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Culture

Koffi Olomide, d’hier à demain !

Star de la scène musicale congolaise si prisée, ce talentueux artiste-musicien, toujours
en vogue depuis un peu plus de quarante ans, a su élever la musique à une gamme encore plus
haute et en devenir l’un des monuments les plus emblématiques de son histoire.

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Photo: Shutterstock

De son vrai nom, Antoine Agbepa Mumba, Koffi Olomide né le 13 juillet 1956 à Kisangani en République Démocratique du Congo, grandit d’abord dans la commune de Lemba surnommée fièrement Quartier Latin à cause de sa proximité avec le campus de l’Université de Kinshasa qui semble avoir déversé son savoir sur les Lembaltèques.

Serait-ce de ce passage dans cette commune avant son installation à Lingwala qui l’inspira ultérieurement le nom de son orchestre ou son séjour estudiantin en France d’où vient la dénomination de cet espace marqué par la présence de la prestigieuse Université de la Sorbonne de Paris et toute l’ambiance qui lui est associée ?

Toujours est-il, c’est dans ce vivier intellectuel que ce garçon intelligent prendra comme modèle artistique la veine poétique et intello de la musique congolaise initiée par des ensembles musicaux des étudiants congolais de la Belgique comme les Los Nickelos et le Yéyé National ou encore de Tabu Ley Rochereau.

Dans tous les cas, Koffi Olomide dévoile très tôt ses talents artistiques. Dès l’âge de 13 ans, il apprend à jouer de la guitare et se lance dans les années 70 dans la composition des chansons en dilettante et son talent de parolier le fera surnommer « l’étudiant le plus célèbre du Zaïre ».

Les voies du destin
Alors que Papa Wemba essaye de sortir de ses déboires avec ses anciens collègues de Zaïko Langa-Langa et de Isifi Lokole, Koffi Olomide vient à sa rescousse dans Viva la Musica, le nouvel orchestre qu’il vient de monter en 1977, en étant certainement l’un de ses meilleurs paroliers avec des tubes à succès comme Mère Supérieure, Aïssa na Zoé, Ebale Mbonge… Lui-même se décide à interpréter ses propres compositions et monte sur scène au côté de Papa Wemba et le public découvre un jeune homme aux allures timides qui lui débite de très belles mélopées comme Princesse ya Sinza, Anibo, Ekoti ya Nzube, Elengi ya mbonda, Bien aimée, etc.

En dépit de ses hésitations à tracer son avenir professionnel après l’obtention de son diplôme en sciences commerciales de l’Université de Bordeaux, les voies irrésistibles du destin le happent pour l’imposer dans ce domaine musical où il parvient à relever le défi de se faire adopter auprès d’un public kinois réputé pour son exigence.

« Il est le premier artiste Africain Noir à remplir l’imposant Palais Omnisports de Bercy à Paris en 2000 »

Son style de crooner de la rumba congolaise ne se démentira pas au fil du temps car son savoir-faire ne cesse de se confirmer. Il lui donnera le nom de Tcha Tcho, en se faisant accompagner par son orchestre Quartier Latin International créée en 1986. Son art se définit comme un mélange indéfinissable de noblesse de coeur exprimée dans des mélodies et paroles imprégnées de classe et de subtilités qui tout de suite font les délices de la gent féminine, chacune des « Koffiettes » émues dans leur sensibilité se sentant être élevée sur un piédestal. Parfois au grand dam des hommes qui voient en lui une grande capacité d’entregent même si dans leur rang se comptent aussi de nombreux « Koffiphiles ».

C’est dire que son thème de prédilection est l’amour chanté en susurrant ces phrases joliment tournées qu’on dit être des traductions en lingala des grands poètes du monde, avec des sentences en français glissées ici et là ainsi que des formules qui font autorité et méritent sans conteste à être décortiquées. Il en abordera bien sûr d’autres, comme celui de la réplique aux commérages de ses détracteurs jaloux, de son succès fulgurant en réponse aux fausses rumeurs, sur son arrestation voire de l’annonce de son atteinte de sida (Droits de l’homme, Petit frère ya Yesu), celui de la séparation dramatique suite au départ vers d’autres cieux (Ngobila), celui de l’hommage des célébrités (Henriquet, miss Congo 1988 ou D’jino) comme d’autres dans leur malheur (Myriam Moleka), ou encore celui de la famille et de l’amitié…

Il finit par arracher un premier titre comme «Meilleur vedette de la chanson zaïroise».

Mega star !
Dès l’aube des années 90, Koffi Olomide prend son envol : année après année, tube après tube, le succès ne cesse de coller à la peau de Koffi Olomide.

