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Les improductives alliances du pays de Lumumba
Dans un monde devenu village planétaire, les nations sont contraintes de vivre en « interdépendance ». Et en tant que telles, les alliances entre Etats se font et se défont en fonction des intérêts et des besoins et dans le cadre de la politique étrangère de chaque pays. Par pur souci d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur cette évidence, dans son ouvrage “La politique étrangère de la République Démocratique du Congo: Continuité et ruptures”, le Professeur Mwayila Tshiyembe, spécialiste de la sociologie des conflits dans la région des Grands Lacs qui a fait un point d’honneur sur les alliés de la RDC, a mis en exergue l’évidence selon laquelle la politique étrangère constitue un instrument efficace pour la gestion de toute nation.
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Dans ce chef-d’œuvre, l’auteur révèle qu’avec ses atouts et ses vulnérabilités, la diplomatie de la RDC a été celle de la crise (1960-1965), de la porte ouverte (1965- 1990), des temps perdus (1990-1997) et de l’impuissance (1997-2006). D’où sa conclusion par cette interrogation : »Quelle diplomatie pour le 21ème siècle et l’avenir ? » En réponse à cette question posée avec acuité, Heshima Magazine tente en quelques lignes de décrypter les moments forts de l’histoire des alliances de la République Démocratique du Congo en remontant les années 1960.
En dents de scie
Colonie belge depuis 1902, le Congo a toujours été proche de la Belgique à qui il s’identifie politiquement et culturellement. Après l’accession à l’Indépendance le 30 juin 1960, les tensions naissent entre l’ancien colon et les nouveaux dirigeants de son ancienne colonie. Le Roi Baudoin 1er se sent lésé après le discours orageux de Lumumba qui a présenté la Belgique comme un tyran qui a terrifié et torturé les sauvages congolais. Les officiers belges ne parviennent plus à gérer les soldats subalternes de la Force Publique. S’ensuivent alors des émeutes dans les différentes provinces du Congo où les belges sont violées, tués et chassés. L’armée belge interviendra pour rapatrier tous ses résidants et va profiter de l’occasion pour régler des comptes à Lumumba.
De là va naître la relation en dents de scie entre les deux pays qui n’auront presque jamais des rapports privilégiés. Si la Belgique se vante d’être le premier partenaire économique de la RDC, les congolais eux le nient. Vers les années 1980, Mobutu Sese Seko, Président de ce pays depuis 1965 à la suite d’un coup d’Etat sur Joseph Kasa-Vubu, fatigué de l’ingérence belge dans les affaires internes du Zaïre, envoie des émissaires dont Nimy Mayidika Ngimbi, Gérard Kamanda, Mpinda wa Kasenga annoncer lors d’un débat contradictoire à la télévision belge, la rupture des relations entre la Belgique et le Zaïre.
A l’avènement de Laurent-Désiré Kabila, la situation ne va pas changer. Les relations sont restées tendues entre les deux pays. Il a fallu attendre le règne de Joseph Kabila pour assister au réchauffement des relations entre Kinshasa-Bruxelles. Louis Michel qui a longtemps géré la diplomatie belge vers le début des années 2000, est même considéré comme le mentor de Joseph Kabila. Fort de ces rapports améliorés entre les deux pays, le Congo de Kabila a même invité le couple royal belge à prendre part à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Congo en 2010. Une invitation qui sera sujette à polémique suite au cadeau de quelques carats de diamant de joaillerie qui sera offert à la reine Paola Ruffo di Calabria, épouse du Roi Albert II par Marie-Olive Lembe, épouse du Président Kabila. Cependant, vers la fin du mandat de Joseph Kabila, les relations diplomatiques entre la Belgique et la RD-Congo vont se ternir comme jamais auparavant avec des décisions lourdes de conséquences telles que la rupture de la coopération bilatérale, l’interdiction de voyager infligée à des responsables des deux pays, la fermeture de la maison Schengen, le rappel des ambassadeurs. Une situation que viendra changer aussitôt Félix Tshisekedi, cinquième Président du Congo. La Belgique est un pays qu’il connait très bien pour y avoir séjourné plus de deux décennies. D’ailleurs, après sa prise de fonctions, la Belgique a été le premier pays européen où il s’est rendu.
Depuis, les averses ont disparu dans le ciel de deux nations. La maison Schengen qui avait été fermée a rouvert ses portes et la coopération à l’exception de celle militaire, a repris.
Rwanda, Ouganda, Burundi: l’histoire des amours compliqués
Partageant les mêmes frontières, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont toujours été considérés comme des pays frères de la RDC, des alliés naturels. Les années 1980 et 1990 ont scellé une solide relation d’amitié entre Juvénal Habyarimana du Rwanda et Joseph Désiré Mobutu son voisin du Zaïre. Une amitié qui aurait pu coûter la vie aux deux Présidents en 1994 lorsque l’hélicoptère ramenant le président rwandais à Kigali a été abattu par des missiles sol-air.
« La politique étrangère de la République Démocratique du Congo: Continuité et ruptures »
Les deux hommes étaient ensemble et devraient effectuer le déplacement pour des assises africaines. Mobutu s’était désisté à la dernière minute.
En 1997, les successeurs d’Habyarimana ne sont pas en odeur de sainteté avec Mobutu qui n’est pas leur allié. Ils décident de le faire partir du pouvoir par les armes, en passant par Mzee Laurent-Désiré Kabila, ancien maquisard et ennemi de Mobutu déjà fragilisé à Kinshasa par l’opposant Etienne Tshisekedi.
