Claude Le Roy, deux fois sélectionneur des Léopards (2004-2006 et 2011-2013), avait coutume de dire que la RDC « dispose d’un incroyable potentiel, et qu’elle pourrait un jour remporter la Coupe du monde ». Pour l’instant, elle en est loin, puisqu’elle n’a même pas réussi à se qualifier pour la CAN 2022. Un échec qui a coûté sa place au coach Christian Biembe Nsengi, remplacé par l’Argentin Hector Cuper, ancien entraîneur de l’Inter Milan et de l’Egypte, et qui empoche à Kinshasa un pactole le plus élevé d’un sélectionneur des Léopards : 50 000 euros par mois. Entre temps, la prestation des Léopards est moins rassurante.
Les Léopards ont affiché le dimanche 10 octobre 2021 un résultat nul. En dessous des attentes. Mal embarqués dans la rencontre, les Congolais se sont inclinés 0-1 face aux Malgaches moins redoutables que prenables à Antanarivo lors de la 4è journée des éliminatoires de la Coupe du monde prévue au Qatar en 2022. Déjà éliminée en phase de groupe de la Coupe d’Afrique des Nations, Cameroun 2022, la RDC est paradoxalement retombée dans les travers. Pour les supporters congolais, c’est une effroyable déception de voir la RDC perdre la rencontre et amoindrir ses chances d’accéder au second tour qualificatif pour le mondial 2022. Le technicien argentin a reconduit son dispositif tactique de 4-4-2. On n’est plus au 4-3-3 qu’affectionnaient Florent Ibenge et, par moment, Christian Nsengi Biembe.
Une victoire sur les Malgaches aurait permis à la République démocratique du Congo de caracoler définitivement en tête du groupe J. Le même dimanche, Tanzanie s’est défaite du Bénin (1-0). Mais c’était sans compter avec la détermination des Barea de glaner leur première victoire dans cette campagne. Un but matinal a scellé le sort de la rencontre en défaveur du Onze congolais. Avec cinq petits points en quatre sorties, la RDC est troisième du groupe à deux journées de la fin derrière le Bénin et la Tanzanie qui comptent chacun 7 points. L’unique chance de qualification au tour des barrages pour les hommes d’Hector Cuper est de remporter les deux derniers matches. Ce sera dans un mois face à la Tanzanie à Dares-Salem et le Bénin à Kinshasa.
Deux nuls d’affilée, première défaite concédée
Les Congolais ont concédé leur première défaite suite au but de Njiva Rakotoharimalala marqué à la deuxième minute de la partie. La partie reprenant son cours normal, les Léopards ne se montrent pas lucides et réalistes pour taquiner la défense des Bareas. Hormis quelques corners des petites étincelles provenant du côté droit de Mukoko Amale. Les Léopards en manque de réussite, rentrent menés (1-0) à la pause, dans ce match où la défaite leur est totalement interdite. Hector Cuper était obligé de réveiller ses hommes en seconde mi-temps pour les pousser à la victoire. Il a fallu pour cela, changer aussi des choses dans son schéma tactique.
Malgré les occasions de but créées, le score de 1-0 en faveur des Baréa est resté inchangé jusqu’à la fin du temps réglementaire dans ce match où l’arbitre mauricien Milazare Patrice n’a pas été à la hauteur. Il n’a distribué aucun carton pour sanctionner les graves fautes sur Bakambu d’abord et sur Mbemba Chancel, sorti sur blessure, pour ne citer que ces deux cas. Sa mauvaise prestation a été à la base de l’arrêt de jeu pendant près de dix minutes où les esprits étaient surchauffés entre les joueurs de deux équipes, obligeant l’inspecteur des arbitres Kirwa Sylvester de descendre sur l’aire de jeu. Après, le rythme du match fond, beaucoup de minutes d’arrêt. Les fautes se multiplient et la tension entre les deux équipes monte. Malgré sa victoire, l’équipe de Madagascar est restée dernier du groupe J avec 3 points. La RDC est redescendue à la troisième position. Les deux matches de la cinquième et sixième journée seront déterminants pour les trois premières équipes du groupe.
