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Deal RDC–USA : l’IGF, levier clé de la transparence exigée par Washington ?

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Un vent d’espoir souffle sur la République Démocratique du Congo (RDC) avec l’émergence d’un partenariat stratégique avec les États-Unis. Cet accord ambitieux, axé sur l’exploitation de minerais stratégiques comme le cobalt, le lithium et le cuivre, pourrait offrir aux entreprises américaines un accès privilégié en échange d’un soutien sécuritaire pour pacifier l’Est du pays, une région riche en ressources mais marquée par l’instabilité. Qualifié de « deal historique » par un diplomate américain lors d’une conférence à New York en avril 2025, cet accord pourrait redéfinir les relations géopolitiques en Afrique centrale et transformer l’économie congolaise. Cependant, la transparence dans la gestion des ressources et des finances publiques est une condition sine qua non pour les États-Unis. C’est dans ce contexte que l’Inspection Générale des Finances (IGF), dirigée par le chevronné Jules Alingete, devient un acteur clé. Depuis 2020, Alingete a transformé l’IGF en un rempart contre la corruption. Heshima Magazine explore comment l’IGF pourrait permettre à la RDC de se positionner comme un partenaire fiable et transparent sur la scène internationale.

La RDC est un géant minier, détenant environ 70 % des réserves mondiales de cobalt, d’immenses gisements de lithium et plus de 75 millions de tonnes de cuivre. Ces minerais, essentiels aux batteries des véhicules électriques, aux technologies renouvelables et aux infrastructures électriques, sont au cœur de la transition énergétique mondiale. Pourtant, l’Est du pays, où ces ressources abondent, est en proie à une insécurité chronique. Des groupes armés, comme le M23 appuyé par le Rwanda, exploitent illégalement ces minerais, privant l’État de revenus cruciaux tout en massacrant la population congolaise. Face à ce défi, le président Félix Tshisekedi a proposé un accord audacieux aux États-Unis : un accès privilégié à ces richesses en échange d’un appui militaire pour stabiliser la région et d’investissements massifs pour moderniser l’économie.

Ce partenariat ne se limite pas à une transaction économique. Il s’inscrit dans une compétition géopolitique mondiale, où les États-Unis cherchent à contrer l’influence chinoise, qui domine actuellement le secteur minier congolais. Mais pour que cet accord voie le jour, Washington exige une gouvernance irréprochable, appuyée par des institutions robustes comme l’IGF, dont la mission est d’assurer une gestion transparente des fonds et des ressources publics. « Ce deal est une chance pour la RDC, mais il repose sur la confiance », commente Alain Mulunda, analyste économique à l’Université de Lubumbashi.

Minerais, insécurité et rivalités internationales

La demande mondiale pour le cobalt, le lithium et le cuivre explose. Selon l’US Geological Survey, cette demande devrait quadrupler d’ici 2030, propulsant la RDC au centre de l’attention. Les gisements de cobalt du Lualaba et du Haut-Katanga, les réserves de lithium du Tanganyika et du Maniema, et les immenses dépôts de cuivre du Haut-Katanga font du pays un acteur incontournable. Jusqu’à récemment, la Chine exerçait une emprise quasi exclusive sur ces ressources, contrôlant 70 à 80 % de la production congolaise grâce à des entreprises comme China Molybdenum et Zijin Mining, selon une analyse de la Banque mondiale.

L’Est de la RDC, riche en minerais, est un paradoxe. Alors que ses ressources attirent les investisseurs, l’insécurité freine leur exploitation. Le M23, accusé par une résolution de l’ONU en février 2025 de recevoir le total soutien rwandais, exploite illégalement ces minerais, privant l’État de plus de 2 milliards de dollars par an, selon l’ONG Global Witness. « Sans sécurité, il n’y a pas d’investissement possible », a martelé Tshisekedi lors d’un sommet à Nairobi en janvier 2025.

Longtemps dépendante des partenariats chinois, la RDC cherche à diversifier ses alliances. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2024, Tshisekedi a plaidé pour des partenariats « gagnant-gagnant » qui favorisent la transformation locale des minerais. Le deal avec les États-Unis s’inscrit dans cette stratégie, offrant une alternative pour attirer des investissements occidentaux tout en répondant aux défis sécuritaires.

