De l’apogée au déclin, les derniers jours du Maréchal Mobutu
Le guide-suprême, le léopard de Kawele, le bâtisseur, l’unificateur, voilà quelques surnoms qui collaient à la peau de Joseph Désiré Mobutu rebaptisé Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendo Wa Zabanga, un nom faisant recours à l’authenticité et s’opposant complètement aux patronymes chrétiens imposés par l’ancien colonisateur chassés depuis.
Né le 14 octobre 1930 à Lisala dans l’actuelle Province de la Mongala, Joseph Désiré Mobutu est décédé le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc, après avoir été chassé du pouvoir à son tour par Laurent-Désiré Kabila, 32 ans après le putsch qui a fait de lui le président du plus grand Etat de l’Afrique centrale et un des plus riches du monde, de par ses nombreux minerais. C’est dans la plus grande intimité de sa famille et de son dernier pré carré que le vieux léopard sera inhumé dans le cimetière chrétien de Rabat.
De l’Apogée au déclin !
A la question de savoir pourquoi cela est-il arrivé, les historiens répliquent que les grands empires et de célèbres souverains disparaissent ainsi.
Prétendre raconter le parcours de Mobutu à travers ce feuillet, c’est travestir l’histoire. Les lignes qui suivent ne vont révéler que des faits et moments saillants qui ont entouré la fin du règne de celui qui a marqué l’histoire de l’Afrique et du monde.
Quand Mobutu pris le pouvoir le 24 novembre 1965, à la suite du coup d’État qui écarta en douceur, sans effusion de sang Joseph Kasa-Vubu, il trouva un pays riche à cause de ses potentialités du sol et du sous-sol, un pays appelé »scandale géologique ». Le 16 mai 1997, quand il le quitta, il laissa un pays exsangue sur tous les plans, dans l’abîme, au bord de ce déluge qu’il prédisait souvent après lui.
Et pourtant, la chasse de Mobutu est loin d’être une surprise pour ceux qui suivaient la politique exercée à Kinshasa. Une crise était déjà installée tant chez les politiques étranglés que chez les militaires impayés.
En 1994, malgré le partage du pouvoir avec le président du Parlement, le pays s’enfonce dans une crise profonde. Celle-ci s’aggrave avec l’arrivée des réfugiés rwandais fuyant la répression du génocide au Rwanda. Mais la progression de l’Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), bras armé congolais du Front patriotique rwandais et de l’Ouganda, emmenés par Laurent-Désiré Kabila, entrent à Kinshasa le 17 mai 1997, entraînant la chute définitive et la fuite de Mobutu Sese Seko, malgré une dernière tentative de négociation pour le partage du pouvoir parrainée par Nelson Mandela sur le navire Outenika.
L’Armageddon d’un départ imprévu !
Depuis quelques temps, les indicateurs sociaux, économiques et politiques au Zaïre de Mobutu sont au rouge.
Les troupes de l’Afdl et Laurent Désiré Kabila ont gagné plus de la moitié du territoire national et la prise de Kinshasa ne repose plus que sur la seule volonté des rebelles.
Mobutu qui revient d’une longue hospitalisation à Zurich en Suisse est obligé d’interrompre sa convalescence au Cap Saint Martin pour regagner Kinshasa qui est au bord de l’émeute.
Une fois au pays, le vieux Maréchal procède à un remue-ménage au sein du Gouvernement et dans l’Armée. Le Général Likulia est fait Premier Ministre, le Général Mahele autrefois héros de tout un pays, est rappelé pour récupérer le Ministère de la Défense Nationale et l’Armée Nationale (FAZ).
Trois de ses enfants entrent également dans le jeu, Ngawali Mobutu, la fierté des filles Mobutu devient Conseillère diplomatique, Nzanga, fils aîné de Bobila Dawa, devient quant à lui, Conseiller à la Communication alors le tonitruant et adulé Kungulu dit Saddam Hussein déjà bien intégré dans l’Armée comme Capitaine, arbore de nouveaux galons de Conseiller à la Défense.
Après ce réaménagement tardif aux allures d’un coaching intervenu que d’aucuns attendaient à l’heure de jeu, Mobutu tente de jouer la carte de la diplomatie. Pour y arriver, le vieil homme fait appel à la légende Nelson Mandela. Ce dernier invite Mobutu et Kabila autour d’une table, la première est programmée aux larges de Brazzaville, elle sera vouée à l’échec puisque Kabila ne s’y pointe pas craignant l’irruption des mercenaires français rodant autour des lieux.
