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Elections : coller l’ONIP à la CENI fait courir le risque de glissement en 2023

La question de savoir si le chronogramme du processus électoral sera bel et bien respecté se pose avec acuité, au regard des paramètres objectifs et réalistes. Devant la contrainte du temps, la dissociation des opérations électorales d’avec le recensement de la population devient un impératif. Le gouvernement est appelé non seulement à le comprendre, mais aussi à débloquer les moyens financiers nécessaires.

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Examinant la situation du processus électoral, des experts réunis le  9 juin 2022, à Kinshasa, au sein de la plateforme « Agir pour des élections transparentes et apaisées (AETA)», ont constaté qu’à 18 mois des joutes électorales, rien n’est encore fait pour démarrer l’enrôlement des électeurs et commander les kits adaptés pour cette opération.

Malheureusement, à la place d’un respect pragmatique des prérogatives de chaque structure, le gouvernement a décidé de manière simultanée et couplée  d’organiser le recensement et l’identification de la population avec l’enrôlement des électeurs, option que rejette la Commission électorale nationale indépendante (CENI). La CENI est opposée à la mutualisation des opérations avec l’Office national d’identification de la population (ONIP) et l’Institut national de la statistique (INS). Pour cause ? La lourdeur et la complexité de l’opération la mettrait en retard par rapport au processus électoral et les élections qu’elle doit organiser fin 2023. Denis Kadima Kazadi, son président, tient à tout prix à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Et le 4ème président de la Centrale électorale congolaise pense que son institution devrait d’abord procéder à l’opération d’enrôlement des électeurs et déverser ensuite ses données à l’ONIP et l’INS qui, eux, n’auront qu’à identifier les Congolais mineurs afin de fusionner ces données avec celles de la CENI pour parfaire le recensement de la population. Une idée qui semble être boudée dans certains milieux des décisions, privilégiant toujours une mutualisation tous azimuts qui pourrait porter un sacré coup sur le calendrier de la CENI et, par ricochet, sur la date fatidique de 2023.          

Si le 26 avril 2022, dans un entretien sur RFI et France 24, le Premier ministre Sama Lukonde a exclu tout glissement du calendrier électoral, affirmant que le pays ira aux élections en 2023, il devient de plus en plus évident que c’est vers ce fameux glissement que l’on tend inexorablement, s’il faut mutualiser les opérations. L’article 73 de la Constitution est clair lorsqu’il recommande la convocation du corps électoral 90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice. Un délai qui risque d’être mis à mal par ces manœuvres.     

L’inaction du gouvernement, un préjudice

En février 2022, Denis Kadima avait écrit au chef du gouvernement sur cette question, lui faisant voir que l’Assemblée plénière de la CENI s’était réunie le 14  février  et avait examiné le bien-fondé de l’initiative du gouvernement dont son souci de dénombrer la population congolaise par l’ONIP et l’INS. L’Assemblée plénière avait émis des réserves par rapport à cette option à cause des considérations d’ordre légal, technique et opérationnel liés à ses missions. Depuis, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont. Mais des moyens financiers, à en croire les sources proches de la CENI, ne sont pas encore mis à la disposition de la centrale électorale pour les opérations d’enrôlement. 

Pourtant, la loi est claire comme l’eau de roche et Il n’y a pas une disposition légale qui impose que l’enrôlement des électeurs se fasse consécutivement avec d’autres opérations. Du point de vue légal, la mission de l’organisation du processus électoral revient à la CENI, selon ce que stipule l’article 211 de la Constitution. Et d’ailleurs, des Congolais ont toujours rejeté l’idée de coller le recensement de la population à des opérations électorales pour éviter tout dépassement du délai constitutionnel. L’on se souviendra de l’alinéa litigieux voulant conditionner le recensement de la population avant la tenue des élections lors de l’examen de la loi électorale en 2015. Une situation qui avait suscité des violentes manifestations à travers le pays.          

L’arbitrage de Tshisekedi attendu…

Le 03 février 2022, la CENI avait publié la feuille de route du processus électoral 2021-2027. Sa mise en œuvre cumulée avec d’autres opérations, dans un schéma non légal, ne saurait se faire sans entraver le processus électoral dont le retard des 28 mois est déjà significatif. Sur cette épineuse question, Denis Kadima a eu, à juste titre, à solliciter l’arbitrage éclairé du président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions. Si jusque-là il ne s’est pas encore prononcé, le chef de l’Etat est appelé à agir selon une approche qui privilégie le dialogue.