Avec cette défaite, les Léopards n’ont guère profité du revers des Écureuils du Bénin alors qu’ils auraient pu prendre la tête de ce groupe en cas de victoire. Les deux prochaines journées se joueront au mois de novembre où les Léopards iront à Dar-es-salam pour affronter les Taïfa Stars de la Tanzanie le 11 novembre pour terminer avec la réception des Écureuils du Bénin le 16 novembre à Kinshasa.
Véritable traversée du désert
Les résultats des matches sont jugés catastrophiques. L’entraîneur a semblé ne pas être à la hauteur des attentes. Du coup, l’équipe n’est pas très homogène. L’approche sur le facteur jeunesse au sein de l’équipe nationale n’a pas été prise en compte. Dans les rues de Kinshasa, le public est revenu sur certains maux qui rongent le football congolais, le coaching, le manque de préparation, l’improvisation, le manque de professionnalisme, la question liée à la formation, absence d’un noyau homogène, le groupe change sans cesse. Le niveau des techniciens s’avère trop élémentaire pour permettre à la sélection de prétendre rivaliser avec les nations les plus aguerries. La quasi inexistence de techniciens nationaux de haut niveau, mais aussi la quasi inexistence de joueurs d’envergure mondiale. Les compétitions modernes obligent d’opérer une purge en interne pour débarrasser l’équipe des techniques surannées et inadaptées. Dans la mesure où dans cette période où le football évolue rapidement, le pays doit suivre le rythme en faisant appel à des entraîneurs qui soient véritablement des artisans de grosses performances.
Problèmes d’ordre politique
Compte tenu des contraintes structurelles liées au football congolais, de l’accès limité à l’instruction, des salaires plutôt bas et de la nécessité de se concerner presque exclusivement sur leurs performances sportives, bon nombre d’athlètes pataugent dans la précarité. Après une carrière de footballeur, les possibilités d’ascension sociale sont rares au pays, peu importe que l’on soit connu pour ses beaux buts, ses arrêts incroyables ou son formidable esprit de combativité. Ils sont affectés par des rémunérations insuffisantes et font fréquemment face à des contraintes économiques.
Le choix sur Hector Cuper
Avec Hector Cuper en tête, les supporters n’ont pas hésité de déplorer la posture frileuse de l’équipe nationale de football. Le jeu du Onze national est loin d’être le plus chatoyant. Mais, aussi prévisible qu’il puisse l’être, il a été pris à défaut pendant les 90 minutes et a prouvé son inefficacité au plus bas niveau. Pour rappel, après un échec en Égypte, le sélectionneur Florent Ibenge décide de démissionner. La Fédération Congolaise de football a de nouvelles ambitions et veut se lancer pour de nouvelles aventures. Après avoir longuement réfléchit à propos du nouveau staff technique de l’équipe nationale de football, la Fécofa trouve mieux qu’elle soit à 100% congolais. Christian Nsengi Biembe est désigné nouvel entraineur. La RDC commence avec 2 matches amicaux au mois d’octobre, par un match nul contre le champion d’Afrique, l’Algérien (1-1) et une défaite contre la Côte d’Ivoire (3-1). La RDC est logée dans le groupe D des qualifications pour la CAN 2021, avec le Gabon, l’Angola et la Gambie. Elle commence avec 2 matches nul, à domicile contre le Gabon (0-0) et à l’extérieur contre la Gambie (2-2). En mai 2021, Héctor Cúper est nommée sélectionneur de l’équipe de football de RDC.
Une année sans victoire, qualification à la CAN 2019 puis échec à la CAN 2019 (2018-2019). En 2018, la RDC fait une année sans victoire. Elle n’a pas gagné le moindre match. Elle a fait 4 matches nuls et 2 défaites. Le 24 mars 2019, la sélection se qualifie pour la Coupe d’Afrique des nations 2019 qui aura lieu en Égypte. Elle tombe dans le groupe A avec le pays organisateur l’Égypte, l’Ouganda et le Zimbabwe. Elle commence mal la compétition en perdant ses 2 premiers matchs face à l’Ouganda (0-2) et face à l’Égypte (2-0). Mais lors de la 3e journée elle bat largement le Zimbabwe sur le score de 4-0 et termine troisième de son groupe. Le 1er juillet grâce aux victoires du Maroc et du Sénégal, la RDC se qualifie pour les huitièmes de finale en se retrouvant parmi les meilleurs troisièmes de la compétition. Elle croise les Barea de Madagascar qui ont créé la surprise en battant le Nigéria lors de la 3e journée du premier tour du tournoi, créant de nouveau la surprise en éliminant les Léopards pendant la séance des tirs au but (4-2) après un long match avec un score de 2 buts partout (2-2).
