Economie
ÉLABORATION DES BUDGETS 2022-2023 Aimé ALIGNE DES CHIFFRES HISTORIQUES
Avec le rôle crucial que joue son ministère, celui d’assurer la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière budgétaire, Aimé Boji Sangara a mis toutes les batteries en marche pour améliorer les prévisions budgétaires et la qualité de la dépense publique tout en respectant le délai constitutionnel du dépôt des projets de loi des finances au Parlement.
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RedactionH
Ponctualité dans le dépôt des projets de loi des finances, une bonne planification et affectation des ressources publiques, l’action de Aimé Boji Sangara à la tête du ministère du Budget a contribué fortement aux performances du gouvernement dirigé des mains de maître depuis avril 2021 par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Dès sa prise de fonction à la tête de cet important ministère, cet économiste d’Oxford-Brookes University, fort de son expérience de 7 ans au sein de la Commission Economique et Financière de l’Assemblée Nationale avait déjà une idée du travail qui l’attendait.
Pour bien l’accomplir, il soulignait que le ministère du Budget devait se munir d’une « administration efficace » qui cadre avec sa mission. « Le Gouvernement des Warriors ne peut réussir que si nous avons une administration des Warriors », avait-il insisté lors de sa prise de fonctions. Deux ans après, bien des choses ont été réalisées.

Sur les deux exercices budgétaires, Aimé Boji a réussi à élaborer à temps les projets de loi de finances pour les exercices 2022 et 2023. Ce qui avait permis au Premier ministre de s’acquitter d’une obligation gouvernementale dans le délai constitutionnel : le 15 septembre 2021, Jean-Michel Sama Lukonde avait déposé le projet de loi des finances 2022. Une ponctualité qui n’avait pas laissé indifférent le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso. Ce dernier avait félicité le gouvernement pour ce respect du délai légal, une première dans l’histoire politique récente de la République démocratique du Congo.
Pour réussir ce pari, le ministre d’Etat en charge du Budget avait, le 2 août 2021 à Sultani Hôtel, lancé les travaux des conférences budgétaires, une étape importante dans l’élaboration du premier budget de l’Union Sacrée de la Nation. Ces travaux ont permis d’offrir un meilleur cadre de discussions sur les prévisions budgétaires annuelles afin d’en assurer la cohérence avec les politiques publiques contenues dans le cadre budgétaire moyen à terme (CBMT 2022- 2024). Au final, le gouvernement avait doté la République d’un budget réaliste de près de 11 milliards de dollars américains. Pour l’année 2023, le même exploit a été réédité. Elaboré à 14 milliards et déposé à temps à l’Assemblée nationale, ce projet de budget avait été finalement revu à la hausse, soit à 16,8 milliards de dollars par les deux chambres du Parlement.
Vers un budget-programme…
Dans le cadre de la réforme pour la migration en budget programme, Aimé Boji avait fait part, lors du 65ème conseil des ministres de l’état d’avancement de la mise en œuvre importante des perspectives de ladite réforme et des défis à relever. Parmi les actions entreprises relatives aux réformes, il avait cité notamment le découpage des ministères en programmes budgétaires, la misetous les ministères et la détermination de la chaîne de responsabilité par la création et l’installation des directions administratives et financières (DAF) dans 21 ministères.
En début de cette année, le ministère du Budget avait organisé un atelier sur le reclassement des organisations auxiliaires. Il sied de noter une accélération dans ces réformes depuis l’avènement du gouvernement Sama Lukonde, à travers les remarquables réalisations dans le cadre de ce programme sur le plan du maintien de la stabilité macro-économique, de la croissance de l’économie congolaise et des réformes des finances publiques qui font de la République démocratique du Congo l’un des pays les plus performants économiquement du continent africain.
