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Dossier

2021, année de tous les enjeux!

L’année 2020 était considérée comme celle de l’Action en République Démocratique du Congo. Et même si la grande pandémie Covid-19 a fortement perturbé le cours des événements à travers le monde, entraînant un chapelet de changements sociaux, démographiques, écologiques et économiques, en RDC où les populations attendaient énormément de cette année, le pays a tout de même vibré au rythme de quelques actions mémorables. L’effectivité de la gratuité de l’enseignement, les premières heures de l’instauration de l’Etat de droit, la réforme de la justice, la déchéance du Bureau de l’Assemblée nationale et l’effritement de la majorité parlementaire que le Front commun pour le Congo détenait depuis 2019. Cependant, sans que les deux années soient mises en concurrence, l’année 2021 contrairement à 2020, n’a pas été annoncée tambours battants. Elle n’est pas reliée à une accroche et, pourtant elle est celle de grands événements dont les préludes ont été joués vers le dernier trimestre de l’année 2020.

La reconfiguration de la scène politique congolaise par la création de l’Union sacrée, les premiers pas de Joseph Kabila dans l’opposition, la réforme de la Ceni, les nominations à la tête des entreprises et la présidence de l’Union Africaine que va exercer Félix-Antoine Tshisekedi, une première historique pour la RDC. Voilà entre autres, la panoplie d’événements tant attendus en 2021.

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La reconfiguration de la classe politique congolaise

L’opposition n’est pas faite pour tout le monde, en tout cas c’est l’image que quelques cadres jadis pros Kabila comme Julien Paluku, sont en train de véhiculer. Depuis la déchéance de Mabunda, l’ancien gouverneur du Nord-Kivu multiplie des appels du pied au Président Tshisekedi marquant même son adhésion au sein de l’Union sacrée, avec comme premiers pas l’invitation au Premier Ministre et aux membres de son gouvernement à démissionner. Une série de sorties médiatiques qui n’ont pas amusé ses anciens camarades de la plateforme. 

Tour à tour, Patrick Nkanga Bekonda, conseiller de Ilunga Ilunkamba, et son épouse la sénatrice Francine Muyumba, ont attaqué l’actuel ministre de l’Industrie avec des mots pas très tendres.

Faire l’inventaire des troupes, entendre chaque député et chaque sénateur FCC en vue d’identifier et de comprendre les problèmes à l’origine du malaise régnant actuellement dans ce qui était présenté hier comme une machine politique à toute épreuve.

Modeste BAHATI LUKWEBO,
président de l’AFDC-A Informateur

 La veille de la nativité du Christ, le porte-parole du FCC, Alain Atundu Liongo a déclaré : « L’Union sacrée, ce projet FccCide n’est pas la voie idoine pour consolider la cohésion nationale. Bien au contraire, elle hypothèque dangereusement la cohésion nationale et la dignité du Congolais. » L’ancien patron des services de sécurité du temps de Mobutu traite l’Union sacrée de bâtard démocratique, un gâchis, un coup d’épée dans l’eau. Dans la foulée, il exige des députés Fcc ayant pris la route de l’Union sacrée de se signaler au Bureau de l’Assemblée nationale afin d’y être remplacés par leurs suppléants respectifs.

Cependant, au sein du FCC, certains cadres rassurent que la majorité ne s’est nullement effritée. La déchéance de Mabunda était l’expression d’un ras-le-bol exprimé dans les rangs mêmes du FCC sans que cela ne devienne une mission réussie pour Félix Tshisekedi. La nouvelle majorité parlementaire ne lui est pas encore acquise de facto. C’est d’ailleurs dans cette perspective que Joseph Kabila sur le corps, tente de remobiliser ses troupes en mettant en place une équipe dirigée par Raymond Tshibanda Tunga Mulongo en vue d’écouter les élus FCC, déterminer les raisons de leur expression de rasle-bol et savoir surtout comment y remédier pour barrer le passage au train Tshisekedi, qui avance pour gérer selon sa vision. Il est évident qu’en quête de grâces, quelques membres du FCC traversent du côté Tshisekedi au détriment de Kabila, ainsi, le puzzle sera refait de part et d’autre sans tomber dans le qui « trop embrasse mal étreint ». Les nouvelles recrues ne devraient pas mettre à mal les anciens membres, les fidèles, les loyaux, ce qui pourra rendre vulnérable même le camp s’estimant dorénavant fort.

