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Les systèmes politiques : Ange et Démon

Systèmes politiques, voici une autre expression parmi la multitude des termes génériques qui s’entrechoquent dans la sphère politique mondiale.
Beaucoup confondent systèmes politiques et régimes politiques estimant que la différence est essentiellement conceptuelle. Comme au football le système est toute l’identité par laquelle une équipe se fait reconnaître ; le football total néerlandais, le football plaisir brésilien et le catenacio italien caractérisé par sa grande capacité à ne pas laisser passer un adversaire, un pays peut se reconnaître par son système politique.

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Photo: Shutterstock

Mutuellement, politiques et politologues convergent sur une définition basique des systèmes politiques comme étant un mode d’organisation d’un Etat. Ils englobent les régimes politiques, la structure économique, l’organisation sociale. Ils sont rattachés à des courants sociologiques tels que le communisme, le socialisme ou encore le capitalisme.

Pour la plupart d’analystes politiques et sociologues, les systèmes politiques sont à la base du développement ou de l’instabilité socioéconomique de nombreux Etats. Ils impriment un rythme à la conception d’une gestion de la chose publique que certains pays ne doivent leur apogée qu’au choix du système politique pour lequel ils ont opté.

Ces systèmes qui ont dirigé le monde !
L’autoritarisme, le totalitarisme et la démocratie sont les principaux systèmes politiques à s’être répandus à travers le temps et l’espace. D’une période à une autre, des Etats se sont fait reconnaître à travers ces systèmes au point d’en créer des blocs et déclencher des conflits planétaires.

Autoritarisme !
C’est un système politique très critiqué à cause de son caractère répressif et restrictif des libertés fondamentales. Il n’autorise pas le multipartisme sinon un multipartisme restrictif.

Nicolae Ceacesu et le Général Franco sont des noms, qui de nombreuses années après leur disparition, restent rattachés à l’autoritarisme politique, ce système qui, par voie de propagande, d’encadrement de la population ou encore de répression, recherche la soumission et l’obéissance de la société.

Décembre 1989, le pouvoir de Ceasescu est menacé par un groupe d’insurgés qui s’opposent à la machine communiste mise en place par le Président roumain. Ce dernier tente pourtant de se maintenir et organise un rassemblement populaire de soutien à son régime, qui va malheureusement se retourner contre lui. Les milliers de roumains amassés autour du bâtiment du Comité Central couvrent le conducator, surnom de Ceacescu de cris d’humiliation, le poussant à s’enfuir avec sa femme et quelques-uns de ses fidèles lieutenants. Ils seront arrêtés le 25 décembre après deux jours de cavale. Après un jugement expéditif à l’issue duquel lui et sa femme seront condamnés à mort.

« C’est désormais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui dirige la RDC, un signal fort pour le pays et le monde… »

Quant au Général Franco, ce dirigeant militaire qui a dirigé d’une main de fer l’Espagne entre 1935 et 1975, prônant une appartenance sans équivoque au courant fasciste qui fera de lui un des plus grands conservateurs qu’ait connu le monde. Robert Paxton, un historien américain, le décrit comme un opposant maladif à la démocratie et au libéralisme.

Totalitarisme !
A l’opposé de l’autoritarisme, le totalitarisme est le système du parti unique. Le multipartisme même limité à deux partis n’est pas autorisé. Aucune idéologie contraire à celle du parti au pouvoir n’est autorisée, la pensée est unique et elle fait force de loi.

Toute opposition à la pensée unique est considérée comme une forme de désobéissance civile. La dictature est la forme la plus répandue de totalitarisme. Sur le continent africain, le Zaïre de Mobutu a présenté une des formes les plus sévères de totalitarisme. Entre les arrestations, les relégations et l’interdiction des activités des partis politiques, le Zaïre (ndlr : ancienne appellation de la RDC) est resté soumis 32 ans à une seule idéologie, celle du Mouvement Populaire de la Révolution incarnée par le Maréchal Mobutu Sese Seko.

Démocratie !
A ce jour, de nombreux pays à travers le monde s’identifient à la démocratie, qui prône l’acquisition et la gestion du pouvoir grâce à la volonté populaire. Les indicateurs de la démocratie sont les élections générales, le multipartisme, la liberté d’expression et la gestion de l’Etat par des voies légitimes que sont les institutions démocratiquement installées.

