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ONATRA, TRANSCO, frais de rétrocession… Les actions de Doudou Fwamba revitalisent plusieurs secteurs 

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Le ministre des Finances implémente, avec une remarquable détermination, la vision du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.  En l’espace de trois mois, les actes posés par l’argentier national ont irradié de bonheur plusieurs entreprises publiques et secteurs clés de l’Etat. 

Habitués à organiser des rassemblements de protestation pour dénoncer leurs mauvaises conditions socioprofessionnelles, les agents et cadres de l’Office national des transports (ONATRA) se sont rassemblés, le 26 août 2024, pour un tout autre motif : la joie. Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, accompagné du vice-Premier ministre, ministre des Transports, voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, leur a apporté des nouvelles encourageantes. L’argentier national a remis symboliquement le dossier de subvention pour la relance des activités portuaires au Directeur général intérimaire de l’ONATRA, Martin Kabuya, en présence des agents et cadres de cette entreprise. 

Cet événement a marqué une avancée majeure dans la modernisation et le financement de cet établissement public. Doudou Fwamba a également annoncé le paiement effectif de 4 mois d’arriérés de salaire. Les bénéficiaires ont exprimé leur gratitude au ministre pour ces décisions qui contribuent au développement de leur entreprise. 

« Le ministre Doudou   Fwamba a démontré qu’il est un nationaliste à l’image de Patrice Emery Lumumba », a déclaré Armand Osase, président de la délégation syndicale de cette entreprise.

Longtemps perçu comme un canard boiteux malgré une succession de plusieurs directeurs généraux, l’ONATRA semble aujourd’hui retrouver peu à peu son éclat d’antan. « Nous avons souffert à l’ONATRA. Aujourd’hui, nos autorités ont pensé à la relance de cette entreprise… Nous sommes d’accord pour que nos syndicalistes se rendent à Matadi pour signer le contrat avec l’entreprise chargée de moderniser ce port », a commenté un agent. 

De son côté, Doudou Fwamba a exprimé la volonté du chef de l’Etat de moderniser le port de Matadi pour le rendre compétitif. Il a précisé avoir été mandaté par le président de la République pour décaisser les fonds nécessaires à la subvention de l’ONATRA, rassurant les agents qu’aucun emploi ne sera supprimé du fait des travaux de modernisation du port de Matadi.  

TRANSCO, retour de la subvention  

Une autre entreprise publique en difficulté est la Société de transports du Congo (TRANSCO). Le ministre des Finances a volé au secours de cette entreprise qui commençait à battre de l’aile avec notamment une série de grèves sèches. 

Au cours d’une réunion avec l’intersyndicale de cette société, le 29 juillet à Kinshasa, Doudou Fwamba a annoncé la reprise des subventions du gouvernement congolais, incluant l’approvisionnement en carburant par la société pétrolière SEP Congo, afin de surmonter les défis auxquels cette entreprise est confrontée.

Doudou Fwamba a également annoncé le paiement effectif de deux mois d’arriérés de salaire, dans le cadre de l’appui du gouvernement à l’activité de cette société. 

La délégation syndicale de TRANSCO a remercié le président de la République pour les efforts consentis et a appelé les agents à reprendre le travail. « Nos revendications ont été prises en compte », s’est réjoui Didier Kimbumbu, président de l’intersyndicale.

Rétrocession aux provinces

Sous les gouvernements passés, gouverneurs et députés provinciaux se plaignaient régulièrement du non-paiement des frais de rétrocession dus aux provinces et aux Entités territoriales décentralisées (ETD). 

Dès son arrivée, Doudou Fwamba s’est rapidement penché sur cette question. Il a procédé au paiement de plus de six mois d’arriérés de rétrocession et de frais de fonctionnement des provinces, facilitant ainsi leur développement et celui des ETD. 