Lorsque Kabila renverse le vieux léopard de Kinshasa, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda font office d’alliés privilégiés. Fin mai 1997, dans un stade Kamanyola rebaptisé stade des Martyrs à moitié vide et sans le moindre diplomate, le nouveau maître de Kinshasa s’autoproclame Président de la République en prêtant serment devant ses alliés, qui, à ses yeux suffisent pour légitimer son pouvoir.
Cependant, le mariage entre les quatre pays ne fera pas long feu. Le 02 août 1998 alors que quelques jours plus tôt, le président congolais avait annoncé la fin des relations avec le Rwanda, l’ancien allié, une guerre d’agression surgit presque dans les mêmes régions par où la marche pour la destitution de Mobutu avait commencé.
Cette fois-ci, le Congo de Kabila n’a plus de puissance de feu, ses alliés naturels se sont mués en ennemis. C’est là qu’entrent en scène l’Angola de Dos Santos, la Namibie et le Zimbabwe, les nouveaux alliés circonstanciels qui vont repousser les agresseurs et approvisionner en aliments le Congo sous embargo international et soutenir le régime de Kinshasa jusqu’en janvier 2001, quand Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans son bureau au Palais des marbres à Kinshasa.
Exemple sur le continent
Hormis les démêlés avec le Rwanda, la RDC est plutôt un pays pacifique non conflictuel aux yeux des pays africains. Présente et active dans la majorité de communautés continentales où elle s’apprête à prendre les commandes de l’Union Africaine en 2021, régionales (Sadc, Ceeac) et sous-régionales (Cirgl), la RDC est un exemple de bonne coopération. Le Président Tshisekedi est très actif sur le continent tant dans la quête des solutions au conflit entre l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda que dans la pacification d’autres pays comme l’Ethiopie en proie à des tentatives de rébellions de l’Etat de Tigre. En marge des consultations des forces vives qu’il a initiées le 02 novembre à Kinshasa en vue d’une «Union sacrée pour la nation », Félix Tshisekedi avait dépêché une mission diplomatique restreinte composée des membres de son cabinet, dans quelques capitales africaines comme Luanda, Le Caire, etc. Quelques jours après, cela s’est matérialisé par un meeting aérien des armées congolaises et angolaises dans le ciel congolais.
Dans la crise actuelle opposant le camp de Félix Tshisekedi (Cap pour le Changement) à celui de Joseph Kabila (Front commun pour le Congo), le positionnement des alliés est un élément de taille. Joseph Kabila conserverait une très bonne image en Afrique du Sud et au Zimbabwe voire au Burundi. C’est d’ailleurs auprès de deux de ces pays, à savoir Afrique du Sud et Zimbabwe que ce dernier avait aussi envoyé Kikaya Bin Karubi et She Okitundu pour réciproquer à la démarche de Tshisekedi. Quitte à savoir si les différents alliés sauront se départager en cas de crise réelle en RDC.
Félix Tshisekedi, un chercheur d’alliances ?
Le politologue Trésor Kibangula tente d’y répondre en décryptant la politique extérieure de la RDC à partir d’une trentaine des voyages effectués par le Président Félix Tshisekedi dans une dizaine de pays. Le Chef d’État s’est rendu notamment dans les pays limitrophes de la RDC, en Occident et en Orient. Ce périple avait trois axes. Pour le premier axe, le Président est parti chercher auprès des alliés, l’aide financière afin de mettre en application son programme de gouvernement avec ses 20 piliers. Cela s’est confirmé notamment par ses contacts outre avec les politiques, mais aussi avec le Groupe d’Etudes sur le Congo (GEC), le FMI, l’Union Européenne, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD).
Le deuxième axe a consisté au repositionnement régional de la RDC et la pacification de l’est du pays dans la perspective de rétablir un meilleur équilibre géopolitique des intérêts des uns et des autres. C’est dans ce cadre qu’il avait appelé tous les pays voisins notamment le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie à faire partie d’un »État-major intégré ».
Sans oublier la main tendue aux alliés traditionnels, dont la Russie, la Serbie, les USA (avec qui la RDC vient de relancer la coopération militaire) et prochainement la Chine. Le troisième axe selon Monsieur Kibangula, a visé le rééquilibrage des rapports de force à l’intérieur du pays qui sont actuellement défavorables à Félix Tshisekedi au sein de la coalition au pouvoir. Ses partenaires du FCC contrôlant l’essentiel des institutions de la République. Il a fallu donc prendre langue avec les alliés pour échanger sur la situation politique de la RDC.
Pour tout dire, à travers ses nombreux déplacements le président avait un seul objectif, réchauffer la diplomatie, la coopération multiforme avec les alliés pour sortir un pays qui a vécu dans l’isolement pendant des nombreuses années.
Alliance avec le plus offrant, l’heure du winwin !
Considérée comme un scandale géologique suite à l’immensité de sa richesse du sol et du sous-sol, la RDC fait l’objet de toutes les convoitises.
D’aucuns la considèrent comme un patrimoine mondial où tous les autres pays peuvent venir piocher. Et pourtant, comme le signalent quelques politologues, la Belgique a encore la mainmise sur l’économie de la RDC. Elle est une sorte de carte de validation. C’est elle qui donnait un avis de non-objection avant que Joseph Kabila vienne tout battre en brèche en 2006 lorsqu’il est élu président du Congo. Il tourne le dos au bloc occidental pour remettre le sort économique de son pays à la Chine en échange de quelques milliards de dollars américains. Un coup de massue dont ne se relèvent pas encore les Occidentaux qui ont vu la Chine déjà sérieuse concurrente, gagner du terrain.
