Nous rejoindre

International

Ces étoiles éteintes en 2020

La vie, la mort, voilà deux circonstances inhérentes à l’être humain au point qu’elles ne sont plus présentées comme une hécatombe, mais une finalité qui n’épargne personne. L’année 2020 a, toutefois, le mérite d’être celle au cours de laquelle la terre a dénombré des millions de morts, et ce, en un temps record.

Une mort naturelle due à l’âge ou des suites de la pandémie à Covid-19, de nombreuses personnes ont quitté la terre des hommes parmi lesquelles des célébrités et de grandes icônes de la vie sociale, politique, sportive et culturelle.

Dans les lignes qui suivent, Heshima Magazine rend un vibrant hommage à ces dignes fils qui ont marqué d’une empreinte indélébile l’histoire.

Published

on

Les leaders politiques

 

Mamadou Tandja (1938-2020) :

Ancien chef militaire, il a mené de grandes expéditions de l’armée nigérienne dont la répression de la révolte touarègue sous le Président Ali Salibou dont il a aussi été ministre de l’Intérieur. Après la mort du président Salibou, Mamadou Tandja tentera vainement de prendre le pouvoir lors de la Présidentielle de 1993 et celle de 1996. C’est finalement en 1999 que Mamadou Tandja réussira à saisir les commandes du Niger après avoir remporté le deuxième tour de la présidentielle face à Mahamadou Issou – fou. Il exercera deux mandats soit de 1999 à 2004 et de 2004 à 2009, c’est en voulant modifier la Constitution pour prolonger son bail de trois années qu’il sera déposé par l’armée et placé en résidence surveillée avant d’être finalement transféré à la prison de Kollo. La Justice nigérienne ayant abandonné ses charges contre lui, M. Tandja sera libéré en 2011. Il est mort à Niamey au Niger, le 24 novembre 2020.

Pierre Nkurunziza (1964-2020) : 

Né le 18 décembre 1964 à Ngozi dans le Burundi, d’un père Hutu et d’une mère Tutsi, Pierre Nkurunziza était le chef d’un groupe armé hutu avant de se muer en homme politique et de prendre le pouvoir à la présidentielle de 2005. Il sera réélu en 2010 et en 2015 son dernier mandat qu’il achèvera complètement en passant la main au Président actuel, Ndayshimiye. Alors que la pandémie à Covid-19 commence à faire des premières victimes en Afrique, Pierre Nkurunziza n’y accorde aucun crédit affirmant que ce virus mortel n’existe pas dans son pays et préconise même un traitement traditionnel en cas de contamination. Lorsqu’il meurt au mois de juin de suite d’une crise cardiaque, des sources familiales affirment que l’homme de 55 ans était en détresse respiratoire avant de rendre l’ultime souffle. Un symptôme de la forme sévère de Covid-19 qui porte à croire que l’ancien chef de l’Etat burundais aurait peut-être été atteint par une maladie dont il niait l’existence. Les Burundais gardent de lui l’image d’un Président chrétien, sportif dont le premier mandat était caractérisé par la paix dans le pays.

Pierre Buyoya (1949-2020) : 

Ancien président burundais, il a dirigé ce pays à deux reprises, de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003. Il sied de noter que ses deux mandats présidentiels, Pierre Buyoya les a obtenus par des coups d’Etat. C’est finalement sous l’égide de Nelson Mandela que cet ancien officier burundais devenu homme d’Etat, signera le 28 août 2000 un accord de Paix à Arusha lequel va ouvrir les chemins de la démocratisation du Burundi. Il cèdera le fauteuil présidentiel en 2003 à Domitien Ndayizeye. Retiré de la vie politique active, Pierre Buyoya était hospitalisé, au tout début du mois de décembre à Bamako, la capitale malienne. Le diagnostic était clair, l’homme de 71 ans était atteint du nouveau coronavirus et placé aussitôt sous respirateur artificiel. Suite à la dégradation de son état, un avion médicalisé sera mis à sa disposition pour le conduire à Paris. C’est à son arrivée dans la capitale française que Pierre Buyoya rendra l’âme. Il n’avait même pas franchi le seuil du centre hospitalier devant le prendre en charge.

