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Reconduite vice-ministre des Finances: Qui est O’Neige N’sele ?

Femme politique au parcours académique et professionnel exceptionnel, O’Neige N’sele Mimpa a été reconduite au poste de Vice-ministre des Finances dans le gouvernement Sama II. Engagée sur des questions d’égalité des sexes, elle s’est fait démarquer par la rigueur de son travail au sein de l’équipe des « Warriors ». Portrait !

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Derrière ses lunettes claires, on peut observer un regard perçant qui laisse transparaitre une forme de rigueur. O’Neige N’sele– 36 ans, née à Kinshasa et originaire de la province du Maï-Ndombe,  est le reflet d’un parcours académique et professionnel précoce. Elle décroche son diplôme d’Etat à seulement 16 ans. Elle va ensuite enchainer avec une licence en informatique à l’Institut supérieur d’informatique, de programmation & analyse (ISIPA), à Kinshasa. «Quand tu apprends le métier de programmateur informatique, tu n’es pas juste un informaticien. Tu conçois et proposes des applications ainsi que des outils qui permettent une meilleure gestion des entreprises et une amélioration des rendements. Tu trouves des solutions concrètes à des problèmes existants ; ce qui aide à améliorer le confort et le travail des salariés. C’est un métier qui nous forme à rendre opérationnels les équipes, les outils, les projets et les budgets ». La future vice-ministre fait ainsi partie d’une promotion composée majoritairement d’étudiants de sexe masculin. 

Tout en étant déjà active dans le monde professionnel, elle combine carrière et études en poursuivant un cursus académique à l’étranger et décroche une double maitrise en management et administration des entreprises (master of business administration – MBA) de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne en France et de la Georgetown Business School, aux Etats-Unis d’Amérique. Après son passage respectivement dans les secteurs de la télécommunication et de l’aviation, elle intègre l’élite de la prestigieuse banque Citigroup Congo où elle a occupé différentes fonctions notamment celle en charge des agences du système des Nations Unies et des entreprises multinationales. Huit (8) ans plus tard, elle rejoindra EcoBank RDC où elle continuera à développer et gérer le même portefeuille. 

Femme politique 

Le riche parcours académique et même professionnel a conduit O’Neige N’sele dans la sphère politique. Son parti intègre le regroupement politique Alliance des acteurs pour la bonne gouvernance de la RDC (AABC), une formation dirigée par Julien Paluku, ancien gouverneur de la province du Nord-Kivu et actuel ministre de l’Industrie.

Par souci d’accompagner le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi afin d’atteindre les objectifs qu’il s’est assigné à court, moyen et long terme, ce regroupement a décidé d’adhérer à l’Union sacrée de la Nation, plateforme créée par le chef de l’Etat.

O’Neige N’sele Mimpa fait alors son apparition, le 12 avril 2021, dans le gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Dans cette équipe gouvernementale, elle est nommée vice-ministre des Finances, aux côtés du ministre Nicolas Kazadi. De ce fait, elle est la deuxième femme de l’histoire congolaise à occuper les fonctions de vice-ministre des Finances, plus de 30 ans après Madame Nelly Kiwewa. 

Le 23 mars 2023, à la faveur d’un remaniement, elle gardera son poste. O’Neige N’sele n’a d’ailleurs pas manqué de saluer cette reconduction en rendant hommage au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo en ce mois dédié à la femme.       

Défenseure de l’égalité du genre

La vice-ministre des Finances se montre ferme sur les sujets touchant l’égalité du genre. Engagée dans ce combat, elle a obtenu un certificat de la McKinsey Academy sur la thématique « Unlocking Women Potential » traduit en français par « Libérer le potentiel des femmes ». Elle défend fermement les droits des femmes participant à la lutte pour l’égalité des chances tant dans le secteur public que privé. « La femme possède une myriade de compétences qui lui confèrent une place décisive dans la construction d’un futur égalitaire. Il faut plus de femmes qui s’impliquent et prennent la responsabilité de renverser la tendance. », a-t-elle fait savoir dans son tweet du 8 mars 2023. 

Elle milite pour la reconnaissance des compétences des femmes en les encourageant à relever les défis inhérents à cette cause et à définir ce que sera la femme congolaise de demain. « Il est plus que temps de prendre les choses en main! », a-t-elle lancé dans le même message.

