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Paul Kagame : un tyran derrière un masque de héros

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Kigali se dresse aujourd’hui comme une vitrine éclatante de progrès en Afrique, une ville propre et moderne qui attire les regards admiratifs. Pourtant, derrière cette façade reluisante, Paul Kagame, président du Rwanda depuis 2000, traîne une ombre lourde. Accusé de crimes parmi les plus odieux de ce siècle après la Seconde Guerre mondiale, il dirige un régime autoritaire qui ne tolère aucune dissidence. Plongée dans l’histoire sombre et controversée de cet homme qui divise le monde.

Célébré pour avoir mis fin au génocide de 1994, Paul Kagame est aussi pointé du doigt pour avoir semé le chaos en République démocratique du Congo (RDC) et orchestré une répression qui s’étend bien au-delà de ses frontières. Certains vont jusqu’à se demander s’il n’a pas manipulé le génocide lui-même pour asseoir son pouvoir.

Une enfance marquée par l’exil et l’ambition

Paul Kagame voit le jour le 23 octobre 1957 à Tambwe, dans ce qui était alors le Ruanda-Urundi, aujourd’hui Nyarutovu, dans la province du Sud du Rwanda. Fils de Deogratias Rutagambwa, un Tutsi proche du roi Mutara III, et d’Asteria Bisinda, descendante de la dernière reine Rosalie Gicanda, il grandit dans un Rwanda colonial où les tensions ethniques entre Hutus et Tutsis couvent déjà. En 1959, la révolution hutue éclate, plongeant les Tutsis dans un climat de peur et de persécution. La famille de Kagame doit fuir, errant deux ans dans le nord-est du pays avant de trouver refuge en 1962 dans le camp de Nshungerezi, en Ouganda. Cet exil forge le jeune Kagame : deux de ses sœurs partent pour l’Italie, un frère meurt dans un accident de voiture, et lui reste seul avec ses parents dans une précarité qui durcit son caractère.

Dans ce camp de réfugiés, Kagame entame sa scolarité, apprenant l’anglais auprès de missionnaires, une langue qui deviendra un atout précieux. À neuf ans, il marche 16 kilomètres pour rejoindre l’école primaire Rwengoro, avant d’intégrer la prestigieuse Ntare School à Mbarara, où il croise Yoweri Museveni, futur président ougandais et allié de poids. La mort de son père au début des années 1970 et le départ de son ami Fred Rwigyema bouleversent son parcours. Suspendu de Ntare pour indiscipline, il termine ses études au Old Kampala Secondary School. En 1977 et 1978, il effectue des voyages clandestins au Rwanda via le Zaïre, officiellement pour des visites familiales, mais en réalité pour sonder le terrain politique. Ces incursions révèlent un jeune homme ambitieux, déjà hanté par l’idée de reconquérir son pays natal.

De l’Ouganda au FPR : les premiers pas dans la guerre

Les années 1970 marquent un tournant décisif dans la carrière militaire de Paul Kagame. En 1979, il rejoint la National Resistance Army (NRA) de Yoweri Museveni, alors en pleine lutte contre le dictateur ougandais Idi Amin Dada. Ce choix inaugure un parcours marqué par l’engagement militaire et les alliances stratégiques qui façonneront son avenir.

Au début des années 1980, Kagame poursuit sa formation militaire à l’étranger. Il suit d’abord un programme à la Moscow Military Academy en Union Soviétique, où il acquiert des compétences fondamentales en guerre et en tactiques militaires. Cette formation, dans le cadre du système soviétique, le prépare à une carrière de commandant, à la fois stratégique et disciplinée.

Quelques années plus tard, dans les années 1980, Kagame est formé à l’United States ArmyCommand and General Staff College à Fort Leavenworth, Kansas, aux États-Unis. Là, il reçoit une formation militaire de haut niveau, axée sur la stratégie, le leadership militaire, et la gestion des opérations. Bien qu’il ne se spécialise pas directement dans le renseignement, ces compétences vont être essentielles pour son rôle futur de leader et de stratège.

Spécialiste du renseignement, Kagame excelle dans l’art de tisser des réseaux discrets, cultivant une discipline de fer. Lorsqu’en 1986, Museveni prend le pouvoir en Ouganda, Kagame devient le chef du renseignement militaire ougandais. Il met en place une cellule secrète composée de Tutsis rwandais exilés, jetant les bases d’une rébellion qui marquera l’histoire du Rwanda. Toutefois, en 1989, sous la pression du président rwandais Juvénal Habyarimana et de certains dirigeants ougandais, Museveni rétrograde Kagame, un revers qui, loin de l’affaiblir, attise sa détermination à poursuivre son objectif : renverser le régime de Habyarimana.

En 1990, Kagame rejoint le Front patriotique rwandais (FPR), fondé par Fred Rwigyema. Lorsque ce dernier est tué dans des circonstances troubles dès le deuxième jour de l’invasion du Rwanda, Kagame, principal bénéficiaire de cette disparition mystérieuse, prend les rênes, commandant plus de 4000 rebelles. Repoussés dans un premier temps, réduits à moins de 2000 hommes, ils frappent fort en janvier 1991, s’emparant de Ruhengeri et provoquant l’exode de 300 000 Hutus. En 1993, le FPR contrôle le nord-est du pays et contraint Habyarimana à signer les accords d’Arusha pour un partage du pouvoir, une promesse qui restera lettre morte. Le 6 avril 1994, l’attentat contre l’avion d’Habyarimana déclenche le génocide. Kagame mène le FPR à la victoire, stoppant officiellement les massacres le 18 juillet après un carnage qui fait environ 800 000 morts. De 1994 à 2000, il occupe les postes de vice-président et ministre de la Défense sous Pasteur Bizimungu, mais c’est lui qui tient les rênes du pouvoir. En mars 2000, Bizimungu est poussé à la démission ; le 22 avril, Kagame est élu président avec 81 voix contre 3, supprimant le poste de vice-président pour régner sans partage.