Dix ans durant, la RDC s’est laissée entre les mains de la Chine, ne laissant que du menu fretin aux Américains, Français et autres. De cette alliance avec la Chine, quelques ouvrages sont sortis de terre, et ce dans plusieurs domaines de la vie, parmi lesquels la santé, l’enseignement, les infrastructures. La transformation de Kinshasa et de quelques provinces est l’œuvre de cette coopération polémique suite à la signature d’un contrat dont les rouages ne seront presque jamais maitrisés. En deux quinquennats placés sous les thèmes de « Cinq chantiers » pour le premier et « Révolution de la modernité » pour le second, l’alliance RDC-CHINE a produit : l’hôpital du cinquantenaire de Kinshasa ; près de mille écoles à travers le Congo ; la tribune en face du Palais du Peuple sur le boulevard triomphal ; la place des évolués, la place de la Gare dans la commune de la Gombe ; le pont Loange dans le Kasaï ; de milliers de kilomètres de routes de dessertes agricoles reliant plusieurs provinces ; le Musée national à Kinshasa ; le centre culturel en pleine construction, etc.
Ce qui paraît insignifiant aux yeux de plus d’une personne au vu des richesses insoupçonnées et surtout non contrôlées qui sortiraient de la RDC via ce partenariat. De l’avis de plusieurs analystes politiques, l’alliance entre la RDC et la Chine a été défavorable aux partenaires et alliés traditionnels du Congo, majoritairement occidentaux.
Avant de partir du pouvoir en 2019, Joseph Kabila place des garde-fous pour son allié chinois, il promulgue le nouveau code minier, un ensemble des mesures qui étranglent les partenaires occidentaux qui exercent dans le secteur des mines.
Le camp Kabila majoritaire dans les différentes institutions de l’Etat, il est presque impossible de voir ces clauses libératoires sauter. A ce jour, les Etats-Unis ont un nouveau Président en la personne de Joe Biden, un démocrate. Une situation qui ouvre la porte à une vague de questions sur la nouvelle configuration des relations entre Kinshasa et Washington, étant donné que l’actuel président américain est présenté proche de Kabila contrairement à son prédécesseur Donald Trump qui se voulait plutôt pro Tshisekedi, même si les deux hommes ne se sont jamais rencontrés en deux ans de pouvoir du président congolais. Les choses ne pouvaient pas si mal arriver sachant que la RDC connaît un tournant de son histoire.
Après l’alternance pacifique historique entre Joseph Kabila et son successeur Félix Tshisekedi, les deux hommes ont levé l’option de travailler ensemble pour le bien des congolais, dans une sorte de coalition au pouvoir. Deux années se sont passées, les noces entre ces deux ennemis d’hier n’ont pas débouché sur le bonheur tant attendu. Une alliance sur le plan national qui échoue au point que les congolais se posent des questions sur la nature de ces arrangements entre politiques. En soixante ans d’indépendance, les alliances entre la RDC et des pays étrangers ou encore celles conclues entre les congolais ont davantage contribué à régresser le niveau du Congo qu’à autre chose.
Ce pays immensément riche est toujours classé parmi les derniers de la liste des pays les plus pauvres, son armée demeure parmi les moins puissantes incapable de pacifier totalement le territoire national, son élite toujours mise en doute à l’étranger dans les mêmes pays alliés où elle est obligée d’être rétrogradée… à quoi servent ces alliances si la RDC ne sait pas en tirer profit. Il est certes impossible de se suffire tout seul, cependant il existe des pays quoiqu’en alliance avec d’autres, parviennent à se développer essentiellement avec leurs propres moyens, les alliances n’étant qu’une obligation relationnelle pour faire joli. Avec son potentiel, la RDC doit-elle toujours sa survie aux alliances ? Qu’en tire le peuple ? Des questions auxquelles les lignes précédentes ont peut-être répondu ou pas. Les jours à venir sauront mieux situer cette question des alliances.
Heshima Magazine
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RDC : les mouvements citoyens LUCHA et Filimbi sont-ils en perte de vitesse ?
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14 heures agoon
mai 15, 2025By
La redaction
Véritables porte-étendards des manifestations citoyennes lors de la dernière décennie en République démocratique du Congo (RDC), les mouvements Lutte pour le changement (LUCHA) et Filimbi, qui signifie « coup de sifflet » en swahili, semblent perdre leur cadence depuis le changement de régime politique à la tête du pays. Pourtant, malgré le départ de Joseph Kabila du pouvoir, les défis sociaux et sécuritaires demeurent. L’occupation de certaines villes du pays par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) a affecté les activités de ces mouvements.
Engagés pour la démocratie, la justice sociale et la bonne gouvernance, les deux mouvements se sont montrés comme des acteurs influents de la société civile lors de la dernière décennie. Fondée en 2012, la LUCHA rassemble plusieurs centaines de jeunes à travers le pays, mais le mouvement a beaucoup fait parler de lui dans les villes de Goma, Beni, Butembo, Lubero et Kinshasa. Malgré les défis sécuritaires et politiques, leur présence et leur action témoignent de leur résilience et de leur détermination à défendre les droits des Congolais.