Gouvernement-Entreprises publiques : la poule aux œufs d’or !

« Depuis la mort de Mzée Laurent-Désiré Kabila, une dictature s’est installée au Congo, l’Udps a tenté d’appliquer la force pour la chasser, nous avons fait de même. Maintenant si le Président Tshisekedi est au pouvoir, c’est grâce au travail que nous avons fourni, il faut qu’il se rappelle de nous. Une grande personnalité comme moi ne doit pas être chômeur. Qu’on me nomme PCA d’une grande entreprise basée dans le Kongo Central ou ministre du nouveau gouvernement », a déclaré Ne Mwanda Nsemi, le leader du parti politique Bundu dia Mayala au micro de la radio Top Congo. Une question de récompense du fait des combats entrepris politiquement, telle est la crainte concernant l’attente de la nouvelle gestion que d’aucuns présentent comme salvatrice d’un Congo dans un coma profond depuis des décennies. L’informateur Modeste Bahati n’a que peu de jours pour la détermination de la majorité parlementaire reconfigurée ou pas, préalable avant la mise en place du nouveau gouvernement qu’il pilotera peut-être.

Moïse KATUMBI CHAPWE, président de Ensemble pour le Changement 

 Après un échec cuisant du gouvernement Ilunkamba dont le bilan ne sait être présenté, les attentes vis-à-vis de la prochaine équipe sont grandes : redresser l’économie, éradiquer l’insécurité à l’Est du Congo, endiguer la crise sanitaire due à Ebola et à la Covid-19, préparer les élections de 2023 et doter la RDC d’un budget à la hauteur de ses potentialités. Avec des opposants intraitables à l’exemple de Martin Fayulu, candidat malheureux à la dernière présidentielle et Joseph Kabila, leader du FCC défait, la machine Tshisekedi n’a pas droit à l’erreur. Elle devra convaincre déjà par sa composition et par le fond de son travail. Le fait d’avoir Modeste Bahati comme potentiel Premier Ministre annonce un gouvernement séduisant connaissant la qualité et les valeurs dont regorge le leader de l’AFDC.

Ainsi, il ne serait pas impossible de bénéficier d’un gouvernement six étoiles auréolé d’un Jean-Marc Kabund en remplacement de Gilbert Kankonde à l’Intérieur où sa rigueur et son expérience d’homme populaire peuvent être mises à contribution. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba devenus désormais alliés de taille de Félix Tshisekedi seraient assurément récompensés par des portefeuilles aussi juteux que stratégiques non pas pour eux-mêmes, mais pour leurs poulains. Le retour d’un Olivier Kamitatu au ministère du Plan dont il maîtrise les rouages pour avoir été son animateur sous Kabila entre 2011 et 2015 n’est pas à exclure, un Francis Kalombo au ministère de l’Information ou encore à la Justice est attendu. Ce dernier, autrefois chantre de Joseph Kabila n’avait jamais été récompensé d’un portefeuille que certains ont présenté comme principale raison de sa défection.

Jean Pierre BEMBA GOMBO,
président du MLC

Du côté de Jean-Pierre Bemba, il est possible que ce soit de nouvelles têtes aux mains sans tâches qui viennent au-devant de la scène. Le jeune député national du MLC, Daniel Mbau a séduit son monde tant par sa verve oratoire que par la pertinence de ses interventions ; avocat réputé, il pourrait aussi prétendre au ministère de la Justice.