D’auteur-compositeur-interprète talentueux, Koffi Olomide ajoute une autre corde à son arc : celui de chorégraphe par son jeu scénique en adoptant la danse Ndombolo incontournable pour animer les sorties et les fêtes dans toute l’Afrique et sa diaspora durant plus d’une bonne décennie.

Il rentre dans la cour des grands grâce à ses opus de haute facture et acquiert bien vite une dimension africaine, puis carrément mondiale, couronnée par une comptabilité hyper élogieuse de marques de reconnaissance. Il glane les exploits et les trophées.

Il décroche plusieurs disques d’or, successivement en 1994 avec « Noblesse oblige », en 1998 avec «Loi», l’année suivante pour le compte de Quartier Latin International avec « Droit de veto », en 1999 suivi de « Attentat » en 2001, « Effrakata » et en 2008 pour «L’album du Prêtre autrement dit Bord ezanga kombo».

Il se voit décerner de nombreuses distinctions prestigieuses : à domicile comme meilleur auteur compositeur et meilleur album de l’année 1991 aux Trophées de la musique zaïroise pour « les Prisonniers dorment » puis sept fois plébiscité en 2002 pour l’album « Effrakata » (meilleur album de l’année, meilleure chanson de l’année pour « Effervescent », meilleur auteur-compositeur et meilleur artiste-musicien pour lui-même, meilleur chanteur pour Fally Ipupa, meilleur animateur pour Kérosène, meilleur orchestre pour Quartier Latin) ; à Abidjan en 1994, meilleur chanteur et meilleur clip ; en Afrique du Sud, la collection des Kora Awards comme meilleur artiste d’Afrique centrale en 1998, simultanément en 2002, quatre Kora pour à la fois être le meilleur artiste d’Afrique centrale et le meilleur artiste masculin d’Afrique, à avoir conçu la meilleure vidéo d’Afrique et gagner le Prix spécial du Jury, et encore le Kora Award en faveur de son orchestre en 2003 primé comme meilleur groupe africain, sans oublier le Kora Award en 2005 en guise de récompense pour l’ensemble de sa carrière en tant que meilleur artiste de la décennie.

Sollicité partout, même par les puissants d’Afrique pour des tournées dans les palais présidentiels du Gabon et du Congo-Brazza, il triomphe dans des salles mythiques : il est le premier artiste Africain Noir à remplir l’imposant Palais Omnisports de Bercy à Paris en 2000 ; il prend d’assaut l’Olympia de Paris en 1998, le Zénith de Paris à cinq reprises (1998, 2001, 2003, 2007, 2009), le Stade des Martyrs de Kinshasa en 2002, avec parfois des constats dramatiques avec 16 morts en 2003 dans un stade au Bénin consécutivement à une bousculade pour cause d’affluence, rançon de l’engouement mal maîtrisé par les organisateurs.

Sa présence est notoire dans les médias internationaux (Trace Africa, M6, Canal +, MCM Africa, TV5 Monde, France 24, RFI…) et les réseaux sociaux notamment iTunes Store ou Youtube atteignant plusieurs millions de vues en ce compris des répercussions dans la vente colossale des disques.

Tout au long de sa carrière, il s’affuble ou on lui gratifie des surnoms élogieux tels Rambo, Kolo Lupemba (porte-bonheur), Quadra Kora Man pour les 4 Koras décrochés, Mopao Mokonzi, ou Mopao Sarkozy en souvenir des habitants du XVIème arrondissement de Paris administrés par un certain maire nommé Sarkozy, Akram Ojjeh un milliardaire libanais, Songe ya Mbeli (pointe de couteau !)…

Apothéose mi-figue, mi-raisin !
Alors que Koffi Olomide est au summum de son art, son brillant parcours est semé d’embûches et entaché de déboires judiciaires.

Il doit faire face à la défection en 2006, de ses collaborateurs, des chanteurs de haut vol comme Fally Ipupa, Ferré Gola et bien d’autres piliers de son orchestre qui conduisent à sa désintégration. Ce n’est pas une première pour Koffi, qui avait subi un choc aussi virulent en 1998 lorsque Bouro Mpela, Sam Tshintu, Modogo Abarambwa, Somono Dolce, Mboshi lipasa, Patty Bass, Lebu Kabuya, décident de rester en Europe et créent le groupe Académia.

Seulement, les départs de Fally et Ferré, deux de ses plus belles pioches coïncident, dans la foulée, avec des dossiers aussi farfelus que compliqués. Koffi est victime de la virulence de l’action des Combattants, groupe d’opposants de la diaspora congolaise qui frappe d’ostracisme depuis 2010, les artistes-musiciens du terroir accusés de soutenir le régime en place à Kinshasa et de dépravation des moeurs.

