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Félix Tshisekedi deux ans après, Heshima dresse le bilan

Le 24 janvier 2021, Félix Antoine Tshisekedi a totalisé, jour pour jour, deux ans à la tête de la République démocratique du Congo. Le 13 décembre 2019, le chef de l’Etat congolais avait annoncé que 2020 serait l’année de l’action, durant laquelle tout devrait être mis en œuvre pour rendre irréversible la lancée vers le progrès et l’émergence. Heshima Magazine passe le travail du successeur de Joseph Kabila à la loupe pour en relever les points positifs et négatifs.

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L e président Tshisekedi Tshilombo avait pris l’engagement d’opérer des réformes courageuses et ambitieuses qu’impose la reconstruction du pays. Il pensait qu’ensemble, dans le cadre de la Coalition, son prédécesseur et lui allaient relever les défis. « Malheureusement, la réalité des faits est que, malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition », a-t-il déploré. Les justifications du président de la République présentées lors de son discours sur l’état de la nation en décembre 2020, constituent-elles une excuse ? Toutefois, si bilan à établir il y a, celui-ci doit être lié au contexte politique de la coalition FCC-CACH dans lequel il a évolué depuis deux ans. C’est ce qu’on peut lire entre les lignes. « Il me fallait absolument réagir, mieux agir », a sursauté Fatshi. Pour le chef de l’Etat, il était devenu nécessaire de rompre avec une coalition FCC – CACH devenue paralysante pour l’action du gouvernement et de former un gouvernement d’Union Sacrée de la Nation, qui travaillera en harmonie avec lui, afin de mettre en œuvre les réformes issues des consultations, lesquelles sont les mêmes avec celles contenues dans le Programme du Gouvernement.

Ce qui a pu être fait

Deux ans après, les conditions sociales ne se sont pas améliorées et la situation économique du pays est demeurée terne. « Je ne peux passer sous silence le profond respect que j’ai pour le peuple congolais pour son endurance et sa résilience face à des situations de crises multiformes, qu’il a parfois subies en tant que victime de l’injustice sociale et du déficit de gouvernance », a déclaré le chef de l’Etat, une façon de reconnaitre que la population croupit toujours dans sa pauvreté extrême.

Toutefois, la volonté de bien faire du président de la République transparait à travers des actes posés dans certains domaines où il a su bouger les lignes : la décrispation du climat politique (la libération des centaines de prisonniers politiques dont Franck Diongo, Diomi Ndongala, Eddy Kapend et ses codétenus et le retour des exilés comme Moïse Katumbi), la lutte contre le coronavirus et la relance de la diplomatie. Il y a aussi l’intensification de la lutte contre la corruption. Dans le domaine judiciaire, le procès de Cent-Jours au terme duquel Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans des travaux forcés restera gravé dans les annales. La gratuité de l’enseignement, évaluée en 2019 à plus de 2,6 milliards de dollars, reste la plus grande réalisation des deux ans de Félix Tshisekedi.

 

Même si cela ne contrebalance pas ce qui devait être réalisé par rapport aux promesses faites, le 5ème président du Congo a aussi posé des fondements importants dont probablement les fruits sont à cueillir dans les jours à venir.

 Dans le domaine de l’éducation, par exemple, la mise en œuvre effective de la gratuité de l’enseignement de base sur toute l’étendue du territoire national dès la rentrée scolaire 2019- 2020, a permis à plus de 4 millions d’enfants de reprendre le chemin de l’école. Cette mesure, comme l’a dit le chef de l’Etat, a permis la prise en charge, par le Trésor public, des salaires de 230 536 enseignants non payés (NP) ; l’allocation des frais de fonctionnement aux écoles primaires publiques de Kinshasa et de Lubumbashi, jadis non bénéficiaires…

Dans le domaine de la santé

Par rapport au secteur de la santé, si les deux ans passés ont été profondément affectées par la crise sanitaire à coronavirus, le président Tshisekedi a réussi à mettre fin à l’épidémie à virus Ebola qui a sévi à l’Est du pays et dans la province de l’Equateur. Il est aussi parvenu à endiguer l’épidémie de rougeole, et le gouvernement et ses partenaires ont permis de réduire à 40% la mortalité liée au choléra.