En parlant de la jeunesse, le Président Tshisekedi a montré tout son intérêt pour la jeune élite de son pays. Il pourra faire monter Ted Beleshayi à la place d’Acacia Bandubola au ministère de l’Economie nationale, maintenir Junior Mata aux Finances comme titulaire ou adjoint alors que l’UNC Baudoin Mayo conservera peut-être le Budget.

S’agissant des entreprises publiques, la deuxième vague de nominations est attendue et cette dernière concerne les gros poissons, les poules aux œufs d’or de l’économie congolaise. Le pourvoyeur des partis politiques, des campagnes électorales ne sont nullement les portefeuilles ministériels, mais les entreprises publiques. Plus d’une année, des gens et courtisans se promènent soit à Limete soit à la Cité de l’Union africaine ou se contentent de rabâcher des oreilles par des appels téléphoniques depuis l’Europe espérant glaner un poste de directeur général ou d’adjoint dans des entreprises stratégiques comme la Caisse nationale de sécurité sociale, la Société nationale d’électricité, la Regideso, l’Ogefrem, la Dgda, la Dgrad, etc. Qui aura quoi, pourquoi, comment et avec quel apport réel et direct sur l’intérêt général ? Les prochains jours sauront mieux répondre à ces questions. Voilà à quoi ressemblera donc l’année 2021 pour la République Démocratique du Congo, mieux qu’une année de l’Action, une année des attentes.

 Les Gouverneurs de Provinces au garde à vous !

La septième Conférence des gouverneurs de provinces qui s’est tenue du 27 au 29 décembre dans la salle de réunion du Palais de la Nation, à Kinshasa est considérée comme le point d’orgue d’événements politiques organisés en 2020. Si ces assises n’ont pas eu directement un message évocateur, le thème choisi : « la gouvernance des provinces dans l’environnement démocratique actuel : défis et opportunités » revêt, quant à lui plein de sens à quelques jours de la mise en place effective de l’Union sacrée de la Nation, telle que l’a décidée Félix Tshisekedi au sortir des consultations présidentielles.

Faut-il rappeler que la Constitution de la RDC institue la décentralisation, ce modèle de gestion qui consiste pour le pouvoir central de transférer une partie de ses prérogatives à des entités dites territoriales décentralisées ? Celles-ci jouissent d’une personnalité juridique leur conférant dans la foulée une autonomie de gestion. Et si d’aucuns voyaient en la décentralisation un risque latent de balkanisation dans la mesure où les animateurs des provinces même s’ils ne sont qu’élus au suffrage indirect sont avant tout de grands leaders d’opinion, populistes à l’exemple aujourd’hui de Richard Muyej, Jacques Kyabula, Atou Matubuana ou encore Jean Muteba comme ce fut le cas, autrefois sous Kabila, de Moïse Katumbi, André Kimbuta, etc. Remettre la gestion quotidienne à des politiques de la trempe des précités constitue réellement un risque à prendre.

Joseph KABILA K. autorité morale du FCC,
président honoraire de la
République Démocratique du Congo

Ainsi donc, avec la coalition Front Commun pour le Congo et Cap pour le Changement désormais dans les oubliettes, la majorité jadis acquise au FCC à l’Assemblée nationale et dans les assemblées provinciales, il était plus qu’impérieux pour le cinquième Président congolais de procéder au rappel des troupes sachant avec pertinence que la quasi-totalité des vingt-six gouverneurs de provinces étaient des pros Kabila. Et même si trois de ces gouverneurs à savoir, Jean Bamanisa, Atou Matubuana, le gouverneur du Sankuru, ont nargué leurs assemblées provinciales et les mots d’ordre de Kingakati demandant leur éviction, la majeure partie de ceux-ci déclarent encore leur loyauté au FCC.