La France est une des figures de proue dans l’instauration de la démocratie comme système politique, mieux un nouvel ordre mondial. Depuis de nombreux siècles, elle présente en tête de gondole les principes de liberté et d’égalité comme mode de vie.

De fil en aiguille, à raison de sa capacité à faire valoir l’épanouissement du peuple et le développement d’un Etat, la démocratie est devenue le système politique par excellence. Des pays et des peuples s’identifient à elle. Il sied par ailleurs de noter que chaque pays tente d’adapter la démocratie à son contexte, certains pays frôlant quelques fois l’autoritarisme.

La RDC, le pays des systèmes !
Démocratie, acte 1
Parler des systèmes politiques en République Démocratique du Congo c’est s’inscrire dans une approche divisée en trois périodes : l’après-Indépendance (1960-1965), l’époque mobutienne (1965-1997) et l’après-Mobutu (1997 à ces jours).

Lorsque le Congo accède à la souveraineté nationale et internationale, le 30 juin 1960, l’aréopage politique congolais est composé de plusieurs partis politiques dans une forme de multipartisme générale. Les congolais qui n’ont pas supporté la gestion coloniale belge avaient hâte de faire valoir leurs droits et être libres. L’indépendance a d’office instauré la démocratie.

Tous les partis politiques réunis à Bruxelles autour de la Table Ronde pour l’obtention de l’Indépendance, sont d’office retenus pour animer la sphère politique, le MNC de Lumumba, le PSA de Gizenga, l’ABAKO de Kasa-vubu, la CONAKAT de Moïse Tshombe, et tant d’autres. Les élections législatives qui envoient Kasa-Vubu au Palais de la Nation comme Président, faisant ainsi de Lumumba, vainqueur des législatives, Premier Ministre d’un Régime Parlementaire, consacrent les premières heures de la Démocratie jusqu’en 1965. Le 24 novembre 1965, sur les ondes de la radio congolaise, les compagnons de la Révolution que dirige le Lieutenant Général Joseph Mobutu, annoncent la destitution du Président Kasa-Vubu, qui sera relégué dans son village natal au profit du nouvel homme fort : Mobutu.

Dictature mobutienne !
Cette épopée durera 32 ans au cours desquels Mobutu s’imposera en guide, en maître et dieu dans un format de totalitarisme déconcertant. Le Congo, nouvellement indépendant ne connaîtra plus jamais d’élections libres avec plusieurs candidats, la seule élection de façade se fait à l’aide de deux bulletins rouge et vert ; le rouge ouvre la porte au changement avec des troubles comme conséquences tandis que le vert prône la continuité sous l’égide de Mobutu. Les activités des partis politiques sont annulées, l’Opposition est tuée, contraignant les politiques hostiles à Mobutu à l’exil. Un nombre incalculable de rébellions et insurrections, notamment à Moba, dans le Kwilu, à Kisangani, sur les hauteurs des Kivu voire à Brazzaville voisin, base arrière de certains opposants au régime Mobutu est enregistré.

A Kinshasa, le manque de démocratie crispe la société et même dans les rangs du pouvoir, la défection d’Etienne Tshisekedi et ses compagnons parlementaires révèlent le manque d’approbation de ce système. Même quand le vieux Léopard, du haut de la tribune du siège de son Comité Central du MPR, à la Nselé, tente de sauver les meubles en annonçant le 24 avril 1990, la fin de la dictature, son départ de la tête de son parti et l’autorisation aux partis politiques d’exercer, la démocratie ne verra jamais de beaux jours au Congo-Zaïre.

La Conférence Nationale Souveraine, censée poser les bases d’une démocratisation du pays en préparant des élections, sera brutalement interrompue, occasionnant dans la foulée, la mort de nombreux chrétiens sortis le 17 février 1992 pour demander la réouverture desdites assises.
Jusqu’au jour où le Maréchal Mobutu quitte Kinshasa sous le crépitement des premières balles des troupes de l’Alliance de Laurent-Désiré Kabila, la démocratie n’aura jamais été effective.

