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IGF : Jules Alingete évoque les avantages de la patrouille financière

Au cours d’une émission en direct organisée, lundi 29 août, par Télé 50, l’Inspecteur général des finances et chef de service de l’IGF s’est étendu sur le bien-fondé de la patrouille financière qui produit des résultats positifs. Une patrouille qui, en même temps, est combattue par certains détracteurs de la bonne gouvernance.

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Tout au long de cet entretien, Jules Alingete Key a défendu l’existence légale de la patrouille financière et démontré son bien-fondé dans le contrôle des actes de gestion en République démocratique du Congo. « La patrouille financière est une opération de surveillance des dépenses de l’Etat ainsi que des recettes. C’est un contrôle préventif des finances publiques, un contrôle a priori de la dépense », a-t-il expliqué avec des termes simples. 

Son existence légale est fondée sur l’article 140 du règlement général sur la comptabilité publique qui stipule que le contrôle de l’Inspection générale des fiances (IGF) peut être a priori, concomitant ou a posteriori. « Donc nous avons trois types de contrôle que l’Inspection générale des finances peut faire » Pour lui, le contrôle a posteriori est celui qui porte sur les actes de gestion d’une période déjà passée. C’est ce à quoi beaucoup de mandataires publics sont habitués, a-t-il rappelé. Le contrôle concomitant est celui qui se fait au même moment que les actes de gestion sont en train d’être posés et le contrôle a priori est celui qui se fait avant que les actes de gestion ne puisse être matérialisés. « C’est au fait un contrôle préventif », a-t-il fait savoir. Ce contrôle se fait sur la programmation des dépenses. Ce n’est pas une invention de la République démocratique du Congo, prévient Jules Alingete. Il a souligné que cette mission a donc été confiée à l’IGF par l’article 121 de la loi des finances publiques. 

Pour lui, c’est un contrôle qui se fait partout, dans toutes les nations civilisées qui ont atteint la bonne gouvernance. Le contrôle permanent ou concomitant permet d’empêcher la commission des mauvais actes de gestion parce que le contrôle a posteriori est un contrôle qui vient constater les dégâts et tirer les conclusions, a-t-il différencié. 

Tshisekedi, l’acteur principal…  

Le patron de l’IGF note que ce qui est en train d’être fait dans le cadre de la bonne gouvernance est l’œuvre du Président de la République, Félix Tshisekedi, dans sa vison de lutter contre la corruption. « Vous devez savoir que ce qui est en train d’être fait dans le cadre de la bonne gouvernance n’est pas un travail de Jules Alingete. En réalité, c’est le travail du chef de l’Etat. C’est lui au fait qui est l’acteur principal de l’implémentation de la bonne gouvernance, l’Inspection générale des finances n’est qu’un service à sa disposition, un instrument qu’il a choisi pour matérialiser sa vision de la bonne gouvernance », a précisé le chef de service de l’IGF.        

Jules Alingete a aussi expliqué comment l’IGF est passée du contrôle a posteriori au contrôle concomitant ou la patrouille financière. Le contrôle a posteriori a beaucoup de limites en ce qui concerne la récupération des fonds détournés, a-t-il révélé. « Depuis que nous sommes là, nous n’avons pas encore obtenu la récupération des biens volés et même pour obtenir la sanction administrative de quelqu’un qui a détourné, c’est un parcours de combattant. Et pour obtenir sa condamnation, c’est tout un problème. Et parfois ces gens sont condamnés et par la suite ils ne le sont plus. Donc, pour pallier ces insuffisances du contrôle a posteriori…, nous avons fait des propositions à la hiérarchie pour passer au contrôle a priori prévu dans les textes de l’IGF parce que ce contrôle a l’avantage d’empêcher les actes de détournement des deniers publics », a-t-il relaté. 

Et ce contrôle se place avant la programmation des actes de dépense. « Et on se place à ce niveau là pour déceler les irrégularités, la surfacturation, les faits de corruption et empêcher ces antivaleurs de se réaliser. C’est avec ça que de moins en moins on parle de quelqu’un qui a détourné et qui a disparu, c’est avec la patrouille financière. », a-t-il fait remarquer. 

