De l’apogée au déclin, les derniers jours du Maréchal Mobutu
Le guide-suprême, le léopard de Kawele, le bâtisseur, l’unificateur, voilà quelques surnoms qui collaient à la peau de Joseph Désiré Mobutu rebaptisé Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendo Wa Zabanga, un nom faisant recours à l’authenticité et s’opposant complètement aux patronymes chrétiens imposés par l’ancien colonisateur chassés depuis.
Né le 14 octobre 1930 à Lisala dans l’actuelle Province de la Mongala, Joseph Désiré Mobutu est décédé le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc, après avoir été chassé du pouvoir à son tour par Laurent-Désiré Kabila, 32 ans après le putsch qui a fait de lui le président du plus grand Etat de l’Afrique centrale et un des plus riches du monde, de par ses nombreux minerais. C’est dans la plus grande intimité de sa famille et de son dernier pré carré que le vieux léopard sera inhumé dans le cimetière chrétien de Rabat.
De l’Apogée au déclin !
A la question de savoir pourquoi cela est-il arrivé, les historiens répliquent que les grands empires et de célèbres souverains disparaissent ainsi.
Prétendre raconter le parcours de Mobutu à travers ce feuillet, c’est travestir l’histoire. Les lignes qui suivent ne vont révéler que des faits et moments saillants qui ont entouré la fin du règne de celui qui a marqué l’histoire de l’Afrique et du monde.
Quand Mobutu pris le pouvoir le 24 novembre 1965, à la suite du coup d’État qui écarta en douceur, sans effusion de sang Joseph Kasa-Vubu, il trouva un pays riche à cause de ses potentialités du sol et du sous-sol, un pays appelé »scandale géologique ». Le 16 mai 1997, quand il le quitta, il laissa un pays exsangue sur tous les plans, dans l’abîme, au bord de ce déluge qu’il prédisait souvent après lui.
Et pourtant, la chasse de Mobutu est loin d’être une surprise pour ceux qui suivaient la politique exercée à Kinshasa. Une crise était déjà installée tant chez les politiques étranglés que chez les militaires impayés.
En 1994, malgré le partage du pouvoir avec le président du Parlement, le pays s’enfonce dans une crise profonde. Celle-ci s’aggrave avec l’arrivée des réfugiés rwandais fuyant la répression du génocide au Rwanda. Mais la progression de l’Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), bras armé congolais du Front patriotique rwandais et de l’Ouganda, emmenés par Laurent-Désiré Kabila, entrent à Kinshasa le 17 mai 1997, entraînant la chute définitive et la fuite de Mobutu Sese Seko, malgré une dernière tentative de négociation pour le partage du pouvoir parrainée par Nelson Mandela sur le navire Outenika.
L’Armageddon d’un départ imprévu !
Depuis quelques temps, les indicateurs sociaux, économiques et politiques au Zaïre de Mobutu sont au rouge.
Les troupes de l’Afdl et Laurent Désiré Kabila ont gagné plus de la moitié du territoire national et la prise de Kinshasa ne repose plus que sur la seule volonté des rebelles.
Mobutu qui revient d’une longue hospitalisation à Zurich en Suisse est obligé d’interrompre sa convalescence au Cap Saint Martin pour regagner Kinshasa qui est au bord de l’émeute.
Une fois au pays, le vieux Maréchal procède à un remue-ménage au sein du Gouvernement et dans l’Armée. Le Général Likulia est fait Premier Ministre, le Général Mahele autrefois héros de tout un pays, est rappelé pour récupérer le Ministère de la Défense Nationale et l’Armée Nationale (FAZ).
Trois de ses enfants entrent également dans le jeu, Ngawali Mobutu, la fierté des filles Mobutu devient Conseillère diplomatique, Nzanga, fils aîné de Bobila Dawa, devient quant à lui, Conseiller à la Communication alors le tonitruant et adulé Kungulu dit Saddam Hussein déjà bien intégré dans l’Armée comme Capitaine, arbore de nouveaux galons de Conseiller à la Défense.
Après ce réaménagement tardif aux allures d’un coaching intervenu que d’aucuns attendaient à l’heure de jeu, Mobutu tente de jouer la carte de la diplomatie. Pour y arriver, le vieil homme fait appel à la légende Nelson Mandela. Ce dernier invite Mobutu et Kabila autour d’une table, la première est programmée aux larges de Brazzaville, elle sera vouée à l’échec puisque Kabila ne s’y pointe pas craignant l’irruption des mercenaires français rodant autour des lieux.
