Politique
MABUNDA, victime collatérale :les six erreurs de Mabunda
Heshima Magazine revient sur les six erreurs de Mabunda qui ont amené à sa déchéance.
281 élus nationaux des 484 présents ont dit « oui » à l‘éviction de Jeanine Mabunda de sa fonction de présidente de l’Assemblée nationale. Une pétition initiée par les honorables Muhindo Nzangi et Paulin Maembo, déposée samedi 5 décembre dans des conditions exceptionnelles.
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Après avoir présidé l’hémicycle pendant une année et sept mois, il est reproché à l’élue de Bumba, une gestion opaque de la caisse de l’Assemblée nationale. Les 279 signataires de ladite pétition reprochent également à celleci, de s’ « illustrer par des initiatives cavalières conflictogènes et partisanes » telles que la recevabilité du projet de loi Minaku-Sakata, son appui avéré à la candidature de Ronsard Malonda à la présidence de la Commission électorale nationale indépendante ou encore l’appel au boycott de la prestation de serment des juges de la Cour constitutionnelle, dont le camp Kabila contestait la nomination. Entre les éléments techniques évoqués et la nouvelle majorité recherchée par le Président Tshisekedi (Union sacrée), Jeanine Mabunda destituée !
Guerre d’esprit
Jamais un président de l’Assemblée nationale n’a subi autant de pression que Jeanine Mabunda. Elle est la cible de toutes les attaques. Après que le Conseil d’Etat a déclaré irrecevable la requête de déchéance du député national Fabrice Puela, justifiant sa décision par le fait que celle-ci n’a pas obéi aux conditions de sa loi organique, la chute de Jeanine Mabunda parait bien surprenante pour celle qui a été élue avec 375 voix le 24 avril 2019, par son regroupement politique FCC et son allié Cach. Au cœur de nombreuses querelles politiques entre le FCC-CACH, il lui est reproché de se mettre en avant en attaquantfrontalement le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi. Elle était vue en première ligne des visages qui défiaient le Président de la République. Et pourtant on se souviendra des félicitations de ce dernier devant le Parlement réuni en congrès le 13 décembre 2019: je réitère mes félicitations à Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi qui est une femme non seulement dynamique mais aussi intelligente ; elle incarne le visage de l’alternance et est parmi les femmes qui font la fierté de la nation avait-il déclaré. Que s’est-il donc passé ? Voici les Six erreurs de Mabunda

1. L’autorisation de débattre d’un acte du Chef de l’Etat à la plénière du 7 juin 2019, où le député national Charles Nawej a même traité le Président de la République d’inconscient pour avoir signé les ordonnances de nominations des mandataires de la Gécamines et de la SNCC. Outré, le député Christophe Lutundula avait répliqué en insistant sur le fait que la chambre basse n’avait pas qualité à juger les actes posés par le Président de la République. Des propos qui avaient déclenché la colère des députés Cach et militants de l’Udps.
2. Le cinquième président de la RDC avait menacé, devant la d i a s p o r a congolaise de Londres, de « virer » des ministres, voire de dissoudre l’Assemblée nationale, si ses partenaires de la coalition fidèles à son prédécesseur Joseph Kabila sapaient son pouvoir. “Le Congolais m’a confié une mission et je dois rendre compte à ce peuple. Et celui qui ne va pas suivre mes instructions et qui s’attachera aux instructions de sa famille politique, il sera viré. Je ne peux pas dissoudre l’Assemblée nationale tant qu’il n’y a pas crise. Mais en cas d’obstruction, je serai contraint, en fin de compte, de prendre la décision de dissoudre l’Assemblée nationale”.
Une annonce qui a résonné comme une bombe aux oreilles de ses alliés Fcc. La Présidente honoraire de l’Assemblée nationale avait convoqué une conférence de presse où elle a répondu à cette menace demandant d’éviter les « malentendus » et les risques de « haute trahison », évoquant au passage l’article 165 de la Constitution. « Toute personne qui méconnaît notre loi fondamentale peut être exposée au cas de haute trahison pour violation intentionnelle de la Constitution » a-t-elle déclaré devant la presse et des élus nationaux présents.
Au lendemain de cette sortie très médiatisée, le député national Crispin Mbindule a reproché à Mabunda de n’avoir pas consulté la conférence des présidents ni soumis la question à la plénière souveraine avant de répondre aux propos de Félix Tshisekedi. « Si elle ne retire pas ses propos, nous, députés acquis au bon sens, nous allons aider madame la présidente à ne pas chaque fois s’attaquer aux messages du chef de l’État », a-t-il renchéri. L’erreur fatale de Mabunda est de vouloir à tout prix montrer les biceps, s’exclamaient quelques analystes politiques.