Jerry Rawlings (1947-2020): 

Sa beauté, son charme et sa bonne humeur en permanence contrastaient sans cesse avec sa casquette d’homme de l’armée et celle d’un politique invétéré. Et pourtant ce métis né à Accra est considéré comme l’acteur principal de la démocratisation du Ghana. Il prend le pouvoir après un putsh en 1979, il met le Ghana sur orbite par la modernisation des zones rurales, il ralentit la récession à laquelle était confronté son pays, grâce au prêts et aux investissements des capitaux privés, il redresse son économie. Sur le plan politique, il instaure le multipartisme au Ghana et organise deux Présidentielles démocratiques, libres et transparentes dont il est successivement sorti vainqueur. Il cèdera logiquement la présidence après son deuxième mandat tel qu’exigé par la Constitution. Cependant, il se battra bec et ongle en toute démocratie pour que son Vice-Président John Atta Mills soit élu Président du Ghana, ce qui fut fait. Devenu une icône pour toutes les tendances politiques ghanéennes, Jerry Rawlings meurt à l’hôpital universitaire de Korle-Bu d’Accra au Ghana.

Valéry Giscard d’Estaing (1926- 2020):

 “Laissez les choses basses mourir avec leur propre poison”, cette célèbre phrase, VGE l’avait lancé vers la fin de son mandat lorsqu’il est cité dans une affaire de diamant centrafricain. Principal parrain de l’empereur Bokassa qui est accusé de piller la Centrafrique de ses maigres ressources, Giscard d’Estaing nie en bloc son implication dans la mégestion de Bokassa. Cela aura forcément une incidence sur la Présidentielle de 1981 que VGE perdra face à François Mitterrand, le même qu’il avait pourtant battu en 1974 devenant le plus jeune Président français à l’âge de 48 ans. L’héritage de Valéry Giscard d’Estaing est composé de son combat pour la création du G7, la relance du nucléaire en France et les premières heures du développement du projet TGV. A sa mort VGE était membre à vie du Conseil Constitutionnel.


Sindika Dokolo (1972-2020): 

Avant Sindika, le patronyme Dokolo était intimement lié à la personne d’Augustin Dokolo, grand homme d’affaires, premier entrepreneur congolais d’envergure ayant œuvré dans la banque, l’automobile, l’alimentaire, l’immobilier, l’aviation, etc. Sindika Dokolo son fils, quant à lui, a fait son apparition en RDC vers les années 2015, 2016 jusqu’à sa mort en 2020, son nom restera dans toutes les bouches. Aux antipodes de son père qui n’était qu’entrepreneur, Sindika est connu pour ses sorties politiques notamment grâce à son mouvement « les congolais debout » qui lui permettait de faire entendre sa voix en dénonçant les injustices sociales en RDC son pays natal. Lui qui s’est installé depuis des années en Angola où il convolait en justes noces avec Isabel Dos Santos, fille de l’ancien président Eduardo Dos Santos, avait gardé des liens forts avec la RDC, terre de ses ancêtres. Sindika Dokolo était aussi connu pour sa collection d’œuvres d’art considérée comme la plus grande, estimé à de nombreux millions de dollars américains. Grand amateur de la plongée sous-marine, il y laissera la vie près de l’île de Umm-al Haab où il a tenu à pratiquer une plongée très risquée connue sous le nom de al-hiyari, laissant le plongeur ne dépendre que de sa propre capacité à respirer. 

Ont brillé sur le gazon et le parquet

Diego Armando Maradona (1960-2020) :

 El Pibe de Oro, le petit garçon en or, c’est ainsi qu’était surnommé celui que de nombreux analystes présentent comme le plus grand footballeur argentin de tous les temps, certains le comparant à Lionel Messi. Si son succès avec le club italien de Naples et son sacre avec l’Argentine en 1986 le placent au sommet du monde, ses deux buts marqués en finale contre l’Angleterre le font entrer au panthéon des plus grands. Le premier but est sujet à polémique puisqu’il le marque de la main, la fameuse main de Dieu ayant soulevé de graves protestations. Au cours de la même partie et comme pour se faire pardonner, il prend la balle depuis son camp, dans une sorte de slalom, pour dribbler trois, quatre, cinq joueurs anglais y compris le gardien avant de marquer dans le but vide. Incroyable. Son addiction à la drogue sonnera le glas de sa carrière. Par la suite l’homme tentera vainement de lutter contre une prise de poids excessive avant de mourir à l’âge de 60 ans, dans un hôpital argentin n’ayant pas remporté sa victoire contre une tumeur dans le cerveau.

