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Contrôle parlementaire : Kamerhe et Sama aux abonnés absents

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En République démocratique du Congo (RDC), le contrôle parlementaire, pourtant crucial pour la démocratie, continue d’être relégué au second plan par les deux chambres du parlement. Depuis l’ouverture de la session de mars, l’Assemblée nationale a convoqué des séances plénières à compter sur les doigts de la main, sans exercer avec efficacité son pouvoir de contrôle sur les mandataires publics. Pourtant, ce ne sont pas des problèmes de gouvernance qui manquent au pays. Cette léthargie, observée également au Sénat, notamment sur la question de la crise sécuritaire dans l’Est du pays, irrite certains Congolais.

Véritable rempart contre la gabegie ou la mauvaise gouvernance de l’exécutif national et des mandataires publics, le contrôle parlementaire se fait de moins en moins sentir sous la quatrième législature dirigée par Vital Kamerhe pour l’Assemblée nationale et Jean-Michel Sama Lukonde pour le Sénat. Ces deux chambres du Parlement congolais contrôlent de moins en moins le gouvernement et les entreprises publiques. La loi du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques et le décret n°13/050 du 06 novembre 2013 portant règlement général sur la comptabilité publique, qui renforcent le système de gestion des finances publiques au pays, recommandent le contrôle parlementaire comme l’un des modes de contrôle du budget affecté aux actions du gouvernement et des entreprises publiques. Mais les pratiques politiques courantes ne respectent pas toujours cette orthodoxie dans la gestion de la chose publique.

Le 16 septembre 2024, Vital Kamerhe avait promis un renforcement du contrôle parlementaire en marge de l’ouverture de la session essentiellement consacrée à l’examen du budget 2025. Une promesse qui était pourtant bien accueillie par les députés nationaux dont les initiatives de contrôle étaient souvent gelées par l’ancien bureau dirigé par Christophe Mboso. Plus de 7 mois après, les interpellations des mandataires ou des ministres sont à compter sur les doigts. Lors de la session de septembre, le ministre d’État, ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gizaro, avait été interpellé sur sa gestion des projets d’infrastructures à travers une question orale signée par des députés, notamment Rubens Mikindo, Elie Kambale et Patrick Munyomo. À la fin de cet exercice, certains élus s’étaient estimés non convaincus par les réponses du ministre. En novembre 2024, cette question a été transformée en motion de défiance contre ce membre du gouvernement. Une motion qui n’a jamais été examinée jusqu’au moment où ces informations sont mises sous presse. Dans son discours de clôture de la session de septembre, Vital Kamerhe avait promis d’examiner cette motion à la session de mars, actuellement en cours. Une pratique qui lui a valu des critiques, notamment de la part de la société civile œuvrant dans le secteur des finances publiques.

Selon le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, une motion doit être programmée pour examen 48 heures après son dépôt. Mais celle dirigée contre le ministre Gisaro totalise 6 mois dans le tiroir du bureau de Vital Kamerhe. Dans un communiqué rendu public le 16 décembre 2024, le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a accusé l’Assemblée nationale d’avoir violé l’article 235, alinéas 3 et 6, de son règlement intérieur dans ce dossier de la motion de défiance contre le ministre Gisaro.

Un contrôle sacrifié sur l’autel de la solidarité politique

Dans une Assemblée nationale dominée par la majorité des députés issus de la plateforme politique Union sacrée de la Nation, il est difficile de mener une action parlementaire contre un mandataire sans s’attirer les foudres de son camp politique au sein même de l’Union sacrée. C’est le cas de la motion contre Alexis Gisaro, perçue comme un élément conçu par des députés pour déstabiliser le gouvernement. Dans l’entendement de certains alliés, une telle démarche ne devrait être menée en plénière. Une attitude qui sacrifie le contrôle parlementaire sur l’autel de la solidarité politique.

D’ailleurs, Vital Kamerhe l’avait rappelé en décembre dernier. Pour lui, le contrôle parlementaire ne doit pas être perçu comme un « acharnement » ou une opération visant à déstabiliser le gouvernement de la République. Il avait appelé les uns et les autres à saisir la quintessence de cette démarche parlementaire, qui n’est nullement une chasse aux sorcières.

Contrôle régulier du gouvernement : Kamerhe n’a pas tenu promesse

Face à l’absence du contrôle parlementaire, l’opposition parlementaire n’a pas retenu sa colère. Fin mars 2025, certains députés d’Ensemble pour la République ont dénoncé l’inaction du bureau de l’Assemblée nationale au sujet de cet exercice légal. Christian Mwando Nsimba, président du groupe parlementaire du parti de Moïse Katumbi, a dénoncé une absence « avérée » de contrôle parlementaire vis-à-vis du gouvernement, principalement dans l’exécution du budget en cours. « Le Parlement ne fonctionne pas. Le gouvernement est protégé. Nous n’avons ni le contrôle des salaires, ni celui des militaires au front. Il y a une incapacité générale à gérer l’armée. On a réduit tout le monde au silence », a fulminé Christian Mwando. Pourtant, lors de sa prise de fonction à la tête du bureau de cette chambre, Vital Kamerhe avait promis un contrôle parlementaire rigoureux. Il avait même programmé cet exercice parlementaire pour chaque mercredi. Mais à ce jour, le bilan de « VK » sur ce sujet est trop faible. Certains estiment même que lui et son collègue président du Sénat, Jean Michel Sama, sont quasiment aux abonnés absents quand il s’agit de faire exécuter un tel exercice de redevabilité de l’exécutif national vis-à-vis de l’autorité budgétaire qui est le Parlement.

Député et sénateur, le rôle du gendarme remis en cause

Dans cette législature, les députés et sénateurs ont tendance à exercer le travail de contrôle parlementaire dans les différentes commissions. Ce qui limite le champ de contrôle, alors qu’en plénière, tous les 500 députés ou 107 sénateurs pouvaient avoir la latitude d’enrichir le débat. Lors de l’émission « Le débout » diffusée le 28 avril sur les ondes de la radio Top Congo, le journaliste Thierry Kambundi a interpellé Vital Kamerhe au sujet de cette léthargie. « Pensez-vous qu’il n’y a pas de problèmes au Congo qui méritent des interpellations des ministres à l’Assemblée nationale ? », a-t-il déclaré. Pour lui, ce ne sont pas les matières qui manquent aux députés pour exercer leur responsabilité. « Un député, ça s’assume », a ajouté Christian Lusakueno. Depuis l’ouverture de la session le 15 mars, le bureau de l’Assemblée nationale a convoqué moins de 5 plénières. Pourtant, la RDC traverse actuellement l’une des crises sécuritaires majeures de son histoire. Dans cette période charnière entre les conflits et la recherche de la paix, le gouvernement est en train de signer des accords et des déclarations de principes avec des pays tiers, notamment le Rwanda. C’est justement pendant une telle période que l’Assemblée nationale et le Sénat devraient rester vigilants pour éviter au pays la signature de mauvais traités et arrangements qui pourraient être sources de nouveaux conflits dans les jours à venir. Si la Constitution du pays accorde au chef de l’État la latitude de signer des traités et accords internationaux, la soumission de ces projets d’accord à l’aval du Parlement pourrait renforcer la vigilance du gouvernement dans un contexte où le Rwanda a toujours usé d’une forme de ruse pour torpiller des engagements souscrits à l’échelle régionale et internationale dans le cadre de cette crise, vieille de près de 30 ans.

Au niveau de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe avait souligné que la question de la crise sécuritaire est gérée au niveau du gouvernement. La chambre basse allait, à travers son bureau, recueillir les informations auprès de l’exécutif national sans toutefois en débattre devant la plénière, au regard de la sensibilité de certaines questions de sécurité.

