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FELIX TSHISEKEDI entre espoir et inquiétudes des Congolais

Où en sommes-nous avec le « Peuple d’abord ! » ? Question à laquelle personne ne sait répondre. En décembre prochain, le Président Félix-Antoine Tshisekedi va prononcer le troisième discours de son quinquennat sur l’état de la Nation. D’aucuns se demandent ce qu’il en sera, parce que les conditions de vie de la population, dont il reconnaît l’endurance et la résilience, sont loin de s’améliorer.

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Lors de son speech fait en décembre 2020 dans le même cadre, le deuxième de la série, Fatshi s’était dit déterminé à engager, dans tous les secteurs de la vie nationale, les réformes nécessaires à l’amélioration du vécu quotidien des Congolais. À quelques mois de la présidentielle  prévue en 2023, non seulement que ces réformes dites courageuses et ambitieuses se font attendre, la situation sociale générale de la population semble se détériorer.

Dans presque tous les secteurs, la population attend des solutions mais en vain. Aucun suivi et évaluation réguliers de l’action gouvernementale en vue de garantir l’exécution optimale des objectifs contenus dans le Programme du Gouvernement. Tel est le cas du secteur du petit commerce ou du commerce de détails qui est toujours exercé par les étrangers, alors que la loi l’interdit. Comment comprendre que les ports illégaux et clandestins de l’ex-ONATRA continuent à fonctionner, une année après la décision de leur fermeture prise par le chef de l’Etat ? De même, on ne sait où on en est avec la baisse des prix des produits surgelés…

Les attentes de la population sont aussi restées sans réponses par rapport aux infrastructures, notamment les routes qui se détruisent davantage, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de travail et les rémunérations, le chômage…. De Goma où il était en séjour en juillet 2021, le chef de l’Etat avait indiqué que la corruption continue même dans le milieu de la justice qui est censé la combattre !

 Les attentes de la population sont aussi restées sans réponses par rapport aux infrastructures, notamment les routes qui se détruisent davantage, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de travail et les rémunérations, le chômage…. De Goma où il était en séjour en juillet 2021, le chef de l’Etat avait indiqué que la corruption continue même dans le milieu de la justice qui est censé la combattre !

De la CENI, bras de fer judiciaire, grèves des enseignants et des professionnels de santé, détournements des deniers publics, crises récurrentes dans les institutions provinciales, divergence autour de la taxe RAM, scandales d’exploitations illégales des ressources minières…

La RDC se confronte-t-elle à des problèmes insolubles et des crises institutionnelles sans fin ?

Desserte en électricité et en eau : on va de mal en pis

Alors que la population attend depuis des années qu’on lui desserve de l’électricité et de l’eau potable, aucune solution définitive n’a été envisagée pour accroitre durablement l’offre de la desserte en eau et en électricité face à la demande tant de Kinshasa que des autres provinces de la RDC.

Rien n’explique mieux la souffrance des Congolais dans le domaine énergétique que la prolifération à Kinshasa du commerce des groupes électrogènes et panneaux solaires, voire la multiplication des sociétés de forage. « Peuple d’abord ! », vivre sans électricité ou sans eau potable est devenu une situation normale dans plusieurs communes de Kinshasa. Pourtant, au terme du forum de Matadi sur l’énergie mère du développement rapide et de la modernité, organisé en août 2019 au Kongo central, il avait été décidé que l’Energie soit considérée comme une priorité du quinquennat en cours. Depuis…

L’Autorité de Régulation du secteur de l’Electricité (ARE) et l’Agence National d’Electrification et des services Energétiques en milieux Rural et Péri-Urbain (ANSER) sont, à ce jour, opérationnelles avec la désignation de leurs animateurs. Seulement, on ne sent rien, aucun changement par rapport à l’époque où ces structures n’existaient pas. Certes il faut attendre la fin des travaux de construction des usines de Lemba Imbu et de Binza-Ozone pour voir le déficit en eau résorbé, cependant, la population doit dans l’entretemps continuer à peiner chaque jour pour s’approvisionner en cette denrée.

EPST et ESU : la réforme, c’est aussi s’occuper des enseignants, des infrastructures….

 

Conformément à l’article 43 de la Constitution, la gratuité de l’enseignement de base est effective en RDC depuis la rentrée scolaire 2019-2020. Si cette mesure permet à plusieurs millions d’enfants d’intégrer ou de réintégrer le système éducatif, cependant, la problématique du paiement des enseignants, des infrastructures scolaires et du niveau des élèves reste entière. Depuis des années, le gouvernement a du mal à satisfaire et respecter ses promesses face aux exigences de ceux-ci. Aujourd’hui, les enseignants rappellent les engagements de Bibwa face à aucune réponse. Conséquence, chaque année il y a déclenchement des grèves. Alors qu’on parle de la construction des infrastructures scolaires à Kinshasa tout comme dans l’arrière-pays, il faut dire qu’au Congo les élèves continuent encore à s’assoir à même le sol où à étudier sous les arbres.

C’est au moment où les nouvelles unités (NU) demandent leur mécanisation et les anciens enseignants le réajustement de leurs salaires dans le budget 2022, qu’un bras de fer s’installe entre le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), Tony Mwaba, et les enseignants.