Une présidence autoritaire

Depuis 2000, Paul Kagame exerce une domination absolue sur le Rwanda. Réélu en 2003, 2010, 2017 et 2024 avec des scores oscillant entre 93 % et 99,15 %, il transforme les élections en plébiscites, dénoncés pour leur opacité par des organisations internationales. En 2003, sous son impulsion, le parlement interdit le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), principal parti d’opposition, sous prétexte de divisionnisme, une purge critiquée par Amnesty International. En 2015, un référendum adopté à 98 % modifie la Constitution, permettant à Kagame de rester au pouvoir jusqu’en 2034, une manœuvre qualifiée de « farce électorale » par les défenseurs des droits humains. La répression systématique de l’opposition, orchestrée par des arrestations, des procès politiques et des intimidations, étouffe toute velléité de contestation dans son pays.

Les dissidents qui osent défier Kagame paient un lourd tribut

Depuis la prise de pouvoir de Paul Kagame en 1994, de nombreux dissidents, qu’ils soient politiciens, journalistes, ou défenseurs des droits humains, ont payé un lourd tribut pour avoir osé s’opposer à son régime. Parmi eux, des figures emblématiques ont été victimes de meurtres ciblés, souvent dans des conditions qui soulèvent des interrogations sur l’implication directe du gouvernement rwandais. Retour sur les assassinats les plus marquants.

En 1997, Seth Sendashonga, ancien ministre de l’Intérieur sous le régime de Habyarimana et membre du Front patriotique rwandais (FPR), qui avait choisi l’exil après avoir sévèrement critiqué les abus de pouvoir de Kagame, échappa à une première tentative d’assassinat. Toutefois, le 16 mai 1998, il fut abattu à Nairobi, au Kenya. Cette mort, survenue après de vives dénonciations, est considérée comme un signal fort envoyé à tous ceux qui oseraient s’opposer au régime de Kigali.

Le 23 mars 1998, c’est au tour de Monseigneur André Sibomana, prêtre catholique et défenseur des droits humains, d’être tué au Rwanda. Un homme d’église influent, connu pour sa prise de position contre les abus du pouvoir post-génocide, Sibomana avait également été un porte-parole des victimes du génocide. Son assassinat fut un acte de répression politique visant à museler toute voix critique au sein de l’Église et de la société civile.

Le 24 juin 2010, Jean-Léonard Rugambage, journaliste au sein du journal Umuvugizi, est abattu devant son domicile à Kigali. Rugambage enquêtait sur une tentative d’assassinat contre Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major rwandais en exil, qui avait survécu à une attaque à Johannesburg cinq jours plus tôt. L’enquête de Rugambage, qui mettait en cause des agents du régime rwandais, aurait sans doute précipité sa fin tragique.

Le 14 juillet 2010, André Kagwa Rwisereka, vice-président du Parti vert démocratique, est retrouvé décapité près de Butare, au sud du Rwanda. Son parti avait été empêché de participer aux élections, et cet assassinat brutale témoigne d’une volonté de supprimer toute forme d’opposition politique. L’assassinat de Rwisereka est souvent cité comme un exemple criant des méthodes employées pour étouffer toute contestation.

Le 1er décembre 2011, Charles Ingabire, journaliste rwandais exilé en Ouganda et fondateur du site d’information Inyenyeri News, est tué. Cet assassinat survient après qu’Ingabire ait publié des articles critiquant de manière acerbe le régime de Kagame. Sa mort rappelle le prix élevé payé par ceux qui choisissent de lever la voix contre un pouvoir jugé autoritaire.

Le 12 octobre 2012, Theogene Turatsinze, ancien dirigeant de la Banque de développement du Rwanda, est tué au Mozambique. Accusé d’avoir exposé des malversations financières et de corruption au sein du régime rwandais, Turatsinze représente un autre exemple des conséquences fatales qui attendent ceux qui osent dénoncer les dérives du gouvernement.

Le 31 décembre 2013, Patrick Karegeya, ancien chef des services de renseignement extérieur du Rwanda et opposant en exil, est retrouvé étranglé dans une chambre d’hôtel à Johannesburg. L’assassinat de Karegeya est rapidement perçu comme un message envoyé à tous les opposants politiques, un avertissement même à ceux qui se trouvent à des milliers de kilomètres de Kigali. Bien que les autorités rwandaises aient démenti toute implication, des enquêtes menées par la BBC ont pointé des agents du régime comme responsables de cet assassinat.

Le 8 mars 2019, Anselme Mutuyimana, assistant de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, est tué au Rwanda. Son assassinat est directement lié à son engagement politique contre le régime en place, et en particulier à son rôle dans le soutien à Ingabire, une figure de l’opposition qui a elle-même été victime de persécutions.

Le 31 mai 2019, c’est au tour de Camir Nkurunziza, ancien garde du corps de Kagame, de perdre la vie en Afrique du Sud. Nkurunziza, après avoir été témoin des abus du pouvoir et avoir exprimé son opposition au régime, est assassiné, soulignant la portée internationale de la répression orchestrée par Kigali contre ses propres détracteurs.

Le 17 février 2020, Kizito Mihigo, chanteur et critique du gouvernement, est retrouvé mort dans sa cellule à Kigali. Officiellement, sa mort est qualifiée de suicide, une version largement contestée par les défenseurs des droits humains et les partisans de l’artiste, qui dénoncent une mise à mort orchestrée pour faire taire sa voix contestataire.

Le 21 février 2021, Abdallah Seif Bamporiki, président du RNC en Afrique du Sud, est assassiné pour son opposition politique au régime de Kigali et pour ses activités liées à l’organisation de commémorations d’activistes exilés. Ce meurtre illustre la traque incessante des opposants politiques rwandais, qu’ils soient sur le sol africain ou ailleurs.

Le 13 septembre 2021, Revocant Karemangingo, homme d’affaires et critique en exil, est abattu au Mozambique. Son assassinat survient après qu’il ait publiquement dénoncé les exactions du régime rwandais, et représente un autre exemple de l’intolérance du gouvernement rwandais envers les voix dissidentes.

