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Les dialogues et les pourparlers en RDC, qu’en tire le peuple ?

« Le peuple d’abord », tel est le slogan qui aujourd’hui est devenu un véritable crédo pour la population congolaise.

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Cette dernière, ne manque pas de le rappeler au Chef de l’Etat, Félix TSHISEKEDI, éventuellement pour lui faire montre l’importance qu’a le petit peuple au sein d’une Nation. Oui, en effet, depuis 1960 jusqu’à ce jour, les dialogues et les pourparlers qui se sont succédés en RDC, ex Zaïre, auront été qu’une aubaine pour les bénéficiaires du pouvoir.

Ceux-là même qui s’enrichissent derrière le dos de la population. Dans tout cela, quelle est la part du peuple ? Cette question vaut son pesant d’or puisque, s’il fallait compter leur nombre, les dialogues auraient déjà fait de la RDC un des pays le plus stable et émergent d’Afrique. Hélas ! On le sait tous, les dialogues en RDC font ce que leurs auteurs veulent à telle enseigne que les résolutions qui en sont issues sont souvent contestées avant qu’elles ne soient connues du public.

En effet, dans leurs conciliabules, les acteurs politiques sont les premiers à brandir l’intérêt supérieur de la Nation dans la forme, mais sans pourtant s’en préoccuper dans le fond. Seul le partage des postes ministériels et autres postes des responsabilités les préoccupe en réalité.

Néanmoins, maints observateurs sont d’avis que les pourparlers politiques au Congo-Kinshasa n’offrent que des solutions à court terme. Car, faut-il le souligner, de la table ronde en Belgique, en passant par la conférence nationale souveraine, par le dialogue inter-congolais de Sun City, par les concertations nationales et de chuter avec les deux derniers dialogues de 2016 sous l’égide de KODJO et des pères de l’Eglise catholique, les résultats de ces pourparlers n’auront pas produit vraiment des résultats escomptés en ce qui concerne le développement et l’émergence du pays.

Come-back sur la conférence nationale souveraine, CNS
À noter que la culture des pourparlers en RDC n’est pas un phénomène nouveau. Déjà, en 1960, le Congo-Belge accédait à son indépendance ‘’tchatcha’’ le 30 juin, sous le fond d’un dialogue au sortir de la table ronde de Bruxelles.

Une table ronde qui n’était que le signe avant-coureur, peut-on oser le dire, de ce qui allait se passer durant les 50 années suivant son indépendance.

Et, que dire de la Conférence nationale souveraine ? Convoquée pour le 29 avril 1991, la première phase de ce forum national ne s’ouvrit que le 7 août de la même année. Les leaders d’opinion, les acteurs politiques et sociaux, quelques-uns fatigués de la dictature du Maréchal MOBUTU au pouvoir depuis novembre 1965, voulaient à tout prix en découdre une fois pour toute avec le régime en place. Joint aux 550 déclarations de politique générale dont les 192 lues en plénière, les travaux de 5 commissions à caractère politico-juridique, socio-culturel, économico-financier, technique et sensible ont fourni des outils de construction de la IIIème République.

Alors que d’aucuns attendaient le départ imminent du dictateur MOBUTU, l’Acte Constitutionnel avait défini clairement l’organisation et l’exercice du pouvoir pendant la période de la transition de 18 à 24 mois. Ainsi, il a été décidé que le Chef de l’Etat devrait être maintenu au pouvoir. Le Haut Conseil de la République était appelé à prendre le relais de la Conférence nationale souveraine, et sans oublier, le compromis politique global de partage du pouvoir.

Conséquence ? Bon nombres de recommandations n’ont pas été respectées. ‘’Le peuple’’ n’a jamais eu sa quote-part.

De combine en combine et malignement, MOBUTU a su garder son impérium plus longtemps que prévu, jusqu’à ce qu’il soit renversé par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Mzee Laurent Désiré KABILA au mois de mai 1997.

Mzee KABILA, entre dialogue et conquête

Appelé à un dialogue avant la prise de Kinshasa par ses « kadogo » (Ndlr : enfants soldats venus avec Mzee KABILA), le tombeur de MOBUTU, Laurent-Désiré KABILA, s’était retrouvé en pourparlers avec le Maréchal Sese Seko sur le bateau sud africain Utenika sous la médiation du très respecté Nelson MANDELA.