Sur le registre des démêlés judiciaires, le Grand Mopao est condamné avec sursis par la justice française et congolaise pour diverses affaires judiciaires.

Ces événements ne l’ébranlent toutefois pas, il n’en démord pas moins dans la voie du succès, signe de la solidité d’une maturité : il procède au remplacement de son ensemble musical par les Mineurs de Quartier Latin composés de “mon ami Guelord”, Guanghzou, Arabe, Zoé Bella, Scotty Pipen, Ba pinces, et à l’intégration d’autres talents comme Cindy Le Coeur, tête de gondole de son succès futur, mais aussi Jos Diena, Gabanna Tatshou, Ono Kapanga, Jitrois Galliano. Il décide de la constitution du label Koffi Central en 2013, il se consacre à l’émergence des jeunes pousses.

Renaissance !
Néanmoins, après ce qu’il convient de qualifier de traversée du désert, du moins sous les cieux européens, après une absence d’au moins 11 ans sur la scène européenne, Koffi Olomide sera en concert dans la plus grande salle de spectacle du vieux continent, “Paris la Défense Arena” dans la capitale française, le 13 février 2021, pour la précision à 21h13.

Désormais, le boycott souvent qualifié d’injustifié dont ont été victimes les artistes-musiciens Congolais de la part des combattants de la diaspora congolaise les empêchant de se produire sur les scènes n’a plus de raison d’être : de plus, aujourd’hui un des leurs en la personne du Président Félix Tshisekedi se trouve à la tête du pays. Déjà, le succès de la tenue en février 2020 du concert de Fally Ipupa à Paris, malgré l’ombre des menaces et les tentatives manifestes de sabotage, donne le ton.

Ce grand come-back est annoncé avec pompes et les différents supports que ce soit sur les pages Facebook et Instagram de l’artiste musicien et l’attente est à la mesure de ce grand événement de retrouvailles fusionnelles entre Koffi et ses fans dans un contexte de pandémie de Covid-19.

D’abord par son ampleur, l’ambition de Mopao Mokonzi est montée d’un cran pour affronter ce qui représente aujourd’hui la plus grande salle d’Europe d’une capacité de 42.000 places, soit pratiquement le double du Palais Omnisports de Paris Bercy investit vingt-ans auparavant, exploit qui avait fait de lui le premier artiste Noir Africain à remplir ce qui était alors considéré comme le plus vaste lieu de spectacle parisien.

Ensuite par sa charge émotive, tant par les retrouvailles de l’artiste avec son public au point d’annoncer lui-même les couleurs en s’épanchant dans l’émission musicale « C’est le moment » d’Ata Ahli Ahebla : « Je verserai des larmes ce jour-là en les revoyant. Ils me manquent terriblement ». Et vice-versa pour le compte de ses fans par le background de tous les souvenirs des décennies passées contenus dans les tubes qui seront chantés ce jour-là et les promesses du show.

D’ores et déjà, la répétition bat son plein et la billetterie du concert est opérationnelle depuis le 23 juin 2020.

C’est donc dire que ce qu’il qualifie être « le concert de sa vie » sera l’expression de la consécration grandiose d’un succès prolifique et qui selon ses propres mots mettra «le Congo et l’Afrique à l’honneur».

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Culture

LE GNETUM SPP LÉGUME VERT FAIT À BASE DE PÂTE D’ARACHIDE

Connue en France sous l’appellation Gnetum africanum, le fumbwa est une liane forestière. On le retrouve aisément en Asie (tropicale et subtropicale), en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique Centrale. Mets très convoité, le Gnetum spp est aussi connu sous l’appellation d’Okok dans la partie francophone du Cameroun et d’Eru pour les anglophones. Mais aussi de Koko au Gabon, Angola, Congo, Centrafrique, d’Afang pour certaines tribus du Nigeria ou encore d’Ukazi pour d’autres.

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Bien longtemps, le fumbwa était un plat traditionnel et local consommé par les peuples Kongo vivant dans l’ouest de la RDC et l’Angola. Il est préparé avec les feuilles de Gnetum sp. dont il porte le nom en langue locale, le fumbwa. Mais, au fil des temps, il s’est imposé et est actuellement consommé par les autres ethnies qui apprécient son goût délicieux et son apport nutritionnel. Il est disponible dans les magasins africains, antillais, indiens et turcs. Même si son appellation diffère d’un lieu à l’autre, cette plante verte à la texture dure est convoitée pour ses différentes vertus. Qu’elles soient culinaire, médicinale ou esthétique, le fumbwa fait l’unanimité ! De plus, il constitue une filière commerciale très lucrative. Il est apprécié et principalement consommé localement. La plante est également exportée de la RDC notamment au Nigeria, et même jusqu’en France, aux États-Unis et au RoyaumeUni.