C’est un jour plus tard à bord du navire de l’armée sud-africaine, l’Utenika que les deux personnes vont finalement se rencontrer sans, toutefois, trouver un compromis.
Dès cet instant, les dés sont jetés.
Bill Richardson, l’annonce de la fin !
En 1989 lorsque s’écroule le mur de Berlin, les regards se tournent vers l’Afrique et le Zaïre spécialement. Enfant chéri des Etats-Unis pendant la guerre froide, Mobutu ne sert plus à grand-chose pour son pourvoyeur et protecteur américain, ce dernier ne trouvant plus en lui le moindre intérêt, l’abandonne à son triste sort.
Ainsi, à quelques jours de la prise de Kinshasa, l’envoyé spécial de Bill Clinton, un certain Bill Richardson atterrit à Kinshasa, dans ses mains une lettre sobre et directe venant du Président américain. Mobutu est sommé de partir s’il ne veut pas voir son corps traîné dans les rues de Kinshasa. Les Etats-Unis étaient au courant du plan du Rwanda et de ses alliés qui soutenaient Kabila : humilier Mobutu. Ils ont donc utilisé la manière forte.
Sur le coup, Mobutu refuse de partir, celui qui avait toujours reçu des instructions par des émissaires de grandes puissances, certains moins prestigieux que Richardson, se désole d’être poussé vers la sortie comme un vulgaire monsieur et ce, par l’entremise d’un émissaire.
Général Mahele, un statut controversé !
Nommé depuis près d’un mois, le Général Mahele ne sait pas diriger les Forces armées zaïroises. Il se plaint auprès du Conseiller spécial Honoré Ngbanda en des termes claires : « les armes sont achetées en russie, les munitions ailleurs, les troupes n’ont pas reçu leur solde et les commandants de bataillons ne suivent pas mes instructions ». C’est la débandade sur le théâtre des affrontements.
Mahele sent une défaite toute faite, le 16 mai, il vient annoncer à Mobutu, l’homme qui l’a propulsé et avec qui il a conclu un pacte de sang, son incapacité à assurer sa sécurité, lui demandant dans la foulée de s’enfuir.
Le message est mal discerné, les plus caciques mobutistes considèrent cela comme une haute trahison. Cette assertion s’avère plausible pour eux d’autant plus qu’un jour plus tôt , le Général Mahele placé sur écoute, a été surpris par l’Administrateur des services de renseignements et Honoré Ngbanda. L’appel que l’infortuné lançait à un commandant au front était une demande de baisser les armes et de se joindre aux troupes de l’alliance.
L’étau s’est donc resserré sur Mobutu qui est contraint de quitter Kinshasa le 16 mai, direction Gbadolite.
Le départ de Mobutu donne le go à la fuite des mobutistes de tout bord, ils traversent par brazzaville avant de rallier les capitales européennes. Toutes les combines étaient bonnes pour échapper au lynchage, certains se déguiser en femmes tandis que d’autres soudoyaient à prix d’or les agents commis aux frontières.
De son côté, le Général Mahele confiant de sa négociation facilitée par ses fidèles amis français, reste chez lui et attend l’entrée des troupes de l’Alliance. Il a donné la consigne à ses anciens camarades d’armes de la SARM (renseignements militaires) pour ne pas s’opposer. Il connaît la capacité intellectuelle des mobutistes, il sait qu’une transition baliserait un chemin pour qu’il accède au pouvoir.
Dans la nuit du 16 mai, le tigre (surnom de Mahele) reçoit un appel téléphonique alarmant sur d’éventuels soulèvements au camp militaire Tshatshi. Kungulu fils du Président Mobutu lui demande d’aller y jeter un œil, lui-même étant déjà en route.
La garde rapprochée de Mahele n’est pas motivée et tente de dissuader le Chef, ce dernier intransigeant, obstiné à éviter tout bain de sang à Kinshasa, saute dans sa jeep.
C’est de l’entrée du camp que les militaires perchés sur des miradors lancent des tirs nourris sur l’escorte de Mahele qui parvient toutefois à pénétrer dans le camp jusqu’à l’emplacement où se tiennent les causeries morales.
Harangueur de talent, il prend à peine la parole pour demander aux troupes de baisser les armes qu’un adjudant sort de rang pour le couvrir de balles.