 Concernant la Covid-19, le chef de l’Etat a fait tout son possible : proclamation de l’état d’urgence sanitaire, mise en place d’un comité chargé de la lutte contre la pandémie et d’une task force présidentielle pour le suivi et l’évaluation de toutes les activités de prévention et de riposte. Le Fonds National de Solidarité contre la Covid-19 a aussi été créé. 

Eau et électricité

Au sujet du défi de la desserte en électricité et en eau potable au profit de la population, depuis deux ans, la situation ne s’est pas améliorée. Il l’a lui-même reconnu : « Le triste constat largement partagé aujourd’hui est que cette desserte reste insuffisante et faible ». Néanmoins, Fatshi relève qu’il s’observe un dynamisme dans le domaine de l’amélioration de la production et de la distribution de l’eau potable. Certaines réalisations sont en chantier à Kinshasa et dans d’autres provinces dans le but d’améliorer la desserte. Deux nouvelles usines de production d’eau potable sont en construction pour résorber le déficit : l’usine de Lemba Imbu, d’une capacité de production finale de 220 000 m3/jour, celle de Binza-Ozone, qui produira au finish 300 000 m3/jour. De même, la réhabilitation du captage de N’djili ramènera au réseau kinois 330 000 m3/jour supplémentaires.

Pour ce qui est du secteur de l’électricité, la réforme dans le cadre de la loi sur la libéralisation est en application. D’après le chef de l’Etat, les financements pour le Projet Grand Inga sont   en passe d’être bouclés avec plusieurs développeurs et off-takers (acheteurs). A ce jour, l’Autorité de Régulation du secteur de l’Electricité (ARE) et l’Agence National d’Electrification et des services Energétiques en milieux Rural et Péri-Urbain (ANSER) sont opérationnelles depuis la désignation de leurs animateurs. Du 20 au 22 août 2019, un forum sur l’énergie avait été organisé à Matadi, au Kongo-central.

« Malheureusement, la réalité des faits est que, malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition »

Redynamisation de la diplomatie

On reconnait à Félix Tshisekedi l’amélioration des relations internationales, étant donné que les tensions persistantes entre la RDC et certains de ses voisins, parmi lesquels l’Angola, l’Ouganda et le Rwanda, ont baissé. D’aucuns disent qu’il a sorti le pays de l’isolement. Evidemment, le chef de l’Etat a beaucoup voyagé à travers le monde : les Etats-Unis, le Royaume Uni, le Vatican, l’Allemagne, la France, la Belgique… « Sous notre leadership, la RDC est en train de reprendre progressivement sa place dans le concert des nations. Le 9 février de cette année 2020, en marge de l’ouverture des travaux de la 33e session de l’Assemblée générale de l’Union Africaine, j’ai été élu Premier Vice-Président pour 2020 et Président de cette organisation régionale en 2021 », avait-t-il déclaré. Effectivement, le chef de l’Etat a pris les rênes de l’UA en février 2021.

Situation sécuritaire du pays

 Dans le domaine sécuritaire, l’insécurité règne et s’exacerbe particulièrement à l’Est du pays où les tueries continuent, particulièrement au Nord et Sud-Kivu. En quête de la paix, le président Tshisekedi a organisé en visioconférence, le 7 octobre 2020, un mini-Sommet à Goma, au Nord-Kivu, qui avait réuni les Chefs d’Etat de l’Ouganda, du Rwanda et de l’Angola. En cette circonstance, la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs était évaluée, en particulier en RDC et l’Accord-cadre d’Addis-Abeba était remis sur la table.

Selon le chef de l’Etat, les FARDC mènent des opérations de traque et de neutralisation des ennemis. Aussi, affirme-t-il, une réforme des programmes DDR et STAREC est en phase de finalisation en vue d’aboutir à un  programme unique et fusionné DDRCS (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation). Toujours en 2020, la RDC a formalisé la reprise de sa coopération militaire avec les USA, en signant un mémorandum d’entente. L’Ecole de guerre qu’il a annoncée, fruit de la coopération avec la France, a ouvert ses portes début 2021, dans le but d’améliorer la formation et la remise à niveau des officiers supérieurs dans tous les domaines. Il est prévu en cette année en cours, la construction de l’Académie de la Police et du Ministère de la Défense, sur financement de l’Union européenne, et la construction de nouvelles infrastructures dans le cadre de la coopération avec la Chine.

