jean-Marie Kaseya, incarne la stabilité institutionnelle   

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Président de l’Assemblée provinciale du Lualaba depuis février 2024, Jean-Marie Kaseya Tshingambo, 54 ans, incarne une figure de rigueur et de cohérence au sein des institutions provinciales. À la tête de l’hémicycle pour la législature 2023–2028, il s’affirme comme l’un des piliers du dialogue interinstitutionnel. Sa ligne directrice est sans ambiguïté : stabilité politique et développement provincial. Grâce à son leadership pondéré et à sa capacité d’écoute, le Lualaba reste à l’écart des crises qui minent d’autres entités territoriales. Une posture de médiateur assumée, qui fait de lui l’un des artisans silencieux de la cohésion institutionnelle au sein de cette province stratégique.

Si la province du Lualaba jouit aujourd’hui d’une relative stabilité institutionnelle, c’est en grande partie grâce à l’approche conciliante du bureau de l’Assemblée provinciale, dirigé par Jean-Marie Kaseya. À l’écoute de l’exécutif, sans jamais renier l’indépendance de l’institution qu’il préside, il s’inscrit dans une logique de complémentarité. Une posture qui lui permet de revendiquer, non sans fierté, les avancées concrètes observées sur le terrain. « Comme je le dis toujours : j’œuvre pour la stabilité des institutions et pour le chef de l’État », a-t-il affirmé en juin dernier, saluant les nombreuses réalisations récemment inaugurées au Lualaba par le président Félix Tshisekedi, dont le village des Congrès.

Pour Jean-Marie Kaseya, la clé du développement du Lualaba réside dans la stabilité entre l’exécutif et l’organe délibérant. Avant la série d’inaugurations publiques de juin, la gouverneure Fifi Masuka avait convié les députés à une visite d’inspection des chantiers à Kolwezi. Le président de l’Assemblée provinciale s’est dit impressionné par l’ampleur des réalisations : « Je suis épaté. Je vis au Lualaba, mais je ne pouvais imaginer des infrastructures d’un tel standing. J’ai eu l’impression d’être à Indaba, en Afrique du Sud », a-t-il déclaré. Pour lui, ces avancées sont le fruit direct d’une collaboration institutionnelle apaisée : « Sans stabilité, il ne peut y avoir de développement. La coopération entre l’Assemblée provinciale et l’exécutif permet à la gouverneure de dérouler le plan quinquennal 2024–2028. »

Hommage appuyé à la gouverneure Masuka

Début juillet, à la clôture de la session de mars, l’Assemblée provinciale du Lualaba a décerné à la gouverneure Fifi Masuka un « diplôme de bâtisseur », saluant ses réalisations infrastructurelles. Dans son discours, le président Jean-Marie Kaseya a souligné la détermination de l’exécutif provincial à transformer la province et a réitéré l’engagement de l’organe délibérant à l’accompagner dans cette dynamique. « Même ceux qui viendront après reconnaîtront que le Lualaba a eu la chance d’être dirigé par une femme comme Fifi Masuka », a-t-il lancé, convaincu que l’action de la gouverneure marquera durablement l’histoire de la province.

Heshima 

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Revanche du sol sur le sous-sol Au Lualaba, l’agriculture sort de l’ombre et prend racine   

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Longtemps perçue comme un bastion minier incontournable, la province du Lualaba, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, amorce un virage inattendu : celui d’un renouveau agricole. Des jeunes entrepreneurs, des coopératives rurales et des ONG locales y initient, loin des projecteurs, une dynamique nouvelle autour de l’agriculture vivrière. Dans une région jadis dominée par l’extraction de cuivre et de cobalt, des exploitations maraîchères émergent désormais sur les terres oubliées. Une reconversion discrète mais prometteuse, qui pourrait redessiner l’économie locale. Heshima Magazine est allé à la rencontre de celles et ceux qui portent cette transition.

Longtemps éclipsée par l’omniprésence de l’industrie minière, l’agriculture dans la province du Lualaba amorce un retour discret mais déterminé. Dans les plaines fertiles qui bordent Kolwezi, les friches d’hier cèdent la place à des champs de maïs, de manioc et de haricots. Cette transformation, encore peu médiatisée, s’inscrit dans une volonté locale de diversifier l’économie, garantir la sécurité alimentaire et générer un emploi durable.