La rétrocession et la caisse de péréquation, prévues par la loi congolaise, visent à favoriser le développement des provinces. Malheureusement, cette rétrocession, fixée à 40%, est envoyée aux provinces en dents de scie par le gouvernement central. Sur instruction du Président de la République et de la Première ministre, Doudou Fwamba a payé six mois d’arriérés en un seul décaissement.

Appui aux pétroliers

Face à la menace d’une augmentation des prix des carburants, le ministre des Finances, en collaboration avec ses collègues des Hydrocarbures et du Portefeuille, a échangé avec les sociétés pétrolières sur l’approvisionnement en produits pétroliers et sur l’ajustement de la structure des prix. Doudou Fwamba a souligné l’importance de maintenir une offre stable afin de maîtriser les prix à la pompe. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer les lignes de crédit avec les banques commerciales afin de soutenir SONAHYDROC et COBIL, tout en prenant des mesures pour lutter contre la fraude douanière qui pénalise le marché des produits pétroliers. Le gouvernement a ainsi réaffirmé son soutien aux sociétés pétrolières afin de garantir la stabilité des prix.  

Kinshasa, financement des infrastructures 

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba, a sollicité le ministre des Finances pour obtenir un financement destiné à la réhabilitation immédiate de plusieurs artères principales de la capitale telles que les avenues Luambo Makiadi (ex Bokassa), Itaga, Flambeau, Kabinda, Kabambare, Kalembelembe, Kasa-Vubu, Libération et Assossa. Ces tronçons, qui représentent un linéaire de 27,28 km, se trouvent dans un état de délabrement avancé. Avec le retour des pluies, une action rapide du gouvernement était nécessaire. 

Doudou Fwamba a assuré de l’engagement du gouvernement central à soutenir ces efforts, en mobilisant les services spécialisés de son ministère, y compris le Bureau central de coordination (BCeCo). L’argentier national a mis en garde contre la mauvaise qualité des travaux réalisés par le passé, et a insisté sur le fait que les entreprises sélectionnées doivent posséder l’expertise nécessaire pour garantir des infrastructures de meilleure qualité. 

« Il vous souviendra que nous avons, à la fin ou au début du premier quinquennat du chef de l’État, réhabilité presque toutes les voies dont nous parlons aujourd’hui. Cependant, après un court moment, nous avons constaté que les travaux réalisés n’ont pas été d’une qualité suffisante, et nous en sommes revenus à la case départ. Cet état de choses doit prendre fin », a affirmé le ministre.

Il a également confirmé au gouverneur que les subventions reprendraient en septembre 2024, afin d’accélérer les travaux d’assainissement de la ville en prévision de la saison des pluies. 

Mpox, la riposte financée 

En réponse à la propagation de l’épidémie de Mpox (variole du singe) dans plusieurs provinces du pays, le gouvernement a pris ‘‘le taureau par les cornes’’. Un fonds d’urgence estimé entre 6 et 10 millions de dollars américains, a été débloqué pour soutenir la lutte contre cette épidémie. « Face à la recrudescence de l’épidémie de Mpox en RDC, le gouvernement a pris des mesures urgentes pour répondre à la situation », avait rassuré le ministre des Finances, précisant que ces fonds sont destinés à des actions immédiates de riposte sanitaire. 

D’après le ministre de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale, Samuel Roger Kamba, ce financement s’inscrit dans un plan plus vaste visant à mobiliser 49 millions de dollars pour la riposte, incluant les opérations de déploiement, la prise en charge des malades, la surveillance épidémiologique et les activités de laboratoire. Ce montant n’inclut pas le coût des vaccins.

Heshima 

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Dialogue et réorganisation militaire : Tshisekedi tient deux fers au feu

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La grave crise sécuritaire qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) pousse le chef de l’État, Félix Tshisekedi, à opérer de multiples changements, notamment sur le plan sécuritaire. Alors qu’un dialogue se profile à l’horizon avec les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23/AFC), Tshisekedi réorganise son appareil sécuritaire en nommant un nouveau conseiller spécial en matière de sécurité. À ce poste, le professeur Désiré Cashmir Eberande Kolongele succède à un autre universitaire, Jean-Louis Esambo.

