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Jules Alingete Key : un héritage de rigueur à la tête de l’IGF

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Lorsque Jules Alingete Key prend les rênes de l’Inspection Générale des Finances (IGF) en juillet 2020, la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans un marasme marqué par des détournements endémiques et une absence criante de redevabilité. Nommé par le Président Félix Tshisekedi, le nouvel Inspecteur général hérite d’un organe presque figé, souvent relégué au rang de spectateur face aux abus. En cinq années de mandat, il transforme l’IGF en un véritable levier de transparence, au point d’en faire un rempart contre les antivaleurs. En mai 2025, il passe le flambeau à Christophe Bitasimwa, non pas en retraité d’un poste, mais en dépositaire d’un héritage institutionnel sans précédent.

Né le 25 juin 1963 à Kinshasa, originaire de Kutu (Mai-Ndombe), Jules Alingete est un pur produit de l’école congolaise. Diplômé en sciences économiques de l’Université de Kinshasa en 1988, il intègre l’IGF dès la fin de ses études. La suite est une ascension constante dans les arcanes de la finance publique : conseiller au ministère des Finances, coordonnateur au cabinet du gouverneur de Kinshasa, puis directeur des recettes à la DGRK (Direction générales des recettes de Kinshasa) entre 2008 et 2010. Son retour à l’IGF comme inspecteur général des finances s’inscrit dans la vision d’un chef de l’État décidé à restaurer la probité dans la gestion publique.

L’IGF, de l’ombre à la lumière

Avant 2020, l’IGF peinait à imposer son autorité, bridée par des diverses contraintes et un sous-effectif chronique. Avec Alingete, tout change : les patrouilles financières deviennent régulières, les audits surprises se multiplient, les synergies avec la justice s’intensifient. L’IGF passe de 55 à 225 inspecteurs en l’espace de quatre ans. L’institution est équipée, réarmée, et surtout, libérée. Car Félix Tshisekedi lui accorde une autonomie budgétaire et opérationnelle inédite, condition sine qua non pour frapper haut, fort et juste. En mai 2025, Africanewsrdc.net souligne que cette indépendance aura été la pierre angulaire de la mutation de l’IGF.

Des enquêtes au retentissement national

Le travail d’Alingete n’est pas seulement quantifiable. Il est visible et palpable. L’affaire Bukanga-Lonzo, révélée par l’IGF, expose un détournement de 285 millions de dollars autour d’un projet agro-industriel pourtant promu comme vitrine de l’autosuffisance alimentaire. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est mis en cause, les procédures judiciaires sont en cours.

En 2022, l’audit de la Gécamines jette une lumière accablante sur une décennie de gestion opaque, mettant en évidence des pertes colossales liées à des contrats léonins et à une corruption systémique. Le scandale secoue le secteur minier, précipitant des réformes indispensables. Deux ans plus tard, en 2024, c’est au tour du Fonds Minier de subir un examen minutieux. Les malversations révélées conduisent à la révocation du directeur général. En juillet 2024, ces mesures ont permis la suspension de plusieurs responsables et la renégociation de contrats déséquilibrés, rétablissant ainsi une répartition plus équitable des revenus miniers.

Mais l’enquête sur les contrats chinois, et en particulier la convention minière dite « Sicomines », signée en 2008 entre la RDC et un consortium d’entreprises chinoises, pourrait bien s’imposer comme l’un des dossiers les plus emblématiques du mandat d’Alingete. Dans un rapport explosif publié en février 2023, l’IGF révèle que la partie chinoise a empoché un bénéfice de 76 milliards de dollars, tandis que la RDC n’a reçu que 3 milliards pour des infrastructures. L’IGF dénonce un « déséquilibre financier majeur » défavorable à l’État congolais. L’enquête met en évidence que les engagements de la partie chinoise, notamment l’investissement de 3 milliards USD en infrastructures, sont largement insuffisants au regard des ressources minières déjà extraites. Le contrat, d’une disproportion flagrante, laisse plus de 90 % des bénéfices économiques aux entreprises chinoises, au détriment du Trésor congolais.

À la suite de la publication de ce rapport, le gouvernement de Félix Tshisekedi initie une renégociation des termes du contrat. En mars 2024, cette démarche débouche sur un nouvel accord plus avantageux pour la RDC : la valeur des infrastructures est revue à la hausse, la répartition des dividendes ajustée et un contrôle plus rigoureux est instauré sur les exportations de minerais. Un avenant à cette convention permet à la RDC d’obtenir 7 milliards USD pour la construction de 6 000 kilomètres de routes sur 15 ans. Cette révision, saluée par plusieurs chancelleries occidentales, témoigne de l’influence croissante de l’IGF sur la politique économique du pays, et de sa capacité à peser sur des décisions à l’échelle nationale.

Autre chantier majeur : l’éducation. L’IGF révèle une fraude massive au sein de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), estimée à 62 milliards de CDF détournés chaque mois. Cette découverte entraîne une réaction en chaîne, culminant en mars 2024 par la condamnation, par la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, de deux hauts responsables de l’EPST : Michel Djamba, Inspecteur général de l’EPST, et Delphin Kampayi, directeur du Service de contrôle de la paie du personnel enseignant (SECOPE), à 20 ans de travaux forcés. Les deux hommes ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics. Grâce à l’action décisive de l’IGF, cette hémorragie financière a été stoppée net, permettant ainsi de réorienter ces ressources vers la politique de gratuité scolaire, l’une des réformes sociales phares du quinquennat de Tshisekedi.

Une baisse tangible de la corruption

Dans cette lutte sans relâche contre la corruption, le bilan de Jules Alingete, chef de l’IGF, est éloquant. En mars 2025, lors de l’émission « Fauteuil Blanc », il a déclaré que « le taux de corruption est passé de 80 % à 50 % en cinq ans grâce à la détermination de Tshisekedi ». Il a ajouté : « Si vous examinez les statistiques des finances publiques en 2019 et 2020, vous comprendrez d’où nous venons. À cette époque, la corruption était profondément enracinée dans l’ADN des gestionnaires ». Ces propos interviennent dans un contexte où la RDC a enregistré des avancées significatives dans la lutte contre la corruption. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International atteste de cette amélioration. « En cinq ans, nous avons gagné environ 15 places au classement de Transparency International. Cela prouve que des efforts considérables ont été réalisés », a précisé Alingete, soulignant ainsi les progrès notables accomplis dans la gouvernance financière du pays.

Ces avancées ont contribué à améliorer l’image de la RDC sur la scène internationale, facilitant l’accès aux financements et rassurant les bailleurs de fonds. La rigueur instaurée par l’IGF sous la direction d’Alingete a ainsi joué un rôle clé dans la redynamisation de l’économie nationale et la restauration de la confiance des partenaires internationaux.

