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Condamnation de l’agression rwandaise en RDC : Voici pourquoi Macron hésite…

Acculé par la presse congolaise, le 4 mars, pour son absence de condamnation claire du Rwanda dans son agression contre la République démocratique du Congo, le président français a eu la langue lourde pour le faire. Il y a bien des raisons à cette habitude. Heshima en évoque certaines…

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Depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), la France est à la traine pour condamner ces rebelles qui bénéficient d’un soutien clair de la part du Rwanda. Paris était parmi les derniers à condamner ce mouvement sans toutefois nommer ses parrains dont notamment le président rwandais, Paul Kagame.     

Le président français a, au cours de la conférence de presse tenue samedi 4 mars 2023, en marge de sa tournée africaine qui l’a conduite en RDC, esquivé de condamner le Rwanda dans cette agression contre la RDC via le M23. Emmanuel Macron a même tenté de le justifier en estimant qu’au sein du M23 – qui bénéficie du soutien des puissances étrangères – ily a aussi des Congolais. Acculé par la presse locale, il finira par le faire de façon moins audible. « J’ai été très clair sur la condamnation du M23 et tous ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda. Donc, je ne peux pas être plus clair que ça », a déclaré le président français à l’insistante question de la presse congolaise au Palais de la Nation, le 4 mars. 

Sur ce sujet, Emmanuel Macron a toujours eu la langue lourde. Et c’est pour deux raisons majeures. Premièrement, la France a eu un passé sombre dans l’histoire du génocide rwandais de 1994. Kigali accusait sans cesse la France d’avoir participé dans le génocide qui a fait 800 mille morts au Rwanda dont en majorité des Tutsi. Paul Kagame faisait chanter Paris sur ce sujet. Et Emmanuel Macron a tourné la page de l’histoire, en 2021, en réparant avec le Rwanda.  

Dans un discours prononcé, fin mai 2021, au Mémorial du génocide de Kigali, où reposent les restes de 250 000 des plus de 800 000 victimes, le président français a reconnu les« responsabilités » de la France dans le génocide de 1994 et a demandé pardon. La France « n’a pas été complice », mais elle a fait « trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité », avait-il déclaré, en ajoutant que « seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner ».

Selon Macron,  « la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda ». Paris est resté « de fait aux côtés d’un régime génocidaire » mais « n’a pas été complice », avait-il expliqué au Mémorial de Kigali, vingt-sept ans après le génocide de 1994. Devant une telle réparation avec l’histoire rwandaise, Emmanuel Macron ne veut plus se brouiller avec le Rwanda, et Paul Kagame le sait. « Kagame se croit tout permis car Macron a déjà cédé plusieurs fois à ses caprices. Sans une pression internationale forte exercée sur le Rwanda, la déstabilisation de l’Est de la République démocratique du Congo continuera ! », a écrit le 3 mars 2023, l’eurodéputé Thierry Mariani.  

La deuxième raison majeure, c’est que la France sous-traite l’armée rwandaise pour la protection de ses intérêts économiques au Mozambique. Le Conseil de l’Union européenne – avec le soutien pressant de la France – a octroyé un montant supplémentaire de 20 millions d’euros au Rwanda destinés à l’aide à la poursuite du déploiement des troupes rwandaises au Mozambique. Une décision qui avait suscité la colère du prix Nobel de la paix Denis Mukwege. 

Le célèbre gynécologue congolais s’était dit scandalisé « d’apprendre que l’UE débloque 20 millions € pour les RDF, une armée à la base de l’agression de la RDC, d’une crise humanitaire dramatique et auteure de graves violations des Droits de l’Homme et du Droit International Humanitaire ».

Même des ONG des droits de l’homme étaient abasourdies de ce soutien de l’Europe à une armée qui venait de participer aux massacres d’au moins 131 civils congolais dans les villages  de Kishishe et Bambo, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, selon l’enquête du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH). « En finançant l’armée rwandaise, l’UE (comme les États Unis et d’autres pays avant elle) cautionne, voire soutient indirectement le conflit armé dans l’Est de la RDC, qui a des conséquences humanitaires et de droits humains absolument dramatiques. Scandaleux. Immoral. Insensé », avait, pour sa part, déclaré Jean-Mobert Senga d’Amnesty international. 