 Quoi qu’il en soit, les Congolais attendent voir le gouvernement résoudre le problème des écoles fictives et établissements scolaires non viables, sans oublier la régularisation de la situation des agents fictifs et sans actes réguliers de recrutement. Aussi, devrait-il résoudre le problème de surpeuplement des salles de classe provoqué par le retour massif des enfants à l’école.

Nécessiter d’agir vite pour l’ESU

Le souci de tout Congolais est de voir les universités et instituts supérieurs former de bons cadres supérieurs. Ainsi, l’Etat doit palier l’absence des financements, à l’insuffisance des infrastructures, à la qualité et au nombre de professeurs qui font défaut.

 S’il tient à un résultat positif, il devrait financer la formation des nouveaux professeurs en vue d’assurer la relève, de sorte qu’il n’y ait plus de carence sur l’ensemble du système éducatif. Il devrait en outre veiller à la mise à jour des programmes d’enseignement. Entre autres, les étudiants attendent voir le gouvernement trouver la solution aux problèmes des bourses et les enseignants à celui de la vente des syllabus. Pour ce qui est des infrastructures, la politique de leur construction devrait être proportionnelle à la croissance de la population estudiantine. En effet, c’est à juste titre que le ministre Muhindo Nzangi a lancé en septembre 2021 les états généraux de l’ESU dans le but de voir les choses changer. Au terme desdites assises, c’est le cas de le souligner, plusieurs universités ont perdu le privilège d’organiser une faculté de médecine.

RAM : l’insensibilité des dirigeants face aux cris de la population

 Au moment où les regards des Congolais sont rivés sur l’Assemblée nationale d’où la solution est censée provenir concernant le Registre des appareils mobiles (RAM), la question divise tant les députés de l’Union sacrée que ceux de l’opposition et la population ne sait à quel saint se vouer. En effet, plusieurs mois se sont écoulés avant que cette question ne soit abordée à l’assemblée nationale. Ainsi s’interrogent des Congolais sur le silence de l’Inspection Générale des Finances sur cette taxe ou rémunération que certains qualifient d’escroquerie, fléau, vol…

La guerre des chiffres

Le ministre des Postes et Télécommunications, Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PTNTIC), Augustin Kibassa Maliba, dit que le RAM a permis de collecter 25 millions de dollars au profit du trésor public. Martin Fayulu quant à lui, a demandé à l’Inspection Générale des Finances d’y regarder du dedans. L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) indique pour sa part que la taxe RAM a permis de collecter 266 millions de dollars depuis son institution en septembre 2020. Cette ONG regrette que le ministre Kibasa n’ait pas annoncé sa suppression lors de son intervention à l’Assemblée nationale. En effet, la question du RAM suscite une grande colère tant dans la population que parmi les députés nationaux. Elle oppose largement les députés du Front commun pour le Congo (FCC) à ceux de l’Union sacrée, en plus d’opposer ces derniers au Premier ministre. Avant que le ministre Kibassa ne se présente devant l’Assemblée nationale, les élus de l’USN étaient en réunion avec le Premier ministre autour de la même question, mais, la rencontre s’est terminée à queue de poisson.

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RDC : Quels risques politiques en cas de dissolution du PPRD et de 3 autres partis ?

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Dans une démarche audacieuse qui secoue le paysage politique de la République démocratique du Congo (RDC), le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a saisi la justice le 24 avril 2025 pour demander la dissolution de quatre partis politiques, dont le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dirigé par l’ancien président Joseph Kabila. Cette initiative, motivée par des accusations de complicité avec des groupes armés, suscite un vif débat sur l’équilibre entre sécurité nationale et libertés politiques dans un pays marqué par des tensions persistantes.

Le PPRD, fondé en 2002 par Joseph Kabila, a longtemps dominé la scène politique congolaise. Sous la présidence de Kabila, de 2001 à 2019, le parti a exercé une influence considérable, remportant notamment une majorité parlementaire en 2006. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019, les relations entre le nouveau régime et le camp de Kabila se sont détériorées, marquées par des accusations mutuelles de déstabilisation. L’Est de la RDC, en proie à des conflits armés impliquant des groupes comme l’Alliance Fleuve Congo (AFC) dans laquelle fait partie le Mouvement du 23 mars (M23), constitue un défi majeur pour le gouvernement Tshisekedi. C’est dans ce climat d’instabilité que s’inscrit la décision de cibler des partis politiques soupçonnés de collusion avec des groupes rebelles, une démarche qui reflète la volonté du gouvernement de renforcer son contrôle sur la sécurité nationale.

Accusations de collusion avec des groupes armés

Le ministère de l’Intérieur reproche au PPRD, ainsi qu’à l’ Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) de Corneille Nangaa, à la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga et au Mouvement Lumumbiste progressiste (MLP) de Franck Diongo, d’avoir soutenu des activités menaçant l’intégrité nationale. Pour le PPRD, les griefs incluent la présence d’anciens cadres dans les rangs de l’AFC/M23, des déclarations de Joseph Kabila interprétées comme un soutien implicite à ce groupe rebelle, et son passage supposé à Goma, une ville sous influence rebelle. Ces accusations s’appuient sur des textes légaux interdisant aux partis politiques de s’associer à des insurrections armées et imposant des obligations spécifiques aux anciens présidents. La procédure judiciaire, entamée après la suspension des activités du PPRD le 19 avril 2025, vise à obtenir une dissolution définitive, une mesure que Jacquemain Shabani présente comme indispensable pour protéger l’unité du pays.