À la tête de cette dynamique, la gouverneure Marie-Thérèse Fifi Masuka Saini, en fonction depuis plus de cinq ans, imprime un cap clair. Inspirée par la vision présidentielle d’un retour stratégique à la terre, celle que le chef de l’État Félix Tshisekedi qualifie de « revanche du sol sur le sous-sol », elle en fait une priorité politique. « Nous faisons de cette vision du chef de l’État une priorité de gouvernance », affirme-t-elle.

Le Lualaba veut rompre avec la dépendance minière

Depuis 2022, le gouvernement provincial du Lualaba a intensifié ses efforts pour revitaliser le secteur agricole. Des campagnes de sensibilisation, des formations aux techniques modernes, la distribution de semences améliorées ainsi que l’accompagnement des coopératives ont été mis en place. Un appui logistique a également été développé pour faciliter l’écoulement des produits vers les marchés.

En janvier 2024, Françoise Mangweji, bourgmestre de la commune de Dilala à Kolwezi, a procédé à la remise d’intrants agricoles aux petits exploitants de sa municipalité. Un geste fort, destiné à inciter les populations à investir davantage dans l’agriculture locale. « Nous devons cesser de dépendre de la Zambie pour notre alimentation. Nous allons tous cultiver, et chaque parcelle nous montrera son champ », a-t-elle lancé, lors de la cérémonie. Revendiquant fièrement son propre parcours, elle a ajouté : « Je vais vous révéler un secret : j’ai grandi et poursuivi toutes mes études, de la primaire à l’université, grâce aux champs. Ma mère, cultivatrice, n’a jamais travaillé dans une entreprise. »

Par ce témoignage, la bourgmestre entend renforcer la valorisation sociale de l’agriculture et inspirer les nouvelles générations.

Du creusage aux cultures, des paysans deviennent entrepreneurs

À une trentaine de kilomètres de Kolwezi, dans le village de Musompo, un mouvement discret mais significatif est en marche : des jeunes abandonnent les mines artisanales pour retourner à la terre. Jean-Michel Kabamba, 31 ans, en est l’un des visages emblématiques. Ancien creuseur, il s’est reconverti dans l’agriculture. « J’ai commencé avec un hectare de maïs. Aujourd’hui, j’en cultive cinq. Grâce au soutien de la coopérative, j’ai accès à un tracteur et je vends mes récoltes au marché de Kolwezi », témoigne-t-il, visiblement fier de son parcours.

Ce retour vers l’agriculture est encouragé par des partenaires comme la FAO et Enabel, qui proposent des formations en agroécologie et soutiennent la mise en place de chaînes de valeur autour du maïs, du soja et du riz.

Dans le territoire de Dilolo, un autre exemple attire l’attention : Jules Kuzunga, jeune riziculteur appuyé par le gouvernement provincial. Il cultive déjà 100 hectares et ambitionne d’en atteindre 500 d’ici la fin de l’année. Une progression qui a valu les félicitations publiques de la gouverneure Fifi Masuka en juin dernier : « L’agriculture est un levier stratégique pour notre jeunesse, notre souveraineté alimentaire et le bien-être de notre population. C’est pourquoi nous en avons fait une priorité », avait-elle déclaré après l’avoir rencontré.

Les coopératives rurales, piliers de la transition agricole

Dans le Lualaba, les coopératives rurales s’imposent progressivement comme des moteurs du changement. Souvent dirigés par des femmes, ces groupements relancent la culture du manioc, du sorgho, des arachides ou encore des légumes-feuilles, avec une logique économique affirmée.

À Lubudi, une coopérative féminine regroupe plus de 40 productrices qui transforment le manioc en chikwangue, revendue jusque dans les marchés de Kolwezi. « Avant, on cultivait pour nourrir la famille. Aujourd’hui, on cultive pour vendre et envoyer nos enfants à l’école », témoigne fièrement Pauline Kapia, présidente du groupement.

Cette dynamique locale est renforcée par un programme agricole quinquennal lancé sous l’impulsion de la gouverneure Fifi Masuka. Ce plan ambitieux prévoit la mise en culture de 10 000 hectares, la structuration de coopératives locales et la création d’une unité de transformation agro-pastorale.