L’IGF, désormais logée à sa hauteur

En octobre 2024, l’IGF a franchi une étape symbolique de son renouveau en inaugurant un nouveau siège moderne de huit étages à Kinshasa, baptisé « Immeuble Étienne Tshisekedi wa Mulumba ». Ce bâtiment moderne, financé sur fonds propres, abrite 150 bureaux, six salles de réunion et un amphithéâtre de 250 places. Selon les informations partagées par le service de communication de l’IGF, sa construction a scrupuleusement respecté les normes de passation de marchés, un détail hautement significatif pour une institution dédiée à la transparence. « Ce bâtiment incarne notre autonomie retrouvée », déclarait alors Jules Alingete lors de l’inauguration.

Au-delà de ses dimensions, l’impressionnant édifice symbolise la transformation de l’IGF en une institution proactive et indépendante. Lors de la cérémonie d’inauguration, le président Félix Tshisekedi a souligné l’importance de doter les organes de contrôle des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission. Alingete, pour sa part, a exprimé sa gratitude envers le chef de l’État pour avoir revitalisé les institutions de lutte contre la corruption, en particulier l’IGF. Il a également mis en lumière les politiques internes visant à renforcer l’intégrité du personnel, notamment l’acquisition de plus de 280 véhicules individuels et la mise en place de crédits immobiliers pour les inspecteurs, afin de les prémunir contre les tentations susceptibles de compromettre leur éthique professionnelle. Ces initiatives témoignent de l’engagement de l’IGF à maintenir des standards élevés de gouvernance et de transparence.

Alingete a souvent souligné que les succès de l’IGF sont le fruit d’une volonté politique affirmée. Il a déclaré : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption. » Il a également exprimé son soutien indéfectible aux réformes initiées par Félix Tshisekedi, affirmant : « Recevez l’assurance de mon soutien pour toutes les réformes visant à bâtir une nation plus juste, plus transparente et résolument tournée vers un lendemain meilleur. » Ces propos illustrent la collaboration étroite entre l’IGF et la présidence, essentielle à la réussite des initiatives de bonne gouvernance.  Il a ajouté que ce nouveau bâtiment représente « une nouvelle vision pour des finances publiques saines », mettant en avant l’engagement renouvelé de son institution en faveur de la bonne gouvernance.

Ces déclarations témoignent de la reconnaissance d’Alingete envers le soutien constant de Félix Tshisekedi, sans lequel les progrès réalisés par l’IGF n’auraient pas été possibles. Elles illustrent également la synergie entre la présidence et l’IGF pour instaurer une gestion transparente et responsable des finances publiques en RDC.

Un effet levier sur l’économie nationale

L’impact de cette rigueur dépasse les chiffres de l’IGF. Entre 2019 et 2025, le budget national explose, passant de 4 à 18 milliards USD. Cette hausse spectaculaire est alimentée par une mobilisation accrue des recettes et une réduction drastique des fuites financières. En traquant les détournements, l’IGF a permis à l’État de redéployer ses ressources vers des secteurs clés tels que l’éducation de manière générale, la santé, les infrastructures et la gratuité de l’enseignement primaire.

Sous la houlette de Jules Alingete, les régies financières ont été mieux encadrées et ont enregistré des performances inédites. En 2022, la Direction générale des impôts (DGI) dépasse largement ses objectifs : plus de 18 mille milliards de CDF collectés contre des assignations de 11,7 mille milliards, soit un taux de réalisation de près de 130 %. L’exigence d’attestations fiscales pour les fournisseurs de l’État a également asséché les circuits de fraude.

Par ailleurs, l’IGF a intercepté plus d’un milliard de dollars de dépenses publiques jugées irrégulières rien qu’en 2023, limitant les déperditions budgétaires et réorientant les crédits vers des usages conformes. Cette rigueur a contribué à asseoir une discipline budgétaire rarement observée ces dernières décennies.

Ces gains de transparence, conjugués à une volonté politique ferme au sommet de l’État, ont redonné à l’administration congolaise des marges de manœuvre inédites. La RDC, longtemps classée parmi les pays les plus corrompus du monde, a commencé à inverser la tendance, en témoigne le regain de confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs. Pour beaucoup, la rigueur imposée par Alingete a été un véritable levier de relance macroéconomique.

Une reconnaissance méritée

Les distinctions pleuvent : prix Forbes Best of Africa aux Etats-Unis, Anti-Corruption Best Price, Trophée Muana Mboka, Congo ya Sika, Tombwama, et bien d’autres. Chaque trophée n’est pas qu’une médaille honorifique. Il est la preuve qu’un changement est possible quand la volonté politique rencontre la compétence technique. Ces récompenses, tant nationales qu’internationales, soulignent l’impact significatif des actions menées par Jules Alingete à la tête de l’IGF. Elles témoignent de la reconnaissance de ses efforts dans la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence en RDC.

En recevant le prix Forbes Best of Africa, Alingete a été salué pour son engagement envers les réformes économiques et la bonne gouvernance. Le Trophée Muana Mboka et le prix Congo ya Sika reflètent l’appréciation nationale pour son dévouement au service public et son rôle dans la transformation du paysage financier du pays. Des distinctions qui démontrent et renforcent la crédibilité de l’IGF et encouragent la poursuite des efforts pour instaurer une culture de responsabilité et d’intégrité au sein des institutions publiques.

Sous pression, mais jamais ébranlé

Son combat, Alingete ne l’a pas mené dans un cocon. Attaqué, menacé, diabolisé, il a tenu, soutenu sans faille par Tshisekedi. Le média congolais Ouragan.cd titrait en septembre 2024 : « L’homme à abattre », affirmant qu’il était la cible de mandataires publics véreux. Mais les attaques glissent sur un homme qui, à force de loyauté institutionnelle et de détermination, a rendu à l’IGF son autorité naturelle.

L’estime des pairs, l’adhésion du peuple

Au fil de son mandat à la tête de l’IGF, Jules Alingete a suscité une admiration croissante, tant parmi les experts que dans la population congolaise. Ses actions déterminées contre la corruption et sa rigueur dans la gestion des finances publiques ont été saluées par de nombreux observateurs. Jean-Pierre Tinda, analyste financier, souligne : « Grâce à Alingete, détourner n’est plus sans conséquence. » Marie-Claire Mbombo, économiste, affirme : « Il a redonné une âme à une institution oubliée. » Didier Katshungi, professeur de droit, observe : « Son nom est désormais synonyme d’intégrité. » Le professeur Albert Kikoso, spécialiste en gouvernance, déclare : « Un mur érigé contre la prédation. » Et Fatuma Kibati, active dans l’immobilier à Kinshasa, témoigne : « Grâce à lui, beaucoup commencent à respecter la loi sur les marchés publics. »

Ces témoignages reflètent l’impact profond de son action sur la société congolaise. En incarnant une lutte sans relâche contre les détournements de fonds publics, pour Jin Kazama, président d’une ONG des droits de l’homme, Alingete a non seulement renforcé la crédibilité de l’IGF, mais a également restauré la confiance des citoyens dans les institutions de l’État.

