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Economie

Bukanga Lonzo : Le mystère

C’était un projet grandiose, ambitieux, louable et noble à la hauteur d’un pays aux dimensions continentales, aux potentialités énormes et à une population nombreuse.
Le parc agroalimentaire de Bukangalonzo a été lancé avec pompe le 15 juillet 2014 par le président Joseph Kabila. Réunissant le Gouvernement congolais dans un partenariat public-privé avec une société sud-africaine Africom Commodities, Bukangalonzo avait pour objectif ambitieux de transformer près de 800 kilomètres carrés en un temple de l’agriculture mécanisée de manière à servir de pépinière à la capitale Kinshasa et ses environs quant aux produits vivriers. Allusion faite notamment au maïs, au manioc et à bien d’autres produits.

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Photo: Shutterstock

Quand le 5 mars 2015, Joseph Kabila s’est hissé dans un tracteur pour fêter la première récolte, c’était censé être également un moment triomphant.

Au stade actuel, le parc est aux arrêts. En visite sur le site, en février de l’année en cours, le Ministre de l’Agriculture Joseph Antoine Kasonga a dressé un tableau sombre de la situation. Même constat pour le Premier ministre Sylvestre Ilunga. Le Chef du gouvernement a trouvé des tracteurs neufs jamais utilisés et dont les moteurs ont été retirés et montés sur des baleinières appartenant aux privés. Des tonnes d’engrais chimiques abandonnés ont été aussi retrouvées sur place. Ce sont 10.000 congolais qui ont raté une opportunité d’embauche. Au finish, ce sont à peu près 100 millions USD des deniers publics qui se sont volatilisés. Et cela au grand dam de l’opinion nationale et internationale.

Départ biaisé !
Un rapport publié par le groupe de surveillance basé aux Etats-Unis, l’Oakland institute, indique que le parc était défectueux depuis le début. Ledit rapport allègue que les agriculteurs des villages voisins ont été induits en erreur et dépossédés de leurs terres coutumières. « Vous ne pouvez pas aller de l’avant et développer l’idée que vous allez retirer des ressources de votre peuple à un investisseur étranger » a déclaré Frédéric Mousseau, auteur du rapport et directeur des politiques à l’Oakland institute.

En outre, dès le début, la gestion a été calamiteuse ponctuée par des arrangements financiers douteux à en croire le rapport d’audit divulgué par Ernst et Young commandé par le gouvernement congolais en 2015 par Mongabay. Plus de 100 millions USD des fonds publics dépensés dont plus de la moitié transféré directement à Africom Commodities. Des fonds non comptabilisés et des prix supérieurs à la normale facturés pour l’équipement et les services.

Le Ponce Pilate de Matata Ponyo !
Pointé du doigt ces derniers temps dans la débâcle du parc agroindustriel, le Premier Ministre honoraire Augustin Matata rejette en bloc toutes les accusations portées à son endroit. Pour ce technocrate, il ne peut répondre de quelque chose dont il n’avait pas la gestion. « Le contrat n’a pas été signé par la Primature.

Ce sont les ministères de l’Agriculture, des Finances, du Portefeuille et de l’Industrie représentés par leurs ministres de tutelle qui ont signé le contrat avec les responsables de l’Entreprise Africom Commodities » a-t-il argué tout en reconnaissant l’impulsion et l’appui solennels du Premier Ministre qu’il était. Le sénateur Matata s’est dit victime d’une campagne de sape savamment orchestrée par ses détracteurs pour faire croire à l’opinion qu’il a échoué.

« C’était un projet grandiose, ambitieux, louable et noble à la hauteur d’un pays aux dimensions continentales, aux potentialités énormes et à une population nombreuse. »

L’ancien Chef du gouvernement expose ses réalisations :
✔ stabilité du cadre macroéconomique ;
✔ création de Congo Airways (seule compagnie d’aviation de l’Etat, Transco qui tend vers sa disparition, l’initiative « Esprit de vie » qui n’est plus encadrée et la construction de près de 700 écoles en un temps record. Pour consolider son innocence, l’élu du Maniema a lui-même fait le pas vers les autorités. Ce dernier a saisi par écrit l’Inspection Générale des Finances (IGF).

