Economie
Ministère des Finances : Les 100 jours de Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi en chiffres
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8 mois agoon
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La redaction
Depuis la prise de fonction du Ministre Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, les paiements en procédure d’urgence sont passés de 22% à 7%. En termes de recettes, celles-ci ont atteint 6 714 milliards de francs congolais entre juin et août. En si peu de temps, le pays a enregistré un excédent de trésorerie de 164 milliards de francs congolais de juillet à août 2024. C’est le bilan des 100 jours d’un ministre des Finances aux allures de réformateur.
Dès le 13 juin, après la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur, Doudou Fwamba Likunde n’a pas perdu une seule seconde pour se mettre au travail.
Depuis plus de trois mois, le nouveau ministre des Finances s’attaque à un volume extraordinaire de dossiers, initiant des réformes des finances publiques, stabilisant la régularité de la paie des fonctionnaires ainsi que la gestion des urgences nationales comme le financement de la lutte contre l’épidémie de Mpox (Monkeypox). Aussi, a-t-il annoncé le financement des routes et l’assainissement de la ville de Kinshasa tout en poursuivant les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau programme. Travailleur acharné, il a procédé à la signature de deux conventions dans le cadre de l’OCDE, renforcé le Guichet Unique de Création d’Entreprises (GUCE), régularisé les sociétés de jeux d’argent et programmé la relance de la MIBA avec un budget de 70 millions de dollars. Voilà, en substance, les dossiers traités en 100 jours par l’argentier national.
Réformes fiscales

Dès l’entame de son mandat, Doudou Fwamba s’est engagé à stabiliser le cadre macro-économique pour préserver le pouvoir d’achat et stabiliser le taux de change. Une fois la stabilité acquise, il s’est attaqué à la simplification du système fiscal à la réduction du train de vie des institutions.
Le 19 septembre, à Paris, le ministre des Finances a signé deux conventions fiscales sous l’égide de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). La première, consacrée à la lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices (BEPS), vise à contrer les pratiques fiscales abusives des multinationales. La seconde porte sur la Règle d’Assujettissement à l’Impôt (RAI), qui permettra un meilleur contrôle des revenus échappant à l’administration fiscale.
La République démocratique du Congo perd, chaque année, d’importantes ressources fiscales en raison des transferts de bénéfices vers des paradis fiscaux. Ces deux nouveaux instruments permettront de mieux encadrer ces transactions et de garantir un système fiscal plus équitable. « Ces signatures marquent une avancée significative pour la RDC, inscrivant le pays dans une dynamique de transparence et de coopération internationale. Elles s’intègrent pleinement dans les efforts de maximisation des recettes publiques, en ligne avec la vision du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et sous l’impulsion de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka », commente le ministère des Finances.
En parallèle, Doudou Fwamba œuvre depuis des semaines à la réforme du processus de création d’entreprises, avec pour objectif de réduire le délai à trois jours, en vue de faciliter les démarches des entrepreneurs et attirer des investissements. Le Guichet Unique de Création d’Entreprises (GUCE) est au cœur de cette initiative.
Réformes des finances

Depuis juin-juillet 2024, Doudou Fwamba a initié des réformes structurelles prioritaires pour le secteur des finances, validées lors de la 10ème réunion du Conseil des ministres. Celles-ci visent à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et extérieures, nécessaires à la mise en œuvre du Programme d’actions du gouvernement, tout en répondant aux exigences d’appui budgétaire de la Banque mondiale.
L’une des réformes majeures concerne la création d’un Compte Unique du Trésor pour centraliser les ressources publiques, améliorer la transparence et renforcer l’efficacité dans la gestion des finances publiques. La digitalisation des marchés publics et la rationalisation de la masse salariale sont également à l’ordre du jour. Cette digitalisation modernisera la gestion des fonds publics et permettra de lutter contre les inefficacités.