La démocratie, act 2 !
L’avènement d’un régime politique au Congo a toujours influé sur le mode de gestion de ce pays. Lorsque Laurent-Désiré Kabila chasse Mobutu du pouvoir, le Zaïre redevient République Démocratique du Congo, la nuance est importante et l’insistance sur démocratie dénote de la volonté du tombeur du Léopard, de mettre le pays sur la bonne voie. Dans son discours, il prône le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple. Le patriotisme et le nationalisme deviennent des maitres-mots d’un pouvoir déjà menacé par les alliés d’hier. Kabila ne sait pas travailler librement et implémenter sa pensée de la démocratie. Alors qu’il tente difficilement de réunir les congolais autour d’une table, il est lâchement assassiné en 2001 sans voir son rêve se réaliser.

Depuis 2006, la République Démocratique du Congo est finalement lancé sur la voie du jeu démocratique. Joseph Kabila qui a succédé à son père en janvier 2001 a ouvert la porte aux opposants d’autre fois, rouvert les activités des partis politiques et organisé les premières élections générales libres et transparentes. C’est encore lui qui, en 2019 écrit une nouvelle page de l’histoire du Congo en permettant l’alternance pacifique entre un Président sortant et un autre entrant, à l’issue du troisième cycle électoral.

C’est désormais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui dirige la RDC, un signal fort pour le pays et le monde, son patronyme est attaché à celui de son père, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, le premier à avoir dit non à la dictature Mobutienne et ouvrir l’inlassable lutte pour l’instauration de la Démocratie avec son parti Udps (Union pour la Démocratie et le Progrès Social).

Les années 2000 ont davantage consacré la démocratie en Afrique et même si à ce jour, l’Afrique demeure le continent le plus instable suite à de nombreux putsh et changements de systèmes les uns cassant les autres avec pour conséquence le retour à la case départ, les éléments constitutifs de la démocratie tendent de plus en plus à se pérenniser. 60 ans après les indépendances en Afrique, le triste constat de la stagnation des pays du continent, certains comme la RDC que Dieu a scandaleusement béni se doit de changer au profit d’un ciel plus bleu et des populations plus heureuses.

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Dialogue de la CENCO-ECC : Les risques d’un échec !

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Après avoir rencontré des acteurs de la crise congolaise aussi bien au niveau local que régional, les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et ceux de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) élaborent un « Pacte social pour la paix » à proposer aux protagonistes de cette crise. Mais face à des positions toujours diamétralement opposées, cette démarche risque de ne pas porter les fruits escomptés.

Les représentants de la CENCO et ceux de l’ECC ont rencontré, le 12 février 2025 à Goma, le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et du M23 (AFC-M23), Corneille Nangaa. C’est dans la perspective d’un dialogue voulu inclusif par ces églises. Mais des voix s’élèvent pour contester cette démarche intégrant un groupe armé ayant causé la mort, fin janvier, de plus de 3000 Congolais dans cette ville occupée depuis par les rebelles. Le tandem CENCO-ECC va-t-il réussir cette rude mission ?

La délégation conduite par Monseigneur Fulgence Muteba, président de la CENCO et André Bokundoa, représentant légal de l’ECC, a été reçue, le 12 février, par les rebelles de l’AFC-M23. Ces prélats disent être encore dans une phase consistant à recueillir les avis des acteurs dans cette crise, y compris ceux de l’AFC-M23. « Nous demeurons dans notre démarche pastorale, nous sommes convaincus de ce que nous voulons faire et nous savons que la majorité des Congolais ne souhaite que la paix, et dans les plus brefs délais. Nous sommes convaincus que l’implication de tout le monde, y compris ceux que nous sommes venus rencontrer ici, est nécessaire pour sortir de cette situation », a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.

Mais la démarche des prélats catholiques et pasteurs protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, le 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles du M23 qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation à l’initiative du dialogue social que prônent les évêques. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».

De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet ne lie ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a réagi André Mbata.

L’ODEP monte au créneau

Sortant de sa sphère économique, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a rejeté toute forme de dialogue avec les agresseurs, y compris le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas été tendre avec ces prélats catholiques et pasteurs protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de collaborer avec l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ». Une allusion faite au dirigeant français de la Seconde guerre mondiale qui avait engagé la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.

M. Germain Kambinga, président du parti politique, «Le Centre», pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est pour l’instant inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien affirme que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risqueraient d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.