Le budget exécuté sans contrôle parlementaire

Si les questions sécuritaires requièrent une certaine forme de secret, celles liées à la gestion des finances publiques devraient être traitées en toute transparence. Le législateur a toujours prévu un contrôle à trois dimensions au sujet de la loi de finances publiques. Concernant le contrôle parlementaire réalisé par des députés et sénateurs, cette même loi a renforcé les pouvoirs du Parlement dans le vote et le contrôle du budget. Désormais, pour mieux apprécier les choix budgétaires du gouvernement, l’action du Parlement s’inscrit dans une démarche d’évaluation des politiques et de l’action publiques. D’après le Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF), le contrôle parlementaire sur l’exécution de la loi de finances se concentre sur l’examen des programmes budgétaires dans le but d’apprécier, à terme, les résultats atteints par les gestionnaires et de contrôler la performance des politiques publiques mises en œuvre par l’État. Mais ce pouvoir dévolu aux parlementaires n’est pas totalement assumé.

Au Sénat, le contrôleur n’est pas contrôlé

Comme à l’Assemblée nationale, le Sénat est quasiment aux abonnés absents lorsqu’il s’agit du contrôle parlementaire, encore moins du contrôle des dépenses internes. En 2024, le CREFDL dénonçait des dépenses internes souvent incontrôlées. « Le circuit de la dépense publique dans notre pays ne fonctionne pas. Vous avez des décaissements d’un milliard et des institutions qui se partagent les excédents budgétaires », dénonce Valery Madianga, coordonnateur de cette structure de la société civile. Dans un rapport intitulé « Le biface du Parlement congolais : un contrôleur à contrôler », cette organisation a mis à nu l’incapacité de l’autorité budgétaire à surveiller les dépenses dans ses propres lignes budgétaires. En mai 2024, Valery Madianga a épinglé des dépassements budgétaires estimés à près de 300 millions de dollars dans la gestion du Parlement. « Au niveau du Sénat, par exemple, le dépôt d’archives devrait être construit. Le bâtiment n’a jamais été livré, mais l’État a dépensé près de 81 000 dollars américains », a-t-il avancé. Pour lui, quand le contrôleur n’arrive pas à se contrôler, personne ne serait en mesure de surveiller la dépense publique. Ce qui occasionne des dépassements budgétaires aussi bien du côté du Parlement que dans d’autres institutions comme le gouvernement ou la Présidence de la République.

Assemblée nationale : un faible contrôle parlementaire sous l’ère Mboso

Cette léthargie décriée au sujet du contrôle parlementaire était également observée sous la présidence de Christophe Mboso à l’Assemblée nationale. D’après le baromètre de l’activité parlementaire et de l’action du gouvernement en RDC, présenté par Talatala, les députés nationaux avaient introduit, entre septembre 2020 et décembre 2023, au moins 177 moyens de contrôle et d’information, 88 questions orales avec débat, 50 questions écrites, 16 questions d’actualité, 18 interpellations, une motion de censure et quatre motions de défiance. Un ratio faible par rapport aux trois années passées à la tête de la chambre, mais aussi vis-à-vis des défis de gouvernance observés dans tous les secteurs de la vie nationale. Sous son ère, le président Christophe Mboso était accusé plusieurs fois de bloquer le contrôle parlementaire qui visait des membres du gouvernement Sama Lukonde. Sous sa présidence, seules 11 de ces initiatives parlementaires avaient abouti à un examen en plénière, soit à peine 6 % des moyens de contrôle et d’information déposés.

La peur de l’implosion de l’Union sacrée

Le contrôle parlementaire est redouté à l’Assemblée nationale. L’Union Sacrée de la nation, une majorité parlementaire hétéroclite, risque de s’imposer suite aux actions liées au contrôle parlementaire. On se souvient des échanges houleux entre Vital Kamerhe et le député Daniel Aselo, président du groupe parlementaire UDPS/Tshisekedi, au sujet justement du contrôle parlementaire exercé contre le ministre Alexis Gisaro. Le président de l’Assemblée nationale avait réagi avec fermeté face à cette initiative, en rejetant toute implication personnelle dans un dossier qui devrait faire partie des prérogatives du pouvoir exécutif. Ces tensions entre membres de l’Union sacrée montrent qu’une action de contrôle parlementaire, même légitime, peut être perçue comme une menace contre l’unité fragile de cette coalition.

Dans ce contexte, il devient évident que la logique de « solidarité politique » l’emporte souvent sur les impératifs de gouvernance et de transparence. Cela peut nuire à l’image de l’Union sacrée, qui, bien qu’elle ait été portée par la volonté d’une gestion partagée des institutions, se retrouve de plus en plus fragilisée par des divisions internes et des compromis qui étouffent la responsabilité individuelle. Un contrôle parlementaire inefficace peut ainsi laisser l’opinion publique douter de l’engagement réel des membres du gouvernement et des parlementaires envers les principes de bonne gouvernance et de transparence.

La soumission du contrôle parlementaire à des intérêts politiques

En effet, cette situation met en lumière la relation complexe entre le contrôle parlementaire et les jeux de pouvoir au sein de l’Union sacrée. L’incapacité du bureau de l’Assemblée nationale à tenir ses promesses de renforcer le contrôle parlementaire révèle que, dans la pratique, les intérêts partisans ou personnels prédominent parfois sur l’intérêt général. Pour plusieurs observateurs, il est difficile de dissocier les enjeux de gouvernance de la logique de soutien politique, surtout lorsque des acteurs clés de la coalition au pouvoir ne veulent pas mettre en péril des accords tacites ou des soutiens pour des ambitions électorales futures.

De plus, l’absence de décisions fermes et rapides sur des questions aussi cruciales que les motions de défiance ou les contrôles de dépenses publiques met en exergue une certaine forme de complaisance au sein des institutions. Dans ce contexte, des membres influents de l’Union sacrée, tout comme les responsables gouvernementaux, sont poussés à jouer la carte de la tranquillité plutôt que d’assumer une responsabilité pleine et entière en matière de reddition de comptes.

Vers une réforme du contrôle parlementaire ?

Face à cette inertie, plusieurs experts en gouvernance et société civile appellent à une réforme du système de contrôle parlementaire en RDC. Leurs propositions incluent un renforcement de l’indépendance des institutions parlementaires et un encadrement plus strict des pratiques parlementaires. L’idée serait de rendre plus transparent le processus d’examen des motions, de mieux encadrer les actions de défiance et de garantir une séparation claire entre les engagements politiques et les obligations de contrôle institutionnel.

Certaines de ces réformes préconisent aussi une meilleure formation des parlementaires sur les enjeux de la gestion publique, ainsi que des mécanismes de suivi plus rigoureux concernant les budgets et les projets d’infrastructures publiques. Cela permettrait de réduire l’emprise de l’exécutif sur le législatif et de remettre en place des systèmes de contrôle véritablement efficaces et performants.

L’avenir du contrôle parlementaire en RDC

L’inefficacité actuelle du contrôle parlementaire en RDC n’est pas uniquement un symptôme de dysfonctionnements institutionnels, mais aussi le reflet de l’équilibre de pouvoir fragile au sein de l’Union sacrée. Tant que cette coalition restera à la tête des deux chambres du Parlement, il semble que l’objectif de renforcer le contrôle parlementaire sera continuellement soumis aux intérêts politiques, freinant ainsi les efforts de gouvernance responsable et transparente. Toutefois, des réformes structurelles et une plus grande prise de conscience politique pourraient, à terme, permettre de redonner au Parlement congolais son rôle fondamental de gardien de l’intérêt public et de contre-pouvoir face à l’exécutif.