Ancien directeur de cabinet intérimaire du chef de l’État et ex-ministre du Numérique, Désiré Cashmir Eberande occupera désormais le poste de conseiller spécial du président en matière de sécurité. L’ordonnance présidentielle le nommant a été lue mercredi 5 février 2025 à la télévision nationale (RTNC). Élu député national dans la circonscription de Bulungu, dans la province du Kwilu, il pilotera le puissant Conseil national de sécurité (CNS), une structure stratégique auparavant dirigée par l’ancien sécurocrate François Beya.

Depuis l’ère de Joseph Kabila, ce poste a vu défiler plusieurs personnalités, telles que Pierre Lumbi, Jean Mbuyu, François Beya, Jean-Louis Esambo, et désormais Désiré Cashmir Eberande. Ce dernier aura la lourde tâche de diriger le Conseil national de sécurité dans un contexte particulièrement critique. Le pays traverse l’une des crises les plus graves de son histoire. Après avoir pris Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le 27 janvier, les rebelles du M23, soutenus par les troupes rwandaises, ont lancé une nouvelle offensive dans l’Est du pays mercredi 5 février, reprenant leur progression vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. La cité minière de Nyabibwe, située à environ 100 kilomètres de Bukavu, est déjà tombée aux mains des insurgés. Ces derniers visent désormais l’aéroport de Kavumu, avant de tenter d’atteindre Bukavu.

Tshisekedi tient deux fers au feu

Félix Tshisekedi poursuit la réorganisation de l’armée et des autres secteurs de la sécurité, malgré les revers militaires dans l’Est du pays. Parallèlement, le chef de l’État garde deux options ouvertes : l’option militaire et celle du dialogue. Si la première a montré ses limites pour l’instant, la seconde semble être la moins coûteuse en termes de pertes humaines et de préservation des maigres acquis engrangés jusqu’ici. Bien qu’il ait initialement refusé de dialoguer avec les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, Tshisekedi a finalement accepté les pourparlers proposés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Ces discussions, qui s’inscrivent dans le cadre d’un pacte social pour la paix, incluront Corneille Nangaa et d’autres représentants du M23.

Une donne vient compliquer l’équation, c’est que Corneille Nangaa est désormais sous mandat d’arrêt international lancé par la justice militaire.  Comment va-t-il apprécier cette situation ? Comment l’ECC et la CENCO vont-elles prendre langue avec un homme recherché ? C’est là où les romains s’empoigneèrent.

Sur le plan régional, Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, sont attendus samedi 8 février à un sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), prévu à Dar es Salam, en Tanzanie. Le président du Conseil européen, António Costa, a annoncé avoir eu des échanges avec les deux chefs d’État directement concernés par cette crise. « Il faut trouver une solution durable à long terme pour la stabilité de la région », a-t-il déclaré, exprimant son espoir de voir des « discussions constructives » s’engager à Dar es Salam.

De son côté, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a salué la tenue de ce sommet conjoint SADC-CAE, prévu les 7 et 8 février. Cette organisation régionale qualifie ces assises d’« occasion cruciale » pour s’attaquer à la crise sécuritaire et humanitaire qui affecte des millions de civils dans la région des Grands Lacs.

Heshima

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RDC : la CENCO confirme l’intention de négocier avec l’AFC/M23

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La Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont entamé des consultations avec la classe politique et la société civile. Après avoir rencontré le président de la République, Félix Tshisekedi, l’opposant Martin Fayulu et le président de l’Assemblée nationale, les prélats n’excluent pas de rencontrer l’AFC/M23 dirigée par Corneille Nangaa. Ce dialogue envisagé portera sur quoi ? C’est la grande question.