Son souci est de voir la vérité éclater dans ce dossier et que les responsabilités des uns et des autres soient établies. Est-ce une fuite en avant de l’ancien Premier Ministre ? Quoi qu’il en soit, en sa qualité de Chef de Gouvernement, Matata avait un droit de regard sur l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Qu’avait-il fait pour sauver le bateau qui commençait à chavirer ? En tout état de cause, il n’a qu’une faible marge de manoeuvre qui puisse le dédouaner. Matata devra répondre devant les instances en sa qualité de Chef de Gouvernement. Et le cas échéant les différents Ministres sectoriels impliqués dans le dossier. Selon Matata, l’Agriculture a toujours été classée comme un domaine de sécurité nationale. L’agriculture est subventionnée même aux Etats-Unis mettant l’Etat face à ses responsabilités.

Bukangalonzo s’inscrit dans un vaste projet de construction de 22 parcs agroindustriels de la RDC, couvrant une superficie de 15.000 kilomètres carrés. Le parc de Bukangalonzo est situé entre les provinces du Kwango et du Kwilu et s’étend sur deux territoires à savoir Kenge et Bagata pour une superficie d’environ 80.000 ha avec une population de 4.490 habitants.

Victime de la convoitise !
Les propos d’Augustin Matata sont très évocateurs sur la peur suscitée par ce projet : « Tous ceux qui étaient des acteurs principaux dans l’importation des produits alimentaires pour un chiffre d’affaires d’au moins un milliard de dollars par an, pensez-vous qu’ils devraient être contents de voir s’installer un tel projet dans ce pays ? Et le projet qui commençait à faire peur à certains pays voisins qui craignaient d’être envahis par les produits venant de la RDC.

La RDC devant la barre !
S’estimant lésé, Africom Commodities a saisi la Cour internationale d’arbitrage de Paris. La société sud-africaine réclame 20 millions de dollars à titre des dommages et intérêts.

Cette firme du pays de Nelson Mandela reproche à l’Etat congolais d’avoir cessé les paiements programmés pour le fonctionnement du parc. Pour rappel, le Gouvernement congolais avait arrêté le financement destiné au parc en décembre 2016. Ce qui coïncide avec La fin du gouvernement Matata.

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RDC : chiffré à 17,5 milliards USD, le projet de budget 2025 augmente de 21 % par rapport à l’exercice 2024

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Le Ministre d’État en charge du Budget, Aimé Boji, a présenté, le 9 septembre dernier, au conseil des ministres extraordinaire, le projet de loi de finances pour l’année 2025. Il a également présenté un projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2024. Le projet pour l’exercice 2025 est équilibré en recettes et en dépenses à hauteur de 49 847 milliards de FC, soit une augmentation de 21,6 % par rapport au budget de l’exercice 2024, estimé à 40 464 milliards FC, soit 16 milliards de dollars.

Ce projet alloue des crédits conséquents aux secteurs prioritaires, en privilégiant les politiques publiques et les actions gouvernementales visant à diversifier l’économie nationale.
« La structure des dépenses du budget général a été modifiée, notamment au niveau de l’enveloppe salariale, qui est passée de 9 029,4 milliards à 9 609,5 milliards de FC, soit une augmentation de 18,3 % par rapport à 2024 », rapporte le ministre d’État en charge du Budget, cité dans le compte rendu du dernier conseil des ministres extraordinaire.

Un autre secteur en croissance est celui des investissements, avec des prévisions de 21 965 milliards de FC, soit une hausse de 18,2 % par rapport à 2024. Le ministre a également présenté les grandes lignes du Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) 2025-2027, qui intègre la politique budgétaire définie par le gouvernement dans son Programme d’Actions 2024-2028.

« La trajectoire de la programmation budgétaire prend en compte l’activité économique prévue pour la période, avec un taux de croissance économique moyen de 6,4 % sur les trois prochaines années, ainsi que le contexte international et la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est du pays », a expliqué Aimé Boji.

En matière de recettes, les réformes visent à élargir l’assiette fiscale, à augmenter la pression fiscale et à recourir à l’emprunt sur les marchés financiers locaux et internationaux. Du côté des dépenses, Aimé Boji a insisté sur le renforcement de l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques, la mise en œuvre de la loi sur la programmation militaire, ainsi que la poursuite des efforts pour relever les défis du développement et diversifier l’économie.