Les contours du deal : minerais contre sécurité et investissements

Au cœur de l’accord, la RDC propose un accès privilégié à ses minerais stratégiques : le cobalt, extrait principalement dans le Lualaba et le Haut-Katanga, le lithium, dont les gisements du Tanganyika et du Maniema attirent l’attention des industriels, et le cuivre, dont les réserves massives positionnent le pays comme un leader africain. Des géants américains comme Tesla, Ford et Apple, selon un rapport de Bloomberg en avril 2025, négocient des contrats d’approvisionnement à long terme pour sécuriser leurs chaînes de production.

En contrepartie, les États-Unis s’engagent à soutenir la sécurité dans l’Est congolais. Cet appui comprend la formation et le renforcement des Forces armées de la RDC (FARDC) par des instructeurs américains, le déploiement d’un contingent limité de conseillers militaires pour coordonner les opérations contre les groupes armés, et la fourniture de technologies avancées, comme des drones et des systèmes de renseignement à la pointe de la technologie. « Notre objectif est de stabiliser l’Est pour sécuriser les investissements », a déclaré un officiel du Pentagone, cité par CNN en mars 2025.

L’accord inclut également un plan d’investissement ambitieux de 500 milliards de dollars sur 15 ans, financé par des entreprises privées et des institutions américaines comme la Development Finance Corporation (DFC). Ces fonds viseront à moderniser les infrastructures, avec la construction de routes, de ponts et de réseaux électriques pour faciliter l’exploitation minière. Des usines de raffinage seront établies pour transformer localement le cobalt et le cuivre, réduisant la dépendance aux exportations brutes. Enfin, des projets sociaux, comme la construction d’écoles et d’hôpitaux dans les zones minières, sont prévus pour améliorer les conditions de vie. « Ce projet pourrait transformer la RDC », a tweeté l’économiste de renommé international Jeffrey Sachs en avril 2025.

Où en sont les négociations ?

Les discussions entre Kinshasa et Washington avancent à grands pas confie à Heshima Magazine une source au sein du gouvernement. Côté congolais, Félix Tshisekedi pilote les négociations, épaulé par son conseiller économique Andre Wameso, le ministre des Mines, … Côté américain, le secrétaire d’État Marco Rubio, des officiels du Pentagone et des représentants de Tesla et General Motors jouent un rôle clé. En mars 2025, Wameso s’est rendu à Washington pour rencontrer des sénateurs, selon un article de Politico, afin de finaliser les termes de l’accord.

Le département d’État américain a confirmé, dans un communiqué du 29 avril 2025, que cet accord « renforcera la sécurité et la prospérité en Afrique centrale ». « Ce deal est une opportunité inespérée pour notre pays, enfin la RDC connaitra la paix et la prospérité », se réjouis Sophie Salama, experte en gouvernance à Kinshasa.

La transparence, condition sine qua non des États-Unis

Pour les États-Unis, tout investissement en RDC est subordonné à une gouvernance rigoureuse, assurée par des hommes et des femmes intègres du pays hôte, conformément aux exigences du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA). Adoptée en 1977, cette loi interdit aux entreprises américaines de verser des pots-de-vin à des agents publics étrangers et impose une comptabilité rigoureuse et transparente. Les violations sont sévèrement sanctionnées, comme en témoigne le cas de l’entreprise Telia, condamnée en 2017 à une amende de 965 millions de dollars pour des faits de corruption en Ouzbékistan.

Les entreprises américaines impliquées dans le deal risquent gros en cas de corruption. Une infraction pourrait entraîner des amendes colossales, des peines de prison pour les dirigeants et l’exclusion des marchés publics américains. Pour répondre à ces exigences, Washington imposera des audits conjoints avec les autorités congolaises, des rapports trimestriels sur les revenus miniers et une surveillance étroite des flux financiers. La Securities and Exchange Commission (SEC) et le DOJ (Department of Justice) collaboreront avec des institutions locales en RDC pour détecter toute irrégularité, rendant la transparence non négociable.

L’IGF, pivot de la confiance américaine

L’IGF s’est imposée comme un acteur central dans la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence. Créée par l’ordonnance n° 87-323 du 15 septembre 1987 et rattachée directement à la présidence, elle a pour mission de contrôler la gestion des finances publiques. Ses audits, enquêtes sur les détournements et patrouilles financières en font un rempart contre la corruption. « Nous sommes les gardiens de l’argent public », affirme Jules Alingete, Inspecteur Général Chef de Service, dans un entretien à Jeune Afrique en janvier 2025.