Le Président congolais a profité de la septième Conférence des gouverneurs des provinces pour rappeler à ses invités que l’intérêt général, le salut du peuple demeurent l’objet de sa politique en lieu et place de l’individualisme ou encore de l’égoïsme politique conduit par les colorations politiques. Il a informé avec insistance sur sa volonté de mettre en place l’Union sacrée de la Nation pour laquelle il sollicite l’apport de toutes les forces représentatives dont font partie les gouverneurs de provinces, eux qui sont en contact permanent avec les problèmes de la société et qui sont mieux placés pour proposer des solutions au développement intégré. En deux jours de travail, les animateurs des 25 provinces ont lu une motion de soutien total à Félix Tshisekedi et à l’Union sacrée. Assez pour comprendre que le message est passé et que rien ne peut faire obstruction à l’Union sacrée à travers le pays aux superficies continentales.

Réformes importantes, la Céni en ligne de mire !

 Le 06 décembre 2020, le Président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a présenté les conclusions issues des consultations nationales qu’il avait initiées à Kinshasa du 02 au 25 novembre de la même année. Un discours globalisant qui a fait l’effet d’une bombe tant il a été dans le sens de tous les secteurs de la vie avec dans sa gibecière une série des réformes dont les plus importantes sont d’ordre politique et électoral :

  • opérer, sur la base d’un large consensus, des réformes constitutionnelles portant sur le mode de scrutin ou le seuil minimum aux élections législatives nationales, la rétrocession aux provinces afin de rendre effective la décentralisation, la loi sur la nationalité afin de permettre aux nombreux concitoyens de la diaspora de conserver, selon le cas, la nationalité congolaise d’origine ;
  •  ouvrir un débat en vue de la réintroduction de l’élection présidentielle au suffrage universel direct à la majorité absolue (2 tours) et, le cas échéant, verrouiller ces dispositions dans une révision constitutionnelle ;
  • réhabiliter les partis politiques dans leur rôle de principaux moteurs de la démocratie et acteurs de la vie parlementaire, en lieu et place des regroupements politiques, conformément à l’esprit et à lettre de la Constitution, notamment son article 6 ;
  •  réduire la taille du gouvernement ;
  • accorder à chaque groupe parlementaire constitué au sein des  2 chambres, des plages horaires gratuites et équitables au sein de la chaine de télévision publique parlementaire, pour y défendre ses opinions, idées ou activités ; 
  • en 2023, organiser les premières élections locales en même temps que les élections nationales ;
  • changer le mode de scrutin des Gouverneurs de provinces et des Sénateurs ; 
  • accélérer la désignation du porte-parole de l’opposition ;
  •   Supprimer le Ministère de la Décentralisation et réintégrer sa fonction au sein du Ministère de l’Intérieur ;
  • dépolitiser l’Administration du territoire en privilégiant les critères d’ancienneté et de compétence dans les nominations des administrateurs des territoires, ainsi que la promotion des non originaires ;
  •   procéder à l’identification des citoyens congolais et étrangers résidents, et délivrer les nouvelles cartes d’identité sécurisées avant fin 2022 ; 
  • assurer le vote pour les congolais de l’étranger aux prochaines élections nationales ; 
  • créer des sièges pour les congolais de l’étranger à l’Assemblée nationale ; 

Des réformes importantes qui vont sans nul doute donner un coup de rabot à la politique congolaise tant décriée dans le monde suite à sa démocratie jugée de parodie. Une façon pour Félix Tshisekedi de danser au rythme du G13, ce collectif de treize parlementaires et personnalités politiques du Congo, qui plaidait depuis juillet 2020 pour des réformes en profondeur de la centrale électorale de la RDC, en lieu et place de procéder directement à la nomination de Ronsard Malonda comme président de la Ceni en remplacement de Corneille Nangaa Yobeluo, l’homme par qui est venu l’alternance politique historique. Fin juillet 2020, Félix Tshisekedi avait refusé d’entériner la désignation de Ronsard Malonda par une ordonnance. Même si à cette époque, répondant à une correspondance de l’Assemblée nationale à ce sujet, le locataire du Palais de la Nation avait évoqué un manque de soubassement, l’idée première dans la tête de Fatshi était celle de conditionner toute action électorale par une série des réformes profondes. Si hier, l’alliance avec le FCC majoritaire au Parlement était une grosse écharde, à ce jour, plus rien ne peut empêcher la machine de débouler calmement.

