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KATUMBI : En attendant 2023

Deux ans après son retour d’exil, le dernier gouverneur de l’exKatanga n’affiche pas toujours clairement ses ambitions pour la prochaine présidentielle. L’homme semble renoncer à la stratégie d’une candidature précoce, sans toutefois abandonner ce projet.

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L’expérience de son bras de fer avec l’ancien président Joseph Kabila pourrait l’avoir beaucoup enseigné. Après avoir affiché ses ambitions politiques dès 2015, Moïse Katumbi a été assailli par une avalanche des dossiers, notamment judiciaires qui l’ont contraint à ne pas postuler lors de la présidentielle de 2018.

Actuellement, ses calculs politiques sont désormais tout autres. C’est dans la peau d’un « opposant constructif mais exigeant », selon ses propres termes, que Moïse Katumbi était rentré en RDC. Mais sans changer d’idéal qui reste le Palais de la Nation, murmurent certains de ses proches. D’abord, Katumbi , comme Jean-Pierre Bemba d’ailleurs, ont pris la posture de l’opposition « républicaine », contrairement aux deux autres leaders de Lamuka, à savoir Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui constituent, eux, une aile « radicale » au sein de cette plateforme d’opposition.

2023 dans le viseur ?

Moïse Katumbi avait affirmé ne pas vouloir se projeter en 2023. « L’opposition doit mettre à profit les années qui nous séparent de la présidentielle pour travailler et bâtir un projet d’alternance, solide et crédible », avait-il déclaré à un média panafricain. Mais bien des signes démontrent que 2023 est bien dans la ligne de mire du « chairman ». Tenez ! L’homme s’est donc appliqué à structurer sa base militante au-delà de son Katanga natal. Pour cela, en décembre 2019, il a créé son parti « Ensemble pour la République ». Une formation politique qui est née de la fusion des six partis membres de la plateforme Ensemble pour le Changement.

La structuration de ce parti a été perçu par d’aucuns comme une déclaration de candidature pour 2023. Mais l’ancien gouverneur tempère, sans nier. « Nous n’en sommes pas encore là », clamait-il avant la formalisation de son parti.

Equilibriste

Bien que Katumbi conserve toujours les ambitions de se porter candidat à la magistrature suprême, l’expérience douloureuse vécue sous Joseph Kabila l’incite à la prudence. Sous le régime de l’ex-Raïs, l’affaire de spoliation d’immeuble du sujet grec, Alexander Stoupis ainsi que celle des présumés 400 mercenaires ou encore sa présumée nationalité italienne, auront été des véritables crocs en jambe qui l’ont empêché de déposer sa candidature à la présidentielle de décembre 2018.

En dépit de cela, l’ex-candidat à la dernière présidentielle, Noël Tshiani Mwadiamvita veut rééditer les stratégies du régime passé. Il a, en effet, déposé au bureau de l’Assemblée nationale un projet de loi pour réserver la présidence de la RDC aux compatriotes nés des mères et pères congolais. Un projet de loi qui risque de ramener la discrimination, particulièrement pour un certain nombre de candidats dont Moïse Katumbi.

Et, visiblement, pour refuser de revivre ces scenarii, Katumbi joue à l’équilibriste. Il adhère à l’Union sacrée de la Nation initiée par le président, Félix Tshisekedi, tout en gardant un pied dans Lamuka. Et là, il exerce « automatiquement » les fonctions de coordonnateur pendant que Martin Fayulu avait passé le flambeau à l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito. La plateforme d’opposition dispose, depuis le 10 avril, de ces deux « coordonnateurs ». Une confusion qui fragilise cette coalition, mais permet à Bemba et Katumbi de garder dans leurs sillages cette plateforme d’opposition. Et cela, en attendant 2023…

Dido Nsapu

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La RDC et ses projets mort-nés ou en retard d’exécution

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Plusieurs projets publics initiés par le gouvernement ou la ville de Kinshasa n’ont jamais été exécutés. D’autres, en revanche, souffrent de retards considérables dans leur mise en œuvre. Voici un aperçu de certains projets qui piétinent en République Démocratique du Congo (RDC).