3. Sa prise de position sur l’ordonnance du chef de l’état sur la proclamation de l’Etat d’urgence sanitaire en tenant en haleine l’opinion nationale et internationale. Le président du Sénat Alexis Thambwe Muamba (FCC) et l’ancienne Présidente de l’Assemblée Nationale avaient pris la décision de convoquer un congrès afin de corriger ce qu’ils ont qualifié de « faute », accusant le Président Tshisekedi d’avoir violé la Constitution en proclamant l’état d’urgence sanitaire. Le Président de la République a pris une ordonnance de fait proclamant l’Etat d’urgence sanitaire en violation de l’article 119.2 de la Constitution a dit Alexis Thambwe sur une radio locale. Le congrès qu’ils s’apprêtaient à convoquer avec sa collègue de l’Assemblée devait régulariser cette prétendue violation de la constitution et légiférer sur l’état d’urgence en RD Congo.
Sur les ondes de la radio Top Congo Fm, le Président du Sénat a ajouté : bien que la procédure suivie par le Chef de l’Etat n’ait pas été conforme à cette disposition, le Parlement, sans faire du juridisme, devrait faire en sorte que cette mesure soit conforme aux prescrits de la loi fondamentale. Cela a été mal interprété par leurs alliés du Cap pour le changement qui les ont accusés d’arrogance et attaques irrespectueuses. Sur la même radio, Jean Marc Kabund s’est insurgé de voir Thambwe Mwamba faire croire à l’opinion que le Président a violé la constitution. Saisie pour interprétation, la Cour constitutionnelle a ainsi mis fin à la polémique.
En effet, les neuf magistrats ont levé toute ambiguïté et déclaré l’ordonnance du président conforme à la constitution dans l’arrêt RConst 1 200.
4. L’entérinement de Ronsard Malonda pour présider la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont le nom a été choisi par six des huit confessions religieuses chargées de désigner le prochain président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), et qui a été confirmé en plénière à l’issue d’une séance tendue. L’opposition, la société civile et même le parti au pouvoir ont dénoncé ce choix, accusant Ronsard Malonda d’avoir joué un rôle majeur lors du scrutin controversé de décembre 2018. La Cenco et l’ECC ont notamment dénoncé un « passage en force » de la majorité. Cette décision est intervenue alors que cette question ne figurait pas à l’ordre du jour de la plénière au sein de l’Assemblée nationale accusent certains élus nationionaux. Le matin même, plusieurs députés affirmaient ne pas en avoir été informés. Refusant de revenir sur sa décision, l’ancienne Présidente de l’Assemblée Jeanine Mabunda a appelé plutôt les confessions à s’apprêter à désigner les autres animateurs.
Cet entérinement de Ronsard Malonda a été à la base de plusieurs manifestations sanglantes à travers tout le pays, amenant, entre autres irrégularités, le Chef de l’Etat à refuser d’investir ce dernier comme Président de la Ceni.
5. Son absence à la cérémonie de prestation de serment de trois nouveaux juges de la Cour Constitutionnelle. Nous ne pourrons organiser cette cérémonie ni en être partie prenante avaient signé dans un communiqué conjoint les deux présidents de la chambre basse et haute. Lors de ladite cérémonie, le Chef de l’Etat a été accueilli par le Vice-président du Sénat Samy Badibanga, ancien proche collaborateur de son défunt père, le Gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila ainsi que le Bourgmestre de la commune de Lingwala. L’absence du Premier Ministre ainsi que de deux Présidents du Parlement (tous FCC) à la prestation de serment des juges de la haute Cour a été l’élément déclencheur des consultations initiées par le Président de la République.
6 . Les propositions de lois Minaku-Sakata Juin 2020. Alors que certains pays d’Europe ont entamé le processus de déconfinement après la première vague du virulent coronavirus, la RDC est encore confinée depuis fin mars et soumise aux services minimums. Les mesures barrières sont en vigueur et la commune de la Gombe où se trouvent la plupart des institutions est confinée. L’accès est conditionné par la présentation d’un macaron spécial. L’armada sécuritaire est bien là pour limiter la propagation du coronavirus à Kinshasa. C’est pourtant au cours de cette
période délicate que les députés nationaux Aubin Minaku et Gary Sakata, deux professeurs d’université, membre du Front commun pour le Congo, décident de proposer une loi à l’Assemblée nationale. Juristes de formation et de profession, les élus du peuple orientent leur projet dans le domaine de la Justice. Trois propositions de lois :
- Proposition de loi organique modifiant et complétant la loi n°13/011 du 13 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ;
- Proposition de loi organique modifiant et complétant la loi n°06/20 du 10 octobre 2006 portant statut des Magistrats, telle que modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 ;
- Proposition de loi modifiant et complétant la loi organique n°08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Ces propositions qui visaient à restreindre significativement l’indépendance de la justice en accordant des pouvoirs exorbitants au Ministre de la Justice issu de la même famille politique que les deux initiateurs, ont, avec une étonnante rapidité, été débattues en plénière puis envoyées en Commission politique, administrative et juridique provoquant des violentes manifestations à travers le pays. Dans une ère caractérisée par l’instauration de l’Etat de droit avec notamment des arrestations des personnalités politiques de haut vol pour détournement des fonds publics, cette démarche des élus du FCC semblait malvenue. Jeanine Mabunda ne sera pas épargnée par les critiques qui l’accusent d’avoir favorisé cette démarche hasardeuse qui serait passée, n’eût été la vigilance populaire.