 Le Gnetum spp. est une treille trouvée la plupart du temps dans les jachères et les forêts secondaires, de qui les feuilles sont employées en tant que riches d’un légume feuillu en protéine. C’est l’un des rares légumes verts disponibles tout au long de l’année. Son importance dans la sécurité alimentaire ou comme source de revenu devient donc très important. C’est ainsi qu’il était choisi parmi les trois PFNL phares en RDC pour le projet « Mobilisation et renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises impliquées dans les filières des produits forestiers non ligneux en Afrique Centrale » regroupant quatre principaux acteurs, à savoir CIFOR, FAO, SNV et ICRAF. Dans cette perspective, une étude de base de la filière fumbwa a été menée en RDC. L’objectif de cette étude était de faire une analyse complète de filière afin de proposer des solutions pour sa gestion optimale. C’est ainsi que des enquêtes ont été menées auprès de différents acteurs de la filière notamment les cueilleurs, les commerçants et les consommateurs. Les enquêtes production « cueillette » ont été faites seulement dans la Province du Grand Equateur. En effet, dans les villages d’enquête, la cueillette des feuilles du fumbwa implique aussi bien les pygmées que les Bantou.

 Contrairement à ce qui se passe ailleurs, dans cette province, la cueillette des feuilles du fumbwa est en grande partie faite par les hommes et il ne fait pas partie des régimes alimentaires des populations, plus de 80% de la production sont destinés à la vente. Actuellement, la cueillette et la vente se font de manière individuelle. Pour la campagne 2007, par exemple, la production moyenne annuelle par cueilleur est estimée à 257 kg. La cueillette se fait une fois par semaine, ceci par le fait que l’avion qui l’affrète le fumbwa de la Province de l’Equateur à Kinshasa n’effectue qu’un vol par semaine. Si le vol est annulé toutes les quantités sont jetées car la durée de vie maximum des feuilles du fumbwa est de trois jours.

 Dans ce cas, le producteur n’est pas payé car le produit est acheté à crédit. Ces problèmes de transfert créent un grand fossé entre le prix au producteur et le prix au consommateur. Le producteur reçoit moins de 10% du prix du consommateur. En 2007, le revenu moyen annuel du fumbwa par producteur est estimé 36752 Fc soit 668$ tandis que les marges nettes du détaillant et du grossiste de Kinshasa sont estimées respectivement à 34.354 $ et à 19.495. Dans la ville de Kinshasa, le coût moyen du plat du fumbwa est estimé à 2 000 Fc, soit environ 1 $ auprès des malewa de fortune. Dans la ville de Kinshasa, le fumbwa qui au départ était pour les « Bakongo » est entré dans les régimes alimentaires de tous les Kinois. En RDC, les problèmes majeurs de la filière fumbwa sont la conservation et le transport, la rareté du produit n’est pas encore une préoccupation.

 Raymond OKESELEKE

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Culture

Musique : retour du clan Wenge, 25 ans après sa dislocation…

Après l’apothéose des années 90, le groupe Wenge Musica BCBG 4×4 s’est à nouveau taillé une place de choix auprès de ses mélomanes. A l’initiative du producteur Amadou Diaby, un concert historique a scellé la réconciliation de ce clan, le 30 juin 2022, au stade des Martyrs, à Kinshasa. Mais d’autres productions VIP attendent encore ces « Anges adorables »…

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Loin des feux de projecteurs, les grands de ce groupe composé de JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Alain Makaba, ont acté leur réconciliation, plus de 25 ans après, un lundi 22 janvier 2022 à Paris. Plusieurs projets ont germé de cette rencontre dont un méga-concert au stade des Martyrs de Kinshasa en prélude aux autres productions dont celle de Pullman, ce samedi 9 juillet et un album en commun.

Les leaders de Wenge Musica BCBG 4×4 Tout Terrain se sont réunis le 30 juin 2022 au stade des Martyrs pour produire un spectacle inédit à l’intention de leurs mélomanes. Cette occasion a permis aux Anges adorables de se retrouver, de faire revivre les beaux moments de l’époque avec des tubes mémorables, faisant danser même les plus jeunes.

Après le concert du stade des Martyrs à Kinshasa, les activités vont se poursuivre cette fois-ci dans un autre site à savoir, au Pullman Hôtel ce samedi 9 juillet 2022 à partir de 19 h30 par le même groupe réunifié. Ce sera un concert VIP programmé au Chapiteau de l’Hôtel Pullman dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. L’on se rappelle bien qu’au stade des Martyrs, le prix du billet était fixé à partir de 5000 Francs congolais (2,5 dollars), mais pour celui de Pullman, le prix est fixé à 300 dollars.