Tshisekedi juge l’initiative louable

Face à cette vague de critiques, le tandem CENCO-ECC s’accroche à ce que Félix Tshisekedi leur avait dit lorsqu’ils lui avaient présenté ce projet de « Pacte social » pour la paix. « Le Chef de l’État a salué et encouragé l’initiative et quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé, les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a répliqué Donatien Nshole, soulignant que Félix Tshisekedi avait qualifié de « louable » leur initiative de paix. Ces prélats envisagent déjà d’aller plus loin après l’étape de Goma.

Kagame consulté !

Après l’étape de la Belgique où Moïse Katumbi et ses lieutenants ont été consultés, les prélats et les pasteurs ont aussi reçu les hommes de Joseph Kabila, représentés par Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya et José Makila. Mais une autre étape cruciale était celle de Kigali où la délégation a rencontré le président rwandais, Paul Kagame. Selon Mgr Donatien Nshole, le chef de l’Etat rwandais a encouragé les religieux à tenter une solution pacifique là où les politiciens ont échoué à cause de leurs égos. Les prélats s’étaient également rendus à Nairobi pour rencontrer le président William Ruto, président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).

Les risques d’un échec

Après la publication de la tribune signée par Joseph Kabila, il est de plus en plus clair que l’ancien président de la République et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo, coordonnée par Corneille Nangaa, ne sont pas dans une logique de dialogue. À condition que cela débouche sur la démission de Félix Tshisekedi du pouvoir. Une telle posture ne saurait amener les deux camps vers un dialogue apaisé. Les deux extrêmes accusent aussi une véritable crise de confiance liée à leur deal passé et « non respecté », selon le camp Kabila. Cela fait que la CENCO-ECC ne saurait proposer un accord de paix qui soit respecté par toutes les parties, y compris des puissances extérieures comme Kigali et Kampala. Le camp Tshisekedi et le camp Kabila, aujourd’hui élargi à Moïse Katumbi, ont divisé la sphère politique. Cet antagonisme risque de se résoudre brutalement, par des voies militaires, si un camp ne choisit pas de faire preuve de retenue.

Heshima

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Combats entre FARDC et M23/AFC, La population impactée  par une sévère crise humanitaire   

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La situation humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), principalement à Goma, est alarmante à la suite des violents combats qui ont eu lieu en janvier dernier. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de la ville, exacerbant une crise déjà sévère. Près de 3 000 morts ont été recensés par les humanitaires.

Depuis la résurgence de la rébellion du M23, une crise humanitaire frappe la province du Nord-Kivu. Mais depuis la percée fulgurante à Goma réalisée par ces rebelles soutenus par l’armée rwandaise, une grave crise humanitaire affecte la ville. Dans la seconde moitié de janvier, le pire est donc arrivé à Goma. Cette ville de plus d’un million d’habitants a été le théâtre des affrontements meurtriers, fin janvier, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les miliciens Wazalendo, et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise.

Plus de 3 000 morts à Goma

Les combats ont entraîné la mort de près de 3 000 personnes et blessé plus de 3 000 autres depuis le 26 janvier 2025. Sur place, dans la ville, les hôpitaux sont débordés. Au moins 2 000 corps ont déjà été enterrés par les communautés. Dans les morgues de Goma, le 4 février, il y avait encore 900 corps, selon les chiffres de l’OMS. De nombreux corps en état de décomposition restent dans certaines zones, notamment à l’aéroport et à la prison de Goma.

Les établissements hospitaliers manquent de fournitures médicales essentielles et peinent à fournir des soins adéquats aux victimes. « Les corps sont en décomposition dans les morgues suite au manque d’électricité », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Les containers de la Croix-Rouge internationale ont été pillés, et tous les stocks de médicaments ont été emportés.

La population civile est confrontée à des conditions de vie extrêmement difficiles, avec des pénuries d’eau, d’électricité et de services de base. De plus, environ 4 000 détenus se sont évadés de prison, dont beaucoup sont responsables d’atrocités, exacerbant ainsi l’insécurité dans la ville. Les déplacements massifs de populations fuyant les violences ont conduit à une crise humanitaire majeure. Les camps des déplacés de Kanyaruchinya, dans le territoire de Nyiragongo, sont complètement vides suite à l’occupation de Goma. Certains déplacés 

n’ont eu d’autre choix que de rentrer chez eux, faute de prise en charge par les humanitaires et le gouvernement congolais.