Des résultats positifs…  

Ce contrôle concomitant a produit des résultats positifs au niveau des entreprises de l’Etat et même dans des provinces. Jules Alingete a cité, entre autres, le cas de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dont la trésorerie est passée de 108 à 450 millions de dollars suite à la patrouille financière. Il y a aussi le CEEC qui a amélioré sa trésorerie. « Il n’y a pas d’arriéré de salaire », a tranché le patron de l’IGF. Il en est de même à l’Office congolais de Contrôle (OCC) où il n’y a plus d’arriéré de salaire. La Société nationale d’assurance (SONAS) a aussi amélioré sa trésorerie. Il n’y a pas d’arriéré de salaire au niveau de l’administration centrale. « Le FPI nous réclame pour que les inspecteurs les accompagne » dans l’encadrement des dépenses, a-t-il révélé pour prouver le bien-fondé de ce contrôle. 

A la REGIDESO, il y a soit un retard d’un mois soit zéromois. Ce qui prouve que les trésoreries de ces entreprises se sont améliorées avec ce contrôle permanent. La province du Lualaba est arrivée au point d’apurer toutes ses dettes. La dette liée à la construction des infrastructures aéroportuaire et routière a été aussi payée grâce à l’accompagnement de l’IGF dans sa patrouille financière. Jules Alingete annonce placer désormais son curseur dans les trois Kasaï pour contrôler les actes de gestion dans ces provinces.       

Pourquoi combat-on l’IGF ?     

Face à ces résultats positifs, d’aucuns se demandent pourquoi l’IGF est au tant combattu avec sa patrouille financière ? Mais Jules Alingete semble avoir compris le pourquoi : « Si vous voyez le policier être applaudi par le Kuluna alors c’est le monde à l’envers ». Selon le patron de l’IGF, son institution est combattue parce qu’elle empêche aux inciviques de faire les affaires avec l’Etat. « Nous les obligeons de se mettre en règle, voilà pourquoi on combat l’IGF », a-t-il lâché.     

A ceux qui le prêtent des ambitions politiques, Jules Alingete, qui a « horreur » des pratiques politiques, n’entend pas rejoindre cette classe politique. Son vœu est de terminer sa carrière en tant que haut fonctionnaire de l’Etat, lui qui est entré à l’IGF par le plus bas des échelons il y a de cela 34 ans. 

Heshima

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RDC : l’IGF reporte sa conférence-débat prévue à Paris en raison d’un problème d’agenda

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Initialement prévue pour le samedi 21 décembre 2024 à Paris, capitale française, la conférence-débat de l’Inspection générale des finances (IGF) a été reportée à une date ultérieure. Dans un communiqué rendu public par l’organisateur, Heshima Magazine, il est précisé que l’agenda de l’Inspecteur général des finances et chef de service, Jules Alingete Key, n’a finalement pas permis la tenue de cet événement à la date prévue.

Devenue un rendez-vous annuel avec la diaspora congolaise, cette conférence permet d’échanger et de débattre sur les résultats obtenus par l’IGF dans la lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics en République Démocratique du Congo (RDC).

Cette année, le thème retenu était : « Les avancées et défis de l’IGF dans la lutte pour l’instauration de la bonne gouvernance publique en RDC. » L’inspecteur général des finances, Jules Alingete Key, devait aborder des axes tels que les avancées de sa structure de contrôle dans la lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics. Il était également prévu de discuter du travail en synergie avec d’autres organes de contrôle des finances publiques, tels que la Cellule nationale des renseignements financiers (CENAREF), la Cour des comptes et l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC).

Jules Alingete prévoyait également d’explorer avec les participants les obstacles juridiques et politiques à la lutte contre le détournement des deniers publics et à l’application des sanctions, ainsi que l’implication des médias et des lanceurs d’alerte dans ce combat pour l’instauration de la bonne gouvernance dans le pays.

En dehors de l’IGF, le Premier président de la Cour des comptes, Jimmy Munganga, devait également prendre la parole. Il prévoyait de développer le sous-thème suivant : « Comment développer une stratégie commune entre l’IGF, la Cour des comptes et d’autres structures de contrôle pour améliorer la traçabilité des dépenses publiques ? » Le rôle distinct de la Cour des comptes devait être expliqué, tout en mettant en lumière la synergie avec d’autres organes de contrôle des finances.