Au milieu de tous les défis que rencontre la RDC dans ses différentes sphères, le concert du stade des Martyrs organisé le jour de l’indépendance du pays était l’occasion de porter un message fort et poignant autour d’un idéal commun : l’Unité, comme véritable force motrice et incontournable pour la grandeur de la nation congolaise. L’annonce de ce méga-concert s’est réalisée de manière à attirer un flux de demande de billes d’accès dans un stade réservé à l’accueil de 80 000 spectateurs. Pour leur part, les mélomanes ont bel et bien consenti à l’appel des organisateurs. Par nostalgie, des fans ont afflué de tous les quartiers de Kinshasa, sans compter ceux de la diaspora, pour rehausser de leur présence le grand rendez-vous. Question de remettre au goût du jour tous les répertoires qui ont fait la pluie et le beau temps des années 1990.

Affaire 100 000 dollars…

La nouvelle défraie la chronique et va jusqu’à devenir virale sur les réseaux sociaux. Elle est bien au-delà de ce qu’auraient espéré les fans nostalgiques du groupe qui a marqué leur jeunesse. Bien plus qu’une simple réconciliation de ses anciens sociétaires devenus presque tous leaders de leurs propres formations musicales, Wenge Musica 4×4 est allé jusqu’à se reconstituer autour d’un projet à deux étapes sous la houlette d’Amadou Diaby. C’est un pavé dans la mare jeté lors la distribution non équitable des cachets empochés par Werrason et JB Mpiana au détriment des autres leaders du groupe à savoir Alain Makaba et Blaise Bula à l’issue du concert du stade des Martyrs. Les deux précités auraient perçu chacun 100 000 dollars contre plus ou moins 50 000 pour les deux autres. Cette affaire risquerait d’éclabousser à nouveau le clan parce qu’il aurait été prévu pour Werrason et JB Mpiana d’encaisser chacun 300 000 dollars après le concert de Pullman. Ces faits, s’ils arrivaient à être confirmés, pourraient susciter d’autres frustrations au sein d’un clan nouvellement reconstitué.

10 000 billets achetés du coup 

25 ans après leur séparation, l’ancien vice-président de la Fédération guinéenne de football, Amadou Diaby, a réussi à réunir les têtes d’affiche du clan Wenge pour ce qu’il appelle le  »concert du siècle ». Amadou s’est associé à des personnalités comme le producteur américain Teddy Riley, l’artiste malien Salif Keita et le musicien congolais Mohombi pour réussir cette entreprise.

Pour la première fois, ces personnages qui échangeaient des piques par média interposé se sont produits au stade des Martyrs. Devant un public euphorique, ils ont repris leurs titres phares, rappelant des souvenirs des années Wenge avant l’éclatement de 1997. Au-delà de la réconciliation entre musiciens, ce concert réconcilie aussi le public qui était divisé à la séparation du groupe. Ledit concert n’est que le début d’une série de productions du Wenge Musica BCBG 4×4 Tout terrain, formule originale. Plusieurs concerts à jouer sont à l’affiche du programme. Le prospectus propose plusieurs productions après celle du stade des Martyrs et de Pullman Hôtel, ex-Grand Hôtel Kinshasa.

Le groupe devra ensuite s’ébranler vers l’Amérique, l’Europe et ailleurs dans le monde. Le concert dit de réconciliation de Wenge Musica BCBG 4X4 a mobilisé une grande masse de personnes. A en croire Werrason, l’un des leaders de cette formule originelle de Wenge, des gens sont venus de partout, de l’Amérique, de l’Europe, de Brazzaville voire de l’intérieur du pays. D’après lui, il n’y avait plus de places dans les hôtels de la capitale, étant donné que toutes les chambres avaient été occupées. Il avançait le chiffre de 240 000 billets vendus, alors que le stade des Martyrs, avec une capacité de 80 000, ne peut aller que jusqu’à 100 000 personnes.

Complétant le patron de Wenge Musica Maison Mère, Alain Makaba, l’autre artiste polyvalent de BCBG 4X4, a indiqué qu’ils étaient à cours de billets. En effet, nombreux étaient les mélomanes décidés à assister au concert du 30 juin. Des billets ont été raflés d’avance en soutien à l’événement. En prélude de ce concert qui s’est passé le 30 juin, les principaux administrateurs que sont JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Blaise Bula, Adolphe Dominguez accompagnés du producteur de cet événement, Amadou Diaby, ont eu une rencontre préparatoire le 25 juin 2022 à Matonge, dans la commune de Kalamu. Autour d’un verre symbolisant l’unité et la réconciliation, ces retrouvailles annonciatrices du méga-concert marquaient également l’exemple pour rapprocher davantage tous les camps des mélomanes opposés en vue de leur cohabitation dans un brassage culturel sans aucun clivage.