Mariée et mère, la vice-ministre sait concilier ses fonctions et sa vie de famille. Elle pense que la femme congolaise peut bien exercer les métiers qui ne semblent encore être réservés qu’aux hommes.Son parcours académique et professionnel nous le démontre bien car en travaillant dans le secteur de l’aviation en 2006, ce n’est pas dans les airs qu’elle se retrouve mais bien sur terre, elle s’occupe du software et de la gestion des systèmes de réservation de la nouvelle compagnie aérienne congolaise où elle est d’ailleurs la seule femme du service informatique.

Sa personnalité rigoureuse et son sens pratique s’épanouissent pleinement dans ce métier dit « d’hommes ». « J’ai toujours eu une personnalité affirmée. Ma mère me disait toujours : tu es bien plus qu’un joli visage. Ça m’est resté ». 

« Certains métiers ne sont réservés qu’aux hommes alors que l’histoire nous prouve le contraire. Nous avons eu des reines, des sociétés matriarcales qui sont aussi le terreau fertile de la richesse culturelle de notre pays, de nos racines, de nos ancêtres », a-t-elle rappelé.

Apporter sa pierre à l’édifice 

Pour mieux contribuer à l’autonomie financière des ménages vivant sous le seuil de pauvreté, elle n’est pas restée les bras croisés. Elle a mis sur pied depuis quelques années une association dont la vision n’est pas celle d’apporter une simple assistance aux populations, mais plutôt de promouvoir les initiatives de développement à la base et de les rendre durables.Son association, le Centre d’encadrement et d’aide aux initiatives de développement (CEDAID), œuvre dans plusieurs secteurs, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation, les ressources hydrauliques, les infrastructures et le transport dans les provinces du Kasaï Central, du Maï-Ndombe, de Kinshasa, du Kwilu, du Kasaï et du Kongo Central. 

Cette structure est une façon pour elle d’apporter sa pierre à l’édifice du développement de la République démocratique du Congo. Celle qui s’est lancée précocement dans la vie n’entend pas s’arrêter là. 

Dido Nsapu

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Les enfants de la guerre en RDC : grandir sous les bâches, survivre sous les bombes

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Dans les plaines boueuses du Nord-Kivu, entre les collines de l’Ituri et les abords de Goma, une génération d’enfants grandit sans jamais avoir connu la paix. Là-bas, les camps de déplacés ne sont pas des lieux de passage, mais de vie. Selon le Centre de surveillance des déplacements internes, la République démocratique du Congo (RDC) comptait déjà plus de 6 millions de personnes déplacées en 2023, un chiffre qui aurait franchi la barre des 7 millions en 2024. À Lushagala, près de Goma, plus de 71 000 personnes survivaient dans des abris de fortune, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Ces déplacés ont été ensuite forcés de retourner dans leurs habitations depuis février 2025 après la conquête de la ville de Goma par les rebelles du M23. À Kanyaruchinya, le chiffre frôlait déjà 60 000 il y a plus de dix ans. Au cœur de ces camps, des milliers d’enfants naissent, jouent, espèrent et parfois meurent sans avoir jamais connu autre chose que la guerre.

Un quotidien de privations et de dangers

Dans ces labyrinthes de bâches et de tentes effilochées, la vie s’organise autour de la survie. L’accès à l’eau potable relève de l’épreuve, les points d’eau étant souvent éloignés, surpeuplés et parfois contaminés. Les installations sanitaires, rares et vétustes, sont partagées par des centaines de personnes, favorisant la propagation de maladies. « Les enfants jouent dans la boue entre les tentes, leurs rires contrastant avec la dureté de leur environnement », constate un travailleur humanitaire à Goma.

Selon un rapport de l’UNICEF paru en juillet 2023, les camps autour de la ville souffrent d’un manque chronique d’eau et d’assainissement, exposant les enfants à des risques sanitaires graves. Les distributions de nourriture, vitales, sont irrégulières et insuffisantes. Dans ces conditions, la faim façonne le quotidien, et la moindre fièvre inquiète les mères.

La santé des enfants : une lutte de chaque instant

La malnutrition aiguë frappe plus de 1,5 million d’enfants en RDC, selon l’UNICEF. Dans les camps, les cas de kwashiorkor, cette maladie de la faim, ont pu reculer grâce à l’arrivée de l’aide humanitaire. « Avant l’aide, nos enfants souffraient de kwashiorkor. Ce n’est plus le cas, mais la sous-alimentation reste notre lot quotidien », confie un père déplacé à Irumu, en Ituri.

