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Opérations foncières et immobilières en RDC SAKOMBI MOLENDO : le pionnier de la bancarisation

Le ministre des Affaires foncières a signé, avec son collègue des Finances, le 3 juin 2021 l’Arrêté interministériel portant bancarisation des opérations foncières et immobilières supérieures ou égales à 10 000 dollars américains. Une première en République démocratique du Congo concrétisée par celui qui fait figure de porte-étendard de la numérisation et de la sécurisation des titres fonciers.

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I l avait déclaré 2021, l’année de la concrétisation de la numérisation et de la sécurisation des titres fonciers et immobiliers, une initiative à double avantage pour le pays : mobilisation accrue des recettes et lutte contre les différents abus à la base de plusieurs conflits. Aimé Sakombi Molendo a déjà quitté le stade des promesses. Il est de plain-pied dans la matérialisation de sa politique qui suit la vision du chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, celle de faire du numérique « un levier d’intégration, de croissance économique et de progrès social ».

Le 3 juin dernier , Sakombi Molendo a signé, avec son collègue des Finances, Nicolas Kazadi, l’Arrêté interministériel portant bancarisation des opérations foncières et immobilières à travers la République  Démocratique du Congo. Cette disposition s’appliquera sur toutes les mutations effectuées par les personnes morales et physiques de nationalité congolaise ou étrangère, chaque fois que le prix du bien foncier ou immobilier est égal ou supérieur à l’équivalent en franc congolais de 10 000 dollars. Il en est de même des opérations d’octroi de crédit hypothécaire, en l’occurrence l’inscription, la réinscription et la radiation pour lesquelles le paiement de 1% de la valeur du crédit est perçu pour les deux premières et 0,5% pour la troisième.

Maximiser les recettes

Tous ces paiements qui ne peuvent s’effectuer que dans des banques agréées en RDC concerneront également les opérations de mutation des titres et des prêts hypothécaires consentis par les banques et autres institutions foncières non bancaires agréées.

Objectifs : maximiser les recettes de l’Etat, notamment par une meilleure captation des droits proportionnels d’enregistrement et des prêts hypothécaires ; appliquer l’Arrêté interministériel du 15 octobre instituant la mercuriale relative à la fixation de l’expertise et l’évaluation immobilière en RDC et enfin, juguler le coulage des recettes publiques à travers des opérations foncières et immobilières.

  « Dans la reddition des comptes 2018, l’apport des Affaires foncières au budget de l’Etat était de 0,3%. Donc, même pas 1%, alors que tous les pays voisins naviguent entre 5% et 10 %. L’acte que nous venons de poser avec mon estimé collègue (ministre des Finances) va décupler les recettes de l’Etat par rapport aux droits proportionnels sur la certification des valeurs… », a déclaré le patron des Affaires foncières.

« Vampirisme »

 C’est un grand pas que vient de franchir le ministre Sakombi Molendo dans son ambition soutenue par le gouvernement et le chef de l’Etat, celui de la numérisation et la sécurisation des titres fonciers et immobiliers. La terre qui devait être un élément d’unité des Congolais, est devenue la principale source des conflits et des contentieux judiciaires en RDC à cause de ce que le ministre Molendo qualifie de « vampirisme » dans ce secteur.

Ce vampirisme se résume par la fraude et toutes autres irrégularités décriées dans l’octroi des titres.

L’ambitieux projet de numérisation et de sécurisation des titres fonciers et immobiliers a été adopté en Conseil des   ministres le 20 décembre 2019. Depuis, les résultats sont encourageants en termes de mobilisation des recettes et de lutte contre la fraude.

Dépassement des assignations

 La première période de l’année 2020, les Affaires foncières ont réussi un dépassement des assignations de 147%. Une véritable performance dans un secteur classé parmi les lanternes rouges dans la mobilisation des recettes. Le ministre Molendo qui veut faire de son ministère une « référence de bonne gestion, un cadre de performance et d’excellence et un champ d’humanisme » ne pouvait qu’en être fier.

Pour lutter contre la fraude, le gestionnaire numéro 1 des terres en RDC aborde une approche pédagogique.