Mal comprise ?
Pendant sa présidence à la tête de l’Assemblée nationale,Jeanine Mabunda aurait, au-delà d’avoir affaire à Félix Tshisekedi, eu de très mauvais rapport avec ses collègues députés en général et en particulier ses pairs du FCC qui, à cause des frustrations, étaient déjà en esprit dans l’«union sacrée ». Les pétitionnaires l’accusent d’opacité dans la gestion des finances, de mépris à l’égard de la plénière et de violation répétées de la constitution et du règlement intérieur. « Je peux vous rassurer qu’en toute simplicité, au-delà des incidents et accidents, si nous avons été mal compris, nous nous excusons », a-t-elle déclaré. Déchaînés, ses collègues députés nationaux n’ont plus voulu faire marche arrière. Sa chute constitue ainsi une victoire pour le Président Tshisekedi qui a annoncé, le 7 décembre 2020, la fin de la coalition FCC-CACH et la nomination d’un informateur au regard de l’effritement de la majorité parlementaire.

Un exercice de démocratie salué par tous
Le Bureau d’âges dirigé par Mboso Nkodia a assuré le vote dans le calme et en toute quiétude, surtout dans la transparence en dépit du climat de méfiance et de vigilance qui y régnait.
Après la chute du bureau Mabunda, des réactions ont fusé de partout. Dans un tweet, le parti du peuple pour la reconstruction et le développement dont Jeanine Mabunda est cadre, a dit s’incliner avec « sportivité ». « Courage camarades, on ne gagne pas à tous les coups. Redressons nos têtes rapidement. La douleur est profonde, mais elle ne doit pas nous ébranler. Continuons la lutte, chers soldats » a encore tweeté le Pprd. La sénatrice Francine Muyumba, membre du même parti, a dit s’incliner aussi devant une pratique démocratique. « Je reste convaincu que ce n’est qu’une bataille qui a été perdue par le FCC. D’autres étapes nous attendent et le FCC continuera sa lutte pour la démocratie, la souveraineté nationale et la refondation de la nation », a déclaré Félix Kabange Numbi. Abondant dans le même sens, Steve Mbikayi, député national et membre du FCC indique : « Nous nous arrangerons en ordre de bataille pour continuer la lutte ». De son côté, Moïse Katumbi, président de la formation politique Ensemble pour la République, a félicité les députés nationaux pour le vote qu’il qualifie d’historique. RDC : les scènes qui disent tout.
Ce soir nous avons écrit un nouveau chapitre de notre histoire. Après l’alternance du 19 janvier 2019, on se souviendra aussi du 10 décembre 2020. Le Congo a gagné, la démocratie aussi. Vivement l’union sacrée ! », a tweeté le député Patrick Muyaya. Pour Delly Sesanga, la déchéance de Mabunda symbolise la victoire historique de la démocratie sur l’arbitraire.
La joie de Kabund et Kabuya
La satisfaction de Jean-Marc Kabund était manifeste. Celui que l’on surnomme « Le Maître-Nageur », alors 1er Vice-président du bureau de l’Assemblée nationale, avait été déchu le 25 mai 2020, avec 289 voix, à la suite de la pétition initiée par JeanJacques Mamba, député du Mouvement de Libération du Congo (MLC). Tel un devin, Kabund avait annoncé avant même que Félix Tshisekedi ne clôture ses consultations, qu’il n’y aurait ni coalition ni cohabitation, ce qui lui a valu des critiques. Le Secrétaire général de l’Udps, Augustin Kabuya, est l’autre responsable du parti de feu Etienne Tshisekedi dont la joie était au zénith.