Accès limité à l’aide humanitaire

Occupé par les rebelles, l’aéroport de Goma n’est toujours pas opérationnel. Le coordonnateur humanitaire en République Démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, a lancé un nouvel appel à la mobilisation de toutes les parties pour la réouverture urgente de cet aéroport, principale voie d’accès à l’aide humanitaire. « De très nombreux blessés nécessitent des soins urgents, les infrastructures médicales restent débordées, et des milliers de civils sont toujours privés d’assistance vitale », a-t-il détaillé, estimant que l’aéroport de Goma est une « ligne de vie. Sans lui, l’évacuation des blessés graves, l’acheminement des fournitures médicales et la réception des renforts humanitaires sont paralysés ».

Réduction du train de vie des institutions

Le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’accélérer les mesures visant la réduction du train de vie des institutions afin de contribuer à l’effort de guerre. Pour ce faire, le gouvernement préconise, entre autres, la suspension de la mécanisation des agents publics de l’État pour une durée de 12 mois, à l’exception des militaires et policiers. Les fonds générés par ces coupes budgétaires peuvent atteindre plus de 27 692 460 dollars cette année. Ces sommes peuvent être réaffectées dans le secteur de la défense nationale et de la sécurité. Parmi les institutions concernées par la réduction du train de vie figurent notamment le cabinet du président de la République, le gouvernement, le parlement ainsi que les institutions d’appui à la démocratie. Les onze mille cinq cents (11 500) agents qui attendaient d’être mécanisés en 2025 vont devoir encore prendre leur mal en patience. Les députés nationaux, dont les émoluments élevés scandalisaient l’opinion congolaise, sont aussi attendus au tournant pour contribuer à cet effort de guerre.

La CPI suit la situation de près

L’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) surveillent de près la situation, exprimant des préoccupations concernant les violations des droits humains et les crimes de guerre. « Le bureau suit les événements actuels de près, y compris la grave escalade de la violence au cours des dernières semaines dans l’Est de la RDC, en particulier à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, et dans ses environs », rapporte un communiqué du bureau du procureur de la CPI. Des rapports font état de violences sexuelles et de meurtres, notamment l’incendie de la prison de Munzenze, où des centaines de femmes ont été tuées. Depuis octobre, le Procureur de la CPI, Karim Khan, avait affirmé que son bureau allait réactiver ses enquêtes en RDC, en particulier sur les crimes perpétrés dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. Des crimes essentiellement commis par les rebelles du M23, notamment à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, où plus de 130 Congolais avaient été massacrés entre le 29 novembre et le 1er décembre 2022.

Heshima

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Pressions internationales contre le Rwanda inefficaces : la RDC condamnée à gérer seule la crise ?

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Des sanctions internationales ciblées contre le Rwanda et ses alliés du M23 pourraient les contraindre à se retirer de Goma, mais elles ne suffiront pas à résoudre durablement la crise sécuritaire qui gangrène l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’inaction de la communauté internationale et aux violations répétées du droit international par Kigali, Kinshasa est contrainte d’assumer seule sa défense et son avenir, malgré une injustice criante.

Depuis plusieurs mois, la RDC multiplie les appels à des sanctions contre Kigali. De nombreuses réunions ont été convoquées en urgence au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au sein des instances africaines et européennes. Pourtant, ces rencontres se sont soldées par de simples condamnations, sans mesures concrètes. Les puissances mondiales – États-Unis, Chine, Russie, Union européenne et même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres – se limitent à exiger un retrait des forces rwandaises de Goma et la fin des hostilités, sans mettre en place de mécanismes de contrainte.

Or, un simple repli momentané des troupes rwandaises ne suffira pas à garantir une paix durable. L’objectif stratégique de Kigali reste inchangé : exercer un contrôle sur l’Est congolais,  exploiter ses ressources naturelles et comme l’affirment plusieurs experts, s’accaparer d’une partie du territoire congolais pour l’annexer au Rwanda. Les pays occidentaux, quant à eux, continuent de renvoyer Kinshasa au processus de Luanda et de Nairobi, comme si ces cadres de négociation suffisaient à régler une crise enracinée depuis des décennies.