Avec une gestion orthodoxe des finances publiques, le trio Budget, Finances et BCC a suscité le satisfecit du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du programme de réforme économique du gouvernement soutenu par la Fédération des entreprises du Congo ‘‘FEC’’ en cours depuis janvier 2021. A en croire le ministre d’Etat en charge du Budget, la mobilisation du financement pour les réformes, l’accélération de la mise en œuvre des réformes en place du dispositif de performance par l’élaboration des projets annuels de performance dans connexes pour optimiser le succès dans la mise en œuvre de la réforme du budget-programme, la coordination garantie de l’action gouvernementale et l’implication de tous les acteurs font partie des principaux défis que le gouvernement s’emploie à relever.
D’autres réformes
En ce qui concerne le processus de réforme des finances publiques et en application des dispositions de l’article 231 de la Loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques (LOFIP en sigle), le ministère du Budget a organisé l’atelier relatif au reclassement des organismes auxiliaires du 30 janvier au 13 février 2023 à l’Immeuble du Gouvernement. Cet atelier avait pour objectif de finaliser la structuration des maquettes programmatiques en reclassant, suivant les critères de la LOFIP, les organismes auxiliaires précédemment intégrés dans le budget du pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées soit en budgets annexes, soit en établissements publics, opérateurs potentiels de l’Etat ou soit en services de dépenses.

Plusieurs experts du gouvernement ont pris part à cet atelier notamment, ceux de la Primature, du Comité d’orientation de la réforme de finances publiques (COREF), les représentants des conseils d’administrations des universités, des instituts supérieurs d’enseignement général et spécialisé, les membres des unités budgétaires des ministères ou institutions ayant dans leurs secteurs respectifs les organismes auxiliaires ainsi que les responsables de ces derniers. Ces assises ont abouti aux résultats ci-après :
• 8.053 services de dépenses, faisant partie des périmètres de leurs programmes respectifs ont été répertoriés ;
• 10 budgets annexes, constituant des programmes ont été identifiés ;
• 81 établissements publics, opérateurs potentiels de leurs programmes respectifs ont été inventoriés ;
• Le projet du décret relatif au reclassement des organismes auxiliaires en budgets annexes, en établissements publics et en services de dépenses a été validé ;
• La finalisation de la structuration des maquettes programmatiques des secteurs par l’identification de nouveaux programmes ministériels, des périmètres et opérateurs de ces derniers a été effectuée. Dans sa détermination de moderniser l’administration du Budget, le ministre Aimé Boji n’a pas baissé les bras dans la quête de meilleurs résultats pour la RDC.
Le 7 février 2022, il avait lancé les travaux de revisitation du cadre et des structures organiques de l’administration du ministère du Budget. L’objectif de ces assises était de consolider l’élan du développement de l’administration du Budget, afin de lui permettre de mieux assurer la mission qui lui revient en tant qu’instrument de conception, d’élaboration, d’exécution et de suivi-évaluation de la politique gouvernementale, dans une gestion financière basée sur les résultats.

Cette revisitation du cadre et des structures organiques de l’administration du Budget procède de la lettre et de l’esprit de la loi du 13 juillet 2011, relative aux finances publiques (LOFIP) qui prône notamment l’organisation, en un seul texte, des lois de finances, des budgets des provinces et des entités territoriales décentralisées ; la budgétisation fondée sur une logique des résultats au moyen de budgets-programmes ; l’approche budgétaire pluriannuelle ; la prise en compte des principes de la libre administration des provinces et de la décentralisation ; la redéfinition des budgets annexes et l’instauration des comptes spéciaux ; et enfin l’unité de caisse et l’unité de trésorerie. Ce processus de revisitation de cadre et des structures organiques de l’administration du Budget permettra à ce ministère de mieux assurer sa mission, en procédant à la migration du budget des moyens vers le budget-programme tant souhaité par le ministre d’Etat, Aimé Boji.