Un autre orateur prévu était le député Guy Mafuta Kabongo, président de la Commission ECOFIN de l’Assemblée nationale, qui devait intervenir sur le thème : « Contrôle parlementaire des finances publiques et restauration des pratiques de bonne gouvernance : enjeux et perspectives. »

En 2023, une autre conférence-débat avait été organisée les 26 et 27 octobre à l’Université libre de Bruxelles, en Belgique. Placé sous le thème : « Les avancées de la lutte pour l’instauration de la bonne gouvernance publique en République Démocratique du Congo », cet événement avait permis à l’IGF d’éclairer les Congolais de la diaspora vivant en Europe sur le travail réalisé par son institution ainsi que sur les résultats obtenus, notamment dans l’amélioration du climat des affaires.

L’objectif de ces assises, selon les organisateurs, était de mettre en lumière les efforts déployés par l’IGF dans la lutte contre la corruption, tout en démontrant le niveau d’implémentation de la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Il s’agissait également de montrer à la diaspora congolaise les efforts entrepris dans ce secteur depuis la relance de l’IGF sous l’impulsion du chef de l’État, Félix Tshisekedi.

Pour cette édition manquée de 2024, les organisateurs promettent une nouvelle date « dans les meilleurs délais » pour se rattraper.

Heshima

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RDC : Tshisekedi opère de grands changements au sein de l’armée

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Moins d’une semaine après la chute du verrou d’Alimbongo, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, a opéré des changements notables au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Le chef d’état-major général, Christian Tshiwewe, a été limogé et remplacé par le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe.

Dans une série d’ordonnances lues à la télévision nationale (RTNC) le 19 décembre 2024, Félix Tshisekedi a également changé le patron des renseignements militaires (ex-DEMIAP). Le général-major Christian Ndaywel a cédé sa place au général-major Jean-Roger Makombo. Christian Ndaywel dirigera désormais la force terrestre. D’autres généraux ont été promus en grade. C’est le cas des généraux Jules Banza (nouveau patron de l’armée), François Kabamba et Jean-Pierre Kasongo Kabwik du Service national, qui sont passés de général-major à lieutenant-général. Quant aux généraux de brigade Martin Malubuni, Jean-Roger Makombo et Antoine Gbiagolo, ils ont désormais le grade de général-major.

Pacifique Masunzu pour affronter le M23

Dans la foulée des réformes au sein de l’armée, Félix Tshisekedi a repositionné un acteur clé à l’Est du pays : le lieutenant-général Pacifique Masunzu. Issu de la communauté Banyamulenge, cet officier était commandant de la 2ème zone de défense, couvrant les provinces de l’Ouest, notamment le grand Kasaï et le grand Katanga. Il dirigera désormais la 3ème zone de défense, une zone de forte activité militaire englobant les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et de l’Ituri.

Issu du brassage avec les groupes armés, le général Masunzu était membre du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD/Goma). Fidèle aux FARDC depuis 21 ans, il est reconnu pour sa loyauté et sa connaissance approfondie de la région du Kivu. Fin stratège, il est perçu comme apte à conduire efficacement les opérations militaires dans une zone dominée par la rébellion du M23. Ce groupe armé a récemment pris le contrôle de plusieurs localités, notamment Mbingi, après avoir fait sauter le verrou d’Alimbongo, stratégiquement important pour bloquer sa progression vers Butembo et Beni.

Chico Tshitambwe rappelé à l’Ouest

Le général-major Chico Tshitambwe, qui commandait les anciennes positions stratégiques de Rwindi, de Kanyabayonga et d’Alimbongo, a été rappelé à l’Ouest du pays. Il dirigera la première zone de défense, comprenant Kinshasa, le Kongo Central et le grand Bandundu. Il sera assisté par le général de brigade Étienne Kabundi Beya, commandant adjoint chargé des opérations et renseignements, et le général de brigade Ngoma Pico, commandant adjoint chargé de l’administration et de la logistique.