Heshima

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RDC : Vers une trilogie Doha-Washington-Kinshasa incluant Joseph Kabila

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Le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) fait du chemin. Après les avancées enregistrées à Doha, au Qatar, puis à Washington (Etats-Unis), le président Félix Tshisekedi reçoit une pression politique aussi bien interne qu’externe pour ouvrir un dialogue national avec une possible implication de son prédécesseur, Joseph Kabila, Joseph Kabila. Ce qui pourrait ouvrir la voie à la cohésion nationale et à une paix globale dans le pays.

Le 5 mai 2025, les États-Unis ont confirmé avoir reçu un projet d’accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le Conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État américain, Massad Boulos, a salué ce projet qui, selon lui, est une « étape importante vers le respect des engagements pris dans la Déclaration de principes » signée le 25 avril à Washington entre Kinshasa et Kigali, en présence du secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio. Pendant ce temps à Doha, où se déroulent les discussions directes entre l’Alliance Fleuve Congo (AFC), vitrine politique de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) et le gouvernement congolais, les négociations  ont repris cette semaine. Les deux délégations séjournent dans la capitale qatarie pour faire avancer les négociations.      

Des appels au dialogue entre Tshisekedi et Kabila

La crise sécuritaire qui dure depuis 30 ans dans l’Est de la RDC ne saurait être résolue à moitié. Si Félix Tshisekedi a fait des concessions en acceptant de dialoguer avec les rebelles de l’AFC/M23 à Doha puis avec le Rwanda à Washington, un troisième dialogue devrait être ouvert localement au pays. Cette trilogie est nécessaire pour obtenir une paix globale et une cohésion nationale. Plusieurs voix se sont exprimées pour demander cette troisième option de discussions internes. « Je demande humblement et patriotiquement au président de la République Félix Tshisekedi de tendre la main de la paix, de la réconciliation nationale et de la solidarité à son prédécesseur, l’ancien Président de la République Joseph Kabila. », a lancé Didier Mumengi, ancien ministre de l’information et de la communication sous Laurent-Désiré Kabila et coordonnateur du Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble initié par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Pour Didier Mumengi, Joseph Kabila n’a plus le droit d’être partisan ou de choisir un camp. « Il est, après avoir dirigé dix-huit ans ce pays, un patrimoine national. Il doit se mettre au service de la paix et du bien vivre ensemble », a ajouté Didier Mumengi.              

Félix Tshisekedi a été mis également sous pression par le vice-Premier ministre, ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot. « J’ai plaidé pour qu’on puisse avoir l’assiette la plus large possible des participants politiques à cette volonté d’un dialogue national pour pouvoir en maximaliser les chances de résultats positifs », a révélé il y a une semaine le chef de la diplomatie belge après son entretien avec Félix Tshisekedi. Et ce dernier a manifesté clairement sa volonté d’être dans une « démarche la plus inclusive possible » dans la quête de la solution à la crise.

Une trilogie de dialogue se dessine…

D’après des sources dans le sérail du pouvoir, des « discussions secrètes » pourraient bientôt démarrer pour essayer d’arrondir les angles entre les deux alliés d’hier, le camp de Félix Tshisekedi et celui de Joseph Kabila. « D’ailleurs, la pression exercée sur le PPRD était d’abord pour essayer d’obtenir une désolidarisation des caciques de ce parti avec le soupçon d’une démarche insurrectionnelle de leur leader », note une autre source.

Malgré la démarche initiée par la justice militaire pour engager des poursuites contre l’ancien président de la République et sénateur à vie, Joseph Kabila, « Une issue politique pourrait primer sur les poursuites judiciaires au nom de la paix nationale », estime un analyste politique. Selon lui, il sera difficile que Doha et Washington donnent des résultats probants alors qu’en interne, la cohésion nationale continue à faire défaut, soulignant l’importance d’un dialogue national.

D’où, Doha et Washington devraient être couronnés par un dialogue à Kinshasa. Une trilogie qui pourrait ramener une paix durable. Malgré sa position en faveur du M23 dans sa tribune publiée au journal sud-africain, Sunday Times, et qui a été très critiquée par l’opinion congolaise, Joseph Kabila a toujours voulu d’un dialogue entre les Congolais. Sa récente rencontre avec l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, qui est l’un des facilitateurs nommé par la double médiation de l’EAC et de la SADC pour la crise dans l’est de la RDC, en dit long sur son souhait de voir un dialogue en interne. Obasanjo a associé, à ses côtés, l’Américain Massad Boulos pour dessiner les contours d’un projet des pourparlers entre Congolais.

Kabila, Katumbi, Fayulu et Sesanga pour un dialogue interne

Quatre grandes figures de l’opposition congolaise, longtemps divisées, se sont récemment exprimées d’une seule voix. Dans une déclaration commune publiée le 1er mai, Joseph Kabila, Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Delly Sesanga ont appelé à un dialogue national pour sortir la RDC de l’impasse, critiquant au passage l’autoritarisme de Félix Tshisekedi tout en saluant la « Déclaration de principes » signée à Washington entre la RDC et le Rwanda. Ce rapprochement entre l’ancien président et des opposants, dont Martin Fayulu, a surpris l’opinion. Fayulu justifie cette déclaration commune par l’impératif du retour de la paix en RDC, se disant prêt à s’asseoir avec le leader de l’AFC/M23, Corneille Nangaa, au nom de cette paix au Congo. « Ce sont des leaders politiques qui ont pour point d’intersection uniquement le fait de pouvoir parler à l’interne et surtout, de soutenir l’initiative portée par l’ECC et la CENCO », explique Alex Dende, un politicien proche de Martin Fayulu.

Le gouvernement d’union nationale gelé

Avec ces possibles négociations en triangle, le gouvernement d’union nationale promis par Félix Tshisekedi devra encore attendre. Le 24 mars dernier, le conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité, Désiré-Casimir Kolongele Eberande, avait lancé les premières rencontres pour échanger avec les différents bords politiques. L’objectif affiché par le président Tshisekedi était de parvenir à un consensus permettant la formation d’un gouvernement inclusif, capable de répondre aux défis politiques, économiques et surtout sécuritaires du pays. En lançant cette proposition de gouvernement d’union nationale, le chef de l’Etat congolais souhaitait surtout resserrer les rangs au sein de sa propre majorité au-delà de piocher dans l’opposition. Mais les résultats de ces consultations politiques sont gelés depuis la clôture de cet exercice, le 9 avril dernier. Des figures majeures de l’opposition ont brillé par leur absence. Au niveau de l’opposition, aucune personnalité de grande carrure ne s’est présentée au bureau de M. Eberande Kolongele. « J’ai été sollicité pour le gouvernement d’union nationale, mais j’ai dit non », a révélé Martin Fayulu dans une interview accordée à France 24. Il souhaite plutôt la mise en place du Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble initié par le tandem CENCO-ECC afin de résoudre cette crise en RDC.

Si l’option d’un dialogue national parait comme une solution à la crise actuelle, il y a cependant des agendas politiques qui risquent de plomber de tels pourparlers. Joseph Kabila garde encore le sentiment d’avoir été trahi par Félix Tshisekedi. Il semble être dans une dynamique de chercher comment retrouver les sérails du pouvoir. Ce qui pourrait compliquer davantage l’équation de la cohésion recherchée. Il est possible de retrouver encore dans les agendas de certains politiques le schéma sur comment faire partir Félix Tshisekedi du pouvoir.  Ce « Jonas » qu’il faudrait à tout prix sortir du navire, selon Corneille Nangaa.   

Heshima

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Kasa-Vubu, Mobutu et les Kabila : Quel héritage politique ?