Sous la direction d’Alingete, l’IGF a intensifié ses efforts. En avril 2025, un audit des projets routiers à Kinshasa a révélé des surfacturations de 30 %, entraînant la suspension des responsables impliqués. En mars 2025, trois directeurs d’entreprises publiques ont été écartés pour détournement de fonds, une décision saluée par Transparency International. La relance de la « patrouille financière » en 2025 permet désormais un contrôle en temps réel des dépenses publiques, renforçant la crédibilité de l’institution. « L’IGF est devenue un acteur incontournable pour rassurer les partenaires internationaux », commente Pierre Kibati, militant écologiste congolais.

L’IGF a également joué un rôle déterminant dans la renégociation du contrat minier sino-congolais signé en 2008 sous le régime de Joseph Kabila. Ce contrat, qui prévoyait un échange de minerais contre des infrastructures, s’est avéré déséquilibré au détriment de la RDC. Selon un rapport de l’IGF, les entreprises chinoises ont généré environ 76 milliards de dollars de gains, tandis que la RDC n’a bénéficié que de 3 milliards de dollars en infrastructures. Cette situation a conduit l’IGF à recommander une revisitation ou une résiliation du contrat.

Les efforts de l’IGF ont abouti à la signature d’un nouvel avenant en mars 2024, rééquilibrant les profits entre les deux parties. Le montant alloué aux infrastructures est passé de 3 à 7 milliards de dollars sur les dix-sept prochaines années, avec des décaissements annuels obligatoires de 324 millions de dollars. De plus, la part de la RDC dans la coentreprise Sicomines a été augmentée, renforçant ainsi son contrôle sur la gestion des ressources minières.

Dans le cadre du partenariat stratégique entre la RDC et les États-Unis sur les minerais critiques, l’IGF est appelée à jouer un rôle central. Elle auditera les contrats miniers, surveillera l’utilisation des fonds américains et collaborera avec la SEC pour garantir une transparence totale. Cette collaboration s’étendra forcément à d’autres institutions congolaises, telles que la Cour des comptes, la Cellule Nationale de Renseignements Financiers (CENAREF) pour lutter contre le blanchiment. « Sans l’IGF, ce partenariat n’aurait sûrement aucune crédibilité aux yeux de Washington », souligne Sophie Mutombo, étudiante en économie à Kinshasa.

Ainsi, l’IGF, sous la direction de Jules Alingete, s’affirme comme le pivot de la confiance américaine dans la gestion des ressources stratégiques de la RDC.

Félix Tshisekedi, architecte d’une nouvelle RDC

Félix Tshisekedi est le moteur de ce partenariat. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, il a fait de la lutte contre la corruption une priorité. En 2023, il a promulgué une loi anti-corruption renforçant les sanctions contre les détournements de fonds. L’année suivante, le budget de l’IGF a été augmenté de 50 %, lui donnant les moyens d’agir. « La corruption est un cancer que nous devons éradiquer », avait-t-il déclaré.

Sur le plan diplomatique, Félix Tshisekedi a déployé une série d’initiatives pour repositionner la République Démocratique du Congo (RDC) sur la scène internationale. Ses visites stratégiques aux États-Unis en 2023 et 2024, ainsi que son discours marquant devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2024, ont constitué des étapes clés dans cette démarche. Lors de ces occasions, il a mis en avant la nécessité de transformer localement les minerais afin de valoriser davantage les ressources naturelles du pays et d’attirer les investisseurs étrangers, notamment américains.

L’une des déclarations marquantes de cette période provient de Jules Alingete, l’Inspecteur général des Finances, qui a souligné les efforts constants du président pour améliorer la gouvernance publique en RDC. Lors de la Journée internationale de lutte contre la corruption en décembre 2024, il a affirmé : « Depuis son accession à la magistrature suprême de notre pays, Son Excellence Monsieur le président de la République et chef de l’État de la RDC, Félix Tshisekedi, ne cesse de s’employer pour améliorer la gouvernance publique dans notre pays. » Cette déclaration met en lumière l’engagement du président Tshisekedi à renforcer la transparence et à promouvoir une gestion plus rigoureuse des ressources publiques, des objectifs essentiels pour renforcer la crédibilité du pays à l’international.

