Mutuellement, politiques et politologues convergent sur une définition basique des systèmes politiques comme étant un mode d’organisation d’un Etat. Ils englobent les régimes politiques, la structure économique, l’organisation sociale. Ils sont rattachés à des courants sociologiques tels que le communisme, le socialisme ou encore le capitalisme.
Pour la plupart d’analystes politiques et sociologues, les systèmes politiques sont à la base du développement ou de l’instabilité socioéconomique de nombreux Etats. Ils impriment un rythme à la conception d’une gestion de la chose publique que certains pays ne doivent leur apogée qu’au choix du système politique pour lequel ils ont opté.
Ces systèmes qui ont dirigé le monde !
L’autoritarisme, le totalitarisme et la démocratie sont les principaux systèmes politiques à s’être répandus à travers le temps et l’espace. D’une période à une autre, des Etats se sont fait reconnaître à travers ces systèmes au point d’en créer des blocs et déclencher des conflits planétaires.
Autoritarisme !
C’est un système politique très critiqué à cause de son caractère répressif et restrictif des libertés fondamentales. Il n’autorise pas le multipartisme sinon un multipartisme restrictif.
Nicolae Ceacesu et le Général Franco sont des noms, qui de nombreuses années après leur disparition, restent rattachés à l’autoritarisme politique, ce système qui, par voie de propagande, d’encadrement de la population ou encore de répression, recherche la soumission et l’obéissance de la société.
Décembre 1989, le pouvoir de Ceasescu est menacé par un groupe d’insurgés qui s’opposent à la machine communiste mise en place par le Président roumain. Ce dernier tente pourtant de se maintenir et organise un rassemblement populaire de soutien à son régime, qui va malheureusement se retourner contre lui. Les milliers de roumains amassés autour du bâtiment du Comité Central couvrent le conducator, surnom de Ceacescu de cris d’humiliation, le poussant à s’enfuir avec sa femme et quelques-uns de ses fidèles lieutenants. Ils seront arrêtés le 25 décembre après deux jours de cavale. Après un jugement expéditif à l’issue duquel lui et sa femme seront condamnés à mort.
« C’est désormais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui dirige la RDC, un signal fort pour le pays et le monde… »
Quant au Général Franco, ce dirigeant militaire qui a dirigé d’une main de fer l’Espagne entre 1935 et 1975, prônant une appartenance sans équivoque au courant fasciste qui fera de lui un des plus grands conservateurs qu’ait connu le monde. Robert Paxton, un historien américain, le décrit comme un opposant maladif à la démocratie et au libéralisme.
Totalitarisme !
A l’opposé de l’autoritarisme, le totalitarisme est le système du parti unique. Le multipartisme même limité à deux partis n’est pas autorisé. Aucune idéologie contraire à celle du parti au pouvoir n’est autorisée, la pensée est unique et elle fait force de loi.
Toute opposition à la pensée unique est considérée comme une forme de désobéissance civile. La dictature est la forme la plus répandue de totalitarisme. Sur le continent africain, le Zaïre de Mobutu a présenté une des formes les plus sévères de totalitarisme. Entre les arrestations, les relégations et l’interdiction des activités des partis politiques, le Zaïre (ndlr : ancienne appellation de la RDC) est resté soumis 32 ans à une seule idéologie, celle du Mouvement Populaire de la Révolution incarnée par le Maréchal Mobutu Sese Seko.
Démocratie !
A ce jour, de nombreux pays à travers le monde s’identifient à la démocratie, qui prône l’acquisition et la gestion du pouvoir grâce à la volonté populaire. Les indicateurs de la démocratie sont les élections générales, le multipartisme, la liberté d’expression et la gestion de l’Etat par des voies légitimes que sont les institutions démocratiquement installées.
La France est une des figures de proue dans l’instauration de la démocratie comme système politique, mieux un nouvel ordre mondial. Depuis de nombreux siècles, elle présente en tête de gondole les principes de liberté et d’égalité comme mode de vie.
De fil en aiguille, à raison de sa capacité à faire valoir l’épanouissement du peuple et le développement d’un Etat, la démocratie est devenue le système politique par excellence. Des pays et des peuples s’identifient à elle. Il sied par ailleurs de noter que chaque pays tente d’adapter la démocratie à son contexte, certains pays frôlant quelques fois l’autoritarisme.
La RDC, le pays des systèmes !
Démocratie, acte 1
Parler des systèmes politiques en République Démocratique du Congo c’est s’inscrire dans une approche divisée en trois périodes : l’après-Indépendance (1960-1965), l’époque mobutienne (1965-1997) et l’après-Mobutu (1997 à ces jours).
Lorsque le Congo accède à la souveraineté nationale et internationale, le 30 juin 1960, l’aréopage politique congolais est composé de plusieurs partis politiques dans une forme de multipartisme générale. Les congolais qui n’ont pas supporté la gestion coloniale belge avaient hâte de faire valoir leurs droits et être libres. L’indépendance a d’office instauré la démocratie.