En outre, le ministre des Finances n’a pas oublié d’améliorer le climat des affaires, une condition nécessaire pour attirer davantage d’investissements privés.
Le renforcement et l’automatisation du Guichet Unique de création d’entreprises figurent parmi les mesures phares.
Doudou Fwamba, prévoit aussi d’assainir les zones économiques spéciales et de renforcer la sécurité judiciaire et juridique pour offrir un environnement plus stable aux affaires.
Énergie et environnement
Le gouvernement ne néglige pas les secteurs de l’eau, des forêts et des énergies renouvelables. Des réformes spécifiques sont également en cours pour améliorer la gouvernance des entreprises publiques et les services offerts aux citoyens. L’accent est mis sur la finance-climat et le marché de carbone, ainsi que sur le développement des énergies alternatives. L’amélioration des performances financières de la SNEL et de la REGIDESO est aussi une priorité dans cette stratégie.
Ces réformes s’inscrivent dans le cadre du programme politique du président de la République Félix Tshisekedi, dont l’un des six engagements majeurs pour son nouveau quinquennat est la « protection et le renforcement du pouvoir d’achat des ménages congolais ». Le gouvernement travaille à protéger les citoyens contre les fluctuations des prix à l’importation et les variations du taux de change.Dans le cadre de l’optimisation des recettes fiscales, Doudou Fwamba a supervisé la mise en place d’une facture normalisée, en collaboration avec la Direction générale des impôts (DGI). Cette mesure vise à simplifier la gestion administrative des entreprises tout en réduisant les contrôles fiscaux. Elle permettra à l’Etat d’accroître ses recettes et d’améliorer la transparence des transactions économiques. L’objectif est d’étendre la couverture de la TVA à tous les assujettis et d’élargir l’assiette fiscale pour augmenter la mobilisation accrue des ressources internes. Cette réunion avait réuni la DGI, la société SITAX, Huawei, des prestataires techniques et des experts du Ministère des Finances.
La Première ministre, Judith Suminwa a confié la mission de mener à bien cette réforme au ministre des Finances, Doudou Fwamba, qui en a fait l’une de ses priorités. Celle-ci vise à maximiser la mobilisation des ressources internes en renforçant la collecte de la TVA, notamment par l’introduction d’une facture normalisée, un levier essentiel pour améliorer l’efficacité fiscale. L’objectif est double : élargir l’assiette fiscale et maximiser les recettes publiques. Le ministre se montre déterminé, aspirant à mobiliser la totalité des recettes supplémentaires attendues, convaincu de l’atteinte de cet ambitieux objectif.
Toujours dans cette optique, le ministre a sommé les opérateurs des jeux d’argent (paris sportifs, casinos, loteries, etc.) à régulariser leur situation fiscale en s’acquittant de leurs obligations auprès de la Direction de la réglementation financière (DRF) du Secrétariat général aux Finances.
Stabilité macroéconomique restaurée
Depuis l’investiture du gouvernement en juin 2024, le ministre des Finances a entrepris un vaste programme de réformes visant à restaurer la stabilité macroéconomique du pays. Ces mesures, essentielles pour redresser les finances publiques, portent déjà leurs fruits.
Depuis plus de six semaines, la Troïka économique se félicite de la maîtrise du taux de change et de la réduction significative de l’inflation. En effet, à la fin du mois d’août, le taux d’inflation cumulée s’établissait à 9,4 %, contre 17,5 % à la même période en 2023. Par ailleurs, le taux de change, autrefois sujet à de fortes fluctuations, s’est stabilisé autour de 2.880 CDF/USD entre juillet et août 2024, atténuant ainsi les pressions sur la monnaie nationale et consolidant la stabilité économique du pays.
Contrairement aux années précédentes, marquées par des déficits, l’État congolais a enregistré un excédent de trésorerie de 164 milliards CDF en juillet-août 2024. Cela est dû à une meilleure collecte des recettes publiques, qui ont totalisé 4 582 milliards CDF, contre des dépenses de 4 418 milliards CDF. En comparaison, les mêmes périodes en 2022 et 2023, affichaient des déficits de 154 milliards CDF et 1 297 milliards CDF respectivement.