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Depuis l’indépendance en 1960, la République démocratique du Congo (RDC) a été profondément marquée par quatre figures centrales : Joseph Kasa-Vubu, Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila. Ces dirigeants ont façonné, chacun à leur manière, l’histoire politique d’un pays en quête d’unité, de stabilité et de souveraineté. Leurs mandats ont laissé une empreinte durable, entre projets de construction étatique, dérives autoritaires, ambitions panafricaines et luttes pour la survie du pouvoir. À travers des réformes tantôt visionnaires, tantôt incohérentes, des choix cruciaux et des échecs profonds, ils ont contribué à forger les fondements mais aussi les failles d’un État complexe, tiraillé entre centralisme et désintégration, entre espoir démocratique et retour cyclique de l’autoritarisme. L’héritage qu’ils ont légué continue d’irriguer les tensions institutionnelles, les fractures régionales et les débats idéologiques qui traversent encore la nation.

Dans ce pays-continent, la lutte politique et sociale semble devenir perpétuelle. De Kasa-Vubu à Joseph Kabila, certains Congolais n’ont pas visiblement l’impression d’avoir passé ce cap. « Chaque président a marqué le Congo, pour le meilleur ou pour le pire », résume Marie Nzuzi, enseignante à Kinshasa. « Leur histoire est la nôtre. Comprendre leurs choix, c’est comprendre pourquoi nous luttons encore aujourd’hui. »

Joseph Kasa-Vubu : les premiers pas hésitants d’un État indépendant

Joseph Kasa-Vubu, né entre 1910 et 1917 à Kuma-Dizi, dans le Kongo-Central, incarne les balbutiements du Congo indépendant. Fils de l’ethnie Bakongo, formé par des missionnaires catholiques, il commence sa carrière professionnelle comme enseignant, avant de devenir comptable et leader du nationalisme congolais. À la tête de l’Alliance des Bakongo (ABAKO), il transforme cette organisation culturelle en un mouvement politique puissant dans les années 1950. Son élection comme maire de Dendale (actuelle commune de Kasa-Vubu) à Léopoldville en 1957 marque un tournant décisif. Dans son discours d’investiture, appelant à l’indépendance dans un horizon de trente ans, Kasa-Vubu heurte les autorités coloniales belges, mais renforce son image de leader.

Contrairement à Patrice Lumumba, plus radical et porté par un nationalisme panafricain enflammé, Kasa-Vubu adopte une posture plus modérée, prônant un fédéralisme qui garantit l’autonomie des Bakongo. « Il veut un Congo où chaque région a sa voix, mais certains y voient un manque d’audace », analyse Pierre Kisula, historien à Matadi. Cette approche, jugée parfois hésitante, se heurte à la montée de l’indépendantisme radical. Les émeutes de Léopoldville en janvier 1959, déclenchées lors d’un rassemblement interdit de l’ABAKO, illustrent cette tension. Après son arrestation, Kasa-Vubu est libéré deux mois plus tard, consolidant son aura de résistant.

L’indépendance et la crise congolaise

Le 30 juin 1960, Kasa-Vubu proclame l’indépendance de la République du Congo, un moment solennel et historique. Toutefois, cette fierté nationale est rapidement ternie par une série de crises. La mutinerie de l’armée, l’intervention militaire belge et les sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï exposent la fragilité d’un État naissant, privé d’élites administratives formées et d’institutions solides.

Kasa-Vubu, premier président, tente de naviguer dans ce chaos amplifié par l’héritage colonial, marqué par l’insuffisance des investissements dans l’éducation et la gouvernance.

Kasa-Vubu–Lumumba, difficile cohabitation et sécessions congolaises

La cohabitation avec Patrice Lumumba, Premier ministre élu en 1960, devient rapidement conflictuelle. Kasa-Vubu, soucieux de stabilité, privilégie un fédéralisme modéré, tandis que Lumumba, résolument de gauche et déterminé à asseoir une unité nationale forte, cherche des alliances internationales, notamment avec l’Union soviétique, en pleine Guerre froide. À peine une semaine après l’indépendance, des mutineries éclatent, contraignant les deux dirigeants à intervenir personnellement pour calmer les soldats.

La sécession du Katanga moins de deux semaines après l’indépendance, proclamée par Moïse Tshombe le 11 juillet 1960 avec le soutien de la Belgique, aggrave considérablement la crise post-indépendance. Pourtant, bien avant la proclamation officielle de l’indépendance, le 30 juin, le Sud-Kasaï avait déjà fait sécession, quinze jours plus tôt. Le 8 août 1960, cet État fédéral, dont la capitale était Bakwanga (actuelle Mbuji-Mayi), déclare officiellement son autonomie. Albert Kalonji en devient président, et Joseph Ngalula est nommé chef de gouvernement dans un contexte de violences interethniques et de rejet des autorités centrales. Quelques mois plus tard, Kalonji se proclamera roi sous le titre de « Mulopwe », accentuant encore la singularité de son entreprise.

La spirale sécessionniste se poursuit au Katanga. Le 11 juillet 1960, Moïse Tshombe, leader de la Confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT), proclame l’indépendance de cette région riche en ressources naturelles. Appuyé par l’Union minière du Haut-Katanga, toujours contrôlée par des intérêts belges, Tshombe bénéficie du soutien de Bruxelles, désireuse de préserver ses intérêts économiques dans la région.

Kasa-Vubu et Lumumba tentent une mission conjointe à Élisabethville (actuelle Lubumbashi), mais Tshombe refuse de recevoir Lumumba, faisant obstacle à toute tentative de réconciliation. Trois ans plus tard, grâce à l’intervention militaire des Casques bleus des Nations unies, l’État du Katanga est finalement réintégré de force au Congo-Kinshasa, et Moïse Tshombe s’exile en Espagne.

Très engagé dans la recherche d’une solution à cette crise, le secrétaire général de l’ONU de l’époque, Dag Hammarskjöld, y laissera sa vie : il périt dans un crash d’avion le 18 septembre 1961, en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie). La RDC lui rendra hommage en baptisant le pont Mondjiba à son nom. Il recevra, la même année, le prix Nobel de la paix à titre posthume.

Le conflit avec Lumumba : une rupture décisive

Les tensions entre Kasa-Vubu et Lumumba culminent en septembre 1960. Le 5 septembre, Kasa-Vubu destitue Lumumba, l’accusant de sympathies communistes et de provoquer des désordres, notamment au Kasaï. Lumumba, refusant cette décision, tente de révoquer Kasa-Vubu, ce qui plonge le pays dans une impasse constitutionnelle. La Loi fondamentale de 1960, adoptée précipitamment, instaure un régime semi-présidentiel, où les rôles du président et du Premier ministre sont mal définis, exacerbant la crise. Le coup d’État de Joseph-Désiré Mobutu, alors chef d’état-major, met fin à cette instabilité en arrêtant Lumumba, qui est livré aux forces katangaises et assassiné en janvier 1961. « Kasa-Vubu pense protéger le pays, mais il ouvre la voie à Mobutu », analyse Sophie Maketa, politologue à Matadi.

Cette rupture marque un tournant décisif dans l’histoire de la RDC. La dualité exécutive, source d’instabilité chronique, pose les bases de tensions institutionnelles persistantes, récurrentes jusqu’à aujourd’hui, notamment dans les conflits entre le président et le Premier ministre, comme ce fut le cas sous Mobutu avec Étienne Tshisekedi ou plus récemment avec Sylvestre Ilunga Ilunkamba et Félix Tshisekedi. Bien qu’il ait conservé son poste après le coup de force de Mobutu, l’autorité de Kasa-Vubu s’étiole face à la montée du pouvoir militaire.