Budget 2024 rectifié

Le gouvernement n’a pas réussi à mobiliser les 16 milliards de dollars projetés pour l’exécution du budget 2024. L’exécutif national s’apprête donc à soumettre un projet de loi de finances rectificative pour l’exercice budgétaire en cours, chiffré à 44 410 milliards de francs congolais (CDF), soit environ 15,8 milliards de dollars. L’enveloppe budgétaire, initialement fixée à 16 milliards de dollars, a perdu près d’un milliard. Lors de son adoption en 2023, les députés nationaux avaient privilégié les dépenses liées à la sécurisation du pays, ainsi que les secteurs sociaux et ceux porteurs de croissance, dans l’optique de diversifier l’économie. Toutefois, un déficit d’environ un milliard de dollars est apparu après la mobilisation des recettes.

Des efforts inédits…

Depuis 2019, le budget de la RDC a connu une hausse significative, passant de 6 milliards à 15 milliards de dollars en 2024, selon le projet de loi de finances rectificative bientôt déposé à l’Assemblée nationale.

Sous la gouvernance de Félix Tshisekedi, les recettes du pays ont nettement augmenté, permettant la création de richesses avec environ 6 milliards de dollars de réserves de change à la Banque centrale du Congo, un record depuis l’indépendance. Cela signifie que la RDC peut couvrir ses besoins d’importation pendant quatre mois, alors qu’avant, les réserves, d’environ un milliard de dollars, ne couvraient que deux semaines d’importations. Pourtant, en 2019, certains membres de la majorité au pouvoir (FCC-CACH) et des experts financiers étaient sceptiques quant à une telle hausse du budget national.

Heshima

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Banque Centrale du Congo: Malangu Kabedi, un management qui ne rassure pas

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Le 19 juillet 2024, Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi a totalisé trois ans à la tête de la Banque centrale du Congo (BCC). Jusque-là, sa gestion n’est hélas pas rassurante. 

Alors que ses missions étaient d’assurer l’indépendance de la BCC, la stabilité du système monétaire et une régulation bancaire efficace, rien de concret n’est enregistré trois ans après. Pourtant, d’aucuns pensaient qu’avec l’arrivée de cette ancienne fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), le président Tshisekedi avait finalement trouvé « l’oiseau rare » digne de s’occuper du levier stratégique du pouvoir monétaire et financier que représente la BCC.  

Qui l’eut cru ! La conduite des politiques monétaire et de change de la BCC par la gouverneure est caractérisée par l’incompétence et l’incertitude.  Du coup, nombreux sont ceux qui estiment que Félix Tshisekedi devrait sans doute la remercier et se chercher quelqu’un d’autre à ce poste. Lorsqu’on sait que des soupçons de détournement, en complicité avec l’ex-ministre des Finances, pèseraient sur elle, on se demande si le président de la République ne peut seulement pas écourter son mandat de 5 ans à la tête de cette institution. 

Depuis sa nomination à cette fonction suite à une ordonnance présidentielle signée le 5 juillet 2021, Marie-France Kabedi Malangu Mbuyi n’est pas parvenue à stabiliser le taux de change de la monnaie nationale, lequel ne fait que s’effriter face au dollar américain. 

Pareil manque de performances de la part d’une personne présentée au départ comme membre d’un cercle fermé de femmes à la tête des banques centrales, n’est pas de nature à encourager  le champion de la masculinité positive… 

Fiasco de la stabilisation du taux de change

S’il existe un aspect où la gouverneure de la BCC a échoué sur toute la ligne, il s’agit bien de la lutte contre la dépréciation du franc congolais. A sa nomination, le taux de change affichait 1989 Francs le dollar américain et sur le marché parallèle il était de 2000 CDF, le dollar. Aujourd’hui, nous frôlons les 3 000 FC le dollar US. 

La pression sur le marché de change étant forte, la monnaie nationale ne fait dès lors que dégringoler par rapport au dollar américain, rappelant la triste période de la dévaluation du « nouveau zaïre ». Le franc congolais, à titre illustratif, a perdu en l’espace d’une année 20 % de sa valeur, soit 2000 FC pour 1 dollar en décembre 2022 et 2675 FC pour 1 dollar en décembre 2023. 