Kabund
Le FCC trahi par ses propres fils
Minimisant le degré de désagrégation de la plateforme, les députés nationaux du FCC se sont rendus à la plénière pour démontrer qu’ils sont toujours majoritaires. Pourtant, les signes annonciateurs étaient déjà là. Avec l’annonce des consultations, nombreux avaient commencé à se détacher au vu et au su de tout le monde. Les responsables de la plateforme en ont visiblement pris conscience en retard avec la perte de la bataille par la speakerine de la Chambre basse du Parlement. Jusque dans la salle, nombreux députés du FCC ont agi en véritables hypocrites, eux qui désapprouvent le fait que moult décisions soient prises sans eux. « Il y a certains de nos collègues avec qui nous avons cheminé ensemble depuis de longues années et qui ne veulent plus. Il y en a aussi, comme dans toute société, qui sont des mécontents et qui nous ont passé un message par ce vote. Nous allons en tenir compte et nous réorganiser pour gagner à nouveau lors des élections des nouveaux membres du bureau définitif. La plupart des députés qui ont fait tomber le bureau Mabunda sont du FCC », a reconnunu François Nzekuye, député Pprd. Evidemment, plusieurs se disent frustrés au sein de la plateforme. Ils estiment que Mabunda Lioko Mudiayi et son équipe ont récolté les résultats des rapports difficiles qu’ils entretenaient avec eux. Un député Pprd a même dansé après sa chute. « Il n’était pas facile de déboulonner ce système. Aujourd’hui, c’est le début d’un grand processus », a déclaré le député national Pierre Lihau, élu de Bumba sur la liste Pprd. Pour sa part, Sonia Rolley, journaliste à RFI, a fait part des révélations d’un élu FCC qui a affirmé que la destitution de Mabunda reflète l’échec de la stratégie politique de Joseph Kabila depuis 20 ans. « Toujours élargir la coalition à de nouveaux partis alimentaires, concentrer les décisions entre les mains d’une poignée et traiter les alliés comme des vassaux », commente-t-elle.
L’heure est à l’autopsie.
Le bureau d’âges n’a pas encore fixé la date du vote des membres du bureau définitif, mais, en attendant, les ténors de la plateforme chère à Joseph Kabila, après le revers, prônent le resserrement des rangs et appellent au changement de tactique. Tel est le cas de Patrick Nkanga qui réclame des changements profonds au PPRD et au FCC. Certains cadres réclament tout simplement le départ du coordonnateur Néhémie Mwilanya et de Ramazani Shadary.
Olyncia Kashema
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Politique
Suspension de 13 partis d’opposition en RDC : un précédent fâcheux pour la démocratie ?
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3 semaines agoon
novembre 5, 2025By
La redaction
Fin octobre, le gouvernement congolais a annoncé la suspension des activités de treize partis politiques de l’opposition ayant participé au conclave de Nairobi autour de l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila. Ce dernier a été condamné à mort par contumace – fin septembre – par la justice militaire notamment pour « trahison » et « crimes de guerre ». La décision de suspendre ces partis suscite des réactions diverses au sein de la classe politique, dans un contexte où le pays fait face à une agression dans l’Est par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.
Le vendredi 31 octobre, l’État congolais a annoncé la suspension, sur l’ensemble du territoire, d’une dizaine de partis classés dans l’opposition, une décision qui a aussitôt suscité des réactions au sein de la classe politique. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, ces mesures visent des formations dont les dirigeants ont pris part à une réunion à Nairobi – quelques semaines seulement après la condamnation de Joseph Kabila pour haute trahison – et qui auraient enfreint les règles régissant l’activité des partis et mis en péril la sécurité nationale. Cette décision, relayée par la RTNC, a été confirmée par le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, à l’issue du Conseil des ministres.
Selon le gouvernement, cette mesure exceptionnelle s’appuie sur des « faits avérés de troubles à l’ordre public » imputés à plusieurs structures politiques au cours des dernières semaines. Patrick Muyaya a précisé que cette suspension s’appliquait « jusqu’à nouvel ordre », en attendant les conclusions d’enquêtes initiées par les services compétents pour établir la nature des activités de ces formations et leurs éventuels liens avec des menaces à la sécurité de l’État.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Cette décision intervient alors que la RDC traverse l’une des crises sécuritaires les plus graves de son histoire récente. L’Est du pays est le théâtre d’une agression du M23, un groupe armé dont le soutien par le Rwanda a été documenté par plusieurs rapports d’experts de l’ONU. Des millions de personnes ont été déplacées et des milliers de vies ont été perdues dans ce conflit qui menace l’intégrité territoriale du pays.
C’est dans ce contexte que Joseph Kabila a été condamné par la justice militaire pour des accusations incluant la haute trahison, les crimes de guerre et l’atteinte à la sûreté de l’État. Les attendus du jugement font état de présomptions de liens entre l’ancien président et des entités hostiles à la RDC. Quelques semaines après cette condamnation, les treize partis désormais suspendus ont choisi de participer à un conclave organisé autour de cette même personnalité, créant ainsi la plateforme « Sauvons la RDC ».
Les partis concernés et leurs réactions
Les treize partis concernés par la suspension sont le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), LGD (Leadership et Gouvernance pour le Développement), Piste pour l’Émergence (PISTE), AAP (Action Alternative du Peuple), UDA (Union des Démocrates Africains), MPCR (Mouvement du Peuple Congolais pour la République), ATD (Alliance pour la Transformation et le Développement), COFEDEC (Congrès des Fédéralistes Démocrates du Congo), PNEC (Parti National pour l’Émergence du Congo), MLP (Mouvement Lumumbiste Progressiste), UPC (Union du Peuple Congolais) et ADCP (Alliance des Démocrates Chrétiens du Peuple).
