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RDC : la DGI rappelle aux contribuables le paiement du deuxième acompte provisionnel de l’IBP

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La Direction générale des impôts (DGI) rappelle aux contribuables que le paiement du deuxième acompte provisionnel de l’Impôt sur le Bénéfice et Profit (IBP), (exercice fiscal 2026/revenus 2025), est fixé au jeudi 25 septembre 2025. Lisez, ci-après, le communiqué signé par la DGI.

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RDC : Après sa démission, Kamerhe va-t-il rejoindre l’opposition ?  

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Alors que les députés devaient voter sa destitution lors d’une plénière le 22 septembre 2025, Vital Kamerhe a anticipé en démissionnant de ses fonctions de président de l’Assemblée nationale. Bien que dans son discours l’homme ait renouvelé son soutien au chef de l’État, cet allié de première heure de Félix Tshisekedi va-t-il rester longtemps dans l’Union sacrée de la Nation ? Certains observateurs le redoutent…

Vital Kamerhe a annoncé sa démission devant la conférence des présidents de commissions et de groupes parlementaires. Il a déclaré : « J’ai décidé devant 110 millions de Congolais que ma petite personne ne doit pas bloquer une grande institution, comme l’Assemblée nationale ». VK a rappelé que c’est lui, porté par l’amour de la patrie, qui a « activement œuvré » à l’avènement de l’alternance pacifique de 2018 en faveur de l’actuel chef de l’État. Le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), qui a fait une alliance stratégique à Nairobi avec Félix Tshisekedi après avoir tourné le dos au conclave de l’opposition à Genève, se sent comme un pionnier méconnu du pouvoir de Félix Tshisekedi. « Aujourd’hui, je me réjouis de constater que nombreux sont ceux qui nous ont rejoints et ont épousé cette conviction que nous étions si peu à partager en son temps : celle d’une refondation de notre État autour du président Félix Tshisekedi », a-t-il déclaré en direction des membres de l’Union sacrée devenus aujourd’hui plus « tshisekedistes ».

Une pétition massive et des griefs multiples

La pression sur Kamerhe était devenue insoutenable. Selon plusieurs médias, la pétition contre lui avait recueilli 262 signatures, bien au-delà de la majorité requise par le règlement intérieur. Cette mobilisation historique incluait un nombre significatif de députés de sa propre majorité, illustrant l’ampleur de la rupture avec son camp.

À la tête des frondeurs se trouvait Crispin Mbindule, député membre de l’UDPS-Tshisekedi et ironiquement ancien cadre de l’UNC de Kamerhe. Les pétitionnaires reprochaient au bureau Kamerhe une « gestion opaque » des finances de l’institution, le « blocage du contrôle parlementaire », la « non-prise en compte de la situation sociale des députés », ainsi que dix mois d’arriérés dans les frais de fonctionnement et la couverture médicale des élus.

Malgré sa démission, l’élu de Bukavu dénonce des irrégularités dans la pétition qui le visait. Le désormais ex-président de l’Assemblée nationale décèle, selon lui, un vice de forme majeur : l’un des signataires, le numéro 42, ne figurerait pas sur la liste actualisée des parlementaires de la législature en cours. Pourtant, le règlement intérieur est clair : l’article 31 stipule que la mise en cause d’un membre du bureau ne peut émaner que des députés nationaux. Pour Kamerhe, c’est bien clair : cette pétition « n’est pas l’œuvre exclusive de députés nationaux ».

Les tentatives d’apaisement qui ont échoué

Confronté à cette fronde, Kamerhe avait tenté une stratégie d’apaisement. Le 15 septembre, en séance plénière, il avait présenté des excuses publiques à ses collègues, reconnaissant que ses paroles ou son comportement avaient pu les heurter. Mais cette démarche n’avait pas convaincu. Pour Crispin Mbindule, ces excuses sonnaient comme un aveu : « Monsieur Kamerhe a demandé pardon, il doit savoir que nous ne pardonnons pas. Nous poursuivons notre procédure législative ».

L’épisode avait même pris une tournure inédite : l’administration parlementaire avait subitement fermé ses portes le jour du dépôt de la pétition, laissant planer le soupçon d’une manœuvre dilatoire. Mais la détermination des signataires avait prévalu avec l’intervention d’un huissier de justice pour valider le dépôt.