John Williams Ntwali, journaliste d’investigation, perd la vie le 18 janvier 2023, dans un prétendu accident de moto à Kigali. Cette mort suspecte est rapidement associée à ses enquêtes sur le régime de Kagame et à son rôle dans la mise à jour de faits qui embarrassaient le pouvoir en place. Les circonstances de son décès font écho à une longue liste de journalistes et de militants politiques tués sous des conditions similaires.

Ces assassinats ne sont pas que des tragédies humaines individuelles ; ils symbolisent la violence systématique déployée contre toute forme d’opposition au Rwanda. Ils témoignent de la répression impitoyable exercée par le régime de Paul Kagame contre ceux qui osent défier son autorité, même au prix de leur vie.

Répression transnationale

L’enlèvement de Paul Rusesabagina en août 2020, digne d’un scénario hollywoodien, illustre l’audace du régime rwandais. Célèbre pour avoir sauvé des centaines de vies pendant le génocide, Rusesabagina, devenu opposant en exil, est piégé par un faux voyage humanitaire. En Belgique, il rencontre Constantin Niyomwungere, présenté comme un pasteur burundais. Ce dernier, devenu son ami, l’invite à parler de justice et de réconciliation dans ses églises au Burundi. Méfiant, Rusesabagina redoute un enlèvement lors d’une escale s’il prend un vol commercial. Constantin lui propose alors un jet privé, censé décoller de Dubaï pour Bujumbura. Le 26 août 2020, Rusesabagina embarque depuis Dubaï, mais l’avion atterrit à Kigali. « J’ai réalisé qu’on atterrissait à Kigali lorsque j’ai vu la tour de contrôle de l’aéroport. Je me suis quasiment évanoui. Des agents du renseignement se sont emparés de moi », a-t-il raconté. Condamné à 25 ans de prison, il est libéré en 2023 sous pression internationale, notamment des États-Unis, du Qatar, de l’Union européenne et de la Belgique. Les autorités rwandaises ont reconnu avoir organisé le vol, tout en affirmant que « la légalité a été respectée ».

La répression s’étend bien au-delà des frontières. La Canadienne Judi Rever, auteure de « L’Éloge du sang », a été surveillée et menacée par l’ambassade rwandaise en Belgique en 2014, au point qu’on lui a assigné une garde 24h/24 ainsi qu’un véhicule blindé pour la protéger, compte tenu de la gravité de la menace. Des campagnes d’intimidation ont eu lieu tant en France qu’au Canada, où elle a été ciblée par des tentatives de discréditer son travail. En France, des millions de dollars ont été investis pour empêcher la publication de son livre, tandis qu’au Canada, des pressions ont été exercées pour la faire taire. Ces menaces ont pris des formes multiples, allant des attaques personnelles aux tentatives de manipulation des institutions. La britannique Michela Wrong, une autre auteure, très menacée avant la sortie de son livre « Assassins sans frontières » en 2023, a dû renforcer sa sécurité. Serge Ndayizeye, journaliste rwandais en exil, a été averti par la police belge en 2018 de menaces sérieuses lors d’une visite de Kagame dans ce pays. Charles Onana, journaliste franco-camerounais, a dénoncé des intimidations répétées et a déposé plainte en octobre 2024 contre Kagame pour « menaces publiquement prononcées ». Human Rights Watch, dans son rapport « Rejoins-nous ou tu mourras », documente un réseau mondial d’assassinats, d’enlèvements et de harcèlement visant à museler la diaspora rwandaise et à étouffer toute critique.

Progrès économiques : une vitrine au prix fort

Sous Kagame, le Rwanda se présente comme un modèle économique. Le PIB par habitant est passé de 631 dollars en 2000 à 2214 dollars en 2020, avec une croissance moyenne de 7 % selon la Banque mondiale pour cette période. En 2024, le PIB réel bondit de 9,7 % au premier semestre, après 8,2 % en 2022-2023. Le plan Vision 2050 ambitionne un Rwanda à revenu moyen supérieur d’ici 2035, puis élevé d’ici 2050, inspiré de Singapour. Des réformes libéralisent l’économie, réduisent les obstacles et misent sur l’éducation, hissant le pays au 29e rang mondial pour la facilité des affaires en 2019, selon le Time. Kigali, avec ses rues propres et son urbanisme soigné, incarne cette réussite.

Mais ce tableau cache une réalité plus sombre. « La croissance enrichit une élite militaro-politique », accuse un analyste d’Al Jazeera. Le chômage stagne à 16,7 % en 2017, atteignant 21 % chez les jeunes. Dans les campagnes, les paysans murmurent leur misère, terrifiés par un régime qui brandit ses chiffres comme un bouclier. Les profits tirés du pillage des ressources congolaises, comme le coltan et l’or, estimés à des milliards de dollars par des dissidents comme Théogène Rudasingwa, enrichissent cette élite, loin des estimations officielles de l’ONU (250 millions sur 18 mois en 2001). Cette prospérité, bâtie sur l’exploitation et les massacres, profite à une minorité tandis que la majorité reste dans l’ombre.

Le génocide de 1994 : un chaos orchestré pour le pouvoir

Le génocide rwandais de 1994, qui a coûté la vie à environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés, est souvent présenté comme un chaos que Kagame a héroïquement stoppé. Pourtant, des enquêtes et témoignages, notamment dans « L’éloge du sang » de Judi Rever, révèlent une réalité bien plus odieuse : le FPR, sous la direction de Kagame, a contribué à déclencher cette tragédie pour s’emparer totalement du pouvoir. Les préparatifs auraient débuté bien avant le 6 avril 1994, date de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana. Rever soutient que le FPR a infiltré les partis politiques hutus, les milices comme les Interahamwe, et les mouvements sociaux pour semer la division et inciter à la violence, créant un climat propice à un massacre qu’il pourrait exploiter.