Dans les heures qui ont suivi l’annonce, plusieurs voix se sont élevées pour contester la mesure. Seth Kikuni, porte-parole du mouvement « Sauvons la RDC » et leader de « Piste pour l’émergence », a publiquement « rejeté » la décision, la qualifiant de manifestation de la peur d’un pouvoir « aux abois ». D’autres figures ont annoncé la tenue d’actions politiques pour contester la mesure.
Toutefois, d’autres observateurs soulignent le timing problématique de ce conclave de Nairobi, organisé autour d’un homme fraîchement condamné pour haute trahison, alors même que le pays fait face à une agression extérieure. Pour ces analystes, s’associer publiquement à Joseph Kabila dans ces circonstances soulève inévitablement des questions sur les intentions réelles de ces formations politiques.
La question juridique : entre légalité et sécurité nationale
La suspension « jusqu’à nouvel ordre » de ces partis tels qu’indiqué par le porte-parole du gouvernement n’est effectivement pas reprise dans la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques. L’article 29 de cette loi stipule que lorsque l’activité d’un parti politique menace ou porte atteinte à l’unité et à l’indépendance nationales, à l’intégrité du territoire de la République, à la souveraineté de l’État congolais, à l’ordre institutionnel démocratique, ou trouble gravement l’ordre public, l’autorité territoriale du ressort décide la suspension immédiate des activités du parti incriminé dans sa juridiction par décision motivée, pour une durée qui ne peut excéder 15 jours.
Au regard de cette disposition, le gouvernement aurait dû procéder comme ce fut le cas initialement pour le PPRD qui était suspendu 15 jours au départ avant de soumettre son cas à la justice. Même dans le cas où la justice intervient, le juge peut prolonger la suspension, mais elle ne peut excéder 30 jours selon le texte de loi.
Cependant, certains juristes font valoir que cette loi a été conçue en 2004, dans un contexte différent, et n’envisageait pas une situation où des partis politiques pourraient s’organiser autour d’une personnalité condamnée pour haute trahison en temps de crise sécuritaire majeure. La gravité exceptionnelle des accusations portées contre Joseph Kabila – notamment la trahison envers la nation – et le contexte d’agression extérieure que subit le pays pourraient justifier, selon cette interprétation, une approche plus ferme de l’État.
Un précédent historique dans un contexte inédit
Cette suspension de 13 partis politiques marque un fait inédit depuis l’instauration du multipartisme en 1990 par le maréchal Mobutu Sese Seko. Jamais, depuis cette ouverture démocratique, un aussi grand nombre de partis d’opposition n’avait été suspendu simultanément.
Mais le contexte actuel est lui-même sans précédent. La RDC fait face à une menace existentielle avec l’agression du M23 soutenu par le Rwanda, qui contrôle désormais des portions importantes du territoire de l’Est. Dans ce contexte, l’organisation d’un conclave politique autour d’un homme condamné pour haute trahison pose la question de la responsabilité de l’État dans la protection de sa souveraineté.
Le poids de l’histoire : trois décennies de déstabilisation
L’histoire récente de la RDC est marquée par une série de trahisons politiques qui ont coûté cher au pays. Depuis les années 1990, plusieurs personnalités politiques congolaises ont choisi de s’allier à des rébellions soutenues par des pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, en échange de promesses de pouvoir. Ces alliances ont maintenu le pays dans un cycle de violences qui a causé des millions de morts.
Le gouvernement semble vouloir rompre avec cette dynamique en envoyant un signal fort : dans un contexte d’agression extérieure, toute association avec des forces ou des personnalités accusées de liens avec l’ennemi sera considérée comme une menace à la sécurité nationale. Cette approche, bien que controversée sur le plan des libertés démocratiques, trouve un certain écho auprès d’une population lassée des trahisons politiques répétées.
Entre défense de la démocratie et protection de la souveraineté
Pour Seth Kikuni, le gouvernement congolais a franchi un seuil « dangereux » en suspendant les 13 partis. « Par sa décision de suspendre nos partis et de saisir le Conseil d’État pour les dissoudre, le gouvernement Tshisekedi a franchi un seuil dangereux. Il a démontré ses limites, sa peur d’une opposition responsable, qui lui indique la voie à suivre », a-t-il écrit le 4 novembre sur son compte X.
Tout en rejetant ces décisions qu’il qualifie de « puériles », Seth Kikuni interpelle sur la création d’un « précédent fâcheux » pour l’histoire. Le mouvement « Sauvons la RDC » estime qu’il s’agit d’un acte de guerre contre le pluralisme politique, l’État de droit et la liberté d’association et de réunion, qualifiant ces mesures d’« arbitraires et disproportionnées ».