Les épidémies, elles, ne connaissent pas de répit. En 2023, plus de 28 000 cas suspects de choléra ont été signalés, dont 80 % dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. La surpopulation et l’insalubrité créent un terreau idéal pour la maladie. Les campagnes de vaccination, comme celle de janvier 2023 à Goma, ont permis d’atteindre 365 000 personnes, mais restent insuffisantes face à l’ampleur de la crise.

L’école, un rêve lointain

Pour la majorité des enfants déplacés, l’école est un mirage. Plus de 1 000 écoles ont été détruites en RDC en 2023, selon l’OCHA. Dans les camps, les rares classes improvisées manquent de tout : cahiers, bancs, enseignants. Les enfants passent leurs journées à aider leurs parents ou à errer sans occupation. « Je rêve d’apprendre à lire pour aider ma famille », confie Amina, 12 ans.

Quelques ONG, comme Save the Children, tentent de recréer des espaces adaptés aux enfants, offrant un peu d’apprentissage informel et de soutien psychologique. Mais ces initiatives restent des îlots fragiles dans un océan de besoins. Sans éducation, ces enfants risquent de rester prisonniers d’un cycle de pauvreté et d’exclusion.

Grandir sous la menace : insécurité et violences

Les camps de déplacés ne sont pas des refuges sûrs. Les enfants, surtout les filles, y sont exposés à toutes les formes de violence, y compris sexuelles. Selon l’UNICEF, les cas de violences basées sur le genre ont augmenté de 37 % dans le Nord-Kivu au premier trimestre 2023. « Les agressions se produisent parfois en plein jour, jusque dans les allées du camp », s’alarme Pramila Patten, représentante spéciale de l’ONU.

Les attaques de groupes armés, comme celle de la milice CODECO en 2023 qui a fait 45 morts dans le camp de Lala en Ituri, rappellent la vulnérabilité extrême des déplacés. Les patrouilles de la MONUSCO ne suffisent pas à garantir la sécurité, et la peur reste omniprésente.

Les cicatrices invisibles : le poids du traumatisme

Pour le psychologue humanitaire Giscard Kabeti,grandir dans un camp laisse des traces profondes. Les enfants y sont confrontés à la violence, à la perte de proches, à l’insécurité constante. Selon lui,le manque d’éducation et de routine aggrave leur détresse psychologique. Il faut des programmes de soutien psychosocial et des opportunités d’apprentissage pour leur redonner espoir. Mais les ressources sont limitées, et il est urgent d’investir davantage dans leur avenir. Sans prise en charge, ces traumatismes risquent de se transmettre de génération en génération, perpétuant le cycle de la pauvreté et du déplacement.

Un appel à la mobilisation

Les enfants des camps de déplacés en RDC incarnent une résilience bouleversante, mais ils méritent bien plus qu’une simple survie. Selon l’OCHA, près de 25 millions de personnes en RDC ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire. La communauté internationale doit intensifier son soutien, non seulement en apportant une aide d’urgence, mais aussi en investissant dans l’éducation, la santé mentale et la protection des plus vulnérables.

Les organisations comme l’UNICEF, CARE et Save the Children accomplissent un travail remarquable, mais l’ampleur de la crise dépasse leurs capacités. Ces enfants, qui rêvent d’un avenir meilleur, rappellent l’urgence d’agir pour qu’un jour, l’enfance rime enfin avec innocence, et non avec exil.

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RDC : ce géant du tourisme en Afrique centrale qui s’endort

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La République démocratique du Congo (RDC) possède un extraordinaire potentiel touristique, avec une faune et flore riches, des parcs nationaux, des sites naturels (chutes, lacs, montagnes) et des sites culturels. Mais cette manne naturelle est faiblement accessible aux touristes internationaux. L’insécurité dans une bonne partie du pays et des problèmes de gouvernance freinent l’éclosion d’un secteur qui pourrait rapporter plus de 10 % de la valeur du PIB congolais.