La RDC au sommet de l’Afrique !


Félix-A. TSHISEKEDI
président de la République Démocratique du Congo

Il y a deux ans, au mois de février 2019, Félix Tshisekedi participe à son premier sommet de l’Union africaine. Lors de ces assises historiques, le Président Fatshi va être davantage gratifié en se voyant élire deuxième vice-président de l’instance continentale avec comme conséquence l’occupation du poste de président en 2021. Pour la RDC c’est une histoire qui s’écrit en belles lettres.

 

C’est pour la première fois que le pays de Lumumba exerce la présidence. Deux ans après, le rêve d’autrefois tend à se réaliser. Cela n’est plus qu’une question de jours. Le 03 décembre 2020, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a reçu en audience, Monsieur Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine. Cette rencontre était relative à la préparation de la présidence de l’Union Africaine que s’apprête à exercer le Président Tshisekedi, à l’issue de l’Assemblée générale ordinaire qui se tiendra à Addis-Abeba en février 2021.

Juste après, le cinquième Président congolais s’est entretenu avec le panel qui va accompagner son mandat à la tête de l’instance continentale. Qu’attendre de la RDC ? Le Président Tshisekedi y a répondu lors de son message de vœux la nuit du 31 décembre 2020. 

Pour madame Winnie B, Directrice de l’ONU/Sida ; Félix Tshisekedi devra, en sa qualité de Président de l’UA, militer pour que l’Afrique obtienne rapidement le vaccin contre la Covid-19. Tandis que Macron a rassuré son homologue congolais lors d’un appel téléphonique, de son soutien à l’Union africaine pour le développement du continent.

HESHIMA

Dossier

ETAT DE DROIT LA PRIMAUTÉ DES RÈGLES IMPERSONNELLES

Vent debout contre les règles personnelles qui ouvrent la porte à la prédation, laquelle laisse la population congolaise dans la misère la plus indescriptible, cet enseignant a exposé sur les défis de l’Etat de droit dans la bonne gouvernance et l’assainissement des finances publiques.

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 A quand les relations Nord-Sud dominées par ce qu’on appelle des règles impersonnelles ? Telle est la question que M. Lumpali s’est d’emblée posée. En bon scientifique, l’orateur a développé son sujet en se référant à plusieurs grands principes et théories d’éminents auteurs.

Les règles impersonnelles

Le professeur Lumpali estime que les règles  de jeu déterminent les comportements des joueurs. Pour lui, lorsque les règles de jeu sont ouvertes, cela peut induire des collaborations positives… « Quand on parle de la RDC, pour bien décoder les agissements de tous les acteurs qui sont devenus des brebis galeuses que l’IGF doit amener au droit chemin, …il faut bien pénétrer leur motivation », pense-t-il. La question centrale serait, a-t-il enchaîné, celle du rôle des institutions et de l’application des règles qui sont les plus déterminants pour engager des modifications profondes au sein du corps social. 

En guise d’illustration, Alex Lumpali évoque la pensée d’un auteur, selon laquelle le corps social est comparable au corps humain et pour l’appréhender il faut tout naturellement avoir une très bonne connaissance de la biologie (les institutions) car ses règles sont exactement comme celles de tous les mécanismes biologiques qui permettent au médecin de mieux comprendre le malade, d’établir la prescription médicale qui soit la plus efficace possible. « Autrement dit, si on ne maitrise pas les règles dans une société, il est impossible de penser, voire d’apporter la solution aux maux qui se posent à cette société-là », a-til expliqué.

Le triomphe de la cupidité

Par ailleurs, M. Lumpali fustige ce qu’il qualifie de triomphe de la cupidité, du titre du livre de l’économiste américain Joseph E. Stiglitz. Le triomphe de la cupidité, a-t-il explicité, veut que les règles soient taillées sur mesure pour protéger les intérêts de quelques personnes. « Ce n’est pas anodin de rappeler que dans certains pays vous avez des chefs d’Etat  qui, avant d’arriver au terme de leur mandat, modifient parfois des normes y compris au niveau de la constitution et s’assurent au travers des règles plus ou moins en leur faveur, un départ serein les protégeant contre des actions politiques pour lesquelles ils devraient se retrouver en face de la justice », a-t-il pris comme exemple. D’où, il affirme qu’il existe en économie une très belle théorie dénommée la théorie des jeux. Elle détermine comment les joueurs se comportent dans un environnement donné.