Durant cette rencontre, outre la demande de cessez-le-feu, MOBUTU a annoncé son intention de quitter le pouvoir et proposé la mise en place d’une transition suivi d’élections auxquelles il ne se présenterait pas. La rencontre fut un échec à cause des profondes divergences entre les deux protagonistes. Une fois au pouvoir, L.D. KABILA ne tarda pas à se désolidariser de ses anciens alliés devenus encombrants. Mécontents, ceux-ci vont soutenir plusieurs rebellions contre Laurent KABILA.

C’est la guerre dite d’agression menée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. Mzee le libérateur mourra assassiné le 16 janvier 2001, laissant derrière lui un pays prêt à imploser, à l’avenir incertain.

 Dialogue inter congolais

 L’enjeu majeur de la période qui suivit ces graves perturbations du Congo fut la stabilisation du pays. Joseph KABILA, le nouveau président, s’y appliqua méticuleusement, en vue de la réunification du pays et la résolution de la crise de légitimité. C’est sous sa présidence, que le pays a connu le plus de dialogues dans l’histoire post coloniale du Congo.

L’un de plus important de ces dialogues fut celui destiné à sauver le pays de l’éclatement : il eut lieu à Sun city, en Afrique du Sud en avril 2003 à l’issu duquel une transition de 3 ans est décidée ainsi que la mise en place d’un gouvernement de 1+4, entendez, 1 président et 4 Vice-présidents.

La trêve ne dura que peu de temps, jusqu’aux élections de 2006 lorsque Jean-Pierre BEMBA, ancien chef rebelle et candidat à l’élection présidentielle rejeta le verdict des urnes donnant KABILA vainqueur à l’issu d’un scrutin à deux tours. Kinshasa connut un affrontement militaire en plein centre-ville entre les troupes de BEMBA et l’armée régulière, occasionnant morts d’hommes.

Les concertations nationales

Les élections de 2011, notamment la présidentielle a donné lieu à une crise politique profonde. Au terme de cette élection, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclame KABILA élu avec 49% contre 32,3% pour son principal challenger, l’opposant Etienne TSHISEKEDI.

Ce dernier rejette tout en bloc et se déclare président élu allant jusqu’à « prêter serment » dans sa résidence de Limete et appelle les élus de son parti aux législatives à boycotter de siéger à l’Assemblée nationale. La crise politique s’enlise. KABILA convoque les concertations nationales en septembre 2013 pour « consolider la cohésion nationale, assurer la victoire sur toutes les forces d’agression, mettre fin au cycle infernal de violences à répétition principalement dans le Nord et le Sud-Kivu et en Ituri et renforcer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ». Plus de 600 recommandations sortiront de ces assises suivies d’un gouvernement d’union nationale. En dépit de tout cela, les attaques des groupes armés contre la population ne s’estomperont pas. La cohésion nationale recherchée ne sera pas atteinte. La majorité des opposants ayant accepté de rejoindre le gouvernement d’union nationale seront exclus de leurs partis respectifs.

De la cité de l’UA, au Centre interdiocésain

Le deuxième et dernier mandat de Joseph KABILA tend à sa fin. Les conditions pour l’organisation des élections devant consacrer son départ et la passation pacifique du pouvoir sont loin d’être réunies pourtant ses opposants et des mouvements pro démocratie ne jurent que par son départ à la date du 31 décembre 2016.

Un chaos généralisé menace le pays. Des manifestations appelant à la tenue des élections en décembre 2016 font des dizaines des morts. Le premier dialogue, conduit sous l’égide de l’ancien Premier ministre togolais Edem KODJO, aura ainsi débouché sur la signature d’un Accord en octobre 2016 dit « Accord de l’UA ». Tel un coup de revers, ce compromis sera rejeté immédiatement par une grande partie de l’opposition congolaise qui s’était sentie mise de côté et n’accordait aucun crédit à KODJO.