Kobe Bryant (1978-2020) : 

S’il avait été professionnel à la deuxième moitié de la décennie 80, il aurait assurément fait partie de la dream team (Magic Johnson, Michael Jordan, Scottie Pipen, Charles Barkley, Patrick Ewing, etc.) qui a remporté la médaille d’or de Basket aux Jeux Olympiques de 1986. Il est compté parmi les virtuoses que le championnat américain de Basket, la prestigieuse NBA ait connus. Longtemps sociétaire du Los Angeles Lakers, Kobe Bryant a brillé sur tous les parquets des Etats-Unis concurrençant le grand Michael Jordan et surclassant d’autres basketteurs pour qui il est une véritable idole. C’est d’ailleurs comme une trainée de poudre que s’est répandue la nouvelle de sa mort avec sa famille suite à un crash de son hélicoptère. Une mort tragique qui a déclenché des hommages à travers la planète.

Pape Bouba Diop (1978-2020) : 

Arborant le dossard numéro 19 de l’équipe nationale du Sénégal, le colosse des lions de la Téranga a jeté le premier coup de bêche pour l’inhumation de l’équipe de France championne du monde en titre, lors du Mondial 2002 en Corée du Sud et au Japon. A l’issue d’un match épique entre les deux Nations historiquement liées par une relation de colonisateur-colonisé, Pape Bouba Diop va sceller la victoire sénégalaise d’un coup de pied presque à la sauvette à bout portant. Dès cet instant, les projecteurs étaient braqués sur lui, l’accompagnant à Lens, à Portsmouth ou encore à Westham. Il décède en novembre 2020 après avoir lutté des années durant contre la maladie de charcot.

Emeka Mamale (1977-2020) : 

il est au panthéon des génies du football congolais, son nom est cité dans le cercle très fermé de Kakoko, Muntubile Santos, Biscotte Mbala, Matumona Roum et Mputu Trésor. L’épopée de la Coupe d’Afrique des Nations Burkina Faso 1998 restera la plus belle ligne de sa page d’histoire. Sa coupe rasta, son sparadrap à la nuque et son short remonté jusqu’au niveau du haut de la cuisse flirtaient à merveille avec sa façon de gérer le cuir sur un terrain de football. Que ce soit à Matete, à Matonge ou au Dcmp, Mamalé a ébloui le public sportif congolais par ses dribbles et la précision de ses centres. Révélation des léopards 1996, il s’envolera par après pour l’Afrique du Sud, la Corée du Sud avant de descendre à Mazembe, Dcmp et Elima de Matadi. Ses derniers jours, l’enfant terrible du football congolais (ndlr : à cause de son franc-parler et la gestion de ses contrats) les passera comme entraîneur d’équipes de jeunes. Il rendra l’âme à l’hôpital Saint-Joseph de Kinshasa souffrant des problèmes respiratoires.

Les as de la musique

Manou Dibango (1933-2020) :

 Aussi connu sous le pseudonyme de Papagroove, Manu Dibango est rattaché à un instrument : le saxophone. C’est avec cela que le natif de Douala au Cameroun, va sillonner la planète prestant sur les plus grandes scènes avec de grands noms de la musique tant africaine que mondiale. Décédé à Melun en France du coronavirus, Manu Dibango est sans nul doute sorti d’une renommée africaine à celle de tout un continent suite à son contentieux avec la légende de la musique pop, Michael Jackson. Le chanteur américain a repris dans un rythme pop, le refrain de la célèbre chanson de Dibango « Soul Makoussa » édité en 1972.

Meridjo Belobi (1952-2020) : 

Machine ya kauka, un surnom que lui a attribué le chanteur Evoloko Atshuamo en référence au son que produit le contact entre les roues d’une locomotive et le rail. Meridjo s’en inspirera pour créer le rythme du sébène, partie dansée avec des cris cadencés de la musique congolaise. Si la batterie a été introduite dans la musique de la RDC dans les années 1960 par Seskain Molenga, la paternité du rythme sébène revient à Meridjo. Ce dernier a œuvré presque toute sa vie au sein du groupe Zaïko Langa Langa, géniteur du sébène.

Chevaliers de la plume  

Lukunku Sampu (1938-2020): 

Son image reste rattachée à celle de Franco Luambo Makiadi, non parce qu’ils étaient grands amis et que le premier ne manquait pas de le faire venir sur son plateau de la télévision nationale, mais surtout parce que Lukunku Sampu est celui qui réalise l’interview historique, la dernière que donnera Luambo avant sa mort à Namur le 09 octobre 1989. Dans cette interview tournée dans les installations où Franco de Mi Amor apparaît sensiblement fondu ayant perdu plus de 30 kilos, le grand maître de la musique congolaise fait de grandes révélations sur ses pratiques fétichistes qu’il avoue avoir laissées. Après la disparition de Luambo Makiadi, Lukunku Sampu disparaîtra lui aussi progressivement de la télévision pour devenir diplomate en fonction au Portugal. Il est considéré comme une icône de la presse congolaise en général et des émissions de variétés en particulier.