 La question fondamentale, d’après lui, est que ceux qui gouvernent doivent être disposés à accepter eux-mêmes les règles, sinon créer des règles qui soient de nature à promouvoir le progrès, et pas seulement dans le domaine économique parce que le progrès doit également être social. « Est-ce que ceux qui gouvernent sont disposés à se soumettre à ces règles ? » questionne-t-il. « Je ne dis pas que c’est l’IGF qui est censée engager la modification des règles dans la société. Certes, ses pratiques à travers des expériences accumulées pourraient inspirer le Parlement qui a pour rôle de produire des lois à même de tenir compte de ses aspects relevés sur le terrain pour légiférer en la matière », a-t-il nuancé.

Nécessité d’élaborer des lois impersonnelles

Le professeur Lumpali a insisté sur la nécessité de voir les règles impersonnelles prendre le dessus. « Les règles impersonnelles doivent prévaloir sur les règles personnelles et ce sont ces règles impersonnelles qui en réalité visent la mission première de l’Etat. Il y va quand même de l’intérêt collectif », a-t-il avancé. Il faut que les lois, a-t-il insisté, transcendent les égocentrismes des uns et des autres, qui poussent parfois à une forme de tyrannie de prédation, sinon à imposer des institutions qui sont inopérantes. « Il faut que ces lois soient connues, il faut que personne n’y échappe, elles doivent s’appliquer réellement. Je crois qu’on est en train de faire du chemin mais je ne peux pas dire que ces lois s’appliquent réellement », a-til conclu.

Changement de mentalités

 Par ailleurs, il a appelé à la réflexion sur les mentalités des citoyens. « Il existe des mentalités, peut-être, qui ont été générées par des systèmes de prédation depuis des longues années, mentalités qui se sont érigées en habitudes et qui sont difficiles à modifier », a-t-il fait remarquer avant de regretter : « On va jusqu’à considérer que le niveau de la corruption est corrélé à une dimension instrumentale de la personne humaine c’est-à-dire reposant fondamentalement sur les traditions, les us et coutumes ».

Etat de droit 

Avant de clore son propos, le professeur Alex Lumpali a abordé la question de l’Etat de droit « Le sphynx (surnom donné à Etienne Tshisekedi, Ndlr) de Limete (sa commune de résidence, Ndlr) a forgé ce concept jusqu’au plus profond, je crois, de chacun de nous », a-t-il affirmé. Fondamentalement, a-t-il enchaîné, l’Etat de droit signifie que les pouvoirs publics doivent exercer leurs fonctions dans les balises définies par l’ensemble de normes juridiques. En d’autres termes, la loi est au-dessus des considérations des uns et des autres.

 Hubert MWIPATAYI

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Diaspora

REDEVABILITÉ DEVANT LA DIASPORA COMPRENDRE L’ENJEU DE LA CONFÉRENCE

Depuis trois ans, l’Inspection générale des finances (IGF) mène un combat acharné contre le détournement des finances publiques en République démocratique du Congo. Les résultats de cette lutte initiée par le président de la République, Félix Tshisekedi, devaient être vulgarisés auprès des Congolais vivant en dehors du pays. Explications.

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La conférence-débat organisée du 26 au 27 octobre 2023 à l’Université Libre de Bruxelles, en Belgique, a permis à l’IGF d’éclairer les Congolais de la diaspora vivant en Europe sur le travail réalisé par son institution ainsi que ses retombées notamment dans le domaine de l’amélioration du climat des affaires. 