Le relais de la facilitation des discussions sera ensuite pris par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). L’implication des évêques catholiques, dans un pays majoritairement chrétien et où ces derniers ont une cote favorable, avait alors donné lieu à la signature d’un deuxième accord global et inclusif dit de la Saint Sylvestre, conclu le 31 décembre 2016. Le gouvernement qui en est issu est aussitôt contesté par le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement (RASSOP)/aile Limete. Bien que ledit accord ait recommandé entre autres la neutralisation des groupés armés sévissant en RDC, la population de l’Est n’a pas connu de répit et a continué à subir des attaques meurtrières.

A quand le prochain dialogue ?

Le premier Ministre ILUNGA ILUKAMBA a fait savoir, lors de la présentation du programme de son équipe à l’Assemblée nationale que son gouvernement une fois investi, organisera dans un bref délai, une conférence nationale sur la réconciliation nationale. Que faut-il attendre de cette énième conférence ? La population peut-elle espérer enfin en être la première bénéficiaire ? Car dépit de tous ces dialogues et conférences, la RDC figure toujours dans la catégorie des pays les plus pauvres et corrompus du monde. Les groupes armés à l’est du pays règnent en maitre et sèment terreur et désolation. Il est temps de penser au peuple d’abord.

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RDC : Après l’échec de Luanda, l’armée lance « Caterpillar 2 » contre le M23

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Après avoir longtemps reculé face à l’avancée des rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise au Nord-Kivu, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) répondent désormais coup sur coup. Une opération dénommée « Caterpillar 2 » a permis de récupérer la cité de Ngungu ainsi que d’autres villages à Masisi. Pendant ce temps, Brazzaville et Luanda exhortent Kinshasa et Kigali à bannir toute forme de violence et à intensifier les initiatives en faveur du dialogue, conformément à l’esprit du Processus de Luanda.

Depuis le refus du président rwandais, Paul Kagame, de se rendre à Luanda, le 15 décembre 2024, pour signer l’accord de paix avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, la rébellion qu’il soutient à intensifier la violence dans l’Est de la RDC. Le M23 a conquis Masisi-centre mais aussi la localité d’Alimbongo, dans le territoire de Lubero. Mais depuis plus d’une semaine, l’armée congolaise a repris l’initiative sur le terrain. Une opération baptisée « Caterpillar 2 » est en cours. Initiée par les deux commandants des régions militaires du Nord et Sud-Kivu ainsi que le commandant de la Task Force Nord-Kivu, cette opération vise à « riposter » contre toute violation du cessez-le-feu par l’armée rwandaise et « ses multiples » alliés. « Les FARDC ne peuvent pas admettre que les tirs aveugles de l’armée rwandaise et de ses alliés fassent du mal aux déplacés de guerre et à notre population. », a déclaré le lieutenant-colonel, Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée au Nord-Kivu.                 

Dans cette dynamique, l’armée congolaise a fait son entrée triomphante dans la cité de Ngungu pour la première fois depuis 7 mois. Cette cité du territoire de Masisi était aux mains du M23. Des violents combats continuent de faire rage dans plusieurs lignes de front, à Nyiragongo, Masisi, Lubero ou encore à Bweremana, près de la frontière avec le Sud-Kivu. Ce mardi 14 janvier 2025, des affrontements sont signalés à Kamandi et Kibanda, dans le territoire de Lubero.       

Arrêter la progression du M23 au Sud-Kivu       

Dans son expansion territoriale, les rebelles du M23 font des alliances avec des groupes armés locaux pour servir de relai, notamment au Sud-Kivu et en Ituri. Selon le rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, publié le 8 janvier 2025, une alliance de facto a été créée entre les groupes armés tutsis Twirwaneho et RED Tabara, soutenus par Kigali. Ces groupes servent désormais des supplétifs au M23 dans le Sud-Kivu. Cette collaboration marque une nouvelle escalade dans les conflits armés qui ravagent les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Selon les experts onusiens, les Twirwaneho, dirigés par un officier déserteur de l’armée congolaise, Michel Rukunda, alias « Makanika », et RED Tabara, un groupe armé burundais bénéficiant d’un soutien logistique et militaire du Rwanda, ont rejoint la coalition AFC-M23 pour mener des offensives coordonnées contre les FARDC.