Un contraste frappant avec 2012

L’attitude actuelle de la communauté internationale contraste fortement avec celle adoptée en 2012, lorsqu’une intervention militaire internationale avait permis de chasser le M23 de Goma. À l’époque, sous la pression des États-Unis et notamment d’un appel direct de Barack Obama à Paul Kagame, Kigali avait été contraint de reculer. Aujourd’hui, cette fermeté semble avoir disparu. Le Rwanda, fort de son influence diplomatique et de ses partenariats économiques stratégiques, défie ouvertement les appels au respect du droit international sans craindre de véritables représailles.

Des autorités congolaises déterminées

Face à ce silence complice, les autorités congolaises refusent de rester passives. « Votre silence et votre inaction (…) constituent un affront », a déclaré le président Félix Tshisekedi. Son gouvernement a multiplié les initiatives diplomatiques, jusque-là sans grand succès.

La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a plaidé devant le Conseil de sécurité pour des sanctions ciblées, incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager des membres identifiés de la chaîne de commandement rwandaise et de leurs soutiens politiques. Elle a également demandé un embargo total sur les minerais étiquetés comme rwandais, notamment le coltan et l’or, qui financent en grande partie l’effort de guerre de Kigali.

« Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect ? Quel instrument international doit-il encore violer pour que ce Conseil prenne enfin ses responsabilités ? », s’est-elle insurgée. Selon elle, l’inaction face aux exactions rwandaises, y compris les attaques contre des militaires sud-africains, malawites et uruguayens déployés en RDC, constitue une trahison de l’esprit de solidarité internationale.

Une réaction timide des «partenaires» occidentaux

Alors que Kinshasa intensifie sa pression diplomatique, seuls quelques partenaires commencent à réagir. L’Allemagne a suspendu une aide au développement de près de 100 millions d’euros en faveur du Rwanda. En revanche, Londres s’est contenté de menacer de mettre fin à son aide, sans passage à l’acte concret.

Le 30 janvier 2025, le Parlement européen a discuté de sanctions concrètes contre le Rwanda, notamment la suspension du mémorandum de coopération signé en février 2024 et l’interdiction d’événements sportifs internationaux prévus dans le pays. La présidente de la délégation Afrique de l’Union européenne, Hilde Vautmans, a exhorté l’UE à suspendre l’accord avec Kigali tant que le régime rwandais poursuivra son ingérence en RDC.

Une insistance congolaise sur des sanctions fermes

Kinshasa continue d’exiger des mesures plus strictes. Le professeur Ntumba Luaba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, a appelé à des sanctions pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Goma entre le 26 et le 29 janvier 2025.

Par ailleurs, la RDC demande aux clubs européens – PSG, Arsenal et Bayern Munich – de mettre fin à leur partenariat avec « Visit Rwanda ». Dans une lettre aux dirigeants de ces clubs, la ministre congolaise des Affaires étrangères leur a demandé d’interroger la moralité de ces accords de sponsoring, alors que le Rwanda est impliqué dans un conflit meurtrier. « Votre sponsor est directement responsable de cette misère », dénonce-t-elle.

Un isolement croissant de la RDC

La RDC ne peut que constater l’injustice dont elle est victime au sein des instances internationales. Kinshasa sait qu’elle ne peut compter ni sur l’ONU ni sur ses voisins, parmi lesquels l’Ouganda et le Kenya, dont les liens économiques et stratégiques avec Kigali sont bien établis. Face à cette réalité, le salut du pays repose avant tout sur ses propres forces armées.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé une vaste campagne de mobilisation pour le renforcement de l’armée nationale. Le vice-Premier ministre des Transports, Voies de Communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba a entamé une tournée nationale afin d’encourager l’enrôlement massif des jeunes dans les Forces armées de la RDC. Ce mouvement s’inscrit dans une prise de conscience collective : la défense du territoire congolais repose désormais avant tout sur l’unité et la résilience nationale.

Un isolement diplomatique, un réveil patriotique

Si les sanctions internationales contre le Rwanda peuvent offrir un répit à la RDC, elles ne constituent pas une solution définitive. Tant que la communauté internationale se contentera de condamnations sans effet, Kigali poursuivra sa politique expansionniste en toute impunité. Face à cet abandon, Kinshasa n’a d’autre choix que de se préparer à défendre seule son intégrité territoriale. La mobilisation nationale, couplée à une diplomatie plus agressive, pourrait être la clé d’un sursaut stratégique face à l’injustice du système international.

Heshima

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