Dido Nsapu

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Kinshasa-M23 : la guerre des préalables plombe les négociations au Qatar

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Les négociations directes prévues le 9 avril 2025 entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) n’ont finalement pas eu lieu à Doha, capitale du Qatar. Les négociations ont été reportées à une date ultérieure en raison des préalables posés par les deux camps avant tout dialogue direct.
Selon plusieurs sources, dont Reuters, les discussions directes ont été reportées à une date ultérieure. Les deux délégations (gouvernement et rébellion) évoquent des raisons d’ordre organisationnel, notamment liées aux invitations des délégations. Cependant, les véritables raisons du report seraient liées aux préalables posés par chaque camp avant d’entamer ces discussions.

Le M23 exige l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022, qui interdit au gouvernement « d’amorcer toute négociation avec des forces négatives en vue de leur intégration, brassage ou mixage ». Cette résolution que le M23 veut faire annuler pourrait lui permettre d’aborder dans le fond des discussions un nouveau brassage de ses forces au sein de l’armée congolaise. Ce que Kinshasa refuse en raison des conséquences néfastes observées par le passé avec la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, ancêtre du M23. La rébellion veut également que toutes les personnes arrêtées en lien avec le M23 soient libérées sans condition et que les poursuites judiciaires contre ses dirigeants soient annulées. Ces exigences, qualifiées par le M23 de « mesures de confiance », incluent une déclaration publique du président Félix Tshisekedi en faveur d’un dialogue direct, ainsi que la criminalisation des discours de haine ciblant certaines communautés.

Le gouvernement fixe un préalable difficile

Face à la litanie des préalables posés par le M23, le gouvernement a avancé une seule condition : un cessez-le-feu immédiat et le retrait des rebelles de Goma et Bukavu. Un préalable qui risque d’être difficile à accepter pour des rebelles ayant mis en place une administration parallèle dans les villes et territoires occupés. Ce qui augure des pourparlers complexes entre Kinshasa et les rebelles. Cette guerre des préalables bloque déjà cette première étape. Et au regard de l’armada déployée par Kinshasa à Doha pour négocier cette paix, la RDC semble avoir décidé de ne plus retomber dans les travers du passé. À Doha, la délégation de Kinshasa se compose de sept membres, principalement des figures sécuritaires de haut niveau, dont le général-major Augustin Mubiayi Mamba, Commandant du Collège des Hautes Études de Stratégie et de Défense (CHESD). La délégation comprend également le directeur général adjoint de la Direction générale de la migration (DGM), Papy Mbuyi.

Coutumier des médiations politiques grâce à son influence économique dans le monde, le Qatar joue le rôle de médiateur dans cette crise congolaise. L’Émir du Qatar a réussi un coup de maître en organisant, en mars dernier, une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame. Ce qu’avait échoué à faire le président angolais, João Lourenço, qui était médiateur pour le compte de l’Union africaine, avant de jeter l’éponge.
En dehors de Doha, les initiatives régionales avancent à pas de tortue, notamment celles liées aux discussions sous l’égide de l’EAC et de la SADC pour tenter de résoudre la crise dans l’est de la RDC. Un panel de médiateurs a même été désigné, mais sans réelle avancée. Même si le plus dur reste à faire dans ces négociations, Doha a le mérite d’avoir réussi, jusqu’ici, à réunir les trois délégations, à savoir celle de la RDC, du Rwanda et de la rébellion que Kigali soutient.

Heshima

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Yoweri Museveni et son jeu trouble face à Tshisekedi

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Depuis la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), le président ougandais joue le rôle de funambule entre ses relations avec le président congolais Félix Tshisekedi et son soutien tacite aux rebelles. Heshima Magazine explore ce jeu trouble qui embarrasse parfois Kinshasa.

En mai 2021, Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni posent un geste. Les deux gouvernements signent deux accords bilatéraux, notamment pour la construction d’une route d’interconnexion avec un coût estimé à près de 335 millions de dollars américains. C’est le plus grand accord signé publiquement depuis les agressions contre la RDC opérées par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi en août 1998. Kinshasa justifie ces accords par la volonté de deux États de tirer profit de leur proximité géographique pour leurs économies respectives. Il fallait donc l’existence d’un réseau routier transfrontalier convenable.