Face à cette menace, l’armée a mené une autre offensive contre cette coalition rebelle au Sud-Kivu, tuant au moins 30 rebelles Twirwaneho. « L’armée rwandaise et ses multiples alliés avaient comme objectif de progresser vers le Sud-Kivu […] », indique le porte-parole provincial de l’armée. Il indique que la Lumbishi a été libérée des mains du M23, y compris les crêtes de Pitagata et Kamatale. A Kabingo, une localité où il y a un gisement minier, a aussi été libérée par l’armée. « Soyez rassurés qu’à chaque tir de l’armée rwandaise, nous allons riposter… », a réagi le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike.

Brazzaville et Luanda appellent au retour du dialogue

Le président angolais, João Lourenço, s’est rendu, le 11 janvier à Brazzaville, capitale de la République du Congo. Médiateur dans le conflit entre Kinshasa et Kigali, João Lourenço a informé son homologue congolais des avancées de sa médiation et des prochaines étapes prévues dans le cadre du Processus de Luanda. Il a réaffirmé son engagement à poursuivre cette mission avec détermination, en dépit des obstacles rencontrés, notamment l’absence du président rwandais, Paul Kagame, lors de la réunion du 15 décembre 2024, à Luanda. Kagame avait conditionné sa participation à cette tripartite à un dialogue direct entre la RDC et le M23, ce que Kinshasa refuse. 

Les deux chefs d’État ont exprimé également leur profonde préoccupation face à l’escalade de la violence, déplorant les pertes humaines et les dégâts matériels considérables. Ils ont exhorté Kinshasa et Kigali à bannir toute forme de violence et à intensifier les initiatives en faveur du dialogue, conformément à l’esprit du Processus de Luanda. Mais la réalité du conflit sur le terrain ne semble cependant pas donner plus de chance de succès à ce processus de Luanda. Paul Kagame devrait recevoir une pression supplémentaire de la part de la communauté internationale, sans laquelle la résolution pacifique de ce conflit pourrait être difficile.

Heshima

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RDC : Kabila peut-il faire confiance à ses opposants d’hier ?

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En République démocratique du Congo (RDC), une nouvelle coalition d’opposition est en voie d’être créée. L’impulsion est donnée depuis un mois par l’ancien président de la République, Joseph Kabila. Pourtant, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sessanga ou encore Claudel Lubaya ont tous été – à une certaine époque – contre la politique de l’ancien chef de l’Etat. Traineront-ils longtemps à ses côtés ? Décryptage. 

Si quelqu’un pouvait mieux décrire la classe politique congolaise, c’est bien Joseph Kabila. Pendant ses 18 ans au pouvoir, l’homme a vu défiler devant lui presque toutes les catégories d’hommes politiques. L’écrasante majorité a un seul point commun : la versatilité. Les politiciens qui sont passés maitres dans cet exercice ont une imparable justification : le dynamisme politique. C’est ce à quoi s’apprête à vivre le farouche opposant, Martin Fayulu. En effet, après avoir rencontré Moïse Katumbi, Claudel Lubaya ainsi que d’autres hommes politiques congolais en Ethiopie, Joseph Kabila s’apprête à échanger avec le leader de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDé). L’idée, selon certains proches de l’ex Raïs, c’est de fédérer les forces de l’opposition pour faire face à la « dictature » instaurée par le régime de Félix Tshisekedi en République démocratique du Congo (RDC). Mais cette alliance tiendra combien de temps quand on sait la nature des politiques en RDC ?     

Les proches de Fayulu justifient ce rapprochement

Devenu très médiatique grâce à son bagou, Prince Epenge, porte-parole de la coalition LAMUKA et proche de Martin Fayulu ne manque pas de tournures pour justifier le rapprochement entre son leader et l’ancien président Joseph Kabila. « Il s’agit de la vie de la Nation », fait-il remarquer sur les ondes de Top Congo FM. « Martin Fayulu est disposé à rencontrer tout Congolais qui pense comme lui que Monsieur Felix Tshisekedi est en train de mettre en péril l’unité du Congo avec son projet d’obtenir un troisième mandat en déchirant la Constitution […] », a-t-il ajouté dans un autre média. Prince Epenge insiste sur la volonté de son leader de fédérer toutes les forces politiques et sociales afin de barrer la route à tout projet de changement de la Constitution voulu et soutenu par le camp au pouvoir.   