Des sorties médiocres
Evidemment, la sélection nationale est sur une pente glissante. Une victoire, deux nuls et cinq points collectés en trois sorties, les résultats engrangés sonnent la catastrophe. Autant, la place occupée par les ambassadeurs affiche un certain nombre de problèmes. Hector Cuper n’a pas été épargné par les critiques et des questions se posent à un an de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.
Cette énième défaite infligée à Antananarivo a de nouveau jeté un coup de froid dans les rues de Kinshasa et compromet déjà les chances des hommes d’Hector Cuper pour la suite. On fustige une sélection qui s’est trouvée loin d’être réaliste devant les buts. Plusieurs déchets, manque de cohésion sur les plans technique et tactique. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder le tableau actuel du Groupe J. Les voyages qualificatifs, les erreurs des arbitres, l’absence de public ou les encouragements trop bruyants, ont été autant d’éléments incontrôlables et extérieurs. Mais il y a un élément sur lequel personne n’a de prise, la volonté des acteurs et la vision du coach.
Glorieux en 1974
La Coupe du monde de 1974 doit se tenir en Allemagne et Mobutu tient à ce que le Zaïre soit de la fête. Problème: le Maroc fait figure de grand favori pour la seule place réservée au continent. Le chef de l’État promet alors aux joueurs véhicules et parcelles s’ils par viennent à se qualifier. Fin 1973, remontés à bloc, les hommes de l’entraîneur Blagoje Vidinic, assisté par Nicodème Kabamba, devenu sélectionneur adjoint, battent les Lions de l’Atlas et décrochent leur ticket pour la phase finale du Mondial. Une première dans l’histoire du football subsaharien! Plus rien ne paraît pouvoir arrêter les Léopards qui, en mars 1974, remportent la CAN, organisée en Égypte.
Vainqueurs de la CAN en 1968 et 1974, les joueurs de l’équipe nationale ont été de véritables stars. Jamais leur performance n’a été égalée. Contre toute entente, le Onze national fait piètre figure dans toutes les compétitions de football d’après cette année glorieuse. Car depuis 1974, jamais plus les Léopards ne sont parvenus à remporter la CAN ou à se qualifier pour le Mondial. De quoi désespérer les supporters, qui ne cessent d’évoquer non sans nostalgie les succès passés de l’équipe nationale: en 1968 et en 1974.
Depuis la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), le président ougandais joue le rôle de funambule entre ses relations avec le président congolais Félix Tshisekedi et son soutien tacite aux rebelles. Heshima Magazine explore ce jeu trouble qui embarrasse parfois Kinshasa.
En mai 2021, Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni posent un geste. Les deux gouvernements signent deux accords bilatéraux, notamment pour la construction d’une route d’interconnexion avec un coût estimé à près de 335 millions de dollars américains. C’est le plus grand accord signé publiquement depuis les agressions contre la RDC opérées par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi en août 1998. Kinshasa justifie ces accords par la volonté de deux États de tirer profit de leur proximité géographique pour leurs économies respectives. Il fallait donc l’existence d’un réseau routier transfrontalier convenable.
Mais cette même année, en octobre, le M23 resurgit depuis les collines de Sarambwe, une localité congolaise frontalière de l’Ouganda. La surprise est que la majorité des combattants de la rébellion sont ceux qui s’étaient réfugiés en Ouganda, Sulutani Makenga en tête. Kinshasa en est conscient, mais dissimule son malaise et continue sa collaboration avec Kampala. Par contre, le gouvernement congolais déverse toute sa rage sur Kigali. Et c’est non sans raison. Plus tard, il sera démontré que le Rwanda fournit l’essentiel de l’arsenal militaire aux rebelles, y compris un appui en effectifs.