C’est un jour plus tard à bord du navire de l’armée sud-africaine, l’Utenika que les deux personnes vont finalement se rencontrer sans, toutefois, trouver un compromis.
Dès cet instant, les dés sont jetés.
Bill Richardson, l’annonce de la fin !
En 1989 lorsque s’écroule le mur de Berlin, les regards se tournent vers l’Afrique et le Zaïre spécialement. Enfant chéri des Etats-Unis pendant la guerre froide, Mobutu ne sert plus à grand-chose pour son pourvoyeur et protecteur américain, ce dernier ne trouvant plus en lui le moindre intérêt, l’abandonne à son triste sort.
Ainsi, à quelques jours de la prise de Kinshasa, l’envoyé spécial de Bill Clinton, un certain Bill Richardson atterrit à Kinshasa, dans ses mains une lettre sobre et directe venant du Président américain. Mobutu est sommé de partir s’il ne veut pas voir son corps traîné dans les rues de Kinshasa. Les Etats-Unis étaient au courant du plan du Rwanda et de ses alliés qui soutenaient Kabila : humilier Mobutu. Ils ont donc utilisé la manière forte.
Sur le coup, Mobutu refuse de partir, celui qui avait toujours reçu des instructions par des émissaires de grandes puissances, certains moins prestigieux que Richardson, se désole d’être poussé vers la sortie comme un vulgaire monsieur et ce, par l’entremise d’un émissaire.
Général Mahele, un statut controversé !
Nommé depuis près d’un mois, le Général Mahele ne sait pas diriger les Forces armées zaïroises. Il se plaint auprès du Conseiller spécial Honoré Ngbanda en des termes claires : « les armes sont achetées en russie, les munitions ailleurs, les troupes n’ont pas reçu leur solde et les commandants de bataillons ne suivent pas mes instructions ». C’est la débandade sur le théâtre des affrontements.
Mahele sent une défaite toute faite, le 16 mai, il vient annoncer à Mobutu, l’homme qui l’a propulsé et avec qui il a conclu un pacte de sang, son incapacité à assurer sa sécurité, lui demandant dans la foulée de s’enfuir.
Le message est mal discerné, les plus caciques mobutistes considèrent cela comme une haute trahison. Cette assertion s’avère plausible pour eux d’autant plus qu’un jour plus tôt , le Général Mahele placé sur écoute, a été surpris par l’Administrateur des services de renseignements et Honoré Ngbanda. L’appel que l’infortuné lançait à un commandant au front était une demande de baisser les armes et de se joindre aux troupes de l’alliance.
L’étau s’est donc resserré sur Mobutu qui est contraint de quitter Kinshasa le 16 mai, direction Gbadolite.
Le départ de Mobutu donne le go à la fuite des mobutistes de tout bord, ils traversent par brazzaville avant de rallier les capitales européennes. Toutes les combines étaient bonnes pour échapper au lynchage, certains se déguiser en femmes tandis que d’autres soudoyaient à prix d’or les agents commis aux frontières.
De son côté, le Général Mahele confiant de sa négociation facilitée par ses fidèles amis français, reste chez lui et attend l’entrée des troupes de l’Alliance. Il a donné la consigne à ses anciens camarades d’armes de la SARM (renseignements militaires) pour ne pas s’opposer. Il connaît la capacité intellectuelle des mobutistes, il sait qu’une transition baliserait un chemin pour qu’il accède au pouvoir.
Dans la nuit du 16 mai, le tigre (surnom de Mahele) reçoit un appel téléphonique alarmant sur d’éventuels soulèvements au camp militaire Tshatshi. Kungulu fils du Président Mobutu lui demande d’aller y jeter un œil, lui-même étant déjà en route.
La garde rapprochée de Mahele n’est pas motivée et tente de dissuader le Chef, ce dernier intransigeant, obstiné à éviter tout bain de sang à Kinshasa, saute dans sa jeep.
C’est de l’entrée du camp que les militaires perchés sur des miradors lancent des tirs nourris sur l’escorte de Mahele qui parvient toutefois à pénétrer dans le camp jusqu’à l’emplacement où se tiennent les causeries morales.
Harangueur de talent, il prend à peine la parole pour demander aux troupes de baisser les armes qu’un adjudant sort de rang pour le couvrir de balles.