Ses multiples tentatives de paracommandos qui lui permettent de se dissimuler sous son véhicule ne suffiront pas. Il y sera extirpé et tué à bout portant avant que tous les militaires prennent la fuite.
C’est plus tard que le Capitaine Kungulu arrivera sur le lieu pour récupérer la dépouille de Mahele et l’acheminer dans une morgue de Kinshasa.
Sauvé de justesse !
Le vendredi 16 mai 1997 à l’aéroport de N’djili, le Maréchal Mobutu a échappé à un attentat.
Ceux qui l’accompagnent raconteront plus tard que quelques minutes avant l’embarquement de Mobutu dans l’avion, un colonel, officier de bataillon de Sécurité présidentielle prévient que des militaires se préparaient à abattre l’avion du Maréchal à partir de la Ferme Lokali (appartenant à Séti Yale) avec des missiles sol-air. Cette action serait mise sur le compte des rebelles de l’AFDL.
Après insistance de l’officier, le pilote a tourné dans le sens de Nsele pour prendre la position de vol dans le sens contraire de Masina. Cet attentat serait ourdi par le Commandant de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), le Général Nzimbi qui, après avoir quitté l’aéroport, n’est plus rentré au Camp Tshatshi.
Il avait déjà fait ses valises pour traverser immédiatement le Fleuve Congo et gagner Brazzaville.
Dans l’entre-temps, un autre complot se tramait à Gbadolite qui a finalement accueilli l’homme à la toque de Léopard. Il s’agit de la colère des commandos de la DSP qui estimaient que Mobutu avait longtemps protégé Nzimbi qui les a exploités jusqu’à la moelle épinière.
Le Major Ngani, Chef adjoint de la Garde présidentielle raconte que les commandos ont décidé de venir prendre le Maréchal en otage car c’est lui qui a couvert tous les abus de Nzimbi en refusant de le limoger ». Mobutu n’avait qu’une seule issue devant ces hommes : quitter immédiatement Gbadolite.
Mais comment car son jet parti pour chercher ses enfants à Brazzaville ne pouvait plus atterrir, la tour de contrôle ayant alerté le pilote que l’avion serait abattu en l’air .
De Lomé à Rabat, la dernière ligne droite !
Sur ces entrefaites, Mobutu a pris la destination de Lomé au Togo où il a trouvé asile auprès de son ancien ami Eyadema.
Honoré Ngbanda qui, à l’époque était son Conseiller spécial en matière de sécurité, raconte le scénario. Ce dernier se trouve à Lomé où sa femme venait d’accoucher et il en profite pour négocier l’accueil de son patron Mobutu. De bonne heure, alors qu’il s’apprête à prendre la route du palais présidentiel togolais, quelqu’un lui annonce l’arrivée de Mobutu à l’aéroport. Le « spécial » bondit dans une voiture direction l’aéroport de Lomé. Sur place, l’homme s’énerve de la vaste blague, il ne retrouve pas l’avion présidentiel. Et là, il entend une voix crier son nom, il se retourne et reconnaît le chef de la garde présidentielle, un certain Montoko. Il lui demande où se trouve le Maréchal et ce dernier indique un avion antonov impacté des balles. Ngbanda y pénètre et retrouve la limousine officielle, vestiges du pouvoir. Des membres de la famille lui disent que l’ancien dictateur est dans la voiture…le raffiné Mobutu étouffé par des habits, des chaussures, des valises traduisant d’une part la précipitation dans laquelle il a été embarqué et d’autre part des mesures de sécurité de fortune qui ont été prises vu les rafales qu’avait reçu l’avion russe à son décollage.
Honoré Ngbanda qui raconte la scène déclare que le Maréchal Mobutu s’est jeté dans ses bras en pleurant et en glissant ces mots : « Honoré, si je t’avais écouté », faisant allusion à tous les bulletins d’informations que ce dernier lui rapportait de ses équipes de renseignements. Malade et amoché par son cancer de la prostate métastasé, le Maréchal Mobutu doit être évacué pour la Suisse ou vers sa résidence de Cap Saint Martin à proximité de Nice en France. Un autre tracas il se rendit compte que le sac contenant son passeport et celui de son épouse ainsi que quelques billets de banque avait été volé par l’un de ses gardes.