Opportunités et défis

Le deal RDC-USA offre des perspectives prometteuses. La pacification de l’Est pourrait mettre fin à des décennies de conflits, tandis que les 500 milliards de dollars d’investissements prévus sur 15 ans permettraient de moderniser l’économie congolaise. La transformation locale des minerais, avec la construction d’usines de raffinage, pourrait créer des milliers d’emplois et réduire la dépendance aux exportations brutes.

L’IGF, clé d’un partenariat historique

Le partenariat entre la RDC et les États-Unis est une opportunité historique, mais son succès repose sur un pilier fondamental : la transparence. L’Inspection Générale des Finances, par son action rigoureuse et sa collaboration avec d’autres institutions, est le levier qui permettra à la RDC de gagner la confiance de Washington. Sous l’impulsion de Félix Tshisekedi, ce deal pourrait transformer le pays en un modèle de coopération internationale, à condition que les engagements de gouvernance soient tenus. Comme le résume Pierre Kibati, « l’avenir de la RDC se joue maintenant, et l’IGF est au cœur de cette bataille ».

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Les enfants de la guerre en RDC : grandir sous les bâches, survivre sous les bombes

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Dans les plaines boueuses du Nord-Kivu, entre les collines de l’Ituri et les abords de Goma, une génération d’enfants grandit sans jamais avoir connu la paix. Là-bas, les camps de déplacés ne sont pas des lieux de passage, mais de vie. Selon le Centre de surveillance des déplacements internes, la République démocratique du Congo (RDC) comptait déjà plus de 6 millions de personnes déplacées en 2023, un chiffre qui aurait franchi la barre des 7 millions en 2024. À Lushagala, près de Goma, plus de 71 000 personnes survivaient dans des abris de fortune, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Ces déplacés ont été ensuite forcés de retourner dans leurs habitations depuis février 2025 après la conquête de la ville de Goma par les rebelles du M23. À Kanyaruchinya, le chiffre frôlait déjà 60 000 il y a plus de dix ans. Au cœur de ces camps, des milliers d’enfants naissent, jouent, espèrent et parfois meurent sans avoir jamais connu autre chose que la guerre.

Un quotidien de privations et de dangers

Dans ces labyrinthes de bâches et de tentes effilochées, la vie s’organise autour de la survie. L’accès à l’eau potable relève de l’épreuve, les points d’eau étant souvent éloignés, surpeuplés et parfois contaminés. Les installations sanitaires, rares et vétustes, sont partagées par des centaines de personnes, favorisant la propagation de maladies. « Les enfants jouent dans la boue entre les tentes, leurs rires contrastant avec la dureté de leur environnement », constate un travailleur humanitaire à Goma.

Selon un rapport de l’UNICEF paru en juillet 2023, les camps autour de la ville souffrent d’un manque chronique d’eau et d’assainissement, exposant les enfants à des risques sanitaires graves. Les distributions de nourriture, vitales, sont irrégulières et insuffisantes. Dans ces conditions, la faim façonne le quotidien, et la moindre fièvre inquiète les mères.

La santé des enfants : une lutte de chaque instant

La malnutrition aiguë frappe plus de 1,5 million d’enfants en RDC, selon l’UNICEF. Dans les camps, les cas de kwashiorkor, cette maladie de la faim, ont pu reculer grâce à l’arrivée de l’aide humanitaire. « Avant l’aide, nos enfants souffraient de kwashiorkor. Ce n’est plus le cas, mais la sous-alimentation reste notre lot quotidien », confie un père déplacé à Irumu, en Ituri.

Les épidémies, elles, ne connaissent pas de répit. En 2023, plus de 28 000 cas suspects de choléra ont été signalés, dont 80 % dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. La surpopulation et l’insalubrité créent un terreau idéal pour la maladie. Les campagnes de vaccination, comme celle de janvier 2023 à Goma, ont permis d’atteindre 365 000 personnes, mais restent insuffisantes face à l’ampleur de la crise.

L’école, un rêve lointain

Pour la majorité des enfants déplacés, l’école est un mirage. Plus de 1 000 écoles ont été détruites en RDC en 2023, selon l’OCHA. Dans les camps, les rares classes improvisées manquent de tout : cahiers, bancs, enseignants. Les enfants passent leurs journées à aider leurs parents ou à errer sans occupation. « Je rêve d’apprendre à lire pour aider ma famille », confie Amina, 12 ans.