Ses multiples tentatives de paracommandos qui lui permettent de se dissimuler sous son véhicule ne suffiront pas. Il y sera extirpé et tué à bout portant avant que tous les militaires prennent la fuite.
C’est plus tard que le Capitaine Kungulu arrivera sur le lieu pour récupérer la dépouille de Mahele et l’acheminer dans une morgue de Kinshasa.
Sauvé de justesse !
Le vendredi 16 mai 1997 à l’aéroport de N’djili, le Maréchal Mobutu a échappé à un attentat.
Ceux qui l’accompagnent raconteront plus tard que quelques minutes avant l’embarquement de Mobutu dans l’avion, un colonel, officier de bataillon de Sécurité présidentielle prévient que des militaires se préparaient à abattre l’avion du Maréchal à partir de la Ferme Lokali (appartenant à Séti Yale) avec des missiles sol-air. Cette action serait mise sur le compte des rebelles de l’AFDL.
Après insistance de l’officier, le pilote a tourné dans le sens de Nsele pour prendre la position de vol dans le sens contraire de Masina. Cet attentat serait ourdi par le Commandant de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), le Général Nzimbi qui, après avoir quitté l’aéroport, n’est plus rentré au Camp Tshatshi.
Il avait déjà fait ses valises pour traverser immédiatement le Fleuve Congo et gagner Brazzaville.
Dans l’entre-temps, un autre complot se tramait à Gbadolite qui a finalement accueilli l’homme à la toque de Léopard. Il s’agit de la colère des commandos de la DSP qui estimaient que Mobutu avait longtemps protégé Nzimbi qui les a exploités jusqu’à la moelle épinière.
Le Major Ngani, Chef adjoint de la Garde présidentielle raconte que les commandos ont décidé de venir prendre le Maréchal en otage car c’est lui qui a couvert tous les abus de Nzimbi en refusant de le limoger ». Mobutu n’avait qu’une seule issue devant ces hommes : quitter immédiatement Gbadolite.
Mais comment car son jet parti pour chercher ses enfants à Brazzaville ne pouvait plus atterrir, la tour de contrôle ayant alerté le pilote que l’avion serait abattu en l’air .
De Lomé à Rabat, la dernière ligne droite !
Sur ces entrefaites, Mobutu a pris la destination de Lomé au Togo où il a trouvé asile auprès de son ancien ami Eyadema.
Honoré Ngbanda qui, à l’époque était son Conseiller spécial en matière de sécurité, raconte le scénario. Ce dernier se trouve à Lomé où sa femme venait d’accoucher et il en profite pour négocier l’accueil de son patron Mobutu. De bonne heure, alors qu’il s’apprête à prendre la route du palais présidentiel togolais, quelqu’un lui annonce l’arrivée de Mobutu à l’aéroport. Le « spécial » bondit dans une voiture direction l’aéroport de Lomé. Sur place, l’homme s’énerve de la vaste blague, il ne retrouve pas l’avion présidentiel. Et là, il entend une voix crier son nom, il se retourne et reconnaît le chef de la garde présidentielle, un certain Montoko. Il lui demande où se trouve le Maréchal et ce dernier indique un avion antonov impacté des balles. Ngbanda y pénètre et retrouve la limousine officielle, vestiges du pouvoir. Des membres de la famille lui disent que l’ancien dictateur est dans la voiture…le raffiné Mobutu étouffé par des habits, des chaussures, des valises traduisant d’une part la précipitation dans laquelle il a été embarqué et d’autre part des mesures de sécurité de fortune qui ont été prises vu les rafales qu’avait reçu l’avion russe à son décollage.
Honoré Ngbanda qui raconte la scène déclare que le Maréchal Mobutu s’est jeté dans ses bras en pleurant et en glissant ces mots : « Honoré, si je t’avais écouté », faisant allusion à tous les bulletins d’informations que ce dernier lui rapportait de ses équipes de renseignements. Malade et amoché par son cancer de la prostate métastasé, le Maréchal Mobutu doit être évacué pour la Suisse ou vers sa résidence de Cap Saint Martin à proximité de Nice en France. Un autre tracas il se rendit compte que le sac contenant son passeport et celui de son épouse ainsi que quelques billets de banque avait été volé par l’un de ses gardes.