Fayulu rumine encore son élection « volée »

Candidat malheureux de la présidentielle de décembre 2018, Martin Fayulu n’a jamais accepté sa défaite malgré le « pardon » qu’il a accordé à ceux qui ont « volé » sa victoire. En février 2023, au dernier jour de la visite du Pape François en RDC, le leader de LAMUKA s’était fendu d’un tweet politique après la messe géante organisée à l’aérodrome de Ndolo : « J’ai accordé le pardon à ceux qui ont volé la victoire du peuple », avait-il écrit. Ce dernier a toujours pensé que l’ancien président de la République et le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de l’époque, Corneille Nangaa, avaient orchestré cet « hold-up électoral ». Il soupçonnait le président sortant, Joseph Kabila, et son successeur, Félix Tshisekedi, d’avoir signé un accord politique, qualifié quelques jours après d’un « compromis à l’africaine » par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. Loin d’être nostalgique de cet épisode, Prince Epenge ne veut nullement ressusciter la polémique autour des résultats de l’élection présidentielle de 2018. D’après lui, pour le moment, « Félix Tshisekedi fait partie du problème » et que face à cette crise, Martin Fayulu est prêt à rencontrer quiconque pense comme lui. 

Lubaya pactise à nouveau avec Kabila  

Ancien gouverneur du Kasaï Central sous le premier mandat de Joseph Kabila, André Claudel Lubaya avait fini par retourner le canon contre son ancien leader. Devenu député national, élu de Kananga pour le compte de l’opposition en 2011, ce président du parti Union des démocrates africains (UDA originelle) avait multiplié des Philippiques tout au long du second mandat de l’ancien président, le taxant parfois de criminel suite à la répression sanglante des manifestations populaires entre 2015 et 2018. Décryptant une interview-bilan de 18 ans de Joseph Kabila au pouvoir, Claudel Lubaya avait dénoncé un « mépris » de ce chef de l’Etat à l’égard des Congolais et de la classe politique. Il avait évoqué une forme de « connivence » de discours de dénigrement entre Joseph Kabila et les Rwandais au sujet de l’homme congolais. Il accusait également le chef de l’Etat de l’époque de ne s’être pas intégré en RDC, le qualifiant d’un homme resté « distant » et « méfiant » vis-à-vis des Congolais.

Aujourd’hui, le dynamisme politique lui fait changer de discours. Après avoir perdu son siège de député à l’Assemblée nationale et n’ayant rien obtenu comme poste de responsabilité de la part du président Félix Tshisekedi, Lubaya retourne dans les bras de Joseph Kabila. Cette fois, il multiplie des diatribes en direction de l’actuel chef de l’Etat.     

Katumbi, le Juda d’hier

En 2015, il est l’une des personnalités qui a le plus combattu Joseph Kabila. Avec sa métaphore d’un « troisième faux penalty », Moïse Katumbi était passé comme un opposant le plus farouche alors qu’il venait de quitter fraichement le parti de Joseph Kabila, le PPRD. Très apprécié par l’ancien chef de l’Etat, ce dernier avait vécu sa séparation d’avec Katumbi comme une trahison. Lors de sa dernière interview accordée en tant que chef de l’Etat à Jeune Afrique, à la veille des élections du 30 décembre 2018, celui qui est réputé taiseux va extérioriser son amertume au sujet de Katumbi : « C’est un peu un Juda Iscariote. Il m’a trahi sans même y mettre les formes, sans élégance. » Avec une telle opinion sur Moïse Katumbi, bâtir une alliance sincère entre les deux personnalités serait extrêmement difficile, même si l’ancien président reconnait qu’en politique, « il n’y a pas d’ennemi éternel ». Présenté comme un « diviseur commun » par l’éditorialiste Benjamin Litsani, Katumbi courtiserait désormais Martin Fayulu et Joseph Kabila. « Sous couvert d’une quête de pardon, il nourrit un calcul froid : s’appuyer sur la force combinée de Kabila, Fayulu et d’autres figures influentes pour s’élever, une fois encore, au sommet du pouvoir », note l’éditorialiste. Katumbi verrait donc d’un bon œil cette alliance, pourvu que cela lui serve de marchepied pour atteindre son ultime obsession : le fauteuil présidentiel.    