Contestation de la procédure

Face à ces accusations, le PPRD a dénoncé une tentative de répression politique orchestrée par le régime Tshisekedi. La coordination diaspora de ce parti, dirigée par Sandra Nkulu Kyungu, a qualifié la requête de manœuvre visant à anéantir un adversaire politique, allant jusqu’à évoquer un “génocide politique”. De l’autre côté, les dirigeants du PPRD affirment n’avoir reçu aucune convocation judiciaire formelle et considèrent la présence policière à leur siège comme une violation des procédures légales. En avril 2024, le secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, avait rejeté des allégations similaires, qualifiant les accusations de soutien à l’AFC/M23 de “sans fondement” et critiquant le gouvernement pour des politiques jugées contraires à la souveraineté nationale. De son côté, le secrétaire permanent adjoint de ce parti, Ferdinand Kambere, conteste la procédure initiée par le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur. « La loi est claire : celui qui demande la dissolution, c’est le procureur, saisi à la suite d’une décision de suspension. Ce n’est pas le ministre. Nous, nous n’avons jamais été convoqués à ce sujet. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, aucun parquet n’a convoqué le PPRD », a-t-il réagi.

 Le PPRD a annoncé son intention de contester la dissolution par des recours judiciaires.

Quels risques politiques ?   

La décision du gouvernement divise l’opinion publique en RDC. De nombreux Congolais, en particulier dans les régions affectées par l’insécurité, soutiennent l’initiative de Jacquemain Shabani, y voyant une mesure décisive pour couper les réseaux de soutien aux groupes armés qui déstabilisent l’est du pays. Des voix au sein de la société civile, comme l’ONG Paix et Réconciliation, saluent cette action comme un signal fort contre toute forme de collusion avec des forces rebelles, un objectif prioritaire pour le régime de Tshisekedi. « Le gouvernement a le devoir de protéger la population contre ceux qui, sous couvert d’activités politiques, alimentent le chaos », a déclaré un représentant de cette organisation. Cependant, d’autres Congolais perçoivent cette initiative comme une atteinte aux libertés démocratiques, craignant qu’elle ne serve de prétexte pour museler l’opposition. Des analystes politiques, comme Josaphat Kalubi, mettent en garde contre les risques d’une telle démarche : la dissolution du PPRD pourrait pousser certains de ses membres vers la rébellion ou l’exil, aggravant la crise actuelle.

Vers un tournant politique majeur ?

Le dossier, actuellement examiné par la Cour constitutionnelle, devrait connaître une issue dans les semaines à venir. Cette bataille judiciaire pourrait redessiner le paysage politique congolais. Si la dissolution est prononcée, elle renforcerait la position de Félix Tshisekedi dans sa lutte contre les groupes armés, mais au risque d’une polarisation accrue et d’une érosion de la confiance dans les institutions. En revanche, un rejet de la requête pourrait galvaniser l’opposition, tout en exposant les difficultés du gouvernement à étayer ses accusations. Alors que la RDC aspire à consolider la paix dans ses régions troublées, le régime Tshisekedi marche sur une corde raide, cherchant à concilier impératifs sécuritaires et respect des principes démocratiques. Dans ce climat d’incertitude, la capacité du gouvernement à gérer les retombées de cette initiative sera scrutée de près, tant par les Congolais que par la communauté internationale.

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Jules Alingete Key : un héritage de rigueur à la tête de l’IGF

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Lorsque Jules Alingete Key prend les rênes de l’Inspection Générale des Finances (IGF) en juillet 2020, la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans un marasme marqué par des détournements endémiques et une absence criante de redevabilité. Nommé par le Président Félix Tshisekedi, le nouvel Inspecteur général hérite d’un organe presque figé, souvent relégué au rang de spectateur face aux abus. En cinq années de mandat, il transforme l’IGF en un véritable levier de transparence, au point d’en faire un rempart contre les antivaleurs. En mai 2025, il passe le flambeau à Christophe Bitasimwa, non pas en retraité d’un poste, mais en dépositaire d’un héritage institutionnel sans précédent.

Né le 25 juin 1963 à Kinshasa, originaire de Kutu (Mai-Ndombe), Jules Alingete est un pur produit de l’école congolaise. Diplômé en sciences économiques de l’Université de Kinshasa en 1988, il intègre l’IGF dès la fin de ses études. La suite est une ascension constante dans les arcanes de la finance publique : conseiller au ministère des Finances, coordonnateur au cabinet du gouverneur de Kinshasa, puis directeur des recettes à la DGRK (Direction générales des recettes de Kinshasa) entre 2008 et 2010. Son retour à l’IGF comme inspecteur général des finances s’inscrit dans la vision d’un chef de l’État décidé à restaurer la probité dans la gestion publique.