Dans la recherche d’un dernier asile, Mobutu conspué par le monde entier y compris par ceux qui ont bénéficié de ses nombreuses largesses sera accueilli par son vieil ami, le Roi Hassan Il du Maroc.
Le Maréchal Mobutu et le souverain chérifien entretiennent d’excellents rapports tant dans le privé que dans l’officiel.
C’est là qu’il rendu l’âme en retournant auprès de celui qui l’a envoyé sur terre Présent à l’enterrement, outre la famille restreinte, quelques collaborateurs lui restés fidèles, Honoré Ngbanda énumère : « Les officiers de sécurité de Mobutu autour de leur Chef, le Capitaine Ngani, les médecins personnels Diomi et Biamungu, les responsables du Protocole Mena et Kasogbia et moi-même, nous nous sommes trouvés seuls autour de la dernière demeure du Maréchal ».
Et de préciser : »Chacun avait certainement compris que le moment d’adieu était venu. Alors, tous les efforts de maîtrise de soi ont cédé sous la pression de l’émotion. Militaires comme civils, nous avons tous éclaté en sanglots pendant près de trente minutes. J’entendis dans leurs pleurs, les gardes du corps demander pardon au Maréchal au nom de leurs amis en disant : Pardonne-nous, Maréchal, nous n’avons pas fait notre travail et nous avons manqué à notre serment ». Cétait simplement pénible et dramatique », conclue Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba dans son célèbre ouvrage, Ainsi sonne le glas, les derniers jours du Maréchal Mobutu.
Celui qui a vécu durant toute sa vie avec éclat, fort des glorioles a quitté la terre des hommes dans l’ombre, sans trompettes ni musique.
L’un de ses proches, présent à l’inhumation a confié : »Et le dernier jour, sans peur de la mort, malgré la dure souffrance physique, il a quitté ce monde comme un enfant vient au monde, c’est à dire les mains vides, mais dans la paix et la joie d’aller à la rencontre de son Père miséricordieux…J’ai eu le privilège de voir le Maréchal Mobutu au sommet de sa gloire et de partager avec lui les grands moments de sa vie. Je l’ai suivi dans la décadence de son pouvoir, jusqu’à sa mort dans la solitude la plus complète…et voici, Tout est vanité ».
Malgré l’augmentation significative des budgets depuis quelques années, le gouvernement peine encore à honorer ses engagements envers les enseignants. Les professeurs d’université annoncent une « grève sèche et générale » dès le 9 décembre 2024 dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur en République Démocratique du Congo (RDC). Ces hommes et femmes de science revendiquent l’amélioration de leurs conditions socio-professionnelles.
Le gouvernement congolais avait pris une série d’engagements aussi bien avec les enseignants de l’éducation nationale qu’avec les professeurs d’université pour l’amélioration de leurs conditions socio-professionnelles. Concernant les professeurs d’université, le gouvernement avait promis l’apurement de 50 % du barème signé à Bibwa I, dès le mois d’octobre 2024, pour la récupération du pouvoir d’achat érodé par l’inflation monétaire ; le paiement d’une prime de recherche aux corps académique et scientifique ; la mécanisation progressive des professeurs non payés ainsi que la correction des grades. Le gouvernement s’était aussi engagé à compenser le manque à gagner des professeurs par l’octroi de véhicules.
Deux mois après l’expiration du délai, ces professeurs ne voient aucun engagement honoré. Il en est de même pour les enseignants de l’école nationale. Au moment de concrétiser les promesses, la Première ministre, Judith Suminwa, avait recommandé le « patriotisme » aux enseignants de l’éducation nationale. Quant aux engagements pris à Bibwa I, dans la banlieue Est de Kinshasa, où des négociations avec le banc syndical des professeurs avaient eu lieu, un silence radio persiste depuis le dépassement du délai desdits engagements.
Le gouvernement tenu responsable des conséquences
Le Réseau des associations des professeurs des universités et instituts supérieurs du Congo (RAPUICO) a déclaré que le gouvernement sera tenu « responsable » des conséquences qui découleront de ce mouvement de grève sèche et générale. Dans une déclaration faite le 27 novembre, cette structure justifie cette manifestation par le non-respect des accords de Bibwa. « Le RAPUICO constate avec regret que rien de concret n’a été fait durant cette période [de préavis] concernant le démarrage de la Commission Permanente de Suivi et des autres engagements pris à la Commission Paritaire II dans le cadre de l’addendum au Protocole d’Accord de Bibwa/Nsele I », peut-on lire dans le communiqué de cette structure. Ces professeurs disent avoir largement observé le délai légal avec « patience et patriotisme ». Mais le gouvernement n’a même pas cligné l’œil pour répondre à leurs désidératas.