Secteurs environnemental et des infrastructures

 Parlant l’environnement, le président de la République, face aux défis environnementaux (changement climatique, érosion de la biodiversité et changement d’utilisation des sols et de l’eau) dit avoir mis en œuvre un ambitieux programme intitulé « Jardins scolaires pour un milliard d’arbres » en vue de la reconstitution du couvert forestier du pays. « J’ai instruit la finalisation du tout premier document de politique forestière nationale devant jeter les jalons de la révision du code forestier. Enfin, j’ai créé au sein de la Présidence une Agence de transition écologique et du développement durable… », fait-il savoir. Quant au domaine des infrastructures, outre les sauts-de-mouton construits à Kinshasa et quelques réalisations faites çà et là, rien de grand n’a été fait jusque là.

 Heshima

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INVESTI LORS D’UNE CÉRÉMONIE HISTORIQUE TSHISEKEDI DÉVOILE LES PRIORITÉS DE SON NOUVEAU QUINQUENNAT

Le président réélu de la République démocratique du Congo a prêté serment le 20 janvier 2024 à Kinshasa pour un second mandat. Le chef de l’Etat congolais a, dans son speech, égrainé 6 objectifs prioritaires de ce nouveau quinquennat s’engageant à veiller à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent plus.

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F élix Tshisekedi, brillamment réélu avec 73,47% des suffrages, a vu grand pour sa prestation de serment. L’homme a choisi le stade des Martyrs de la Pentecôte rempli au maximum de sa capacité de 80 000 places. Dixsept chefs d’Etat africains en fonction, quatre honoraires et des délégations de plusieurs dizaines d’autres pays y étaient présents, pour une cérémonie sous haute sécurité et très protocolaire, avec au rendez-vous fanfare, cavalerie et prières, le tout sous une très grande ovation.

Il s’agit des présidents du Burundi, du Kenya, de la République centrafricaine, du Gabon, de la République du Congo, de la Guinée Bissau, de la République d’Afrique du Sud, de l’Angola, du Tchad, de Sao Tomé et Principe, de Djibouti, du Malawi, du Zimbabwe, de la Zambie, du Sénégal, de la Gambie et du Ghana. 

Les présidents honoraires sont ceux du Kenya, de Madagascar, de la Tanzanie et du Nigéria. Pour des millions de Congolais qui ont suivi la cérémonie à distance, la chaine nationale (RTNC) a innové en filmant en direct le départ du président de la République depuis le Palais du Mont-Ngaliema, dans les hauteurs du camp Lieutenant-colonel Tshatshi, jusqu’au Palais du peuple où le chef de l’Etat a changé de véhicule, optant pour une Toyota décapotée escortée par la cavalerie.

 C’est avec une telle escorte sécurisée dans l’air notamment par des hélicoptères des forces spéciales que Félix Tshisekedi a fait son entrée solennelle au stade des Martyrs de la Pentecôte. « Je jure solennellement (…) de défendre la Constitution et les lois de la République, (…), de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire », a déclaré devant les juges de la Cour constitutionnelle le président réélu, avant de recevoir les salutations des chefs coutumiers des 26 provinces du pays. « J’ai conscience de vos attentes », a-t-il enchaîné dans son discours d’investiture, faisant allusion notamment au chômage, au pouvoir d’achat, à la situation des jeunes, à la promotion des femmes tout comme des personnes vivant avec handicap et à la cohésion nationale.

6 objectifs prioritaires

Dans son allocution d’investiture, Félix Tshisekedi a esquissé les objectifs prioritaires de son nouveau mandat. Il est question de six axes, à savoir : créer plus d’emplois ; protéger le pouvoir d’achat des ménages en stabilisant le taux de change ; assurer avec efficacité la sécurité des populations et de leurs biens ; poursuivre la diversification de l’économie ; garantir plus d’accès aux services sociaux de base et renforcer l’efficacité des services publics. 