Cependant, il faut reconnaître que depuis la fin du régime de l’ancien président de la République Joseph Kabila, les actions de ces mouvements ont baissé d’intensité. « Ils avaient focalisé leurs actions notamment sur le départ du pouvoir de Joseph Kabila. Après avoir atteint cet objectif, le reste des actions de la LUCHA et Filimbi n’a pas eu un grand impact », explique un analyste sur les dynamiques politiques en RDC.
LUCHA : un engagement constant pour la démocratie
La LUCHA continue de défendre la dignité humaine, la justice sociale et la démocratie par des actions non violentes. Le mouvement reste actif dans plusieurs provinces, notamment au Nord-Kivu, où il soutient les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et dénonce les violations des droits humains commises par les groupes armés, y compris le M23 soutenu par le Rwanda. Elle n’hésite pas également à critiquer la gouvernance du président Félix Tshisekedi, l’accusant de renforcer un système autoritaire et de ne pas améliorer les conditions de vie des Congolais.
Dialogue entre Kinshasa et AFC/M23, la LUCHA se positionne
Pour continuer à marquer sa présence dans le débat public, la LUCHA a livré sa position au sujet du dialogue entre le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC/M23, qui se tient à Doha, capitale du Qatar. « Nous tenons à mettre en garde contre des ‘‘accords de paix’’ récompensant les criminels au détriment des victimes, démantelant davantage les services de sécurité et compromettant les principes démocratiques », peut-on lire dans sa déclaration du 24 avril 2025. Ce mouvement se dit donc prêt à s’opposer à tout accord de paix qui viendrait consacrer « une amnistie générale » pour tous les responsables des crimes graves, une « intégration collective » des rebelles au sein de l’armée nationale ainsi qu’une représentation des rebelles au sein des instances politiques du pays.
Filimbi, un mouvement né de la colère socio-politique
Le mouvement citoyen Filimbi, dont le nom signifie « coup de sifflet » en swahili, est né le 15 mars 2015 à Kinshasa. Cette structure a été fondée par des jeunes Congolais issus de divers horizons professionnels, dont Floribert Anzuluni, un banquier, Franck Otete, un médecin, et Yangu Kiakwama Kia Kizi, un licencié en droit. Le lancement officiel a été marqué par une conférence de presse à laquelle ont assisté des représentants de mouvements tels que « Y’en a marre » (Sénégal), « Balai Citoyen » (Burkina Faso) et La Lucha (RDC). Trois des fondateurs de ce mouvement ont été exilés en Europe, après s’être cachés pendant plusieurs semaines à Kinshasa pour fuir la répression organisée par le régime de Joseph Kabila. Parmi eux figurait Floribert Anzuluni. Le jour même de son lancement, une quarantaine de personnes présentes à la conférence ont été enlevées par des militaires, dont certaines ne seront libérées que dix-huit mois plus tard. Les fondateurs ont été accusés de « terrorisme » et de vouloir préparer une insurrection violente, bien qu’ils se revendiquent résolument de la non-violence et du respect du cadre légal.
Cofondé par Carbone Beni, Filimbi agit comme un des acteurs clés de la société civile. Ce mouvement se positionne comme une structure non partisane et non violente, visant à stimuler la participation citoyenne, en particulier des jeunes, afin d’améliorer les conditions de vie en influençant les décisions des autorités. Le nom « Filimbi » symbolise un appel à la mobilisation et à la vigilance face aux injustices.
Fred Bauma et Yves Makwambala, des visages devenus iconiques
Toujours en 2015, le jour du lancement de ce mouvement, Fred Bauma et Yves Makwambala, membres de Filimbi, ont été arrêtés lors d’un atelier organisé pour le lancement du mouvement. Ils ont été inculpés de complot contre le chef de l’État et de tentative de destruction ou de changement du régime constitutionnel. Un rapport d’enquête parlementaire a conclu que les militants de Filimbi n’avaient aucune visée terroriste. Malgré cette intervention du parlement, leur procès s’est finalement ouvert le 26 juin de la même année. La justice a repris les mêmes griefs, notamment celui d’avoir comploté contre la vie ou contre la personne du chef de l’État ; d’avoir tenté de détruire ou de changer le régime constitutionnel ; ou d’avoir incité des personnes à s’armer contre l’autorité de l’État. Les autorités ont aussi accusé Fred Bauma d’avoir troublé l’ordre public, et Yves d’avoir publiquement offensé le chef de l’État.
En décembre 2016, Carbone Beni, un des leaders du mouvement, a été arrêté lors de la mobilisation contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila après la fin de son mandat constitutionnel en décembre 2016. Il a été détenu pendant plus de neuf mois avant d’être condamné à douze mois de prison pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État », « offense au chef de l’État » et « publication et distribution d’écrits subversifs ».
Tshisekedi réchauffe ces mouvements avec le débat sur la Constitution
Comme la LUCHA, Filimbi va perdre son influence après la fin de ce combat politique, consacré par le départ du pouvoir de Joseph Kabila le 24 janvier 2019. Mais Félix Tshisekedi va redonner de l’eau au moulin de ces mouvements en relançant le débat sur la modification ou le changement de la Constitution en octobre 2024. En décembre de la même année, le mouvement s’est opposé fermement à toute modification de la Constitution, dénonçant une tentative de coup d’État masqué et appelant le gouvernement à se concentrer sur les priorités urgentes telles que la sécurité et le bien-être des Congolais. « Nous ne nous laisserons pas faire. Nous sommes prêts à défendre notre Constitution, qui est le fruit de longues luttes et de nombreux sacrifices », avait déclaré Christophe Muyisa, cadre de Filimbi à Goma.