Tshisekedi fait le « Ponce Pilate »

Depuis New York où il séjournait pour la 80ème Assemblée générale des Nations Unies, Félix Tshisekedi a commenté la démission de Vital Kamerhe. Il nie avoir été à la base de ce départ et évoque « une cuisine interne » entre les députés et leur bureau. « S’ils ont décidé de défier leur président, c’est leur cuisine interne. Mon rôle à moi est que les droits de tout le monde soient respectés et que la stabilité de l’institution elle-même soit sauvegardée, c’est ce qui m’importe », a-t-il déclaré en répondant à une question de la presse.

Le président avait pourtant organisé une réunion interinstitutionnelle début septembre 2025 au Palais de la Nation, rassemblant Vital Kamerhe, Lukonde Sama (président du Sénat), la Première ministre Judith Suminwa, ainsi que Dieudonné Kamuleta (président du conseil supérieur de la magistrature et président de la Cour Constitutionnelle), pour tracer une feuille de route commune face aux tensions parlementaires. Le mot d’ordre était que « la rentrée parlementaire se fasse dans la sérénité, le calme ».

Quant à savoir si Vital Kamerhe pourrait quitter la majorité pour l’opposition, le chef de l’État lui laisse un champ libre : « Sauf si Monsieur Vital Kamerhe en décide autrement mais je ne vois pas pourquoi. Parce que je ne suis pas à la base justement de sa démission ni de ses problèmes, je ne vois pas pourquoi il va vouloir me tourner le dos, je n’y suis pour rien. » Félix Tshisekedi dit continuer à le considérer comme « un allié, comme un frère ». Le chef de l’État congolais laisse donc à son allié de décider de la trajectoire politique à prendre.

L’Accord de Nairobi : un pacte trahi ?

L’histoire politique de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe est marquée par l’accord de Nairobi signé en novembre 2018. Cet accord, scellant une alliance pour conquérir le pouvoir après leur retrait de l’accord de Genève qui désignait Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition, prévoyait un partage équilibré des responsabilités.

En 2018, Félix Tshisekedi avait promis : « Nous allons gouverner ensemble, et tous au même niveau sans qu’il y ait un qui essaie de mater l’autre ». L’accord désignait même Kamerhe comme directeur de campagne et Premier ministre en cas de victoire.

Cependant, les termes de cet engagement n’ont jamais été respectés, Kamerhe n’ayant pas obtenu le soutien de Tshisekedi en 2023 comme candidat président de la République. Vital Kamerhe n’a pas non plus obtenu la Primature après la fin de la coalition de gouvernance FCC-CACH entre Félix Tshisekedi et l’ancien président de la République, Joseph Kabila. Le chef de l’État a préféré nommer Jean-Michel Sama Lukonde après le départ de Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Ce déséquilibre a souvent nourri une rivalité latente. De nombreux partisans de Vital Kamerhe estiment avoir été systématiquement lésés par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dans cet accord.

Un complot orchestré ?

Selon le média Congo Forum, certains kameristes évoquent un « plan savamment orchestré » pour se débarrasser d’un allié devenu trop influent. Un récent article de Jeune Afrique avait mis en lumière le rôle présumé de Tony Kanku et Guy Loando, qui auraient favorisé la montée rapide de la pétition contre Kamerhe, agissant potentiellement au nom du président Félix Tshisekedi.

Le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, avait reçu une délégation de l’UNC conduite par Billy Kambale le 21 septembre 2025. Cette délégation avait relevé que plusieurs responsables impliqués dans l’affaire Kamerhe étaient membres de l’UDPS : Crispin Mbindule (initiateur de la pétition), Jean-Claude Tshilumbayi (premier vice-président qui devait présider la plénière), et Peter Kazadi (président de la commission spéciale). Kabuya avait promis de « réagir aux préoccupations soulevées » après analyse.