Kabila et Tshisekedi obligés de s’entendre

Après avoir réussi une alternance pacifique historique, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi auraient pu continuer à cimenter la fragile démocratie congolaise ensemble. Les deux personnalités devraient mettre leurs égos de côté afin d’offrir à la RDC une stabilité politico-sécuritaire plus ou moins longue. D’ailleurs, Félix Tshisekedi ne cesse de le regretter publiquement. La coalition FCC-CACH a fait manquer au pays une expérience démocratique unique.

Mais à ce jour, Joseph Kabila se fait entourer des personnalités qui ont des agendas personnels. Quel serait alors son propre intérêt politique en réunissant l’opposition autour de lui ? Cette alliance aurait-elle simplement comme objectif de barrer la route à un éventuel troisième mandat de Félix Tshisekedi ? Pense-t-il créer avec ces opposants une alliance pérenne au sein de laquelle pourrait sortir un candidat commun de l’opposition pour la présidentielle de 2028 ?

Sauf un coup de théâtre, il serait difficile à l’ancien Raïs d’envisager revenir au sommet de l’Etat congolais par la voie des urnes, au regard de l’incapacité de son regroupement politique – FCC – à mobiliser les Congolais. Devant un tel tableau, toute alliance politique pourrait être profitable à d’autres présidentiables pour 2028. Dans ce cadre, Joseph Kabila devrait-il faire confiance à ses opposants d’hier ? Visiblement, l’alliance politique en cours de création ne pourrait qu’être circonstancielle car, il serait difficile à Katumbi ou à Fayulu d’accepter le leadership de Joseph Kabila dans le sens d’une reconquête du pouvoir.

Heshima

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Guerre dans l’Est de la RDC : le Rwanda s’isole après un rapport accablant de l’ONU

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Le nouveau rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) épingle à nouveau le Rwanda pour sa présence militaire illégale dans l’Est du pays ainsi que le pillage des ressources naturelles. La ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, parle d’un début d’isolement diplomatique de Kigali. Le porte-parole de l’armée congolaise, de son côté, appelle les Congolais à soutenir le président de la République qui veut, selon lui, mettre fin à la « carrière terroriste » du chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame.

Dans un briefing presse organisé, le 09 janvier 2025 à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, celui des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Sylvain Ekenge, ainsi que la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, ont fait le point de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Sur le plan diplomatique, la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a évoqué les efforts consentis aux côtés du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, pour convaincre la communauté internationale à prendre des sanctions contre le Rwanda. Selon elle, l’absence du président rwandais, Paul Kagame, le 15 décembre dernier à Luanda, a renforcé l’isolement diplomatique de Kigali. Pour la première fois, note la ministre, la Grande-Bretagne, fidèle alliée du régime rwandais, a condamné la violation de l’intégrité territoriale de la RDC par le Rwanda.

La patronne de la diplomatie congolaise a aussi commenté le rapport du groupe d’experts de l’ONU publié le 9 janvier 2025. Elle a rappelé que ce rapport démontre qu’environ 150 tonnes de coltan ont été exportés frauduleusement vers le Rwanda. Dans la mine de Rubaya, plus de 10.000 personnes travaillent pour l’extraction artisanale des minerais sous une administration imposée par la coalition de l’armée rwandaise et le M23. Cette coalition prélève des taxes allant de 7 dollars par kilogramme de coltan, générant ainsi au moins 800.000 dollars par mois. Un pillage des ressources de la RDC que condamne la ministre. D’après Thérèse Kayikwamba, le régime de Kigali a démontré que le Rwanda est un « Etat voyou ». Même l’Angola, pays censé être au milieu du village pour son rôle de médiateur, a condamné l’occupation de Masisi-centre par l’armée rwandaise et le M23.