Mais cette même année, en octobre, le M23 resurgit depuis les collines de Sarambwe, une localité congolaise frontalière de l’Ouganda. La surprise est que la majorité des combattants de la rébellion sont ceux qui s’étaient réfugiés en Ouganda, Sulutani Makenga en tête. Kinshasa en est conscient, mais dissimule son malaise et continue sa collaboration avec Kampala. Par contre, le gouvernement congolais déverse toute sa rage sur Kigali. Et c’est non sans raison. Plus tard, il sera démontré que le Rwanda fournit l’essentiel de l’arsenal militaire aux rebelles, y compris un appui en effectifs.

Museveni, le gardien du clan Hima-Tutsi

Fils d’un riche propriétaire terrien, Yoweri Kaguta Museveni – 78 ans – appartient au groupe des Banyankole, une des ethnies des Himas et Tutsis de la région des Grands Lacs. Les Banyankole Bahima sont établis dans le sud-ouest de l’Ouganda. Museveni, un marxiste au départ de sa rébellion contre le président Tito Lutwa Okello, est devenu au fil des années un leader qui défend les intérêts du clan Hima-Tutsi dans la région des Grands Lacs. C’est ainsi qu’il va soutenir la prise de pouvoir au Rwanda par la rébellion de Paul Kagame composée en majorité des Tutsis. Kampala, Kigali et Bujumbura tenteront d’étendre cette influence Hima-Tutsi en République démocratique du Congo avec l’AFDL de Laurent Désiré Kabila. Très vite, l’influence du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi va s’arrêter avec le départ des militaires rwandais de la RDC décidé par le président Laurent Désiré Kabila. Depuis, ils tenteront d’imposer cette influence à travers des rebellions d’obédience tutsie : le RCD, le CNDP, le M23 I et le M23 II. Souvent, les rebelles du M23 le considèrent comme un Mzee, leader du clan. Il est très écouté par ces différentes factions rebelles qui perturbent la paix dans l’Est de la RDC. « Il y a chez Museveni une vraie ambiguïté vis-à-vis du M23 », un groupe pour lequel il nourrit « une sympathie ethnique, celle du grand groupe Bahima (lié aux Tutsi et auquel il appartient), et pour les opprimés », note un diplomate spécialiste des Grands Lacs.

Pour ce même sentiment ethnique, l’Ouganda se voit obligé d’intervenir en Ituri où la milice CODECO s’en prend aux Hema de la RDC, considérés par l’Ouganda comme faisant partie du clan Hima. L’armée ougandaise (UPDF), qui collabore depuis quatre ans avec les Forces armées de la République du Congo (FARDC) dans le cadre des opérations conjointes contre les terroristes ADF, a élargi son champ d’action contre les rebelles CODECO.

Museveni, le funambule

Malgré son influence sur ces rébellions d’obédience ethnique, Yoweri Museveni joue le funambule entre le M23 et Kinshasa. Dès lors, Félix Tshisekedi peut-il réellement considérer son homologue ougandais comme un allié ? « Kinshasa le sait mais n’a pas l’intention d’ouvrir un autre front contre l’Ouganda », estime un homme politique mieux introduit dans la crise sécuritaire actuelle. Lorsqu’une délégation des officiels congolais s’était rendue en Ouganda pour plaider la situation contre le M23, Yoweri Museveni n’avait qu’une seule réponse à adresser à la RDC : il faudrait discuter avec les rebelles. En 2012, lorsque la même rébellion s’était emparée de la ville de Goma, ils s’étaient retirés de cette ville notamment grâce à un coup de fil de Museveni, d’après le témoignage de Jean-Charles Okoto, ambassadeur de la RDC à Kampala au moment de cette crise. Ce qui démontre l’influence de l’Ouganda sur cette rébellion. Malgré sa collaboration avec Félix Tshisekedi, Museveni continuera de jouer le jeu trouble, offrant une base arrière au M23. Ces rebelles étaient passés par l’Ouganda pour faire tomber la cité de Bunagana le 13 juin 2022. Ce qui démontre l’implication du gouvernement ougandais que Kinshasa refuse toujours de dénoncer publiquement. Les tweets de Muhoozi Kainerugaba, fils de Museveni et chef de l’armée ougandaise, démontrent largement ce soutien ougandais. Il avait annoncé la prise prochaine de la ville de Kisangani par l’armée ougandaise si le M23 ne le faisait pas assez tôt. Une déclaration qu’il avait publiée sur son compte X. « Notre peuple de Kisangani, nous venons vous sauver. L’armée de Dieu arrive », avait-il écrit.