La Constitution de Luluabourg et la chute

En 1964, Kasa-Vubu tente de stabiliser le pays en introduisant la Constitution de Luluabourg, qui instaure un régime fédéral avec 21 provinces autonomes et un président exécutif fort. Approuvée par référendum, cette constitution vise à répondre aux tensions ethniques et régionales mais échoue à pacifier le pays. L’accession de Tshombe au poste de Premier ministre en 1964, malgré ses antécédents sécessionnistes, est perçue comme pragmatique mais controversée. En novembre 1965, Mobutu renverse Kasa-Vubu par un coup d’État, suspendant la constitution et mettant fin à la première République.

Un héritage ambivalent

L’héritage de Kasa-Vubu est marqué par une ambivalence. Pionnier de l’indépendance, il pose les bases d’un État souverain, mais ses choix, comme la destitution de Lumumba, exacerbent les fractures politiques et institutionnelles du pays. Son projet fédéraliste, bien qu’innovant, échoue à résoudre les rivalités régionales. Son leadership, souvent perçu comme hésitant, contraste avec l’autorité et le charisme de Lumumba, mais ses efforts pour structurer l’État, à travers la Constitution de Luluabourg, continuent d’influencer les débats actuels sur la décentralisation et les tensions entre le pouvoir central et les provinces.

Mobutu Sese Seko : l’ère de l’autoritarisme centralisé

De 1965 à 1997, Mobutu Sese Seko impose un régime autocratique qui redéfinit radicalement la République du Zaïre. Né en 1930 à Lisala, cet ancien soldat de la Force Publique et journaliste grimpe les échelons militaires pour devenir chef d’état-major en 1960. Cinq ans plus tard, il orchestre un coup d’État qui le propulse au sommet du pouvoir. L’hebdomadaire The Washington Post décrira plus tard comment il façonne un système politique centré sur sa personne, illustré par le Mobutisme, une idéologie qu’il officialise en 1967 avec le Manifeste de la N’sele. Sous le slogan « ni gauche, ni droite, ni même centre », il préconise un nationalisme unique, rejetant à la fois le capitalisme occidental et le communisme soviétique.

Le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), devenu parti-État, constitue le pilier exclusif de la vie politique et sociale. Le culte de la personnalité prend une ampleur démesurée : statues, portraits géants et slogans omniprésents. Mobutu se proclame « Père de la nation », « Guide de la Révolution », voire « Messie ». « On ne pouvait allumer la télévision sans voir Mobutu, c’était oppressant », se souvient Jeanne Mukadi, ancienne fonctionnaire à Kinshasa. À certains moments, rapporte le HCR, les médias sont interdits de mentionner d’autres noms que le sien. Cette monopolisation de l’espace public écrase toute forme d’opposition, transformant les institutions en marionnettes soumises à la volonté du président.

Zaïrianisation : une ambition nationaliste virant au désastre

En 1971, Mobutu rebaptise le pays Zaïre et lance une campagne d’« authenticité » destinée à effacer les traces coloniales. Léopoldville devient Kinshasa, Élisabethville prend le nom de Lubumbashi, et les prénoms chrétiens sont bannis. Il adopte lui-même le nom de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, signifiant « le guerrier tout-puissant qui va de victoire en victoire ».

Mais c’est surtout la « zaïrianisation » économique, lancée en 1973, qui marque cette phase de son régime. Sous couvert de souveraineté économique, Mobutu nationalise les entreprises étrangères et les redistribue à une élite zaïroise, souvent constituée de proches sans aucune compétence en gestion. Le résultat est désastreux : les unités industrielles périclitent, le secteur minier s’effondre. La chute brutale des cours du cuivre en 1975 aggrave la crise, provoquant une contraction du PIB de 2,5 % et une explosion de la dette. « La zaïrianisation était une idée noble, mais elle a enrichi les amis de Mobutu et appauvri le peuple », déplore Paul Tshibangu, commerçant à Lubumbashi.

Cette politique, loin de libérer l’économie, installe une corruption systémique qui perdure. En 2024, le Corruption Perceptions Index de Transparency International attribue au Zaïre un score alarmant de 20/100, reflet d’un héritage toujours actif. La production de cuivre dans le Shaba (Katanga), qui culminait à 400 000 tonnes dans les années 1980, chute à 30 000 tonnes en 1993, selon Human Rights Watch.

Entre stabilité factice et répression de masse

Dans un pays aux 250 ethnies, Mobutu parvient à maintenir une paix relative. Mais celle-ci repose sur une surveillance constante et une répression implacable. En 1966, quatre figures politiques, dont l’ancien Premier ministre Évariste Kimba, sont exécutées publiquement à Kinshasa. Trois ans plus tard, la répression sanglante des manifestations étudiantes à Lubumbashi fait des dizaines de morts. Le HCR en fait un symbole du climat de terreur. « Vivre sous Mobutu, c’était marcher sur des œufs. On ne savait jamais qui écoutait », se souvient Esther Lubala, militante des droits humains.

Les Forces armées zaïroises (FAZ), politiquement dominées par des officiers de l’ethnie ngbandi, celle de Mobutu, sont marquées par une logique de clan qui nourrit la méfiance envers les autres composantes du pays. En 1980, The Washington Post révèle que les Ngbandi forment l’épine dorsale de l’armée. Lors des invasions du Shaba (1977 et 1978), les FAZ, incapables de défendre seules le territoire, doivent se résoudre à demander le soutien de troupes françaises et marocaines. Cette dépendance accélère la militarisation du pouvoir et introduit l’ethnicisation de l’armée, dont les effets se font encore sentir en RDC.

Un diplomate courtisé devenu paria

Durant la Guerre froide, Mobutu exploite habilement la carte de l’anti-communisme, se positionnant en rempart de l’Occident face à l’expansion soviétique en Afrique. Les États-Unis, la France et la Belgique lui accordent une aide substantielle. Les États-Unis, troisième bailleur du Zaïre à l’époque, le considèrent comme un allié stratégique dans la sous-région. Il dirige l’Organisation de l’unité africaine (OUA) entre 1967 et 1968 et se positionne comme médiateur en Angola en 1989, multipliant les apparitions en tant qu’homme fort du continent.

Mais avec la chute du Mur de Berlin en octobre 1989, sa position géopolitique se dégrade. Mobutu perd son rôle stratégique et, sous la pression internationale, annonce le retour au multipartisme en 1990. Cependant, cette ouverture reste factice, marquée par la cooptation et la violence.

Marasme économique et pillages de 1991 et 1993

Le début des années 1990 consacre le déclin irréversible du régime de Mobutu. L’économie zaïroise est frappée de plein fouet par deux vagues de pillages d’une ampleur inédite. « Des millions de Kinois ne le savent pas : l’avenue du Commerce était l’une des plus belles de la ville. Elle rivalisait même avec le boulevard du 30 Juin, grâce à ses boutiques bien éclairées et richement achalandées, une véritable invitation au lèche-vitrine dans la capitale. Son attraction principale était le cinéma Palace », se souvient Omer Nsongo, un vieux journaliste congolais. Il n’aura suffi que de quelques jours les 23 et 24 septembre 1991, puis le 28 janvier 1993 pour mettre le pays à genoux. L’ensemble du tissu industriel, commercial et social est alors gravement dévasté. Le Zaïre de Mobutu, déjà fragilisé, ne s’en relèvera jamais vraiment. Le régime entre dès lors dans une lente agonie.

En mai 1997, affaibli par la maladie et lâché par ses anciens alliés, Mobutu est renversé par la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. L’homme qui incarna l’État pendant trois décennies s’exile au Maroc, où il meurt quelques mois plus tard, le 7 septembre.