Une autre mesure phare prise par le ministre des Finances est la réduction des dépenses en procédure d’urgence, passant de 22 % en février 2024 à 7 % en août. Cette rationalisation a permis de renforcer le contrôle des dépenses et d’optimiser l’allocation des ressources publiques.
Entre juin et août 2024, les recettes publiques ont atteint 6 714 milliards CDF, constituant une part significative des revenus générés depuis le début de l’année. Le ministre des Finances explique cette performance par une coordination renforcée avec les régies financières et à l’efficacité des réformes fiscales mises en œuvre, témoignant d’une gestion plus rigoureuse et proactive des ressources publiques.
Un autre fait marquant est la régularité des paiements des fonctionnaires. Sous la direction de Doudou Fwamba Likunde, des mesures strictes ont été prises pour garantir que chaque fonctionnaire perçoive son salaire avant le 28 de chaque mois. Cette avancée, saluée par de nombreux agents de l’Etat, résulte d’une directive émise lors d’une réunion entre Yannick Isasi, président intérimaire du Comité de Suivi de la Paie, et des responsables des principales institutions financières, notamment les banques, l’ODG, le ministère du Budget, la Fonction publique, les FARDC et l’ex-SECOPE.
Le ministre des Finances avait promis une « régularité exemplaire » dans le paiement des salaires, et les versements sont désormais effectués le 25 de chaque mois pour être perçus le 28, allégeant ainsi la pression financière sur les fonctionnaires, qui devaient auparavant patienter parfois jusqu’à la mi-mois pour recevoir leur dû.
Heshima
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Economie
En RDC, l’embellie économique contraste avec une famine aiguë
Published
3 semaines agoon
mai 28, 2025By
La redaction
Malgré des chiffres économiques encourageants, la situation de la famine en République démocratique du Congo (RDC) devient de plus en plus préoccupante. Selon les dernières données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 25,6 millions de Congolais, soit environ 22 % de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Une situation aggravée en 2025 par la crise sécuritaire dans l’Est du pays.
Sur le papier, le pays vit une période de prospérité économique sans précédent depuis plusieurs années. Le budget national continue d’augmenter depuis 6 ans, passant de 4 milliards à 18 milliards de dollars. En 2024, les réserves de change internationales de la RDC étaient estimées à 6 milliards de dollars américains, en hausse par rapport aux 1,7 milliard enregistrés en 2021 au début du programme entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, cette embellie économique contraste avec la situation de famine que traverse le pays.
Une situation explosive depuis 2024
Selon une analyse du Cadre de classification intégrée sur la sécurité alimentaire (IPC) publiée en octobre 2024 par la FAO, environ un quart de la population continue d’être confrontée à une faim aiguë. Ces chiffres ont augmenté en 2025, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM). L’intensification des conflits armés dans l’Est du pays a provoqué des déplacements massifs de populations, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire à des niveaux critiques depuis le début de l’année 2025, note le PAM. Cette insécurité alimentaire est évaluée aux phases 3 et 4 de l’IPC.
Selon Radio Okapi qui cite un rapport consulté le 24 mai 2025, plus de 90 % des ménages des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont touchés par cette crise alimentaire. Cette situation s’explique notamment par la hausse des prix des denrées locales, conséquence directe de l’insécurité qui entrave les routes commerciales et limite l’accès aux marchés. « Nous nous réveillerons le matin sans savoir quoi manger et quoi faire d’autre. Mon mari ne sait plus aller au travail avec la situation d’occupation de la ville de Goma. Nous peinons pour trouver à manger », témoigne Gloria Mbuyi contactée par Heshima Magazine. Elle explique que sa famille avait été mutée à Goma par l’entreprise de son mari, mais qui n’est plus opérationnelle pour l’instant suite à la paralysie économique observée dans la ville volcanique, après la fermeture des institutions bancaires.