Depuis l’occupation de Goma et de Bukavu par les rebelles du M23, les deux mouvements font face à des menaces, notamment à Goma, où la LUCHA a été explicitement menacée par des partisans de l’AFC/M23, soulignant la pression exercée sur les voix critiques par ces rebelles.
Depuis l’alternance pacifique, Filimbi mène diverses actions, telles que des campagnes de sensibilisation contre l’incivisme, des initiatives d’assainissement urbain, des formations sur la gestion de l’environnement et des mobilisations contre les dépenses publiques excessives. Ce mouvement se consacre maintenant à un autre combat : celui de la réduction significative des dépenses publiques, estimant que 70 % du budget national est consacré au fonctionnement des institutions, au détriment des secteurs essentiels comme l’éducation, la santé et la sécurité. Le mouvement organise des formations pour sensibiliser la jeunesse à la gestion de l’environnement, illustrant ainsi son engagement pour un développement durable.
Heshima
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La Cour constitutionnelle en RDC : arbitre impartial ou relais du pouvoir ?
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20 heures agoon
mai 15, 2025By
La redaction
Dans une République démocratique du Congo (RDC) encore hantée par ses démons institutionnels, la Cour constitutionnelle cristallise à la fois les espoirs d’une démocratie en construction et les soupçons persistants d’un pouvoir sans contrepoids. Théoriquement investie du rôle de gardienne de la Constitution et d’arbitre des contentieux électoraux, cette haute juridiction se trouve au cœur d’une interrogation essentielle : défend-elle réellement l’État de droit ou s’est-elle muée, avec le temps, en auxiliaire de l’exécutif ?
L’origine de la Cour remonte à un tournant historique : l’adoption de la Constitution du 18 février 2006, fruit des accords de paix de Pretoria qui mirent un terme à la seconde guerre du Congo. Plus de cinq millions de morts, des institutions à rebâtir, et la promesse d’un nouvel ordre constitutionnel. L’article 157 crée alors une Cour constitutionnelle distincte, censée rompre avec les pratiques d’une justice inféodée, héritée de l’époque coloniale et prolongée sous le régime Mobutu.
À cette époque, le contrôle de constitutionnalité était confié à la Cour suprême, perçue comme une simple caisse de résonance du pouvoir en place. « Sous Mobutu, elle ne faisait qu’entériner les décisions de l’exécutif », résume Me Thierry Nlandu, avocat et constitutionnaliste. L’effondrement du régime en 1997, suivi d’une transition chaotique, met en lumière la nécessité d’un véritable contre-pouvoir judiciaire.
Mais il faudra attendre sept longues années pour que la Cour devienne réellement opérationnelle. Ce n’est qu’en 2013 qu’elle commence à exercer ses fonctions, révélant les résistances politiques à sa mise en œuvre. « Ce délai anormal témoigne de la méfiance des élites politiques face à toute forme de contrôle institutionnel », analyse le politologue Christian Moleka. Entre-temps, la Cour suprême a continué de trancher les litiges électoraux, notamment en 2006 et 2011 dans un climat de fortes contestations.
Alors que le pays s’avance vers de nouvelles échéances électorales, la Cour demeure sous étroite surveillance. Sur le papier, elle incarne l’équilibre des pouvoirs. Dans les faits, son indépendance continue de diviser.
Un mandat taillé pour l’exécutif ?
Neuf juges, neuf ans de mandat, un renouvellement par tiers tous les trois ans : la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo affiche, sur le papier, tous les attributs d’une institution indépendante et pérenne. Sa composition tripartite, trois membres nommés par le président de la République, trois par le Parlement en Congrès, trois par le Conseil supérieur de la magistrature, semble garantir un savant équilibre des pouvoirs. La Constitution renforce cette exigence d’expertise en imposant que six des neuf juges soient des juristes chevronnés, dotés d’au moins quinze ans d’expérience.
Pourtant, derrière cette architecture juridique soigneusement calibrée, la réalité institutionnelle révèle des fissures préoccupantes. « Le système congolais de nomination des juges constitutionnels présente une faille majeure : le président conserve un pouvoir de validation finale excessif », analyse Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l’Université de Liège. Un constat partagé par de nombreux observateurs dans un pays où l’exécutif exerce traditionnellement une influence déterminante sur le législatif et où le Conseil supérieur de la magistrature peine à affirmer son autonomie.
Les nominations controversées de 2020 ont mis en lumière ces fragilités structurelles. Quand le président Félix Tshisekedi désigne 3 nouveaux juges Dieudonné Kaluba Dibwa, ancien avocat de la République auprès de la CPI, Alphonsine Kalume Asengo Cheusi et Kamula Badibanga, la réaction ne se fait pas attendre. L’opposition dénonce une « mainmise déguisée » sur l’institution, tandis que des manifestations spontanées, bien que très minimes, éclatent dans la capitale. « Ces nominations respectent strictement la Constitution », se défend l’entourage présidentiel. Un argument qui peine à convaincre sur le terrain politique, tant Kaluba est soupçonné d’être proche de Tshisekedi.
Le piège du renouvellement échelonné
Le système de renouvellement par tiers, conçu pour assurer une sage continuité, révèle ses limites dans la pratique. Retards chroniques dans les remplacements, marchandages politiques opaques, sièges laissés vacants : chaque cycle de nomination devient l’occasion de nouvelles batailles d’influence qui grèvent la crédibilité de l’institution.