Néanmoins, d’autres voix dans la société congolaise se demandent s’il est raisonnable, en temps de guerre, de permettre à des formations politiques de s’organiser autour d’une personne accusée de complicité avec les forces qui agressent le pays. Ces voix rappellent que dans plusieurs démocraties occidentales, des mesures exceptionnelles ont été prises contre des formations politiques jugées menaçantes pour la sécurité nationale, notamment en temps de conflit.
Le dilemme gouvernemental
Le président Tshisekedi se trouve face à un dilemme complexe : maintenir les libertés démocratiques tout en protégeant l’État d’une menace qu’il juge existentielle. Certains observateurs notent que le gouvernement est placé dans une position délicate où toute inaction pourrait être interprétée comme une faiblesse face à des forces qui déstabilisent le pays depuis trois décennies.
Le président de l’Association africaine des droits de l’Homme (ASADHO) a alerté sur les risques de cette approche : « La stratégie du régime Tshisekedi d’asphyxier les partis politiques de l’opposition, en leur privant de l’espace démocratique, va les pousser à agir en clandestinité et à recourir aux moyens illégaux pour résister et pour accéder au pouvoir. »
Cependant, le gouvernement semble parier sur un autre calcul : que l’affirmation de fermeté dans la défense de la souveraineté nationale découragera d’autres formations politiques de s’allier, directement ou indirectement, aux forces hostiles au pays. Dans cette logique, le risque de voir ces partis basculer dans la clandestinité serait moins dangereux que de les laisser opérer librement tout en étant associés à un homme condamné pour trahison.
Une décision qui divise, dans un pays qui cherche sa stabilité
Cette suspension suscite donc des débats passionnés sur la place de la démocratie en temps de crise sécuritaire. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une dérive autoritaire qui établit un précédent dangereux. Pour d’autres, c’est une mesure de sauvegarde nécessaire dans un contexte où la survie même de l’État est menacée.
Ce qui est certain, c’est que cette décision reflète les tensions profondes qui traversent la société congolaise : entre aspiration démocratique et besoin de sécurité, entre liberté politique et protection de la souveraineté nationale, entre respect de la loi et réponse à une menace jugée existentielle.
L’avenir dira si cette mesure exceptionnelle aura contribué à stabiliser le pays ou si elle aura, au contraire, radicalisé une opposition déjà marginalisée au Parlement. Une chose est sûre : dans un pays qui a trop souffert de l’instabilité et des trahisons politiques, la question de la loyauté envers la nation est devenue un enjeu central du débat politique.
Heshima
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Tshisekedi-Kagame-AFC/M23 : un novembre décisif pour la crise congolaise ?
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3 semaines agoon
novembre 3, 2025By
La redaction
Ce début novembre pourrait s’avérer déterminant dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis quatre ans. Sauf revirement, le gouvernement congolais et les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) doivent signer un accord cette semaine. Toujours en novembre, le président américain Donald Trump prévoit de réunir à Washington le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame afin d’entériner deux accords de paix : ceux de Doha et de Washington.
Un compromis entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 est en cours de négociation à Doha, avec le soutien des États-Unis. Le président congolais Félix Tshisekedi l’a confirmé le 2 novembre au Caire, lors d’un échange avec la communauté congolaise vivant en Égypte. Il a également indiqué que la conclusion de l’accord de Doha ouvrirait la voie à une rencontre à Washington avec son homologue rwandais. « Ce n’est qu’après cela que Washington, qui attend la conclusion de cet accord, convoquera le président rwandais et moi-même pour que nous nous rendions auprès du président Donald Trump afin d’entériner les deux accords : Doha et Washington », a-t-il expliqué à la diaspora congolaise en Égypte.
Malgré la main tendue à Paul Kagame pour faire « la paix des braves » lors du forum économique Global Gateway, le chef de l’État congolais ne cache pas ses critiques vis-à-vis des intentions de son voisin rwandais : « Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. Son objectif est de scinder notre pays et d’occuper, voire d’annexer la partie Est, terre très riche en ressources minérales et agricoles. »
Au-delà de ces divergences, les deux dirigeants sont contraints de faire la paix. Et malgré les combats qui se poursuivent sur le terrain en violation du cessez-le-feu, les discussions progressent.
Entre Washington et Doha, Paris trouve son créneau…
Face au processus de résolution de la crise mené par Washington et Doha, Paris manquait de leadership. Emmanuel Macron a finalement trouvé son créneau : pallier l’arrêt du financement humanitaire dans l’Est de la RDC consécutif à la suppression par Donald Trump de l’agence américaine USAID. Organisée le 30 octobre à Paris, la conférence « de soutien à la paix et à la prospérité » devait permettre de débloquer plusieurs dossiers liés à la situation dans la région. Le président Emmanuel Macron a annoncé la mobilisation de plus de 1,5 milliard d’euros en faveur des populations les plus vulnérables de la région des Grands Lacs.