La malnutrition aiguë touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans, avec environ 4,5 millions d’enfants affectés, dont 25 % souffrent d’un retard de croissance. Face à cette situation, des initiatives humanitaires sont en cours. Par exemple, la campagne « ASSEZ » lancée par World Vision vise à fournir une aide alimentaire d’urgence, soutenir l’agriculture durable et offrir des soins de santé et un soutien nutritionnel aux populations vulnérables dans plusieurs zones touchées en RDC.
Sur le plan alimentaire, la production dans le grand nord du Nord-Kivu, un important centre agricole, a été gravement perturbée suite à l’insécurité créée ou aggravée par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Cette situation de famine est d’autant plus explosive que certaines ONG qui travaillent dans l’humanitaire ont vu leurs budgets être supprimés suite au démantèlement de l’agence américaine USAID décidé par l’administration Trump. USAID était à la pointe dans le secteur de l’aide humanitaire et du développement en RDC, notamment via des projets multisectoriels et en partenariat avec des ONG locales et internationales. Cette agence était la plus grande donatrice bilatérale dans le secteur de la santé en RDC, fournissant des traitements contre plusieurs maladies et améliorant l’accès à l’eau potable.
Une embellie économique difficile à palper
Si le gouvernement vante les efforts économiques entrepris ces dernières années, cela reste difficile à palper par les Congolais de toutes les zones du pays. À Kinshasa comme dans les provinces, la situation socio-économique est quasi similaire. L’embellie économique du pays – marquée par une croissance économique soutenue ces dernières années tournant autour de 6 à 7 % du PIB – n’est que très partiellement profitable au citoyen lambda. Cette croissance, en grande partie créée grâce à l’exportation de cuivre et de cobalt, influence très peu le quotidien des Congolais, y compris ceux qui sont dans des zones stables. « Il y a plusieurs facteurs qui jouent face à ce tableau, notamment le mauvais choix dans les investissements de ces fonds et l’absence de projets structurants qui peuvent réellement impacter les vies des communautés », estime Jacques Okito, un économiste. Selon lui, face à la crise humanitaire actuelle, les fonds du gouvernement seuls ne sauraient couvrir les besoins immenses de plus en plus croissants créés par cette crise multiforme.
Pour l’instant, une part significative du budget est allouée aux investissements, visant à financer des projets d’infrastructures et de développement à travers le pays. Une bonne part du budget est destinée aux rémunérations des fonctionnaires et des agents de l’État, représentant une part importante des dépenses de fonctionnement. Le fonctionnement des institutions politiques prend également une part importante du budget.
Un besoin humanitaire chiffré à 2,54 milliards de dollars
Après la chute des villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé un Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025, afin de mobiliser 2,54 milliards de dollars. « La situation de la sécurité alimentaire reste critique pour des millions de personnes en RDC », note Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.
Une fois mobilisée, cette enveloppe pourrait fournir une aide vitale à 11 millions de personnes – dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde – parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies mais aussi la famine. Mais la situation ne concerne pas que les Kivu, les provinces voisines qui accueillent des déplacés internes ressentent aussi le coup. C’est le cas notamment du Maniema et Tanganyika.
« Tous les signaux d’alerte sont au rouge. Mais même face à ces défis énormes, l’action humanitaire démontre chaque jour son efficacité pour sauver des vies. Notre seule mission est de porter assistance aux populations les plus vulnérables, où qu’elles se trouvent. Nous devons nous adapter pour continuer à fournir cette aide vitale, sans jamais compromettre les principes fondamentaux qui guident l’action humanitaire : neutralité, impartialité, indépendance et humanité », avait déclaré Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC.
