Nommé ministre des Finances au sein du Gouvernement Suminwa, Doudou Roussel Fwamba Likunde Li-Botayi est un chevronné de ce secteur. Détenteur d’un diplôme d’études supérieures en finances publiques obtenu à l’École nationale des finances publiques en France, il a gravi tous les échelons au sein de l’administration publique avant d’occuper ce portefeuille. Portrait.
Le 12 juin 2024, la République a découvert son nouveau ministre des Finances lors de l’investiture du gouvernement à l’Assemblée nationale. âgé de seulement 39 ans, il arrive à ce poste avec une expérience solide dans le domaine des finances publiques du pays.
Originaire de la province de la Tshopo, Doudou Fwamba a gravi les échelons grâce à sa formation académique et à son expérience professionnelle diversifiée. Titulaire d’un BAC+5 en Sciences économiques et gestion, et d’un BAC+3 en Finances publiques obtenu à l’École nationale des finances de la RDC, le nouvel argentier national possède également un diplôme d’études supérieures en Finances publiques obtenu à l’École nationale des finances publiques en France.
C’est grâce à ce background, qu’il a travaillé depuis 2010 dans les différents services publics. C’est au cours de cette même année qu’il a débuté sa carrière en intégrant l’administration publique en tant qu’agent au service de la chaîne de la dépense au ministère des Finances. Il a progressivement pris des responsabilités croissantes, devenant assistant technique du directeur du Trésor et de l’ordonnancement au sein du même ministère. Son parcours le rend particulièrement adapté aux exigences des finances publiques. « Je suis un enfant qui a grandi dans ce ministère. », a-t-il déclaré lors de sa visite au Secrétariat général de son ministère. A cette occasion, il a témoigné de sa gratitude au chef de l’État qui l’a nommé à ce poste.
Avant d’être nommé ministre, Doudou Fwamba a gravi presque tous les échelons : agent de bureau, attaché d’administration de première classe, chef de bureau, chef de division et directeur. Il occupait au moment de sa nomination le poste de directeur général adjoint en charge des questions techniques à la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD). Cette ascension a d’ailleurs été saluée par les fonctionnaires, qui ont exprimé leur joie le 10 septembre, lorsqu’il est venu leur transmettre les remerciements du chef de l’État pour leur engagement au sein de ce ministère.
Doudou Fwamba a également été directeur financier du Fonds forestier national, et administrateur au Conseil d’administration de l’Office National du Tourisme (ONT). Il s’était également rapproché du cabinet du Président Félix Tshisekedi, notamment au sein de la Coordination administrative du service du personnel. En 2021, il est nommé directeur général adjoint en charge des questions techniques de la DGRAD, avant de devenir le principal argentier du pays.
Extraverti, Doudou Fwamba garde son côté sympathique malgré ses hautes fonctions. Cette qualité humaine n’altère en rien sa rigueur dans la gestion des finances publiques.
« Personne n’a plus le droit d’user de pratiques illicites pour détourner les deniers publics. Allez chercher vos amis de 30 % et 50% ailleurs, vous connaissez leurs adresses, ils ne sont plus avec nous. »,
avait-t-il prévenu, indiquant qu’avec lui, la lutte contre la corruption sera implacable. Il prône le bannissement des mauvaises pratiques, telles que la surfacturation, la perception de commissions sur des dossiers, ainsi que le montage de faux dossiers de maladie afin de soutirer de l’argent au Trésor public.
Doudou Fwamba est également écrivain. Il est l’auteur de l’ouvrage intitulé « La réforme des finances publiques et de l’administration en RDC – enjeux d’un État moderne et performant », dont le vernissage a récemment eu lieu à Kinshasa.