Tous les partis politiques réunis à Bruxelles autour de la Table Ronde pour l’obtention de l’Indépendance, sont d’office retenus pour animer la sphère politique, le MNC de Lumumba, le PSA de Gizenga, l’ABAKO de Kasa-vubu, la CONAKAT de Moïse Tshombe, et tant d’autres. Les élections législatives qui envoient Kasa-Vubu au Palais de la Nation comme Président, faisant ainsi de Lumumba, vainqueur des législatives, Premier Ministre d’un Régime Parlementaire, consacrent les premières heures de la Démocratie jusqu’en 1965. Le 24 novembre 1965, sur les ondes de la radio congolaise, les compagnons de la Révolution que dirige le Lieutenant Général Joseph Mobutu, annoncent la destitution du Président Kasa-Vubu, qui sera relégué dans son village natal au profit du nouvel homme fort : Mobutu.
Dictature mobutienne !
Cette épopée durera 32 ans au cours desquels Mobutu s’imposera en guide, en maître et dieu dans un format de totalitarisme déconcertant. Le Congo, nouvellement indépendant ne connaîtra plus jamais d’élections libres avec plusieurs candidats, la seule élection de façade se fait à l’aide de deux bulletins rouge et vert ; le rouge ouvre la porte au changement avec des troubles comme conséquences tandis que le vert prône la continuité sous l’égide de Mobutu. Les activités des partis politiques sont annulées, l’Opposition est tuée, contraignant les politiques hostiles à Mobutu à l’exil. Un nombre incalculable de rébellions et insurrections, notamment à Moba, dans le Kwilu, à Kisangani, sur les hauteurs des Kivu voire à Brazzaville voisin, base arrière de certains opposants au régime Mobutu est enregistré.
A Kinshasa, le manque de démocratie crispe la société et même dans les rangs du pouvoir, la défection d’Etienne Tshisekedi et ses compagnons parlementaires révèlent le manque d’approbation de ce système. Même quand le vieux Léopard, du haut de la tribune du siège de son Comité Central du MPR, à la Nselé, tente de sauver les meubles en annonçant le 24 avril 1990, la fin de la dictature, son départ de la tête de son parti et l’autorisation aux partis politiques d’exercer, la démocratie ne verra jamais de beaux jours au Congo-Zaïre.
La Conférence Nationale Souveraine, censée poser les bases d’une démocratisation du pays en préparant des élections, sera brutalement interrompue, occasionnant dans la foulée, la mort de nombreux chrétiens sortis le 17 février 1992 pour demander la réouverture desdites assises.
Jusqu’au jour où le Maréchal Mobutu quitte Kinshasa sous le crépitement des premières balles des troupes de l’Alliance de Laurent-Désiré Kabila, la démocratie n’aura jamais été effective.
La démocratie, act 2 !
L’avènement d’un régime politique au Congo a toujours influé sur le mode de gestion de ce pays. Lorsque Laurent-Désiré Kabila chasse Mobutu du pouvoir, le Zaïre redevient République Démocratique du Congo, la nuance est importante et l’insistance sur démocratie dénote de la volonté du tombeur du Léopard, de mettre le pays sur la bonne voie. Dans son discours, il prône le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple. Le patriotisme et le nationalisme deviennent des maitres-mots d’un pouvoir déjà menacé par les alliés d’hier. Kabila ne sait pas travailler librement et implémenter sa pensée de la démocratie. Alors qu’il tente difficilement de réunir les congolais autour d’une table, il est lâchement assassiné en 2001 sans voir son rêve se réaliser.
Depuis 2006, la République Démocratique du Congo est finalement lancé sur la voie du jeu démocratique. Joseph Kabila qui a succédé à son père en janvier 2001 a ouvert la porte aux opposants d’autre fois, rouvert les activités des partis politiques et organisé les premières élections générales libres et transparentes. C’est encore lui qui, en 2019 écrit une nouvelle page de l’histoire du Congo en permettant l’alternance pacifique entre un Président sortant et un autre entrant, à l’issue du troisième cycle électoral.
C’est désormais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui dirige la RDC, un signal fort pour le pays et le monde, son patronyme est attaché à celui de son père, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, le premier à avoir dit non à la dictature Mobutienne et ouvrir l’inlassable lutte pour l’instauration de la Démocratie avec son parti Udps (Union pour la Démocratie et le Progrès Social).
Les années 2000 ont davantage consacré la démocratie en Afrique et même si à ce jour, l’Afrique demeure le continent le plus instable suite à de nombreux putsh et changements de systèmes les uns cassant les autres avec pour conséquence le retour à la case départ, les éléments constitutifs de la démocratie tendent de plus en plus à se pérenniser. 60 ans après les indépendances en Afrique, le triste constat de la stagnation des pays du continent, certains comme la RDC que Dieu a scandaleusement béni se doit de changer au profit d’un ciel plus bleu et des populations plus heureuses.