Après avoir rencontré le chef de l’État, le président de la CENCO, Monseigneur Fulgence Muteba, a échangé, le 3 février, avec le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Ce prélat a présenté à son hôte le plan de sortie de crise intitulé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble », préparé par son organisation. Les prélats catholiques et protestants envisagent de faire le tour de la classe politique et de la société civile pour créer une adhésion à ce projet de paix. Ils ont également rencontré, le 4 février, l’opposant Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDé). D’après le révérend Eric Nsenga de l’ECC, ces rencontres préparent un « grand forum » à venir, sans donner plus de détails sur le format de ce forum.

De son côté, le secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole, n’a pas fait mystère de la démarche de ces deux églises : dialoguer avec les rebelles du M23-AFC. « Nous voulons la paix. Nous voulons une solution alternative à la guerre. La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes. Ça n’aurait pas de sens de les mettre à côté et d’espérer trouver la paix sans eux. », a déclaré Donatien Nshole, assurant que l’AFC/M23 sera aussi consultée dans le cadre des consultations menées par l’Église catholique et l’ECC.

Sur quoi portera le dialogue ?

Initier une démarche de paix et de cohésion nationale est une chose, trouver les points de divergence et les résoudre en est une autre. Le dialogue initié par les églises va porter sur quel sujet ? La remise en cause de la légitimité de Félix Tshisekedi ? L’application des accords du 23 mars pour le M23 ? L’amnistie après le massacre de près de 3000 Congolais à Goma ? L’entrée des belligérants dans les institutions, y compris l’armée et la police ? Voilà autant de questions complexes qui risquent de compliquer la démarche des prélats. Corneille Nangaa ainsi que ses partenaires du M23 voudront trouver l’absolution des crimes commis tout au long de leur croisade militaire qui les a conduits jusqu’à Goma. Kinshasa, qui risque d’aller à cette table de discussion en position de faiblesse, n’aura pas assez de marge de manœuvre pour imposer de nouvelles lignes rouges après l’occupation de Goma.

Assemblée nationale obligée de se dédire

L’Assemblée nationale, qui a convoqué une session extraordinaire le 4 février, est obligée de se dédire après avoir interdit au gouvernement, en 2022, de négocier avec le M23. L’Assemblée nationale avait déclaré, à son tour, le M23 comme étant un groupe « terroriste » et que le gouvernement ne devrait pas négocier avec eux. Cette décision est contenue dans une note de recommandation prise en novembre 2022 à l’intention du gouvernement. Avant le début des discussions avec l’AFC/M23, la chambre basse du parlement devrait alors délier les mains du gouvernement pour lui permettre de prendre langue avec ce groupe rebelle. Déjà à l’époque, Moïse Nyarugabo, alors député national, prévenait l’Assemblée nationale du risque d’une telle mesure. « Nous sommes un pays en guerre. On ne peut pas fermer toutes les portes de négociation. Ça ne serait pas sage de fermer les portes qui peuvent servir d’issue à un moment donné », avait-il déclaré après le vote d’adoption de cette recommandation. Aujourd’hui, l’évolution de la crise sécuritaire semble lui donner raison. L’enjeu majeur dans ce volet de discussion, c’est de savoir jusqu’où le gouvernement pourrait fléchir pour satisfaire les revendications de l’AFC/M23.

Heshima

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Crise sécuritaire en RDC : la CENCO peut-elle recréer l’unité autour de Tshisekedi ?

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La prise de la ville de Goma par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et l’armée rwandaise rend quasi inévitables des discussions politiques entre Kinshasa, Kigali et même avec les rebelles. Une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) pourrait rencontrer le président Félix Tshisekedi, ce lundi 3 février 2025, pour échanger probablement autour de la grave crise sécuritaire qui frappe la République démocratique du Congo (RDC). Est-ce un début de discussion avec l’opposition politique ? Décryptage.

