Aux premières heures des indépendances, l’Afrique a vu ses figures de proue être tragiquement éliminées. Cette réalité a rattrapé d’autres dirigeants qui se sont montrés nationalistes ou panafricanistes. Retour sur certains leaders du continent physiquement éliminés.
L’Afrique a été confrontée à plusieurs difficultés dans sa marche vers son indépendance. Face au défi de reconstruire une stratégie d’opposition contre l’hégémonie des colons, d’élaborer des orientations pour une lutte d’ensemble, on ne part pas de rien. On peut beaucoup apprendre des succès et des échecs passés et il est indispensable de restituer les combats dans la longue durée. Avec des situations quasi similaires dans de nombreux pays d’Afrique, Heshima Magazine s’attarde un peu sur un facteur considéré comme un frein au rayonnement de l’Afrique, l’assassinat de ses leaders « nationalistes et progressistes» de premier plan.
Elle est donc longue, la liste qui répertorie les leaders et chefs d’Etats africains réduits au silence. L’histoire renseigne qu’ils sont au moins 28 chefs d’Etats qui ont perdu leur vie par assassinat alors qu’ils étaient encore en fonction. Mais parmi les assassinats devenus célébrissimes, l’on compte celui de Patrice Emery Lumumba, Thomas Sankara, Laurent-Désiré Kabila, Mouammar Kadhafi, etc.
De 1956 à 1962, les indépendances africaines ont été l’un des tournants de l’histoire du 20ème siècle. Jamais on n’avait vu au tant d’Etats accéder à la souveraineté nationale en si peu de temps. Mais, le revers de la médaille est saisissant. L’euphorie de l’indépendance n’aura été que de courte durée, dans beaucoup de jeunes pays « souverains ». De Lumumba à Kabila, en passant par Thomas Sankara, des ardeurs refroidies !
Bref historique de 3 leaders africains assassinés
Patrice Lumumba
Né au Congo Belge en 1925, Patrice Emery Lumumba est un héros de l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo et de l’unité africaine. Principalement autodidacte, grand orateur et stratège politique, Lumumba entre en politique nationale par son élection le 10 octobre 1958 comme président du Mouvement national congolais (MNC). Il participe à la Première Conférence des peuples africains (Accra, décembre 1958), au premier Congrès des partis politiques congolais (avril 1959) et au premier Congrès du MNC (octobre 1959).
Arrêté par les autorités coloniales suite aux émeutes ayant suivi ce dernier congrès, il est libéré sous la pression unanime de tous les délégués congolais à la Table ronde belgo-congolaise de Bruxelles (février 1960), qui considèrent sa participation comme une condition sine qua non à la tenue des assises portant sur l’avenir du pays. Ce jour-là, le 30 juin 1960, Lumumba prononcera un discours qui traverse le fil du temps.
Né le 21 décembre 1949 à Yako (Nord de l’ex-Haute-Volta), Thomas Sankara a été formé militairement à Madagascar. En janvier 1983, à la faveur d’un coup d’Etat, il est nommé premier ministre. Une fois président de la République, Sankara change le nom de son pays et la Haute-Volta devient le Burkina Faso (pays des hommes intègres). Ses priorités : assainir les finances publiques, améliorer la situation sanitaire avec des grandes campagnes de vaccination et la construction de dispensaires par les habitants eux-mêmes, faciliter l’accès à l’éducation, développer l’agriculture, la production et l’artisanat local.
Ce jeudi 15 octobre 1987, avec son vêtement de sport, « l’homme intègre », comme il était appelé, se rend à un conseil des ministres extraordinaire. Après quatre années au pouvoir, il sera assassiné avec douze de ses compagnons lors d’un putsch qui laisse Blaise Compaoré seul au pouvoir. Les corps sont enterrés en catimini, dans une fosse commune creusée par des prisonniers réquisitionnés nuitamment pour la cause, au cimetière de Dagnoën, dans l’Est de la capitale, Ouagadougou.
Mouammar Kadhafi
Né le 7 juin 1942, Mouammar Khadafi est l’un des dirigeants, sinon le plus grand, ayant marqué l’histoire de la Lybie. La mort de Mouammar Kadhafi, guide de la révolution de la Jamarahiriya Arabe Libyenne et dirigeant de la Libye de 1969 à 2011, est survenue à Syrte le 20 octobre 2011, deux mois après la prise de pouvoir par le Conseil national de transition (CNT). Les circonstances exactes dans lesquelles il a été capturé, désarmé, torturé puis tué par des soldats du CNT restent confuses.
