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Autopsie des processus électoraux en RDC: La lourde responsabilité de la classe politique et des confessions religieuses dans l’échec.

En jaugeant les différents processus électoraux de la RD Congo, on arrive à la conclusion que les difficultés rencontrées résultent de la volonté des acteurs politiques de caporaliser la CENI. Les confessions religieuses y contribuent malheureusement significativement.

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Il y a fort à craindre que le souci de garantir l’indépendance, la neutralité et l’impartialité de la CENI, de façon à rassurer tous les compétiteurs électoraux de la crédibilité des élections de 2023 ne soit qu’un vœu pieu. Les faits prouvent que la responsabilité de l’échec des processus électoraux est partagée entre les acteurs politiques dont les parlementaires qui n’arrivent pas toujours à voter des lois garantissant l’impartialité, et les chefs religieux. Pourtant, c’est sur le président de la commission électorale que l’on rejette toute la responsabilité après les élections.

L’histoire s’est répétée lors des précédents cycles électoraux et il y a fort à parier qu’elle se répète avec le processus électoral en cours. Depuis la désignation de l’abbé Apollinaire  Malumalu, précurseur et concepteur de l’architecture électorale de la RDC, les choses se déroulent toujours de la même manière. Ce qui arriva au moment de sa désignation, de celle de ses successeurs Daniel Ngoyi Mulunda et Corneille Nangaa ou de  Ronsard Malonda, est en train d’arriver aujourd’hui.  Les mêmes causes produisant les mêmes effets, si en 2006, 2011 et 2018 les élections ont été qualifiées de chaotiques, on se demande si ce ne sera pas pareil en 2023. Entretemps, avec du temps perdu, l’impératif du respect du délai constitutionnel des scrutins devient illusoire.

Plusieurs réformes pour rien

C’est après chaque processus électoral que la question de la réforme refait surface, même si les mêmes tares subsistent. Présentant devant les élus du peuple le 9 avril 2021 le rapport général du processus électoral, Corneille Nangaa avait déclaré ce qui suit au sujet de la réforme électorale : « Tout le monde parle aujourd’hui de réformes électorales. Mais il n’est pas évident que tous ceux qui en parlent en aient la même compréhension ». Le président sortant de la CENI a évidemment raison.

On a beauprocéder au changement de président de la centrale-électorale ou  réviser la loi sur la CENI et la loi électorale,  on est encore loin de sortir de l’ornière. Les velléités de la caporalisation de la CENI subsistent toujours. Du coup, les faiblesses relevées lors des cycles électoraux passés reviennent toujours.

La problématique de la caporalisation de la CENI

Corneille Nangaa et d’autres acteurs politiques ont recommandé la désignation des personnalités indépendantes, mais la démarche reste une équation difficile à résoudre tant les « désignateurs » sont eux-mêmes divisés.   Pour sa part, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) pense qu’au-delà de la désignation des personnalités indépendantes,  le président de la République devrait insuffler la dynamique de réforme du processus électoral ou avoir la volonté d’agir en ce sens. En tant que garant du bon fonctionnement des institutions, le président Félix Antoine Tshisekedi n’a pas à faire litière de la question.

Même, comme l’a suggéré la plateforme Lamuka dans sa proposition de loi, constituer le  bureau de la centrale électorale uniquement avec des membres de la société civile ne résoudra pas le problème. Aussi longtemps que la société civile elle-même sera politisée, la CENI sera toujours caporalisée. Il est ainsi difficile de ne pas transformer la désignation des membres de la CENI  et de son président en un lieu de conquête ou de conservation du pouvoir.

L’impossible dépolitisation de la CENI

Au début de chaque processus électoral, il y a toujours une controverse autour de la dépolitisation de la CENI. Cependant, une fois le projet de loi sur la CENI analysé et adopté par les  députés nationaux, on ne  voit finalement pas le travail de dépolitisation abattu. Encore que certains scientifiques-politiques ne croient même pas que ce soit possible. Tel est le cas du professeur André Mbata, député national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et président de la commission PAJ de la chambre basse du Parlement, qui estime impossible  la dépolitisation de la CENI.