Un legs controversé, entre nostalgie et ruine

L’héritage de Mobutu est profondément divisé. Il laisse derrière lui une structure d’État centralisée, une diplomatie active, et une forme d’identité nationale postcoloniale. Mais son règne instaure aussi une kleptocratie dont les effets perdurent. Transparency International estime entre 4 et 15 milliards de dollars les sommes détournées durant son mandat. L’exclusion des provinces, l’ethnicisation de l’armée et l’effondrement de l’économie plongent le pays dans une instabilité durable.

À Gbadolite, son village natal devenu une cité luxueuse sous son règne, des voix expriment une certaine nostalgie. « Sous Mobutu, les agriculteurs vivaient de leurs récoltes, le pays avait une voix », se souvient Joseph Loka, fermier à Gemena. Mais d’autres dénoncent l’imposture d’un règne dispendieux. « Mobutu nous a appris à survivre dans le chaos, mais il a pillé nos rêves », conclut Esther Lubala, lucide et amère.

Laurent-Désiré Kabila : la révolution inachevée

Laurent-Désiré Kabila, président de la République Démocratique du Congo (RDC) de 1997 à 2001, incarne une figure révolutionnaire paradoxale, surgissant des coulisses après des décennies dans l’ombre. Né en 1939 à Jadotville (aujourd’hui Likasi), il se distingue dès les années 1960 par son engagement contre le régime de Mobutu, notamment au sein de la rébellion Simba, un groupe de guérilla qui s’opposa au dictateur dans les régions du Katanga. Pourtant, c’est dans les années 1990 qu’il prend réellement l’ascendant en dirigeant l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL), soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, dans le but de renverser Mobutu. L’AFDL capitalise sur l’impopularité croissante de Mobutu, exacerbée par la crise économique et l’arrivée massive de réfugiés hutus après le génocide rwandais de 1994.

Le 17 mai 1997, après une rapide avancée de ses troupes, Kabila entre dans Kinshasa, mettant fin au règne de Mobutu, qui fuit en exil. En proclamant la fin de l’ère Mobutu, Kabila renomme le pays République Démocratique du Congo, marquant symboliquement une rupture avec le passé. Mais cette victoire semble éclipser les doutes sur ses méthodes de conquête. Le soutien militaire des pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, soulève des interrogations sur la légitimité de sa prise de pouvoir. « On voulait un libérateur, mais on a eu un chef de guerre soutenu par des étrangers. Depuis, la guerre n’a jamais pris fin », regrette Paul Tshibangu, commerçant à Lubumbashi. Kabila tente de s’imposer comme un héros national, mais sa méthode violente pour accéder au pouvoir ternit son image.

Une gouvernance autoritaire

Laurent-Désiré Kabila arrive au pouvoir avec la promesse d’un renouveau démocratique. Cependant, ses premières décisions trahissent une dérive autoritaire. Bien qu’il remette le nom initial du pays, le Congo, symbole du retour à la démocratie, ses actions ont vite laissé place à l’autoritarisme. Il suspend la Constitution, dissous les institutions de la transition. Le pays est gouverné par décret. Et tout ceci rappelle Mobutu.

En quelques mois, il suspend les partis politiques et interdit toute activité partisane, tout en nommant lui-même les députés. Cela marque le début d’une gestion autocratique où toute forme de pluralisme est éradiquée. Selon Human Rights Watch, son régime est caractérisé par des arrestations arbitraires, des détentions illégales, des tortures et des disparitions forcées. Une répression qui crée un climat de terreur, rappelant bien des aspects du régime Mobutiste. « Kabila parlait de révolution, mais il gouvernait comme Mobutu », critique Sophie Maketa, activiste des droits humains.

En 1998, après plusieurs années de tensions avec ses anciens alliés rwandais et ougandais, Kabila décide de prendre une mesure radicale : l’expulsion des troupes étrangères. Ce geste, symbolique d’une volonté d’affirmer la souveraineté congolaise, provoque une réaction en chaîne. Le pays plonge alors dans la deuxième guerre du Congo, un conflit d’ampleur continentale impliquant neuf pays africains et de multiples groupes rebelles. Un nouveau front de guerre s’ouvre, et la RDC devient l’épicentre d’une instabilité qui durera plus de dix ans. Laurent-Désiré Kabila, pour contrer ses ennemis, s’allie avec des pays comme le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie, redéfinissant les lignes de la géopolitique africaine.

Nationalisme économique et échecs structurels

Sous son régime, Mzee Kabila adopte un discours nationaliste fort, se présentant comme un défenseur des ressources naturelles du pays. Il promet de reprendre le contrôle des mines, un secteur clé dans un pays riche en cobalt, cuivre et diamants. Cependant, ses politiques se révèlent rapidement contradictoires. En 2000, il accorde un monopole sur l’exploitation des diamants à la société israélienne International Diamond Industries-Congo (IDI-Congo), dirigée par Dan Getler, en échange de fonds nécessaires pour financer la guerre, ce qui soulève de vives critiques. La gestion des ressources naturelles reste dominée par des intérêts étrangers, et Laurent Kabila échoue à instaurer les réformes structurelles nécessaires pour redynamiser l’économie et renforcer l’autonomie du pays.

Assassinat et mémoire fragmentée

Laurent-Désiré Kabila est assassiné le 16 janvier 2001 par l’un de ses gardes du corps. Sa mort laisse un vide politique qui sera comblé par son fils, Joseph Kabila, qui prendra la présidence. L’assassinat du père marque la fin d’un cycle révolutionnaire, mais aussi le début d’une dynastie politique qui marquera le pays pendant des années.

Son héritage reste complexe et contradictoire. La statue imposante de Laurent-Désiré Kabila, érigée en 2002 à Kinshasa, symbolise son image de libérateur, mais cette statue est loin d’effacer les dérives autoritaires de son régime. Sa gouvernance, marquée par la répression, la guerre et l’incapacité à transformer le pays, soulève encore des débats. D’un côté, certains congolais saluent sa victoire sur Mobutu, qu’ils perçoivent comme un mal nécessaire. De l’autre, le souvenir de l’injustice sociale, de la guerre et de la corruption qu’il a laissée dans son sillage trouble sa mémoire. « Kabila a mis fin à Mobutu, mais il n’a pas offert une autre alternative », conclut Félix Kasongo, un jeune activiste de Kinshasa.

Joseph Kabila : stabilisation et ombres persistantes

Arrivé au pouvoir en 2001, à la suite de l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila devient président à seulement 29 ans, héritant d’un pays dévasté par la « guerre mondiale africaine » qui a fracturé le territoire et alimenté des conflits ethniques et politiques. En 2002, il joue un rôle central dans les Accords de Sun City, qui aboutissent à la formation d’un gouvernement de transition. L’objectif est de réunir les factions belligérantes, tout en amorçant une réforme de l’armée congolaise, le brassage des anciens rebelles dans les FARDC, l’armée nationale. Mais cette intégration, loin de pacifier l’armée, accentue les rivalités internes et l’indiscipline, affaiblissant l’institution militaire en difficulté.

Les élections de 2006 marquent un tournant démocratique avec des élections pluralistes, les premières depuis l’indépendance. Kabila remporte le second tour face à Jean-Pierre Bemba, mais la paix reste fragile. La situation dans l’Est du pays, où des groupes armés comme le M23, soutenu par le Rwanda, continuent de déstabiliser la région, demeure critique. Les Accords de Sun City, bien que salués comme un pas vers la paix, n’ont pas réglé les causes profondes du conflit, notamment les tensions ethniques et les rivalités géopolitiques régionales.

Kabila et son héritage de 5 chantiers

Après la fin de la transition (1+4), Joseph Kabila met en place un vaste programme de reconstruction du pays : les 5 chantiers. Ce programme quinquennal visait à améliorer l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à l’eau et l’électricité et aux infrastructures de base. Avec le recul, certains observateurs pensent que le taux d’exécution de cinq chantiers a été faible. Une autre opinion pense plutôt que le bilan est relativement positif vu que l’exécution de ces projets s’est fait sur fond propres du gouvernement. Lors de son second mandat, Joseph Kabila va consolider ce programme par la « révolution de la modernité ».   