Grâce à sa position stratégique à l’équateur au cœur de l’Afrique, la RDC est située au carrefour des destinations finales ou initiales des circuits touristiques d’Afrique Australe, Centrale et de l’Est. Le pays présente une gamme variée d’attraits touristiques à travers ses 26 provinces. Les chutes de Zongo au Kongo central, des attractions touristiques comme le Jardin botanique d’Eala et le Parc de la Vallée de la N’sele à Kinshasa, le lac Kivu, le fleuve Congo, et les montagnes telles que le Ruwenzori offrent des paysages spectaculaires pour les touristes. Chaque province présente des particularités variées. Le pays de Lumumba possède 7 parcs nationaux et 57 réserves et domaines de chasse dont 5 figurent sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du Parc national des Virunga, le Parc national de la Garamba, Kahuzi Biega, la Salonga et la Réserve de faune à okapis. En dehors des parcs, la RDC possède des montagnes et chutes qui offrent la possibilité d’exploiter tout type de tourisme (balnéaire, culturel, de loisirs, d’affaires). Sur le plan de la flore, il y a une variété d’écosystème couvrant près de 145 millions d’hectares, soit le second massif de forêts tropicales du monde après l’Amazonie et une des réserves de biodiversité de la planète. La RDC possède 4 espèces endémiques : Gorille de montagne, Okapi, Bonobo (chimpanzé nain), Paon congolais. À côté, il y a d’innombrables espèces d’oiseaux et de poissons. Face à un tel potentiel, le pays ne devrait pas être à la traine en matière de tourisme.

L’insécurité, l’ennemi numéro 1 du tourisme

Depuis près de 30 ans, la partie orientale du pays demeure en insécurité. Pourtant, les Kivus et l’Ituri regorgent d’atouts pour le développement du tourisme avec des paysages magnifiques, une faune diversifiée et une culture unique. Cependant, cette région reste marquée par l’instabilité sécuritaire, ce qui a affecté le développement du tourisme. Malgré ces défis, des initiatives sont en cours pour relancer le secteur et mettre en valeur les atouts touristiques de la région, notamment le Parc National des Virunga et le Lac Kivu. La chaîne de volcans entre la RDC et le Rwanda, avec des sommets comme le Nyiragongo, constitue une attraction touristique particulière. Mais la zone est quasiment infréquentable par des touristes suite à l’insécurité. Le parc national des Virunga est souvent le théâtre des affrontements entre des groupe armés et forces loyalistes. Des gardiens du parc sont souvent tués lors d’attaques de groupes rebelles. Le 22 février 2021, l’ambassadeur d’Italie en RDC, Luca Attanasio, a été tué dans cette région alors qu’il allait visiter un projet scolaire dans un village près de Rutshuru, dans le Nord-Kivu. Cette zone était quasiment dans le périmètre du Parc national des Virunga. Un événement tragique qui a davantage refroidi des potentiels touristes. Par exemple, Israël a vu son tourisme chuter de 64 % depuis octobre 2024 en raison de tensions régionales.

Pas de marketing avant les infrastructures

Selon les chiffres publiés par l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI), la RDC a révisé en 2013 son plan directeur projeté sur 15 ans avec comme objectifs d’atteindre à terme 1.146.962 touristes internationaux et des recettes de 17,3 millions de dollars. Un montant estimé à 10 % de la valeur du PIB congolais en 2012. Mais pour que ce plan de 15 ans puisse fonctionner, l’ANAPI avait précisé qu’il fallait mettre en place une politique de promotion et de préservation des espèces animales phares ; réhabiliter des parcs nationaux, créer des niches écologiques, réhabiliter des voies d’accès aux différents sites et promouvoir le Tourisme vert pour renforcer la conservation de l’environnement. Il fallait aussi développer l’offre en transports touristiques (aérien, routier, fluvial et lacustre) ; créer des sites d’hébergement (hôtels et infrastructures d’accueil et d’animation touristiques). Avec la décentralisation, il est aussi nécessaire de mettre en place des services des agences et bureaux de tourisme dans les différentes entités décentralisées. Plus de 12 ans après avoir élaboré ce plan, rien de concret n’a été fait pour développer ce secteur.

Actuellement, le ministre du Tourisme, Didier M’Pambia, s’est empressé de signer un contrat de marketing de plus de 4 millions de dollars avec le club prestigieux AC Milan pour promouvoir le tourisme en RDC. Pourtant, les préalables énumérés notamment par l’ANAPI n’ont pas toujours été remplis. Il sera difficile dans un tel contexte de capter les touristes du monde. Les fonds investis dans le marketing risquent de ne pas produire de résultats tant que le secteur n’est pas restructuré. Le contrat signé également par le ministre des Sports, Didier Budimbu avec l’As Monaco (4,8 millions d’euros pour 3 saisons), qui comporte un volet de visibilité du pays, n’échappe pas à la logique de ces préalables. « Il faut d’abord développer tout un écosystème touristique au pays avant d’envisager un marketing à l’international », estime Eddy Mbala, guide touristique dans un site de Mbanza-Ngungu, au Kongo Central.