Le Groupe d’Etudes sur le Congo, lui aussi, pense que la dépolitisation totale de la CENI est pratiquement impossible dans un climat de méfiance entre les acteurs politiques  qui tiennent à avoir leurs délégués à la CENI considérés comme leurs yeux dans l’organe de gestion des élections. L’Accord de Sun City, adopté en 2003, préconisait la mise en place d’une CENI indépendante…Selon le GEC, le compromis politique trouvé portait les germes d’instrumentalisation politique de la commission électorale. Or, tant que la commission électorale ne sera pas réellement indépendante, parler des élections libres et démocratiques sera toujours utopique.   Bien plus, étant donné ce qui s’est passé lors des élections précédentes, il est difficile de dissiper le climat de suspicion, de manque de confiance entre les chefs religieux et de méfiance entre les acteurs politiques.

Les confessions religieuses ont déçu

Le processus ayant conduit à la désignation de Ronsard Malonda et celui qui est en cours, démontrent que les chefs religieux en général sont hypocrites, certains sont cupides et corruptibles.  Les agendas des uns et   des autres se sont finalement étalés au grand jour. Aussi, leur  charte n’encourage que des querelles d’Allemands, car élaborée comme pour ne pas permettre le consensus, ce qui,  inexorablement, renvoie au vote. Et lorsqu’il faut parler vote, chacun connait la suite.

Cette fois-ci encore, les représentants de la plateforme des 8 confessions religieuses (Eglise Catholique, Armée du Salut, Eglise Kimbanguiste, Eglise Indépendante, Eglise Orthodoxe, l’Eglise du Christ au Congo, Eglise du Réveil, musulmane) auxquelles revient la tâche de désignation du président de la CENI ont déçu.

L’indépendance et neutralité du candidat censé les représenter pose toujours problème et l’église catholique évoque un problème d’intégrité. Après plusieurs rounds improductifs, les 6 confessions religieuses ont dare-dare déposé leur PV de désignation du candidat président de la CENI au Bureau de l’Assemblée nationale.  Mais, les représentants de la CENCO et de l’ECC s’en moquent comme de leur première « soutane », estimant comme l’a dit Eric Senga, porte-parole de l’ECC, qu’il n’existe pas juridiquement une plateforme de 6 confessions religieuses.

Pour Donatien Nshole, secrétaire général de CENCO, le candidat qu’il appelle X, présenté par ces 6 confessions religieuses, pèche par rapport à l’intégrité et l’indépendance. En effet, la proposition de loi que Christophe Lutundula a soumise au parlement stipule que les membres de la CENI sont choisis parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leur compétence, intégrité morale, probité, honnêteté…

D’aucuns se rappellent  qu’à chaque occurrence la CENCO vient avec son candidat et aucun jusqu’à présent n’a eu la chance de passer. Ses membres ont eu parfois à être en contradiction entre eux, le cas de la désignation de Malu Malu qui avait divisé les évêques en 2013. Contre l’avis de la CENCO, Malu Malu avait accepté de présider la CENI. Il avait le soutien de son évêque, Mgr Sikuli Paluku Melchisédech,  alors que la CENCO s’était opposée à la présence d’un ecclésiastique à ce poste, préférant comme candidat le laïc Botolo Magoza. Les évêques  avaient demandé des sanctions canoniques contre l’abbé Apollinaire Malu Malu et ce dernier avait perdu son poste de directeur général de l’Institut panafricain Cardinal Martino. Aujourd’hui, le candidat Cyrille Ebotoko qui jouit de son soutien, comme en 2020 face à Malonda, Denis Kadima et Sylvain Lumu, continue d’être à l’écart.   

Au terme du tamisage en 2020, les catholiques et les protestants n’avaient été pour le choix de Ronsard Malonda dont le président Tshisekedi avait refusé la validation de mandat après  l’entérinement de l’assemblée nationale.

En définitive, les confessions religieuses passent pour une plateforme fantoche, facilement manipulable par la classe politique. L’abbé Donatien Nshole, sur les ondes d’une radio locale, a eu à exprimer ses regrets par rapport à l’image qu’ils véhiculent tous dans l’opinion. Certainement, cela pousse d’aucuns à dire que, si l’on y prend garde, elles (les confessions religieuses) finiront par se voir déposséder de ce privilège leur reconnu dans l’Accord global et inclusif de Sun City. « Les hommes restent ce qu’ils sont. Qu’ils soient en soutanes, ils ont un cœur humain », conclut Jacques Djoli.