Kasonga Tshilunde (2020) : 

Incroyable, il est rare que des gens meurent après avoir remporté de grands combats, leurs victoires ont tendance à leur conférer une nouvelle jeunesse. L’ancien Président de l’Union Nationale de la Presse Congolaise n’aura pas eu la même chance. Au mois d’octobre, il remporte haut la main l’élection à la tête de l’UNPC après un plébiscite décroché depuis la ville côtière de Muanda où la corporation s’était réunie sous la bénédiction de madame Denise Nyakeru, épouse du Président Félix Tshisekedi. Il ne sera pas resté un mois dans sa peau de président réélu avant d’être terrassé par la maladie qui finira par l’emporter dans l’au-delà.

Sara Fani Da Cruz (décembre 2020) : 

Est-il possible de mourir si jeune, si belle et si talentueuse? Si d’aucuns considèrent cela comme une catastrophe, la mort de Sara Fani Da Cruz vient tout confirmer. La presse congolaise qu’elle soit de l’ancienne ou de la nouvelle école s’est effondrée à l’annonce de la terrible nouvelle de la mort de l’ancienne présentatrice des « prime » du Journal télévisé sur la chaîne Digital Congo. Partie au Maroc pour vaincre son combat contre une tumeur au cerveau, elle n’aura pas eu les forces nécessaires pour venir à bout de son geôlier, laissant derrière elle un mari, une fillette de presque deux ans et une corporation aux abois. Sara Fani Da Cruz, métisse de par son teint, charismatique et convaincante avait pourtant un sourire pouvant illuminer les visages les plus ténébreux. C’est l’effet que son passage à la télévision produisait presque automatiquement des années durant, avant qu’elle quitte les médias pour entrer aux services de l’ancienne Première Dame de la RDC, Olive Lembe, inconsolable devant la dépouille de sa petite Sara.

International

Génocide congolais : Tshisekedi entame un long plaidoyer pour une reconnaissance internationale

Published

on

Depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2025, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a lancé un « appel solennel » en faveur de la reconnaissance internationale du « génocide des Congolais » dans l’Est du pays. Dans ce discours empreint de gravité, le chef de l’État a également dénoncé la mauvaise foi persistante du Rwanda dans l’application de l’accord de paix conclu à Washington entre Kinshasa et Kigali, soulignant l’urgence d’une mobilisation diplomatique pour mettre fin à des violences qu’il juge insoutenables.


En marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Félix Tshisekedi a porté un plaidoyer inédit : la reconnaissance par la communauté internationale d’un « génocide congolais ». Le président de la République démocratique du Congo a réclamé la mise en place d’une commission d’enquête internationale, dotée de moyens conséquents, pour rétablir la vérité et rendre justice aux victimes. Devant les chefs d’État et diplomates réunis, le chef de l’État congolais a dénoncé une guerre qui dure depuis plus de trois décennies dans l’Est du pays, qu’il a qualifiée de « génocide silencieux ». Selon lui, ce conflit ne relève plus seulement de considérations militaires ou géopolitiques, mais s’inscrit dans une logique de pillage systématique des ressources congolaises, d’effacement de la mémoire collective et de destruction des communautés.
Le cinquième président congolais a exhorté la communauté internationale à créer une commission d’enquête indépendante, chargée « d’établir la vérité, de rendre justice aux victimes et de rompre le cycle de l’impunité qui alimente ce drame depuis des décennies ». Il a également appelé à l’adoption de sanctions onusiennes contre les responsables de « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide » commis dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Génocide ? Où en est l’évaluation juridique ?
Le terme « génocide » possède une définition juridique stricte : l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Jusqu’à présent, les rapports d’ONG et de l’ONU évoquent principalement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Certains abus recensés pourraient toutefois, à l’issue d’enquêtes plus poussées, relever de cette qualification. L’ONU a déjà engagé des procédures visant à établir non seulement les faits et les responsabilités, mais aussi l’intention derrière ces violences – condition essentielle pour statuer sur l’existence d’un génocide.
Conscient de la complexité de ce combat juridique et diplomatique, Félix Tshisekedi ne renonce pas. Le chef de l’État entend maintenir son plaidoyer, persuadé qu’il peut, à terme, infléchir l’opinion internationale. Pour appuyer sa démarche, il mise notamment sur le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits (FONAREV). Cette institution publique, qui œuvre également pour les victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, milite depuis plus de deux ans pour la reconnaissance du « Génocost », un concept désignant un génocide motivé par la quête effrénée de ressources économiques.