 Code de bonne conduite

En février 2021, il a obtenu la signature d’un acte d’engagement des conservateurs des titres immobiliers et chefs de division. Par cet acte d’engagement, il a invité ses collaborateurs à observer scrupuleusement certaines dispositions : la non superposition des titres, la non minorisation des taxations, le non établissement des titres dans des zones non aedificandi, l’affichage dans les circonscriptions des tarifs de tous les actes, le respect des décisions de justice coulées en force de la chose jugée.

Il y a aussi le respect strict et l’application sans faille des arrêtés ministériels et interministériels, le respect des assignations des recettes, le respect du Décret-Loi du 03 octobre 2002 relatif au  Code de bonne conduite de l’agent public de l’Etat ainsi que la bonne collaboration avec la hiérarchie, les collègues et autres collaborateurs.

« Bafouer la moindre disposition de cet Acte auquel vous adhérez en toute liberté vous exposera à des sanctions sévères », avait prévenu celui qui a jeté ses premières forces dans la bataille par la conscientisation de l’homme. Un homme, fonctionnaire de l’administration foncière, qui doit être épris des valeurs éthiques, morales et déontologiques.

Effectivement, Molendo ne néglige aucun détail dans sa quête de propulser désormais l’administration foncière congolaise au diapason de ses pairs des pays voisins qui réalisent des résultats autrement plus significatifs que les nôtres. La voie numérique est véritablement la seule indiquée pour conduire ce pays aux dimensions continentales vers des avancées significatives qui lui permettront de rattraper son retard.

 Réformes, innovations audacieuses et projets modernes

Porte-étendard de la numérisation et de la sécurisation des titres fonciers, Sakombi Molendo a été reconduit à ce poste par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, sûrement pour toutes ces raisons. Et il est conscient que le chemin à parcourir est encore long pour éradiquer complètement des tares comme la spoliation, le phénomène des biens sans maître, la minoration des recettes, la détérioration des conditions de travail des agents et cadres de l’administration foncière et le record de litiges foncières devant les cours et tribunaux.

 Réformes, innovations audacieuses et projets modernes, tel est le triple objectif que poursuit depuis bientôt deux ans Sakombi Molendo à la tête de ce stratégique ministère. Entre l’administration et le cabinet, la mayonnaise a pris. Une symbiose qui a donné des résultats palpables actuels : numérisation du cadastre minier, sécurisation des titres immobiliers pour mettre un terme à la superposition des titres et maintenant la bancarisation de toute transaction foncière et immobilière égale ou supérieure à 10 000 dollars.

Désormais, les droits proportionnels prévus par l’Etat, dans le cadre des opérations hypothécaires dans les banques commerciales agréées et installées en RDC n’échapperont plus au Trésor public.

 « Lors de la reddition des comptes de de l’année 2019, 1. 409 131,98 USD seulement étaient inscrits au titre de cette rubrique (opérations hypothécaires), ce qui, par déduction mathématique, ramènerait les inscriptions hypothécaires déclarées par les banques à 140 913 198,12 USD seulement pour tout l’exercice. Pourtant d’après la Banque centrale du Congo, l’encours de crédit à l’économie était de 3,178 milliards USD au 24 janvier 2020.

En supposant de manière conservatrice que 50% de cet encours soient assortis des crédits bancaires, il en ressort un manque à gagner important pour le Trésor public », expliquait le ministre lors de l’une de ses interventions.  

De gauche à droite, Sakombi Molendo ( Ministre des Affaires Foncières), N’Sele Mimpa (Vice Ministre des Finances), Nicolas Kazadi ( Ministre des Finances)
 

HESHIMA

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En RDC, l’embellie économique contraste avec une famine aiguë

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Malgré des chiffres économiques encourageants, la situation de la famine en République démocratique du Congo (RDC) devient de plus en plus préoccupante. Selon les dernières données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 25,6 millions de Congolais, soit environ 22 % de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Une situation aggravée en 2025 par la crise sécuritaire dans l’Est du pays.

Sur le papier, le pays vit une période de prospérité économique sans précédent depuis plusieurs années. Le budget national continue d’augmenter depuis 6 ans, passant de 4 milliards à 18 milliards de dollars. En 2024, les réserves de change internationales de la RDC étaient estimées à 6 milliards de dollars américains, en hausse par rapport aux 1,7 milliard enregistrés en 2021 au début du programme entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, cette embellie économique contraste avec la situation de famine que traverse le pays.