Le choix cornélien de Félix Tshisekedi

Monseigneur Marcel Utembi et le docteur André Bokundoa ne sont pas de ceux qui reculent. Malgré le jusqu’auboutisme de leurs pairs, ils tiennent à épuiser toutes voies nécessaires. Devant la décision implacable du groupe de l’évêque général Dodo Kamba, ils sollicitent l’arbitrage du président Tshisekedi, sous prétexte qu’il s’était adressé à Jeannine Mabunda lorsqu’il y avait mésentente  au tour de la désignation de Ronsard Malonda.  Le 17 juillet 2020, le président Tshisekedi avait effectivement  refusé d’investir Ronsard Malonda, dans un courrier adressé à la présidente de l’assemblée nationale, Jeannine Mabunda, soulignant que ladite désignation était fortement contestée par plusieurs des représentants des confessions religieuses, à savoir l’Eglise catholique, l’Eglise du Christ au Congo et l’Eglise Kimbanguiste.

La « jurisprudence Mabunda » existant, le président Félix Tshisekedi a tout intérêt à trancher pour éviter les manifestations qu’avaient initiées le Comité laïc de coordination (CLC) et Lamuka, lorsque Ronsard Malonda était désigné en 2020, lesquelles manifestations avaient occasionné la mort de plusieurs personnes. Si autre fois Lamuka, le CLC et l’UDPS étaient contre la désignation de Ronsard Malonda, actuellement Lamuka, FCC (PPRD) et les mouvements citoyens comme La Lucha  font un lever de boucliers. 

Des processus électoraux ayant les mêmes caractéristiques.

Ric à ric, tous les processus électoraux suivent ou presque le même schéma. Ainsi, après l’étape de la désignation des animateurs de la CENI, comme lors des autres processus, la classe politique va passer à une autre, celle des tiraillements portant sur la loi électorale dont le manque de compromis sur pas mal de points : mode de scrutin, seuil, machine à voter, enrôlement, fichier électoral, caution non remboursable…

Pour le processus électoral en cours, on peut dire que « les allemands arrivent » : il n’y a plus rien à faire. Autant en emporte le vent. Sinon, les questions demeurent. Devrait-on continuer à parler des élections chaotiques, fraudes massives, bras de fer ou résultat entaché d’irrégularités ? En réalité, les prémisses posées actuellement sont inévitablement celles qui produisent le cafouillage ou le tripatouillage. Comment dans ce cas précis ne pas s’attendre à la violence postélectorale ?

Hubert MWIPATAYI

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Après la suspension de l’aide internationale américaine : quel impact sur la RDC

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L’administration Trump a confirmé, le 28 mars 2025, la dissolution de facto de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). L’actuel locataire du Bureau ovale souhaite réduire drastiquement l’aide américaine à l’étranger. Mais cette décision a un impact direct sur plusieurs projets humanitaires en Afrique et ailleurs. Analyse des conséquences d’une telle décision, notamment sur la République démocratique du Congo (RDC).

Chaque année, la RDC bénéficiait d’un soutien d’environ 1 milliard de dollars de la part de l’USAID. Cette enveloppe colossale servait à l’exécution de projets dans des secteurs divers tels que l’éducation, l’agriculture, la santé et la gouvernance. Ces fonds permettaient aussi de maintenir plusieurs emplois dans ces secteurs. Tout cela s’est effondré comme un château de cartes. Dans les provinces, l’USAID soutenait le renforcement des capacités des institutions locales et de la société civile, afin de favoriser une gouvernance efficace et inclusive. Mais le plus grand impact de la rupture de ce financement se fait sentir dans le domaine humanitaire. Le pays traverse une crise humanitaire sans précédent depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda.

Après l’Ukraine, la RDC est le principal bénéficiaire de cette aide américaine. Au cours des dix dernières années, l’USAID a fourni plus de 6 milliards de dollars d’aide humanitaire et au développement au pays. En 2024, le pays a reçu 1,3 milliard de dollars d’aides internationales, soit le montant le plus élevé jamais obtenu. Dans cette enveloppe, 910 millions de dollars provenaient des États-Unis.

Depuis l’aggravation de la situation sécuritaire dans l’Est, le gouvernement congolais et les Nations Unies ont lancé à Kinshasa un Plan de réponse humanitaire 2025. Ce programme, d’un montant de 2,54 milliards de dollars, vise à subvenir aux besoins de 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes. Ce qui représente l’un des niveaux les plus élevés au monde. Plus de 21 millions de Congolais sont affectés par des crises multiples, notamment des conflits armés, des catastrophes naturelles et différentes épidémies.