Théogène Rudasingwa, ancien secrétaire général du FPR et ancien directeur de cabinet de Kagame, affirme que ce dernier lui a confessé en juillet 1994 avoir ordonné l’attaque contre l’avion d’Habyarimana, un acte planifié avec des officiers comme Kayumba Nyamwasa et James Kabarebe, actuel Ministre d’État chargé de l’intégration régionale. Jean-Marie Micombero, ex-membre du FPR, raconte avoir vu les préparatifs de l’attentat contre l’avion du président rwandais au Parlement : « un informateur de l’aéroport a transmis des données à Charles Karamba, chef du renseignement, avant que deux tireurs ne partent abattre l’avion avec des missiles sol-air depuis Masaka. Le second missile, lancé par le sergent Frank Nziza, a touché sa cible, tuant Habyarimana, le président burundais Cyprien Ntaryamira et plusieurs membres d’équipage, déclenchant ainsi le génocide ». Luc Marchal, officier belge de la Minuar (Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda), note la rapidité suspecte de l’offensive FPR post-attentat, avec 25 000 à 30 000 hommes prêts à l’action, suggérant une préparation minutieuse.

Le FPR ne s’est pas contenté de provoquer le chaos. Rever révèle que des « techniciens » tutsis, formés dans des camps secrets, ont infiltré les milices hutues pour encourager les massacres, utilisant des méthodes brutales comme l’empoisonnement de l’eau ou la torture par « akandoyi », une technique médiévale qui comprime la cage thoracique jusqu’à la suffocation. En février 1994, les commandos du FPR intensifient leurs opérations : attaques dans la zone démilitarisée, pose de mines terrestres dans des lieux publics, et exécutions ciblées. Félicien Gatabazi, ancien ministre de l’intérieur hutu, est abattu par deux commandos sous les ordres de l’officier du FPR Emmanuel Karenzi Karake. Peu après, l’extrémiste hutu Martin Bucyana est assassiné par des membres du PSD, un parti infiltré par le FPR. Ces meurtres planifiés provoquent des affrontements entre milices Hutues et Tutsis à Kigali, faisant 37 morts, et marquent le début des hostilités à Butare. Les infiltrations du FPR fragmentent les Hutus, alimentent la terreur et précipitent le pays dans le chaos.

Voyant que ces stratégies n’avaient pas eu l’ampleur escomptée, Kagame a décidé d’éliminer Habyarimana afin de précipiter le génocide, un calcul froid et glaçant destiné à justifier sa prise de pouvoir absolue. Le 12 avril 1994, six jours après l’attentat de l’avion, Luc Marchal recense quatre bataillons FPR à Kigali. Avec une telle force, le FPR aurait pu protéger les Tutsis ou stopper les massacres. Au lieu de cela, il a ralenti son avancée dans le pays, laissant les massacres s’amplifier. « Le FPR n’a jamais manifesté la moindre volonté de protéger les Tutsis, mais alimentait le chaos. Son objectif était la conquête du pouvoir, utilisant les massacres comme fonds de commerce pour justifier ses opérations », déclare Marchal à Judi Rever. Cette inaction délibérée, combinée à des attaques ciblées contre des civils tutsis et hutus par ses propres agents, dresse le portrait d’un Kagame prêt à sacrifier son peuple pour régner. « Cet homme a un cœur aussi sombre que le diable en personne. Comment peut-on orchestrer le massacre de milliers d’innocents, y compris ceux qu’il prétendait défendre, simplement pour s’emparer du pouvoir ? » s’interroge un chercheur congolais.

La traque des Hutus : une vengeance méthodique

Pendant et après le génocide, le FPR, dirigé par Kagame, a systématiquement massacré des centaines de milliers de civils hutus, au Rwanda et en RDC. En avril 1994, au plus fort du génocide, des milliers de paysans hutus, chassés de leur camp de réfugiés de Nyacyonga par les bombardements du FPR, sont attirés dans un piège dans la ville de Byumba. Via Radio Muhabura, le FPR leur annonce que la guerre est terminée et les invite à se rassembler devant l’hôtel de ville, promettant nourriture et sécurité. Dirigés vers le stade de football, les réfugiés femmes, enfants et vieillards épuisés ignorent qu’ils marchent vers un massacre organisé. Théo Murwanashyaka, soldat du FPR à l’époque, témoigne de l’horreur : « vers 20 heures, la police militaire sépare les hommes les plus robustes et les exécute à coups de grenades, d’armes à feu et d’agafuni (houes tranchantes). Puis c’est au tour des femmes, enfants et vieillards. Les cris d’agonie résonnent toute la nuit ».

Au petit matin, les cadavres sont évacués vers des fosses communes à Rukomo. Mais Kagame, craignant que la France ne repère les charniers par satellite, ordonne leur exhumation et leur crémation. Patrick, un jeune soldat contraint de participer, décrit l’horreur des corps en décomposition et le traumatisme durable des bourreaux eux-mêmes. Un ancien garde du corps de Kagame, réfugié aux États-Unis, raconte à Judi Rever que Kagame s’est personnellement rendu au stade le jour suivant les tueries et à son arrivée, il était furieux de voir une dizaine de Hutus encore vivants mais incapables de bouger, aurait ordonné : « Achevez-les, et nettoyez tout ça ! » Ce récit met en lumière la mécanique implacable des massacres perpétrés par le FPR sous les ordres de Kagame, où la terreur est méthodique et les preuves systématiquement effacées.