Cette rencontre, qui a réuni plusieurs dizaines de pays et d’organisations internationales, visait à relancer les efforts diplomatiques et humanitaires dans une région en proie à des décennies de conflits. Mais ces chiffres avancés par Emmanuel Macron méritent d’être nuancés. Sur ce montant, environ 500 millions d’euros avaient déjà été engagés cette année, et une partie correspond à des promesses anciennes, réaffirmées à l’occasion du sommet. Le plan de 1,2 milliard d’euros prévu pour la région n’est couvert pour l’heure qu’à hauteur de 14 %. L’accroissement des financements s’avère donc nécessaire dans un contexte d’aggravation de la crise humanitaire. L’an dernier, 70 % de l’aide provenait des États-Unis, tandis que la France n’a couvert que 0,5 % des besoins, selon Oxfam.
Dans la foulée de ces promesses, Félix Tshisekedi a également évoqué un plan de reconstruction des provinces du Nord et du Sud-Kivu une fois les rebelles partis. Ce plan est chiffré à 5 milliards de dollars, sans toutefois préciser comment il compte réunir cette somme.
Aéroport de Goma, une réouverture qui énerve le Rwanda
Autre annonce d’Emmanuel Macron : la réouverture de l’aéroport de Goma pour des vols humanitaires. Cette décision a provoqué de vives réactions du côté du Rwanda et de l’AFC/M23. Présent à Paris, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, n’a pas tardé à contester cette décision. Pour le chef de la diplomatie rwandaise, l’aéroport étant situé sur un territoire contrôlé par l’AFC/M23, sa réouverture doit être discutée avec les rebelles dans le cadre des négociations de Doha, aux côtés des autorités congolaises et du médiateur qatari. Il a ajouté que « ce n’est pas à Paris qu’on va décider de la réouverture de l’aéroport de Goma » et que « cette réouverture ne peut se faire dans le contexte sécuritaire actuel ».
Une position confirmée par l’AFC/M23 dans la soirée. Pour Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, dont le mouvement n’a pas été invité à la conférence de Paris, la décision est « inopportune, déconnectée de la réalité du terrain et prise sans consultation préalable ». Ce dernier met au défi le gouvernement congolais d’ouvrir l’aéroport sans consulter la rébellion, démontrant ainsi qu’il sera difficile de rouvrir l’accès d’un coup de baguette magique.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, affirme pour sa part que l’aéroport a été fermé par le gouvernement et qu’il lui revient de décider de sa réouverture partielle, uniquement pour des vols humanitaires.
Dans cette conférence de Paris, le dernier volet abordé était diplomatique. L’idée pour Paris est de faire avancer la paix et renouer la confiance entre tous les acteurs. La mobilisation de la communauté mondiale est importante face à l’urgence humanitaire dans l’Est de la RDC, la présence de différents pays africains peut renforcer et soutenir la médiation en cours menée par les États-Unis et le Qatar dans le conflit entre Kinshasa, Kigali et l’AFC/M23.
Parallèlement au processus de Washington qui a débouché sur un accord de paix entre la RDC et le Rwanda en juin dernier, des négociations sont en cours depuis plusieurs mois entre Kinshasa et l’AFC/M23 sous médiation du Qatar. En juillet, les deux parties ont signé une déclaration de principes en faveur d’un cessez-le-feu qui n’a pas non plus mis fin aux affrontements, même si le front s’est stabilisé. Plus de 80 % des structures de santé connaissent des ruptures de stocks, alors que les blessés continuent à « affluer » dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a alerté le Comité international de la Croix-Rouge.
Ce conflit, qui a démarré en 2021 avec la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda, a atteint des proportions inégalées en 2025 avec l’occupation de la ville de Goma et de Bukavu par les troupes rwandaises en appui aux rebelles. Depuis le début des discussions à Washington ou à Doha, les progrès sont minimes. L’accord de Washington renvoie aux dispositions d’un concept d’opérations (Conops) signé par les deux parties fin octobre 2024. Ce dernier prévoyait dans un court délai de trois mois la « levée des mesures défensives du Rwanda », c’est-à-dire le retrait des soldats rwandais de la RDC, ainsi que la neutralisation par Kinshasa des FDLR, un groupe de rebelles rwandais accusé par Kigali de menacer sa sécurité depuis l’Est de la RDC. Sur le terrain, la neutralisation de ces rebelles se fait attendre malgré l’appel de l’armée congolaise à leur reddition volontaire. Résiduel, ce groupe armé n’a pas la capacité d’opération pouvant inquiéter le Rwanda d’après plusieurs rapports. Ses éléments – moins d’un millier – étaient en majorité dans la zone occupée actuellement par l’armée rwandaise et les rebelles du M23. Ces divergences d’approche sur la présence de ces rebelles ainsi que la présence des troupes rwandaises continuent de brouiller le signal de la paix dans l’Est de la RDC. Mais Washington continue d’espérer à un retour de la paix, peu importe le temps. « La paix, c’est un processus, pas un interrupteur qu’on allume ou qu’on éteint », a déclaré Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique de Donald Trump.