L’achat préalable des billets distribués à certains Kinois le 29 juin 2022 à Matonge s’est réalisé en amont pour permettre à l’organisateur du concert d’atteindre son objectif. Une partie de recettes (40%) générées à l’issue de l’événement du 30 juin au stade des Martyrs était prévue d’être déversée comme soutien aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) engagées au front contre les groupes armés à l’origine de l’insécurité dans la partie est du pays, notamment les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.

Origine…

Créé un certain 11 juillet 1981 autour de Didier Masela Ndudi sur la rue Dibamboma, dans la commune de Bandalungwa (Bandal), cet ensemble musical n’était composé au départ que d’amis et élèves habitant le quartier. Sans dénomination au départ, l’orchestre emprunte son nom d’une équipe de football existant dans le coin : Wenge et la particularité de cette équipe est qu’elle ne gagnait pas souvent ses matchs et après une énième défaite devant les membres du groupe, le nom de WENGE fut adopté. Et pour rendre hommage à Papa  Wemba et à King Kester Emeneya leurs idoles d’une part et pour apporter une différence avec l’équipe de football, ils  ajoutèrent Musica. C’est ainsi que l’orchestre prit le nom de Wenge Musica. Les séances de répétitions et concert se déroulaient au dancing « Moto na Moto » dans la commune de Bandalungwa. Et plus tard, pour notifier la progression du groupe auprès du public, d’autres surnoms furent collés au nom Wenge Musica. Et chaque appellation avait une explication pour les musiciens de ce groupe. Didier Masela Ndudi en est le fondateur aux côtés de Noël Ngiama Makanda dit Werrason, Aimé Bwanga et Alain Mwanga. Comme chanteurs : JB Mpiana, Blaise Bula, Dede Masolo (Deno Star), Anicet Pandu Anibo, Wes Koka, Adolphe Dominguez. Du côté des instrumentistes, Alain Makaba (Guitare et clavier), Christian Zitu (accompagnement), Maradona Lontomba à la batterie et Evo Nsiona (Tumba).

Jusqu’en 1986, l’orchestre n’était qu’un passetemps, vu que les composants étaient élèves et étudiants. Et tous n’espéraient pas faire de la musique comme un métier. L’orchestre se mesurait avec les autres groupes des jeunes de la capitale comme « Il fallait Kaka », « Litonge Bouge » ou encore « Arka Musica » pour ne citer que ceux-là. Wenge réussissait à jouer en première partie ou levé de rideau des orchestres chevronnés comme Langa Langa Stars et Choc Stars par le soutien inconditionnel de Defao Matumona.

Et c’est grâce à Madame Kiamuangana Mateta Verckys  que l’orchestre fut programmé pour une émission télévisé à la télévision nationale (OZRT) au Studio Maman Angebi après avoir livré des concerts dans l’enceinte de Veve Center, de l’artiste producteur Verkys Kiamwangana. Cette synergie permit au groupe de rentrer en studio  pour enregistrer « Kin e bougé » (1ère version) de JB, « Bébé ake na ye » de Zing Zong et « Laura » de Blaise Bula.

Apothéose

Le groupe entre en studio à Brazzaville à l’IAD et enregistre l’album « Bougé Bougé » en 1988. Un album de 6 titres avec la chanson phare « Mulolo » qui veut dire clameur. A ce jour, personne ne connaît son auteur. JB Mpiana et Werrason se disputent la paternité. Certains natifs et inconditionnels du groupe attribuent la chanson à Ladins Montana, un proche de Werrason ; les autres titres de l’album: Nicky D (Werrason), La fille du Roi et Kolo Budget (JB), Dodo la Rose (Blaise Bula), Fisol (Alain Makaba). La Chanson Mulolo a été primée comme chanson de l’année et l’orchestre Wenge Musica la révélation musicale de l’année 1988.

L’album « Bougé Bougé » récolte un succès fou auprès du public jeune, étudiants et élèves de tout le pays. Désormais, il faut compter avec ce groupe dans le paysage musical du grand Zaïre. L’album leur servant de book-press deux producteurs résidents en Belgique MM Masakuba-Kokard patron des Editions Sans Frontières et Kibonge organisent le voyage du groupe à Bruxelles via Paris. Ne disposant pas de bons documents pour le voyage, le groupe se divise en deux pour essayer de tromper la vigilance des agents de l’immigration à l’aéroport. Ainsi, seront envoyés en éclaireurs Ricoco Bulambemba et Pipo le drummer. Le voyage se déroule sans anicroches pour eux, au moment où le second groupe dit des leaders composé de JB, Werra, Masela, Makaba et Bula s’apprête au voyage, le subterfuge est détecté, le groupe est arrêté et reste à Kinshasa.