Dans la recherche d’un dernier asile, Mobutu conspué par le monde entier y compris par ceux qui ont bénéficié de ses nombreuses largesses sera accueilli par son vieil ami, le Roi Hassan Il du Maroc.
Le Maréchal Mobutu et le souverain chérifien entretiennent d’excellents rapports tant dans le privé que dans l’officiel.
C’est là qu’il rendu l’âme en retournant auprès de celui qui l’a envoyé sur terre Présent à l’enterrement, outre la famille restreinte, quelques collaborateurs lui restés fidèles, Honoré Ngbanda énumère : « Les officiers de sécurité de Mobutu autour de leur Chef, le Capitaine Ngani, les médecins personnels Diomi et Biamungu, les responsables du Protocole Mena et Kasogbia et moi-même, nous nous sommes trouvés seuls autour de la dernière demeure du Maréchal ».
Et de préciser : »Chacun avait certainement compris que le moment d’adieu était venu. Alors, tous les efforts de maîtrise de soi ont cédé sous la pression de l’émotion. Militaires comme civils, nous avons tous éclaté en sanglots pendant près de trente minutes. J’entendis dans leurs pleurs, les gardes du corps demander pardon au Maréchal au nom de leurs amis en disant : Pardonne-nous, Maréchal, nous n’avons pas fait notre travail et nous avons manqué à notre serment ». Cétait simplement pénible et dramatique », conclue Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba dans son célèbre ouvrage, Ainsi sonne le glas, les derniers jours du Maréchal Mobutu.
Celui qui a vécu durant toute sa vie avec éclat, fort des glorioles a quitté la terre des hommes dans l’ombre, sans trompettes ni musique.
L’un de ses proches, présent à l’inhumation a confié : »Et le dernier jour, sans peur de la mort, malgré la dure souffrance physique, il a quitté ce monde comme un enfant vient au monde, c’est à dire les mains vides, mais dans la paix et la joie d’aller à la rencontre de son Père miséricordieux…J’ai eu le privilège de voir le Maréchal Mobutu au sommet de sa gloire et de partager avec lui les grands moments de sa vie. Je l’ai suivi dans la décadence de son pouvoir, jusqu’à sa mort dans la solitude la plus complète…et voici, Tout est vanité ».
Le jeudi 3 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) a une fois de plus été endeuillée par une tragédie maritime. L’embarcation « MV Merdi » a chaviré près du port de Kituku, à Goma, faisant état de 34 morts à ce jour, selon les autorités locales. Toutefois, ce bilan est contesté par Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui évoque des chiffres largement sous-estimés, avançant que les pertes humaines pourraient être bien plus élevées. Ce naufrage s’inscrit dans une série d’accidents devenus trop fréquents sur les fleuves, lacs et rivières congolais.
Le jeudi 3 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) a une fois de plus été endeuillée par une tragédie maritime. L’embarcation « MV Merdi » a chaviré près du port de Kituku, à Goma, faisant état de 34 morts à ce jour, selon les autorités locales. Toutefois, ce bilan est contesté par Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui évoque des chiffres largement sous-estimés, avançant que les pertes humaines pourraient être bien plus élevées. Ce naufrage s’inscrit dans une série d’accidents devenus trop fréquents sur les fleuves, lacs et rivières congolais.
Au cours des six derniers mois, environ 185 personnes ont perdu la vie dans des incidents similaires, tandis que plus de 600 autres sont portées disparues, d’après le suivi réalisé par Radio Okapi. Ces tragédies sont souvent attribuées à deux facteurs principaux : la surcharge des embarcations et leur vétusté. Les navires en bois, souvent mal entretenus, naviguent sur des voies navigables périlleuses, mettant en péril la vie des passagers. Lorsque les embarcations sont en acier, la surcharge est généralement à l’origine du drame.
La situation est d’autant plus préoccupante que, face à l’impraticabilité des routes, de nombreuses populations n’ont d’autre choix que de recourir à ces transports risqués. Emmanuella Vasikya, résidente de Goma, souligne l’état déplorable des infrastructures routières qui poussent la population à traverser le lac dans des conditions dangereuses. De plus, la route Minova-Goma est actuellement sous contrôle des rebelles du M23, exacerbant les difficultés de transport. Depuis l’arrêt du trafic routier entre Goma et Minova, en passant par Sake et Shasha, de nombreux commerçants se tournent vers le lac Kivu, prenant des risques considérables à bord d’embarcations surchargées, comme l’illustre le naufrage du « MV Merdi », survenu à environ 600 mètres de la rive.