Cet écosystème implique une harmonie entre les différents services du pays. Des infrastructures d’accueil comme les aéroports et la qualité du personnel d’accueil devraient être prises en compte dans cet alliage. Il y a aussi des agences de voyages, des hôtels non classés et classés ; le développement des 4.500 km de voies navigables du pays ainsi que des services d’appui au déploiement des activités touristiques. C’est l’existence de cet ensemble des infrastructures qui permettra au pays de lancer son marketing à l’international tout en s’assurant de la qualité de la délivrance des visas pour les touristes.

Saisir chaque opportunité pour mieux vendre le pays

Pour mieux capitaliser ce secteur, le pays doit mettre en valeur chacun de ses atouts naturels. Cela n’est possible que grâce à une gouvernance efficace de ce domaine. Si les efforts en cours pour trouver un accord de paix entre la RDC et le Rwanda arrivent à aboutir, il faudrait en ce moment activer un autre levier politique interne : la gouvernance de qualité dans ce secteur. Cela permettra de créer l’attractivité autour du tourisme. Il faudrait aussi saisir chaque occasion pour mieux vendre le pays. Le Festival mondial de la musique et du tourisme, prévu du 16 au 18 juillet 2025 à Kinshasa, devrait être une opportunité de mettre à profit le potentiel touristique de la RDC. Beaucoup d’experts du secteur s’accordent à dire que si le pays parvient à surmonter ses défis sécuritaires et à développer ses infrastructures touristiques, il pourrait devenir une destination majeure en Afrique centrale. Le programme de réhabilitation des aéroports du pays est un signe dans la bonne direction.

Heshima

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RDC : l’agriculture, seule arme pour vaincre l’insécurité alimentaire

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La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise alimentaire importante. Des millions de citoyens peinent à se nourrir convenablement, alors même que le pays regorge de terres fertiles et de ressources naturelles à faire rêver tout investisseur agricole. Cette contradiction, criante, laisse entrevoir un paradoxe : comment un pays aussi riche en potentialités agricoles peut-il laisser une grande partie de sa population souffrir de la faim ? Plus qu’une interrogation, c’est un appel à repenser l’agriculture comme levier central de transformation sociale et économique.

En 2025, la situation reste préoccupante. D’après les chiffres publiés en janvier par l’Integrated Food Security Phase Classification, près de 27,7 millions de Congolais, soit environ un quart de la population évaluée, vivent en insécurité alimentaire aiguë. Parmi eux, 3,9 millions sont classés en situation d’urgence. Ces chiffres, derrière leur froideur statistique, traduisent une réalité implacable : des familles entières luttent pour survivre dans un pays qui pourrait, selon la Banque africaine de développement, nourrir jusqu’à deux milliards d’individus grâce à ses quelque 80 millions d’hectares de terres arables, dont à peine 10 % sont exploités.

La RDC, pourtant, ne manque pas de productions agricoles phares. Le manioc, avec 29,9 millions de tonnes récoltées en 2018, et les bananes plantains, avec 4,7 millions de tonnes, placent le pays parmi les tout premiers producteurs mondiaux, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Mais ces chiffres ne suffisent pas à masquer les carences du système. « Nous avons les terres, l’eau, le climat. Il ne manque que la volonté de transformer ce potentiel en réalité durable », estime Jacques Malila, spécialiste du développement agricole.

Des freins structurels persistants

Le premier défi tient aux infrastructures. Trop de routes, impraticables pendant la saison des pluies, coupent les producteurs des circuits de distribution. Marie Nzola, agricultrice dans le Sud-Ubangi, confiait à un média local en mars 2024 : « Nous travaillons dur, nous récoltons, mais l’absence de routes fait pourrir nos produits. » Ce constat, malheureusement répandu, est appuyé par un rapport du Programme alimentaire mondial datant de 2022, qui identifie l’effondrement des infrastructures comme l’un des déclencheurs majeurs de la crise alimentaire actuelle. Le manque d’électricité, d’installations de conservation ou encore de systèmes d’irrigation freine lourdement la productivité, en particulier dans les zones reculées.

Autre obstacle : l’accès au financement. Une large majorité des exploitants, plus de 60 % de la main-d’œuvre agricole, évolue dans un contexte informel, sans filet de sécurité ni accès au crédit. Les possibilités d’investir dans de meilleures semences, des outils ou de l’engrais sont donc minces. En 2022, la Banque mondiale évoquait, dans l’un de ses blogs, un programme agricole doté de 500 millions de dollars censé bénéficier à 1,7 million de producteurs du pays. Mais sur le terrain, les retombées restent inégales. « Sans prêts adaptés à notre réalité, nous restons enfermés dans un cycle de faibles rendements », soupire Daniel Mbuyi, cultivateur de maïs dans le Kasaï.