Au-delà des objectifs chiffrés, c’est toute une population — femmes, jeunes, agriculteurs — qui est au cœur de ce projet. Formations, équipements agricoles, accès aux outils de production et à la transformation locale : autant de leviers pour une agriculture plus moderne, génératrice de revenus et d’emplois durables.

L’appui stratégique des miniers, ONG et partenaires

Dans la province du Lualaba, le retour à l’agriculture ne repose pas uniquement sur les initiatives publiques. Plusieurs sociétés minières, ONG et partenaires techniques s’engagent désormais dans cette dynamique de diversification économique. Objectif : faire du sol un levier durable, complémentaire au sous-sol.

Des organisations locales et internationales forment les agriculteurs aux techniques modernes, fournissent des semences améliorées, des outils agricoles, et facilitent l’accès aux marchés. Une coopérative appuie à elle seule plus de 500 familles rurales dans la culture de maïs hybride et la rotation culturale. « Notre objectif est de faire du Lualaba une province nourricière, et pas seulement extractive », résume son coordinateur, Jacques Lunda.

Les entreprises minières ne sont pas en reste. En juin 2024, la société Mutanda Mining, filiale du groupe Glencore en partenariat avec le gouvernement congolais, a lancé avec Equity-BCDC le projet ProAc, dédié au développement du secteur agroalimentaire. Selon le communiqué, ProAc vise à stimuler la diversification économique, promouvoir une agriculture durable, renforcer la sécurité alimentaire, encourager l’inclusion financière et améliorer les conditions de vie des communautés locales.

Alors que le Lualaba demeure l’un des cœurs miniers de la RDC, de plus en plus de voix plaident pour une transition économique maîtrisée. Pour Joseph Ilunga, agronome à la retraite désormais engagé dans l’encadrement des jeunes, la voie est claire : « Le cobalt ne sera pas éternel. Mais la terre, elle, continue de donner… si on la respecte. »

Lualaba, terre de réflexion sur l’agribusiness 

Le 11 avril 2025, la province avait accueilli la toute première édition du Grand Salon de l’Agribusiness et du Digital. Cette édition était axée sur les femmes et les jeunes entrepreneurs du secteur agricole et technologique. « Depuis 2017, nous nous posons cette question essentielle : que mangeons-nous, et qui nourrit les Congolais ? », a déclaré Teddy Kolly,

fondateur du salon, en rappelant les motivations profondes qui ont conduit à la création de ce cadre de réflexion sur l’agriculture et le digital. Selon lui, il faut combattre l’insécurité alimentaire qui est « une arme silencieuse », soulignant l’urgence de « consommer congolais pour transformer économiquement le pays. » 

Le ministre provincial des Affaires foncières, Agriculture, Pêche et Élevage, qui a pris part à l’ouverture de ce salon, avait reconnu que des tels événements ouvrent « des opportunités concrètes pour le monde agricole et numérique.» Le ministre Jean-Pierre Kalenga Mupataie avait aussi rendu hommage au président de la République, Félix Tshisekedi, pour « sa vision axée sur les chaînes de valeur agricoles. » Mais également à la cheffe du gouvernement provincial pour « son leadership décisif », plaidant pour un meilleur accès aux semences, engrais, pesticides et à l’exportation.

Des défis à surmonter pour consolider les acquis

Malgré les avancées enregistrées, le secteur agricole du Lualaba fait encore face à certains obstacles structurels. L’accès irrégulier à l’eau, le déficit d’infrastructures rurales, la faiblesse des investissements privés et les difficultés d’accès au crédit ralentissent son essor.

Pourtant, sur le terrain, l’engagement reste fort. Serge Mulumba, coordonnateur de la Réserve stratégique générale, salue « le courage et la résilience remarquables » des jeunes entrepreneurs agricoles. Un engagement également reconnu par la bourgmestre de Dilala lors d’une récente distribution d’intrants agricoles : « Vous êtes des gens à respecter, car c’est vous qui cherchez le développement et mettez fin à la faim dans notre province du Lualaba. » Le changement climatique complique aussi les calendriers agricoles, rendant les saisons plus incertaines. « Il nous faut des routes, des silos, des intrants abordables et un vrai soutien bancaire », souligne un responsable de coopérative à Fungurume.