Quelques ONG, comme Save the Children, tentent de recréer des espaces adaptés aux enfants, offrant un peu d’apprentissage informel et de soutien psychologique. Mais ces initiatives restent des îlots fragiles dans un océan de besoins. Sans éducation, ces enfants risquent de rester prisonniers d’un cycle de pauvreté et d’exclusion.

Grandir sous la menace : insécurité et violences

Les camps de déplacés ne sont pas des refuges sûrs. Les enfants, surtout les filles, y sont exposés à toutes les formes de violence, y compris sexuelles. Selon l’UNICEF, les cas de violences basées sur le genre ont augmenté de 37 % dans le Nord-Kivu au premier trimestre 2023. « Les agressions se produisent parfois en plein jour, jusque dans les allées du camp », s’alarme Pramila Patten, représentante spéciale de l’ONU.

Les attaques de groupes armés, comme celle de la milice CODECO en 2023 qui a fait 45 morts dans le camp de Lala en Ituri, rappellent la vulnérabilité extrême des déplacés. Les patrouilles de la MONUSCO ne suffisent pas à garantir la sécurité, et la peur reste omniprésente.

Les cicatrices invisibles : le poids du traumatisme

Pour le psychologue humanitaire Giscard Kabeti,grandir dans un camp laisse des traces profondes. Les enfants y sont confrontés à la violence, à la perte de proches, à l’insécurité constante. Selon lui,le manque d’éducation et de routine aggrave leur détresse psychologique. Il faut des programmes de soutien psychosocial et des opportunités d’apprentissage pour leur redonner espoir. Mais les ressources sont limitées, et il est urgent d’investir davantage dans leur avenir. Sans prise en charge, ces traumatismes risquent de se transmettre de génération en génération, perpétuant le cycle de la pauvreté et du déplacement.

Un appel à la mobilisation

Les enfants des camps de déplacés en RDC incarnent une résilience bouleversante, mais ils méritent bien plus qu’une simple survie. Selon l’OCHA, près de 25 millions de personnes en RDC ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire. La communauté internationale doit intensifier son soutien, non seulement en apportant une aide d’urgence, mais aussi en investissant dans l’éducation, la santé mentale et la protection des plus vulnérables.

Les organisations comme l’UNICEF, CARE et Save the Children accomplissent un travail remarquable, mais l’ampleur de la crise dépasse leurs capacités. Ces enfants, qui rêvent d’un avenir meilleur, rappellent l’urgence d’agir pour qu’un jour, l’enfance rime enfin avec innocence, et non avec exil.

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RDC : ce géant du tourisme en Afrique centrale qui s’endort

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La République démocratique du Congo (RDC) possède un extraordinaire potentiel touristique, avec une faune et flore riches, des parcs nationaux, des sites naturels (chutes, lacs, montagnes) et des sites culturels. Mais cette manne naturelle est faiblement accessible aux touristes internationaux. L’insécurité dans une bonne partie du pays et des problèmes de gouvernance freinent l’éclosion d’un secteur qui pourrait rapporter plus de 10 % de la valeur du PIB congolais.

Grâce à sa position stratégique à l’équateur au cœur de l’Afrique, la RDC est située au carrefour des destinations finales ou initiales des circuits touristiques d’Afrique Australe, Centrale et de l’Est. Le pays présente une gamme variée d’attraits touristiques à travers ses 26 provinces. Les chutes de Zongo au Kongo central, des attractions touristiques comme le Jardin botanique d’Eala et le Parc de la Vallée de la N’sele à Kinshasa, le lac Kivu, le fleuve Congo, et les montagnes telles que le Ruwenzori offrent des paysages spectaculaires pour les touristes. Chaque province présente des particularités variées. Le pays de Lumumba possède 7 parcs nationaux et 57 réserves et domaines de chasse dont 5 figurent sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du Parc national des Virunga, le Parc national de la Garamba, Kahuzi Biega, la Salonga et la Réserve de faune à okapis. En dehors des parcs, la RDC possède des montagnes et chutes qui offrent la possibilité d’exploiter tout type de tourisme (balnéaire, culturel, de loisirs, d’affaires). Sur le plan de la flore, il y a une variété d’écosystème couvrant près de 145 millions d’hectares, soit le second massif de forêts tropicales du monde après l’Amazonie et une des réserves de biodiversité de la planète. La RDC possède 4 espèces endémiques : Gorille de montagne, Okapi, Bonobo (chimpanzé nain), Paon congolais. À côté, il y a d’innombrables espèces d’oiseaux et de poissons. Face à un tel potentiel, le pays ne devrait pas être à la traine en matière de tourisme.