Au Zaïre, les réfugiés hutus fuyant les massacres s’enfoncent dans les forêts zaïroises (actuelle RDC), montant des campements de fortune et contractant des maladies comme le choléra ou la malaria. Les soldats de Kagame les traquent sans relâche, les exécutant à l’aide de fusils d’assaut ou de grenades. Jean-Baptiste, un ex-soldat FPR, confesse : « Nous nous sommes arrêtés à Kasindi et nous avons mené des opérations de nettoyage dans toute la zone. Nous devions nous débarrasser de tous ceux qui étaient considérés comme des ennemis, c’est-à-dire tous les Hutus. Nous avons débusqué les réfugiés dans la forêt. Ils mouraient de faim et étaient malades. Ils n’avaient ni eau ni nourriture. Mais la consigne était de les éliminer. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons même tué ceux qui étaient sur le point de mourir, ceux à qui il ne restait que quelques minutes de vie. Les plus faibles d’entre eux, nous les achevions à l’aide d’armes traditionnelles, comme l’agafuni (houe), plutôt qu’avec des armes à feu. La plupart du temps, les massacres se déroulaient en pleine jungle, mais si les réfugiés tentaient de s’abriter dans les villes, nous les repérions et les poursuivions. À ce stade, aucun ex-FAR (soldat hutu) ne se trouvait dans ces zones-là. Il n’y avait que des civils. »

Il poursuit : « Je faisais partie d’une équipe chargée de déterrer les corps des fosses communes. Nous avons travaillé jour et nuit pendant une longue période afin de transférer les cadavres vers d’autres endroits, où ils étaient ensuite incinérés. Les gens commençaient à réclamer une enquête pour déterminer si un massacre de réfugiés hutus avait réellement eu lieu dans cette zone. Évidemment, le Rwanda niait toute implication et nous avions ordre de faire disparaître les indices. Il fallait dissimuler les preuves. Les corps étaient en pleine décomposition. Nous faisions tout cela à mains nues, sans gants ni protections. Nos supérieurs étaient postés derrière nous. Ils nous frappaient régulièrement. C’est difficile à imaginer, mais nous devions transporter les corps à même nos épaules pour ensuite les jeter dans des camions. Quand nous perdions tout courage, ils nous donnaient des coups pour nous forcer à continuer. Je suis tombé malade après ça. La dernière chose qu’ils voulaient, c’était laisser les populations déplacées du Rwanda (les réfugiés hutus au Congo) faire la même chose qu’eux : s’organiser et revenir prendre le pouvoir. Ils voulaient se débarrasser de ces gens. », conclut Jean-Baptiste en se confessant à Judi Rever.

Judi Rever documente les atrocités commises par les forces rwandaises. Selon ces témoignages, des femmes et des filles ont été victimes de viols systématiques, souvent perpétrés avec des armes, des couteaux ou des pierres. Certaines ont été tuées après leur agression, recevant même une balle dans le vagin. Les survivantes souffrent de fistules, des déchirures internes graves provoquant l’incontinence.

Le livre dévoile également les techniques de meurtre enseignées aux militaires du régime rwandais, telles que l’empoisonnement de l’eau potable avec des produits chimiques, l’utilisation de produits pharmaceutiques pour tuer, ainsi que l’usage de cordes, de houes et de sacs en plastique pour commettre des meurtres. Parmi les méthodes de torture décrites, on trouve l’injection de carburant dans les oreilles des victimes et l’utilisation de la technique d’akandoyi’ (technique qui consiste à attacher ensemble et dans le dos les coudes de la victime, afin de lui compresser la cage thoracique pour entrainer une mort lente et douloureuse), l’utilisation d’armes blanches, d’armes à feu et de grenades ; l’installation de mines et l’utilisation de bombes contrôlées à distance et la collecte de renseignements.

Le rôle néfaste de Kagame en RDC

Depuis 1994, Paul Kagame a transformé l’est de la RDC en un théâtre de cauchemar, mêlant atrocités barbares et pillage systématique des richesses minières. Sous prétexte de sécuriser son pays après le génocide, il a orchestré une double tragédie : des massacres, viols et tortures infligés à des millions de civils congolais, et une exploitation brutale du coltan, de l’or et du cobalt mettant en grande difficulté l’économie de la RDC. De l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) au Mouvement du 23 Mars (M23), qui sévit encore au moment de la rédaction de cet article, Kagame a utilisé des groupes armés comme le RCD, le CNDP, Jules Mutebusi et le M23 pour semer la terreur et siphonner des milliards de dollars, laissant derrière lui un peuple brisé, meurtri et un pays exsangue.

En 1996, Kagame soutient l’AFDL pour renverser Mobutu Sese Seko, lançant une série de conflits mêlant violence extrême et pillage économique. Le Rapport Mapping de l’ONU décrit une vague de massacres dès les premiers mois de la guerre. À Lemera, en octobre 1996, des unités banyamulenge et tutsies, sous le commandement de James Kabarebe, bras droit de Kagame, ont attaqué l’hôpital de Lemera, tuant 37 personnes, dont des patients et du personnel médical, abattus à bout portant dans leurs lits. À Kiliba, le même mois, les forces AFDL/APR massacrent 88 civils incapables de fuir, avant de piller le village. Shabunda, entre 1996 et 1997, devient un piège mortel pour des réfugiés fuyant sur la route Bukavu-Kindu : des embuscades systématiques tuent des centaines à l’arme blanche. Tingi-Tingi, en février-mars 1997, voit les forces AFDL/APR investir le camp de réfugiés, massacrant des centaines de civiles, y compris des enfants et des malades, à coups de machette, avant de bloquer toute aide humanitaire. Parallèlement, l’AFDL s’empare des zones minières, pillant coltan et or pour les acheminer vers Kigali.

En 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans son bureau à Kinshasa. Lors d’une réunion à Bruxelles en 2012, Théogène Rudasingwa, ancien secrétaire général du FPR et ex-directeur de cabinet de Kagame, a affirmé que ce dernier avait orchestré le meurtre afin d’éliminer un allié devenu gênant. Une thèse renforcée par le documentaire Meurtre à Kinshasa, réalisé par Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud, et diffusé par Al Jazeera en 2011. Cet acte aurait permis à Kagame de maintenir son emprise sur la RDC via Joseph Kabila. Les rapports de l’ONU de 2010 et 2025 qualifient les actions de Kagame en RDC de crimes de guerre, crimes contre l’humanité voire de génocide, tandis que le pillage des ressources congolaises, estimé à des milliards par des dissidents, enrichit l’élite rwandaise, bien loin des chiffres officiels.