Kamerhe et la répétition de l’histoire…

L’histoire se répète pour Vital Kamerhe. Comme le souligne 7sur7.cd, « 15 ans, jour pour jour, Vital Kamerhe avait démissionné de sa fonction de président de l’Assemblée nationale » en 2009. Alors secrétaire général du PPRD de Joseph Kabila, il avait été contraint à la démission après avoir critiqué la décision de Joseph kabila autorisant l’entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais sans information préalable du Parlement.

Selon les câbles diplomatiques américains révélés par WikiLeaks, Joseph Kabila aurait même usé de pressions, dont de « très copieux pots-de-vin » (200 000 dollars par membre du bureau) et de possibles menaces, pour obtenir la démission de Kamerhe en 2009. L’ambassadeur américain de l’époque avait établi que Kabila voyait en Kamerhe « un sérieux rival potentiel » et que ce dernier « venait de franchir la ligne rouge ».

En décembre 2010, Vital Kamerhe avait basculé dans l’opposition et lancé son propre parti politique, l’UNC, se portant candidat à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, se classant troisième avec 7,74% des suffrages.

En mai 2024, dans le cadre de son alliance avec Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe retrouvait, quinze ans après, le perchoir de l’Assemblée nationale. Candidat unique de la majorité présidentielle, il avait été élu avec 371 voix lors de l’installation du bureau définitif. Mais à peine un an plus tard, l’histoire s’est accélérée : menacé de destitution, il a préféré devancer l’inévitable en présentant sa démission, son sort étant déjà scellé. »

Des signes de désalignement

Le politologue Christian Moleka, contacté par l’AFP, explique que « plusieurs prises de position de Vital Kamerhe sur des questions centrales comme la réforme constitutionnelle ou le dialogue politique ont été perçues comme s’éloignant des positions du président Tshisekedi ». Cette perception d’un « désalignement » progressif avec le pouvoir a alimenté les critiques contre lui.

Zacharie Bababaswe, opérateur politique et député provincial du Kasaï-Central, estime que Vital Kamerhe a « navigué à contre-courant et a commis plusieurs erreurs impardonnables ». « Il a profité du perchoir et de son statut de président de l’Assemblée nationale pour passer des messages personnels qui sont contre la vision du président et de son gouvernement », explique-t-il, l’accusant notamment d’avoir utilisé un voyage officiel pour rencontrer à Paris des représentants de Joseph Kabila et de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki.

Kamerhe va-t-il rejoindre l’opposition ?

La démission de Vital Kamerhe ouvre désormais plusieurs interrogations sur son avenir politique. Les possibles ambitions présidentielles pour 2028 vont désormais animer le camp Kamerhe. « Il est presque certain que Félix Tshisekedi ne laissera pas la voie libre à Vital Kamerhe pour jouer le rôle de dauphin en 2028. Si Kamerhe veut être candidat, il doit batailler seul ou en coalition avec d’autres forces politiques, probablement de l’opposition », explique Jean-Claude Elebe, un politologue congolais.

Le précédent de 2009-2010 reste dans tous les esprits. Après sa première démission forcée, Kamerhe avait quitté le PPRD de Kabila pour créer l’UNC et rejoindre l’opposition. Sa démission s’était accompagnée d’une rapide réorientation politique qui l’avait mené vers la candidature présidentielle de 2011.

Cette fois-ci, bien qu’il ait réitéré sa « loyauté à servir la nation aux côtés de Félix Tshisekedi », les observateurs s’interrogent sur la sincérité de cet engagement après une telle humiliation politique.

Le départ de Vital Kamerhe ouvre également la voie à des nouvelles ambitions au sein de l’Assemblée nationale. D’aucuns veulent voir un ressortissant de l’Équateur ou de la Grande Orientale prendre la direction de cette chambre législative. Mais rien n’est encore décidé, et la recomposition des équilibres politiques au sein de l’Union sacrée pourrait prendre du temps.

L’avenir politique de Vital Kamerhe reste donc incertain, mais son parcours passé suggère qu’un homme de sa trempe politique ne restera pas longtemps dans l’ombre. La question n’est plus de savoir s’il quittera l’Union sacrée, mais plutôt quand et dans quelles conditions il le fera.