Heshima

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Au Qatar, le M23 dévoile ses préalables avant les négociations avec Kinshasa

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Les pourparlers entre le gouvernement congolais et le Mouvement du 23 mars (M23) débutent, ce mercredi 9 avril à Doha, capitale du Qatar. Mais avant les discussions proprement dites, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) pose des conditions notamment celle de voir le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi, exprimer sa volonté politique de mener ces négociations directes. A la veille de ces échanges, Joseph Kabila annonce son retour en RDC par la partie du pays contrôlée par les rebelles.

Ce 9 avril, à Doha, démarre une phase cruciale des discussions en Kinshasa et la rébellion de l’AFC-M23 sous la médiation des autorités qataries. La délégation du gouvernement se trouve déjà sur place, celle de la rébellion aussi. Mais avant les discussions proprement dites, la rébellion a posé des conditions. Parmi ces préalables, il y a l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022 interdisant au gouvernement « d’amorcer toute négociation avec des forces négatives en vue de procéder à leur intégration, brassage ou mixage ». Le M23 exige aussi la libération sans conditions de toutes les personnes militaires ou civiles arrêtées pour avoir soutenu cette rébellion.

Ces rebelles veulent également l’annulation des condamnations à mort et de « prime » offerte pour l’arrestation des dirigeants de l’AFC-M23 ainsi que toutes les autres mesures restrictives prises par le régime de Kinshasa à l’encontre de cette rébellion. La rébellion exige aussi de mettre fin et de criminaliser tous les discours de haine, souvent suivis d’actes d’oppression et de cannibalisme, ainsi que toutes les chasses à l’homme lancées contre des Congolais en raison de leur apparence ou de la langue notamment le kinyarwanda sous prétexte de collaboration avec l’AFC/M23 ou d’être des infiltrés rwandais. Ils veulent aussi que le gouvernement mette fin à tous les actes de discrimination et de déni de nationalité à l’encontre des communautés parlant cette langue. Ces mesures, selon les rebelles, permettraient la tenue et l’aboutissement des négociations.

Difficile entente entre les deux camps

Cette première phase de discussions va être délicate au regard des exigences de l’AFC-M23. La médiation qatarie devra faire preuve de persuasion pour essayer de convaincre les uns et les autres afin de dépasser les formalités pour aborder le fond des négociations. Kinshasa, de son côté, ne saurait vider tous ces préalables uniquement dans cette phase préliminaire des discussions. Sinon, le gouvernement manquera des cartouches lorsqu’il s’agira d’aborder le fond. Et parmi les questions de fond figure notamment le principe d’un cessez-le-feu bilatéral, l’analyse des revendications de l’AFC/M23 et les conditions posées par le gouvernement congolais.

Kabila à Goma, quelle intention ?

A un jour de ces discussions avec l’AFC-M23, l’ancien président de la République, Joseph Kabila a annoncé son retour au pays par la partie Est. Dans une déclaration envoyée à Jeune Afrique, Joseph Kabila justifie sa décision par la situation sécuritaire et institutionnelle du pays. « Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire à travers tout le pays, ainsi que de la déliquescence qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale, j’ai pris la résolution de rentrer, sans délai, au pays », a écrit l’ancien chef de l’État.

Joseph Kabila va rentrer en RDC par une zone pourtant contrôlée par des rebelles du M23. Si être dans cette zone est normale pour les Congolais lambada, cela ne devrait pas l’être pour Joseph Kabila – ancien président de la République et sénateur à vie – dont les accusations de connivence avec la rébellion sont de plus en plus évoquées par le camp au pouvoir. Sa présence dans la zone risque de renforcer de telles suspicions.

Ignoré jusqu’ici dans la résolution de cette crise, Joseph Kabila décide visiblement d’opérer à visage découvert pour qu’il compte parmi les acteurs dans la recherche des solutions à ce conflit. Lors d’un séjour en Afrique du Sud, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner avait indiqué que Joseph Kabila n’avait pas un rôle à jouer dans le processus actuel de résolution de la crise. Elle a déclaré qu’« aucun rôle n’est prévu à ce stade » pour Joseph Kabila dans les efforts en cours de résolution de la crise sécuritaire. Cette marginalisation l’aurait poussé à sortir de l’ombre pour s’affirmer comme un acteur clé de la crise.

Heshima

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