Heshima
Politique
FORMATION DU PROCHAIN GOUVERNEMENT UNE BOITE DE PANDORE ?
Au terme de la mission d’informateur d’Augustin Kabuya, il ne sera probablement pas facile, au sein de l’Union sacrée de la nation, de trouver un compromis autour du Premier ministre et de la formation du gouvernement. De quelle province sera originaire le Premier ministre et quelles seront ses priorités ? Avec qui devra-t-il composer ? Analyse.
Published
2 ans agoon
avril 14, 2024By
RedactionH
Tout porte à croire que l’informateur Augustin Kabuya n’aura pas besoin de voir son mandat prorogé pour boucler le travail qui lui a été confié par le chef de l’Etat, d’autant plus qu’il l’avait déjà commencé en coulisses. Comme l’a dit Vital Kamerhe avec qui ils se sont rencontrés dans le cadre de ces consultations, la majorité est bel et bien effective et il suffit simplement de la comptabiliser et la consigner sur papier.
En examinant bien le contexte, le rapport du secrétaire général de l’UDPS devait normalement atterrir sur la table du chef de l’Etat dans les dix premiers jours de mars – sa nomination étant intervenue le 7 février.
A qui la Primature ?
En tout état de cause, la gestion des ambitions ne sera pas aisée avec 44 regroupements politiques dont deux grandes forces parmi eux, à savoir l’UDPS et sa mosaïque (140 sièges), et le Pacte Républicain pour un Congo Retrouvé (PCR) de Kamerhe et consorts qui compte environ 115 députés nationaux – sans oublier la plateforme de Jean-Michel Sama Lukonde et celle de Bahati Lukwebo. L’UDPS arrive en tête selon les résultats provisoires des législatives nationales du 20 décembre 2023 et ce décompte lui donne automatiquement droit au poste de Premier ministre, mais il faut quelqu’un d’une autre province que le Kasaï. L’informateur, dans sa peau de secrétaire général du parti présidentiel, a toutefois annoncé le 10 mars que le poste de Premier ministre reviendra à l’UDPS.
On se doit ainsi de désigner une personne compétente et en tenant compte de sa province d’origine, conformément au principe de la représentativité nationale consacré dans la Constitution. Les deux précédents chefs du gouvernement, Ilunga Ilunkamba et Sama Lukonde, ayant été originaire du Grand Katanga, les autres provinces veulent aussi voir leurs fils accéder à cette fonction prestigieuse. Sans attendre, des chefs coutumiers du Kasaï central demandent que la Primature et quatre ministères leurs soient accordés. Sur ce point, Kabuya a été aussi clair: la primature reviendra à l’UDPS mais pas à un originaire du Kasaï.
Un partage difficile en vue
Mais, il n’y a pas que la Primature que la classe politique brigue. Parce que les partis ayant remporté les plus grands scores aimeront se taper la part du lion, la tâche de répartition des ministères s’avère délicate et requiert du tact. Le nœud du problème se pose surtout autour des quotas. Or, pour avoir soutenu la candidature de Félix Tshisekedi, tout le monde estime avoir voix au chapitre. Comment donc faire pour que tous les partis, les regroupements et les personnalités politiques de l’Union sacrée trouvent chacun son compte ? Telle est la pertinente interrogation. Seulement, s’il faille considérer l’exigence de la formation d’un gouvernement resserré, la frustration ne manquera pas, particulièrement du côté des poids plumes.
Dans ce lot, il ne faudra pas négliger non plus ceux de l’USN qui ont atteint le seuil de représentativité lors des dernières élections, mais qui n’alignent pas d’élus dans les assemblées délibérantes. Faisant partie de cette catégorie, l’Alliance des partis politiques extraparlementaires de l’Union sacré de la nation réclame d’être associée à la gouvernance. Peut-être que certains ne pourront trouver leurs comptes que lorsque la question de la répartition des postes dans les entreprises publiques, à la Banque centrale du Congo (BCC)… fera l’objet de négociations.
lDans tous les cas, dès sa formation, le prochain gouvernement aura véritablement du pain sur la planche. Il devrait s’occuper le plus rapidement et prioritairement de la guerre que le Rwanda impose à la RD Congo dans sa partie Est et aussi de la situation socioéconomique alarmante de la population.
Hubert MWIPATAYI
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