En janvier 2011, un mouvement de protestation populaire contraint le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, à quitter son pays pour l’Arabie Saoudite. Le mois suivant, Hosni Moubarak, président de l’Égypte depuis doit également abandonner le pouvoir face à la pression de la rue. Ces soulèvements populaires, qui ont lieu dans plusieurs pays du monde arabe pour la plupart des régimes autoritaires, sinon des dictatures , sont désignés sous le nom de « Printemps arabe » ou encore de la révolution du Jasmin, dans son pays de commencement, la Tunisie.
C’est ainsi qu’en février 2011, la Libye connaît à son tour une importante contestation, qui a pour but de garantir à la population plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l’homme, une meilleure répartition des richesses et l’arrêt de la corruption. Mouammar Kadhafi est alors au pouvoir depuis plus de 41 ans en tant que dirigeant de facto de la Jamahiriya arabe libyenne, ce qui fait de lui le chef d’État ou de gouvernement le plus ancien du monde arabe. Rapidement, il fait réprimer la révolte populaire par des tirs à balles réelles et des bombardements aériens. Le mouvement se transforme alors en une insurrection armée, puis en une guerre civile.
Pour protéger les populations civiles menacées par les violences commises par les troupes de Kadhafi, le Conseil de sécurité des Nations-Unies adopte en mars 2011 la résolution 1973, qui permet notamment l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. Au fil des mois, le régime doit faire face à une suite de défections et de défaites militaires. À la fin du mois d’août 2011, les insurgés entrent dans la capitale Tripoli, ce qui permet au Conseil national de transition (CNT) de s’installer au pouvoir. Mouammar Kadhafi, en fuite avec sa famille, continue à appeler au combat. En octobre 2011, la région de Syrte, dernier bastion tenu par ses partisans, est assiégée par les forces du CNT avec le soutien actif de la France. Et le guide libyen sera assassiné, son corps exhibé comme un trophée.
Kabila, un autre Lumumba
A 17 ans, il fait sa première apparition politique. Admirateur de Patrice Emery Lumumba, Laurent-Désiré Kabila avait promis à sa mère d’après plusieurs témoignages devenir un autre Lumumba. Et à 19 ans, le jeune homme fera sa première apparition politique dans les rangs des jeunes Lubakat du Katanga ayant montré une farouche résistance au sécessionniste Moïse Tshombe. Il était parmi ceux qui réclamaient le retour du Katanga en RDC, après la sécession. Et après le maquis et la prise du pouvoir plus tard, celui qu’on surnomme M’zee va faire montre d’un nationalisme intransigeant face aux Occidentaux, tissant des liens avec d’autres panafricanistes comme Mouammar Kadhafi.
La République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda ont décidé de reconstituer leurs frontières communes, souvent à l’origine de conflits. Les travaux débuteront en mai 2025, mais dès début septembre, les délégations des deux pays se sont rencontrées à Goma, au Nord-Kivu, pour discuter notamment du budget à allouer à cette opération.
Les experts des deux pays, réunis au sein de la Commission technique mixte RDC-Ouganda, ont convenu de commencer effectivement la démarcation des frontières en mai 2025. Pendant trois jours de discussions à Goma, ils ont élaboré des budgets séquentiels qui seront pris en charge par les gouvernements respectifs pour la réaffirmation des frontières, souvent sujettes à contestation.
Tout comme le Rwanda, l’Ouganda est régulièrement accusé de convoiter des terres congolaises. En octobre 2023, des représentants de la société civile du Nord-Kivu avaient dénoncé un déplacement des bornes frontières, les Ougandais ayant, selon eux, délibérément installé des bornes à l’intérieur de Rutshuru, une zone occupée par des rebelles du M23. Ces derniers avaient conquis la ville frontalière de Bunagana le 13 juin 2022. L’ambassade de l’Ouganda à Kinshasa avait catégoriquement nié ces accusations, les qualifiant de « fausses allégations ».
D’autres tensions concernent les eaux du lac Albert, où des pêcheurs congolais sont régulièrement arrêtés par la marine ougandaise pour avoir pénétré dans les eaux territoriales de l’Ouganda. En juin dernier, 80 pêcheurs congolais arrêtés à Senjojo ont été libérés, tandis qu’en octobre 2021, 35 autres avaient été détenus pour des incursions involontaires dans les eaux ougandaises, les frontières étant parfois difficilement visibles.