Où va l’argent de l’État ?
Malgré l’augmentation des budgets ces six dernières années, le gouvernement peine toujours à répondre aux revendications des enseignants. Avec un budget de plus de 16 milliards de dollars l’année dernière, l’exécutif national n’a pas réussi à répondre aux revendications socio-professionnelles des enseignants, tant au niveau primaire et secondaire qu’au niveau supérieur. La grande question qui taraude l’esprit de nombreux Congolais est celle de savoir où passe l’argent de l’État ? L’augmentation tant vantée des recettes publiques n’influe toujours pas sur la vie des Congolais. Le budget 2024 a même été revu à la hausse dans la loi de finances rectificative présentée mi-octobre par le ministre d’État au Budget, Aimé Boji. Ce budget a augmenté de 21 % par rapport à la loi de finances initiale, se chiffrant désormais à plus de 17 milliards de dollars.
Cependant, aucun secteur de la vie nationale n’a ressenti cette hausse du budget, ni dans les infrastructures routières, ni dans les dépenses sociales. Lors de la défense de la loi de reddition des comptes 2023 au Sénat, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, s’est défendu en indiquant que la loi de finances de l’exercice 2023 a, pour sa part, été exécutée dans un contexte marqué notamment par la poursuite de la guerre d’agression dans l’Est de la RDC, la mise en œuvre de différents programmes de développement, entre autres, le Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145 T), la gratuité de l’enseignement de base, et la couverture santé universelle avec ses corolaires, dont la gratuité de la maternité.
L’exécutif loue des avancées « notables »
Il y a plus d’un mois, le gouvernement s’était défendu concernant les critiques sur son incapacité à prendre en charge correctement les enseignants de l’éducation nationale. Pendant que ces professionnels de la craie étaient encore en grève générale en septembre dernier, le gouvernement Suminwa avait estimé que ce mouvement était déclenché en dehors des procédures habituelles et semblait ignorer les avancées « notables » enregistrées dans le secteur, notamment l’augmentation du taux d’exécution des engagements des accords de Bibwa. Ce taux, selon la Première ministre, est passé de 29 à 70 %, reflétant ainsi les efforts significatifs de l’exécutif national dans la mise en œuvre desdits accords. Selon Judith Suminwa, des mesures ont été prises pour améliorer les conditions socio-professionnelles des enseignants, notamment le paiement progressif des arriérés de primes et l’augmentation de leur enveloppe salariale.
En République démocratique du Congo (RDC), les ténors de la classe politique se positionnent par rapport au débat sur le changement ou non de la loi fondamentale. Au sein de la plateforme présidentielle, l’Union sacrée, les réactions de trois leaders sont vivement attendues. Il s’agit de Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Modeste Bahati.
Le président de la République, Félix Tshisekedi, continue de promouvoir son projet de révision de la Constitution. Lors de ses voyages à travers le pays, le chef de l’État congolais ne cesse de répéter sa volonté de changer l’actuelle loi fondamentale, jugée inadaptée aux réalités du pays. Le 26 novembre, à Kalemie, dans la province du Tanganyika, il a appelé le peuple à prendre en main cette initiative de révision constitutionnelle. « Je sais que vous êtes un peuple mature, qui a mis en difficulté toutes les dictatures qui ont existé dans ce pays. Vous êtes un grand peuple. Et vous savez ce qui est bien pour vous et ce qui ne l’est pas », a-t-il déclaré. Les gouverneurs de provinces, réunis à Kalemie, ont, dans une déclaration commune lue par Fifi Masuka, gouverneure du Lualaba, exprimé leur « soutien unanime » à l’initiative de révision de la loi fondamentale.
À Kinshasa, le 27 novembre, le comité exécutif national du parti Alliance des Démocrates pour le Progrès (ADP) de Christophe Lutundula a également exprimé son soutien à l’initiative de Félix Tshisekedi. Ce parti de l’Union sacrée souligne que le président de la République envisage de mettre en place une commission pour évaluer la Constitution de la RDC « en vue de son adéquation avec les impératifs d’une gouvernance efficace et du développement du pays ». Le parti de Lutundula se réjouit que l’initiative de Félix Tshisekedi ait été prise « in tempore non suspecto » (dans des temps non suspects), c’est-à-dire au début de son second et dernier mandat. Cela, selon eux, permettra « un débat national serein, à la différence de certains chefs d’État qui surprennent leurs peuples avec de telles initiatives à la veille de l’élection présidentielle, dans le but inavoué de prendre de court leurs compatriotes ».