La CENCO pourrait être reçue, ce lundi 3 février, par le président de la République, Félix Tshisekedi. Si la Présidence ne confirme pas la nouvelle, elle ne dément pas non plus l’existence d’une telle rencontre. Monseigneur Fulgence Muteba, évêque du diocèse de Lubumbashi et président de la CENCO, serait déjà à Kinshasa pour ce rendez-vous. Entre Félix Tshisekedi et les évêques catholiques, un seul sujet pourrait dominer la rencontre : la crise sécuritaire qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et de l’Ituri. Après la prise de Goma par les rebelles du M23 avec l’armée rwandaise, des discussions politiques semblent devenues inévitables. Pour le secrétaire général de cette organisation, Mgr Donatien Nshole, la CENCO est prête à répondre à l’appel au dialogue, mais il est nécessaire de commencer par une rencontre avec le chef de l’État avant d’entamer les consultations avec le reste de la classe politique et sociale. « À la demande de Félix Tshisekedi de réunir tout le monde pour un dialogue, nous commencerons par le rencontrer afin de lui exposer la quintessence de notre démarche. Ensuite, nous rencontrerons les autres parties prenantes. C’est une réponse à son appel », a déclaré Mgr Nshole. À cette occasion, la CENCO pourrait exprimer son point de vue par rapport à la crise sécuritaire et évoquer d’éventuelles pistes de solution.

Dialoguer avec qui ?

Le gouvernement congolais avait tracé une ligne rouge à ne pas franchir : celle de dialoguer avec les rebelles du M23. Le président Félix Tshisekedi l’a même répété devant les diplomates, en janvier dernier, lors de la cérémonie d’échange des vœux. Devant sa famille politique de l’Union Sacrée de la Nation, il soutenait que même si les rebelles arrivaient devant sa résidence de la Cité de l’Union africaine, il ne négocierait pas avec eux. Mais face à une percée des rebelles dans le Nord-Kivu, notamment avec la prise de Goma et la menace qui pèse sur Bukavu, la donne pourrait bien changer. Les évêques risquent de se voir revêtus d’une mission plus large, celle de consulter toutes les parties : opposition politique, société civile, y compris les belligérants.

L’autre difficulté, c’est celle de voir le M23 accepter cette offre de dialogue. Alors qu’il réclamait des discussions directes avec Kinshasa, ce mouvement rebelle a, depuis un certain temps, changé de cap. Les rebelles affichent pour objectif de continuer leur offensive militaire dans l’Est de la RDC. Ce qui signifie que l’ouverture d’une négociation directe avec le gouvernement congolais, qui était jusqu’ici une exigence phare des rebelles et de leur protecteur rwandais, n’est apparemment plus considérée comme d’actualité. Corneille Nangaa affiche son désir de marcher sur Kinshasa.

Dialogue après un lourd bilan humain à Goma

Les consultations de la CENCO veulent s’ouvrir après que le pays a perdu des centaines de ses fils et filles, tombés essentiellement entre le 28 et le 30 janvier lors des affrontements entre l’armée rwandaise en appui au M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pour le contrôle de Goma. Le bilan de ce carnage s’élève jusque-là à 773 morts et 2 880 blessés recensés dans des structures sanitaires, selon le porte-parole du gouvernement. Ces chiffres ont été rendus publics au cours d’un briefing presse co-animé avec le ministre de la Santé, Samuel Roger Kamba. Selon Patrick Muyaya, les corps sont entassés dans les tiroirs des morgues des hôpitaux.

Le ministre de la Communication et des Médias a martelé le fait que ces chiffres représentent le minimum de ce qui s’est passé. « On a enregistré des attaques contre des enfants, des nouveau-nés, la maternité. Les capacités de chirurgie sont réduites et ils reçoivent un nombre plus élevé de malades, sans oublier la coupure d’eau et d’électricité. À côté de cela, la fatigue et le stress dans lequel le personnel médical travaille. Et dans un élan de solidarité, il a été demandé à la population de donner de son sang. Cette campagne de collecte de sang a pour but d’aider ces militaires, des Wazalendo », a-t-il déclaré.