Heshima Magazine

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Crise de confiance entre l’État et les citoyens : ce que révèle la perception de la gouvernance

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La République démocratique du Congo (RDC) traverse une profonde crise de confiance entre ses institutions et sa population. Les chiffres révèlent l’ampleur du malaise. Une enquête réalisée en 2024 par la Revue Française d’Économie et de Gestion auprès des élites congolaises de l’Est montre que 92,4 % des personnes interrogées portent un regard négatif sur la gouvernance et les institutions du pays.

Cette défiance s’étend à toutes les sphères du pouvoir. L’indice Mo Ibrahim de la Gouvernance en Afrique 2024 place la RDC au 48ᵉ rang sur 54 pays africains, avec un score de 32,8 sur 100, loin derrière la moyenne continentale fixée à 49,3. Dans un article publié en février de la même année, Radio Okapi rappelait déjà que le pays n’obtenait que 32,7 points sur 100 en matière de gouvernance globale selon ce même rapport.

À ces indicateurs s’ajoute un mal endémique : la corruption. Le rapport 2024 de Transparency International classe la RDC au 163ᵉ rang mondial sur 180 pays, avec un score stagnant de 20 points, identique à celui de 2023. Autant de signaux qui traduisent une méfiance persistante et une fracture croissante entre gouvernants et gouvernés.

Les services publics à la dérive

L’inefficacité des services publics vient renforcer ce climat de défiance et cristallise le mécontentement populaire. Une enquête citoyenne révèle que 90 % des Congolais estiment que les services publics sont mal gérés, 7,5 % jugent qu’ils le sont « plus ou moins bien » et à peine 2,5 % les considèrent comme correctement administrés. Les causes de cette perception sont identifiées : corruption (38 %), manque de contrôle (32 %) et incompétence des dirigeants (26 %).

Ces chiffres trouvent une traduction concrète dans le quotidien des citoyens. Le rapport 2024 de la Banque mondiale sur les entreprises en RDC indique que plus de 77 % des sociétés sont confrontées à des coupures d’électricité répétées, en moyenne 12 par mois, tandis que les démarches auprès des services publics restent longues et coûteuses. Le secteur de la santé n’échappe pas à ce dysfonctionnement : dès le 28 décembre 2024, le Syndicat national des médecins a déclenché une grève radicale pour dénoncer le non-paiement des salaires, malgré les engagements pris par le gouvernement.

À cela s’ajoute le retard dans la numérisation de l’administration publique. Selon l’enquête E-Government Survey 2024 des Nations unies, la RDC se classe au 179ᵉ rang mondial et au 44ᵉ rang africain en matière de services publics en ligne. Son indice de développement de l’e-government est passé de 0,3057 en 2022 à seulement 0,2067 en 2024, signe d’un recul inquiétant.

Une popularité présidentielle en dents de scie

Paradoxalement, malgré les défaillances structurelles de l’État et l’inefficacité chronique des services publics, le président Félix Tshisekedi continue d’afficher un niveau de soutien notable. Un sondage de l’Institut Les Points, réalisé en mars 2025, indique que 86 % de la population congolaise se dit favorable au chef de l’État. Un chiffre impressionnant qui contraste avec la défiance généralisée envers les institutions.

D’autres enquêtes apportent cependant un regard plus nuancé. Selon le sondage Berci-Ebuteli-GEC d’avril 2024, près de 50 % des Congolais interrogés estiment que le pays prend une bonne direction depuis le début du second mandat de Tshisekedi, un taux comparable à celui enregistré en 2019. Mais cette moyenne nationale masque de fortes disparités régionales : les provinces du Bandundu, du Katanga, de l’Équateur et de la Grande Orientale expriment une insatisfaction nettement plus marquée.

Cette évolution souligne les limites du capital politique du président. Comme le relevait Jeune Afrique dans son édition du 20 janvier 2024, les élections de décembre n’ont pas suffi à lever la crise de légitimité qui entoure Félix Tshisekedi, révélant un fossé persistant entre le pouvoir central et une partie du pays.

L’échec de la décentralisation : une autonomie qui reste un mirage

La décentralisation, inscrite dans la Constitution de 2006, devait rapprocher l’administration des citoyens et stimuler le développement local. Mais dix-sept ans plus tard, cette promesse reste largement inachevée. Comme le souligne Heshima Magazine, l’autonomie des entités locales demeure un mirage : le transfert de compétences vers les provinces est encore partiel, tandis que Kinshasa conserve une emprise considérable sur la gestion provinciale.