Enfin, les politiques agricoles peinent à s’ancrer dans une vision cohérente. Un rapport des Nations unies paru en mars 2025 relève que les conflits persistants dans l’Est perturbent les cycles agricoles et déplacent des familles entières, rendant toute stratégie difficile à stabiliser. Une gouvernance éclatée, des priorités souvent brouillonnes et une absence de suivi concret paralysent les réformes structurelles pourtant urgentes.

Des initiatives porteuses d’espoir

Malgré ce tableau sombre, des projets ambitieux voient le jour. Le Programme de transformation agricole, lancé en 2023, prévoit de mobiliser 6,6 milliards de dollars sur dix ans. Il vise à moderniser l’agriculture congolaise tout en recentrant les efforts sur les petits producteurs, pierre angulaire de l’économie rurale. « L’objectif, c’est de faire de l’agriculture un moteur de croissance inclusive », a souligné un intervenant lors du Forum sur l’agribusiness organisé la même année par la Banque africaine de développement.

L’agroécologie, portée par plusieurs ONG, s’impose peu à peu comme un modèle viable et durable. L’ONG internationale SAILD, par exemple, a mené en 2024 une série d’ateliers promouvant des méthodes plus respectueuses de l’environnement, comme la rotation des cultures ou l’usage du compost naturel. Une étude publiée en 2023 dans la plateforme de publications scientifiques ScienceDirect démontre que dans la province du Maniema, ces pratiques ont non seulement amélioré la fertilité des sols, mais aussi accru les rendements agricoles. « Avec l’agroécologie, nous respectons la terre tout en assurant notre subsistance », témoigne Esther Baraka, cultivatrice dans le Kivu.

L’essor de l’agro-industrie constitue une autre piste prometteuse. Selon l’agence du département du Commerce des États-Unis Trade.gov, des partenariats public-privé sont en cours d’examen pour implanter des parcs agro-industriels capables de transformer sur place le manioc, le maïs ou les fruits, générant ainsi des emplois et réduisant la dépendance aux importations. Cette dynamique vise à créer de véritables pôles économiques régionaux, tout en valorisant les produits locaux.

L’innovation numérique n’est pas en reste. La plateforme NYUKI TECH, développée par l’entreprise spécialisée dans la production et la vente des produits apicoles et agricoles  GRECOM-RDC, connecte les agriculteurs aux marchés, limite les pertes post-récolte et facilite la transparence des prix. Présentée dans un article de l’Index Insurance Forum publié en 2024, cette solution illustre le potentiel des technologies pour combler les failles logistiques.

Dans cette même logique, le Programme de promotion de l’entrepreneuriat agricole et de la sécurité alimentaire, financé par le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire à hauteur de 1,65 million de dollars, cible cinq bassins de production pour renforcer les filières du manioc et du maïs. Il met l’accent sur la résilience locale et le renforcement des chaînes de valeur agricoles.

Un cap à maintenir

L’avenir alimentaire de la RDC ne dépend pas uniquement de sa fertilité naturelle, mais de sa capacité à aligner les efforts politiques, économiques et communautaires autour d’un objectif commun. La lutte contre la faim ne se gagnera pas uniquement dans les champs, mais aussi dans les institutions stables, sur les routes, dans les banques et jusque dans les écoles agricoles.

Comme le résume le docteur Rajabu, spécialiste des politiques agricoles : « Le moment est venu pour la RDC de se lever et d’exploiter pleinement ses richesses naturelles. L’agriculture, si elle est bien pensée, peut transformer ce pays. »

La tâche est immense, mais l’élan est enclenché. L’État, les partenaires techniques, les ONG et les paysans eux-mêmes commencent à bâtir des ponts là où il n’y avait que des fossés. Investir dans les infrastructures, faciliter le crédit rural, promouvoir l’agro-industrie locale et respecter les savoirs paysans : autant de pistes concrètes pour avancer.

Dans un pays où l’espérance se cultive aussi bien dans les esprits que dans les sillons, chaque semence devient un pari sur demain. Il ne reste plus qu’à irriguer cet espoir. Et à ne plus jamais laisser la faim dicter la loi d’un sol aussi généreux.

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