Une dynamique impulsée par le sommet

Pour Jules Alingete, les résultats engrangés par l’IGF s’inscrivent avant tout dans le sillage d’une volonté politique forte exprimée au sommet de l’État. À plusieurs reprises, il a salué l’engagement du président Félix Tshisekedi comme le socle qui a permis à l’IGF d’émerger comme acteur central de la lutte contre la corruption. « Si vous entendez parler de l’IGF aujourd’hui, c’est parce qu’il y a une volonté politique ferme qui accompagne ce travail », déclarait-il en 2023, soulignant que le chef de l’État a su « créer les conditions d’une action libre et rigoureuse ».

En septembre 2024, à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État, il affirmait encore : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption ». Cette ligne directrice, Alingete l’a constamment revendiquée, notamment lors de l’inauguration du siège flambant neuf de l’IGF en octobre 2024, où il saluait « le soutien permanent du président Tshisekedi au travail difficile mais salutaire abattu par les inspecteurs ».

Dans ses vœux du Nouvel An 2025, il réitérait cette reconnaissance : « Votre engagement indéfectible pour le progrès de notre pays inspire confiance et espoir. L’IGF poursuivra sa mission dans cet esprit ». À ses yeux, l’IGF n’aurait pu jouer ce rôle sans l’impulsion et la protection du Chef de l’État Tshisekedi. Une conviction qu’il porte comme un leitmotiv : « la rigueur n’est possible que lorsqu’elle est soutenue par le sommet de l’État. »

Bitasimwa, la relève sous tension

Le successeur de Jules Alingete, Christophe Bitasimwa, prend les rênes d’une institution désormais bien ancrée, mais confrontée à de nouveaux défis. La corruption numérique, les réseaux transnationaux, les fraudes de plus en plus sophistiquées…, autant de fronts sur lesquels il devra s’imposer. Le financier Alexis Kita met en garde : « L’ère Bitasimwa commence dans l’ombre d’un géant. » Cependant, le socle est solide, bâti par un homme et un président dont les parcours ont marqué l’histoire de l’IGF. Lors de la cérémonie de remise et reprise, le 15 mai, Bitasimwa n’a pas manqué de saluer le travail de son prédécesseur : « Tout le monde sait à quel niveau il a porté cette institution […] Aujourd’hui, cette institution est très respectée. La population fonde beaucoup d’espoir sur l’IGF. On ne peut que le lui reconnaître ce travail abattu et le leadership qu’il a imprimé à ce service. »  Selon lui, la grandeur de l’œuvre laissée par Alingete est telle qu’il est impossible de le remplacer, mais « on lui succède ».

Une sortie avec panache

En mai 2025, Jules Alingete quitte ses fonctions, non comme un fonctionnaire à la retraite, mais comme un bâtisseur qui laisse un édifice debout. L’IGF d’aujourd’hui n’a plus rien de celle d’hier. Son passage à la tête de l’institution aura marqué une rupture, une renaissance. Et si son avenir reste à écrire, son héritage, lui, est déjà inscrit dans l’histoire administrative du pays.

Heshima Magazine

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Aménagement du territoire : la RDC veut planifier l’occupation de ses terres

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En République démocratique du Congo (RDC), l’aménagement du territoire fait face à de nombreux problèmes structurels, environnementaux et surtout législatifs. Ces difficultés entravent un développement équilibré du pays et limitent l’efficacité des politiques publiques. Le 30 mai 2025, une large majorité des députés à l’Assemblée nationale ont voté une loi sur l’aménagement du territoire, dotant ainsi la RDC d’un cadre légal pour organiser et planifier l’occupation de son vaste territoire.

Faire face aux défis liés à la croissance urbaine, à l’exode rural, planifier l’habitat des Congolais et prévenir des inondations et des zones à risque, voilà le sens de l’aménagement du territoire en RDC. Dans un pays de 2,345 millions de km², 145 territoires et 68 000 villages, l’aménagement ordonné du territoire est une nécessité absolue pour poursuivre le chemin vers le développement.

Avec une décentralisation consacrée par la Constitution, le pays était censé envisager de longue date une planification rigoureuse à tous les échelons. Au niveau national, provincial et local, la RDC devrait penser son modèle de développement pour éviter une urbanisation sauvage. Avant le vote de la nouvelle loi qui attend son toilettage au Sénat et ensuite sa promulgation par le président de la République, Félix Tshisekedi, le pays était toujours régi par la loi de décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’aménagement du territoire. Cette loi encadre ce secteur mais comporte toujours des zones d’ombre notamment sur la conception d’une politique claire de l’aménagement du territoire national. « Dans un pays aux dimensions continentales comme la RDC, où les déséquilibres territoriaux freinent depuis longtemps le développement, l’absence de règles claires en matière d’aménagement avait des conséquences concrètes : urbanisation anarchique, inégalités dans l’accès aux services, conflits d’usage du sol, difficultés de coordination entre les niveaux de gouvernance », rappelle le ministère de l’Aménagement du territoire dans une dépêche publiée après l’adoption de cette loi à l’Assemblée nationale.

Cet instrument juridique établit des liens clairs entre les priorités de développement, les politiques sectorielles et les décisions d’affectation des zones, à tous les niveaux de gouvernance, d’après la source. Cette loi introduit aussi une corrélation forte entre les outils de planification spatiale et l’organisation territoriale du pays, tout en laissant une marge d’adaptation pour des contextes spécifiques. La loi renforce également la coordination intersectorielle, prend en compte les sauvegardes sociales pour protéger les intérêts vitaux des populations, et intègre des mécanismes de protection de l’environnement, comme l’évaluation environnementale stratégique ou les études d’impact.

En 2021, le ministre d’Etat à l’Aménagement du territoire, Guy Loando, avait lancé un programme dénommé « Repensons à nos villages, villes et territoires » (Revite). Ce projet vise notamment la vulgarisation des instruments de réforme de l’aménagement du territoire au pays. Il est aussi un appel au sens de la responsabilité nationale ainsi que la conscience patriotique de chaque Congolais résidant au pays ou à l’étranger pour penser le développement à partir de la base. « Nos villages se vident. Comment ramener les Congolais dans nos villages ? Notre identité, c’est dans nos villages », avait déclaré Guy Loando, ministre d’Etat à l’Aménagement du territoire.

Des villes non urbanisées, faute de plan à jour

Au-delà des villages, les défis de l’aménagement touchent aussi les villes. Le projet Revite visait aussi à relever les différents défis qui se résument essentiellement au manque d’infrastructures modernes et au standard de vie peu confortable pour tous les Congolais. En 2020, la RDC s’est dotée d’une Politique Nationale d’Aménagement du Territoire. Cette politique est élaborée de manière participative et vise à respecter les ressources naturelles, les droits des communautés locales et les besoins des populations autochtones. Dans les zones urbaines, le pays peine à contenir sa démographie galopante. Sans plan d’aménagement urbain à jour, des villes comme Kinshasa ou Lubumbashi versent dans une urbanisation sauvage avec des conflits fonciers qui ne cessent de croître. Pour faire face à ces problèmes, le gouvernement travaille depuis un temps sur un plan national de l’habitat et d’aménagement urbain, qui vise à réguler les opérations de lotissement, à favoriser la construction de logements sociaux et à promouvoir les initiatives de construction pour différents groupes socioprofessionnels.