L’IGF, de l’ombre à la lumière

Avant 2020, l’IGF peinait à imposer son autorité, bridée par des diverses contraintes et un sous-effectif chronique. Avec Alingete, tout change : les patrouilles financières deviennent régulières, les audits surprises se multiplient, les synergies avec la justice s’intensifient. L’IGF passe de 55 à 225 inspecteurs en l’espace de quatre ans. L’institution est équipée, réarmée, et surtout, libérée. Car Félix Tshisekedi lui accorde une autonomie budgétaire et opérationnelle inédite, condition sine qua non pour frapper haut, fort et juste. En mai 2025, Africanewsrdc.net souligne que cette indépendance aura été la pierre angulaire de la mutation de l’IGF.

Des enquêtes au retentissement national

Le travail d’Alingete n’est pas seulement quantifiable. Il est visible et palpable. L’affaire Bukanga-Lonzo, révélée par l’IGF, expose un détournement de 285 millions de dollars autour d’un projet agro-industriel pourtant promu comme vitrine de l’autosuffisance alimentaire. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est mis en cause, les procédures judiciaires sont en cours.

En 2022, l’audit de la Gécamines jette une lumière accablante sur une décennie de gestion opaque, mettant en évidence des pertes colossales liées à des contrats léonins et à une corruption systémique. Le scandale secoue le secteur minier, précipitant des réformes indispensables. Deux ans plus tard, en 2024, c’est au tour du Fonds Minier de subir un examen minutieux. Les malversations révélées conduisent à la révocation du directeur général. En juillet 2024, ces mesures ont permis la suspension de plusieurs responsables et la renégociation de contrats déséquilibrés, rétablissant ainsi une répartition plus équitable des revenus miniers.

Mais l’enquête sur les contrats chinois, et en particulier la convention minière dite « Sicomines », signée en 2008 entre la RDC et un consortium d’entreprises chinoises, pourrait bien s’imposer comme l’un des dossiers les plus emblématiques du mandat d’Alingete. Dans un rapport explosif publié en février 2023, l’IGF révèle que la partie chinoise a empoché un bénéfice de 76 milliards de dollars, tandis que la RDC n’a reçu que 3 milliards pour des infrastructures. L’IGF dénonce un « déséquilibre financier majeur » défavorable à l’État congolais. L’enquête met en évidence que les engagements de la partie chinoise, notamment l’investissement de 3 milliards USD en infrastructures, sont largement insuffisants au regard des ressources minières déjà extraites. Le contrat, d’une disproportion flagrante, laisse plus de 90 % des bénéfices économiques aux entreprises chinoises, au détriment du Trésor congolais.

À la suite de la publication de ce rapport, le gouvernement de Félix Tshisekedi initie une renégociation des termes du contrat. En mars 2024, cette démarche débouche sur un nouvel accord plus avantageux pour la RDC : la valeur des infrastructures est revue à la hausse, la répartition des dividendes ajustée et un contrôle plus rigoureux est instauré sur les exportations de minerais. Un avenant à cette convention permet à la RDC d’obtenir 7 milliards USD pour la construction de 6 000 kilomètres de routes sur 15 ans. Cette révision, saluée par plusieurs chancelleries occidentales, témoigne de l’influence croissante de l’IGF sur la politique économique du pays, et de sa capacité à peser sur des décisions à l’échelle nationale.

Autre chantier majeur : l’éducation. L’IGF révèle une fraude massive au sein de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), estimée à 62 milliards de CDF détournés chaque mois. Cette découverte entraîne une réaction en chaîne, culminant en mars 2024 par la condamnation, par la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, de deux hauts responsables de l’EPST : Michel Djamba, Inspecteur général de l’EPST, et Delphin Kampayi, directeur du Service de contrôle de la paie du personnel enseignant (SECOPE), à 20 ans de travaux forcés. Les deux hommes ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics. Grâce à l’action décisive de l’IGF, cette hémorragie financière a été stoppée net, permettant ainsi de réorienter ces ressources vers la politique de gratuité scolaire, l’une des réformes sociales phares du quinquennat de Tshisekedi.

Une baisse tangible de la corruption

Dans cette lutte sans relâche contre la corruption, le bilan de Jules Alingete, chef de l’IGF, est éloquant. En mars 2025, lors de l’émission « Fauteuil Blanc », il a déclaré que « le taux de corruption est passé de 80 % à 50 % en cinq ans grâce à la détermination de Tshisekedi ». Il a ajouté : « Si vous examinez les statistiques des finances publiques en 2019 et 2020, vous comprendrez d’où nous venons. À cette époque, la corruption était profondément enracinée dans l’ADN des gestionnaires ». Ces propos interviennent dans un contexte où la RDC a enregistré des avancées significatives dans la lutte contre la corruption. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International atteste de cette amélioration. « En cinq ans, nous avons gagné environ 15 places au classement de Transparency International. Cela prouve que des efforts considérables ont été réalisés », a précisé Alingete, soulignant ainsi les progrès notables accomplis dans la gouvernance financière du pays.