A côté de ces programmes de gouvernance, Kabila met en place une machine politique. En 2002, il fonde le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et met en place une série d’alliances politiques, d’abord sous l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP), MP (Majorité présidentielle), puis sous le Front Commun pour le Congo (FCC) en 2018. Ces réseaux de pouvoir l’ont aidé à garder un contrôle politique, mais au prix d’une répression accrue. La liberté d’expression et la presse sont limitées, et les opposants sont systématiquement réprimés. En 2016, les manifestations contre le report des élections prévues pour cette année-là sont violemment réprimées, un tournant qui entame encore un peu plus la légitimité du régime de Kabila.

Les élections de 2011, marquées par des accusations de fraudes massives, et le report des élections de 2016 alimentent les critiques de manipulation électorale. Jean-Marc Kabund, alors leader de l’opposition, dénonce : « Joseph Kabila voulait rester au pouvoir à tout prix, et le peuple en a payé le prix ». Juste avant son départ en 2018, Kabila met en place le FCC, un instrument pour garder son influence même après la fin de son mandat, qui est prolongé à travers son héritage politique, notamment à travers des figures loyales dans les institutions clés.

L’économie du pays, riche en ressources naturelles, aurait pu être un levier pour le développement. En 2018, Kabila promulgue un nouveau code minier qui augmente les taxes sur les exportations pour maximiser les revenus de l’État. Cependant, la gestion de ces ressources est marquée par la corruption. Le clan Kabila, notamment à travers des contrats opaques comme celui signé en 2007 avec la Chine, a été accusé de détournements massifs de fonds. Le fameux « contrat du siècle » a échoué à transformer le pays malgré un investissement chinois de 6 milliards de dollars en infrastructures. Selon l’Inspection Générale des Finances, seulement 18,38 % de ces fonds ont été réellement investis dans des projets concrets. Cela contribue à la persistance de la pauvreté qui touche encore 73 % de la population, exacerbant les frustrations populaires face à une élite enrichie au détriment du développement national.

En 2025, l’image de Kabila est ternie par des accusations graves concernant son possible soutien à la rébellion du M23, active dans l’Est de la RDC. Plusieurs médias internationaux révèlent qu’il a séjourné à Goma, alors sous contrôle des rebelles, en provenance de Kigali. Dans une interview au The Sunday Times, il qualifie le conflit du M23 de « revendication du peuple congolais », une prise de position qui a scandalisé l’opinion congolaise et renforcé les soupçons de son implication dans cette guerre. Le gouvernement de Judith Suminwa réagit en suspendant le PPRD, annonçant la saisine des biens de Kabila et demandant la levée de son immunité de sénateur à vie. Kabila, malgré son absence aux élections de 2023, conserve une forte influence à travers le FCC et son parti le PPRD, et les rivalités politiques continuent d’animer les coulisses de la scène politique congolaise.

Institutions et gouvernance : un héritage d’ambiguïtés

L’histoire politique de la RDC est marquée par des institutions qui, depuis l’indépendance, ont oscillé entre centralisation et fragmentation, autoritarisme et tentatives de démocratisation. Les ambiguïtés qui caractérisent la gouvernance congolaise trouvent leur origine dans la loi fondamentale de 1960, instaurée sous Joseph Kasa-Vubu, et sont exacerbées par les régimes suivants, dont celui de Mobutu, avant d’être réintroduites sous Joseph Kabila. La Constitution de 2006, qui établit un système semi-présidentiel, où le président nomme mais ne révoque pas le Premier ministre, en est un témoignage vivant : elle a engendré des tensions entre la présidence et le Premier ministre, illustrées par la rivalité entre Félix Tshisekedi et Sylvestre Ilunga Ilunkamba, fidèle à Joseph Kabila.

La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), créée sous Joseph Kabila, a été largement critiquée pour sa politisation. Héritière des controverses des élections de 2006, 2011 et 2018, elle est perçue par beaucoup comme un outil au service du pouvoir en place. « La CENI est un instrument du pouvoir, pas de la démocratie », déclare Esther Lubala, observatrice des droits humains. Une institution dont l’indépendance, pourtant essentielle pour la légitimité électorale, reste souvent contestée.

L’ambition de fédéraliser le pays, entamée sous Kasa-Vubu avec l’idée de décentralisation, s’est heurtée aux réalités politiques de l’après-indépendance. Bien que la RDC compte désormais 26 provinces, un héritage de cette tentative fédéraliste, la méfiance entre le pouvoir central et les entités provinciales persiste. Les rivalités entre le gouvernement central et les provinces restent un frein majeur à la mise en œuvre des réformes nécessaires à un État inclusif.

Tensions ethniques et sécuritaires : des blessures non cicatrisées

Les tensions ethniques qui ont traversé l’histoire du pays, de Kasa-Vubu à Mobutu en passant par les Kabila, se sont intensifiées avec la militarisation du pouvoir. Sous Kasa-Vubu, l’ABAKO incarnait une forte composante ethnique, et Mobutu a intensifié cette politisation des identités régionales et ethniques. Le manque de gestion adéquate des conflits a laissé des cicatrices profondes. Dans l’Est, les groupes armés sont aujourd’hui majoritairement formés le long des lignes ethniques, une situation exacerbée par le M23 et les accusations de soutien implicite ou explicite à ces mouvements, notamment à l’égard de Joseph Kabila.

Plusieurs rapports onusiens et d’ONG comme Human Rights Watch documentent l’existence de plus de 100 groupes armés actifs dans l’Est du pays. Les violences intercommunautaires dans des régions comme le Kasaï et le Kwilu témoignent également de cette fracture sociale, alimentée par des politiques publiques déficientes. Sophie Maketa, analyste des conflits, résume ainsi la situation : « L’Est est un puzzle que personne n’a su résoudre, et chaque président y a ajouté une pièce cassée ».

La militarisation du pouvoir, héritée de Kasa-Vubu, renforcée par Mobutu et amplifiée par les Kabila, reste un défi majeur. Les FARDC, mal équipées, rongées par des rivalités internes et la corruption, peinent à sécuriser le territoire. L’impunité des forces de sécurité, bien qu’ouverte à des réformes, persiste, freinant les efforts pour une paix durable.

Diplomatie et économie : entre pragmatisme et dépendance

La diplomatie congolaise a toujours navigué entre plusieurs puissances. Sous Kasa-Vubu, la RDC était pro-occidentale, tandis que Mobutu, au plus fort de la guerre froide, a joué une carte anti-communiste avec succès, soutenu par l’Occident. Sous les Kabila, la diplomatie a été diversifiée, notamment avec la Chine, grâce au fameux « contrat chinois » signé en 2007, échangeant des droits miniers contre des investissements en infrastructures. Cette approche pragmatique a permis une stabilité apparente, mais la gestion des ressources minières est restée problématique. Selon le journal Cobalt and Corruption, sous le règne de Joseph Kabila, les richesses générées par l’exploitation minière profitent davantage aux multinationales qu’à la population congolaise.

Les ressources naturelles du pays, telles que le cobalt et le cuivre, sont des atouts économiques majeurs. Mais cette dépendance aux minerais a freiné l’essor d’une économie diversifiée et inclusive. La gestion de ces ressources reste opaque, et les abus de la famille Kabila dans le secteur minier n’ont fait que renforcer la perception de corruption à grande échelle. Paul Tshibangu, ancien membre de la société civile, résume cette frustration populaire : « Nos minerais font la richesse du monde, mais ici, on vit dans la misère ».