Une série qui perdure
Dès son accession à la présidence, Félix Tshisekedi a hérité du problème récurrent des naufrages. En avril 2019, il avait remis 1 000 gilets de sauvetage à Dolly Bizimungu, alors gouverneur a.i. du Sud-Kivu, dans le but de sécuriser les passagers. Cependant, les actions de suivi par les agents publics semblent insuffisantes, permettant ainsi à ces accidents de perdurer. Depuis 2019, la série de naufrages continue d’affecter les lacs Maï-Ndombe, Kivu, Tanganyika, ainsi que le fleuve Congo.
Vers une solution durable ?
Malgré les promesses d’enquêtes et d’actions de la part des autorités, un sentiment de désillusion règne parmi la population, qui estime que l’État congolais n’agit pas de manière suffisamment proactive. Les normes de sécurité, notamment l’obligation du port de gilets de sauvetage, sont souvent négligées, tandis que le contrôle technique des embarcations reste largement insuffisant.
Le parquet général de Goma a annoncé l’arrestation de plusieurs responsables dans le cadre de l’enquête sur le naufrage du « MV Merdi ». Pour de nombreuses familles, ces mesures interviennent trop tard. Les autorités auraient pu agir en amont, en imposant des normes de sécurité strictes aux services portuaires.
Jacquemin Shabani, Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a ordonné au gouverneur du Sud-Kivu de sanctionner tous les responsables des services publics impliqués dans ce naufrage, notamment ceux de la division provinciale des Transports, de la police lacustre et de la Direction générale de migration (DGM). Il a également demandé aux gouverneurs du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de prendre des mesures réglementaires strictes en matière de navigation sur les lacs Kivu et Édouard, y compris l’exigence du port de gilets de sauvetage pour tous les passagers.
Malgré ces annonces, le laxisme et l’inefficacité des autorités continuent d’alimenter l’inquiétude des familles endeuillées, qui appellent à des mesures concrètes pour mettre fin à cette tragédie récurrente.
La RDC se trouve face à un défi majeur : comment réformer le secteur des transports fluviaux et lacustres pour garantir la sécurité de ses citoyens ? Les mesures prises jusqu’à présent semblent être des solutions temporaires, et un véritable changement s’avère impératif.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi n’a pas assisté à la clôture du XIXème sommet de la Francophonie en France. Le chef de l’Etat congolais est retourné, samedi 5 octobre à Kinshasa, après avoir constaté que son homologue français, Emmanuel Macron, n’a pas mentionné dans son discours l’agression rwandaise en RDC parmi des conflits armés au monde.
Lors du discours d’ouverture de ces assises à Villers-Cotterêts, Macron, dans son discours, a cité les crises que traverse le monde sans faire allusion au conflit dans l’est de la RDC. Ce qui a conduit Félix Tshisekedi à boycotter les travaux des dirigeants qui ont eu lieu en huis clos et qui ont débouché sur une résolution. « Des sources proches de la délégation congolaise, ACP apprend que le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi ne prévoit pas de participer aux séances à huis clos prévues l’après-midi de samedi dans le cadre du sommet de la Francophonie, en protestation du silence du Président français Emmanuel Macron qui n’a pas mentionné, dans son discours d’ouverture de ces assises, le conflit dans l’Est de la RDC, premier pays francophone. », a écrit le média public congolais, l’Agence congolaise de Presse (ACP).
Le président congolais n’a pas non plus participé, le même samedi, au déjeuner offert par la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.
Après cet incident, la résolution finale de ce XIXe sommet de la Francophonie issue des travaux des chefs d’État et de gouvernement a par contre évoqué plusieurs situations de crise, notamment en Afrique. Concernant l’est de la RDC, les dirigeants disent ainsi condamner fermement les violations du droit national, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays. Ils condamnent également « tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes » sans mentionner le Rwanda.
Faire plaisir à Kagame
Pourtant, c’est un secret de polichinelle pour l’opinion mondiale. Les dirigeants français post-génocide rwandais sont tirés à la barbichette par le président rwandais, Paul Kagame, qui les font chanter quasiment suite à l’implication présumée de la France dans ce drame au Rwanda.