Ces avancées ont contribué à améliorer l’image de la RDC sur la scène internationale, facilitant l’accès aux financements et rassurant les bailleurs de fonds. La rigueur instaurée par l’IGF sous la direction d’Alingete a ainsi joué un rôle clé dans la redynamisation de l’économie nationale et la restauration de la confiance des partenaires internationaux.

L’IGF, désormais logée à sa hauteur

En octobre 2024, l’IGF a franchi une étape symbolique de son renouveau en inaugurant un nouveau siège moderne de huit étages à Kinshasa, baptisé « Immeuble Étienne Tshisekedi wa Mulumba ». Ce bâtiment moderne, financé sur fonds propres, abrite 150 bureaux, six salles de réunion et un amphithéâtre de 250 places. Selon les informations partagées par le service de communication de l’IGF, sa construction a scrupuleusement respecté les normes de passation de marchés, un détail hautement significatif pour une institution dédiée à la transparence. « Ce bâtiment incarne notre autonomie retrouvée », déclarait alors Jules Alingete lors de l’inauguration.

Au-delà de ses dimensions, l’impressionnant édifice symbolise la transformation de l’IGF en une institution proactive et indépendante. Lors de la cérémonie d’inauguration, le président Félix Tshisekedi a souligné l’importance de doter les organes de contrôle des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission. Alingete, pour sa part, a exprimé sa gratitude envers le chef de l’État pour avoir revitalisé les institutions de lutte contre la corruption, en particulier l’IGF. Il a également mis en lumière les politiques internes visant à renforcer l’intégrité du personnel, notamment l’acquisition de plus de 280 véhicules individuels et la mise en place de crédits immobiliers pour les inspecteurs, afin de les prémunir contre les tentations susceptibles de compromettre leur éthique professionnelle. Ces initiatives témoignent de l’engagement de l’IGF à maintenir des standards élevés de gouvernance et de transparence.

Alingete a souvent souligné que les succès de l’IGF sont le fruit d’une volonté politique affirmée. Il a déclaré : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption. » Il a également exprimé son soutien indéfectible aux réformes initiées par Félix Tshisekedi, affirmant : « Recevez l’assurance de mon soutien pour toutes les réformes visant à bâtir une nation plus juste, plus transparente et résolument tournée vers un lendemain meilleur. » Ces propos illustrent la collaboration étroite entre l’IGF et la présidence, essentielle à la réussite des initiatives de bonne gouvernance.  Il a ajouté que ce nouveau bâtiment représente « une nouvelle vision pour des finances publiques saines », mettant en avant l’engagement renouvelé de son institution en faveur de la bonne gouvernance.

Ces déclarations témoignent de la reconnaissance d’Alingete envers le soutien constant de Félix Tshisekedi, sans lequel les progrès réalisés par l’IGF n’auraient pas été possibles. Elles illustrent également la synergie entre la présidence et l’IGF pour instaurer une gestion transparente et responsable des finances publiques en RDC.

Un effet levier sur l’économie nationale

L’impact de cette rigueur dépasse les chiffres de l’IGF. Entre 2019 et 2025, le budget national explose, passant de 4 à 18 milliards USD. Cette hausse spectaculaire est alimentée par une mobilisation accrue des recettes et une réduction drastique des fuites financières. En traquant les détournements, l’IGF a permis à l’État de redéployer ses ressources vers des secteurs clés tels que l’éducation de manière générale, la santé, les infrastructures et la gratuité de l’enseignement primaire.

Sous la houlette de Jules Alingete, les régies financières ont été mieux encadrées et ont enregistré des performances inédites. En 2022, la Direction générale des impôts (DGI) dépasse largement ses objectifs : plus de 18 mille milliards de CDF collectés contre des assignations de 11,7 mille milliards, soit un taux de réalisation de près de 130 %. L’exigence d’attestations fiscales pour les fournisseurs de l’État a également asséché les circuits de fraude.

Par ailleurs, l’IGF a intercepté plus d’un milliard de dollars de dépenses publiques jugées irrégulières rien qu’en 2023, limitant les déperditions budgétaires et réorientant les crédits vers des usages conformes. Cette rigueur a contribué à asseoir une discipline budgétaire rarement observée ces dernières décennies.

Ces gains de transparence, conjugués à une volonté politique ferme au sommet de l’État, ont redonné à l’administration congolaise des marges de manœuvre inédites. La RDC, longtemps classée parmi les pays les plus corrompus du monde, a commencé à inverser la tendance, en témoigne le regain de confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs. Pour beaucoup, la rigueur imposée par Alingete a été un véritable levier de relance macroéconomique.

Une reconnaissance méritée

Les distinctions pleuvent : prix Forbes Best of Africa aux Etats-Unis, Anti-Corruption Best Price, Trophée Muana Mboka, Congo ya Sika, Tombwama, et bien d’autres. Chaque trophée n’est pas qu’une médaille honorifique. Il est la preuve qu’un changement est possible quand la volonté politique rencontre la compétence technique. Ces récompenses, tant nationales qu’internationales, soulignent l’impact significatif des actions menées par Jules Alingete à la tête de l’IGF. Elles témoignent de la reconnaissance de ses efforts dans la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence en RDC.