La reconstitution des frontières touchera également le lac Albert et plusieurs autres segments terrestres et lacustres : Bwindi/Sarambwe, le mont Sabinyo, le marché Kampala/Kinshasa (Kambala), le lac Albert, Vurra/Offo, la tri-jonction RDC-Ouganda-Soudan du Sud et la rivière Lubiriya – Pic Marguerite. « Ce rapport va établir des mesures et des réglementations, ainsi que la feuille de route pour la réaffirmation des frontières. Nous, Ougandais, sommes engagés à mener ces efforts jusqu’à leur aboutissement », a affirmé le colonel Naboth Mwesigwa, chef de la délégation des experts ougandais.
Il a rappelé que les deux peuples sont appelés à coexister pacifiquement et à résoudre leurs différends ensemble. « Nous sommes convaincus qu’avec un bon leadership [des chefs d’État des deux pays], aucun problème n’est insurmontable. L’Ouganda et la RDC partagent une longue histoire commune qui perdurera. Nous sommes frères et sœurs, et nous résoudrons ensemble tout problème qui pourrait survenir », a-t-il ajouté.
Côté congolais, la délégation des experts était dirigée par Alphonse Vangu Mabiala, directeur technique à la Commission Permanente des Frontières du ministère de l’Intérieur, accompagné de Matthieu Mulala, chargé des questions frontalières.
Bien que les tensions foncières entre les deux pays soient aujourd’hui relativement latentes, le régime de Kampala est souvent accusé de tenter d’annexer des portions du territoire congolais. « Ils [les Ougandais] avaient le droit d’obtenir des concessions au Congo […]. Le droit de piller le café, le bois, la papaye, l’or… Et comme nous ne pouvions accepter que cela se fasse autrement que par des canaux légaux, cela a été source de tensions », expliquait le président congolais de l’époque, Laurent-Désiré Kabila, en dénonçant le pillage des ressources congolaises par l’Ouganda, ainsi que ses ambitions expansionnistes, en ciblant directement le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni.
Télécoms la bataille des prix bousculent les opérateurs en Afrique
En République démocratique du Congo, les prix des télécoms explosent depuis plusieurs mois. La tendance n’est pas aussi moins observable dans le continent. Petit tour d’horizons du comportement de certaines firmes en Afrique.
A Kinshasa, capitale de la RD Congo, des Congolais se plaignent du coût des mégabits d’internet qui ne cesse de prendre de l’ascenseur. Parti à 1800 francs congolais en 2021, le pris d’un gigabit coûte aujourd’hui 2700 francs au bas mot. Et 3000 francs congolais dans d’autres coins de la République. Cette surenchère n’est observable qu’en République démocratique du Congo. D’autres pays comme la Côte d’Ivoire en sont victimes. En avril 2023, les opérations des Télécoms sont passés au crible dans les réseaux sociaux.
La mise en application d’un nouveau prix plancher de 0,8 Francs CFA par Mégabits d’internet est à la base de ces critiques. Pour certains observateurs, cette tendance à vouloir hausser le prix est liée au fait que les opérateurs veulent plus de bénéfices face à des revenus qui stagnent. « Les opérateurs veulent répercuter la hausse de leurs charges sur les forfaits », note un média français.
Dans ce contexte, l’idée d’augmenter les tarifs des forfaits fait son chemin. La concurrence entre Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free a tiré les prix vers le bas, loin des standards de la plupart des grands pays européens. Là où une offre Internet, télévision et téléphonie fixe de base peut coûter 22 euros par mois en France, les offres comparables coûtent de l’ordre de 35 euros au Royaume-Uni, 45 euros en Allemagne et jusqu’à 108 euros aux Etats-Unis, d’après la FFT. La dynamique est la même sur les forfaits mobiles, rapporte la source.
Des Télécoms qui passent de main…
Mai 2021, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et son administration jubilent. La première partie du processus de privatisation du marché des télécommunications vient de se clore avec l’attribution d’une première licence d’opérateur mobile, concédée pour 800 millions de dollars (662 millions d’euros à l’époque), à un consortium mené par le groupe kényan Safaricom (filiale de Vodacom). Au moins temporairement, nombre d’observateurs y voient la réalisation d’un point d’équilibre, les principaux acteurs s’étant finalement répartis de manière satisfaisante toutes les parts du gâteau en Afrique
Repositionnement…
Dans ce vaste mercato des télécoms, les géants du secteur paraissent in fine plus discrets que leurs challengers. Ils n’en demeurent pas moins à l’affût du moindre mouvement stratégique. Bien que concentré sur la croissance organique de ses différentes plateformes, MTN n’a pas hésité à se positionner, mi-juillet, comme candidat à une prise de contrôle de Telkom en Afrique du Sud. Ce dernier, troisième opérateur du pays, revendique 400 000 foyers connectés à ses offres d’internet fixe et a également reçu une proposition de fusion avec le fournisseur de réseau 4G et 5G Rain. Tandis que l’investisseur sud-africain Toto Investment Holdings a proposé en août 432 millions de dollars pour la reprise des parts que le gouvernement détient dans Telkom, MTN a finalement abandonné les négociations le 19 octobre.