Face à ces défis, la gouverneure Fifi Masuka a prévu une série de mesures concrètes dans le cadre de son programme quinquennal. L’objectif est clair : lever progressivement les obstacles qui freinent encore le plein potentiel de l’agriculture locale, et bâtir un avenir plus résilient pour les communautés rurales.

Heshima 

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Clément Mufundji Tshinat, un parcours bâti sur l’expérience 

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En fonction depuis juillet 2024 aux côtés de la gouverneure Fifi Masuka, Clément Mufundji Tshinat Karl s’impose comme une voix qui compte dans la gouvernance provinciale du Lualaba. Issu des rangs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ce cadre chevronné a gravi les échelons depuis la base, jusqu’à s’inscrire aujourd’hui dans un tandem exécutif engagé à faire bouger les lignes dans une province minière en pleine expansion. Portrait d’un acteur discret, mais déterminant.

Depuis son investiture en 2024, Clément Mufundji Tshinat Karl, 66 ans, s’est affirmé comme l’un des piliers de l’exécutif provincial du Lualaba. Vice-gouverneur d’une province au cœur de la richesse minière congolaise, il se trouve aujourd’hui à l’intersection des enjeux politiques, sociaux et économiques les plus pressants. Docteur à thèse, ancien ministre provincial de l’Environnement puis des Finances, il apporte à ses fonctions une expertise rare, qu’il met au service d’un tandem exécutif solidement formé avec la gouverneure Fifi Masuka.

Un parcours forgé par l’expérience et la rigueur technique

Né en 1959 à Lubumbashi, Clément Mufundji Tshinat a bâti son ascension politique dans l’ex-Katanga, avec un enracinement profond dans sa province d’origine, le Lualaba. « J’ai commencé la politique à 20 ans. J’étais conseiller municipal dans la commune de Dilala, puis conseiller urbain à Kolwezi, avant de devenir bourgmestre adjoint de Dilala », se souvenait-il dans une émission dédiée à son parcours.

Élu député provincial du Grand Katanga dès les élections de 2006, il s’illustre au sein de l’Assemblée provinciale comme président de la Commission économique et financière (ECOFIN). Son travail législatif marquant inclut l’initiative de l’édit sur la sous-traitance, qui servira de base à la future loi nationale adoptée par le Parlement. Il contribue également à la mise en place de la Direction des régies financières du Katanga (DIRKAT), aujourd’hui modèle pour d’autres entités provinciales. En 2023, il est de nouveau plébiscité dans les urnes, cette fois comme député provincial de l’UDPS pour la circonscription de Mutshatsha.

Un fédéraliste et partisan de l’équité 

Clément Mufundji s’exprime rarement. Mais lorsqu’il prend la parole, c’est pour défendre des idées structurantes. En novembre 2024, alors que le débat sur une éventuelle réforme constitutionnelle refait surface, il plaide publiquement pour la création d’un Conseil économique et social à la fois au niveau national et dans chaque province.

Selon lui, une telle institution permettrait d’orienter les politiques de développement de manière équilibrée, en veillant à ce qu’aucune entité territoriale ne soit marginalisée. « Nous devons garantir une équité réelle entre les provinces, surtout depuis le dernier découpage territorial », insiste-t-il.

Fervent partisan du fédéralisme, Clément Mufundji estime que la Constitution actuelle a déjà jeté les bases d’un véritable État décentralisé. À ses yeux, elle prolonge, dans l’esprit, la dynamique enclenchée par la Constitution de Luluabourg de 1964, en redonnant aux provinces une autonomie effective dans la gestion de leurs affaires.

Un tandem solide avec Fifi Masuka

Figure d’expérience au Lualaba, Clément Mufundji Tshinat Karl forme aujourd’hui un binôme exécutif stratégique avec la gouverneure Fifi Masuka. Ensemble, ils portent un mandat exigeant : conduire le développement d’une jeune province, au sous-sol riche mais aux défis multiples.

« Je connais son patriotisme. Je connais l’amour qu’elle porte à cette province », confie-t-il à propos de sa collaboratrice. Un respect mutuel semble cimenter leur gouvernance.

Convaincu de la mission qui leur incombe, il insiste : « Nous avons été amenés à la tête du Lualaba pour relever des défis ». Dans un territoire en pleine mutation, le duo avance à un rythme soutenu, entre chantiers d’infrastructures, réformes locales et mise en valeur des ressources. Une gouvernance à deux voix, mais unie par une même vision.