Des contentieux électoraux aux décisions controversées
L’ère pré-Constitutionnelle de la justice électorale en RDC reste marquée par des décisions qui continuent de hanter la mémoire collective. Avant l’opérationnalisation de la Cour constitutionnelle, c’est la Cour suprême de justice qui endossait le rôle d’arbitre électoral, avec des verdicts lourds de conséquences.
L’élection présidentielle de 2006, censée tourner la page des conflits, a révélé les failles du système. Lorsque Joseph Kabila est déclaré vainqueur face à Jean-Pierre Bemba avec 58% des voix, les contestations éclatent immédiatement. Le challenger dénonce des irrégularités massives dans le processus de dépouillement. Pourtant, la Cour suprême valide les résultats en un temps record, sans véritable examen des preuves avancées. « C’était une mascarade judiciaire », confie encore aujourd’hui un ancien collaborateur de Bemba, sous couvert d’anonymat.
Cinq ans plus tard, le scénario se répète avec une intensité accrue. Le face-à-face entre Kabila et Étienne Tshisekedi donne lieu à l’un des scrutins les plus controversés de l’histoire du pays. Malgré les rapports accablants des observateurs internationaux, l’Union européenne parlant de résultats « non crédibles », le Centre Carter dénonçant un processus « dépourvu de transparence », la Cour suprême confirme une nouvelle fois la victoire du sortant. Les violences qui s’ensuivent à Kinshasa et dans d’autres régions marquent durablement les esprits et sonnent le glas de la crédibilité de l’institution.
Ces épisodes douloureux ont pesé comme une chape de plomb sur les épaules de la nouvelle Cour constitutionnelle lors de sa mise en service en 2013. « Nous héritions d’une défiance systémique envers la justice électorale », reconnaît un ancien membre de l’institution. La tâche était immense : il fallait à la fois se démarquer des pratiques passées et imposer une nouvelle culture de l’indépendance judiciaire dans un paysage politique encore marqué par les réflexes autoritaires.
2018 : La Cour constitutionnelle face au test décisif
L’élection présidentielle de décembre 2018 devint le banc d’essai tant redouté pour la jeune Cour constitutionnelle. Après des années de reports sous Joseph Kabila, ce scrutin historique opposait trois figures emblématiques : Félix Tshisekedi, héritier politique de l’opposant historique Étienne Tshisekedi ; Martin Fayulu, candidat d’une coalition hétéroclite ; et Emmanuel Shadary, dauphin de Kabila.
La proclamation des résultats par la CENI le 10 janvier 2019 déclencha une onde de choc. Alors que Tshisekedi est annoncé vainqueur avec 38,57% des voix, des fuites publiées par le Financial Times révèlent des chiffres radicalement différents, allant jusqu’à attribuer près de 60% des suffrages à Fayulu.
Fayulu saisit immédiatement la Cour constitutionnelle, dénonçant un « coup d’État électoral » et exigeant un recomptage complet. Le 20 janvier, après dix jours d’audiences tendues, la Cour rendit sa décision. D’une voix ferme, elle rejeta toutes les requêtes de Fayulu, validant l’élection de Tshisekedi. Le verdict, rédigé dans un jargon juridique impeccable, ne parvint pas à masquer le malaise ambiant. Dans les coulisses, des sources judiciaires confièrent à Jeune Afrique que plusieurs juges avaient exprimé des réserves, mais s’étaient finalement rangés à l’avis majoritaire.
Bien qu’il y ait eu des scènes de liesse parmi la population congolaise à la suite de la confirmation de la victoire de Félix Tshisekedi, l’onde de choc de cette décision s’est propagée bien au-delà des frontières congolaises. Tandis que Fayulu qualifiait la Cour d’« instrument de légitimation d’une mascarade », certains partenaires internationaux ont adopté une position ambiguë, reconnaissant officiellement la victoire de Tshisekedi tout en exprimant des « préoccupations sérieuses ».
L’ombre de 2018 continue de planer sur la Cour constitutionnelle. Si l’institution a depuis rendu d’autres arrêts notables, c’est bien ce jugement qui reste gravé dans la mémoire collective comme son heure de vérité, ou son occasion manquée. Alors que le pays s’achemine vers de nouvelles échéances électorales, nombreux sont ceux qui s’interrogent : la Cour saura-t-elle tirer les leçons de ce passé récent, ou reproduira-t-elle les mêmes schémas qui ont entaché sa crédibilité ?
2023 : La Cour constitutionnelle face au paradoxe de la légitimité
Le dernier scrutin présidentiel de décembre 2023 a placé la Cour constitutionnelle face à un dilemme familier. La réélection de Félix Tshisekedi, avec un score sans appel (73,47 %) face à Moïse Katumbi (18 %) et Martin Fayulu (4,9 %), a ravivé le débat sur le rôle de l’institution dans la validation des processus électoraux.
Le jour du scrutin, certains bureaux de vote n’ont pas ouvert à l’heure et de nombreux électeurs ont peiné à retrouver leurs noms sur les listes. En réponse, la CENI a prolongé le vote sur plusieurs jours dans certaines circonscriptions, une décision vivement critiquée par des missions d’observation.
Félix Tshisekedi est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle avec plus de 73 % des suffrages, distançant largement ses principaux concurrents, Moïse Katumbi et Martin Fayulu.