Museveni, le gardien du clan Hima-Tutsi
Fils d’un riche propriétaire terrien, Yoweri Kaguta Museveni – 78 ans – appartient au groupe des Banyankole, une des ethnies des Himas et Tutsis de la région des Grands Lacs. Les Banyankole Bahima sont établis dans le sud-ouest de l’Ouganda. Museveni, un marxiste au départ de sa rébellion contre le président Tito Lutwa Okello, est devenu au fil des années un leader qui défend les intérêts du clan Hima-Tutsi dans la région des Grands Lacs. C’est ainsi qu’il va soutenir la prise de pouvoir au Rwanda par la rébellion de Paul Kagame composée en majorité des Tutsis. Kampala, Kigali et Bujumbura tenteront d’étendre cette influence Hima-Tutsi en République démocratique du Congo avec l’AFDL de Laurent Désiré Kabila. Très vite, l’influence du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi va s’arrêter avec le départ des militaires rwandais de la RDC décidé par le président Laurent Désiré Kabila. Depuis, ils tenteront d’imposer cette influence à travers des rebellions d’obédience tutsie : le RCD, le CNDP, le M23 I et le M23 II. Souvent, les rebelles du M23 le considèrent comme un Mzee, leader du clan. Il est très écouté par ces différentes factions rebelles qui perturbent la paix dans l’Est de la RDC. « Il y a chez Museveni une vraie ambiguïté vis-à-vis du M23 », un groupe pour lequel il nourrit « une sympathie ethnique, celle du grand groupe Bahima (lié aux Tutsi et auquel il appartient), et pour les opprimés », note un diplomate spécialiste des Grands Lacs.
Pour ce même sentiment ethnique, l’Ouganda se voit obligé d’intervenir en Ituri où la milice CODECO s’en prend aux Hema de la RDC, considérés par l’Ouganda comme faisant partie du clan Hima. L’armée ougandaise (UPDF), qui collabore depuis quatre ans avec les Forces armées de la République du Congo (FARDC) dans le cadre des opérations conjointes contre les terroristes ADF, a élargi son champ d’action contre les rebelles CODECO.
Museveni, le funambule
Malgré son influence sur ces rébellions d’obédience ethnique, Yoweri Museveni joue le funambule entre le M23 et Kinshasa. Dès lors, Félix Tshisekedi peut-il réellement considérer son homologue ougandais comme un allié ? « Kinshasa le sait mais n’a pas l’intention d’ouvrir un autre front contre l’Ouganda », estime un homme politique mieux introduit dans la crise sécuritaire actuelle. Lorsqu’une délégation des officiels congolais s’était rendue en Ouganda pour plaider la situation contre le M23, Yoweri Museveni n’avait qu’une seule réponse à adresser à la RDC : il faudrait discuter avec les rebelles. En 2012, lorsque la même rébellion s’était emparée de la ville de Goma, ils s’étaient retirés de cette ville notamment grâce à un coup de fil de Museveni, d’après le témoignage de Jean-Charles Okoto, ambassadeur de la RDC à Kampala au moment de cette crise. Ce qui démontre l’influence de l’Ouganda sur cette rébellion. Malgré sa collaboration avec Félix Tshisekedi, Museveni continuera de jouer le jeu trouble, offrant une base arrière au M23. Ces rebelles étaient passés par l’Ouganda pour faire tomber la cité de Bunagana le 13 juin 2022. Ce qui démontre l’implication du gouvernement ougandais que Kinshasa refuse toujours de dénoncer publiquement. Les tweets de Muhoozi Kainerugaba, fils de Museveni et chef de l’armée ougandaise, démontrent largement ce soutien ougandais. Il avait annoncé la prise prochaine de la ville de Kisangani par l’armée ougandaise si le M23 ne le faisait pas assez tôt. Une déclaration qu’il avait publiée sur son compte X. « Notre peuple de Kisangani, nous venons vous sauver. L’armée de Dieu arrive », avait-il écrit.