Mais en attendant la validation d’un tel plan, Guy Loando anticipe une planification dans les nouvelles zones urbaines qui se créent à Kinshasa. Dans les quartiers Mitendi, Lutendele, N’djili Brasserie et d’autres qui bénéficient du passage des rocades asphaltées, le ministre d’Etat à l’Aménagement du territoire interdit l’achat des parcelles le long de ces rocades en attendant un plan d’aménagement de ces zones. Pour lui, ceux qui ont déjà acquis des terrains dans ces zones pourraient être expropriés si l’utilité publique se fait sentir dans certaines zones, comme des sites où sont prévus des hôpitaux, des aires de jeu ou des écoles publiques.

En 2024, le ministre de l’Urbanisme et habitat, Crispin Mbadu avait annoncé l’élaboration d’un plan particulier d’aménagement (PPA) pour prévenir les empiètements et garantir le respect des normes d’occupation des terres dans ces zones des rocades. « Nous avons réalisé des études concernant les emprises et les zones de recul », avait-il annoncé tout en soulignant que la loi exige un recul de 5 mètres pour les habitations et une emprise allant de 5 à 50 mètres, selon les besoins des infrastructures. Dans ce projet de rocades, les autorités ont décidé d’adopter une approche novatrice, en intégrant l’art et l’aménagement du territoire dans cette grande infrastructure.

Combattre les constructions anarchiques

Malgré les controverses autour de cette initiative, les autorités congolaises procèdent à démolition des constructions anarchiques dans la ville de Kinshasa. Ces opérations visent à répondre à l’urbanisation désordonnée de la capitale. Elle s’inscrit dans le cadre d’un assainissement urbain et d’une volonté politique de reprendre le contrôle sur l’aménagement du territoire. Des Congolais qui ont construit sur les lits de rivière sont sommés de quitter ces lieux. Sur la rivière Mapenza, dans le quartier Joli Parc, près de Mont-Fleuri, le bulldozer de l’Hôtel de ville a rasé plusieurs habitations, hôpitaux et commerces. Une autre mise en demeure pour les occupants anarchiques sur la Baie de Ngaliema traîne à être exécutée par les autorités. Ce qui crée une frustration chez les victimes de démolitions et relance la question de l’équité devant la loi dans cette ambition d’urbanisation équilibrée de la ville de Kinshasa et de la RDC dans son ensemble.

Heshima

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Les 12 recommandations de Kabila : une feuille de route ou une stratégie politique voilée ? (Tribune de Joachim Cokola)

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Le 23 mai 2025, Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), a pris la parole dans une « adresse à la nation » diffusée en ligne, rompant ainsi un long silence. Ce discours, présenté comme une réponse aux crises multiples qui secouent le pays, met en avant 12 recommandations visant ce qu’il appelle la « refondation de l’État congolais ». Prononcé dans un climat politique explosif marqué par la levée de son immunité parlementaire et des accusations de collusion avec le groupe rebelle l’Alliance Fleuve Congo (AFC) qui inclue le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, cet appel intervient alors que la RDC fait face à des défis sécuritaires et institutionnels majeurs. Mais derrière ces propositions, se cache-t-il une volonté sincère de redresser le pays, ou une manœuvre calculée pour déstabiliser le président légitime Félix Tshisekedi et orchestrer un retour au pouvoir ?

Cette tribune revient sur ces 12 recommandations pour en explorer les significations, les implications et les sous-entendus politiques. Loin d’être un simple programme de réformes, elles semblent refléter une stratégie où les critiques acerbes lancées contre le pouvoir du président de la République Félix Tshisekedi se mêlent à une tentative de retour de Kabila à la tête du pays, dans un contexte régional complexe dominé par les tensions avec le Rwanda.

Dénoncer une « tyrannie » pour mieux oublier la sienne

Joseph Kabila, dans un discours virulent, qualifie le régime de Félix Tshisekedi de « dictature, pour ne pas dire tyrannie », dénonçant une dérive autoritaire des institutions. Cette accusation, venant d’un président ayant dirigé la RDC de 2001 à 2019, apparaît paradoxale. Son règne, qualifié d’autoritaire par l’opposition, les ONG et la communauté internationale, fut marqué par des violations massives des droits humains, une répression brutale et des abus contre l’opposition.

Après la proclamation des résultats de l’élection de 2011, qui ont donné Kabila vainqueur face à Étienne Tshisekedi, Human Rights Watch a rapporté au moins 24 morts. Étienne Tshisekedi, quant à lui, a été placé sous résidence surveillée, son domicile cerné par des gardes présidentiels, l’isolant pendant plusieurs mois.

D’autres manifestations ont été réprimées sous Kabila. En janvier 2015, les protestations contre une loi électorale ont fait des dizaines de morts. En septembre 2016, environ 50 personnes ont été tuées lors de manifestations exigeant des élections. En décembre 2016, 62 manifestants sont morts en demandant son départ. L’opposition était muselée : les députés Franck Diongo, Diomi Ndongala, Bertrand Ewanga, Mike Mukebayi étaient incarcérés, ainsi que des activistes des droits humains, à l’exemple de Firmin Yangambi. Son principal opposant, Moïse Katumbi, a quant à lui été empêché de rentrer au pays et forcé d’aller en exil. L’Agence Nationale de Renseignements détenait arbitrairement des activistes, souvent torturés.

En exigeant le départ de Tshisekedi comme préalable à toute négociation, alors qu’il dit soutenir les démarches prônées par la CENCO et l’ECC pour un dialogue inclusif, Kabila contredit l’inclusivité. Son silence sur une transition claire suggère une stratégie de blocage. Son passé : clientélisme, corruption, violences , disqualifie hélas son réquisitoire. Les cicatrices de son ère, marquées par la répression sanglante et l’opacité, rendent son discours dérisoire.

Arrêter la guerre : une ambiguïté calculée de Kabila

L’appel à « arrêter la guerre » dans l’Est de la RDC, lancé par Joseph Kabila, pourrait passer pour un plaidoyer humaniste. Qui, en effet, oserait s’opposer à la paix dans une région meurtrie par trois décennies de conflits dont l’intensification, depuis 1996, coïncide avec l’implication des armées rwandaise et ougandaise et l’ascension politique et financière de la famille Kabila ?

Pourtant, cette « recommandation » repose sur des omissions troublantes. Durant son discours de plus de 40 minutes, Kabila ne mentionne jamais le M23, mouvement rebelle soutenu par le Rwanda et alors acteur clé des violences actuelles. Un silence d’autant plus suspect que la justice congolaise l’accuse de collusion avec ce groupe et Paul Kagame.

De même, s’il évoque le retrait des troupes étrangères (rwandaises), il en fait une priorité étonnamment très secondaire, comme si l’on pouvait éteindre l’incendie sans couper l’arrivée d’essence. Cette hiérarchisation de ses « recommandations », absolument non fortuite, révèle une stratégie : entretenir l’ambiguïté sur ses liens avec Kigali tout en critiquant Kinshasa pour son « échec » à pacifier l’Est, une région qui était en paix jusqu’à l’arrivée des Kabila, accompagnés des armées rwandaises et ougandaises, et qui, depuis, n’a jamais connu de véritable paix, causant des millions de morts. En réalité, sous couvert d’apaisement, Kabila réactive une vieille recette : instrumentaliser l’instabilité de l’Est pour peser sur le pouvoir central. Une tactique qui a servi les intérêts rwandais par le passé et dont ses recommandations actuelles pourraient bien préparer une nouvelle édition.