Une situation explosive depuis 2024

Selon une analyse du Cadre de classification intégrée sur la sécurité alimentaire (IPC) publiée en octobre 2024 par la FAO, environ un quart de la population continue d’être confrontée à une faim aiguë. Ces chiffres ont augmenté en 2025, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM). L’intensification des conflits armés dans l’Est du pays a provoqué des déplacements massifs de populations, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire à des niveaux critiques depuis le début de l’année 2025, note le PAM. Cette insécurité alimentaire est évaluée aux phases 3 et 4 de l’IPC.

Selon Radio Okapi qui cite un rapport consulté le 24 mai 2025, plus de 90 % des ménages des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont touchés par cette crise alimentaire. Cette situation s’explique notamment par la hausse des prix des denrées locales, conséquence directe de l’insécurité qui entrave les routes commerciales et limite l’accès aux marchés. « Nous nous réveillerons le matin sans savoir quoi manger et quoi faire d’autre. Mon mari ne sait plus aller au travail avec la situation d’occupation de la ville de Goma. Nous peinons pour trouver à manger », témoigne Gloria Mbuyi contactée par Heshima Magazine. Elle explique que sa famille avait été mutée à Goma par l’entreprise de son mari, mais qui n’est plus opérationnelle pour l’instant suite à la paralysie économique observée dans la ville volcanique, après la fermeture des institutions bancaires.

La malnutrition aiguë touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans, avec environ 4,5 millions d’enfants affectés, dont 25 % souffrent d’un retard de croissance. Face à cette situation, des initiatives humanitaires sont en cours. Par exemple, la campagne « ASSEZ » lancée par World Vision vise à fournir une aide alimentaire d’urgence, soutenir l’agriculture durable et offrir des soins de santé et un soutien nutritionnel aux populations vulnérables dans plusieurs zones touchées en RDC.

Sur le plan alimentaire, la production dans le grand nord du Nord-Kivu, un important centre agricole, a été gravement perturbée suite à l’insécurité créée ou aggravée par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Cette situation de famine est d’autant plus explosive que certaines ONG qui travaillent dans l’humanitaire ont vu leurs budgets être supprimés suite au démantèlement de l’agence américaine USAID décidé par l’administration Trump. USAID était à la pointe dans le secteur de l’aide humanitaire et du développement en RDC, notamment via des projets multisectoriels et en partenariat avec des ONG locales et internationales. Cette agence était la plus grande donatrice bilatérale dans le secteur de la santé en RDC, fournissant des traitements contre plusieurs maladies et améliorant l’accès à l’eau potable.

Une embellie économique difficile à palper

Si le gouvernement vante les efforts économiques entrepris ces dernières années, cela reste difficile à palper par les Congolais de toutes les zones du pays. À Kinshasa comme dans les provinces, la situation socio-économique est quasi similaire. L’embellie économique du pays – marquée par une croissance économique soutenue ces dernières années tournant autour de 6 à 7 % du PIB – n’est que très partiellement profitable au citoyen lambda. Cette croissance, en grande partie créée grâce à l’exportation de cuivre et de cobalt, influence très peu le quotidien des Congolais, y compris ceux qui sont dans des zones stables. « Il y a plusieurs facteurs qui jouent face à ce tableau, notamment le mauvais choix dans les investissements de ces fonds et l’absence de projets structurants qui peuvent réellement impacter les vies des communautés », estime Jacques Okito, un économiste. Selon lui, face à la crise humanitaire actuelle, les fonds du gouvernement seuls ne sauraient couvrir les besoins immenses de plus en plus croissants créés par cette crise multiforme.

Pour l’instant, une part significative du budget est allouée aux investissements, visant à financer des projets d’infrastructures et de développement à travers le pays. Une bonne part du budget est destinée aux rémunérations des fonctionnaires et des agents de l’État, représentant une part importante des dépenses de fonctionnement. Le fonctionnement des institutions politiques prend également une part importante du budget.

Un besoin humanitaire chiffré à 2,54 milliards de dollars

Après la chute des villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé un Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025, afin de mobiliser 2,54 milliards de dollars. « La situation de la sécurité alimentaire reste critique pour des millions de personnes en RDC », note Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.