Malheureusement, certains s’évertuent à mettre les bâtons dans les roues de la CENI. Il semblerait que les « bonzes » de la Présidence de la République, dans le souci d’y tirer un avantage pécuniaire, s’y sont greffés dans le dossier de mutualisation avec l’ONIP et l’INS. Ils seraient partis négocier avec une structure ouest-africaine pour aider le gouvernement à réaliser ce travail. Il s’agit d’un faux pas d’autant plus que ceux qui sont derrière cette démarche n’ont pas qualité et leur manœuvre pèche vis-à-vis de la loi portant passation des marchés publics. 

Deux structures, deux missions différentes

La différence est nette entre l’ONIP et la CENI. Sur le plan administratif, il n’y a pas de lien qui lie les deux structures. L’ONIP est un établissement public sous tutelle du ministère de l’intérieur avec autonomie de gestion, tandis que la CENI est une structure indépendante d’appui à la démocratie qui a pour mission principale l’organisation des élections.

Aussi, l’ONIP a pour mission de procéder à l’identification systématique et effective des Congolais où qu’ils se trouvent en RDC ou à l’étranger. Il cherche aussi à bien connaître les étrangers qui vivent en RDC. Or, l’enrôlement que fait la CENI concerne uniquement les personnes de nationalité congolaise qui remplissent les conditions fixées par la loi électorale. La CENI dit attendre au terme de l‘enrôlement 50 millions d’électeurs et estime que l’identification de la population pourrait concerner 100 millions de Congolais.

Heshima

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Après la suspension de l’aide internationale américaine : quel impact sur la RDC

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L’administration Trump a confirmé, le 28 mars 2025, la dissolution de facto de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). L’actuel locataire du Bureau ovale souhaite réduire drastiquement l’aide américaine à l’étranger. Mais cette décision a un impact direct sur plusieurs projets humanitaires en Afrique et ailleurs. Analyse des conséquences d’une telle décision, notamment sur la République démocratique du Congo (RDC).

Chaque année, la RDC bénéficiait d’un soutien d’environ 1 milliard de dollars de la part de l’USAID. Cette enveloppe colossale servait à l’exécution de projets dans des secteurs divers tels que l’éducation, l’agriculture, la santé et la gouvernance. Ces fonds permettaient aussi de maintenir plusieurs emplois dans ces secteurs. Tout cela s’est effondré comme un château de cartes. Dans les provinces, l’USAID soutenait le renforcement des capacités des institutions locales et de la société civile, afin de favoriser une gouvernance efficace et inclusive. Mais le plus grand impact de la rupture de ce financement se fait sentir dans le domaine humanitaire. Le pays traverse une crise humanitaire sans précédent depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda.

Après l’Ukraine, la RDC est le principal bénéficiaire de cette aide américaine. Au cours des dix dernières années, l’USAID a fourni plus de 6 milliards de dollars d’aide humanitaire et au développement au pays. En 2024, le pays a reçu 1,3 milliard de dollars d’aides internationales, soit le montant le plus élevé jamais obtenu. Dans cette enveloppe, 910 millions de dollars provenaient des États-Unis.

Depuis l’aggravation de la situation sécuritaire dans l’Est, le gouvernement congolais et les Nations Unies ont lancé à Kinshasa un Plan de réponse humanitaire 2025. Ce programme, d’un montant de 2,54 milliards de dollars, vise à subvenir aux besoins de 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes. Ce qui représente l’un des niveaux les plus élevés au monde. Plus de 21 millions de Congolais sont affectés par des crises multiples, notamment des conflits armés, des catastrophes naturelles et différentes épidémies.