Rétablir l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national

Restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire congolais, en particulier dans les zones de l’Est où les groupes armés et les ingérences rwandaises et ougandaises règnent en maîtres, est une ambition qui va au cœur des problèmes de souveraineté de la RDC. Kabila présente cette idée comme une nécessité urgente, pointant du doigt l’ « incapacité » de Tshisekedi à reprendre le contrôle de ces régions. Mais cette proposition reste désespérément vague, dénuée de toute stratégie ou méthode pour y parvenir.

Sous son propre règne, l’Est est resté un casse-tête insoluble, avec des groupes armés proliférant et des pans entiers du territoire échappant à l’autorité centrale. Accusé lui-même de déstabiliser le pays par son implication présumée avec la rébellion M23, Kabila ressemble à un pyromane qui se présente en pompier. En 2016, l’ONG Human Rights Watch a révélé dans un rapport que Kabila aurait eu recours au M23 pour réprimer des manifestations à Kinshasa, une révélation qui prouve amplement ses liens étroits avec des groupes armés. Cette preuve flagrante soulève une question cruciale : comment Kabila, qui qualifiait ces groupes de rebelles tout en collaborant avec eux, a-t-il pu les faire intervenir jusqu’à Kinshasa ? Comment peut-il prétendre incarner la solution avec une telle proximité avec le M23 ? Pourquoi réussirait-il aujourd’hui là où il a échoué pendant 18 ans ?

Derrière cet appel à la souveraineté, certains analystes décèlent une intention moins avouable : reprendre la main non seulement sur les richesses minières de l’Est, en s’appuyant sur des acteurs comme le M23, qui contrôlent déjà des zones d’extraction, mais aussi espérer reprendre le pouvoir. En conditionnant cette restauration à un changement de leadership, Kabila se pose en homme providentiel, le seul congolais dans un pays de plus de 100 millions d’habitants capable d’apporter la paix et le développement.

Restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d’un véritable État de droit

Joseph Kabila se présente aujourd’hui en défenseur des principes démocratiques, appelant à un « retour aux fondamentaux de l’État de droit ». Un discours audacieux, pour ne pas dire cynique, venant d’un homme dont les dix-huit années au pouvoir ont méthodiquement sapé chaque pilier de la démocratie congolaise. Comment peut-il sérieusement invoquer l’indépendance des institutions, la justice impartiale ou la séparation des pouvoirs, alors que son règne en a été la négation même ?

La réalité est accablante. Sous Kabila, la justice congolaise s’est transformée en instrument de répression politique. La Cour constitutionnelle, loin d’être un contre-pouvoir, n’a-t-elle pas autorisé Joseph Kabila à rester au pouvoir au-delà de son mandat, en attendant l’élection d’un nouveau président ? N’était-ce pas une interprétation biaisée, suggérant qu’il aurait pu se maintenir indéfiniment à la tête du pays ?

En pratique, cette décision a permis à Kabila de prolonger son règne de deux années supplémentaires, en violation flagrante de la Constitution. N’eût été la pression populaire et internationale qui l’a contraint à organiser les élections, il serait sans doute resté au pouvoir jusqu’à ce jour.

Le Parlement, quant à lui, n’était plus qu’une chambre d’enregistrement, où les décisions se prenaient dans l’ombre du palais de la Nation avant d’être entérinées par des députés dociles. Qui pourrait oublier le spectacle humiliant de 2015, lorsque l’Assemblée nationale, cédant à des pressions inadmissibles, adopta une nouvelle loi électorale subordonnant l’organisation des élections à un recensement général de la population ? Ce vote, qui déclencha des manifestations d’une ampleur inédite et fit plus de 40 morts, ne visait qu’à prolonger indûment le maintien de Joseph Kabila au pouvoir.

Aujourd’hui, son soudain intérêt pour l’État de droit ne trompe personne. Ce n’est pas un programme, c’est une manœuvre. Derrière les grands principes affichés se cache la même vieille stratégie : réécrire les règles du jeu pour préparer un retour au pouvoir. En 2011, il avait déjà modifié la Constitution pour supprimer le second tour présidentiel, s’offrant une « victoire » très contestée. Aujourd’hui, il tente de se draper dans les oripeaux du réformateur, mais son bilan parle pour lui. Comment croire un homme dont le règne a laissé derrière lui des institutions dévoyées, une opposition muselée ? La démocratie mérite mieux que les leçons d’un ancien autocrate.

Rétablir les libertés fondamentales

La défense des libertés d’expression, de réunion et de la presse, mise en avant par Joseph Kabila, résonne profondément dans un pays où ces droits fondamentaux restent fragiles et inachevés. Il souligne implicitement les restrictions ou interdictions ponctuelles de manifestations pour se présenter en défenseur de ces valeurs essentielles à la démocratie.

Cependant, il convient de reconnaître que depuis son arrivée au pouvoir, Tshisekedi a engagé des réformes notables visant à assouplir le climat politique et à encourager un espace public plus ouvert. Malgré des défis persistants, le régime actuel a permis une plus grande diversité d’opinions et un pluralisme médiatique plus visible qu’auparavant. Cette évolution, même incomplète, répond à une aspiration populaire forte et témoigne d’une volonté réelle de renforcer les libertés dans un contexte national complexe.

Ainsi, si la rhétorique de Kabila peut trouver un écho auprès d’une population sensible aux atteintes aux libertés, elle ne doit pas occulter les progrès accomplis ni la détermination du pouvoir en place à poursuivre sur cette voie, malgré les résistances et les défis sécuritaires qui pèsent sur le pays.

Mais là encore, le passé de Kabila contredit ses paroles. Sous son régime, les manifestations étaient réprimées dans le sang, les médias critiques réduits au silence, et les opposants emprisonnés ou exilés. Cette recommandation apparaît comme une tentative opportuniste de se réinventer en champion des droits humains, une image qui peine à convaincre au regard de son histoire. Politiquement, elle vise à rallier l’opinion publique et les partenaires internationaux contre Tshisekedi, tout en détournant l’attention des violations commises sous son propre règne. Sans plan clair pour garantir ces libertés, ceci reste une posture plus qu’un engagement.

Réconcilier les Congolais et reconstruire la cohésion nationale

Dans un pays aussi multiethnique que la RDC, l’appel de Joseph Kabila à la réconciliation et à la cohésion nationale répond à un besoin profondément ressenti par la population. Il critique Félix Tshisekedi pour ce qu’il présente comme un échec à unir les Congolais, laissant entendre qu’il pourrait lui-même incarner celui capable de panser les divisions. Sur le principe, cette aspiration à un sentiment d’appartenance commune est incontestablement légitime et partagée par une majorité de Congolais.