Malgré ces efforts, la situation reste critique et nécessite une mobilisation internationale accrue pour répondre aux besoins humanitaires urgents et soutenir la résilience des communautés affectées, estime l’ONU. En dépit des sacrifices consentis pour renverser la tendance sur le plan humanitaire, les projections pour 2025 laissent encore entrevoir des perspectives similaires à celles de 2024, à moins qu’une aide efficace ne soit apportée aux victimes.
Heshima
Economie
« Compact de résilience » en RDC : Une initiative ambitieuse face aux défis socio-économiques
Published
1 mois agoon
mai 13, 2025By
La redaction
Sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa, la République démocratique du Congo (RDC) amorce une nouvelle phase de son développement avec le lancement du Compact de Résilience, un programme multisectoriel d’envergure. Cette initiative, héritière du Programme de développement local des 145 territoires, répond aux urgences économiques, sociales, sécuritaires et de mobilité urbaine dans le pays, tout en affirmant une volonté claire de rapprocher l’action publique des besoins concrets de la population.
Le plan, coordonné par le vice-premier ministre Daniel Mukoko, ambitionne de transformer les équilibres macroéconomiques récents en améliorations tangibles du quotidien. Il embrasse des domaines variés tels que la mobilité urbaine, l’assainissement, la relance agricole et l’ouverture des territoires ruraux. L’idée centrale est d’éviter une dispersion inefficace des ressources en favorisant une logique de convergence entre les initiatives nationales et les partenaires techniques, à l’image de la coopération renouvelée avec les Nations unies. « Nous allons donc produire [cette semaine] ce compact de résilience qui va permettre d’allier la bonne santé économique avec l’amélioration progressive des conditions de vie de nos concitoyens », a déclaré Daniel Mukoko.
Développement rural, agriculture et inclusion territoriale
À Kinshasa, les chantiers visent à désengorger la capitale et à améliorer les conditions sanitaires, tandis qu’en zones rurales, l’enjeu est d’assurer un meilleur accès des producteurs aux marchés. L’accent mis sur l’agriculture stratégique, conforme au Plan national stratégique de développement, reflète une volonté de renforcer l’autosuffisance alimentaire et de réduire la dépendance aux importations, tout en stimulant la résilience économique des territoires marginalisés.
Des modèles internationaux comme sources d’inspiration
Le « Compact de résilience » s’inscrit dans une dynamique globale où plusieurs pays ont déjà testé des approches similaires. Le Maroc a misé sur le développement humain par une gouvernance locale participative ; le Brésil a su intégrer les transferts sociaux à des objectifs éducatifs et sanitaires durables, et l’Éthiopie a combiné filets sociaux et travaux publics dans une logique d’autonomisation. Des projets soutenus par la Banque mondiale en Afrique de l’Est, ou encore au Bangladesh et au Mexique, montrent que ces politiques, lorsqu’elles sont cohérentes et bien ancrées localement, peuvent produire des effets transformateurs.
Une synergie croissante avec les partenaires internationaux
En RDC, cette volonté de résilience s’accompagne d’une mobilisation accrue des bailleurs de fonds. Des initiatives majeures comme le Programme d’accès aux services d’eau et d’assainissement ou le Projet de développement multisectoriel à Kinshasa, financés par la Banque mondiale, viennent compléter le Compact. Cette convergence est perçue comme une occasion stratégique d’accélérer l’impact des investissements, pourvu que la coordination soit effective et la transparence garantie.
Une mise en œuvre sous haute tension sécuritaire et institutionnelle
Malgré son ambition, le programme se heurte à une réalité instable. À l’Est, les violences alimentées par le M23 et d’autres groupes armés compromettent l’accès à de larges portions du territoire. L’économie, bien que croissante, reste vulnérable aux chocs et à une forte dépendance aux matières premières, tandis que l’accès aux services de base demeure très limité pour une majorité de Congolais. La corruption, l’inefficacité administrative et les lenteurs dans la mobilisation budgétaire sont autant de freins à la réalisation des objectifs fixés.