Trois leaders ont dit « oui »
Au sein de l’Union sacrée, trois leaders et membres du présidium ont déjà dit « oui » à la révision ou au changement de la Constitution. La Dynamique Agissons et Bâtissons (DAB), un regroupement politique dont le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, est l’autorité morale, a pris la décision de soutenir sans conditions ce projet. Le président du Sénat devient ainsi le troisième membre du présidium de l’Union sacrée à soutenir le changement ou la révision de la loi fondamentale, après Augustin Kabuya et Christophe Mboso. Ce dernier, connu pour ses positions toujours en faveur du pouvoir, n’a pas hésité à adhérer au projet. « Il faut que celui qui dirige la RDC soit bien connu des Congolais. Le président a dit que nous devons changer la Constitution et nous devons le faire », a-t-il soutenu lors d’un meeting le 24 novembre. Cet ancien président de l’Assemblée nationale a ajouté qu’il attendait un projet de cette nouvelle Constitution pour donner son mot d’ordre lors du référendum, afin que ses partisans votent pour la nouvelle loi.
Bemba, toujours indécis…
Jean-Pierre Bemba n’a encore rien laissé transparaître quant à sa position sur ce sujet délicat. Le leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) prend encore son temps, malgré les pressions politiques exercées par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) sur ses alliés indécis. Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe sont perçus comme des candidats potentiels à la succession de Félix Tshisekedi en 2028. Leur alignement rapide derrière le projet de révision de la Constitution pourrait sensiblement réduire leurs chances de devenir des challengers lors de cette présidentielle. L’actuel vice-premier ministre et ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement en est bien conscient : Félix Tshisekedi pourrait envisager de briguer un nouveau mandat si une nouvelle Constitution était mise en place.
Bahati, des signaux qui interrogent
Si Jean-Pierre Bemba reste indécis jusqu’à présent, Modeste Bahati, lui, a envoyé quelques signaux qui laissent supposer un éventuel « non » au changement de la Constitution. Lors de l’assemblée plénière des États généraux de la justice, Modeste Bahati, deuxième vice-président du Sénat et membre du présidium de l’Union sacrée, a fait une remarque qui a suscité des analyses sur sa position encore tacite concernant la révision constitutionnelle. « Dans notre pays, il n’y a pas de problème de textes. C’est un problème de comportements », a déclaré le leader du regroupement politique AFDC/A. Il semble insinuer que le texte de la loi fondamentale ne pose pas de problème en soi et que tout dépend des attitudes des dirigeants. Cependant, cette remarque de Modeste Bahati ne signifie pas nécessairement son rejet total du projet initié par Félix Tshisekedi. Tout dépendra des garanties que le pouvoir pourrait lui offrir pour soutenir ce changement. Il faut noter que l’homme est resté frustré depuis la formation du nouveau gouvernement, estimant avoir été victime d’une « injustice » lors du partage des portefeuilles ministériels.
Des tensions sous-jacentes entre Kamerhe et l’UDPS
Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, également membre du présidium de l’Union sacrée, sait qu’il est surveillé de près par l’UDPS. Après l’accord de Nairobi signé entre lui et Félix Tshisekedi, qui prévoyait, entre autres, que l’actuel chef de l’État n’effectuerait qu’un seul mandat présidentiel avant de le soutenir à la présidentielle suivante, n’a pas été respecté. L’UDPS sait que son allié peut, à tout moment, prendre ses distances et se présenter comme candidat à la présidentielle de 2028. La fronde pourrait bien venir de l’Hémicycle, où Vital Kamerhe a constitué un groupe compact de députés réunis au sein de la plateforme politique « Pacte pour un Congo retrouvé ». L’homme est également conscient des tensions qui existent avec l’UDPS. Lors de la plénière du 22 novembre consacrée au budget, une motion de défiance déposée contre le ministre des Infrastructures, Alexis Gisaro, a révélé le climat malsain qui prévaut entre l’UDPS et son allié. Kamerhe n’a pas hésité à dénoncer le fait que le parti présidentiel avait déposé une motion contre son propre gouvernement et qu’il pourrait bien être la prochaine cible de l’UDPS. Compte tenu de ces tensions sous-jacentes, l’alliance entre l’UNC de Kamerhe et le parti présidentiel pourrait voler en éclats à tout moment. Le président de l’Assemblée nationale est désormais perçu par beaucoup comme un farouche opposant en devenir.