De 1998 à 2003, le RCD, soutenu par Kagame, transforme l’est de la RDC en un enfer. Le massacre de Kasika, en août 1998, éclate après une embuscade Maï-Maï : les forces RCD tuent plus de 1 000 civils, certains brûlés vifs dans une église, d’autres mutilés à la machette, avec des viols systématiques pour terroriser. À Kisangani, des centaines de civils sont massacrés, des femmes violées devant leurs familles, des villages incendiés avec leurs habitants piégés à l’intérieur. En même temps, le RCD fait de Goma un hub du commerce illégal de minerais, exportant des quantités massives de coltan et d’or qu’il pille dans les mines de Walikale et de Masisi. Les Congolais sont réduits à l’esclavage, travaillant dans les mines sous la contrainte, tandis que les profits affluent vers Kigali.

Sous le CNDP, de 2006 à 2009, dirigé par Laurent Nkunda et soutenu par le Rwanda, la barbarie s’intensifie. Le massacre de Kiwanja, en 2008, voit plus de 150 civils tués, des pères contraints de violer leurs filles ou de tuer leurs fils sous peine de mort. Les enfants sont enrôlés pour combattre ou creuser, leurs vies sacrifiées pour la cause rwandaise. Parallèlement, le CNDP s’empare de zones riches en coltan, comme Rubaya, acheminant les minerais vers Kigali. En 2004, Jules Mutebusi, s’empare de Bukavu avec Laurent Nkunda. Human Rights Watch rapporte des viols généralisés, touchant même des fillettes de trois ans, souvent devant leurs familles, avec des objets insérés dans leurs corps pour mutiler. Bukavu devient une porte vers les mines du Sud-Kivu, riches en or et en cassitérite, transformant la ville en un hub de commerce illégal.

En 2012, le M23, soutenu par Kagame, capture Goma, semant la mort et pillant les richesses. Des populations sont massacrées dans des églises et d’autres brûlées vives, des viols avec insertion d’objets deviennent monnaie courante. Les rapports de l’ONU confirment que le Rwanda arme et dirige le M23, qui exporte 120 tonnes de coltan toutes les quatre semaines vers Kigali. Depuis 2022, le M23, renforcé par 3 000 à 4 000 soldats rwandais selon l’ONU, poursuit son carnage. À Kishishe, en novembre 2022, Amnesty International rapporte des dizaines de civils tués et violés, des femmes enceintes éventrées, des bébés écrasés dans des mortiers. Plus de 700 000 personnes sont déplacées en 2025, leurs villages rasés. En parallèle, le M23 contrôle Rubaya, le plus grand gisement de coltan, pillant à une échelle industrielle.

Un tyran sous le masque du héros

Paul Kagame a mis fin au génocide et relevé économiquement le Rwanda, mais à quel prix ? Un régime qui broie la liberté, massacre des civils en RDC de la manière la plus horrible qui soit pour asseoir son pouvoir, des millions de vies sacrifiées en République démocratique du Congo, et une répression qui s’étend bien au-delà des frontières. Les faits peignent un autocrate prêt à tout pour dominer. L’avenir du Rwanda oscille entre une modernité imposée et une démocratie étouffée, un défi que Kagame refuse de relever, préférant régner par la peur et le sang. Comme le souligne Michela Wrong, derrière le héros se cache un homme paranoïaque et violent, dont les trahisons se paient au prix fort, un portrait que les victimes, rwandaises et congolaises, ne peuvent oublier. Les chiffres sont accablants : plus de 10 millions de morts depuis 1996, 7,3 millions de déplacés en 2025, une nation privée de ses richesses et de son avenir. Tant que Kagame régnera, la RDC restera une proie, saignée par un tyran protégé par l’Occident.

Heshima

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International

Aux USA, Barnabé Muakadi vante le système fiscal congolais

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Devant les hommes d’affaires américains réunis à l’université George Washington, aux États-Unis, dans le cadre du Forum Invest in DR Congo, le directeur général des impôts, Barnabé Muakadi Muamba, a vanté le système fiscal de la République démocratique du Congo (RDC). Face à ces investisseurs, il a évoqué des avantages liés notamment à l’impôt sur la rémunération des expatriés.

Pendant que Washington et Kinshasa sont en cours de négociation d’un accord sur les minerais de la RDC, la Direction générale des impôts (DGI) ne reste pas les bras croisés. Son directeur général, Barnabé Muakadi Muamba s’est servi de la tribune de ce forum organisé le 22 avril 2025, à Washington, pour expliquer aux investisseurs américains le fonctionnement du système fiscal congolais très profitable aux opérateurs économiques. « Je vous invite à venir investir en RDC car il existe de nombreuses opportunités fiscales. Nous sommes là pour vous accorder ces avantages-là. Le vrai avantage concerne l’impôt sur la rémunération des expatriés. », a-t-il déclaré.

Barnabé Muakadi explique que bien qu’il soit un impôt indirect, « l’impôt sur la rémunération des expatriés est à la charge de l’entreprise. Cet impôt vise à décourager l’utilisation de la main-d’œuvre extérieure. Mais, quand une entreprise vient investir au pays, nous avons cette facilité de la lui accorder. » La DGI a prévu une réduction considérable (50%) du taux d’imposition pendant les dix premières années de l’entreprise en RDC. « Au lieu de payer 25 % pour cet impôt, elle ne devra payer que 12,5 %. Cet avantage lui sera accordé les dix premières années. Chers investisseurs, venez investir en RDC », a-t-il lancé.