Condamnation de l’agression rwandaise en RDC : Voici pourquoi Macron hésite…
Acculé par la presse congolaise, le 4 mars, pour son absence de condamnation claire du Rwanda dans son agression contre la République démocratique du Congo, le président français a eu la langue lourde pour le faire. Il y a bien des raisons à cette habitude. Heshima en évoque certaines…
Depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), la France est à la traine pour condamner ces rebelles qui bénéficient d’un soutien clair de la part du Rwanda. Paris était parmi les derniers à condamner ce mouvement sans toutefois nommer ses parrains dont notamment le président rwandais, Paul Kagame.
Le président français a, au cours de la conférence de presse tenue samedi 4 mars 2023, en marge de sa tournée africaine qui l’a conduite en RDC, esquivé de condamner le Rwanda dans cette agression contre la RDC via le M23. Emmanuel Macron a même tenté de le justifier en estimant qu’au sein du M23 – qui bénéficie du soutien des puissances étrangères – ily a aussi des Congolais. Acculé par la presse locale, il finira par le faire de façon moins audible. « J’ai été très clair sur la condamnation du M23 et tous ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda. Donc, je ne peux pas être plus clair que ça », a déclaré le président français à l’insistante question de la presse congolaise au Palais de la Nation, le 4 mars.
Sur ce sujet, Emmanuel Macron a toujours eu la langue lourde. Et c’est pour deux raisons majeures. Premièrement, la France a eu un passé sombre dans l’histoire du génocide rwandais de 1994. Kigali accusait sans cesse la France d’avoir participé dans le génocide qui a fait 800 mille morts au Rwanda dont en majorité des Tutsi. Paul Kagame faisait chanter Paris sur ce sujet. Et Emmanuel Macron a tourné la page de l’histoire, en 2021, en réparant avec le Rwanda.
Dans un discours prononcé, fin mai 2021, au Mémorial du génocide de Kigali, où reposent les restes de 250 000 des plus de 800 000 victimes, le président français a reconnules« responsabilités » de la France dans le génocide de 1994 et a demandé pardon. La France « n’a pas été complice », mais elle a fait « trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité », avait-il déclaré, en ajoutant que « seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner ».
Selon Macron, « la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda ». Paris est resté « de fait aux côtés d’un régime génocidaire » mais « n’a pas été complice », avait-il expliqué au Mémorial de Kigali, vingt-sept ans après le génocide de 1994. Devant une telle réparation avec l’histoire rwandaise, Emmanuel Macron ne veut plus se brouiller avec le Rwanda, et Paul Kagame le sait. « Kagame se croit tout permis car Macron a déjà cédé plusieurs fois à ses caprices. Sans une pression internationale forte exercée sur le Rwanda, la déstabilisation de l’Est de la République démocratique du Congo continuera ! », a écrit le 3 mars 2023, l’eurodéputé Thierry Mariani.
La deuxième raison majeure, c’est que la France sous-traite l’armée rwandaise pour la protection de ses intérêts économiques au Mozambique. Le Conseil de l’Union européenne – avec le soutien pressant de la France – a octroyé un montant supplémentaire de 20 millions d’euros au Rwanda destinés à l’aide à la poursuite du déploiement des troupes rwandaises au Mozambique. Une décision qui avait suscité la colère du prix Nobel de la paix Denis Mukwege.
Le célèbre gynécologue congolais s’était dit scandalisé « d’apprendre que l’UE débloque 20 millions € pour les RDF, une armée à la base de l’agression de la RDC, d’une crise humanitaire dramatique et auteure de graves violations des Droits de l’Homme et du Droit International Humanitaire ».
Même des ONG des droits de l’homme étaient abasourdies de ce soutien de l’Europe à une armée qui venait de participer aux massacres d’au moins 131 civils congolais dans les villages de Kishishe et Bambo, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, selon l’enquête du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH). « En finançant l’armée rwandaise, l’UE (comme les États Unis et d’autres pays avant elle) cautionne, voire soutient indirectement le conflit armé dans l’Est de la RDC, qui a des conséquences humanitaires et de droits humains absolument dramatiques. Scandaleux. Immoral. Insensé », avait, pour sa part, déclaré Jean-Mobert Senga d’Amnesty international.