L’insécurité, l’ennemi numéro 1 du tourisme

Depuis près de 30 ans, la partie orientale du pays demeure en insécurité. Pourtant, les Kivus et l’Ituri regorgent d’atouts pour le développement du tourisme avec des paysages magnifiques, une faune diversifiée et une culture unique. Cependant, cette région reste marquée par l’instabilité sécuritaire, ce qui a affecté le développement du tourisme. Malgré ces défis, des initiatives sont en cours pour relancer le secteur et mettre en valeur les atouts touristiques de la région, notamment le Parc National des Virunga et le Lac Kivu. La chaîne de volcans entre la RDC et le Rwanda, avec des sommets comme le Nyiragongo, constitue une attraction touristique particulière. Mais la zone est quasiment infréquentable par des touristes suite à l’insécurité. Le parc national des Virunga est souvent le théâtre des affrontements entre des groupe armés et forces loyalistes. Des gardiens du parc sont souvent tués lors d’attaques de groupes rebelles. Le 22 février 2021, l’ambassadeur d’Italie en RDC, Luca Attanasio, a été tué dans cette région alors qu’il allait visiter un projet scolaire dans un village près de Rutshuru, dans le Nord-Kivu. Cette zone était quasiment dans le périmètre du Parc national des Virunga. Un événement tragique qui a davantage refroidi des potentiels touristes. Par exemple, Israël a vu son tourisme chuter de 64 % depuis octobre 2024 en raison de tensions régionales.

Pas de marketing avant les infrastructures

Selon les chiffres publiés par l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI), la RDC a révisé en 2013 son plan directeur projeté sur 15 ans avec comme objectifs d’atteindre à terme 1.146.962 touristes internationaux et des recettes de 17,3 millions de dollars. Un montant estimé à 10 % de la valeur du PIB congolais en 2012. Mais pour que ce plan de 15 ans puisse fonctionner, l’ANAPI avait précisé qu’il fallait mettre en place une politique de promotion et de préservation des espèces animales phares ; réhabiliter des parcs nationaux, créer des niches écologiques, réhabiliter des voies d’accès aux différents sites et promouvoir le Tourisme vert pour renforcer la conservation de l’environnement. Il fallait aussi développer l’offre en transports touristiques (aérien, routier, fluvial et lacustre) ; créer des sites d’hébergement (hôtels et infrastructures d’accueil et d’animation touristiques). Avec la décentralisation, il est aussi nécessaire de mettre en place des services des agences et bureaux de tourisme dans les différentes entités décentralisées. Plus de 12 ans après avoir élaboré ce plan, rien de concret n’a été fait pour développer ce secteur.

Actuellement, le ministre du Tourisme, Didier M’Pambia, s’est empressé de signer un contrat de marketing de plus de 4 millions de dollars avec le club prestigieux AC Milan pour promouvoir le tourisme en RDC. Pourtant, les préalables énumérés notamment par l’ANAPI n’ont pas toujours été remplis. Il sera difficile dans un tel contexte de capter les touristes du monde. Les fonds investis dans le marketing risquent de ne pas produire de résultats tant que le secteur n’est pas restructuré. Le contrat signé également par le ministre des Sports, Didier Budimbu avec l’As Monaco (4,8 millions d’euros pour 3 saisons), qui comporte un volet de visibilité du pays, n’échappe pas à la logique de ces préalables. « Il faut d’abord développer tout un écosystème touristique au pays avant d’envisager un marketing à l’international », estime Eddy Mbala, guide touristique dans un site de Mbanza-Ngungu, au Kongo Central.

Cet écosystème implique une harmonie entre les différents services du pays. Des infrastructures d’accueil comme les aéroports et la qualité du personnel d’accueil devraient être prises en compte dans cet alliage. Il y a aussi des agences de voyages, des hôtels non classés et classés ; le développement des 4.500 km de voies navigables du pays ainsi que des services d’appui au déploiement des activités touristiques. C’est l’existence de cet ensemble des infrastructures qui permettra au pays de lancer son marketing à l’international tout en s’assurant de la qualité de la délivrance des visas pour les touristes.