D’autres avantages fiscaux ont aussi été mis en avant par Barnabé Muakadi. Il s’agit de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés (IERE). Une partie de l’IERE porte aussi sur la convention Gouvernement/pétroliers producteurs. D’autres avantages sont favorables aux investissements et à la croissance inclusive au pays. Un autre avantage pour des investisseurs étrangers, c’est celui de l’impôt sur le bénéfice et profits (IBP), l’impôt sur les revenus mobiliers, au taux de 10 % seulement, contre 20 % pour le régime de droit commun. Ces avantages sont assurés pendant les 10 premières années de la vie de l’entreprise. Le fisc a prévu un IM encore plus avantageux pour les pétroliers producteurs. Autre allègement, c’est la TVA dont le taux d’imposition a été divisé par deux, de 16 à 8% pour les distributeurs des produits pétroliers. La Direction générale des impôts (DGI) a accordé une exonération totale pour une décennie sur certains produits de consommation de base. La fiscalité du pays est davantage très attractive pour les expatriés qui investissent dans les zones économiques spéciales. Un grand avantage à saisir pour des investisseurs étrangers.

Des performances inégalées depuis l’indépendance

Devant ces investisseurs, Barnabé Muakadi a retracé les performances de sa régie fiscale. Depuis l’arrivée au pouvoir du président de la République, Félix Tshisekedi, la DGI a réalisé des performances inégalées. En six ans de gestion du pays par Félix Tshisekedi, les recettes ont été multipliées par cinq, voire par six. Jamais une telle performance n’avait été réalisée sous les présidents Kasa-Vubu, Mobutu et les deux Kabila (père et fils). « Regardez bien la courbe en bleu, ce sont les prévisions budgétaires et celles en orange, les réalisations de la DGI. De 2002 à 2018, voire jusqu’en 2019, les deux courbes se confondent. Il n’y a pas eu pendant cette période de mobilisation accrue. Cependant, dès l’année 2020, il y a une montée spectaculaire de recettes de l’État. En 2020, par exemple, la DGI a réalisé à elle seule les recettes de l’ordre de 1 milliard 800 millions de dollars. En 2021, 3 milliards 200 millions de dollars. En 2023, 5 030 000 000 USD et en 2024, 6 000 000 000 USD. », a vanté Barnabé Muakadi.

Pour lui, ces performances ne sont pas spontanées. C’est le résultat de la bonne gouvernance instaurée sous Félix Tshisekedi. « De 2020 à 2024, les recettes de l’État ont presque triplé. Cela n’est pas un fait du hasard, mais bien notre sens aigu du management et surtout le fruit de la bonne gouvernance telle que prônée par le chef de l’État, Félix Tshisekedi », a-t-il expliqué.

Heshima

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International

Conflits RDC-Rwanda : le dessous des cartes d’une désescalade rapide

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Après la signature le 23 avril 2025, au Qatar, d’un communiqué conjoint entre Kinshasa et le Mouvement du 23 mars affilié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda vont signer à Washington, ce vendredi 25 avril, une déclaration de principes bilatérales. Une signature qui couronne un processus de désescalade accéléré sous l’impulsion des États-Unis depuis plus d’un mois.

Ce matin, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a fait une annonce surprise : Kinshasa et Kigali vont signer une déclaration de principes sur la paix. Les responsables de la diplomatie de ces deux pays sont déjà présents aux États-Unis. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, représente la RDC et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, pour le Rwanda. Ce document vise à renforcer la coopération et la stabilité dans l’Est de la RDC, en proie aux conflits armés depuis plus de trois décennies.

Mais quel pourrait être le secret d’une telle accélération de ce processus de paix qui a pourtant plusieurs fois capoté entre Nairobi et Luanda ? Dans les coulisses de ce début de dénouement il y a le Qatar et les États-Unis. Doha a joué un rôle clé depuis le tête-à-tête réussi entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Après cette rencontre inattendue, les choses avaient commencé à s’accélérer. Un mois plus tard, Kinshasa et l’AFC/M23 ont dit, dans leur communiqué conjoint, vouloir « œuvrer à la conclusion d’une trêve ». Les deux parties ont également travaillé « en faveur d’une cessation immédiate des hostilités ».

Le Qatar s’impose depuis peu comme un médiateur de premier plan dans cette crise. Ce pays du Golfe s’est déjà montré performant dans ce domaine de médiation. Depuis le début de la guerre à Gaza, le Qatar joue un rôle majeur sur plusieurs fronts pour essayer avec les États-Unis et l’Égypte de mettre un terme à un conflit ayant causé plus de 40 000 morts. Doha entend également jouer un rôle décisif dans la résolution du conflit entre la RDC et le Rwanda.

Washington à la manœuvre

Derrière le Qatar, les États-Unis jouent le rôle de gendarme pour promouvoir la paix dans l’Est de la RDC. Un pays pour lequel il compte investir des milliards de dollars dans les minerais rares enfouis sous le sol congolais. Pour faire de la place à l’investissement, Washington a commencé par préparer le terrain à la paix. L’accord de paix qui sera signé entre Kinshasa et Kigali pourrait aussi prendre en compte une dimension économique. Selon les sources de l’agence Reuters, cette déclaration de principes concernera également le développement économique entre le Rwanda et la RDC. Ce qui sous-entend que dans le futur accord minier entre les États-Unis et la RDC, il pourrait y avoir une collaboration économique avec Kigali alors que les deux pays s’efforcent de mettre fin aux violences après une avancée des rebelles de l’AFC/M23 appuyés par le Rwanda.

Kinshasa reconnaît avoir consenti à des compromis

Pour le gouvernement congolais, la déclaration conjointe annonçant une volonté de trêve entre Kinshasa et l’AFC/M23 est une des conséquences des engagements souscrits par les deux Chefs d’État à Doha. « Le dialogue dont il est question ici, c’est le dialogue entre les signataires de la déclaration conjointe à savoir les experts du gouvernement et les délégués du M23. Nous avons fait un pas vers la paix. Le premier, celui du cessez-le-feu, a donné les résultats », a déclaré le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya. Ce dernier a avoué qu’un tel processus a nécessité des compromis. « Il faut considérer que la déclaration conjointe est une étape vers la paix. Considérons-nous tous que nous sommes dans un processus qui est sensible parce qu’on ne peut pas faire de paix sans compromis et là nous sommes engagés dans cette dynamique », a-t-il avoué. Avec la pression américaine derrière les acteurs clés dans cette crise, ce processus de paix prend désormais les allures d’un marathon diplomatique. Le porte-parole du gouvernement affirme que le médiateur va fixer d’autres rounds de discussion, probablement pour aborder les questions de fond et essayer de résoudre une bonne fois cette lancinante crise.