Christian Tshiwewe nommé conseiller militaire

Le général d’armée Christian Tshiwewe Songesha, chef d’état-major général des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pendant deux ans, a quitté ses fonctions, laissant un bilan globalement mitigé. Sa gestion à la tête de l’armée a été marquée par une montée en puissance du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ce qui a terni l’image de son leadership face à un contexte sécuritaire complexe.

Sous le président Joseph Kabila, alors qu’il était encore général de brigade et commandant adjoint de la Garde républicaine, Tshiwewe avait rapidement grimpé dans la hiérarchie militaire. Sa carrière a pris un tournant décisif sous le mandat de Félix Tshisekedi, qui lui a accordé une confiance totale, le propulsant du rang de général de brigade à celui de général-major. À ce grade, il a pris la tête de la Garde républicaine, succédant ainsi au général Gaston Hugues Ilunga Kampete. Sa progression ne s’est pas arrêtée là, puisqu’il a été promu lieutenant-général, puis, à son apogée, général d’armée, un grade honorifique qui représente le sommet de la hiérarchie militaire congolaise.

Cependant, malgré cette ascension fulgurante, la gestion de l’armée sous sa direction n’a pas répondu aux attentes, particulièrement face aux défis posés par les violences dans l’est du pays. L’échec à contenir la rébellion du M23 et l’implication présumée du Rwanda dans ces affrontements ont contribué à une certaine déception quant à son efficacité à protéger le territoire national.

Suite à cette période, il cède sa place à Jules Banza Mwilambwe, ancien adjoint du général Franck Ntumba à la maison militaire, qui prendra la relève dans un contexte de crise sécuritaire persistant.

Malgré les critiques, Christian Tshiwewe a été nommé conseiller militaire du chef de l’État, un poste stratégique qui pourrait lui offrir une nouvelle opportunité de jouer un rôle clé dans la redéfinition de la stratégie militaire du pays face aux défis actuels.

Heshima

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Négociation avec le M23 : la RDC va-t-elle céder au diktat du Rwanda ?

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Après l’échec, dimanche 15 décembre, de la rencontre entre le président congolais, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, le processus de paix de Luanda est au point mort. Kigali contraint désormais Kinshasa de négocier avec les rebelles du M23 avant toute signature d’accord de paix. Heshima Magazine revient sur les contours de cette crise sécuritaire qui a refait surface depuis plus de trois ans.

Depuis le 15 décembre, le gouvernement congolais est sur une ligne de crête. Kinshasa est partagée entre le maintien de sa position intransigeante de ne pas négocier avec les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), qui continuent d’étendre leur zone d’influence dans le Nord-Kivu, et le fait de se plier aux discussions avec ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Le 16 décembre, dans le territoire de Lubero, les localités d’Alimbongo, Matembe et Mambasa sont passées entre les mains des rebelles. Le 18 décembre, la localité de Mbingi est également tombée, ce qui ouvre la voie à une éventuelle conquête de la ville de Butembo, si rien n’est fait.

Échec de Luanda, timide condamnation de l’UE

Après le refus de Paul Kagame de participer à la tripartite de Luanda, la communauté internationale n’a pas blâmé Kigali. Il a fallu que la ministre des Affaires étrangères de la RDC convoque les corps diplomatiques à Kinshasa pour finalement obtenir une timide réaction de l’Union européenne. Lors d’un échange, le 18 décembre, avec le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, la délégation de l’Union européenne conduite par son représentant spécial, Johan Borgstam, a condamné le refus du Rwanda de participer à ces discussions. « La population congolaise de la région des Grands Lacs mérite de vivre en paix comme tous les autres Congolais. Il faudra donc que les troupes rwandaises présentes sur le sol congolais se retirent. Il faudra également que le gouvernement rwandais coupe son soutien au M23 pour que la paix revienne dans l’Est de la RDC », a indiqué ce diplomate européen.