Cette centralisation persistante nourrit la frustration des populations locales, qui peinent à voir leurs préoccupations reflétées dans l’action publique. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2023, à peine 12 % des budgets provinciaux sont exécutés sans l’aval du pouvoir central. La situation est telle que, d’après Radio Okapi dans une publication de février 2025, plusieurs assemblées provinciales n’avaient pas siégé depuis plus de six mois, faute de moyens.

L’état de siège : une mesure contestée qui divise

L’instauration de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, en vigueur depuis mai 2021, symbolise pour beaucoup d’habitants de l’Est la distance qui s’est creusée entre l’État et les populations. Trois ans après sa mise en place, nombreux sont ceux qui rejettent sa prolongation, convaincus que cette mesure n’a pas tenu ses promesses. Comme le relevait Radio Okapi en août 2023, la lassitude grandit face à un dispositif perçu davantage comme une contrainte que comme une protection.

Un sondage Berci-Ebuteli confirme ce fossé grandissant : alors que 50 % des Congolais déclarent encore faire confiance au gouvernement central pour leur sécurité, ils ne sont plus que 39 % dans les trois provinces de l’Est. La raison de cette défiance tient à la réalité quotidienne : malgré l’état de siège, les violences se multiplient, de nouveaux groupes armés émergent et les déplacements massifs se poursuivent. Autant de faits qui nourrissent une impression d’abandon et renforcent l’idée que les institutions sécuritaires restent incapables de répondre aux attentes des communautés les plus touchées.

Les élections de 2023 : une légitimité discutée…

Les élections générales de décembre 2023 ont reconduit Félix Tshisekedi à la présidence avec plus de 73 % des voix. Si le nom du vainqueur a fait l’unanimité auprès de tous les observateurs, y compris l’Église catholique qui a affirmé que Tshisekedi était largement arrivé en tête des autres candidats, la crédibilité du processus a été largement remise en question. L’Institut d’études de sécurité (ISS) a qualifié ces scrutins de « nouveau rendez-vous manqué avec la démocratie », rappelant que, après les accusations de « coup d’État électoral » en 2018, les élections de 2023 ont également suscité des doutes quant à leur légitimité.

Une mission d’observation conjointe de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo a documenté 5 402 irrégularités significatives dans les bureaux de vote, allant des dysfonctionnements des dispositifs de vote à des bureaux non ouverts ou des bourrages d’urnes. Ces manquements ont nourri la contestation d’une partie de l’opposition et alimenté la méfiance d’une frange de la population envers le processus démocratique, malgré l’unanimité sur le vainqueur proclamé.

La jeunesse congolaise : entre désengagement et manifestations

La jeunesse congolaise, qui représente près de 70 % de la population selon la MONUSCO, se détourne de plus en plus du système politique classique. Faute de se reconnaître dans les discours et pratiques des dirigeants, elle peine à trouver un véritable espace d’expression dans les institutions traditionnelles. « Les jeunes en RDC ne s’identifient pas aux politiques actuelles et n’ont pas de place dans le système politique », explique le politologue Christian Moleka au média allemand Deutsche Welle.

Ce désengagement prend plusieurs formes : une abstention électorale massive, mais aussi des explosions de colère dans la rue. En janvier 2025, Kinshasa a été le théâtre de manifestations violentes dirigées contre le Rwanda et la communauté internationale, rappelle Jeune Afrique. La colère, difficile à canaliser par les cadres institutionnels, s’est exprimée jusque dans l’attaque de plusieurs ambassades par des jeunes radicaux, selon Deutsche Welle. Ces débordements traduisent un malaise plus profond : celui d’une génération qui ne trouve pas sa place dans la gouvernance du pays.

La corruption : un fléau persistant malgré les efforts

Malgré les discours officiels sur la lutte contre la corruption, la perception populaire reste profondément sceptique. En mars 2025, Jules Alingete, directeur de l’Inspection générale des finances, affirmait que le taux de corruption avait chuté de 80 % à 50 % en cinq ans. Pourtant, les classements internationaux semblent contredire ces progrès avancés.