Des ONG sans financement

L’aide américaine contribuait en grande partie à financer des ONG qui interviennent dans le domaine humanitaire. Ce qui contribuait à atténuer tant soit peu les souffrances des communautés locales. Au Nord-Kivu, par exemple, plusieurs projets en faveur des personnes vulnérables, exécutés par des ONG internationales, étaient financés par cette agence américaine. Son démantèlement va laisser un grand vide malgré les tentatives des autres partenaires de la RDC pour le combler. L’année dernière, 5,3 millions de Congolais ont reçu une assistance alimentaire. Les programmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) de l’USAID et les activités de résilience pour la sécurité alimentaire ont touché près de 1,2 million de personnes dans l’Est de la RDC, ainsi que dans les provinces du Kasaï Oriental et du Tanganyika. En soutenant des initiatives de paix et de réconciliation dans les zones de conflits, l’USAID travaillait notamment à la stabilisation du pays. À ce jour, Elon Musk, désormais chef du département de l’Efficacité gouvernementale, qualifie cette agence de « nid de vipères marxistes » et a réussi son démantèlement pour appliquer la politique de Donald Trump sur « l’Amérique d’abord ».

Heshima

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RDC : Tshisekedi et la bataille pour la reconnaissance du génocide congolais 

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Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a lancé ce 31 mars 2025 une table ronde notamment pour l’appropriation collective du concept « Genocost ». Une allusion au génocide congolais perpétré pour des gains économiques. Le chef de l’Etat annonce la mise en place « imminente » d’un groupe interdisciplinaire d’experts chargé d’évaluer ces crimes de masse perpétrés principalement par le Rwanda.    

Depuis près de 3 ans, la République démocratique du Congo est en train de formaliser un exercice de mémoire : le Genocost. Ce néologisme, lancé par des jeunes congolais de la société civile, devient petit à petit une affaire d’Etat. Composé d’une combinaison des mots « Génocide » et « Coût », Genocost renvoie au génocide perpétré pour des gains économiques. Félix Tshisekedi, avec des structures comme le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits (FONAREV), ont sélectionné la journée du 2 août pour commémorer tous les massacres commis en RDC, principalement pour des raisons économiques.

Ce lundi 31 mars 2025, au Centre culturel de Kinshasa, Félix Tshisekedi a lancé une table ronde de 3 jours pour aborder deux axes principaux, notamment l’appropriation du concept de Genocost par les Congolais, en lien avec les mobilisations nationales et la reconnaissance internationale du génocide congolais. Le combat, pour l’heure, c’est d’assoir un narratif national sur ces événements et porter le combat au niveau international pour la reconnaissance de ces crimes de masse comme un génocide. Généralement, l’opinion internationale réfute le terme génocide pour qualifier les massacres cycliques en RDC, estimant qu’ils ne visaient pas une ethnie ou un groupe d’individus. Mais dans son allocution du jour, Tshisekedi a décidé d’associer un nom aux victimes : les hutus congolais notamment. Dans cette logique, il a cité certains massacres perpétrés par les forces négatives entrainées et équipées par le Rwanda, notamment les massacres de Kishishe où en majorité des Hutus congolais avaient été tués par les rebelles du M23, en novembre 2022. Mais aussi des crimes de masse à Bambo ou à Mweso, toujours dans le Nord-Kivu. Sans compter des massacres de Makobola au Sud-Kivu, à Kisangani et ailleurs.    

De ce fait, il a annoncé la mise en place « imminente » d’un groupe interdisciplinaire d’experts chargé d’évaluer de manière « rigoureuse et systématique » des crimes de masse notamment ceux relevant du génocide perpétré sur le sol congolais. Ce groupe va, entre autre, évaluer les préjudices subis par le peuple congolais. Félix Tshisekedi rappelle aussi l’importance de se souvenir de ces crimes, citant Simon Veil, qui a indiqué que la destruction du passé constitue un crime. « Aujourd’hui, nous ne parlons pas uniquement du passé mais du présent et de l’avenir. », a-t-il ajouté, parlant de plus de 10 millions de vies humaines innocentes brutalement fauchées de façon cyclique depuis 1993. Il a rassuré qu’au niveau de la communauté internationale, « la vérité commence enfin à émerger ».