Heshima

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RDC : Kinshasa, une capitale toujours hors contrôle ?

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Kinshasa est aujourd’hui la troisième ville la plus peuplée d’Afrique. Selon les projections, elle pourrait dépasser Le Caire d’ici 2035 et devenir la deuxième métropole du continent. Chaque jour, de nouveaux arrivants s’y installent, attirés par l’espoir d’opportunités. Mais la capitale congolaise, déjà saturée, étouffe sous le poids de sa démographie galopante. Les infrastructures, elles, n’ont pas suivi : routes défoncées, électricité instable, réseaux d’assainissement quasi inexistants. Malgré les travaux de réhabilitation engagés sur plusieurs artères secondaires, la ville peine encore à donner l’image d’une gestion maîtrisée.

Dès l’aube, la mégapole s’anime dans un tumulte incessant. Sur les rives du fleuve Congo, les klaxons couvrent les voix des vendeurs ambulants qui installent leurs étals improvisés sur des places publiques comme Magasin-Kintambo. Les taxis-bus brinquebalants, surnommés « esprits de mort », s’agglutinent, ignorant piétons et automobilistes. « Il n’y a pas assez de parkings, la ville n’a rien prévu. Ici, c’est le Far West : le plus fort impose sa loi », lâche un rabatteur chargé de remplir les véhicules. Pendant ce temps, motos-taxis et cambistes s’emparent des allées du rond-point, au grand désarroi des passants. Bienvenue à Kinshasa : capitale tentaculaire, hors norme, où plus de 17 millions d’habitants tentent de cohabiter dans un désordre à la fois fascinant et souvent ingérable.

L’économie de la débrouille

Dans une capitale où l’autorité de l’État se fait rare, c’est « l’article 15 » qui domine, une loi imaginaire popularisée par les musiciens kinois : débrouillez-vous. Faute d’emplois formels, chacun invente son gagne-pain. À Masina, dans l’Est de la ville, tout s’achète et tout se vend : sachets d’eau, minutes de communication, beignets, ignames ou friperie. Sur le boulevard Lumumba comme dans bien d’autres artères, les petits commerces s’alignent sans ordre. Selon la Banque mondiale, près de 80 % de l’économie congolaise reste informelle. La Confédération syndicale congolaise (CSC), elle, chiffre ce taux à 97,5 %.

Dans les marchés géants comme Gambela ou Matete, une foule de vendeurs sans licence s’agite dans un chaos vital. Schola, 55 ans, gère depuis quinze ans un restaurant de fortune à Gombe :

« On n’a pas le choix. Il n’y a pas de travail, alors on crée le nôtre. Même pour rester ici, il faut payer les policiers ou les agents de la commune. » Robert, vendeur de tissus, confirme :

« Les policiers nous demandent de l’argent. Ils font semblant de nous chasser, puis nous laissent revenir. » Ces arrangements tolérés transforment chaque marché en un théâtre d’improvisation, où la survie prime sur la légalité.

L’absence de planification urbaine

Avec ses 17,8 millions d’habitants, Kinshasa étouffe, non pas par manque d’espace, mais par absence de vision. « La capitale n’a pas de plan directeur depuis plus de vingt ans », confie un urbaniste rencontré à Mont-Ngafula. Résultat : des quartiers surgissent sans logique, souvent en zones inondables ou difficilement accessibles. À Limete (Ndanu) comme à Matete (Debonhomme), les dernières pluies des 5 et 6 mai ont submergé rues et habitations, laissant la municipalité débordée. Pourtant, la ville s’est concentrée autour de la Gombe, alors qu’immenses terrains demeurent inoccupés vers Maluku et la N’sele. L’électricité, elle, reste un autre casse-tête : les coupures rythment le quotidien. Le soir, des pans entiers de Kinshasa brillent davantage des phares de voitures et du ronflement des générateurs que du réseau public. Avec un taux national d’électrification estimé à 10 %, même la capitale, qui capte une large part de la production, ne parvient pas à échapper à la pénurie.