Par rapport à son expérience de cinq dernières années au pouvoir, Félix Tshisekedi semble avoir tiré les leçons qui peuvent l’aider à améliorer sa gouvernance actuelle. « Tirant les leçons de l’expérience passée et tenant en compte vos aspirations, je m’engage pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus », a-t-il promis.

Il a par ailleurs rendu hommage à ses alliés de l’Union sacrée de la Nation au sein de laquelle se trouve l’UDPS, son parti, et il a également adressé un clin d’œil aux candidats de l’opposition, promettant de veiller à ce que le rôle de cette dernière soit effectif lors de ce quinquennat, notamment avec la désignation de son Porte-parole telle que reconnue par la Constitution.

Le chef de l’Etat congolais a aussi épinglé les efforts fournis dans la sécurisation des populations et la défense de l’intégrité territoriale du pays mises à mal, selon lui, par les velléités obscures de certains États voisins, d’acteurs extérieurs ou internationaux avec une complicité « lâche » de certains Congolais.

« En effet, nonobstant votre vigilance, le sacrifice et la bravoure de nos vaillantes forces de sécurité et de défense, les menaces se veulent résilientes. Et pour beaucoup, alimentées par la trahison de certains Congolais qui, sans scrupule, sans la moindre considération humaine et patriotique, s’allient à l’ennemi pour faire couler le sang de leurs propres frères et sœurs Congolais », a-t-il fustigé. 

Félix Tshisekedi a aussi évoqué la préservation de la cohabitation sereine entre les peuples qui, selon lui, constituent un défi à relever pour sauvegarder la cohésion nationale qui ne peut se réaliser qu’au moyen du renouvellement et de la consolidation du « vouloir vivre collectif. Un vouloir vivre collectif où seront bannis les fléaux de la haine, du tribalisme, du clanisme et de toutes les antivaleurs qui aujourd’hui, minent le développement » du pays. 

Comparativement à sa première prestation de serment qui avait officiellement eu lieu le 24 janvier 2019 dans les jardins du Palais de la Nation, lorsqu’il succédait à Joseph Kabila (2001-2018), premier président réélu de la Troisième République, le cérémonial impressionnant du deuxième président réélu n’a pas manqué de s’inscrire dans la symbolique du chiffre 20 qui l’a accompagné tout au long du processus électoral, par celui porté pour sa candidature, la date du vote et enfin celui de son investiture.

Heshima

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CENI VÉRITABLE TÊTE DE TURC DES ACTEURS POLITIQUES DEPUIS 2006

Véritable souffre-douleur des politiques, la Commission électorale nationale indépendante fonctionne, depuis sa création, dans un contexte particulier d’accumulation des retards, des difficultés de financement et des contraintes logistiques et techniques. Sans méconnaitre la responsabilité de ces mêmes politiques.

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Le processus électoral qui se perpétue en République démocratique du Congo aujourd’hui est non seulement passé par plusieurs phases laborieuses et de tâtonnement, mais a aussi surmonté des difficultés de différents ordres. Tout était pourtant parti de l’Accord global et inclusif du 17 décembre 2002 qui avait permis la publication le 4 avril 2003 de la Constitution de la transition. Après cette étape cruciale, il suivra le référendum constitutionnel des 18 et 19 décembre 2005, puis les élections du 30 juillet 2006, premières élections pluralistes organisées après 45 ans en République démocratique du Congo.

Moult difficultés

Prévue dans l’Accord global et inclusif, la Commission électorale indépendante (CEI) jouera un rôle central dans la préparation et l’organisation des élections de 2006, avec à sa tête l’abbé Apollinaire Malumalu. Seulement, c’est depuis cette même période que l’organisation des élections se déroule dans un contexte des défis sécuritaires, juridiques, financiers, techniques et logistiques jusqu’aujourd’hui. Au départ, les acteurs de la communauté internationale, dans le cadre d’un accompagnement, accordaient des appuis techniques, financiers et politiques, mais depuis 2011, le Congo finance seul ses élections, évoquant la question de souveraineté.