Au pays, l’orchestre se réorganise. Un organigramme du groupe qui place JB Mpiana à la Présidence et un conseil de 4 administrateurs composé de Ngiama-Werrason Administrateur-Directeur Financier, Makaba-Alain administrateur-Directeur artistique, Blaise Bula-Monga Administrateur sans oublier Didier Masela, le Fondateur.

Des tournées en spectacles à travers Kinshasa et le reste du pays, l’orchestre assoit sa notoriété. Le premier contrat publicitaire est signé avec la compagnie brassicole Bralima sous le label « Génération Primus ». L’orchestre agrémente les fêtes du parti-état, le MPR du Maréchal Mobutu aux côtés des grands orchestres comme Zaïko ou l’OK Jazz. Pourtant, un drame est venu frapper à la porte du «BCBG ». Sur le chemin du retour d’une prestation au site de Ngafura, Alain Kombo mi-soliste meurt dans un accident de circulation. Tout Kinshasa en avait parlé attribuant la thèse de sacrifice pour le succès du groupe. Il est remplacé par Fi-Carré Mwamba ; dans cette foulée, Maradona et Delo Basse quittent le groupe pour un voyage vers l’Europe pour y retrouver la bande à Ricoco. Patient Kusangila remplace l’accompagnateur Djo Lina et Titina Mbwinga « Al Capone » prend la place laissé par Maradona et deviendra le titulaire indiscutable à la batterie.

En novembre 1990, JB Mpiana, Werrason, Alain Makaba, Didier Masela, Blaise Bula, Roberto Wunda, Marie Paul et Titina Mbwinga arrivent à Bruxelles. Manda Chante, Fula King et Alain Mpela ne sont pas du voyage. Le groupe réside à Bruxelles et est renforcé par Adolphe Dominguez tandis que Ricoco est écarté du groupe au soir de l’unique concert que le groupe réalisa à Paris. A Bruxelles, le groupe continua sa tournée en livrant des concerts et  enregistre l’album « Kin e bougé ». Au moment du retour de l’orchestre à Kinshasa, Marie Paul qui ne se sentait pas à l’aise avec Adolphe Dominguez prit la fuite pour retrouver le groupe des bannis à Paris. C’est cette arrivée de poids qui avait scellée la naissance d’un nouveau groupe qui sera appelé Wenge Musica Aile Paris.

Crise de Leadership et dislocation

JB Mpiana, en sa qualité du Président du groupe, imposa à l’orchestre la sortie de son album qui avait connu la participation de tous les musiciens du groupe, excepté le jeune Hervé Gola dit Ferre. Une réussite avec la nouvelle danse le Ndombolo ; cet album marquera la fin du groupe car des conflits en conflits, l’irréparable arriva, deux  nouveaux groupes naissaient. Le Wenge Musica BCBG de JB Mpiana avec toute l’équipe sauf Adolphe Dominguez, Werrason, Didier Masela et Hervé Gola. Le groupe prit le nom de Wenge Musica Maison Mère pour notifier la continuité du groupe autour de Didier Masela. L’embellie n’était que de courte durée de chaque côté. JB Mpiana se sépara de Blaise Bula et d’Alain Makaba pour régner seul en qualité de Souverain Bina Adam, Blaise Bula créa son groupe Pondération 8 avec comme slogan Yb² qui veut dire : « Yemba nde, beta nde, bina nde » (Savoir chanter, jouer et danser). Il prône de la bonne musique, la maîtrise de l’art d’Orphée.

Werrason aussi se sépara de ses deux amis, le fondateur Masela et Adolphe Dominguez. Didier Masela garda Wenge Musica 4X4 et Adolphe monta son Wenge Tonya Tonya. A ce jour, le clan Wenge s’est éclaté en 8 groupes ci-après : Wenge BCBG de JB Mpiana, Wenge Musica Maison Mère de Werrason, Wenge Musica 4X4 de Didier Masela, Wenge Référence de Manda Chante, Wenge Tonya Tonya d’Adolphe Dominguez, Pondération 8 de Blaise Bula, Wenge Kumbela de Aimé Bwanga, Wenge Aile Paris de Marie Paul.

Raymond Okeseleke

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Culture

Culture: Le mariage traditionnel chez les pygmées Mbuti.

« Tête pour tête », tel est le principe de base dans la tradition mbuti lorsqu’un garçon de cette race humaine désire épouser une fille ayant les caractéristiques communes de ce groupe social. Le mariage traditionnel chez les Mbuti se fait sur la base d’échanges réciproques et sans obligation manifeste de versement de la dot.