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait annoncé un grand nombre de projets à réaliser durant ses deux mandats. Lors de son discours sur l’état de la Nation, fin 2021, le chef de l’État avait promis la réalisation de plusieurs infrastructures. Parmi celles-ci, le projet de bitumage de 748 km du tronçon Beni – Komanda – Niania – Kisangani, le bitumage de 30 km de voiries dans la ville de Bukavu, et 100 km pour le tronçon Bukavu – Goma. Il y a aussi la réhabilitation de 80 km du tronçon Kasindi – Beni et la construction de la route Kasomeno – Mwenda reliant la RDC à la Zambie, longue de 270 km. Outre les projets routiers, d’autres chantiers souffrent également d’une mise en œuvre inefficace dans le pays.

Projet Kalamba Mbuji – Kananga en difficulté

Inaugurés par le président en 2022, les travaux de cette route, dans sa portion Kananga-Kalamba-Mbuji, n’ont pas avancé deux ans après leur lancement en raison de problèmes de financement. Pourtant, cette route est censée faciliter les échanges commerciaux entre la RDC et l’Angola en offrant un accès à l’océan Atlantique via le port de Lobito. Une fois achevée, elle désenclavera les provinces du Kasaï. Le ministre des Infrastructures et Travaux Publics, Alexis Gisaro, a annoncé que 40 millions de dollars étaient disponibles pour ce tronçon, soit 20 % des fonds prévus dans le cadre du contrat chinois renégocié avec le groupement d’entreprises chinoises (GEC).

Arrêt des travaux de Kinshasa Arena

Débutés en octobre 2023, les travaux de construction de la « Kinshasa Arena » au sein de l’enceinte du stade des Martyrs à Kinshasa sont à l’arrêt depuis plus de sept mois. Cette arène sportive de 20 000 places, censée être la plus grande salle couverte d’Afrique centrale, a connu des difficultés financières. Érigé sur un espace de 52 000 mètres carrés, le chantier a cessé brutalement après des débuts rapides. Sur les 103 millions de dollars prévus, seuls une trentaine de millions avaient été versés par le gouvernement, laissant le constructeur turc en attente de 65 millions supplémentaires.

Projet de modernisation de l’aéroport de N’djili en suspens

Conçu pour accueillir environ 3 millions de passagers par an, le projet de modernisation de l’aéroport international de N’djili, dont la première pierre avait été posée par Joseph Kabila en mai 2018, n’a jamais démarré. Ce projet, estimé à 364,9 millions de dollars, devait s’achever en 36 mois. Cependant, tout a été annulé. En janvier 2024, un nouveau plan de modernisation a été présenté par la firme turque Milvest, qui propose un investissement privé de 1,2 milliard de dollars sur deux ans en échange de la gestion de l’aéroport pendant 29 ans. Malgré l’approbation de ce plan, les travaux n’ont toujours pas débuté.

Projet de la ville « Kitoko » abandonné

Depuis février 2021, Félix Tshisekedi avait signé, au Caire, capitale de l’Égypte, un contrat pour la création d’une ville appelée « Kitoko » près de Maluku, à l’est de Kinshasa. Prévue pour s’étendre sur 30 000 hectares, cette ville devait comprendre des logements, des technopoles agro-alimentaires, une cité gouvernementale, et des infrastructures de santé. Le président devait poser la première pierre le 30 juin 2022, ce qui n’a pas eu lieu. À ce jour, ce projet est à l’abandon.

Maisons préfabriquées non livrées

Dans le cadre du programme dit des 100 jours, le projet de 600 maisons préfabriquées pour les militaires et policiers, en partenariat avec la société SAMIBO, n’a jamais vu le jour. Bien que 300 maisons devaient être construites à Kinshasa et 300 autres à Mbuji-Mayi, aucune livraison n’a eu lieu.