Espoirs et doutes au sein de la population
Dans les quartiers populaires de Kinshasa comme dans les provinces isolées, les Congolais accueillent le programme avec un mélange d’espoir et de prudence. Si certains saluent les premières rénovations d’écoles ou les débuts d’infrastructures rurales, beaucoup expriment leur méfiance face à l’absence de résultats durables par le passé. Le besoin de soutien à l’entrepreneuriat local, notamment via le microcrédit et des politiques agricoles mieux structurées, est régulièrement mis en avant par les populations.
Refonder le contrat social congolais
Au-delà de ses aspects techniques, le Compact de résilience vise à rétablir un lien de confiance entre l’État et les citoyens. Restaurer la dignité, renforcer le sentiment d’appartenance et offrir des perspectives concrètes constituent les conditions d’un développement durable. Dans un pays fracturé par les conflits, miné par l’injustice et riche en potentialités, cette ambition représente un pari audacieux mais nécessaire. En plaçant l’humain au cœur de la reconstruction nationale, la RDC pourrait enfin ouvrir une nouvelle page de son histoire sociale et politique.
Heshima Magazine
Economie
L’économie congolaise déjà impactée par la guerre
Published
3 mois agoon
mars 11, 2025By
La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) est touchée par une guerre d’agression menée par le Rwanda sur son territoire en appui aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Cette situation a déjà une incidence sur l’économie du pays, qui repose essentiellement sur l’exportation des minerais.
La guerre, qui a repris dans l’Est du pays, dissuade les investissements étrangers et la création de nouvelles entreprises. Même si la RDC dispose de ressources naturelles abondantes, l’instabilité dans les zones minières et le manque de sécurité empêchent les investissements à long terme. Les multinationales et les entreprises locales hésitent à investir dans un environnement où les risques liés à la guerre et à la violence sont trop élevés. Le regain de violence armée depuis plus de 3 ans fait perdre énormément de recettes au pays.
Depuis juin 2022, Kinshasa perd ses recettes douanières du poste frontalier de Bunagana, au Nord-Kivu. Cette première cité occupée par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) pouvait réaliser jusqu’à 750 000 dollars de recettes mensuelles. Avec la progression des rebelles dans les deux Kivu, le pays a perdu des revenus qui sont désormais contrôlés par les insurgés. Bunagana est le troisième poste frontalier le plus important du Nord-Kivu après celui de la grande barrière à Goma et celui de Kasindi.
Depuis la prise totale de deux capitales des Kivu, des produits vivriers tels que des pommes de terre, du fromage, du lait frais ou de la viande de bœuf ne sont plus expédiés vers Kinshasa ou dans d’autres villes du pays. Toutes les chaînes d’approvisionnement sont bloquées, affirme Lesly Said, gérante du supermarché du Kivu au complexe Utexafrica, à Kinshasa. « Même avant que Goma ne soit prise, nous avions déjà été impactés par la prise de Minova. Le coût avait augmenté et nous avons eu beaucoup de plaintes de clients, mais nous n’avions pas de choix », a-t-elle déclaré.
Depuis la chute de la ville de Goma, les banques restent toujours fermées. La circulation du dollar américain dans la région devient de plus en plus difficile. Si une telle situation perdure, cela présente le risque d’un basculement de l’économie vers le franc rwandais. Le marché monétaire congolais étant asphyxié par l’absence prolongée des banques et des microfinances, la ville rwandaise voisine, Gisenyi, risque de devenir un débouché pour échapper à cette asphyxie économique de Goma. Cela risque d’être perçu comme une balkanisation économique.
Effort de guerre
Des entreprises publiques fournissent des efforts supplémentaires pour contribuer à l’effort de guerre lancé par le président de la République, Félix Tshisekedi. Pour répondre à cet appel à la solidarité, l’Office de gestion du fret multimodal (OGFREM) a apporté une contribution à hauteur d’un million de dollars. Cette cagnotte a été annoncée au Vice-Premier ministre, ministre des Transports et Voies de communication, Jean-Pierre Bemba, par l’équipe dirigeante de cette entreprise. D’autres entreprises publiques, qui avaient déjà du mal à fonctionner, pourraient fournir des efforts supplémentaires en cette période de guerre.