Au nom de ce principe, les contraintes notamment de prise en charge financière ont commencé. Du coup, le décaissement des fonds pour l’organisation des élections s’effectuait difficilement et souvent à comptegouttes. Il est même arrivé que la Cour suprême interpelle les autorités pour qu’elles donnent à la CENI des moyens nécessaires. D’autre part, la CENI connaitra des contrariétés d’ordre logistique.

Dans un pays grand comme l’Europe de l’Ouest et ne possédant pas d’infrastructures adéquates, c’est toujours in extremis et avec l’appui de la MONUSCO que le déploiement du matériel électoral se fait, jusqu’aujourd’hui. Techniquement, la CENI a eu à se buter aux problèmes de fabrication des urnes et des bulletins de vote ou des machines qui tombent en panne. Elle a eu à faire faire des méga-urnes (grandes poubelles en plastique transparent) et des bulletins de vote particulièrement volumineux, mesurant jusqu’à 42 cm sur 60 cm ou ayant le format d’un journal.

Heureusement, la machine à voter (MAV), système de vote adapté aux défis congolais développé par l’abbé Malu malu mais qu’il n’a pas pu exploiter, a été introduite au troisième cycle électoral. Au quatrième cycle électoral, ces machines ont été améliorées avec un logiciel, d’où l’appellation « Dispositif électronique de vote » (DEV), jugé fiable. Il s’agit d’un mécanisme qui combine le vote électronique avec un dépouillement manuel.

Cycle infernal

En RDC, on a comme l’impression d’être en face du réchauffé à chaque cycle électoral. Après l’organisation des scrutins, il s’observe toujours un long moment de silence pendant lequel on oublie tout jusqu’au jour où la classe politique et la société civile se réveillent pour encore y penser. C’est dans ces circonstances que le président de la CENI est souvent désigné, dans un climat impitoyable de guerre entre confessions religieuses, ce avant de commencer à faire tardivement le point et envisager l’impossible. Du coup, plusieurs opérations sont menées dans la précipitation, alors qu’elles devaient être réparties tout au long de la législature. Ces mêmes obstacles récurrents concernent particulièrement l’enrôlement des électeurs, la révision du fichier électoral une opération qui s’étale sur plusieurs mois. En 2016, celle-ci avait pris une année et demie.

La classe politique pointée du doigt

La CENI est bien souvent victime des caprices de la classe politique, laquelle manque parfois de réelle volonté d’organiser les élections. Pour n’avoir pas reçu l’impulsion de l’exécutif, la CENI n’a pas pu préparer les scrutins pour les députés provinciaux, les sénateurs, les gouverneurs et vice-gouverneurs élus en 2006, qui étaient restés en fonction jusqu’en 2015, alors que leur mandat avait pris fin en 2011. Il est même arrivé que les divergences entre acteurs politiques fassent que des marches et des villes mortes et des pressions soient exercées contre la CENI.

On se souviendra qu’il en fut ainsi au moment où une mission de bons offices avait été confiée à l’ancien premier ministre togolais, Edem Kodjo. Dans le souci d’obtenir un large consensus, un autre dialogue avait été convoqué sous les auspices des évêques de la Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO), ce qui avait permis la signature de l’Accord de la Saint-Sylvestre.

Ainsi, des recommandations avaient été adressées à la CENI pour qu’elle poursuive la reconstitution du fichier électoral et la publication du calendrier électoral. Malgré tout, la problématique d’être prêt le jour J persiste à chaque fois. En 2011, le Centre Carter, qui avait déployé des observateurs internationaux, avait fait pression sur la CENI pour cela « Ne soyez pas pessimistes et croyez-nous ! Il y a des gens qui viennent et qui disent que la CENI n’est pas prête. Non, nous on est prêt (…) », disait Daniel Ngoy Mulunda.

Hubert MWIPATAYI

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INVALIDATION DES SUFFRAGES DES CANDIDATS FRAUDEURS, LA COUR CONSTITUTIONNELLE SUR LES PAS DE DENIS KADIMA

Evariste Boshab, Gentiny Ngobila, Nsingi Pululu, Charles Mbutamuntu et consorts n’ont plus d’espoir de se retrouver au sein de l’hémicycle du Palais du peuple pour y siéger comme députés nationaux. La Cour constitutionnelle a débouté 63 candidats députés nationaux ayant introduit des recours pour contester la décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) annulant leurs suffrages.