L’objectif de ces assises, d’après les organisateurs, était de mettre en lumière les efforts déployés par l’IGF dans la lutte contre la corruption, en plus de démontrer le niveau d’implémentation de la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques et les résultats obtenus.

Ayant pour thème « Les avancées de la lutte pour l’instauration de la bonne gouvernance publique en République démocratique du Congo », cette conférence qui a sensibilisé la diaspora sur la détermination à relever le pari de la bonne gouvernance au pays a connu la participation de l’orateur principal, Jules Alingete Key, inspecteur général des finances-chef de service de l’IGF. 

Outre lui-même, d’autres panélistes s’y sont succédés dans leurs différentes interventions pertinentes. Il s’agit de Christian Ndongala, ambassadeur de la République démocratique du Congo en poste au Benelux (Belgique, Nederland et Luxembourg) ; Bertin Mampaka, sénateur belge ; Alex Lumpali, professeur en sciences économiques et gestion à l’Université de Namur (Belgique) ; Al Kitenge, stratège et expert en innovations économiques, David Hotte, chef d’équipe de l’EU Global Facility, Projet AML/CFT ainsi que Junior Mbuyi, expert financier international et CEO du groupe JPG Consulting Partners. 

La République démocratique du Congo a en effet été confrontée à la mauvaise gouvernance, laquelle a eu un impact négatif considérable sur le développement du pays et partant sur le bien-être de la population. Fort heureusement, depuis maintenant plus de deux ans, l’Inspection générale des finances, service spécialisé d’audit supérieur relevant de la Présidence de la République, s’est montrée intraitable dans le combat des antivaleurs liées à la gestion des finances publiques et autres biens de l’Etat. Ce travail est mené de main de maître par l’inspecteur général des finances-chef de service, Jules Alingete, avec l’aide de ses différentes brigades à la tête desquelles sont placés des inspecteurs généraux des finances.

 L’exercice réalisé en 3 ans par cette équipe nécessitait d’être vulgarisé auprès de la majorité des Congolais, singulièrement ceux de la diaspora dont l’éloignement physique avec la mère patrie constitue un facteur de déphasage par rapport à l’évolution de plusieurs réalités. Ainsi, la conférence-débat organisée à Bruxelles était particulièrement indiquée-un exercice de redevabilité qui se marie mieux à la ligne politique du président de la République mise en place dès le début de son mandat visant à échanger avec des Congolais partout où ils se trouvent. Cette conférence a aussi donné l’occasion aux membres de la diaspora congolaise d’Europe de s’exprimer, en donnant leurs avis et considérations au sujet de la gestion des finances publiques de leur pays d’origine.

Intérêts des assises 

Avec l’engouement qui a suivi les exposés des panelistes, la conférence-débat était une grande opportunité de sensibilisation d’un large public sur ce qui a été fait par rapport à  la lutte contre la mauvaise gestion des finances publiques et la corruption en RDC. Cette activité qui a suscité un intérêt particulier, a permis de mettre en exergue les résultats probants acquis par l’Inspection générale des finances dans sa lutte. Une tâche de gendarme financier largement saluée qui a occasionné l’augmentation du budget national, passant de 5 milliards de dollars en 2019 à plus de 16 milliards en 2023. 

Ces assises ont permis aussi de présenter les actions et les stratégies instaurées par l’Inspection générale des finances ; de partager les expériences réussies et les leçons apprises pour servir de référence à d’autres pays et institutions qui cherchent à améliorer la gestion de leurs finances publiques ; d’encourager la collaboration entre les acteurs nationaux et internationaux, y compris les membres de la diaspora. Cette activité, a eu aussi le mérite de permettre au public de la diaspora de poser toutes les questions possibles au patron de l’IGF sur la gestion des finances du pays.

Publics cibles et thématiques

 Cette conférence de deux jours a ciblé plusieurs acteurs, principalement des Congolais de la diaspora ; des officiels congolais avec à leur tête l’ambassadeur de la RDC en poste à Bruxelles, des responsables de la gestion des finances publiques, des investissements  et de l’amélioration du climat des affaires, en ce compris des acteurs de la société civile engagés dans la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance. Elle visait aussi des experts en finances publiques, des universitaires et des chercheurs travaillant sur les questions liées à la gestion des finances, mais aussi des potentiels investisseurs. 