Faire fléchir Tshisekedi

En dépit des efforts internationaux pour désamorcer la crise, le M23 continue d’avancer. Pendant que son parrain, Paul Kagame, séchait le siège lui réservé par la présidence angolaise à Luanda, la rébellion continuait de combattre à Lubero, faisant fi du cessez-le-feu en vigueur depuis août. Cette progression des rebelles, ainsi que le diktat de Kigali voulant imposer un « dialogue direct » entre le M23 et le gouvernement congolais, sont de nature à pousser le président Félix Tshisekedi à fléchir. Le Rwanda, à travers le M23, veut obtenir ce dialogue direct par une pression militaire exercée dans la conquête des localités au Nord-Kivu. Une stratégie que le gouvernement congolais ne devrait contrer que grâce à une armée forte et réorganisée. Si les FARDC reprennent du poil de la bête sur les lignes de front, cela changerait drastiquement le rapport des forces dans ces négociations avec Kigali.

M23, un agenda rwandais ?

En refusant de dialoguer avec le M23, Kinshasa semble convaincue que ce mouvement rebelle à majorité tutsi porte un agenda de Kigali. « Nous ne négocierons jamais avec le M23 », a insisté Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, lors d’un briefing spécial organisé dans la soirée du 15 décembre, après l’échec de Luanda. Pour ce membre du gouvernement, en refusant de se rendre à Luanda pour la tripartite, le président rwandais a démontré qu’il était le père de cette rébellion. « C’est Paul Kagame le vrai père du M23 », a-t-il lancé, avant de poursuivre : « Pour lui, sa créature ne peut pas mourir à cause de sa signature [à Luanda]. »

Si, à l’extrême, la RDC arrivait à négocier avec le M23, c’est un agenda rwandais qui émergerait lors de ces discussions. En 2023, le porte-parole des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), le général Sylvain Ekenge, avait souligné que « le M23 n’est qu’un pion du Rwanda ». Pour Kigali, estimait-il, « c’est une question de survie économique ». L’armée congolaise et le gouvernement accusent le Rwanda de piller les minerais de la RDC. D’ailleurs, les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, se sont emparés de plusieurs sites miniers, notamment celui de Rubaya, où se trouvent des gisements d’or et de coltan.

Des revendications obscures…

Depuis fin 2021, ces rebelles se sont emparés de vastes pans des territoires du Nord-Kivu. La conquête a progressivement continué jusqu’à ce jour. Mais les objectifs pour lesquels ces rebelles combattent restent obscurs, ce qui fait craindre un agenda caché du Rwanda derrière cette rébellion. « Nous voulons un dialogue direct avec le gouvernement, il faut s’attaquer aux racines du conflit », avait déclaré en 2023 Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du mouvement. En dehors de réclamer un dialogue direct avec Kinshasa, ces rebelles n’ont jamais été plus précis sur leurs griefs. « On ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs », avait déclaré ce porte-parole de la rébellion.

Dans l’accord signé en décembre 2013, après sa défaite militaire intervenue un mois plus tôt, sous le président Joseph Kabila, le gouvernement congolais avait pris l’engagement de garantir le retour en RDC, en toute sécurité, des combattants du M23 exilés en Ouganda et au Rwanda. Ces rebelles réclamaient aussi la fin de la discrimination et de l’insécurité des tutsis congolais, la reconnaissance de M23 comme parti politique, ainsi que le retour des réfugiés tutsis congolais des pays voisins. En 2017, l’absence de mise en œuvre de cet accord a incité la partie ougandaise du groupe, dirigée par Sultani Makenga, à retourner en RDC. Insidieusement, il y a aussi eu le retour d’un grand nombre de combattants non démobilisés. Ces derniers ont commencé par se contenter de contrôler un petit espace perché entre les volcans de l’Est de la RDC, notamment le mont Sabinyo. Le groupe s’est ensuite réorganisé militairement, et avec les équipements fournis par le Rwanda, la rébellion a repris de la vigueur jusqu’à conquérir le double de la superficie qu’elle avait occupée en 2012.

Un nouveau conglomérat d’aventuriers ?

Actuellement, les revendications des rebelles ne sont plus claires. Mais le M23 s’est allié à Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ce dernier a des revendications politiques, cherchant à renverser le président Félix Tshisekedi. D’autres rébellions se sont greffées au M23, telles que le Zaïre, une rébellion basée en Ituri, mais qui a fait allégeance au M23. Il en est de même du groupe armé Twiraneo, de l’officier déserteur Michel Rukunda alias Makanika, basé dans les hauts plateaux de Minembwe, dans la province du Sud-Kivu.