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Siégeant, le 8 février 2024, en matière des contentieux relatifs aux résultats des élections législatives nationales du 20 décembre 2023, la Cour constitutionnelle a rendu son arrêt sur l’affaire des candidats invalidés par la CENI, notamment pour fraude électorale et détention illicite des Dispositifs électroniques de vote (DEV).

Aucun recours présenté devant la Haute Cour n’a abouti, a révélé Dieudonné Kamuleta, président de la Cour constitutionnelle. Sur un total de 63 dossiers déposés au greffe de cette haute juridiction, 35 ont été déclarés irrecevables, 24 recevables mais non fondés, tandis que 4 ont fait objet de désistement.

Le dénouement judiciaire de ces dossiers confirme, d’une certaine façon, la décision considérée de « courageuse » prise par l’équipe de Denis Kadima invalidant les suffrages des candidats qui ont entaché le processus électoral en utilisant la fraude et même le vandalisme du matériel électoral. Une délinquance électorale que la CENI a sévèrement sanctionnée.

À la suite des enquêtes menées par la CENI, les suffrages de 81 candidats députés nationaux avaient été annulés. La CENI avait accusé ces candidats d’avoir, entre autres, commis des actes de fraude, de vandalisme des matériels électoraux, de détention illicite de Dispositifs électroniques de vote (DEV).

Sur la liste des candidats frappés figurent notamment Gentiny Ngobila, Évariste Boshab, Charles Mbutamuntu Lwanga, Tatiana Pembe Luemba, Cerveau Pitshou Nsingi Pululu, Colette Tshomba, Victorine Lwese, Phililbert Mabaya Gizi, Nana Manuanina, Antoinette Kipulu, Didier Mazenga, etc. Du beau monde, ou considéré comme tel ! Ces sanctions de la CENI sont une première dans l’histoire électorale de la République démocratique du Congo.

La centrale électorale de Denis Kadima n’était pas allée de main morte pour servir d’exemple et décourager des pratiques qui mettent à mal la crédibilité du processus électoral. Après Denis Kadima, Dieudonné Kamuleta n’a pas cédé à la pression ni aux lamentations de quelques « invalidés » ou encore aux remontrances des autres, dont quelques bonzes de la plateforme Union sacrée de la Nation. Ces derniers semblaient vouloir bénéficier d’un traitement de faveur à leur endroit.

En rejetant ces requêtes, la Cour a marché dans le sillage de Denis Kadima et son équipe qui n’avaient pas hésité à braver la délinquance électorale en la stoppant. Un revirement de la Cour constitutionnelle aurait encore jeté du discrédit sur les instances judiciaires du pays, alors même que des témoignages probants disqualifient les « invalidés », renforçant la décision de la centrale électorale. L’opinion publique espère également que la Haute Cour se montrera également intraitable et dira le bon droit, sans interférences politiques ou pécuniaires, lors du traitement des recours en contestation des résultats des législatives nationales.

Il serait tout de même malheureux que des candidats ayant échoué dans les urnes se retrouvent à l’Assemblée nationale grâce à des combines politiciennes ou que leurs dossiers soient examinés favorablement à la suite d’opérations mafieuses. En 2019, des candidats non proclamés provisoirement élus par la CENI, avaient en définitive été déclarés « élus » par la Cour constitutionnelle après avoir, semble-t-il, déboursé d’importantes sommes d’argent.

Le président de la Cour constitutionnelle est appelé à ouvrir l’œil et le bon pour éviter que son institution soit couverte d’opprobre. Les éventuels et vrais « repêchés » ne devront pas leur victoire à ce qui pourrait être qualifiée de « seconde session » mais seulement grâce aux voix réellement obtenues dans les urnes. Toute autre démarche s’apparentant à des nominations motivées par des bakchichs serait contre-productive pour la démocratie congolaise.

N’tombo Lukuti

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