Lorsque Théodore Ngoy, un candidat marginal, dépose un recours détaillant des irrégularités, la Cour adopte une position nuancée. Tout en reconnaissant la réalité de certaines anomalies, elle estime dans son arrêt du 9 janvier 2024 que celles-ci n’étaient pas « d’une ampleur susceptible d’influer sur l’issue globale du scrutin ».
Cette décision en demi-teinte n’a pas convaincu l’opposition. Le boycott judiciaire de Katumbi témoigne de la défiance ambiante : « Plutôt que de recourir à une Cour complice, nous choisissons de dénoncer par d’autres moyens », déclare-t-il à RFI, dans un cinglant désaveu de l’institution.
Cependant, contrairement à 2018, la Cour a fait des efforts notables de transparence. Son jugement de 2023 s’appuie sur un dispositif argumenté détaillant méthodiquement chaque grief, citant les rapports d’observation et fournissant des analyses statistiques. « C’est une évolution positive dans la forme, même si le fond reste discutable », admet un expert électoral sous couvert d’anonymat.
Toutefois, cette victoire écrasante, bien que marquée par des irrégularités localisées relevées par les observateurs, n’a pas suscité de contestation majeure quant à la légitimité du résultat final. Les missions d’observation, tant nationales qu’internationales, y compris le monitoring conjoint de la CENCO et de l’ECC, ont certes signalé des cas de bourrages d’urnes et des dysfonctionnements organisationnels, mais sans remettre en cause l’issue globale du scrutin. Aucune institution internationale ni capitale étrangère n’a émis de doute sérieux sur la proclamation du vainqueur, ni avancé de résultats alternatifs, confirmant ainsi une acceptation générale du verdict des urnes malgré les imperfections du processus.
Les défis dans le contexte des élections
Le rôle de la Cour constitutionnelle est central dans le traitement des recours électoraux. Pourtant, cette fonction se révèle problématique, notamment à cause des délais prolongés dans la prise de décision, de l’absence de transparence dans les délibérations, et du manque d’explications détaillées concernant les jugements rendus. Par exemple, lors des élections de 2011 et 2018, la Cour a été accusée de ne pas avoir pris en compte les préoccupations relatives aux fraudes électorales et aux irrégularités constatées durant le scrutin.
De plus, la Cour constitutionnelle est souvent accusée de manquer de l’indépendance nécessaire pour garantir une justice équitable. L’absence de diversité dans la composition de ses membres, et l’influence perçue du pouvoir exécutif, sont autant de facteurs qui renforcent la perception d’une institution partiellement alignée sur les intérêts politiques en place. Dans un contexte aussi chargé politiquement, les décisions de la Cour doivent impérativement être perçues comme transparentes et crédibles pour que la démocratie puisse se renforcer.
Nécessité d’une réforme
Face à ces multiples critiques, une réforme de la Cour constitutionnelle s’avère essentielle pour redonner confiance au peuple congolais. Plusieurs réformes sont envisagées pour renforcer l’indépendance et la transparence de cette institution. Parmi celles-ci, le renouvellement du mode de nomination des juges semble crucial. Actuellement, les membres de la Cour sont nommés par le Président de la République, ce qui suscite des inquiétudes quant à leur impartialité. Un processus de nomination plus inclusif, impliquant plusieurs institutions et acteurs de la société civile, pourrait garantir une plus grande légitimité.
Il est également nécessaire de revoir les processus décisionnels au sein de la Cour. La transparence des délibérations et la publication des motifs des décisions sont des mesures qui pourraient aider à apaiser les tensions et à renforcer la confiance du public. Lorsque la Cour rend une décision sur un recours électoral, il est crucial que celle-ci soit accompagnée d’explications claires et détaillées afin que la population comprenne les raisons qui ont conduit à un jugement spécifique, surtout lorsqu’il s’agit de résultats électoraux hautement contestés.
Rôle crucial dans la stabilité politique
Le rôle de la Cour constitutionnelle va au-delà de la simple validation des élections. Elle incarne également un gage de stabilité politique en période postélectorale, lorsque les tensions sont exacerbées et que les résultats sont remis en cause. Si la Cour prend des décisions éclairées et justifiées, elle peut contribuer à apaiser les tensions politiques et à éviter les dérives violentes qui ont marqué le passé du pays.
Cependant, cette fonction de régulateur de la vie politique n’est possible que si la Cour joue pleinement son rôle d’arbitre impartial. Si les décisions rendues sont perçues comme étant motivées par des intérêts politiques, cela risque d’aggraver les conflits et de déstabiliser davantage le pays. En ce sens, une réforme de la Cour constitutionnelle est une condition sine qua non pour renforcer l’état de droit en RDC et garantir un climat politique apaisé.
Vers une réforme nécessaire
La Cour constitutionnelle de la RDC doit se réinventer pour répondre aux attentes des Congolais et garantir le bon fonctionnement de la démocratie. Les réformes envisagées, tant au niveau de la composition de l’institution que de son fonctionnement interne, doivent permettre de restaurer sa crédibilité et son indépendance. Le renforcement de la transparence dans ses décisions et la promotion de l’intégrité de ses juges seront des éléments-clés pour assurer une justice électorale fiable.
En fin de compte, la confiance en la Cour constitutionnelle est essentielle pour la consolidation de la démocratie en RDC. C’est en garantissant l’indépendance de cette institution et en redonnant à ses décisions une légitimité incontestée que la RDC pourra espérer avancer sur la voie de la stabilité politique et du progrès démocratique. Les réformes de la Cour ne sont pas seulement une question de politique intérieure, mais une nécessité pour l’avenir du pays.