Quant aux thématiques exploitées, la conférence a eu à débattre des stratégies et des actions instituées par l’Inspection générale des finances pour lutter contre la corruption et promouvoir la transparence dans la gestion des finances publiques, relever les défis spécifiques auxquels fait face la RDC dans la gestion des finances ainsi que les approches pour les surmonter. Il convient également de citer celles se rapportant aux bonnes pratiques en matière de contrôle financier, de détection de la corruption et de prévention des malversations, aux perspectives et aux recommandations pour renforcer l’assainissement des finances publiques en RDC, sans oublier des thèmes comme l’accompagnement de l’Union européenne dans la lutte contre la corruption en RDC ainsi que des sujets qui touchent à l’apport de la diaspora congolaise à son pays d’origine.

Heshima

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Dossier

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL AUX RÉFORMES INSTITUTIONNELLES LA VISITE D’UN MINISTRE, 30 ANS APRÈS…

Le Ministre d’État, Ministre de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles, Eustache Muhanzi, a palpé du doigt les conditions difficiles de travail au Secrétariat Général aux Réformes Institutionnelles et à la Cellule Technique d’Appui à la Décentralisation (CTAD).

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C ’est une visite peu habituelle pour le personnel affecté aussi bien au Secrétariat Général aux Réformes Institutionnelles qu’à la Cellule Technique d’Appui à la Décentralisation. Par cette descente inattendue du Ministre d’Etat, pour ces fonctionnaires et agents, un vent nouveau souffle sur ce secteur-clé de la décentralisation et des réformes institutionnelles. « La journée de ce 15 août, je l’ai consacrée à inspecter la Cellule Technique d’Appui à la Décentralisation et l’administration des Réformes Institutionnelles. J’ai eu à palper de mes doigts et à voir de mes yeux les réalités de ces deux services et à m’imprégner de leurs difficultés de travail », a déclaré devant la presse le Ministre d’Etat, Eustache Muhanzi, au terme de sa revue.

 Au Secrétariat Général aux Réformes Institutionnelles, première étape de cette visite, Eustache Muhanzi a insisté sur la performance, la compétence et le professionnalisme de son administration. A la Cellule Technique d’Appui à la Décentralisation, dirigée par le Coordonnateur Makolo Jibikilay, deuxième et dernière étape de sa tournée, le Ministre d’Etat a rappelé l’étendue de la mission dévolue à cette structure, à savoir : le suivi et l’application des décisions du Comité Interministériel de Pilotage, de Coordination et de mise en œuvre de la Décentralisation. 

S’agissant des conditions difficiles de travail qu’il a eu à remarquer, le patron de la Décentralisation et des Réformes Institutionnelles a rassuré les agents de sa volonté et de sa détermination d’apporter des réponses idoines à leurs préoccupations. « Je promets à la CTAD et au Secrétariat Général aux Réformes Institutionnelles de me battre pour faire face aux défis, afin que la décentralisation soit effective demain, et que toutes les réformes envisagées notamment par notre Constitution soient concrètement réalisées,” a ajouté le Ministre de tutelle.

30 ans après, une visite…

Au contact du Ministre d’Etat Eustache Muhanzi avec ses collaborateurs, une émotion était perceptible dans le chef des agents et cadres du Secrétariat Général. La Secrétaire Générale, Colette Mata Ngosenganya, a révélé que c’était la première fois, après plus de 30 ans, qu’un Ministre se rendait au Secrétariat Général aux Réformes Institutionnelles. « Votre présence dans nos murs démontre l’importance que vous accordez à notre administration qui est restée mal connue, à la remorque des autres, sans être utilisée, moins opérationnelle et qu’un Ministre de tutelle visite pour la première fois », a affirmé Colette Mata, visiblement émue.

 Heshima

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