En raison de la faiblesse de la réponse militaire congolaise, les rebelles du M23 envisagent peut-être d’aller plus loin que ce qu’ils imaginaient au départ. Par exemple, refaire l’aventure de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila. « Au fur et à mesure qu’ils avancent et ne trouvent pas d’opposition efficace en face, ils vont pousser leurs propres limites », avait estimé en 2023 Onesphore Sematumba, un expert de la RDC pour le compte de l’ONG International Crisis Group. Pour lui, « c’est une logique opportuniste qui est en train de prendre forme ».

Plusieurs mois après avoir pris le pouvoir et avec le recul du temps, le président Laurent-Désiré Kabila avait estimé que l’AFDL, le mouvement qui l’avait porté au pouvoir, n’était qu’un conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes. C’est visiblement ce à quoi le M23 et Corneille Nangaa tentent de reproduire. Au regard de la situation et de la configuration politique actuelle, il est difficile de voir des Congolais accepter cette répétition de l’histoire. Une aventure qui a introduit des loups dans la bergerie il y a maintenant 30 ans.

Visée de balkanisation

Les trente dernières années, le Rwanda refait la même chose : financer et équiper des groupes armés pour attaquer la RDC. Cette implication ou ingérence du Rwanda dans la souveraineté de la RDC découle d’une combinaison d’intérêts sécuritaires, politiques et économiques, tout en s’appuyant sur un échafaudage idéologique de l’idée du « Grand Rwanda ». Depuis l’arrivée d’un pouvoir tutsi au Rwanda, Kigali caresse l’ambition de ravir des territoires à la RDC sous prétexte qu’ils appartenaient au royaume rwandais précolonial. Cette histoire contestée à maintes reprises, aussi bien par des historiens congolais qu’étrangers, n’a jamais quitté l’esprit de Paul Kagame et de ses partisans, recrutés même au sein de l’Occident. L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, n’avait pas eu froid aux yeux pour l’appuyer, estimant que la RDC a un territoire immense, alors que le Rwanda vit une explosion démographique dans un petit territoire. Ce dirigeant avait même suggéré « l’exploitation en commun par la RDC et le Rwanda des richesses du Nord-Kivu ».

Dans la conception territoriale des dirigeants de Kigali, leur ancien royaume s’étendait dans certaines parties de la RDC actuelle, y compris les régions habitées par des populations parlant le kinyarwanda (Hutu et Tutsi), qui partagent une langue commune avec le Rwanda. Cette version avait même été appuyée par des prélats catholiques rwandais en pleine célébration d’une eucharistie. Ce qui démontre combien cette question est prise au sérieux par le régime de Kigali, qui impose une pensée unique aux citoyens rwandais, obligés de reprendre un tel narratif.

Comment résoudre cette crise ?

Ce lancinant conflit est aussi celui de la survie d’un minuscule État enclavé. Le Rwanda vit essentiellement des aides extérieures. Son budget augmente en fonction des activités criminelles de l’autre côté de la frontière. Les conflits entretenus en RDC permettent au Rwanda de renflouer ses caisses par le pillage des ressources naturelles dans l’Est congolais. En effet, il n’existe aucune explication quant au fait que le Rwanda, qui ne produit que 300 kilos d’or par an, puisse en exporter 10.796 kg, selon les chiffres de 2017 rapportés par The Observatory of Economic Complexity.

Pourtant, la RDC est le pays de la région des Grands Lacs qui produit le plus d’or artisanal tout en étant celui qui en exporte le moins (45 600 kg de production pour seulement 1.295 kg d’exportation). Parallèlement, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda exportent beaucoup plus d’or qu’ils n’en extraient chez eux, soit 36 fois plus dans le cas du Rwanda, dont le métal jaune représente 66% des exportations dans son économie. Face à une telle manne, ramassée au prix du sang congolais dans le Kivu et en Ituri, le Rwanda ne saurait arrêter de déstabiliser la RDC. Surtout qu’il bénéficie du soutien de la communauté internationale, qui le laisse se débrouiller dans l’Est du Congo pour visiblement diminuer sa dépendance aux aides occidentales.

Heshima

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