Une fois mobilisée, cette enveloppe pourrait fournir une aide vitale à 11 millions de personnes – dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde – parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies mais aussi la famine. Mais la situation ne concerne pas que les Kivu, les provinces voisines qui accueillent des déplacés internes ressentent aussi le coup. C’est le cas notamment du Maniema et Tanganyika.

« Tous les signaux d’alerte sont au rouge. Mais même face à ces défis énormes, l’action humanitaire démontre chaque jour son efficacité pour sauver des vies. Notre seule mission est de porter assistance aux populations les plus vulnérables, où qu’elles se trouvent. Nous devons nous adapter pour continuer à fournir cette aide vitale, sans jamais compromettre les principes fondamentaux qui guident l’action humanitaire : neutralité, impartialité, indépendance et humanité », avait déclaré Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC.

Malgré ces efforts, la situation reste critique et nécessite une mobilisation internationale accrue pour répondre aux besoins humanitaires urgents et soutenir la résilience des communautés affectées, estime l’ONU. En dépit des sacrifices consentis pour renverser la tendance sur le plan humanitaire, les projections pour 2025 laissent encore entrevoir des perspectives similaires à celles de 2024, à moins qu’une aide efficace ne soit apportée aux victimes.

Heshima

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« Compact de résilience » en RDC : Une initiative ambitieuse face aux défis socio-économiques

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Sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa, la République démocratique du Congo (RDC) amorce une nouvelle phase de son développement avec le lancement du Compact de Résilience, un programme multisectoriel d’envergure. Cette initiative, héritière du Programme de développement local des 145 territoires, répond aux urgences économiques, sociales, sécuritaires et de mobilité urbaine dans le pays, tout en affirmant une volonté claire de rapprocher l’action publique des besoins concrets de la population.

Le plan, coordonné par le vice-premier ministre Daniel Mukoko, ambitionne de transformer les équilibres macroéconomiques récents en améliorations tangibles du quotidien. Il embrasse des domaines variés tels que la mobilité urbaine, l’assainissement, la relance agricole et l’ouverture des territoires ruraux. L’idée centrale est d’éviter une dispersion inefficace des ressources en favorisant une logique de convergence entre les initiatives nationales et les partenaires techniques, à l’image de la coopération renouvelée avec les Nations unies. « Nous allons donc produire [cette semaine] ce compact de résilience qui va permettre d’allier la bonne santé économique avec l’amélioration progressive des conditions de vie de nos concitoyens », a déclaré Daniel Mukoko.

Développement rural, agriculture et inclusion territoriale

À Kinshasa, les chantiers visent à désengorger la capitale et à améliorer les conditions sanitaires, tandis qu’en zones rurales, l’enjeu est d’assurer un meilleur accès des producteurs aux marchés. L’accent mis sur l’agriculture stratégique, conforme au Plan national stratégique de développement, reflète une volonté de renforcer l’autosuffisance alimentaire et de réduire la dépendance aux importations, tout en stimulant la résilience économique des territoires marginalisés.

Des modèles internationaux comme sources d’inspiration

Le « Compact de résilience » s’inscrit dans une dynamique globale où plusieurs pays ont déjà testé des approches similaires. Le Maroc a misé sur le développement humain par une gouvernance locale participative ; le Brésil a su intégrer les transferts sociaux à des objectifs éducatifs et sanitaires durables, et l’Éthiopie a combiné filets sociaux et travaux publics dans une logique d’autonomisation. Des projets soutenus par la Banque mondiale en Afrique de l’Est, ou encore au Bangladesh et au Mexique, montrent que ces politiques, lorsqu’elles sont cohérentes et bien ancrées localement, peuvent produire des effets transformateurs.

Une synergie croissante avec les partenaires internationaux

En RDC, cette volonté de résilience s’accompagne d’une mobilisation accrue des bailleurs de fonds. Des initiatives majeures comme le Programme d’accès aux services d’eau et d’assainissement ou le Projet de développement multisectoriel à Kinshasa, financés par la Banque mondiale, viennent compléter le Compact. Cette convergence est perçue comme une occasion stratégique d’accélérer l’impact des investissements, pourvu que la coordination soit effective et la transparence garantie.