Cette situation sécuritaire grave a aussi perturbé les prévisions budgétaires projetées pour cette année (18 milliards de dollars). Des coupes budgétaires ont été opérées dans les enveloppes prévues pour certaines institutions comme la Présidence, la Primature, le Gouvernement et le Parlement. La mécanisation des nouveaux agents et fonctionnaires de l’État a été gelée pour une période de 12 mois. Autre effet ressenti, c’est l’inflation. Elle a été particulièrement forte ces dernières années, ce qui a réduit le pouvoir d’achat des Congolais. Les prix des produits de base, en particulier ceux importés, ont augmenté, aggravant ainsi la pauvreté et la précarité pour une grande partie de la population. La tentative du gouvernement de rabaisser les prix des biens de consommation courante s’est révélée vaine.
Chute des prix du cobalt
Pillée dans les Kivu par le Rwanda et les rebelles du M23-AFC, plombée dans l’espace Katanga par la chute de l’une des prix d’une des matières premières les plus en vogue, le cobalt, la RDC essaie tant bien que mal de tenir son économie. Mais les prix mondiaux du cobalt ont sensiblement chuté. Depuis mai 2022, le prix du cobalt a perdu les trois-quarts de sa valeur, passant de 82.000 à près de 22.000 dollars la tonne. Une chute vertigineuse qui s’explique aussi par une surproduction mondiale de ce produit. La Chine, une plus grande consommatrice de ce minerai, s’est émancipée de ce métal blanc. Pékin a commencé à produire des cellules de batteries pour véhicules électriques sans utiliser le cobalt, ce qui occasionne une telle chute des prix. Or, la RDC représente environ 70% de la production mondiale de cobalt, dont les deux tiers sont raffinés en Chine.
Pourtant, la redevance minière des substances minérales stratégiques, notamment le cobalt, reste la plus élevée en RDC. « On aura une situation de baisse des recettes et cela peut affecter les efforts que le gouvernement mène pour restaurer la paix dans l’est du pays », analyse Jean-Pierre Okenda, directeur exécutif de l’ONG « La sentinelle des ressources naturelles ».
Difficile canalisation des recettes du coltan
La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de coltan, un minerai essentiel qui est principalement composé de tantalite et de niobium. Le coltan est utilisé dans la fabrication de composants électroniques, tels que les condensateurs pour téléphones mobiles, ordinateurs, voitures électriques et autres appareils high-tech. Ce minerai est principalement extrait dans les régions orientales de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi qu’en Ituri. Ces zones sont souvent marquées par des conflits armés et des tensions politiques, et l’exploitation minière y est souvent artisanale. Cela signifie que de nombreux mineurs locaux utilisent des méthodes manuelles et rudimentaires pour extraire le coltan, ce qui peut rendre l’activité extrêmement dangereuse. Au-delà de cet aspect, le pillage de ces minerais par des pays voisins fait perdre des recettes énormes à la RDC.
Résurgence du M23 et boom économique au Rwanda
Depuis la résurgence du M23, fin 2021, dans les Kivu, le Rwanda a fait des bonds importants dans l’exportation des minerais, notamment le coltan. En 2023, Kigali a enregistré une augmentation spectaculaire de 43 % de ses exportations, qui sont passées de 772 millions de dollars en 2022 à plus de 1,1 milliard. En 2010, ces revenus dépassaient à peine les 70 millions de dollars par an. Une manne minière bénéficiée par un pays qui n’a pas grand-chose sous son sol. Ce qui met souvent Kinshasa en colère, estimant que les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) que Kigali cherche souvent au Congo sont essentiellement des minerais.
Heshima
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