Des ONG sans financement

L’aide américaine contribuait en grande partie à financer des ONG qui interviennent dans le domaine humanitaire. Ce qui contribuait à atténuer tant soit peu les souffrances des communautés locales. Au Nord-Kivu, par exemple, plusieurs projets en faveur des personnes vulnérables, exécutés par des ONG internationales, étaient financés par cette agence américaine. Son démantèlement va laisser un grand vide malgré les tentatives des autres partenaires de la RDC pour le combler. L’année dernière, 5,3 millions de Congolais ont reçu une assistance alimentaire. Les programmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) de l’USAID et les activités de résilience pour la sécurité alimentaire ont touché près de 1,2 million de personnes dans l’Est de la RDC, ainsi que dans les provinces du Kasaï Oriental et du Tanganyika. En soutenant des initiatives de paix et de réconciliation dans les zones de conflits, l’USAID travaillait notamment à la stabilisation du pays. À ce jour, Elon Musk, désormais chef du département de l’Efficacité gouvernementale, qualifie cette agence de « nid de vipères marxistes » et a réussi son démantèlement pour appliquer la politique de Donald Trump sur « l’Amérique d’abord ».

Heshima

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RDC : Tshisekedi et la bataille pour la reconnaissance du génocide congolais 

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Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a lancé ce 31 mars 2025 une table ronde notamment pour l’appropriation collective du concept « Genocost ». Une allusion au génocide congolais perpétré pour des gains économiques. Le chef de l’Etat annonce la mise en place « imminente » d’un groupe interdisciplinaire d’experts chargé d’évaluer ces crimes de masse perpétrés principalement par le Rwanda.    

Depuis près de 3 ans, la République démocratique du Congo est en train de formaliser un exercice de mémoire : le Genocost. Ce néologisme, lancé par des jeunes congolais de la société civile, devient petit à petit une affaire d’Etat. Composé d’une combinaison des mots « Génocide » et « Coût », Genocost renvoie au génocide perpétré pour des gains économiques. Félix Tshisekedi, avec des structures comme le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits (FONAREV), ont sélectionné la journée du 2 août pour commémorer tous les massacres commis en RDC, principalement pour des raisons économiques.

Ce lundi 31 mars 2025, au Centre culturel de Kinshasa, Félix Tshisekedi a lancé une table ronde de 3 jours pour aborder deux axes principaux, notamment l’appropriation du concept de Genocost par les Congolais, en lien avec les mobilisations nationales et la reconnaissance internationale du génocide congolais. Le combat, pour l’heure, c’est d’assoir un narratif national sur ces événements et porter le combat au niveau international pour la reconnaissance de ces crimes de masse comme un génocide. Généralement, l’opinion internationale réfute le terme génocide pour qualifier les massacres cycliques en RDC, estimant qu’ils ne visaient pas une ethnie ou un groupe d’individus. Mais dans son allocution du jour, Tshisekedi a décidé d’associer un nom aux victimes : les hutus congolais notamment. Dans cette logique, il a cité certains massacres perpétrés par les forces négatives entrainées et équipées par le Rwanda, notamment les massacres de Kishishe où en majorité des Hutus congolais avaient été tués par les rebelles du M23, en novembre 2022. Mais aussi des crimes de masse à Bambo ou à Mweso, toujours dans le Nord-Kivu. Sans compter des massacres de Makobola au Sud-Kivu, à Kisangani et ailleurs.    

De ce fait, il a annoncé la mise en place « imminente » d’un groupe interdisciplinaire d’experts chargé d’évaluer de manière « rigoureuse et systématique » des crimes de masse notamment ceux relevant du génocide perpétré sur le sol congolais. Ce groupe va, entre autre, évaluer les préjudices subis par le peuple congolais. Félix Tshisekedi rappelle aussi l’importance de se souvenir de ces crimes, citant Simon Veil, qui a indiqué que la destruction du passé constitue un crime. « Aujourd’hui, nous ne parlons pas uniquement du passé mais du présent et de l’avenir. », a-t-il ajouté, parlant de plus de 10 millions de vies humaines innocentes brutalement fauchées de façon cyclique depuis 1993. Il a rassuré qu’au niveau de la communauté internationale, « la vérité commence enfin à émerger ».