Une mise en œuvre sous haute tension sécuritaire et institutionnelle

Malgré son ambition, le programme se heurte à une réalité instable. À l’Est, les violences alimentées par le M23 et d’autres groupes armés compromettent l’accès à de larges portions du territoire. L’économie, bien que croissante, reste vulnérable aux chocs et à une forte dépendance aux matières premières, tandis que l’accès aux services de base demeure très limité pour une majorité de Congolais. La corruption, l’inefficacité administrative et les lenteurs dans la mobilisation budgétaire sont autant de freins à la réalisation des objectifs fixés.

Espoirs et doutes au sein de la population

Dans les quartiers populaires de Kinshasa comme dans les provinces isolées, les Congolais accueillent le programme avec un mélange d’espoir et de prudence. Si certains saluent les premières rénovations d’écoles ou les débuts d’infrastructures rurales, beaucoup expriment leur méfiance face à l’absence de résultats durables par le passé. Le besoin de soutien à l’entrepreneuriat local, notamment via le microcrédit et des politiques agricoles mieux structurées, est régulièrement mis en avant par les populations.

Refonder le contrat social congolais

Au-delà de ses aspects techniques, le Compact de résilience vise à rétablir un lien de confiance entre l’État et les citoyens. Restaurer la dignité, renforcer le sentiment d’appartenance et offrir des perspectives concrètes constituent les conditions d’un développement durable. Dans un pays fracturé par les conflits, miné par l’injustice et riche en potentialités, cette ambition représente un pari audacieux mais nécessaire. En plaçant l’humain au cœur de la reconstruction nationale, la RDC pourrait enfin ouvrir une nouvelle page de son histoire sociale et politique.

Heshima Magazine

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L’économie congolaise déjà impactée par la guerre

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La République démocratique du Congo (RDC) est touchée par une guerre d’agression menée par le Rwanda sur son territoire en appui aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Cette situation a déjà une incidence sur l’économie du pays, qui repose essentiellement sur l’exportation des minerais.

La guerre, qui a repris dans l’Est du pays, dissuade les investissements étrangers et la création de nouvelles entreprises. Même si la RDC dispose de ressources naturelles abondantes, l’instabilité dans les zones minières et le manque de sécurité empêchent les investissements à long terme. Les multinationales et les entreprises locales hésitent à investir dans un environnement où les risques liés à la guerre et à la violence sont trop élevés. Le regain de violence armée depuis plus de 3 ans fait perdre énormément de recettes au pays.

Depuis juin 2022, Kinshasa perd ses recettes douanières du poste frontalier de Bunagana, au Nord-Kivu. Cette première cité occupée par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) pouvait réaliser jusqu’à 750 000 dollars de recettes mensuelles. Avec la progression des rebelles dans les deux Kivu, le pays a perdu des revenus qui sont désormais contrôlés par les insurgés. Bunagana est le troisième poste frontalier le plus important du Nord-Kivu après celui de la grande barrière à Goma et celui de Kasindi.

Depuis la prise totale de deux capitales des Kivu, des produits vivriers tels que des pommes de terre, du fromage, du lait frais ou de la viande de bœuf ne sont plus expédiés vers Kinshasa ou dans d’autres villes du pays. Toutes les chaînes d’approvisionnement sont bloquées, affirme Lesly Said, gérante du supermarché du Kivu au complexe Utexafrica, à Kinshasa. « Même avant que Goma ne soit prise, nous avions déjà été impactés par la prise de Minova. Le coût avait augmenté et nous avons eu beaucoup de plaintes de clients, mais nous n’avions pas de choix », a-t-elle déclaré.

Depuis la chute de la ville de Goma, les banques restent toujours fermées. La circulation du dollar américain dans la région devient de plus en plus difficile. Si une telle situation perdure, cela présente le risque d’un basculement de l’économie vers le franc rwandais. Le marché monétaire congolais étant asphyxié par l’absence prolongée des banques et des microfinances, la ville rwandaise voisine, Gisenyi, risque de devenir un débouché pour échapper à cette asphyxie économique de Goma. Cela risque d’être perçu comme une balkanisation économique.