En recevant le prix Forbes Best of Africa, Alingete a été salué pour son engagement envers les réformes économiques et la bonne gouvernance. Le Trophée Muana Mboka et le prix Congo ya Sika reflètent l’appréciation nationale pour son dévouement au service public et son rôle dans la transformation du paysage financier du pays. Des distinctions qui démontrent et renforcent la crédibilité de l’IGF et encouragent la poursuite des efforts pour instaurer une culture de responsabilité et d’intégrité au sein des institutions publiques.

Sous pression, mais jamais ébranlé

Son combat, Alingete ne l’a pas mené dans un cocon. Attaqué, menacé, diabolisé, il a tenu, soutenu sans faille par Tshisekedi. Le média congolais Ouragan.cd titrait en septembre 2024 : « L’homme à abattre », affirmant qu’il était la cible de mandataires publics véreux. Mais les attaques glissent sur un homme qui, à force de loyauté institutionnelle et de détermination, a rendu à l’IGF son autorité naturelle.

L’estime des pairs, l’adhésion du peuple

Au fil de son mandat à la tête de l’IGF, Jules Alingete a suscité une admiration croissante, tant parmi les experts que dans la population congolaise. Ses actions déterminées contre la corruption et sa rigueur dans la gestion des finances publiques ont été saluées par de nombreux observateurs. Jean-Pierre Tinda, analyste financier, souligne : « Grâce à Alingete, détourner n’est plus sans conséquence. » Marie-Claire Mbombo, économiste, affirme : « Il a redonné une âme à une institution oubliée. » Didier Katshungi, professeur de droit, observe : « Son nom est désormais synonyme d’intégrité. » Le professeur Albert Kikoso, spécialiste en gouvernance, déclare : « Un mur érigé contre la prédation. » Et Fatuma Kibati, active dans l’immobilier à Kinshasa, témoigne : « Grâce à lui, beaucoup commencent à respecter la loi sur les marchés publics. »

Ces témoignages reflètent l’impact profond de son action sur la société congolaise. En incarnant une lutte sans relâche contre les détournements de fonds publics, pour Jin Kazama, président d’une ONG des droits de l’homme, Alingete a non seulement renforcé la crédibilité de l’IGF, mais a également restauré la confiance des citoyens dans les institutions de l’État.

Une dynamique impulsée par le sommet

Pour Jules Alingete, les résultats engrangés par l’IGF s’inscrivent avant tout dans le sillage d’une volonté politique forte exprimée au sommet de l’État. À plusieurs reprises, il a salué l’engagement du président Félix Tshisekedi comme le socle qui a permis à l’IGF d’émerger comme acteur central de la lutte contre la corruption. « Si vous entendez parler de l’IGF aujourd’hui, c’est parce qu’il y a une volonté politique ferme qui accompagne ce travail », déclarait-il en 2023, soulignant que le chef de l’État a su « créer les conditions d’une action libre et rigoureuse ».

En septembre 2024, à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État, il affirmait encore : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption ». Cette ligne directrice, Alingete l’a constamment revendiquée, notamment lors de l’inauguration du siège flambant neuf de l’IGF en octobre 2024, où il saluait « le soutien permanent du président Tshisekedi au travail difficile mais salutaire abattu par les inspecteurs ».

Dans ses vœux du Nouvel An 2025, il réitérait cette reconnaissance : « Votre engagement indéfectible pour le progrès de notre pays inspire confiance et espoir. L’IGF poursuivra sa mission dans cet esprit ». À ses yeux, l’IGF n’aurait pu jouer ce rôle sans l’impulsion et la protection du Chef de l’État Tshisekedi. Une conviction qu’il porte comme un leitmotiv : « la rigueur n’est possible que lorsqu’elle est soutenue par le sommet de l’État. »

Bitasimwa, la relève sous tension

Le successeur de Jules Alingete, Christophe Bitasimwa, prend les rênes d’une institution désormais bien ancrée, mais confrontée à de nouveaux défis. La corruption numérique, les réseaux transnationaux, les fraudes de plus en plus sophistiquées…, autant de fronts sur lesquels il devra s’imposer. Le financier Alexis Kita met en garde : « L’ère Bitasimwa commence dans l’ombre d’un géant. » Cependant, le socle est solide, bâti par un homme et un président dont les parcours ont marqué l’histoire de l’IGF. Lors de la cérémonie de remise et reprise, le 15 mai, Bitasimwa n’a pas manqué de saluer le travail de son prédécesseur : « Tout le monde sait à quel niveau il a porté cette institution […] Aujourd’hui, cette institution est très respectée. La population fonde beaucoup d’espoir sur l’IGF. On ne peut que le lui reconnaître ce travail abattu et le leadership qu’il a imprimé à ce service. »  Selon lui, la grandeur de l’œuvre laissée par Alingete est telle qu’il est impossible de le remplacer, mais « on lui succède ».

Une sortie avec panache

En mai 2025, Jules Alingete quitte ses fonctions, non comme un fonctionnaire à la retraite, mais comme un bâtisseur qui laisse un édifice debout. L’IGF d’aujourd’hui n’a plus rien de celle d’hier. Son passage à la tête de l’institution aura marqué une rupture, une renaissance. Et si son avenir reste à écrire, son héritage, lui, est déjà inscrit dans l’histoire administrative du pays.