A Rutshuru, des massacres aux allures d’un génocide
Si Félix Tshisekedi a choisi d’élever sa voix sur la scène internationale, c’est aussi parce qu’il dispose de faits concrets susceptibles d’étayer son plaidoyer. En novembre 2022, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont perpétré des massacres d’une ampleur inédite, faisant au moins 130 victimes civiles dans les villages de Kishishe et Bambo, au Nord-Kivu. Selon les premiers éléments, ces exécutions ciblées auraient visé des Hutus en raison de leur appartenance ethnique, une caractéristique qui pourrait, juridiquement, ouvrir la voie à la qualification de crime de génocide.
Un rapport conjoint du Bureau des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et de la MONUSCO avait dressé un bilan glaçant : 102 hommes, 17 femmes et 12 enfants exécutés, huit blessés par balles et soixante personnes enlevées. Les enquêteurs décrivaient une véritable « campagne de meurtres, de viols, d’enlèvements et de pillages », menée en représailles à des affrontements entre le M23 et des miliciens des FDLR, ainsi que d’autres groupes armés comme les Maï-Maï Mazembe, Nyatura et la Coalition des mouvements pour le changement.
À Kishishe, Amnesty International a recueilli les témoignages de familles racontant comment les attaques ciblant les hommes adultes ont laissé derrière elles des femmes et des enfants profondément traumatisés, prisonniers d’un climat d’incertitude et de peur.
C’est dans ce contexte que Félix Tshisekedi a lancé, depuis la tribune de l’ONU, un avertissement solennel : « Refuser de reconnaître le génocide congolais correspond à une forme de complicité. »


Le Rwanda, un Etat impliqué dans le drame congolais
Depuis près de trois décennies, Kigali est accusé d’entretenir le cycle de violences à l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis l’invasion du pays aux côtés de l’AFDL, qui avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir en 1997, le Rwanda n’a cessé d’être soupçonné de soutenir divers groupes armés opérant dans la région. Aujourd’hui encore, à travers l’AFC/M23, Kigali continue d’agir en sous-main, malgré la signature à Washington, le 27 juin dernier, d’un accord de paix censé tourner la page des hostilités.
S’exprimant devant l’Assemblée générale des Nations unies, Félix Tshisekedi a fustigé « la mauvaise volonté » du Rwanda. Selon lui, Kigali « fait semblant d’avoir retiré ses troupes, mais en réalité elles restent présentes sur le sol congolais et appuient les supplétifs du M23 ». Le chef de l’État congolais estime que cette stratégie vise à « gagner du temps pour laisser la crise s’aggraver ».
Dans la foulée, il a exhorté la communauté internationale à garantir l’application « stricte » de l’accord de Washington et de la résolution 2773 du Conseil de sécurité adoptée le 21 février 2025. Une enquête récente des Nations unies a par ailleurs documenté de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis « par toutes les parties », un constat qui vient encore assombrir la perspective d’une paix durable dans la région.


Heshima

Continue Reading

International

Corridor transafricain de Lobito : Le Lualaba entend transformer ce méga-projet en moteur de croissance 

Published

on

Les enjeux économiques du projet du Corridor de Lobito étant colossaux, la gouverneure du Lualaba, Marie-Thérèse Masuka est déterminée à atteindre simultanément plusieurs objectifs de développement, notamment transformer ce couloir en moteur de croissance durable pour sa province. Sans atermoiement, elle s’y prépare avec un dossier soigneusement préparé et bien ficelé.

Chemin de fer long de 1 300 km et bénéficiant d’un financement de 1,3 milliard de dollars, le projet transatlantique de Lobito est salué pour son aspect « accélération de l’exportation de minerais critiques et baisse des coûts logistiques ». Sa concrétisation vient mettre en rude concurrence les Américains et les Chinois autour des minerais, notamment ceux de la RDC 

Cependant, au-delà de l’aspect logistique, Fifi Masuka Saini voit de grands enjeux économiques pouvant booster de manière tentaculaire le développement en RD Congo. Acteur majeur dans la production des minerais stratégiques employés dans la transition énergétique, le Lualaba a beaucoup à gagner une fois ce projet de ligne ferroviaire opérationnel, visant à relier la Zambie à l’Atlantique en passant par la RDC et l’Angola.