Projet de 1000 forages d’eau arrêté

Le projet de 1000 stations de pompage d’eau dans 1000 localités du pays n’a pas abouti. Signé avec le consortium Devert Construct Cameroun SARL et Sotrad Water, ce contrat de près de 400 millions de dollars a été suspendu en raison de soupçons de surfacturation. L’ancien ministre du Développement Rural et l’entrepreneur Mike Kasenga sont actuellement sous enquête pour ces irrégularités financières.

Projet de carte d’identité nationale annulé

En août 2024, le contrat de production de cartes d’identité biométriques avec Afritech et le groupe français Idemia a été rompu à cause d’irrégularités financières soulevées par l’Inspection Générale des Finances (IGF). Bien que ce projet de 1,2 milliard de dollars était attendu pour fournir enfin des cartes d’identité aux Congolais, il n’a pas été mené à bien. Toutefois, le gouvernement envisage un nouveau partenariat avec le même fournisseur.

« Kinshasa Solar City » sans suite

Lancé en 2020 pour produire 200 MWp d’énergie solaire à Maluku, le projet « Kinshasa Solar City », d’un coût d’un milliard de dollars, n’a pas avancé. La première pierre posée reste visible sur le site, mais les travaux n’ont jamais démarré.

Projet « Métro Kin » sans réalisation

Créée en janvier 2022, la société « Métro Kin » devait ramener le train urbain à Kinshasa. Cependant, deux ans après, aucun progrès n’a été constaté. Le directeur général avait promis un lancement pour mars 2024, mais cette échéance est passée sans action concrète.

Université moderne à Mbandaka : promesse non tenue

Lors de sa visite en 2022 à Mbandaka, le président avait promis la construction d’une université aux standards modernes. À ce jour, les travaux n’ont toujours pas débuté, obligeant les étudiants à se déplacer dans d’autres régions du pays pour poursuivre leurs études.

La RDC reste confrontée à d’énormes défis dans la réalisation de ses projets publics. Malgré des promesses et des annonces ambitieuses, la plupart de ces projets restent en suspens, affectés par des problèmes de financement, des retards administratifs, et parfois même des suspicions de malversation. Ces projets inachevés révèlent les limites de la planification et de l’exécution des initiatives publiques dans le pays.

HESHIMA

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Changement de Constitution : L’examen des intentions cachées de Tshisekedi

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Les spéculations autour de l’avenir de la Constitution de 2006, longtemps restées dans l’ombre, se sont désormais transformées en un projet tangible porté par le pouvoir en place. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a été celui qui a levé le voile sur cette intention de modification constitutionnelle lors de son discours à Kisangani, suscitant une agitation considérable sur la scène politique congolaise. Cette annonce a plongé le pays dans une dynamique de discussions enfiévrées, sans que l’on sache précisément où cela mènera, ni ce que contiendra exactement ce projet.

Le 23 octobre, à Kisangani, lors d’un meeting populaire, Félix Tshisekedi a annoncé la création d’une commission multisectorielle chargée de rédiger une nouvelle Constitution en 2025. Le président a justifié ce projet par la nécessité d’adapter la loi fondamentale aux « réalités congolaises », affirmant que la Constitution actuelle, rédigée sous l’influence étrangère en 2006 et modifiée en 2011, ne reflétait pas adéquatement les spécificités du pays.

Volonté réelle de recentrage national ou stratégie pour pérenniser le pouvoir ?

Le discours de Tshisekedi laisse entrevoir une volonté de modification en profondeur du texte constitutionnel, afin qu’il « reflète mieux les habitudes et spécificités de la nation congolaise  » et corriger les aspects considérés comme inappropriés dans la gouvernance du pays. Il s’est ainsi attaqué à l’influence étrangère dans l’élaboration de la Constitution actuelle, soulignant que celle-ci avait été imposée dans un contexte de pression internationale. Ce discours pourrait en effet avoir une résonance favorable auprès d’une population qui pourrait se sentir exempte de la tutelle des puissances étrangères. Cependant, si l’intention semble axée sur un renouveau institutionnel, elle suscite aussi de vives interrogations.