Certes des actions ont été prises, au nombre desquelles la modification du taux directeur, celles-ci se sont montrées improductives. Non seulement que  ces dernières n’ont pas pu stabiliser le taux de change, elles n’ont pas su aussi limiter la surliquidité des espèces sur le marché. 

Entre autres stratégies appliquées mais qui n’ont rien donné, il est cité de manière récurrente l’arrêt des paiements en espèces au guichet de la BCC ; le resserrement de la politique budgétaire avec un regard sur la qualité de la dépense ; le resserrement du dispositif de la politique monétaire ; et la poursuite des interventions sur le marché des changes pour renforcer l’offre des devises. 

Autant dire, par ailleurs, que le franc congolais n’est pas arrivé à retrouver sa fonction de réserve, celle qui permet à une monnaie de garder sa valeur au bout d’un moment. Le dollar américain, c’est le cas de le souligner, est toujours utilisé en parallèle et est toujours une monnaie de référence pour les commerçants qui en ont toujours besoin.

Soupçons de détournement 

Alors qu’elle est appelée à assainir les finances publiques au niveau de la BCC en luttant contre des décaissements frauduleux, la gouverneure de la BCC aurait accompagné l’ex-ministre des Finances dans des détournements, particulièrement en ce qui concerne le paiement en procédures d’urgence. Une plainte a même été déposée contre elle le 22 juillet 2024 auprès du procureur général près la Cour de cassation par l’Association de lutte contre la corruption pour détournement de plus de 27 millions de dollars, en complicité avec l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi.

Poing présidentiel sur la table

Avec la flambée des prix des denrées de première nécessité composant le panier de la ménagère, le pouvoir d’achat de la population ne fait que diminuer en raison de la dépréciation du franc, accentuant la crise sociale. 

Le chef de l’Etat n’a cessé, à ce sujet, d’appeler le gouvernement et la BCC à stabiliser la monnaie nationale en vue de préserver le niveau de vie des Congolais. Lors de son allocution prononcée le 30 juin 2023, le président de la République avait appelé à accentuer les efforts de stabilisation des paramètres macroéconomiques, afin de limiter au maximum les effets néfastes sur la consommation des ménages…   Sous la Première ministre Judith Suminwa, il a aussi réitéré le même message. 

Déjà, pendant la campagne électorale de 2023, sur les ondes de Top Congo FM, le candidat numéro 20 s’était montré mécontent sur le management de la BCC. « Ce n’est pas dans mes prérogatives, mais par deux fois j’ai convoqué une réunion avec les autorités de la BCC, pour leur demander ce qui ne marche pas », avait-il répondu à une question portant sur le taux de change. 

Beaucoup de ratés 

Au vu du profil tant vanté de la gouverneure,  trop de bémols sont relevés car il ne correspond pas avec la réalité sur le terrain. On ne voit pas en quoi elle s’est démarquée par rapport à ses prédécesseurs que sont Jean-Claude Masangu Mulongo, Djamboleka Loma Okitongono, Deogratias Mutombo ou Jean-Gualbert Nyembo Shabani. 

C’est quand même étonnant lorsqu’on sait que Kabedi Malangu a passé 32 ans au sein du FMI où elle a assumé plusieurs fonctions. 

Pour sa part, un expert qui connait bien cette institution de Bretton Woods émet une remarque pertinente : « Nulle part en Afrique le FMI, en près de soixante ans de présence, n’est parvenue à redresser les finances publiques d’un Etat ».  On peut ainsi comprendre pourquoi certaines décisions ont été apparemment prises à tâtons, un peu comme par essais et erreurs. Le paramétrage des terminaux de paiement électroniques uniquement en franc congolais, sous prétexte que l’institut d’émission veut renforcer son dispositif d’encadrement du secteur de paiement en rapport avec les mesures d’accompagnement du franc congolais ne tient pas. C’est ce que nombre experts notamment du secteur des finances et de l’économie ont démontré une fois que cette décision était prise. 

De même, la décision de la BCC demandant aux sociétés minières de payer leurs impôts en franc congolais (CDF) est fortement critiquée par des économistes. 

HESHIMA

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