Le voile de ce que la cheffe de l’exécutif provincial du Lualaba envisage de faire sur cet axe était levé lors de la 6éme édition du Katanga Business Meeting, organisée en mai 2025 à Kolwezi. Lors de l’ouverture de ce forum, Fifi Masuka a clairement affirmé que le corridor de Lobito doit servir premièrement les intérêts du peuple congolais. « Il est plus qu’urgent de faire de ce corridor un axe de transformation pour le peuple congolais et non une simple voie d’exportation de minerais », a-t-elle déclaré. Pour ce faire, elle a appelé à une gestion transparente et collective afin de garantir que les bénéfices profitent en premier lieu aux populations locales.

Le Lualaba a déjà son canevas

La gouverneure Masuka a déjà un dossier bien élaboré pour ce projet dont Costas Musunka, initiateur de Katanga Business Meeting, souhaite voir devenir le système circulatoire de l’industrialisation du Katanga. Pour la gouverneure du Lualaba, il s’agit d’une opportunité de dynamisation de l’économie locale par la création des zones économiques spéciales, des centres logistiques, des cadres industriels et des chaînes manufacturières.

Selon le Vice-premier ministre et ministre de l’Économie, Mukoko Samba, qui a aussi participé à cette grande conférence, le corridor doit « être un couloir industriel intégré où circuleront matières premières transformées, technologies propres et compétences transfrontalières ».

Entre autres, le Lualaba prévoit l’érection de cinq gares industrielles le long du tracé, chacune spécialisée dans un maillon de la valeur minière, un réseau comprenant des hubs technologiques.

Un corridor porteur de développement

Lors de la rencontre multilatérale sur le corridor de Lobito tenue en décembre 2024 en Angola, le Président Félix Tshisekedi avait déclaré ce qui suit : « Le corridor de Lobito est bien plus qu’un axe de transport. C’est une opportunité unique d’intégration régionale, de transformation économique et d’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens ».

Le chef de l’État congolais estime que ce projet offre beaucoup d’opportunités, jusqu’à 30 000 emplois. D’où l’implication du gouvernement central par le biais de plusieurs ministères, notamment ceux de l’Industrie, des Transports et des Infrastructures.

Des équipes sont même à pied d’œuvre. Au ministère de l’Industrie, par exemple, Hélène Miasekama Kiese, DG de la Direction générale du corridor de développement industriel (DGCDI), affirme que des études de planification sont en cours selon une vision globale.

La DGCDI, outil de planification industrielle et de diversification économique du pays, envisage des retombées concrètes pour la population locale. Elle voit en ce projet particulièrement une opportunité de désenclavement du bassin agricole du Kasaï, de construction des routes de desserte agricole, ainsi que le développement de parcs agro-industriels.

Roger Te-Biasu, coordonnateur de la Cellule d’appui technique du gouvernement congolais (Cepcor), qui gère les activités des corridors de transports, pense que ce projet va positivement impacter l’économie de la RDC. La pleine opérationnalisation de ce corridor, en effet, permettra l’accès et la circulation d’intrants indispensables aussi bien à l’industrie minière qu’agricole. « Le corridor de Lobito constitue un levier stratégique pour la stabilité, le désenclavement et le développement de la région », a déclaré Jean-Pierre Bemba, le 23 juin 2025 à Luanda, au 17éme sommet des affaires États-Unis – Afrique.

Hubert MWIPATAYI

Continue Reading

International

Kigali et les FDLR : un dialogue inter-rwandais pour en finir avec la crise en RDC est-il possible ?

Published

on

Depuis des décennies, l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’un conflit aux ramifications complexes, où les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et les incursions répétées du Rwanda occupent une place centrale. Alors que Kigali justifie ses interventions par la menace que représentent ces rebelles hutus, accusés d’être les héritiers des génocidaires de 1994, la RDC dénonce une manipulation visant à légitimer pillages et déstabilisation. Entre accusations mutuelles et cycles de violence, la possibilité d’un dialogue inter-rwandais, impliquant le gouvernement rwandais et les FDLR, émerge comme une piste pour mettre fin à cette crise. Cet article explore les enjeux, les obstacles et les perspectives d’une telle initiative, tout en décryptant les justifications récurrentes de Kigali pour ses actions sur le sol congolais.