Lors d’une conférence devant les étudiants et le corps scientifique de l’Université de Kisangani, centrée sur son ouvrage, il a souligné l’importance de la bonne gouvernance, de la rigueur, de la transparence et de la maîtrise des outils d’aide à la décision pour une gestion optimale des deniers publics. L’implémentation de ces principes a permis d’obtenir des résultats significatifs, tels que la réduction des paiements d’urgence de 22% à 7%, la constitution d’une réserve de plus de 1 000 milliards de francs congolais, et le paiement de plus de six mois de rétrocessions aux provinces.
Son UDPS et son engagement au « peuple d’abord »
Lors de la remise et reprise avec son prédécesseur, le nouveau ministre des Finances n’a pas caché son appartenance politique. Membre influent de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, Doudou Fwamba souhaite appliquer le credo de son parti : « le peuple d’abord ». Dans son mot de circonstance, il s’est engagé à œuvrer notamment pour la stabilité du cadre macro-économique en vue de préserver le pouvoir d’achat des Congolais.
Il vise également à stabiliser le taux de change et à poursuivre des réformes visant à simplifier la fiscalité et à réduire le train de vie des institutions sous le leadership éclairé du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Face à ces défis économiques, l’argentier national ne manque pas d’initiatives.
Moisson en 100 jours
Dès le début de son mandat, Doudou Fwamba s’est investi sans relâche. En seulement 100 jours, l’opinion congolaise a eu l’impression qu’il était en poste depuis un an, tant les initiatives ont été nombreuses et les réformes engagées. Dès sa prise de fonction, le nouveau ministre a déclaré la guerre à la dépréciation du franc congolais face aux devises étrangères.
Cette monnaie nationale, en dépit de diverses mesures prises par les autorités, continuait de s’effondrer, entrainant une hausse des prix des produits, notamment de première nécessité.
A son arrivée, Doudou Fwamba a promis d’inverser cette tendance par la « maîtrise du cadre macro-économique » ainsi que par la « stabilité du taux de change ».
Moins de 100 jours plus tard, lors d’une réunion de la Troïka financière tenue le 17 septembre, les participants ont constaté que le cadre macroéconomique et le taux de change étaient stabilisés. Mais, insatisfait, le ministre Doudou Fwamba est conscient qu’il faut se concentrer sur « des solutions structurelles à long terme » et non conjoncturelles. Cela inclut la diversification de l’économie, l’augmentation de l’offre et de la production nationale, notamment dans le secteur de l’agriculture, des transports et du développement rural. C’est la seule possibilité d’avoir un taux de change plus stable et une monnaie nationale forte.
Administration revalorisée
Tournant décisif depuis sa prise de fonction, ce fils de l’administration, qui a consacré toute sa carrière au service de l’État, s’est donné pour mission de redorer le blason de l’administration publique. Il juge impensable que des cabinets politiques, souvent temporaires, prennent le pas sur une administration qui, elle, est pérenne. Dans cette logique, il souhaite impliquer l’administration publique dans la prise de ses décisions. Selon sa vision, le ministre des Finances entend apporter sa touche, en mettant l’accent sur le rôle de l’administration comme bras opérationnel de l’État, qui doit être au cœur des discussions dès les premières étapes de décision. Pour lui, l’ancien paradigme où les politiques dictaient leur loi à l’administration doit être révolu. Il prône ainsi une nouvelle école de pensée où l’individu, qu’il soit cadre administratif ou simple fonctionnaire, est replacé au cœur de l’action publique.
Fort de son expérience au sein de l’administration, Doudou Fwamba comprend mieux que quiconque l’importance d’associer l’administration à chaque décision majeure.
Réformateur de première heure, il a été présent dès le lancement des réformes en 2010, dans le cadre du Plan Stratégique de la Réforme des Finances Publiques.
L’actuel ministre des Finances est l’un des cadres au cœur de la mise en œuvre de ces réformes. Chacun de ses prédécesseurs dans ce portefeuille a bénéficié du travail réalisé par le Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF) et des experts de différents piliers de la réforme, dont il faisait partie.
Heshima