De son côté, le porte-parole militaire, le général Sylvain Ekenge, assure que les FARDC travaillent afin de récupérer l’ensemble des territoires occupés. « Les FARDC ont bien évolué et occupent la totalité de la cité de Ngungu, l’ensemble des positions environnantes. Du côté de Masisi, les combats continuent. Sur l’axe Sake, elles ont réussi à déloger les terroristes sur leurs positions de hauteur de cette cité », a-t-il rapporté. Ce porte-parole militaire a appelé les Congolais à soutenir le « commandant suprême » de l’armée, Félix Tshisekedi, qui, selon lui, est déterminé à mettre fin à « la carrière terroriste » du président rwandais, Paul Kagame. 

Une guerre hautement technologique

Brouillage des signaux GPS, installation des systèmes de défense anti-aérienne, présence militaire d’environ 4000 hommes rwandais sur le sol congolais, le Rwanda mène une guerre hautement technologique dans l’Est de la RDC. D’après le rapport du groupe d’experts de l’ONU, ces systèmes de brouillage et de « spoofing » des signaux GPS, opérant depuis des positions stratégiques au Rwanda, perturbent les vols civils, humanitaires et onusiens dans l’Est de la RDC. Ces perturbations ne permettent pas non plus aux FARDC d’utiliser des avions de chasse, des drones militaires ou civils contre l’ennemi.   

Le 29 octobre 2024, note le rapport, un drone de surveillance de la MONUSCO a perdu le contact en survolant une zone de combat active à Mpeti, dans le territoire de Walikale. Ce drone avait été brouillé par une attaque GPS, avant de s’écraser près de Kikuvo, à 15 kilomètres de Kirumba. Cet incident est intervenu après que la coalition AFC-M23 a exigé que la MONUSCO cesse d’utiliser ses drones de reconnaissance.

D’après la localisation fournie par le rapport de l’ONU, deux systèmes de brouillage ont été installés au Rwanda. L’un sur une colline à Gisenyi, à moins de trois kilomètres de la frontière congolaise, et l’autre, à 500 mètres de l’aéroport de Kamembe, à l’Est de Bukavu. Un troisième système a été repéré à Kanyabayonga, une commune rurale de Lubero, au Nord-Kivu, peu après que cette entité a été capturée par le M23 et les Forces de défense rwandaises (RDF).

Nangaa tente une alliance avec les ADF

Le rapport note aussi les accointances de l’AFC-M23 dirigée politiquement par Corneille Nangaa avec les terroristes des ADF. L’AFC-M23 a sollicité du leader des terroristes ADF, Moussa Baluku, la signature d’un pacte de non-agression dans les zones occupées par les ADF, notamment à Lubero. Mais le leader de ce mouvement d’origine ougandaise l’aurait rejeté, préférant continuer de s’attaquer aux civils qu’il considère comme des « infidèles ». L’AFC-M23 a aussi étendu ses tentacules au Sud-Kivu, où elle a formé une alliance avec les groupes rebelles d’obédience tutsie, à savoir le Twirwaneho et le RED Tabara. En Ituri, l’alliance a été faite également avec un autre groupe armé tutsi, le Zaïre. Thomas Lubanga, ancien seigneur de guerre, condamné par la CPI, a pris le règne de ce groupe dont les combattants sont entrainés par des instructeurs rwandais et ougandais dans certains villages de l’Ituri.             

L’Ouganda aussi épinglé

Depuis bien longtemps, l’Ouganda ne jouait pas franc-jeu avec la RDC malgré la coopération militaire et économique en cours entre les deux pays. Le rapport du groupe d’experts de l’ONU vient de le démontrer une fois de plus. Dans leur coopération militaire avec les FARDC pour traquer les terroristes ADF, révèle le rapport, l’armée ougandaise, UPDF, a mené des opérations aériennes « sans en informer les FARDC. Elle a parfois étendu ses opérations au-delà des zones désignées [de commun accord], causant des tensions avec les FARDC ». De plus, « les UPDF ont souvent envoyé en Ouganda d’anciens otages et détenus des ADF sans communiquer rapidement les informations, ce qui a compliqué les processus de renseignement et les procédures judiciaires en République démocratique du Congo », souligne ce document. En dehors de ces activités avec l’armée congolaise, l’Ouganda continue de soutenir les positions de Kigali dans ce conflit au sujet du M23.  

Heshima

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