Les FDLR, nées dans les camps de réfugiés après le génocide rwandais de 1994, sont souvent présentées par Kigali comme une menace existentielle. Composées en partie d’anciens Interahamwe et de miliciens hutus ayant fui le Rwanda, elles se sont établies dans l’Est de la RDC, où elles mènent des activités de guérilla en RDC tout en s’intégrant parfois aux communautés locales. Selon un rapport de l’ONU publié en décembre 2023, les FDLR compteraient environ 1 000 à 1 500 combattants, un chiffre bien inférieur à leur influence passée, mais suffisant pour servir de justification aux violations du territoire congolais par l’arme rwandaise. Kigali affirme que ces rebelles planifient des attaques contre son territoire, une rhétorique qui légitime ses opérations militaires transfrontalières.

Pourtant, Kinshasa et plusieurs observateurs remettent en question cette narrative. Dans un article publié le 14 février 2025, Heshima Magazine souligne que le Rwanda utilise les FDLR comme un « prétexte pour tuer et piller la RDC », notamment pour s’approprier les richesses minières du Nord et Sud-Kivu. Les rapports du Groupe d’experts de l’ONU confirment que des unités de l’armée rwandaise, souvent en soutien au M23, contrôlent des zones riches en coltan et or, exploitant illégalement ces ressources. Cette exploitation, couplée à des massacres et déplacements massifs de populations, alimente la méfiance congolaise. « Le Rwanda brandit la menace des FDLR pour justifier une guerre économique et territoriale », déclare un analyste basé à Goma, interrogé par Actualité.cd le 10 janvier 2025. Cette dynamique met en lumière la nécessité d’un dialogue qui démystifie le rôle des FDLR.

Les incursions rwandaises : une stratégie de déstabilisation

Depuis la fin de la deuxième guerre du Congo en 2003, le Rwanda a été accusé à maintes reprises de soutenir des groupes armés en RDC, notamment le M23, pour maintenir son influence dans la région. Kigali nie officiellement tout soutien au M23, mais des preuves solides documentées par l’ONU, incluant des témoignages de déserteurs rwandais, contredisent ces démentis. Ces incursions, souvent justifiées par la « nécessité de neutraliser les FDLR », ont exacerbé les tensions entre Kinshasa et Kigali. En 2022, le président Félix Tshisekedi a publiquement dénoncé l’« agression rwandaise », une position réitérée lors du sommet de l’Union Africaine en février 2025, où il a appelé à des sanctions contre Kigali.

Les conséquences de ces interventions sont dévastatrices. Selon l’ONG International Crisis Group, dans son rapport de janvier 2025, plus de 5 millions de personnes ont été déplacées dans l’Est de la RDC depuis 2020, en grande partie à cause des conflits impliquant le M23 et d’autres groupes soutenus par le Rwanda. Les populations locales, comme l’exprime Jeanne Mbuyi, une agricultrice de Rutshuru : « Nous vivons dans la peur constante. Les FDLR, le M23, les RDF, tout le monde nous attaque. Un dialogue entre Rwandais pourrait nous rendre la paix. » Cette aspiration à une solution pacifique reflète un sentiment croissant parmi les Congolais, qui voient dans un règlement inter-rwandais une issue possible à la crise.

Les tentatives de dialogue au Rwanda : une histoire d’échecs

L’idée d’un dialogue inter-rwandais n’est pas nouvelle, mais elle s’est heurtée à des obstacles majeurs. En 2009, des négociations entre Kigali et les FDLR, facilitées par la RDC, ont échoué en raison du refus des rebelles de désarmer sans garanties politiques et de l’inflexibilité du gouvernement rwandais. Heshima Magazine, dans son article daté du 4 juillet 2025, revient sur le nouvel accord visant à neutraliser les FDLR qui a été signé dans le cadre du processus de Nairobi, mais il a donné lieu à « deux récits » divergents : Kinshasa insiste sur une coopération régionale, tandis que Kigali continue de privilégier une solution militaire. « Les FDLR ne sont pas une entité monolithique. Certains veulent rentrer au Rwanda, mais Kigali refuse de négocier avec ceux qu’il qualifie de génocidaires », explique un diplomate cité par Radio Okapi.

Les initiatives régionales, comme le processus de Luanda sous l’égide de l’Angola, ont tenté de rapprocher les positions. En novembre 2023, un sommet tripartite entre la RDC, le Rwanda et l’Angola a abouti à un engagement pour désarmer les FDLR, mais les résultats restent limités. La RDC accuse Kigali de ne pas respecter les termes de l’accord, tandis que le Rwanda reproche à Kinshasa son incapacité à contrôler les FDLR. Ces désaccords soulignent la méfiance mutuelle, mais aussi l’absence d’un cadre inclusif impliquant directement les FDLR comme acteurs politiques plutôt que comme simples belligérants.