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17 mai 1997 : le point de bascule entre le Zaïre et la RDC

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La République démocratique du Congo (RDC) va commémorer, ce 17 mai 2025, la journée des Forces armées (FARDC). Une date qui rappelle également l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) en 1997. Ce point de basculement du pays, passant de Zaïre à la RDC, avait suscité de l’espoir au sein de la population. Un espoir qui oscille entre des conflits armés et des compromis politiques. Heshima Magazine revient sur certains faits marquant cette libération de l’ex-Zaïre.       

Le 17 mai 1997 marque la chute du régime du président Mobutu, renversé par la rébellion de l’AFDL menée par Laurent-Désiré Kabila, avec le soutien de ses alliés rwandais, ougandais et burundais. Ce jour-là, des enfants-soldats âgés de 10 à 14 ans, encadrés par des éléments de l’armée rwandaise, faisaient une entrée triomphale dans la capitale zaïroise. Venus à pied, principalement de Bukavu et de Goma, ces adolescents surnommés « Kadogo » défilaient dans les rues de Kinshasa, portant sur leur dos armes et munitions, sous les applaudissements de riverains soulagés de voir s’effondrer la dictature du Mouvement populaire de la révolution (MPR), le parti-État de Mobutu. Ces troupes, composées en grande partie d’enfants, avaient traversé le pays d’est en ouest pendant sept mois. Mais ce que beaucoup ignoraient alors, c’est que ces hommes, accompagnés de soldats rwandais, inauguraient un cycle infernal de violences et d’instabilité qui, vingt-huit ans plus tard, se poursuit encore.

Création de l’AFDL (1996)

Fondée en octobre 1996 dans l’Est du Zaïre, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) est née de la fusion de plusieurs mouvements rebelles à l’origine de la Première Guerre du Congo (1996–1997). Elle regroupait le Parti de la révolution populaire (PRP) de Laurent-Désiré Kabila, le Conseil national de résistance pour la démocratie (CNRD) d’André Kisase Ngandu, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre (MRLZ) d’Anselme Masasu Nindaga, ainsi que le Groupe des nationalistes et fédéralistes congolais (GNFC). Ces forces politico-militaires, réunies sous la bannière de l’AFDL, ont bénéficié d’un appui militaire et politique sans réserve de la part du Rwanda et de l’Ouganda. Dans une moindre mesure, le Burundi et l’Angola ont également apporté leur soutien à la rébellion.

Mainmise du Rwanda à travers James Kabarebe

Le 17 mai 1997, les troupes de l’AFDL entrent sans grande résistance dans Kinshasa. La veille, le maréchal Mobutu avait déjà fui le pays, trouvant refuge d’abord au Togo, puis au Maroc. Le 29 mai, au stade des Martyrs, Laurent-Désiré Kabila est investi président de la République. Dans la foulée de cette prise de pouvoir, il met fin à l’appellation « Zaïre » : la nation reprend le nom de République démocratique du Congo (RDC). Il suspend la Constitution, interdit les partis politiques et concentre tous les pouvoirs entre ses mains.

Le premier gouvernement est largement dominé par des cadres de l’AFDL et des proches du nouveau président. Des ressortissants rwandais se voient confier des postes stratégiques, notamment la direction de l’armée avec le colonel James Kabarebe. Le ministère des Affaires étrangères échoit également à Bizima Karaha, présenté à l’époque comme Congolais, mais que Kabila découvrira plus tard comme étant de nationalité rwandaise.

« Les annales de l’histoire nationale retiennent désormais que parmi les principaux dirigeants de l’AFDL figuraient deux Rwandais, à savoir Déogratias Bugera et Bizima Karaha. Mais, par naïveté ou amateurisme politique, les dignitaires congolais de l’AFDL s’étaient évertués à les présenter sous l’étiquette de compatriotes », écrivait en 2021 le journaliste Jacques Kimpozo du journal Le Phare.

Bien que l’AFDL ait été officiellement dirigée par Laurent-Désiré Kabila, le véritable commandement militaire relevait de James Kabarebe, officier rwandais mandaté par Kigali. Il dirigeait les opérations sur le terrain, planifiait les offensives et coordonnait à la fois les troupes rwandaises et les forces de l’AFDL. C’est lui qui orchestre la progression fulgurante de la rébellion, depuis le Sud-Kivu en octobre 1996, en passant par Kisangani et Lubumbashi, jusqu’à Kinshasa, conquise le 17 mai 1997 après la prise stratégique de Kenge.

Ces victoires furent rendues possibles grâce à une coalition composée de troupes rwandaises, ougandaises et de milices locales encadrées par Kabarebe, qui rendait compte directement à Paul Kagame, chef du Front patriotique rwandais (FPR), resté à Kigali. Outre la conduite des opérations militaires, Kabarebe avait pour mission de neutraliser les camps de réfugiés hutus en RDC, dans le cadre d’un plan plus large de Kigali visant à démanteler les ex-FAR (Forces armées rwandaises accusées de génocide) et à surveiller les alliances congolaises suspectes.