Saisir chaque opportunité pour mieux vendre le pays

Pour mieux capitaliser ce secteur, le pays doit mettre en valeur chacun de ses atouts naturels. Cela n’est possible que grâce à une gouvernance efficace de ce domaine. Si les efforts en cours pour trouver un accord de paix entre la RDC et le Rwanda arrivent à aboutir, il faudrait en ce moment activer un autre levier politique interne : la gouvernance de qualité dans ce secteur. Cela permettra de créer l’attractivité autour du tourisme. Il faudrait aussi saisir chaque occasion pour mieux vendre le pays. Le Festival mondial de la musique et du tourisme, prévu du 16 au 18 juillet 2025 à Kinshasa, devrait être une opportunité de mettre à profit le potentiel touristique de la RDC. Beaucoup d’experts du secteur s’accordent à dire que si le pays parvient à surmonter ses défis sécuritaires et à développer ses infrastructures touristiques, il pourrait devenir une destination majeure en Afrique centrale. Le programme de réhabilitation des aéroports du pays est un signe dans la bonne direction.

Heshima

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RDC : l’agriculture, seule arme pour vaincre l’insécurité alimentaire

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La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise alimentaire importante. Des millions de citoyens peinent à se nourrir convenablement, alors même que le pays regorge de terres fertiles et de ressources naturelles à faire rêver tout investisseur agricole. Cette contradiction, criante, laisse entrevoir un paradoxe : comment un pays aussi riche en potentialités agricoles peut-il laisser une grande partie de sa population souffrir de la faim ? Plus qu’une interrogation, c’est un appel à repenser l’agriculture comme levier central de transformation sociale et économique.

En 2025, la situation reste préoccupante. D’après les chiffres publiés en janvier par l’Integrated Food Security Phase Classification, près de 27,7 millions de Congolais, soit environ un quart de la population évaluée, vivent en insécurité alimentaire aiguë. Parmi eux, 3,9 millions sont classés en situation d’urgence. Ces chiffres, derrière leur froideur statistique, traduisent une réalité implacable : des familles entières luttent pour survivre dans un pays qui pourrait, selon la Banque africaine de développement, nourrir jusqu’à deux milliards d’individus grâce à ses quelque 80 millions d’hectares de terres arables, dont à peine 10 % sont exploités.

La RDC, pourtant, ne manque pas de productions agricoles phares. Le manioc, avec 29,9 millions de tonnes récoltées en 2018, et les bananes plantains, avec 4,7 millions de tonnes, placent le pays parmi les tout premiers producteurs mondiaux, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Mais ces chiffres ne suffisent pas à masquer les carences du système. « Nous avons les terres, l’eau, le climat. Il ne manque que la volonté de transformer ce potentiel en réalité durable », estime Jacques Malila, spécialiste du développement agricole.

Des freins structurels persistants

Le premier défi tient aux infrastructures. Trop de routes, impraticables pendant la saison des pluies, coupent les producteurs des circuits de distribution. Marie Nzola, agricultrice dans le Sud-Ubangi, confiait à un média local en mars 2024 : « Nous travaillons dur, nous récoltons, mais l’absence de routes fait pourrir nos produits. » Ce constat, malheureusement répandu, est appuyé par un rapport du Programme alimentaire mondial datant de 2022, qui identifie l’effondrement des infrastructures comme l’un des déclencheurs majeurs de la crise alimentaire actuelle. Le manque d’électricité, d’installations de conservation ou encore de systèmes d’irrigation freine lourdement la productivité, en particulier dans les zones reculées.

Autre obstacle : l’accès au financement. Une large majorité des exploitants, plus de 60 % de la main-d’œuvre agricole, évolue dans un contexte informel, sans filet de sécurité ni accès au crédit. Les possibilités d’investir dans de meilleures semences, des outils ou de l’engrais sont donc minces. En 2022, la Banque mondiale évoquait, dans l’un de ses blogs, un programme agricole doté de 500 millions de dollars censé bénéficier à 1,7 million de producteurs du pays. Mais sur le terrain, les retombées restent inégales. « Sans prêts adaptés à notre réalité, nous restons enfermés dans un cycle de faibles rendements », soupire Daniel Mbuyi, cultivateur de maïs dans le Kasaï.