Parmi les réformes phares des finances publiques retenues pour l’exercice 2022, le gouvernement via le ministère du Budget s’est résolu de se doter d’un « Système intégré de gestion des marchés publics, SIGMAP en sigle ». Le SIGMAP est un logiciel de gestion des marchés publics qui permet d’automatiser l’ensemble des procédures de passation des marchés, de réduire le délai de traitement des dossiers, d’assurer leur traçabilité ainsi que la production automatique des statistiques. L’atelier de lancement de cet outil a été présidé par le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Malgré les avancées significatives dans la réforme des marchés publics, la mise en application complète de cette règlementation souffre encore du problème de traitement manuel et moins efficient du processus des marchés publics. Ainsi, le gouvernement était donc conscient que cette situation ne garantissait pas pleinement la traçabilité, la transparence et l’exhaustivité des informations.
Voilà d’où est venue la nécessité de mettre en place le SIGMAP pouvant faciliter la création d’une plate‐forme logicielle regroupant l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), les autorités approbatrices ainsi que les différentes autorités contractantes de l’Etat au travers de leurs cellules de gestion des projets et des marchés publics (CGPMP). Ainsi, cette plate-forme permettra à chacun des acteurs de jouer pleinement son rôle dans la chaine de passation des marchés publics.

Une autre réforme à inscrire à l’actif du ministre d’Etat, Aimé BOJI, après deux ans passés à la tête de ce portefeuille, est celle relative à la rationalisation de dépenses liées aux charges communes. Pour ce faire, un atelier a également été organisé. Cet atelier s’est inscrit dans la continuité des efforts engagés par le gouvernement, sous le leadership du Premier Ministre pour matérialiser la vision du Président de la République, Chef de l’Etat, visant la consolidation de la croissance économique et l’amélioration du bien-être de la population de notre pays. Les charges communes liées à la consommation d’eau et d’électricité constituent une catégorie des dépenses publiques à laquelle le gouvernement attache une importance particulière dans la mesure où elle absorbe une part considérable du budget de l’Etat et affecte directement le fonctionnement des entreprises publiques par rapport à ces deux produits de consommation de base.
Les dépenses liées à la consommation d’eau et d’électricité des institutions officielles et des ayants droit représentent une part assez importante de charges communes qui exigent une maitrise pour sauvegarder les ressources publiques et assurer l’efficience des sociétés prestataires pour le bien de la population. Il est donc impérieux de rationaliser ces dépenses. Il faudrait aussi accorder une attention particulière à cette consommation dans la mesure où ces dernières pèsent pour une part considérable dans le budget de l’Etat (5% des dépenses publiques en 2022). Cette catégorie des charges communes affecte aussi les capacités des prestataires publics à fournir de l’eau et de l’électricité, de manière efficiente, à la population congolaise, suite notamment à l’explosion continue de ces dépenses, entraînant l’accumulation excessive des arriérés des factures de la REGIDESO et de la SNEL à charge de l’Etat.
Pour illustration, le montant cumulé des arriérés des factures d’eau et d’électricité de 2017 à 2021 à charge de l’Etat s’élèvent à 465,2 milliards de FC, soit 232,6 millions de dollars américains pour la REGIDESO SA et à 262,9 milliards de FC, soit 131,5 millions de dollars américains pour la SNEL SA. Il convient également de rappeler que les dépenses publiques liées à la consommation d’eau et d’électricité totalisent plus de 40% du chiffre d’affaires des prestataires de ces deux produits.
Par conséquent, la rationalisation des dépenses publiques liées aux charges communes d’eau et d’électricité consiste en une réforme stratégique qui devra permettre au gouvernement de réaliser simultanément plusieurs objectifs dont : l’amélioration de la situation budgétaire de l’Etat et de la qualité des dépenses publiques ; la réduction du train de vie des institutions publiques et la réalisation des économies budgétaires, susceptibles d’améliorer les dépenses sociales et les dépenses d’investissements; la contribution à un meilleur fonctionnement des entreprises en charge de fourniture d’eau et d’électricité dont le gain d’efficacité se traduira par le renforcement de la desserte en eau et en électricité pour soutenir la croissance économique et favoriser le bien-être de la population. L’objectif général de cet atelier était donc de créer une dynamique des acteurs et opérateurs intervenant dans la gestion de la consommation d’eau et d’électricité de l’Etat aux fins d’accroître l’efficacité des prestataires publics et de rationaliser les charges communes y afférentes.