Selon l’Agence Ecofin, la RDC figure toujours parmi les pays les plus corrompus dans le classement 2024 de Transparency International, avec un score de seulement 20 points, la plaçant au 163ᵉ rang sur 180 pays. Cette persistance de la corruption dans l’opinion publique nourrit une méfiance durable envers les institutions et jette une ombre sur les promesses de réforme.

Les grèves sectorielles : symptômes d’un malaise plus profond

Les grèves à répétition dans les secteurs vitaux illustrent l’érosion du contrat social entre l’État et ses agents. Après les enseignants, ce sont les médecins des hôpitaux publics qui ont déclenché une grève générale dès octobre 2024, rapporte RFI. Ces mouvements sociaux mettent en lumière non seulement les contraintes financières de l’État, mais aussi son incapacité à respecter ses engagements envers ceux qui assurent les services essentiels.

En décembre 2024, le Syndicat national des médecins a durci son mouvement, dénonçant le non-respect des promesses gouvernementales et accusant les autorités d’avoir induit en erreur le chef de l’État dans sa communication devant le Congrès. Ces tensions répétées fragilisent la confiance des citoyens dans la capacité de l’État à garantir les services publics fondamentaux, exacerbant le sentiment de déconnexion entre gouvernants et gouvernés.

Restaurer la confiance : ultime défi de la gouvernance

Face à cette crise de confiance multiforme, la RDC se trouve à un véritable carrefour. Les défis sont immenses : restaurer l’efficacité des services publics, lutter réellement contre la corruption, réussir la décentralisation, pacifier l’Est du pays et renouer le dialogue avec une jeunesse désabusée.

La récente initiative du gouvernement de lancer des consultations nationales pour la jeunesse, annoncée par la ministre Grâce Emie Kutino, traduit une prise de conscience de l’urgence de renouer le dialogue. Mais ces consultations seules ne suffiront pas à reconstruire une confiance durablement ébranlée.

L’enjeu dépasse largement les réformes techniques : il s’agit de rétablir un véritable contrat social entre l’État et sa population, fondé sur la redevabilité, l’efficacité et la transparence. Sans cette réconciliation, la RDC risque de voir sa crise de confiance se transformer en instabilité chronique, menaçant ses perspectives de développement et de consolidation démocratique.

Heshima Magazine

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Perchoir de l’Assemblée nationale : Kamerhe risque une répétition de l’histoire ?  

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La session parlementaire de septembre a été ouverte ce lundi 15 septembre 2025 dans les deux chambres du Parlement. Visés par des pétitions initiées par certains députés et sénateurs, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat vont-ils résister à cette vague de colère des parlementaires ? Vital Kamerhe a préféré joué la carte de l’apaisement en implorant le pardon des députés qui se sont sentis « froissés » par sa conduite. Reste à savoir si les pétitionnaires vont l’écouter. Avec ces pétitions, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) se retrouve proche d’une répétition de l’histoire.    

Ce lundi 15 septembre, le ciel gris semblait traduire l’atmosphère lourde qui planait sur le Palais du peuple. L’ouverture de cette session parlementaire, essentiellement budgétaire, a captivé l’attention de l’opinion congolaise suite à une contestation interne sans précédent. Au sein de l’hémicycle, certains députés avaient le regard tendu, échangeant à voix basse. Dans les couloirs vastes du parlement, les murmures circulent : « Kamerhe va devoir répondre », « voilà le moment de vérité ». Au cœur des tensions : une frange de députés qui veulent faire tomber certains membres du bureau de l’Assemblée nationale.