Au Kivu, la triste histoire se répète…

Pendant qu’à Kinshasa le président congolais dénonce ces atrocités, dans le Kivu, l’histoire est en train de se répéter. Tombées aux mains du Mouvement du 23 mars (M23), les villes de Goma et Bukavu subissent les affres de ces rebelles. A Bukavu, par exemple, la cohabitation entre ces insurgés et les habitants reste difficile. La ville de Bukavu a enregistré, ces derniers 48 heures, de nouveau cas de tueries nocturnes dans différents quartiers. La jeunesse de la ville avait lancé un ultimatum au groupe rebelle, exigeant son retrait immédiat dans un délai de 72 heures. Cette demande, exprimée dans un communiqué daté du 24 mars 2025, fait suite à une série d’atrocités perpétrées par les rebelles depuis leur occupation de la ville. La population a manifesté, le 30 mars, dans la rue avec un corps d’un jeune homme abattu. Des tirs de sommation des forces de la rébellion ont dispersé les manifestants et le corps de la victime a été conduit à la morgue de l’hôpital général de référence de Bukavu. A Goma, la situation n’est pas non plus reluisante.  

Heshima

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Consultations politiques en RDC : l’illusion d’un consensus plane  

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Les consultations initiées par le président Félix Tshisekedi pour la formation d’un gouvernement d’union nationale semblent jusqu’ici tourner uniquement autour des personnalités de sa propre famille politique, l’Union sacrée de la Nation. Une semaine après, l’opposition reste toujours sur sa position et refuse une telle proposition. Si l’opposition ne répond pas, le consensus recherché par le chef de l’Etat pour faire face aux défis sécuritaires dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) risque d’être une illusion.

Les consultions menées par Eberande Kolongele, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité reprennent, ce lundi 31 mars 2025, à Kinshasa. Après avoir vu défiler Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Modeste Bahati, Jean-Michel Sama Lukonde et d’autres leaders de la majorité au pouvoir, les opposants se font toujours attendre. Cette semaine, l’unique opposant qui pourrait se pointer au bureau du conseiller spécial, c’est l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito. Le président du parti Nouvel Elan s’est montré favorable à cette initiative. « Ici, il ne s’agit pas de questions de la majorité ou de l’opposition, parce que nous ne sommes pas en train de défendre nos programmes en tant qu’entités partisanes, entités politiques, mais ici, il s’agit de la nation qui est en danger. Nous devons d’abord préserver la nation, avant de retourner dans nos casquettes politiques », a justifié le secrétaire général de son parti, Blanchard Mongomba. Ce dernier insiste qu’il faut soutenir les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mais surtout le chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui est au front face à cette agression rwandaise sous couvert du Mouvement du 23 mars (M23).   

Du côté du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la position reste inflexible. La formation politique de l’ancien président Joseph Kabila veut un dialogue « inclusif » où toutes les questions liées à la crise actuelle seront traitées. Quant à Martin Fayulu, Delly Sesanga et Moïse Katumbi, ils ont foi au dialogue initié par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC).       

L’illusion d’illusion d’un consensus

Avec ce format des discussions, le pouvoir risque de finir ces consultations sans atteindre l’objectif recherché, celui de réunir le maximum des Congolais pour faire face à la crise sécuritaire. A défaut d’avoir tout le monde, il y risque d’un débauchage des individus au sein de l’opposition pour donner l’illusion d’un consensus et sauver ces consultations. « Le pouvoir, bien sûr, invite les opposants, non pas par générosité d’âme, mais plutôt pour donner l’illusion d’un consensus. », estime Guylain Tshibamba, expert en communication stratégique.

L’histoire politique est riche en exemple. En 2016, Joseph Kabila – refusant un format neutre du dialogue – avait fait venir le Togolais Edem Kodjo pour conduite le dialogue dit de la Cité de l’Union africaine. Un dialogue qui a débouché sur la nomination du Premier ministre Samy Badibanga. Mais l’illusion de ce consensus n’avait pas tardé à montrer ses limites. Le chef de l’Etat de l’époque était obligé de reprendre à zéro pour ratisser large afin de mieux apaiser les tensions. Ce qui l’avait conduit à accepter le dialogue dit de la Saint Sylvestre mené par la CENCO. Même si le Premier ministre nommé – Bruno Tshibala – était aussi un débauché, mais ces pourparlers avaient permis de traverser cette zone de turbulence pour arriver aux élections de 2018.

Avoir la lucidité de lire l’histoire et d’anticiper sur les événements pourrait permettre à la République de ne pas perdre du temps face au danger existentiel qui est à ses portes. D’ailleurs, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a demandé de ne pas s’écarter des objectifs. Celui de réunir réellement l’opposition, la majorité et les belligérants dans un processus plus inclusif pour la paix dans l’Est du pays.

Heshima

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