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Dans leur système de filiation, les pygmées Mbuti constituent une société patrilinéaire mais le système est assez souple. Le groupe principal des Mbuti est la famille nucléaire. Le mariage se fait sur la base d’échange de femme. Sur la base d’échanges réciproques, des hommes de groupes différents échangent entre eux des sœurs ou des femmes avec qui ils ont des liens. Dans la société mbuti, le paiement d’une dot n’est pas obligatoire. Il n’y a pas de cérémonie formelle de mariage : un couple est considéré comme marié lorsque l’homme présente aux parents une antilope qu’il a chassée et tuée seul. La polygamie est pratiquée mais à des degrés variables selon les groupes et n’est pas très répandue.

Les sociétés mbuti n’ont pas de groupes ou de lignée dirigeante ni d’organisation politique générale et très peu d’organisation sociale. Les Mbuti forment une société égalitaire dans laquelle la bande constitue l’organisation sociale la plus importante. Le leadership peut s’affirmer par exemple lors des opérations de chasse. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Les problèmes sont discutés et les décisions sont prises par consensus autour du feu. En cas de désaccord, de délits ou d’infractions, la personne incriminée peut être bannie, battue ou ridiculisée.

Les hommes et les femmes mbuti s’occupent tous les deux des enfants. Les enfants s’occupent de la cuisine, du nettoyage, de la réparation de la hutte et vont chercher de l’eau. Les hommes portent les femmes dans les arbres pour qu’elles aillent récupérer le miel. Pour la chasse, les Mbuti utilisent des grands filets, des pièges, des arcs et des flèches. Les femmes et les enfants participent parfois à la chasse en rabattant les proies vers les filets.

Etymologie

On observe de multiples variantes : Bambote, Bambute, Bambuti, Ba.Mbuti, Bambutis, Bouté, Imbuti, Mambuti, Mbote, Mbutis, Pygmées de l’Ituri, Pygmées Mbuti, Wambouti. « Bambuti » est le pluriel de « Mbuti ». Cette race des pygmées vit dans des villages où chaque hutte abrite une cellule familiale. Au début de la saison sèche, les Mbuti quittent leur village et s’installent dans des campements qu’ils construisent dans la forêt. Les villages sont indépendants les uns des autres. Les maisons sont petites et circulaires et sont toujours conçus comme des habitats temporaires. La construction d’une maison commence avec le tracé du contour de la maison sur le sol. Les murs sont constitués de branches solides plantées dans le sol. Une liane est ensuite enroulée autour de ces branches pour les faire tenir ensemble. De grandes feuilles sont utilisées ensuite pour construire le toit de la hutte. 

Situation géographique 

Les Mbuti sont un peuple pygmée vivant dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. Leur langue appartient au sous-groupe des langues soudaniques centrales. Les Mbuti sont un peuple pygmée de chasseurs-cueilleurs et l’un des plus anciens peuples présents en Afrique centrale. Ils sont organisés en petits groupes ou «bandes» de 15 à 60 personnes. Les Mbuti seraient au nombre de 30 000 à 40 000. 

L’utilisation du terme Mbuti peut créer parfois une certaine confusion car il peut servir à désigner l’ensemble des populations pygmées de l’Ituri et un sous-groupe de Pygmées vivant au cœur de la forêt de l’Ituri. L’épicentre de la vie des Mbuti est la forêt. Les Mbuti voient dans la forêt une protection et la considèrent comme un lieu sacré. Ils désignent parfois la forêt comme une «mère» ou un «père». Un rituel important dans la vie des Mbuti est le molimo. Après des évènements comme la mort d’un membre important de la tribu, molimo est célébré de façon bruyante pour réveiller la forêt, partant du principe que si quelque chose de mauvais arrive à ses enfants, cela est dû au fait que la forêt s’est endormie. Comme pour la plupart des rituels Mbuti, la durée du Molimo est variable et dépend de l’humeur du groupe. 

De la nourriture est collectée auprès de chaque hutte afin de nourrir le molimo. Le soir, le rituel s’accompagne de danses de la part des hommes autour du feu tandis que les femmes et les enfants restent dans les huttes, portes closes. «Molimo» est aussi le nom de la trompette utilisée par les hommes au cours du rituel. Cette trompette était traditionnellement faite en bois ou en bambou. Elle pouvait aussi être en métal utilisé pour des gouttières. Lorsqu’elle n’est pas utilisée, la trompette est conservée dans les arbres de la forêt. Lors d’une cérémonie, ce sont les jeunes du village qui récupèrent la trompette et la ramène jusqu’au feu.

Raymond Okeseleke

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