Enfin, les politiques agricoles peinent à s’ancrer dans une vision cohérente. Un rapport des Nations unies paru en mars 2025 relève que les conflits persistants dans l’Est perturbent les cycles agricoles et déplacent des familles entières, rendant toute stratégie difficile à stabiliser. Une gouvernance éclatée, des priorités souvent brouillonnes et une absence de suivi concret paralysent les réformes structurelles pourtant urgentes.

Des initiatives porteuses d’espoir

Malgré ce tableau sombre, des projets ambitieux voient le jour. Le Programme de transformation agricole, lancé en 2023, prévoit de mobiliser 6,6 milliards de dollars sur dix ans. Il vise à moderniser l’agriculture congolaise tout en recentrant les efforts sur les petits producteurs, pierre angulaire de l’économie rurale. « L’objectif, c’est de faire de l’agriculture un moteur de croissance inclusive », a souligné un intervenant lors du Forum sur l’agribusiness organisé la même année par la Banque africaine de développement.

L’agroécologie, portée par plusieurs ONG, s’impose peu à peu comme un modèle viable et durable. L’ONG internationale SAILD, par exemple, a mené en 2024 une série d’ateliers promouvant des méthodes plus respectueuses de l’environnement, comme la rotation des cultures ou l’usage du compost naturel. Une étude publiée en 2023 dans la plateforme de publications scientifiques ScienceDirect démontre que dans la province du Maniema, ces pratiques ont non seulement amélioré la fertilité des sols, mais aussi accru les rendements agricoles. « Avec l’agroécologie, nous respectons la terre tout en assurant notre subsistance », témoigne Esther Baraka, cultivatrice dans le Kivu.

L’essor de l’agro-industrie constitue une autre piste prometteuse. Selon l’agence du département du Commerce des États-Unis Trade.gov, des partenariats public-privé sont en cours d’examen pour implanter des parcs agro-industriels capables de transformer sur place le manioc, le maïs ou les fruits, générant ainsi des emplois et réduisant la dépendance aux importations. Cette dynamique vise à créer de véritables pôles économiques régionaux, tout en valorisant les produits locaux.

L’innovation numérique n’est pas en reste. La plateforme NYUKI TECH, développée par l’entreprise spécialisée dans la production et la vente des produits apicoles et agricoles  GRECOM-RDC, connecte les agriculteurs aux marchés, limite les pertes post-récolte et facilite la transparence des prix. Présentée dans un article de l’Index Insurance Forum publié en 2024, cette solution illustre le potentiel des technologies pour combler les failles logistiques.

Dans cette même logique, le Programme de promotion de l’entrepreneuriat agricole et de la sécurité alimentaire, financé par le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire à hauteur de 1,65 million de dollars, cible cinq bassins de production pour renforcer les filières du manioc et du maïs. Il met l’accent sur la résilience locale et le renforcement des chaînes de valeur agricoles.

Un cap à maintenir

L’avenir alimentaire de la RDC ne dépend pas uniquement de sa fertilité naturelle, mais de sa capacité à aligner les efforts politiques, économiques et communautaires autour d’un objectif commun. La lutte contre la faim ne se gagnera pas uniquement dans les champs, mais aussi dans les institutions stables, sur les routes, dans les banques et jusque dans les écoles agricoles.

Comme le résume le docteur Rajabu, spécialiste des politiques agricoles : « Le moment est venu pour la RDC de se lever et d’exploiter pleinement ses richesses naturelles. L’agriculture, si elle est bien pensée, peut transformer ce pays. »

La tâche est immense, mais l’élan est enclenché. L’État, les partenaires techniques, les ONG et les paysans eux-mêmes commencent à bâtir des ponts là où il n’y avait que des fossés. Investir dans les infrastructures, faciliter le crédit rural, promouvoir l’agro-industrie locale et respecter les savoirs paysans : autant de pistes concrètes pour avancer.

Dans un pays où l’espérance se cultive aussi bien dans les esprits que dans les sillons, chaque semence devient un pari sur demain. Il ne reste plus qu’à irriguer cet espoir. Et à ne plus jamais laisser la faim dicter la loi d’un sol aussi généreux.

Heshima Magazine

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