Heshima
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Economie
En RDC, l’embellie économique contraste avec une famine aiguë
Published
3 semaines agoon
mai 28, 2025By
La redaction
Malgré des chiffres économiques encourageants, la situation de la famine en République démocratique du Congo (RDC) devient de plus en plus préoccupante. Selon les dernières données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 25,6 millions de Congolais, soit environ 22 % de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Une situation aggravée en 2025 par la crise sécuritaire dans l’Est du pays.
Sur le papier, le pays vit une période de prospérité économique sans précédent depuis plusieurs années. Le budget national continue d’augmenter depuis 6 ans, passant de 4 milliards à 18 milliards de dollars. En 2024, les réserves de change internationales de la RDC étaient estimées à 6 milliards de dollars américains, en hausse par rapport aux 1,7 milliard enregistrés en 2021 au début du programme entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, cette embellie économique contraste avec la situation de famine que traverse le pays.
Une situation explosive depuis 2024
Selon une analyse du Cadre de classification intégrée sur la sécurité alimentaire (IPC) publiée en octobre 2024 par la FAO, environ un quart de la population continue d’être confrontée à une faim aiguë. Ces chiffres ont augmenté en 2025, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM). L’intensification des conflits armés dans l’Est du pays a provoqué des déplacements massifs de populations, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire à des niveaux critiques depuis le début de l’année 2025, note le PAM. Cette insécurité alimentaire est évaluée aux phases 3 et 4 de l’IPC.
Selon Radio Okapi qui cite un rapport consulté le 24 mai 2025, plus de 90 % des ménages des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont touchés par cette crise alimentaire. Cette situation s’explique notamment par la hausse des prix des denrées locales, conséquence directe de l’insécurité qui entrave les routes commerciales et limite l’accès aux marchés. « Nous nous réveillerons le matin sans savoir quoi manger et quoi faire d’autre. Mon mari ne sait plus aller au travail avec la situation d’occupation de la ville de Goma. Nous peinons pour trouver à manger », témoigne Gloria Mbuyi contactée par Heshima Magazine. Elle explique que sa famille avait été mutée à Goma par l’entreprise de son mari, mais qui n’est plus opérationnelle pour l’instant suite à la paralysie économique observée dans la ville volcanique, après la fermeture des institutions bancaires.
La malnutrition aiguë touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans, avec environ 4,5 millions d’enfants affectés, dont 25 % souffrent d’un retard de croissance. Face à cette situation, des initiatives humanitaires sont en cours. Par exemple, la campagne « ASSEZ » lancée par World Vision vise à fournir une aide alimentaire d’urgence, soutenir l’agriculture durable et offrir des soins de santé et un soutien nutritionnel aux populations vulnérables dans plusieurs zones touchées en RDC.
Sur le plan alimentaire, la production dans le grand nord du Nord-Kivu, un important centre agricole, a été gravement perturbée suite à l’insécurité créée ou aggravée par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Cette situation de famine est d’autant plus explosive que certaines ONG qui travaillent dans l’humanitaire ont vu leurs budgets être supprimés suite au démantèlement de l’agence américaine USAID décidé par l’administration Trump. USAID était à la pointe dans le secteur de l’aide humanitaire et du développement en RDC, notamment via des projets multisectoriels et en partenariat avec des ONG locales et internationales. Cette agence était la plus grande donatrice bilatérale dans le secteur de la santé en RDC, fournissant des traitements contre plusieurs maladies et améliorant l’accès à l’eau potable.