Pourtant, il est important de rappeler que depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi a multiplié les gestes en faveur du dialogue intercommunautaire et de la réconciliation nationale, notamment à travers des initiatives inclusives visant à rassembler les différentes composantes du pays. Malgré les défis structurels et les tensions héritées du passé, son gouvernement s’efforce de promouvoir un vivre-ensemble fondé sur le respect mutuel et la justice sociale.

De son côté, Kabila, durant ses années à la tête de l’État, a souvent été accusé d’avoir exacerbé les clivages ethniques et régionaux, favorisant certains groupes au détriment d’autres, ce qui a contribué à fragiliser l’unité nationale. Son discours actuel, bien que porteur d’un message séduisant, manque cependant de propositions concrètes : comment entend-il réellement réconcilier un peuple aussi divers et meurtri ? Sans une feuille de route claire, cette déclaration apparaît davantage comme une posture destinée à restaurer son image d’homme d’État capable de transcender les divisions.

Politiquement, cette rhétorique lui permet de se positionner en leader au-dessus des clivages, une carte qu’il pourrait jouer pour rallier des soutiens dans un paysage politique fragmenté. Mais face aux réalités du terrain et aux efforts visibles du régime Tshisekedi, son appel sonne plus comme un geste symbolique que comme une proposition pragmatique et crédible.

Relancer le développement du pays par la mise en place d’une bonne gouvernance

Au cours du régime de Joseph Kabila, la RDC perdait chaque année environ 15 milliards de dollars à cause des détournements de fonds publics, selon une révélation faite par le professeur Luzolo Bambi, lors de l’ouverture de la rencontre régionale Afrique de Transparency International tenue à Kinshasa en juin 2018. Ce montant colossal, représentant près de trois fois le budget national de l’époque, estimé entre 3 et 4 milliards de dollars, a gravement entravé le développement du pays. Cette fuite massive de ressources a compromis la fourniture des services publics essentiels, tels que l’accès à l’éducation, à la santé et aux infrastructures, aggravant la pauvreté dans un pays où près de 80 % de la population vivait avec moins de 1,90 dollar par jour.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, le budget national a connu une progression notable, atteignant environ 18 milliards de dollars, grâce à une meilleure mobilisation des ressources publiques. Des initiatives de lutte contre la corruption ont été lancées, notamment à travers des enquêtes et la condamnation de certains hauts responsables. Cependant, malgré ces avancées, la gouvernance transparente reste un défi majeur, les réseaux de corruption et les pratiques opaques demeurant profondément ancrés dans les institutions.

Dans ce contexte, l’appel de Joseph Kabila à une « bonne gouvernance » semble davantage relever d’une stratégie politique visant à critiquer la gestion de Félix Tshisekedi, sans pour autant proposer de solutions concrètes pour rompre avec les pratiques de détournement massives qui ont caractérisé son propre régime.

Relancer le dialogue sincère et permanent avec tous les pays voisins

Kabila prône un dialogue constructif avec le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi pour stabiliser la région des Grands Lacs, une proposition séduisante dans un contexte où les tensions régionales, notamment les conflits armés transfrontaliers, exacerbent l’instabilité en RDC. Cependant, cette recommandation est entachée par son propre bilan et les soupçons persistants de collusion. Des rapports de l’ONU (notamment le rapport du Groupe d’experts de 2012 et 2022) ont documenté le soutien du Rwanda au M23, avec des allégations crédibles impliquant des connexions avec l’entourage de Kabila durant son mandat. Ce passif jette un doute sur la sincérité de son appel au dialogue, qui pourrait masquer une volonté de maintenir une entente tacite avec Kigali, au détriment des intérêts congolais.

En outre, sous la présidence de Kabila, les relations avec les voisins étaient marquées par des tensions récurrentes : l’accord de paix de 2003 avec le Rwanda n’a pourtant pas empêché les incursions répétées du M23, et les négociations avec l’Ouganda sur les conflits frontaliers ont souvent stagné. Critiquer la diplomatie « erratique » de Tshisekedi semble opportuniste quand son propre bilan révèle une gestion chaotique des crises régionales, avec des accords opaques et peu de résultats concrets. Politiquement, cette proposition vise à repositionner Kabila comme un acteur géopolitique crédible, mais elle cacherait la volonté d’octroyer de concessions excessives au Rwanda, notamment sur des questions d’exploitation minières et l’influence permanente de Kagame dans l’Est du pays.

Sans garanties claires sur la transparence et la souveraineté, cet appel au dialogue alimente davantage les suspicions qu’il ne restaure la confiance.

Rétablir la crédibilité du pays auprès des partenaires au niveau tant régional, continental qu’international

Redorer l’image de la RDC sur la scène internationale, ternie par des décennies de conflits, de corruption et d’instabilité, est une ambition que Joseph Kabila présente comme essentielle. Il sous-entend que sous Félix Tshisekedi, le pays se serait isolé, perdant la confiance de ses partenaires étrangers. Si la RDC rencontre effectivement des difficultés à inspirer pleinement la confiance, il convient de souligner que cette marginalisation n’est pas née avec Tshisekedi : sous le long règne de Kabila, le pays était déjà souvent perçu comme un État fragile, incapable de respecter ses engagements internationaux.

Depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi a multiplié les efforts pour renouer le dialogue avec la communauté internationale, obtenant un regain d’intérêt et de soutien, notamment à travers des partenariats stratégiques et des engagements concrets en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Ces avancées, bien que perfectibles, témoignent d’une volonté réelle de restaurer la crédibilité de la RDC et de repositionner le pays comme un acteur incontournable de la région des Grands Lacs.

En ce sens, la promesse de Kabila de restaurer la crédibilité internationale, sans plan d’action clair ni propositions concrètes pour rassurer bailleurs de fonds et investisseurs, apparaît davantage comme une posture politique destinée à se présenter en dirigeant plus compétent. Pour que la RDC regagne durablement la confiance de ses partenaires, il faudra dépasser les discours et s’appuyer sur les progrès déjà amorcés sous Tshisekedi, en consolidant les réformes et en assurant une gouvernance transparente et stable.

Neutraliser tous les groupes armés et rapatrier ces derniers dans leurs pays d’origine

Neutraliser les groupes armés et renvoyer les combattants étrangers chez eux constitue une réponse directe à l’insécurité chronique qui ravage l’Est congolais. Joseph Kabila critique vivement Félix Tshisekedi pour son incapacité à éradiquer ces menaces, mais sa proposition reste ambiguë, notamment par son silence sur le M23, principal acteur de la crise. Cette omission soulève des interrogations quant à ses liens éventuels avec ces groupes armés dans la région.

Sous le mandat de Kabila, ces milices ont souvent prospéré, bénéficiant parfois de la complicité tacite, voire active, des autorités. En se présentant aujourd’hui comme l’homme capable de les neutraliser, il joue la carte du leader fort, sans toutefois expliquer comment il réussirait là où il a échoué auparavant. Son refus de condamner clairement le M23 et le rôle du Rwanda, principal parrain de la majorité des groupes armés dans l’Est, comme l’a révélé l’ancien général rwandais Faustin Nyamwasa, cofondateur du Front patriotique rwandais (FPR) et ancien chef des renseignements militaires, cité dans le livre « L’Éloge de sang » de Judi River, renforce les doutes sur ses véritables intentions.