Les défis d’un dialogue inter-rwandais

Organiser un dialogue entre Kigali et les FDLR pose des défis colossaux. D’une part, le gouvernement rwandais, dirigé par Paul Kagame, adopte une position intransigeante envers les FDLR, les considérant comme une menace idéologique et sécuritaire. Dans une interview accordée à RFI le 20 avril 2024, le ministre rwandais des Affaires étrangères a réaffirmé que « tout dialogue avec les FDLR équivaudrait à légitimer le génocide ». Cette rhétorique complique toute tentative de négociation, car elle exclut a priori la possibilité d’un compromis.

D’autre part, les FDLR elles-mêmes sont divisées. Selon un rapport de l’Institute for Security Studies publié en juin 2024, une faction modérée, dirigée par des leaders comme Ignace Murwanashyaka, serait prête à négocier un retour pacifique au Rwanda en échange de garanties d’amnistie et de réintégration. Cependant, une frange plus radicale, basée dans les forêts du Nord-Kivu, continue de s’opposer à tout dialogue. « Un dialogue inter-rwandais nécessiterait une médiation neutre, peut-être sous l’égide de l’ONU ou de l’Union Africaine, pour garantir la sécurité des parties », suggère Pierre Kanda, un politologue congolais interrogé par Heshima Magazine.

La question de la justice transitionnelle constitue un autre obstacle. Les FDLR exigent des garanties contre les poursuites pour crimes passés, une demande inacceptable pour Kigali, qui insiste sur la responsabilité pénale des génocidaires. Pourtant, des modèles comme les commissions Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud pourraient inspirer une solution. « Un dialogue qui associe justice, réconciliation et développement pourrait briser le cycle de la violence », estime Judith Nshimirimana, une militante des droits humains au Rwanda. Une lueur d’espoir pour la RDC ? Malgré les défis, un dialogue inter-rwandais pourrait transformer la dynamique régionale. En désarmant ce qu’il en reste des FDLR et en facilitant leur retour ou leur réinstallation, le Rwanda perdrait son principal argument pour intervenir en RDC. Cela exigerait toutefois un engagement sincère de Kigali, ce que beaucoup doutent, vu les bénéfices économiques colossaux qu’il tire de l’exploitation des minerais congolais. Un rapport de Global Witness publié en mai 2024 révèle que le commerce illégal de minerais dans l’Est de la RDC génère des centaines de millions de dollars, dont une part significative transite par le Rwanda. Un dialogue réussi pourrait donc non seulement pacifier la région, mais aussi contraindre Kigali à revoir sa stratégie économique.

Pour la RDC, l’enjeu est tout aussi crucial. En neutralisant les FDLR, Kinshasa pourrait renforcer sa souveraineté sur l’Est du pays et concentrer ses efforts sur la lutte contre d’autres groupes armés. « Si le Rwanda et les FDLR trouvent un accord, la RDC pourrait enfin respirer », déclare Joseph Munganga, un commerçant de Goma. Cependant, la réussite d’un tel dialogue dépendra de la volonté politique des acteurs, d’une médiation internationale crédible et d’un soutien régional robuste.

Une paix à construire ensemble

La crise dans l’Est de la RDC, alimentée par la question des FDLR et les incursions rwandaises, ne trouvera de solution durable que par un dialogue inclusif entre Rwandais. Si les obstacles sont nombreux, méfiance mutuelle, divergences idéologiques, intérêts économiques, les aspirations des populations congolaises et rwandaises à la paix constituent une force motrice. Un dialogue inter-rwandais, s’il est bien encadré, pourrait non seulement neutraliser les FDLR, mais aussi démanteler les justifications de Kigali pour ses interventions. Comme le souligne un rapport de l’Union Africaine de mars 2025, « la paix dans les Grands Lacs passe par une coopération courageuse et transparente ». L’heure est peut-être venue pour Kigali et les FDLR de s’asseoir à la table des négociations, pour le bien du Rwanda, la RDC et de la région tout entière.

JCN

Continue Reading

NOUS SOMMES AUSSI SUR FACEBOOK

Trending

You cannot copy content of this page

WeCreativez WhatsApp Support
Notre rédaction est là pour répondre à toutes vos préoccupations. N'hésitez pas !
👋Bonjour, comment puis-je vous aider ?