Les pourparlers entre le gouvernement congolais et le Mouvement du 23 mars (M23) débutent, ce mercredi 9 avril à Doha, capitale du Qatar. Mais avant les discussions proprement dites, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) pose des conditions notamment celle de voir le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi, exprimer sa volonté politique de mener ces négociations directes. A la veille de ces échanges, Joseph Kabila annonce son retour en RDC par la partie du pays contrôlée par les rebelles.
Ce 9 avril, à Doha, démarre une phase cruciale des discussions en Kinshasa et la rébellion de l’AFC-M23 sous la médiation des autorités qataries. La délégation du gouvernement se trouve déjà sur place, celle de la rébellion aussi. Mais avant les discussions proprement dites, la rébellion a posé des conditions. Parmi ces préalables, il y a l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022 interdisant au gouvernement « d’amorcer toute négociation avec des forces négatives en vue de procéder à leur intégration, brassage ou mixage ». Le M23 exige aussi la libération sans conditions de toutes les personnes militaires ou civiles arrêtées pour avoir soutenu cette rébellion.
Ces rebelles veulent également l’annulation des condamnations à mort et de « prime » offerte pour l’arrestation des dirigeants de l’AFC-M23 ainsi que toutes les autres mesures restrictives prises par le régime de Kinshasa à l’encontre de cette rébellion. La rébellion exige aussi de mettre fin et de criminaliser tous les discours de haine, souvent suivis d’actes d’oppression et de cannibalisme, ainsi que toutes les chasses à l’homme lancées contre des Congolais en raison de leur apparence ou de la langue notamment le kinyarwanda sous prétexte de collaboration avec l’AFC/M23 ou d’être des infiltrés rwandais. Ils veulent aussi que le gouvernement mette fin à tous les actes de discrimination et de déni de nationalité à l’encontre des communautés parlant cette langue. Ces mesures, selon les rebelles, permettraient la tenue et l’aboutissement des négociations.
Difficile entente entre les deux camps
Cette première phase de discussions va être délicate au regard des exigences de l’AFC-M23. La médiation qatarie devra faire preuve de persuasion pour essayer de convaincre les uns et les autres afin de dépasser les formalités pour aborder le fond des négociations. Kinshasa, de son côté, ne saurait vider tous ces préalables uniquement dans cette phase préliminaire des discussions. Sinon, le gouvernement manquera des cartouches lorsqu’il s’agira d’aborder le fond. Et parmi les questions de fond figure notamment le principe d’un cessez-le-feu bilatéral, l’analyse des revendications de l’AFC/M23 et les conditions posées par le gouvernement congolais.
Kabila à Goma, quelle intention ?
A un jour de ces discussions avec l’AFC-M23, l’ancien président de la République, Joseph Kabila a annoncé son retour au pays par la partie Est. Dans une déclaration envoyée à Jeune Afrique, Joseph Kabila justifie sa décision par la situation sécuritaire et institutionnelle du pays. « Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire à travers tout le pays, ainsi que de la déliquescence qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale, j’ai pris la résolution de rentrer, sans délai, au pays », a écrit l’ancien chef de l’État.
Joseph Kabila va rentrer en RDC par une zone pourtant contrôlée par des rebelles du M23. Si être dans cette zone est normale pour les Congolais lambada, cela ne devrait pas l’être pour Joseph Kabila – ancien président de la République et sénateur à vie – dont les accusations de connivence avec la rébellion sont de plus en plus évoquées par le camp au pouvoir. Sa présence dans la zone risque de renforcer de telles suspicions.
Ignoré jusqu’ici dans la résolution de cette crise, Joseph Kabila décide visiblement d’opérer à visage découvert pour qu’il compte parmi les acteurs dans la recherche des solutions à ce conflit. Lors d’un séjour en Afrique du Sud, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner avait indiqué que Joseph Kabila n’avait pas un rôle à jouer dans le processus actuel de résolution de la crise. Elle a déclaré qu’« aucun rôle n’est prévu à ce stade » pour Joseph Kabila dans les efforts en cours de résolution de la crise sécuritaire. Cette marginalisation l’aurait poussé à sortir de l’ombre pour s’affirmer comme un acteur clé de la crise.