Ainsi, cette posture apparaît davantage comme une stratégie politique visant à capitaliser sur la frustration populaire face à l’insécurité, plutôt qu’une feuille de route crédible pour restaurer la paix et la stabilité dans l’Est congolais.

Mettre définitivement fin au recours et à l’utilisation des mercenaires

Mettre définitivement fin au recours aux mercenaires, est présenté par Joseph Kabila comme une nécessité pour renforcer les forces armées nationales. Il sous-entend que le recours à ces combattants extérieurs aurait affaibli la souveraineté de l’État, une critique implicite à l’encontre de Félix Tshisekedi, pour avoir recouru aux mercenaires afin d’aider les FARDC dans la guerre contre le M23.

Pourtant, cette critique oublie que sous le règne de Kabila, l’intégration massive d’anciens éléments du CNDP au sein des FARDC a profondément fragilisé l’armée nationale. Ce mélange a favorisé l’infiltration de groupes hostiles, affaiblissant la capacité des FARDC à mener une guerre efficace contre les rebelles soutenus par le Rwanda. Les mercenaires venus défendre la patrie n’ont souvent été qu’un renfort nécessaire face à une armée déstructurée, elle-même héritée d’un Kabila qui n’a pas laissé à son successeur une force militaire véritablement opérationnelle. Certains analystes vont jusqu’à soupçonner que cette situation a pu être entretenue délibérément, maintenant la RDC dans une vulnérabilité stratégique vis-à-vis du Rwanda.

Par ailleurs, Kabila lui-même a été accusé d’avoir eu recours à des mercenaires pour protéger ses intérêts personnels et politiques, ce qui rend sa condamnation actuelle du phénomène particulièrement cynique. Sa recommandation, vague et dénuée de propositions concrètes, semble davantage destinée à détourner l’attention de son propre passé et à se présenter comme un défenseur des normes internationales.

Ordonner le retrait sans délai de toutes les troupes étrangères du territoire national

Kabila exige le départ immédiat des forces étrangères, notamment rwandaises, du territoire congolais, un appel qui résonne avec la frustration populaire face à l’ingérence extérieure, particulièrement dans l’Est de la RDC, où les incursions rwandaises alimentent les conflits depuis des décennies. Cette revendication de souveraineté semble légitime, mais sa position en fin de liste dans ses propositions est troublante. Étant donné que la guerre et ses causes, dont la forte implication du Rwanda via le M23 est un facteur clé, sont une priorité, pourquoi reléguer une demande aussi cruciale à une place secondaire ? Cette incohérence révèle une possible manoeuvre stratégique.

Durant sa présidence, Kabila n’a jamais obtenu le retrait effectif des forces rwandaises ni coupé les soutiens logistiques au M23, malgré des accords comme celui de Nairobi en 2013. Au contraire, des enquêtes indépendantes, telles que celles du Groupe d’experts de l’ONU, ont pointé des liens troubles entre son régime et des acteurs rwandais, suggérant une tolérance calculée de l’ingérence pour des gains politiques ou économiques, notamment via l’exploitation illégale des minerais. En liant aujourd’hui le retrait des troupes rwandaises à un changement de leadership à la tête du pays, Joseph Kabila semble instrumentaliser la présence de l’armée rwandaise en RDC pour forcer le président de la République, Félix Tshisekedi, à abandonner le pouvoir sous la contrainte. Une menace à peine voilée : les soldats rwandais ne quitteront le sol congolais que lorsque Tshisekedi aura quitté la présidence. Cette manœuvre permettrait aussi à Kabila de préserver ses alliances stratégiques en Afrique de l’Est (avec l’Ouganda, le Rwanda et le Kenya), qui ont longtemps assuré sa protection politique. Cette posture opportuniste, déguisée en défense de la souveraineté, risque de prolonger l’instabilité plutôt que de la résoudre, et soulève des questions sur ses véritables intentions : cherche-t-il à apaiser les tensions ou à maintenir une pression rwandaise pour servir ses intérêts ? Sans un engagement clair pour des mécanismes de contrôle indépendants, cet appel sonne creux et alimente la méfiance envers son agenda.

Conclusion

Les 12 recommandations de Joseph Kabila ne sont pas un simple programme de réformes, mais un puzzle politique où se mêlent critiques acerbes, omissions calculées et ambitions personnelles. Elles visent systématiquement à discréditer Félix Tshisekedi, tout en masquant les échecs d’un homme qui a dirigé la RDC pendant 18 ans sans résoudre ses crises fondamentales. L’absence du M23 dans son discours et du Rwanda, la relégation du retrait rwandais en fin de liste et l’appel à une refondation institutionnelle trahissent une volonté de se repositionner comme leader, probablement avec le soutien du Rwanda.

Ce discours ne propose pas une feuille de route, mais brandit une arme de déstabilisation – un sinistre écho des rébellions passées : l’AFDL et le RCD, ces mouvements qui ont porté les Kabila au pouvoir grâce au soutien actif de Kigali. La RDC, déjà exsangue après des décennies de violences cycliques et d’ingérences étrangères, semble condamnée à endurer un nouveau chapitre de ces jeux de pouvoir mortifères.

Kabila appelle-t-il ici à une répétition de l’histoire ? À une nouvelle guerre par procuration, soutenue par Kigali, pour sacrifier encore des millions de Congolais sur l’autel de ses ambitions ? Entre posture sincère et calcul opportuniste, ses « recommandations », en réalité des exigences déguisées, posent une question cruciale : à qui profitent-elles vraiment ?

Joachim Cokola

Analyste politique

Expert des questions parlementaires congolaises

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Nation

Matata Ponyo porté disparu : entre mystère judiciaire et enjeux politiques

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Le 20 mai 2025, la Cour constitutionnelle a frappé fort en condamnant l’ancien Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. La justice a ordonné la confiscation de ses biens personnels à hauteur des sommes détournées, estimées à environ 240 millions de dollars. Cette peine, prononcée dans le cadre de l’affaire dite « Bukanga-Lonzo » (un ambitieux projet agro-industriel), vise des détournements de plus de 156 millions de dollars versés à ce parc agricole et 89 millions pour le futur marché international de Kinshasa, des projets restés inachevés. Mais le principal acteur – Matata Ponyo – serait introuvable après la sentence. Ira-t-il purger sa peine derrière les barreaux ou restera-t-il l’otage d’un entre-deux politique ?

Ses coaccusés, l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo Déogratias Mutombo et l’homme d’affaires sud-africain Christophe Grobler, ont quant à eux été condamnés à cinq ans de travaux forcés chacun mais se trouvent en dehors du territoire national, hors de portée de la justice congolaise. Après près de quatre ans de procédures et de multiples reports, le verdict est sans appel et la condamnation irrévocable, selon la Constitution congolaise. « Le procès n’a pas eu lieu, c’est un mécanisme de condamnation », dénonçait déjà un de ses avocats à la sortie de l’audience, comme le rapporte Actualité.cd dans son article du 20 mai 2025.