Effort de guerre

Des entreprises publiques fournissent des efforts supplémentaires pour contribuer à l’effort de guerre lancé par le président de la République, Félix Tshisekedi. Pour répondre à cet appel à la solidarité, l’Office de gestion du fret multimodal (OGFREM) a apporté une contribution à hauteur d’un million de dollars. Cette cagnotte a été annoncée au Vice-Premier ministre, ministre des Transports et Voies de communication, Jean-Pierre Bemba, par l’équipe dirigeante de cette entreprise. D’autres entreprises publiques, qui avaient déjà du mal à fonctionner, pourraient fournir des efforts supplémentaires en cette période de guerre.

Cette situation sécuritaire grave a aussi perturbé les prévisions budgétaires projetées pour cette année (18 milliards de dollars). Des coupes budgétaires ont été opérées dans les enveloppes prévues pour certaines institutions comme la Présidence, la Primature, le Gouvernement et le Parlement. La mécanisation des nouveaux agents et fonctionnaires de l’État a été gelée pour une période de 12 mois. Autre effet ressenti, c’est l’inflation. Elle a été particulièrement forte ces dernières années, ce qui a réduit le pouvoir d’achat des Congolais. Les prix des produits de base, en particulier ceux importés, ont augmenté, aggravant ainsi la pauvreté et la précarité pour une grande partie de la population. La tentative du gouvernement de rabaisser les prix des biens de consommation courante s’est révélée vaine.

Chute des prix du cobalt

Pillée dans les Kivu par le Rwanda et les rebelles du M23-AFC, plombée dans l’espace Katanga par la chute de l’une des prix d’une des matières premières les plus en vogue, le cobalt, la RDC essaie tant bien que mal de tenir son économie. Mais les prix mondiaux du cobalt ont sensiblement chuté. Depuis mai 2022, le prix du cobalt a perdu les trois-quarts de sa valeur, passant de 82.000 à près de 22.000 dollars la tonne. Une chute vertigineuse qui s’explique aussi par une surproduction mondiale de ce produit. La Chine, une plus grande consommatrice de ce minerai, s’est émancipée de ce métal blanc. Pékin a commencé à produire des cellules de batteries pour véhicules électriques sans utiliser le cobalt, ce qui occasionne une telle chute des prix. Or, la RDC représente environ 70% de la production mondiale de cobalt, dont les deux tiers sont raffinés en Chine.

Pourtant, la redevance minière des substances minérales stratégiques, notamment le cobalt, reste la plus élevée en RDC. « On aura une situation de baisse des recettes et cela peut affecter les efforts que le gouvernement mène pour restaurer la paix dans l’est du pays », analyse Jean-Pierre Okenda, directeur exécutif de l’ONG « La sentinelle des ressources naturelles ».

Difficile canalisation des recettes du coltan

La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de coltan, un minerai essentiel qui est principalement composé de tantalite et de niobium. Le coltan est utilisé dans la fabrication de composants électroniques, tels que les condensateurs pour téléphones mobiles, ordinateurs, voitures électriques et autres appareils high-tech. Ce minerai est principalement extrait dans les régions orientales de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi qu’en Ituri. Ces zones sont souvent marquées par des conflits armés et des tensions politiques, et l’exploitation minière y est souvent artisanale. Cela signifie que de nombreux mineurs locaux utilisent des méthodes manuelles et rudimentaires pour extraire le coltan, ce qui peut rendre l’activité extrêmement dangereuse. Au-delà de cet aspect, le pillage de ces minerais par des pays voisins fait perdre des recettes énormes à la RDC.

Résurgence du M23 et boom économique au Rwanda

Depuis la résurgence du M23, fin 2021, dans les Kivu, le Rwanda a fait des bonds importants dans l’exportation des minerais, notamment le coltan. En 2023, Kigali a enregistré une augmentation spectaculaire de 43 % de ses exportations, qui sont passées de 772 millions de dollars en 2022 à plus de 1,1 milliard. En 2010, ces revenus dépassaient à peine les 70 millions de dollars par an. Une manne minière bénéficiée par un pays qui n’a pas grand-chose sous son sol. Ce qui met souvent Kinshasa en colère, estimant que les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) que Kigali cherche souvent au Congo sont essentiellement des minerais.

Heshima

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