Les commémorations du génocide perpétré contre les Tutsis et les Hutus modérés au Rwanda, en 1994, ont commencé le lundi 7 avril. Ce drame a également déclenché une série d’événements qui ont déstabilisé la région des Grands Lacs, notamment l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que son armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) tuent au Congo, Paul Kagame continue de défier l’Occident.
Telle une force incontrôlable, le président rwandais Paul Kagame semble de plus en plus difficile à maîtriser. Malgré les sanctions qui pèsent sur son pays, le dirigeant rwandais a donné l’impression de les ignorer lors de son discours, lundi 7 avril, au mémorial national de Gisozi, à Kigali. Il a dénoncé les critiques et les accusations qui visent son pays dans le cadre du conflit qui déchire l’est de la RDC. « Si quelqu’un se présente et dit qu’il veut nous sanctionner, qu’il aille en enfer. Qu’il aille simplement en enfer. Vous avez vos problèmes à gérer. Allez vous en occuper et laissez-moi m’occuper des miens. C’est dans cet esprit, je pense, que les Rwandais doivent aborder leur vie quotidienne », a lancé Paul Kagame à l’occident, particulièrement l’Europe et les Etats-Unis.
Un discours pour la consommation interne
Sous pression internationale après la chute des villes de Goma et Bukavu en RDC, le président rwandais tente de maintenir l’image d’un homme inflexible devant sa population. Son discours semble destiné avant tout à un public interne. Depuis février 2025, Washington et Bruxelles ont adopté des sanctions visant des responsables rwandais et des dirigeants du groupe armé M23, qu’ils accusent de déstabiliser l’est de la RDC. Ces dirigeants occidentaux ont sanctionné notamment le ministre d’État rwandais chargé de l’intégration régionale, James Kabarebe. Bruxelles a aussi frappé l’usine de Gasabo Gold Refinery du Rwanda. Selon l’Union européenne, l’extraction illégale et le trafic de ressources naturelles provenant de l’est de la RDC, telles que l’or, alimentent l’escalade du conflit.
Kagame négocie malgré sa posture
Kagame poursuit les négociations, malgré son attitude de défi. Paul Kagame a rencontré Félix Tshisekedi le 18 mars dernier au Qatar. Et depuis, les discussions se poursuivent à Doha entre les délégations congolaise et rwandaise, mais aussi celle du M23, pour aboutir à un accord de paix. Les belligérants devraient à nouveau se rencontrer ce 9 avril à Doha. « De nouvelles négociations sont maintenant attendues à Doha, toujours avec la médiation des Qataris, afin de maintenir la dynamique et d’explorer des solutions constructives pour mettre fin pacifiquement au conflit », rapporte une source proche de ces pourparlers. Si Paul Kagame continue de défier l’Occident, son gouvernement continue de mener des efforts diplomatiques pour contribuer à la désescalade du conflit.
Quelles perspectives pour une sortie de crise ?
Dans cette crise qui dure depuis le génocide rwandais, la solution semble être avant tout militaire, même si l’option des discussions ne doit pas être exclue. Il est nécessaire d’adopter une combinaison de solutions militaires et politiques. La RDC a une vocation de puissance. Les dirigeants devraient absolument concrétiser cet impératif si l’on veut continuer à exister en tant qu’Etat souverain. Il faut se réarmer convenablement, non pas contre un pays tiers, mais pour assurer la survie de la nation. Ce pays a un devoir de puissance, non pas par esprit de revanche ou de confrontation, mais par nécessité pour continuer à exister. Il est inadmissible de constater que, depuis plus de deux ans, l’armée n’arrive pas à se défaire de la milice Mobondo dans le Grand Bandundu. Cette milice dispose de moins d’armes et d’hommes que l’armée nationale. Se réarmer ne signifie pas se préparer à une guerre contre un voisin, mais plutôt affirmer sa souveraineté, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est dans ces conditions que le pays pourrait peser dans les rapports de force régionaux et inspirer le respect de ses voisins.