Réactions politiques et accusations d’acharnement

L’annonce du verdict et surtout l’absence de Matata Ponyo à partir du 21 mai ont immédiatement déclenché des interrogations. Le parti de Matata Ponyo, le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), a dénoncé ce qu’il qualifie de « disparition » inquiétante de son président. Dans un communiqué publié le 31 mai, et relayé par le site d’informations 7sur7.cd, le LGD affirme qu’Augustin Matata Ponyo est « introuvable depuis le 21 mai » (le lendemain du prononcé de la sentence) et tient « le pouvoir en place pour responsable de cette disparition ». Le texte dénonce la décision de la Cour constitutionnelle comme étant « inique, arbitraire et inconstitutionnelle ». Du côté des avocats de la défense, les critiques fusent aussi : « Cette condamnation est politiquement motivée », insiste Me Jean-Claude Kavuvwe, soulignant que son client avait publiquement refusé de rejoindre la majorité présidentielle et avait même préparé une candidature à la présidentielle de 2023 avant de s’en retirer.

Dans l’opposition, on crie à l’acharnement. Jean Kabati, membre du parti LGD, se dit « choqué » et craint un engrenage : « Si la loi n’est pas appliquée de manière transparente, cela va creuser le fossé de défiance envers nos institutions ». Plus modérée, la majorité présidentielle appelle officiellement au respect de la justice mais reste prudente sur le sort de Matata Ponyo. Un conseiller du ministère de la Justice, souhaitant rester anonyme, glisse : « Il faut laisser la procédure suivre son cours ». Une députée membre de l’union sacrée de la nation, souligne pour sa part que « quel que soit le verdict, aucun citoyen ne peut être au-dessus de la loi, même un ancien Premier ministre ». Ces réactions mitigées illustrent l’enjeu politique : la condamnation d’une figure de premier plan du régime Kabila fait resurgir les tensions entre l’ancien et le nouveau camp au pouvoir.

Le mutisme des autorités judiciaires

Officiellement, ni le gouvernement ni les autorités judiciaires n’ont détaillé la suite de l’affaire. Aucune confirmation n’a été donnée sur un éventuel mandat d’arrêt ou une procédure d’exécution de la peine. Certains spécialistes du droit évoquent le rôle déterminant de l’immunité parlementaire. Augustin Matata Ponyo est en effet député national, et « tant qu’il jouit de cette immunité, son arrestation reste théorique », rappelle un professeur de droit constitutionnel. La Constitution congolaise protège les parlementaires en exercice, ce qui oblige l’Assemblée nationale à voter sa levée pour qu’il soit effectivement arrêté. Un avocat pénaliste à Kinshasa, souligne: « En principe, un jugement pénal définitif doit s’exécuter d’office, mais le code pénal congolais subordonne l’incarcération d’un député à la levée de son immunité. En attendant ce vote, la peine de Matata Ponyo est suspendue dans les faits. » Ce verrou juridique alimente les doutes. Selon plusieurs sources judiciaires citées par Radio Okapi, des échanges discrets auraient lieu entre l’exécutif et le législatif pour débloquer la situation, mais l’Agence nationale des renseignements (ANR) comme la Cour constitutionnelle elles-mêmes restent silencieuses. Pour l’instant, aucune décision publique ne précise si la loi sera appliquée immédiatement ou si le dossier connaîtra une autre « issue ».

Mystère autour de sa localisation

Le plus surprenant demeure l’absence totale d’informations vérifiables sur la localisation de Matata Ponyo depuis la condamnation. Durant le week-end qui a suivi l’annonce du verdict, son téléphone est resté éteint et aucun proche n’a pu le joindre. La chaîne B-One TV, dans son journal du 25 mai, rapporte que « la dernière fois qu’il a communiqué avec son équipe, son portable était déjà injoignable », selon un cadre du LGD. Des membres de son parti sont même allés jusqu’à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, pour vérifier s’il s’y trouvait, en vain. Face à ce « silence radio », de nombreuses hypothèses circulent : certains soutiennent qu’il aurait décidé de se cacher ou de quitter le pays pour échapper à une arrestation. Hervé Kaki, opposant et analyste politique, n’exclut pas la possibilité qu’il ait été exfiltré à l’étranger : « On peut imaginer que des alliés lui aient ouvert un passage dans un pays voisin, comme le Rwanda ou la Tanzanie, pour le protéger temporairement ». D’autres, y compris au sein du régime, chuchotent l’éventualité d’une garde rapprochée discrète pour éviter que l’affaire ne dégénère publiquement. Quelle que soit la vérité, ce mystère nourrit les rumeurs. « Dans un État de droit, un condamné doit répondre de sa peine devant la justice. Cette absence prolongée ne peut qu’envenimer la suspicion », prévient un magistrat sous couvert d’anonymat.

Enjeux politiques et suite de la procédure

Le flou actuel a vite dépassé le cas personnel de Matata Ponyo pour se transformer en enjeu national. L’opposition accuse désormais le président Tshisekedi de se servir de la justice comme d’une arme politique contre ses adversaires politiques. Jules Mandiba, membre du Front Commun pour le Congo (ex-majorité de Kabila), prévient : « Si Matata Ponyo disparaît dans l’ombre, c’est toute l’opposition qui en paiera le prix. Le signal envoyé est grave. » Du côté du pouvoir, certains soulignent la nécessité de faire respecter la loi : « L’important est que les coupables soient punis, quel que soit leur rang », affirme un responsable de l’UDPS. Toutefois, beaucoup appellent à la prudence pour ne pas transformer cette affaire en crise politique.

Aujourd’hui, tout est bloqué sur le plan juridique : seul le Parlement peut décider de lever l’immunité de M. Matata Ponyo. L’analyste François Ndaya du Centre Africain d’Études Stratégiques résume la situation dans un entretien accordé au journal Le Phare : « Le gouvernement ne peut pas directement incarcérer un député. Pour contourner l’impasse, il doit faire voter une loi ou saisir l’Assemblée. Tant que cela n’est pas fait, la Cour constitutionnelle reste silencieuse et chacun attend l’autre au tournant. C’est un bras de fer institutionnel qui se joue là. » Pendant ce temps, la communauté internationale suit la situation de près : plusieurs organisations ont rappelé que le respect de l’état de droit et de la présomption d’innocence doit être garanti. Un porte-parole de Human Rights Watch, interrogé par la Deutsche Welle, note : « Cet imbroglio démontre les failles du système judiciaire, mais aussi la nécessité d’une décision claire des institutions démocratiques ».

Au final, l’avenir de Matata Ponyo est incertain. Ira-t-il purger sa peine derrière les barreaux ou restera-t-il l’otage d’un entre-deux politique ? Rien n’est joué. Pour l’instant, c’est tout le paysage politique congolais qui reste suspendu aux prochains développements : le jugement de la Cour constitutionnelle s’est achevé, mais la « sentence » politique, elle, ne fait que commencer.

Heshima Magazine

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