La République Démocratique du Congo (RDC) a commémoré, le 1er décembre, la Journée mondiale du sida. Le pays connaît, depuis 2010, une baisse constante du taux de prévalence de la maladie. Sur 103 millions d’habitants, environ 600 000 seulement vivent avec le VIH, selon l’ONUSIDA.
La RDC continue de fournir des efforts pour l’élimination totale de cette maladie à l’horizon 2030. Cette année, la commémoration s’est déroulée sous le thème : « Sur le chemin des droits ». Cette thématique souligne l’importance des droits humains dans la lutte contre le VIH/sida. D’après le dernier rapport de l’ONUSIDA, publié en prélude à cette commémoration, le monde peut atteindre l’objectif convenu de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030. Mais à condition que les dirigeants protègent les droits humains de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection par le virus.
Pour renforcer la sensibilisation, une campagne nationale débutera le 7 décembre 2024. Elle vise à conscientiser la population sur l’existence réelle du VIH/sida et à encourager des actions concrètes pour prévenir et combattre la maladie.
Ne pas baisser la garde
Le dernier rapport de l’ONUSIDA sur le taux de prévalence de la maladie en RDC date de 2022. Ce rapport souligne que le nombre de nouvelles contaminations dans le pays a chuté de 58 % depuis 2010, et les décès de 72 %. Le taux de prévalence reste faible (0,6 %), soit environ 600 000 personnes atteintes du VIH pour 103 millions d’habitants. Depuis 2018, 83 % des personnes connaissent leur statut sérologique et 82 % des malades sont sous traitement antirétroviral (ARV).
Ces chiffres encourageants ont cependant créé un relâchement de la part du gouvernement. L’État congolais a, depuis, cessé le dépistage généralisé pour se concentrer sur les populations les plus à risque. Il s’agit des travailleuses du sexe, des usagers de drogues injectables, des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (homosexuels), des personnes tuberculeuses, ainsi que des femmes enceintes et allaitantes.
Malgré la baisse du taux de personnes infectées, les chiffres de la RDC restent tout de même élevés par rapport à d’autres pays où la lutte contre cette pandémie est menée sans relâche. C’est le cas de la Namibie, où le pays a réussi à réaliser 99 % des naissances sans transmission du VIH. Le taux de prévalence de la maladie chez les adultes diminue également. En France, le taux de personnes infectées est de 200 000 pour 68 millions d’habitants, soit 0,4 %.
Le taux de létalité encore alarmant
En dépit des progrès réalisés jusqu’ici dans la lutte contre le sida, des milliers de personnes meurent dans le monde des suites de maladies liées au VIH. En 2023, 650 000 personnes sont mortes de ces maladies. Parmi les catégories d’âge les plus touchées figurent les enfants et les adolescents.
Toutes les cinq minutes, un enfant meurt du VIH dans le monde, selon Initiative, une structure qui contribue à la lutte contre les pandémies. Il est crucial de concentrer les efforts sur la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Bien qu’il existe des traitements pédiatriques, à peine plus de la moitié des enfants vivant avec le VIH y ont accès.
À côté de ce taux de létalité, certains pays africains enregistrent encore des taux élevés de contamination par ce virus. C’est le cas de l’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire. En effet, l’Afrique du Sud reste le pays le plus touché au monde avec 4,2 millions de personnes infectées pour 60 millions d’habitants. Dans ce pays, la croissance de cette maladie est l’une des plus rapides du globe : une femme sud-africaine sur quatre, entre 20 et 29 ans, est infectée par le virus.
Malgré les efforts entrepris pour l’élimination de cette pandémie, le chemin à parcourir reste encore long pour atteindre un monde sans sida. Certains défis demeurent encore. C’est notamment l’accès aux services de prévention et de traitement, en particulier pour les personnes les plus marginalisées et dans les pays à faibles revenus. Il faut aussi pérenniser les financements nationaux et internationaux en faveur de la lutte contre cette maladie.