Heshima Magazine
Nation
Entre vitrine internationale et réalités locales, le pari risqué de « Visit DRC »
Published
2 jours agoon
mai 14, 2025By
La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) cherche à renforcer sa visibilité internationale en s’associant à un club de football européen reconnu. L’affichage du nom de la RDC sur les maillots de l’AS Monaco lors des matchs officiels constitue un vecteur de promotion touristique et culturelle. Cependant, le pays de Félix Tshisekedi peine à réunir les prérequis pour un meilleur accueil des touristes. L’état des services aéroportuaires, le manque de sécurité, l’état impraticable du réseau routier et surtout l’insalubrité constituent des problèmes à résoudre avant de lancer un tel partenariat.
Le 10 mai, le ministre des Sports et Loisirs, Didier Budimbu, a signé un protocole d’accord avec Thiago Scuro, directeur général de l’AS Monaco, portant sur la promotion du football congolais et du tourisme. Ce contrat, d’une valeur de 1,6 million de dollars par saison, devrait concerner le développement du football congolais, avec un accent particulier sur le football. Il s’agit notamment de la formation d’entraîneurs, l’exécution de programmes de développement des jeunes talents, l’amélioration des infrastructures sportives et le renforcement des ligues locales. Une part du contrat est consacrée à la visibilité de la RDC à travers ce club de la principauté. Un autre aspect de cet accord est la contribution financière additionnelle de 200 000 euros prévue pour couvrir les frais de déplacement et de coordination de l’AS Monaco dans le cadre de ses interventions en RDC.
Sur le plan de la visibilité, le gouvernement tente d’imiter la politique rwandaise dur le tourisme avec Visit Rwanda. Une stratégie jugée mimétique par certains observateurs congolais, qui y voient une copie mal adaptée du modèle rwandais. « Ils veulent ‘‘Visit Congo’’ pendant qu’ici, routes, sécurité et aéroport sont à l’agonie. On vend une vitrine sans boutique, un rêve sans socle. Avant d’acheter des slogans, qu’on construise un pays. Sinon, c’est inviter au festin dans une maison en feu », a réagi un Congolais sur X. Beaucoup voient dans ce mimétisme du gouvernement une volonté de mettre la charrue avant les bœufs. « Ces touristes qu’on invite vont atterrir à l’aéroport de N’djili avec toutes les tracasseries qui caractérisent cette frontière ? Un travail d’image du pays devrait être fait en amont avant de signer de tels partenariats », a déclaré Sylvestre Kabongo, un analyste sportif. « Nous serons témoins de l’échec de ce partenariat. », ajoute un autre Congolais, estimant que le gouvernement devrait commencer par rendre le pays attractif avant d’inciter les touristes à venir visiter la RDC. L’insalubrité persistante, la corruption endémique et les embouteillages chroniques sont autant d’obstacles évoqués à ce projet de soft power.
De son côté, le gouvernement tente de tempérer. « Il ne s’agit pas forcément d’un contrat de visibilité mais plutôt d’un contrat de transfert de compétences pour l’amélioration du football en RDC et non Visit DRC », a déclaré une source citée par 7SUR7.CD.
Entre coopération sportive et image de marque

Ce partenariat s’inscrit dans une volonté de renforcer les relations entre la RDC et la France, en particulier dans le domaine du sport. Il ouvre la voie à de futures collaborations dans d’autres secteurs tels que l’éducation, la santé et la culture. Le succès de ce partenariat, selon certains, pourrait inciter d’autres clubs européens à collaborer avec la RDC, favorisant ainsi une diplomatie sportive active. Certaines sources au sein du ministère des Sports évoquent déjà des contacts avec des clubs espagnols majeurs comme le Real Madrid et le FC Barcelone. Avec ce partenariat, il est envisagé d’étendre ce type de projets sportifs à d’autres provinces de la RDC et de pérenniser les événements sportifs organisés.
Cette collaboration a été initiée par l’ancien international congolais Distel Zola, un ancien joueur de l’AS Monaco et fondateur de la Fondation « Bana Zola », qui œuvre en faveur des enfants défavorisés en RDC. En 2022, l’AS Monaco avait soutenu un tournoi de football organisé à Kinshasa, fournissant des tenues de match et du matériel sportif. Cet événement, soutenu par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), visait à sensibiliser les jeunes à l’importance d’une alimentation équilibrée tout en leur offrant un moment d’évasion à travers le sport.
Une stratégie de marketing du Rwanda
Le Rwanda a établi des partenariats stratégiques avec plusieurs clubs de football européens dans le cadre de sa campagne de promotion touristique « Visit Rwanda ». Ces accords visent à renforcer la visibilité internationale du pays et à stimuler son secteur touristique. Depuis 2018, le Rwanda est le premier sponsor de la manche du maillot d’Arsenal, avec un contrat d’une valeur de 10 millions de livres sterling par an. Ce partenariat a été prolongé en 2021 pour quatre années supplémentaires. Il en est de même pour le club français du Paris Saint-Germain (PSG).
En août 2023, Kigali a signé un partenariat de cinq ans avec le Bayern Munich, axé sur le développement du football des jeunes et la promotion du tourisme. Ce partenariat comprend la création d’une académie de football FC Bayern au Rwanda. Début mai 2025, Kigali a conquis aussi l’Atletico Madrid, troisième club espagnol au classement actuel de la Liga.
Heshima
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