Le gouvernement central colmate les brèches…

Kinshasa, c’est aussi la capitale des embouteillages monstres, où la circulation vire chaque jour au chaos. Des routes défoncées, couvertes de nids-de-poule, et des caniveaux constamment bouchés compliquent la vie des automobilistes comme des piétons.

Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement central a lancé fin 2023 un vaste programme de réhabilitation des voiries secondaires. Objectif : réhabiliter plus de 200 kilomètres de routes dans les 24 communes de la ville, désenclaver les quartiers populaires et fluidifier une circulation asphyxiée. « Sur les deux problèmes majeurs de Kinshasa, la voirie et la gestion des déchets, le gouvernement central s’est engagé à moderniser intégralement les routes urbaines. Sous la coordination de la Première ministre, tous les projets sont financés via le ministère des Finances afin d’améliorer la mobilité urbaine et de créer les conditions d’une croissance endogène et durable », explique Doudou Fwamba, ministre des Finances. La plupart des nouvelles routes sont construites en béton, appelées « chaussées rigides ». Plus coûteuses à réaliser, elles offrent toutefois une durée de vie bien supérieure à l’asphalte : jusqu’à trente ans, contre dix à quinze ans pour une route bitumée. « Le choix du béton s’est imposé », confirme un ingénieur en chef de l’Office des Voiries et Drainage (OVD). « Il résiste mieux aux pluies diluviennes et demande moins d’entretien. »

Le pessimisme de Jean Bamanisa

Promoteur d’Expo Béton et ancien gouverneur de la province de l’Ituri, Jean Bamanisa Saidi s’est montré pessimiste et très critique à l’égard des travaux de voirie urbaine menés par le gouvernement. A travers une tribune intitulée « Kinshasa, capitale des travaux éternels : on refait donc on avance ? », publiée début mai, il s’est interrogé sur l’efficacité des chantiers entrepris pour lutter contre les embouteillages qui paralysent régulièrement la capitale congolaise. Comme un « Jean Baptiste » qui crie dans le désert, Bamanisa alerte sans cesse sur « l’urbanisation sauvage » qui caractérise la ville. Selon lui, si le centre urbain est difficilement récupérable, le gouvernement devrait au moins veiller sur les nouveaux lotissements des terrains. Dans un post sur le réseau X, il conseille même au gouvernement de confier les zones situées le long des rocades Kin-Est et Kin-Ouest à des entreprises immobilières pour construire des cités qui respectent les normes. Une construction qui prendra en compte les centres récréatifs, les écoles, les hôpitaux et les voies d’assainissement.                 

Au sujet des embouteillages, Jean Bamanisa pointe plusieurs causes structurelles dans sa tribune, parmi lesquelles le manque de transparence dans la passation des marchés publics. Pour cet ancien gouverneur, la capitale ne résout pas ses problèmes, elle les réactive indéfiniment. « Prenez une route, elle est déjà défoncée. C’est normal, elle a été inaugurée il y a six mois. On l’a construite sans caniveau, sur des nappes phréatiques, avec un bitume aussi épais qu’un serment politique. Puis viennent les pluies, les embouteillages, les camions surchargés, et surtout l’oubli de toute logique urbanistique », a-t-il écrit. Ce promoteur d’Expo Béton pense que les décideurs politiques sont à la base de cet éternel chaos. « Les experts le disent. Les ingénieurs le répètent. Mais les décideurs, eux, s’en tiennent à leur doctrine : on refait pour dire qu’on fait. Et quand ça casse, on recommence. », a-t-il indiqué, soulignant que les mêmes erreurs produisent toujours les mêmes conséquences. 

Face au chaos, une jeunesse bouillonnante

Kinshasa n’est pas qu’un décor de chaos. La capitale vibre d’une énergie brute, nourrie par une jeunesse créative et insoumise. Le rap y explose, les sapeurs continuent de défiler avec fierté dans des rues cabossées, tandis que les artistes plasticiens s’accrochent pour faire rayonner leurs œuvres au-delà des frontières.

Dans cette effervescence, l’espoir persiste, cabossé mais indestructible. Kinshasa est tout à la fois une ville-monde et un avertissement : un miroir cru des défis urbains de l’Afrique du XXIᵉ siècle, croissance incontrôlée, services publics défaillants, inégalités béantes mais aussi le théâtre d’une inventivité et d’une résilience hors du commun.

Heshima

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