Une mémoire collective fragmentée

La mémoire de la gouvernance des présidents de la RDC demeure divisée. Joseph Kasa-Vubu est perçu comme un président discret, voire effacé, souvent éclipsé par la figure de Patrice Lumumba. Mobutu, quant à lui, reste une figure controversée : certains saluent la stabilité qu’il a imposée au pays, mais beaucoup dénoncent son régime kleptocratique et autoritaire. Laurent-Désiré Kabila est célébré pour sa victoire sur le régime de Mobutu, mais son autoritarisme et ses erreurs dans la gestion de la transition restent des sujets sensibles. Quant à Joseph Kabila, il polarise encore le pays : pour ses partisans, il a su ‘stabiliser’ un pays en guerre ; pour ses détracteurs, il a perpétué un système de corruption et d’instabilité.

Surmonter les héritages pour un Congo unifié

L’héritage des anciens présidents de la RDC, de Joseph Kasa-Vubu à Joseph Kabila, est marqué par une succession de promesses non tenues, de crises non résolues et de contradictions profondes. Kasa-Vubu a posé les bases d’un État souverain, mais fragile. Mobutu a assuré la stabilité à travers un régime autoritaire, au détriment des principes démocratiques. Laurent-Désiré Kabila a incarné l’espoir d’une révolution, mais ses échecs en matière de gouvernance sont notoires. Joseph Kabila, après avoir stabilisé le pays, laisse un bilan mitigé. si la RDC a connu un semblant de paix, ses pratiques autoritaires et les accusations de collusion avec des groupes rebelles restent des ombres pesant sur son héritage.

La RDC continue d’être façonnée par les héritages de ces présidences successives, où les défis de la gouvernance, de la sécurité et de la redistribution des richesses demeurent omniprésents. La véritable question reste celle de l’avenir : comment la RDC parviendra-t-elle à dépasser ces divisions et ces ambiguïtés pour répondre enfin aux aspirations profondes de son peuple ? « Le passé nous enseigne, mais c’est à nous de bâtir un Congo uni et juste », conclut Marie Nzuzi, enseignante à Kinshasa.

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Échéance fiscale d’avril 2025 : Muakadi, ses performances inarrêtables à la tête de la DGI

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L’équipe dirigée par Barnabé Muakadi continue d’affoler les compteurs à la Direction générale des impôts (DGI). Malgré le contexte de la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), cette régie a mobilisé 3 270 milliards de francs congolais, soit 97 % de ses assignations mensuelles fixées à 3 500 milliards de francs. Cette administration fiscale a battu son propre record d’avril 2024, où elle avait collecté 3 182,4 milliards de francs sur des assignations initiales de 2 709,6 milliards. Une performance saluée par le ministre des Finances, Doudou Fwamba.

Chaque année, au mois d’avril, la DGI mobilise ses équipes. L’échéance fiscale de ce mois est cruciale pour le directeur général des impôts, Barnabé Muakadi Muamba. Cette échéance est déterminante pour la suite de l’année budgétaire en matière de recettes pour la DGI. Amputée des recettes d’une bonne partie des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la DGI ne cesse d’opérer des miracles en matière de mobilisation des fonds pour le budget de l’État congolais.

Après la clôture de l’échéance fiscale du 30 avril, une obligation fiscale majeure à laquelle sont soumises toutes les catégories de contribuables gérées par la DGI, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a salué la performance de cette administration fiscale. Pour marquer sa satisfaction, l’argentier national s’est déplacé personnellement, le 1er mai, vers la DGI qui clôturait l’échéance fiscale de l’Impôt sur les bénéfices et profits (IBP) à Kinshasa, capitale de la RDC. Doudou Fwamba a tiré son chapeau aux agents et cadres de la DGI, les encourageant à maintenir le cap tout en respectant les lois fiscales du pays. Cette régie a déjà mobilisé plus de 2 milliards 700 millions de francs congolais sur les 3 milliards attendus pour le mois d’avril dernier. Ce montant collecté représente 97 % des assignations fixées pour la DGI.

Le ministre des Finances a aussi rappelé le contexte de la guerre imposée à la RDC, mais qui n’a pas empêché les régies financières de faire leur travail. « En dépit de l’agression subie par notre pays, les administrations financières n’ont pas abdiqué. Elles ont travaillé d’arrache-pied depuis le début de l’année pour mobiliser les recettes et doter notre gouvernement des moyens nécessaires à son action », a-t-il indiqué.

La DGI bat son record de 2024

Visiblement inarrêtable, le comité Muakadi poursuit ses performances à la tête de la DGI. En avril 2024, cette régie fiscale avait collecté 3 182,4 milliards de francs sur des assignations initiales de 2 709,6 milliards de francs, soit un dépassement de plus de 472 milliards de francs. Mais avril 2024 n’est pas le seul mois où la collecte des recettes a été performante.

Devant un parterre d’investisseurs américains, le 22 avril dernier à l’université de Washington, dans la ville de Seattle, aux États-Unis, le directeur général des impôts, Barnabé Muakadi, a rappelé l’évolution des performances de sa régie fiscale. Depuis l’arrivée au pouvoir du président de la République, Félix Tshisekedi, la DGI a réalisé des performances inégalées.

En six ans de gestion du pays par Félix Tshisekedi, les recettes ont été multipliées par cinq, voire par six. Jamais une telle performance n’avait été réalisée sous les présidents Kasa-Vubu, Mobutu et les deux Kabila (père et fils), a rappelé M. Muakadi. « Regardez bien la courbe en bleu, ce sont les prévisions budgétaires, et celles en orange, les réalisations de la DGI. De 2002 à 2018, voire jusqu’en 2019, les deux courbes se confondaient. Il n’y a pas eu pendant cette période de mobilisation accrue. Cependant, dès l’année 2020, il y a une montée spectaculaire des recettes de l’État. En 2020, par exemple, la DGI a réalisé à elle seule des recettes de l’ordre de 1 milliard 800 millions de dollars. En 2021, 3 milliards 200 millions de dollars. En 2023, 5 030 000 000 USD et en 2024, 6 000 000 000 USD », a vanté Barnabé Muakadi.

D’après lui, ces performances sont à mettre dans l’actif du chef de l’État, Félix Tshisekedi, pour sa bonne gouvernance. Il a aussi salué « le sens aigu » du management de l’équipe qu’il dirige depuis juin 2020.

Muakadi, une expérience qui paie

Chef de bureau jusqu’au moment de sa nomination au poste de directeur général de cette régie, Barnabé Muakadi est un fils de la maison qui connaissait déjà les rouages de cet établissement public. Il a une longue et riche expérience au sein de cette régie. Réputé discret, compétent, loyal et doté d’une probité morale sans reproche, ce travailleur acharné a motivé les agents et cadres de la DGI pour arriver à ces résultats. « De 2020 à 2024, les recettes de l’État ont presque triplé », a-t-il reconnu récemment depuis le pays de l’oncle Sam, avant de rendre hommage au président de la République pour sa vision de bonne gouvernance.

Cette année, après les premiers chiffres de l’échéance fiscale d’avril, le ministre des Finances pense aussi que la DGI est sur la bonne voie. « La tendance est positive : nous avons déjà mobilisé plus de 2 milliards 700 millions de FC, sur les 3 milliards attendus », a-t-il déclaré, exhortant ses collaborateurs à poursuivre leurs efforts pour consolider un environnement fiscal stable et équitable.

Pour l’échéance fiscale du 30 avril 2025, la DGI a innové avec l’obligation de certification des états financiers qui doit être déposée en annexe de la déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits le 30 avril dernier. Une innovation particulière pour les contribuables relevant du droit commun en RDC.

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