Étant à son second et dernier mandat, l’annonce de Tshisekedi a immédiatement déclenché des débats animés. Le projet de changement constitutionnel ne manque pas de susciter des doutes et des suspicions, notamment au sein de l’opposition et de la société civile. La campagne en faveur d’une nouvelle Constitution, menée par Augustin Kabuya, Secrétaire général de l’UDPS, met en lumière l’enthousiasme des partisans du président, mais soulève également des inquiétudes sur les véritables motivations derrière ce changement.

Les raisons apparentes et cachées du changement constitutionnel

De fait, dans les circonstances actuelles du mandat du Président de la République, l’une des premières interrogations qui surgit est liée à la possibilité que ce changement de constitution serve d’outil pour maintenir le président Tshisekedi au pouvoir. Certaines rumeurs avancent que l’objectif caché de cette réforme serait de modifier l’article 220 de la Constitution, permettant ainsi à Tshisekedi de se présenter à nouveau après la fin de son mandat, une manœuvre que l’opposition, soutenue par l’Église catholique, dénonce vivement. Toutefois, dès lors qu’il est question de la rédaction d’une nouvelle Constitution, toutes les supputations sur son intention de vouloir déverrouiller l’intangible article 220, n’ont plus de raison d’être.

Cependant, bien que l’on puisse légitimement s’interroger sur la volonté du président de se maintenir au pouvoir, il pourrait tout aussi bien respecter l’engagement qu’il avait pris sur la limitation des mandats, engagement qu’il avait combattu sous le régime de Joseph Kabila. On pourrait alors supposer que ses intentions sont motivées par une volonté sincère d’améliorer la gouvernance des institutions congolaises. Néanmoins, le changement de Constitution ouvre potentiellement la voie à des modifications des règles du jeu, permettant à Tshisekedi de « réinitialiser les compteurs » et de se présenter, à moins que la nouvelle loi ne prévoie explicitement le contraire.

L’éventuelle modification de la Constitution pourrait ainsi redéfinir les conditions de l’exercice du pouvoir. Par exemple, un allongement de la durée des mandats présidentiels, de cinq à sept ans, offrirait au président actuel la possibilité de briguer un troisième mandat et, en cas de succès, de cumuler 24 ans de pouvoir. Mais au-delà de cette option, une autre hypothèse émerge : celle de préparer le lit de son dauphin. Dans le cas où la nouvelle loi imposerait à son tour un mandat limitatif, rien n’exclut qu’à son issue le pouvoir en place assure la relève en préparant la succession de l’héritier désigné.

Toutefois  dans l’hypothèse de la place qu’un dauphin pourrait occuper dans les intentions du chef de l’Etat, deux cas de figure peuvent se présenter : soit le président respecte la limite de ses mandats constitutionnels et se désiste au profit du remplaçant qu’il aura désigné, soit il rempile, mais, cette fois-ci affecté par les limites physiques (n’oublions qu’il a dû subir au moins deux interventions médicales qui ont alerté l’opinion !), il s’assurerait d’une continuité en douce de son pouvoir en le cédant par exemple à un vice-président comme cela est prévu aux Etats-Unis.  Contrairement au président du Sénat qui exercerait provisoirement les fonctions du président de la République en cas de vacance pour l’une ou l’autre raison, le mandat du vice-président est conduit jusqu’au terme de celui du président élu. 

L’hypothèse de l’exclusion de candidats gênants

Il est également légitime de se demander si la nouvelle Constitution ne sera pas l’occasion d’introduire des mesures destinées à barrer la route aux leaders de l’opposition. Une des pistes envisageables pourrait être l’introduction d’une disposition exigeant que tout candidat à la présidence soit né de père et de mère congolais, une mesure qui pourrait viser à écarter des personnalités comme Moïse Katumbi, principal leader de l’opposition et ancien gouverneur du Katanga. Une telle mesure limiterait en effet la concurrence en excluant ceux qui ne remplissent pas ces critères, tout en favorisant les candidats favorables au pouvoir en place.