L’imposition par la France de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l’OIF était suffisante pour comprendre l’attitude de la France. De ce fait, il était difficile voire impossible pour Emmanuel Macron de mentionner l’agression rwandaise contre la RDC en présence du président rwandais, Paul Kagame. Après le départ précoce de Tshisekedi de ce sommet, Emmanuel Macron a tenté de justifier son oubli volontaire. « Qu’il n’y ait pas malentendu. Hier [vendredi], je l’ai dit moi-même, je n’ai été que parcellaire dans les citations. Il y a beaucoup de crises, de tensions, de guerres que je n’ai pas citées », a réagi samedi soir Emmanuel Macron en conférence de presse. Et le président français d’ajouter : « Il n’y a pas de double standard dans la diplomatie de la France. »
Le président français a précisé que la guerre dans l’Est de la RDC a été, durant les deux jours du Sommet, le conflit sur lequel il s’est attardé lors des rencontres parallèles. Il souligne également que la France et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) restent mobilisées pour résoudre cette crise qui frappe la RDC.
Dilemme de Macron
En invitant sur sol deux présidents dont les pays sont en conflit, le président français s’est retrouvé dans le dilemme de les satisfaire tous. Paul Kagame n’aura pas accepté qu’Emmanuel Macron puisse critiquer son action militaire au Congo. De son côté, Félix Tshisekedi percevait ce sommet comme une vitrine pour que la France condamne toute violation de l’intégrité territoriale des pays agressés comme il l’a fait pour l’Ukraine mais aussi en faveur du Liban actuellement sous les bombes d’Israël.
Lors d’une interview accordée à France 24 le 3 octobre, le cardinal congolais Fridolin Ambongo a, une fois de plus, utilisé des termes forts pour décrire la situation en République démocratique du Congo. Selon lui, l’État est en faillite et il appelle la Monusco à reconsidérer son calendrier de retrait du territoire national.
Six mois après des tensions avec le régime de Félix Tshisekedi, l’archevêque de Kinshasa est revenu à la charge. Deux jours après le désintérêt apparent du président Tshisekedi envers le dialogue national, manifesté lors de son séjour en Hongrie, Fridolin Ambongo a réitéré son insistance sur la nécessité de pourparlers, notamment concernant la situation dans l’Est du pays. Il a de nouveau plaidé pour un dialogue afin de résoudre la crise sécuritaire dans cette région. Selon lui, la Monusco ne doit pas se retirer du Nord-Kivu et de l’Ituri, deux provinces sous état de siège depuis trois ans, mais toujours dévastées par les conflits armés. Précipiter le départ de la mission onusienne serait, selon ses termes, « une erreur ». Le cardinal appelle ainsi à « reconsidérer le calendrier de retrait » de la Monusco.
Lors de précédentes prises de parole, Fridolin Ambongo avait déjà qualifié la RDC de « grand malade dans un état comateux ». Sur France 24, il a déclaré que l’État est désormais en « faillite », affirmant que tous les indicateurs en RDC sont au rouge.
Retour sur les tensions avec le régime de Tshisekedi et accusations de sédition
Il y a environ six mois, le cardinal avait suscité l’attention de la justice congolaise en raison de ses propos jugés critiques à l’égard du régime en place. Lors de la messe de Pâques, il avait dénoncé la mauvaise gestion du pays et accusé les autorités de poser des actes incitant certains citoyens à rejoindre les rangs du M23, un groupe rebelle actif dans l’Est du Congo. Une agence de presse catholique avait même relayé des propos attribués à Ambongo, accusant le gouvernement de soutenir des rebelles Hutus rwandais (FDLR) et des miliciens Wazalendo pour contrer l’avancée du M23. L’agence avait ensuite reconnu une « mauvaise traduction » de l’interview en italien, mais le mal était fait. Le président de la Cour de cassation, Firmin Mvonde, avait ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, considérant ces propos comme « séditieux ».
Le 16 mai, à sa demande, Fridolin Ambongo a rencontré le président de la République. Après cette audience, il a déclaré que les « malentendus » liés à ses propos tenus lors de la messe de Pâques et à l’interview donnée à l’agence de presse catholique avaient été clarifiés auprès de Félix Tshisekedi.
Membre du cercle restreint des conseillers du pape François (C9), le cardinal Fridolin Ambongo est aujourd’hui l’une des figures les plus influentes de l’Église catholique en Afrique. Depuis 2023, il préside le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), et il est régulièrement sollicité par le pape pour contribuer aux réformes de l’Église catholique.