Heshima

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Élection du nouveau Pape : quelles chances pour les cardinaux africains ?

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Pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique romaine, le Vatican a eu un souverain pontife non européen : le Pape François. Son décès, lundi 21 avril 2025, ouvre inéluctablement la voie à sa succession. Et l’Afrique espère voir un cardinal issu du continent ceindre la tiare. Mais les cardinaux africains en lice ne sont pas considérés comme des favoris pour accéder au Saint-Siège. Cependant, parmi les noms qui circulent pour la papauté, on retrouve ceux du cardinal congolais Fridolin Ambongo, du Guinéen Robert Sarah, ainsi que du Centrafricain Dieudonné Nzapalainga.

Un Africain peut-il devenir le 267ème Pape de l’Église catholique ? C’est la grande question qui se pose sur les lèvres des nombreux Africains depuis l’annonce officielle du décès du Pape François, survenu lundi à 7h35, heure locale. En Afrique, deux noms circulent et pourraient être sur les « papabile », cette longue liste de prétendants au trône du Saint-Siège. C’est celui de Robert Sarah et de Fridolin Ambongo. Après le décès du Souverain pontife dont les obsèques se tiendront le samedi 26 avril, le Vatican prévoit un délai de 15 à 20 jours pour organiser le conclave au cours duquel les cardinaux électeurs auront la lourde tâche d’élire le successeur. Cela pourrait intervenir à la mi-mai 2025. En attendant, des noms circulent…

Fridolin Ambongo, un des moins âgés des électeurs

Né le 24 janvier 1960 à Boto, dans la province du Nord-Ubangi, Fridolin Ambongo Besungu, 65 ans, est devenu depuis 2019 une figure incontournable de l’église catholique en République démocratique du Congo et même dans une grande partie de l’Afrique. Créé cardinal par le Pape François en 2019, cet ancien évêque du diocèse de Bokungu-Ikela, situé dans la région du Grand Équateur, intègre un an plus tard le C9. Ce conseil des neuf cardinaux est chargé de conseiller le souverain pontife pour la réforme de la Curie romaine. Toujours en 2019, il va prendre la tête du plus grand archevêché du pays, celui de Kinshasa, une mégapole de 17 millions d’habitants avec une présence majoritaire des chrétiens catholiques. Il avait remplacé à ce poste l’éminent cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, devenu cardinal émérite avant son décès en 2021.
Depuis février 2023, Ambongo est le président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), une organisation qui regroupe les conférences épiscopales de l’ensemble du continent. Cela lui confère le statut de chef de file de l’épiscopat africain, étendant ainsi son influence jusqu’au Vatican. Durant le pontificat du Pape François, le cardinal Ambongo a également été l’un de ses proches collaborateurs. Il est cité parmi les cardinaux africains qui pourraient succéder à l’Argentin François. Mais il faudra convaincre tout au plus 17 cardinaux africains avant d’aller chercher l’électorat d’environ 118 autres cardinaux du monde. Malgré la proximité de Fridolin Ambongo avec le pape François, il n’a pas hésité à le contredire sur un sujet très sensible en Afrique, celui de l’homosexualité. En décembre 2023, la majorité des Églises du continent africain ont écrit une lettre au Pape, se désolidarisant de sa déclaration Fiducia Supplicans du dicastère pour la doctrine de la foi à Rome, autorisant la bénédiction des couples homosexuels. Des réserves qui seront personnellement apportées au pape par le cardinal congolais Fridolin Ambongo.

Robert Sarah, un opposant au Pape François

Né le 15 juin 1945 à Ourouss, en Guinée, Robert Sarah est un prélat catholique chevronné. À l’approche de ses 80 ans, ce réputé conservateur pourrait d’abord figurer comme électeur au conclave, afin d’élire un nouveau pape. Même si le Souverain pontife a toujours été choisi parmi les cardinaux électeurs, un critère pourrait handicaper Robert Sarah : son âge avancé. En effet, depuis des siècles, les papes sont choisis parmi les cardinaux électeurs, c’est-à-dire des hommes de plus de 18 ans et de moins de 80 ans qui sont déjà membres du « collège cardinalice ». Proche des milieux traditionalistes et membre de la Curie, le cardinal Robert Sarah a longtemps incarné l’opposition contre le pape François. Avec un conclave qui aura lieu à un mois de ses 80 ans, la candidature de Robert Sarah risque d’être sur le fil du rasoir.

Dieudonné Nzapalainga, un autre cardinal en lice pour la papauté

Né le 14 mars 1967 à Bangassou, en République centrafricaine, le cardinal Dieudonné Nzapalainga est l’un des prélats influents auprès du Saint-Siège. Fait cardinal en 2016 par le pape François, cet archevêque de Bangui garde de ce Souverain pontife l’image d’un « missionnaire infatigable ». Pour lui, le Pape François a été proche des pauvres et a exprimé ce qu’on appelle la miséricorde. Au conclave, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga reste l’un des 135 cardinaux qui éliront le prochain pape dans deux semaines à Rome. Des Africains espèrent le voir parmi les candidats à la papauté.

Comme avant chaque élection papale, les pronostics vont bon train depuis l’annonce du décès du Pape François. Et la voie ouverte par les cardinaux du conclave de 2013 pour élire un pape non européen permet aux Africains d’espérer voir un pape noir au Saint-Siège. Mais cette éventualité semble peu probable dans un avenir proche.

Heshima

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