Il encadrait également Laurent-Désiré Kabila, considéré par Kigali comme un allié utile mais peu fiable. Quelques mois plus tard, Kabarebe est nommé chef d’état-major des Forces armées congolaises (FAC), preuve manifeste de l’influence rwandaise sur le nouveau pouvoir. Il en profite pour restructurer l’armée avec l’appui d’officiers rwandais et de combattants banyamulenge, ces Tutsis congolais dont certains étaient acquis à la cause de Kigali.

Kabila rompt son alliance avec les Rwandais et les Ougandais 

Accusés de massacres et de pillages de ressources tout au long de la conquête du Zaïre, les Rwandais et les Ougandais seront rapidement dénoncés. Le régime de Laurent-Désiré Kabila prend alors ses distances avec ses anciens alliés, provoquant des tensions croissantes entre Kinshasa, Kigali et Kampala. Ces frictions débouchent, dès 1998, sur la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), souvent qualifiée de « guerre mondiale africaine » en raison de l’implication de plusieurs États de la région, dont le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, le Zimbabwe, la Namibie et l’Angola.

Ce conflit, l’un des plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, culmine avec l’assassinat du président Kabila le 16 janvier 2001. Son fils, Joseph Kabila, lui succède et amorce, en 2003, un processus de paix visant à mettre fin à la guerre. À cette époque, l’est du pays est sous contrôle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), rébellion pro-Kigali dirigée par Wamba dia Wamba, mais fortement influencée par Azarias Ruberwa et Moïse Nyarugabo. L’ouest, quant à lui, est partiellement conquis par le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, tandis que le RCD-K-ML s’impose dans le nord de la province du Nord-Kivu.

C’est dans ce contexte éclaté qu’est organisé le dialogue intercongolais (2002–2003) à Sun City, en Afrique du Sud. Ce processus réunit les principales forces politiques et militaires du pays, rébellions, opposition, majorité et aboutit à la réunification officielle de la RDC. Mais celle-ci reste fragile : le pays ne sort pas pour autant du cycle de violences imposé par l’ingérence persistante de Kigali et de Kampala.

Un jour de libération aux conséquences macabres

La progression de l’AFDL vers Kinshasa s’est accompagnée de lourdes pertes civiles. Dans les zones reprises aux Forces armées zaïroises (FAZ), la rébellion a été accusée d’exécutions sommaires de soldats et de policiers capturés, ainsi que de massacres de civils dans plusieurs villes, dont Kisangani, Mbandaka et Kindu. Ces populations étaient souvent soupçonnées de loyauté envers Mobutu ou d’hostilité à l’égard des Banyamulenge, les Tutsis congolais alliés à l’AFDL. Le recours à la terreur a été utilisé comme moyen de domination pour asseoir le nouveau pouvoir.

Parallèlement, dans le contexte post-génocide rwandais de 1994, près de deux millions de réfugiés hutus, dont de nombreux responsables du génocide, s’étaient installés dans l’est du Zaïre. L’AFDL, avec l’appui direct de l’armée rwandaise, a mené une traque systématique de ces réfugiés. Les camps de Mugunga, Kibumba, Katale et Lac Vert, situés dans le Kivu, ont été bombardés et détruits.

Des dizaines de milliers de civils hutus non armés, dont des femmes et des enfants, ont péri au cours de leur fuite à travers la forêt congolaise. Selon les estimations des Nations unies, entre 200 000 et 300 000 réfugiés hutus sont morts lors de cette traque : tués dans les massacres, morts de faim, de maladie ou exécutés sommairement.

Dans son rapport « Mapping » publié en 2010, l’ONU recense 617 incidents violents majeurs survenus en République démocratique du Congo entre 1993 et 2003. Ce document de 550 pages dresse un tableau accablant : massacres systématiques, viols de masse, villages rasés, exécutions sommaires. Il avance que certaines attaques ciblant les réfugiés hutus pourraient, si elles étaient prouvées devant un tribunal compétent, être qualifiées de crimes de génocide. « Des femmes enceintes étaient éventrées, des nourrissons écrasés, des fosses communes découvertes en pleine brousse », rapporte notamment le document.

Dans un rapport antérieur intitulé Zaïre : What Kabila is Hiding (1997), l’organisation Human Rights Watch (HRW) avait déjà accusé l’AFDL d’avoir dissimulé des massacres commis par les forces armées rwandaises contre des civils. L’ONG dénonçait des attaques délibérées contre des réfugiés et des populations non combattantes, orchestrées conjointement par les troupes de Laurent-Désiré Kabila et leurs alliés rwandais.

Jusqu’à aujourd’hui, aucun procès international n’a été instruit pour ces crimes. La complexité diplomatique de la région, conjuguée au refus des États impliqués, a bloqué toute tentative de justice internationale.

« Devant de tels faits, aucun Congolais conscient ne peut tolérer une insurrection parrainée par le Rwanda ou l’Ouganda, sauf les plus naïfs », écrit un écrivain congolais, revenant sur les épisodes sanglants imputés à Kigali, de l’AFDL à la rébellion actuelle du M23.

Heshima

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