De même, l’idée d’introduire des critères supplémentaires, comme un leadership politique à l’échelle nationale ou un passé électif, pourrait aussi avoir pour objectif de limiter l’accès aux fonctions présidentielles aux seules figures politiques jugées loyales au régime. Un personnage comme le Dr Denis Mukwege, bien que figure emblématique et prix Nobel de la paix, pourrait ainsi se voir écarté, car n’ayant jamais été élu, ni porté à la tête d’un parti politique actif sur toute l’étendue du territoire.

Un autre argument qui s’introduirait dans la Constitution en gestation reposerait sur le fait de mettre de côté les candidats qui auraient eu maille à partir avec la justice ou des déboires avec le fisc. Ici, Martin Fayulu tomberait sous le coup, son hôtel ayant été scellé à une époque pour défaut de règlement de ses obligations fiscales.  Il en va de même pour Adolphe Muzito impliqué dans une affaire de corruption en Belgique.  Ou encore Augustin Matata, « auteur présumé de malversations financières de 208 millions de dollars de fonds publics destinés au projet de Bukanga-Lonzo », ainsi qu’a eu à le lui rappeler l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingete dans un tweet.

Le « virus du pouvoir » et les risques de tensions

En réalité, au-delà de l’examen des desseins qui peuvent être attribués au Président Tshisekedi, l’interrogation fondamentale est de percer les mobiles profonds du régime et du président de la République lui-même. De l’avis de plusieurs personnes, la volonté de tirer en longueur avec la mise en place de stratégies afin de se maintenir le plus longtemps au pouvoir est évidente.  Cette démarche suscite des préoccupations légitimes concernant les risques de tensions politiques, sociales et sécuritaires que pourrait engendrer une telle réforme. En effet, la persistance au pouvoir d’un dirigeant, même élu démocratiquement, engendre fréquemment des dérives et des conflits, comme on l’a vu dans d’autres pays d’Afrique.

Dans ces conditions, l’opinion publique et la classe politique ne seraient-elles pas tenté de penser que le président Tshisekedi et ses inconditionnels à l’instar de leurs semblables d’Afrique, sont atteints du virus du pouvoir, cette tare qui se refuse à quitter leurs fonctions à leur terme sous divers prétextes fallacieux.

A part quelques rares exemples, parmi lequel on peut citer la passation pacifique de pouvoir effectuée par George Weah ou plus récemment par Mokgweetsi Masisi du Botswana, ailleurs, l’obstination avouée est de perdurer pour exercer. Cela s’est observé en Côte d’Ivoire où le Président Ouattara, principal opposant au régime de l’ancien président Laurent Gbagbo, s’est représenté pour un 3ème mandat ; au Togo, en Guinée ou encore au Gabon où cela s’est soldé par la destitution du Président Ali Bongo.

Et à chaque fois, ce processus se caractérise par des violentes manifestations, comme celles vécues en RDC à l’encontre des velléités de Joseph Kabila avant son départ.  A ce sujet, la manifestation des jeunes de la Tshangu qui s’est déroulée le 31 octobre dernier sur le boulevard Lumumba est bien un signe annonciateur en cas de récidive. L’enjeu de l’alternance démocratique étant tellement crucial, on ne peut que se demander quelles sont les véritables chances d’accomplissement en toute quiétude de la procédure enclenchée par le chef de l’État actuel et de passer outre les mises en garde sur les risques de « balkanisation du pays » prédit par Olivier Kamitatu, la dénonciation « d’une démarche dangereuse sur le plan sécuritaire, social ou même politique » présagée par Donatien Nshole, ou encore les conseils du député national Ngoyi Kasanji, pourtant sociétaire de l’Union sacrée qui va jusqu’à rappeler les promesses du président Tshisekedi de respecter la limitation du mandat présidentiel  et de conseiller quiconque l’induirait en erreur car « le pouvoir enivre si l’on s’y complait, mais il est temps de marquer autrement l’histoire et de créer un véritable État de droit ».