Le pays et sa tradition de dialogue

L’histoire des dialogues politiques en RDC face à la crise sécuritaire ou politique est marquée par une série d’initiatives et de négociations visant à résoudre des conflits internes et à rétablir la paix dans un contexte de violences armées récurrentes. La RDC, avec ses nombreuses régions affectées par des groupes armés, a été le théâtre de multiples dialogues au fil des décennies.

Le dialogue inter-congolais (2002-2003)

Ce dialogue est l’un des plus importants de l’histoire politique récente du pays. Il a été initié après la guerre du Congo (1998-2003) qui a opposé plusieurs factions, soutenues par des puissances étrangères, principalement le Rwanda, l’Ouganda et certaines multinationales. Le dialogue inter-congolais, facilité par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et d’autres partenaires internationaux, a abouti à un accord de partage du pouvoir avec la formule d’un président de la République et de quatre vice-présidents (1+4), qui a formé un gouvernement de transition dirigé par le président Joseph Kabila, de 2003 à 2006.

Les Accords de Lusaka (1999)

Bien que précédant le dialogue inter-congolais, ces accords ont été un autre moment clé de l’histoire de la RDC. En réponse à l’intensification des conflits internes, la RDC a signé les Accords de Lusaka avec plusieurs groupes rebelles, dont le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) dirigé par Azarias Ruberwa, le RCD/KML (Kisangani Mouvement de Libération) d’Antipas Mbusa Nyamwisi et des puissances étrangères impliquées dans le conflit. Ces accords ont cherché à instaurer un cessez-le-feu et ont ouvert la voie à des négociations pour résoudre la crise sécuritaire.

Accords de Nairobi 2013-2014

Face à l’expansion territoriale du groupe rebelle M23 dans l’Est du pays, un nouveau dialogue a été lancé, soutenu par la communauté internationale. Le gouvernement congolais et les rebelles ont négocié à Nairobi, ce qui a permis de mettre fin à la rébellion en 2013, bien que les tensions sécuritaires dans la région soient restées persistantes, marquées par la présence de divers groupes armés. Mais huit ans plus tard, le mouvement a resurgi avec les mêmes parrains.

Le dialogue politique national (2016)

La crise sécuritaire, couplée aux tensions politiques internes concernant la fin du mandat de l’ancien président Joseph Kabila, a conduit à un autre dialogue en 2016. Ce dernier, surnommé « dialogue de la Cité de l’Union africaine » et facilité par l’ancien Premier ministre togolais, Edem Kodjo, visait à résoudre la crise électorale et à trouver un consensus sur la gestion de la transition. Mais l’accord n’avait pas permis de fédérer toute l’opposition. Un autre round a été ouvert, en décembre 2016, sous la médiation de la CENCO. Un accord de transition a été trouvé, permettant de prolonger le mandat de Joseph Kabila jusqu’à l’élection de 2018. La crise sécuritaire, quant à elle, a continué de se renforcer avec les rebelles ADF au Nord-Kivu et en Ituri, mais aussi avec la CODECO. Toutefois, le dialogue a permis de stabiliser la situation politique à court terme.

Les initiatives récentes et le rôle de la MONUSCO

Avec l’intensification des violences dans l’Est de la RDC, des dialogues se poursuivent, mais sont de plus en plus complexes. L’ONU, à travers la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO), intervient militairement et diplomatiquement pour essayer d’apaiser les tensions. Le gouvernement congolais et les groupes rebelles continuent de participer à des pourparlers de paix, bien que les résultats restent fragiles. Comme c’est le cas avec le processus de Nairobi, qui avait réuni plusieurs groupes armés, notamment le M23. Mais ce dernier avait quitté la table de discussion pour reprendre les armes jusqu’à ce jour.

Heshima

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