D’après les députés pétitionnaires, plus de 230 signatures étaient déjà collectées. Ces élus frondeurs reprochent notamment au bureau de l’Assemblée nationale la « gestion opaque » des finances de leur chambre, la « non prise en compte de la situation sociale de députés », le « vote des lois dans la légèreté », ainsi que le « retard ou blocage des moyens de contrôle parlementaire ». Cette fronde est notamment menée par le député Crispin Mbindule, membre de l’UDPS-Tshisekedi et ancien cadre de l’UNC de Vital Kamerhe. L’UDPS, le parti présidentiel, dit ne pas être à l’initiative de cette démarche visant à déchoir certains membres de cette chambre. Un groupe de députés pétitionnaires menaçaient de déposer, le 15 septembre, le document portant les signatures de plus de 230 élus. Mais ils n’ont pas eu accès au bureau de l’administration de l’Assemblée nationale. Crispin Mbindulu a fait savoir qu’ils vont saisir un huissier de justice dans les heures qui suivent la plénière consacrée à la rentrée parlementaire pour déposer la pétition comme ce fut le cas pour le bureau Mabunda issu du Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président, Joseph Kabila.

Kamerhe implore le pardon des députés « froissés »

Quand la session parlementaire s’est officiellement ouverte, les bancs de l’hémicycle étaient occupés, mais l’ambiance était plus froide que lors des rentrées précédentes. Vital Kamerhe devait prononcer son message d’ouverture et certains attendaient de lui un geste d’apaisement. Ils ont été servis car, Vital Kamerhe a joué la carte du pardon. « S’il y en a parmi vous qui se sont sentis froissés, heurtés ou dérangés de quelque manière que ce soit par ma conduite ou mes propos, qu’ils daignent accepter l’expression de mes regrets les plus sincères, et j’implore leur pardon. », a déclaré Vital Kamerhe en s’adressant aux députés nationaux. Il a été applaudi par une partie de la salle alors que des frondeurs sont restés de marbre. 

Dans son allocution, Kamerhe a aussi expressément évoqué le cas des députés pétitionnaires. Selon lui, nul ne peut empêcher les députés d’exprimer leur droit et devoir légitime et constitutionnel. « Il s’agit d’un exercice parlementaire légitime », a-t-il affirmé, en faisant allusion à cette pétition. Toutefois, il a appelé les auteurs de cette démarche à ne pas freiner le bon fonctionnement de l’institution par la brutalité et la violation de leur propre droit légitime.

Kamerhe risque une répétition de l’histoire

Alors secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) du président de la République de l’époque Joseph Kabila, Vital Kamerhe a été élu président de l’Assemblée nationale avant de tomber en disgrâce en 2009. Au cours de cette année, il a été forcé à la démission après avoir entré en contradiction avec le président Joseph Kabila au sujet de l’entrée sur le sol congolais des troupes rwandaises sans que le Parlement ne soit informé. En décembre 2010, Vital Kamerhe bascule dans l’opposition et lance son propre parti politique, l’Union pour la nation congolaise (UNC) et se porte candidat à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, se classant troisième après le président sortant Joseph Kabila et son opposant Étienne Tshisekedi.

En 2024, dans le cadre de son alliance avec Félix Tshisekedi, il est de nouveau élu président de l’Assemblée nationale, 15 ans après. Candidat unique de la majorité présidentielle, il a été élu avec 371 voix, soit la majorité absolue, lors de l’élection du bureau définitif de la chambre basse du Parlement en mai 2024. Après plus d’une année seulement, il est de nouveau menacé de destitution. « Un risque de répétition de l’histoire », analyse Robert Ndanga, un politologue congolais. Pour Zacharie Bababaswe, opérateur politique et député provincial du Kasaï-Central, Vital Kamerhe navigue à contre-courant et a commis plusieurs erreurs impardonnables. « Il a profité du perchoir et de son statut de président de l’Assemblée nationale pour passer des messages personnels qui sont contre la vision du président et de son gouvernement », explique Zacharie Bababaswe, qui l’accuse notamment d’avoir utilisé un voyage officiel pour rencontrer à Paris des représentants de Joseph Kabila et de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki.    

Une autre fronde couve au Sénat 

Une autre fronde – encore latente – est observée au Sénat avec toujours un élu UDPS : Idrissa Afani Mangala. Ensemble avec un groupe de sénateurs encore discrets, ils menacent de renverser certains membres du bureau du Sénat parmi lesquels Jean-Michel Sama Lukonde, président de cette chambre législative. Ces parlementaires réclament, eux aussi, de meilleurs émoluments et appellent à destituer les présidents du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde. Ces deux leaders des institutions vont-ils résister à cette offensive ? L’avenir le dira…

Heshima

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