Dans un contexte où l’alternance démocratique est un enjeu majeur, les préoccupations concernant les intentions du président Tshisekedi sont légitimes. Si la modification constitutionnelle peut offrir des opportunités d’adaptation de la loi fondamentale aux réalités du pays, elle comporte également des risques importants de dérives autoritaires et de tensions politiques. Les observateurs se demandent si, à l’instar de nombreux autres dirigeants africains, Tshisekedi est pris par « le virus du pouvoir » et s’il est prêt à tout pour conserver son contrôle sur le pays. La réponse à cette question conditionnera probablement la stabilité de la RDC dans les années à venir.

HESHIMA

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Parc des Virunga et Réserve d’Epulu : des aires protégées sous la menace des conflits armés en RDC

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Le 6 novembre 2024, la communauté internationale célèbre la Journée pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé. En République démocratique du Congo (RDC), certaines zones protégées subissent de plein fouet les effets des affrontements.

Depuis trois ans, les fragiles avancées en matière de protection de l’environnement dans le parc national des Virunga sont constamment menacées par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Ce parc, le plus ancien du continent, fondé en 1925 et s’étendant sur 7 800 kilomètres carrés, est le théâtre récurrent de violents affrontements entre ces rebelles et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Cette réserve, qui abrite la plus grande biodiversité d’Afrique, est de nouveau en péril à cause de ce conflit.

Un impact dévastateur sur la faune

Selon la direction de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), le braconnage des animaux a considérablement augmenté depuis que le M23 a occupé, en mars, la localité de Rwindi, dans le territoire de Rutshuru, qu’il contrôle depuis plus de deux ans. Privés d’accès à certaines zones, les éco-gardes ne peuvent plus surveiller efficacement la faune ni estimer les pertes dues au braconnage.

L’ICCN rapporte qu’avec la résurgence du M23, le parc national des Virunga aurait perdu la moitié de sa population animale. « Les groupes armés abattent les animaux pour se nourrir ou revendre leur viande afin d’acheter des armes et des uniformes, » explique Bantu Lukambo, défenseur de l’environnement. Il mentionne que ces actes de braconnage sont le fait du M23, de milices d’autodéfense, voire de certains membres des FARDC. Les impacts réels de cette situation demeurent difficiles à évaluer à cause de la présence du M23 dans les plaines de Rwindi, où les éco-gardes subissent des violences constantes. Les éléphants, prisés pour leur ivoire, sont particulièrement ciblés, tout comme les hippopotames et les gorilles des montagnes.

La Réserve d’Epulu : un sanctuaire en danger

Outre la présence du M23 dans la région majoritairement située dans le Nord-Kivu, d’autres groupes rebelles locaux commettent également des massacres d’animaux protégés. Dans la province de l’Ituri, au nord-est de la RDC, les conflits armés continuent d’impacter la faune. En juin 2012, dans la réserve à faune d’Epulu, des miliciens Maï-Maï sous la direction de Morgan avaient tué 15 okapis et une douzaine de personnes, dont plusieurs éco-gardes. L’okapi, une espèce découverte en 1901 et protégée depuis 1993, est endémique des forêts denses de l’Ituri et figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cependant, même au sein de la réserve d’Epulu, il reste vulnérable au braconnage. Classé en danger d’extinction, l’okapi ne compte plus qu’entre 10 000 et 15 000 individus dispersés dans quelques forêts tropicales de la RDC, principalement en Ituri.

Des menaces similaires dans d’autres aires protégées

Les autres parcs nationaux de la RDC ne sont pas en reste. À Kahuzi-Biega et Garamba, les menaces sur la biodiversité demeurent, notamment en raison des exactions de la rébellion ougandaise de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur), qui sévit depuis des années dans ces zones protégées.

Heshima

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