Au Kivu, la triste histoire se répète…

Pendant qu’à Kinshasa le président congolais dénonce ces atrocités, dans le Kivu, l’histoire est en train de se répéter. Tombées aux mains du Mouvement du 23 mars (M23), les villes de Goma et Bukavu subissent les affres de ces rebelles. A Bukavu, par exemple, la cohabitation entre ces insurgés et les habitants reste difficile. La ville de Bukavu a enregistré, ces derniers 48 heures, de nouveau cas de tueries nocturnes dans différents quartiers. La jeunesse de la ville avait lancé un ultimatum au groupe rebelle, exigeant son retrait immédiat dans un délai de 72 heures. Cette demande, exprimée dans un communiqué daté du 24 mars 2025, fait suite à une série d’atrocités perpétrées par les rebelles depuis leur occupation de la ville. La population a manifesté, le 30 mars, dans la rue avec un corps d’un jeune homme abattu. Des tirs de sommation des forces de la rébellion ont dispersé les manifestants et le corps de la victime a été conduit à la morgue de l’hôpital général de référence de Bukavu. A Goma, la situation n’est pas non plus reluisante.  

Heshima

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Consultations politiques en RDC : l’illusion d’un consensus plane  

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Les consultations initiées par le président Félix Tshisekedi pour la formation d’un gouvernement d’union nationale semblent jusqu’ici tourner uniquement autour des personnalités de sa propre famille politique, l’Union sacrée de la Nation. Une semaine après, l’opposition reste toujours sur sa position et refuse une telle proposition. Si l’opposition ne répond pas, le consensus recherché par le chef de l’Etat pour faire face aux défis sécuritaires dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) risque d’être une illusion.

Les consultions menées par Eberande Kolongele, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité reprennent, ce lundi 31 mars 2025, à Kinshasa. Après avoir vu défiler Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Modeste Bahati, Jean-Michel Sama Lukonde et d’autres leaders de la majorité au pouvoir, les opposants se font toujours attendre. Cette semaine, l’unique opposant qui pourrait se pointer au bureau du conseiller spécial, c’est l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito. Le président du parti Nouvel Elan s’est montré favorable à cette initiative. « Ici, il ne s’agit pas de questions de la majorité ou de l’opposition, parce que nous ne sommes pas en train de défendre nos programmes en tant qu’entités partisanes, entités politiques, mais ici, il s’agit de la nation qui est en danger. Nous devons d’abord préserver la nation, avant de retourner dans nos casquettes politiques », a justifié le secrétaire général de son parti, Blanchard Mongomba. Ce dernier insiste qu’il faut soutenir les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mais surtout le chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui est au front face à cette agression rwandaise sous couvert du Mouvement du 23 mars (M23).   

Du côté du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la position reste inflexible. La formation politique de l’ancien président Joseph Kabila veut un dialogue « inclusif » où toutes les questions liées à la crise actuelle seront traitées. Quant à Martin Fayulu, Delly Sesanga et Moïse Katumbi, ils ont foi au dialogue initié par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC).       

L’illusion d’illusion d’un consensus

Avec ce format des discussions, le pouvoir risque de finir ces consultations sans atteindre l’objectif recherché, celui de réunir le maximum des Congolais pour faire face à la crise sécuritaire. A défaut d’avoir tout le monde, il y risque d’un débauchage des individus au sein de l’opposition pour donner l’illusion d’un consensus et sauver ces consultations. « Le pouvoir, bien sûr, invite les opposants, non pas par générosité d’âme, mais plutôt pour donner l’illusion d’un consensus. », estime Guylain Tshibamba, expert en communication stratégique.

L’histoire politique est riche en exemple. En 2016, Joseph Kabila – refusant un format neutre du dialogue – avait fait venir le Togolais Edem Kodjo pour conduite le dialogue dit de la Cité de l’Union africaine. Un dialogue qui a débouché sur la nomination du Premier ministre Samy Badibanga. Mais l’illusion de ce consensus n’avait pas tardé à montrer ses limites. Le chef de l’Etat de l’époque était obligé de reprendre à zéro pour ratisser large afin de mieux apaiser les tensions. Ce qui l’avait conduit à accepter le dialogue dit de la Saint Sylvestre mené par la CENCO. Même si le Premier ministre nommé – Bruno Tshibala – était aussi un débauché, mais ces pourparlers avaient permis de traverser cette zone de turbulence pour arriver aux élections de 2018.

Avoir la lucidité de lire l’histoire et d’anticiper sur les événements pourrait permettre à la République de ne pas perdre du temps face au danger existentiel qui est à ses portes. D’ailleurs, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a demandé de ne pas s’écarter des objectifs. Celui de réunir réellement l’opposition, la majorité et les belligérants dans un processus plus inclusif pour la paix dans l’Est du pays.

Heshima

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