Une embellie économique difficile à palper
Si le gouvernement vante les efforts économiques entrepris ces dernières années, cela reste difficile à palper par les Congolais de toutes les zones du pays. À Kinshasa comme dans les provinces, la situation socio-économique est quasi similaire. L’embellie économique du pays – marquée par une croissance économique soutenue ces dernières années tournant autour de 6 à 7 % du PIB – n’est que très partiellement profitable au citoyen lambda. Cette croissance, en grande partie créée grâce à l’exportation de cuivre et de cobalt, influence très peu le quotidien des Congolais, y compris ceux qui sont dans des zones stables. « Il y a plusieurs facteurs qui jouent face à ce tableau, notamment le mauvais choix dans les investissements de ces fonds et l’absence de projets structurants qui peuvent réellement impacter les vies des communautés », estime Jacques Okito, un économiste. Selon lui, face à la crise humanitaire actuelle, les fonds du gouvernement seuls ne sauraient couvrir les besoins immenses de plus en plus croissants créés par cette crise multiforme.
Pour l’instant, une part significative du budget est allouée aux investissements, visant à financer des projets d’infrastructures et de développement à travers le pays. Une bonne part du budget est destinée aux rémunérations des fonctionnaires et des agents de l’État, représentant une part importante des dépenses de fonctionnement. Le fonctionnement des institutions politiques prend également une part importante du budget.
Un besoin humanitaire chiffré à 2,54 milliards de dollars
Après la chute des villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé un Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025, afin de mobiliser 2,54 milliards de dollars. « La situation de la sécurité alimentaire reste critique pour des millions de personnes en RDC », note Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.
Une fois mobilisée, cette enveloppe pourrait fournir une aide vitale à 11 millions de personnes – dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde – parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies mais aussi la famine. Mais la situation ne concerne pas que les Kivu, les provinces voisines qui accueillent des déplacés internes ressentent aussi le coup. C’est le cas notamment du Maniema et Tanganyika.
« Tous les signaux d’alerte sont au rouge. Mais même face à ces défis énormes, l’action humanitaire démontre chaque jour son efficacité pour sauver des vies. Notre seule mission est de porter assistance aux populations les plus vulnérables, où qu’elles se trouvent. Nous devons nous adapter pour continuer à fournir cette aide vitale, sans jamais compromettre les principes fondamentaux qui guident l’action humanitaire : neutralité, impartialité, indépendance et humanité », avait déclaré Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC.
Malgré ces efforts, la situation reste critique et nécessite une mobilisation internationale accrue pour répondre aux besoins humanitaires urgents et soutenir la résilience des communautés affectées, estime l’ONU. En dépit des sacrifices consentis pour renverser la tendance sur le plan humanitaire, les projections pour 2025 laissent encore entrevoir des perspectives similaires à celles de 2024, à moins qu’une aide efficace ne soit apportée aux victimes.
Heshima
Economie
« Compact de résilience » en RDC : Une initiative ambitieuse face aux défis socio-économiques
Published
1 mois agoon
mai 13, 2025By
La redaction
Sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa, la République démocratique du Congo (RDC) amorce une nouvelle phase de son développement avec le lancement du Compact de Résilience, un programme multisectoriel d’envergure. Cette initiative, héritière du Programme de développement local des 145 territoires, répond aux urgences économiques, sociales, sécuritaires et de mobilité urbaine dans le pays, tout en affirmant une volonté claire de rapprocher l’action publique des besoins concrets de la population.
Le plan, coordonné par le vice-premier ministre Daniel Mukoko, ambitionne de transformer les équilibres macroéconomiques récents en améliorations tangibles du quotidien. Il embrasse des domaines variés tels que la mobilité urbaine, l’assainissement, la relance agricole et l’ouverture des territoires ruraux. L’idée centrale est d’éviter une dispersion inefficace des ressources en favorisant une logique de convergence entre les initiatives nationales et les partenaires techniques, à l’image de la coopération renouvelée avec les Nations unies. « Nous allons donc produire [cette semaine] ce compact de résilience qui va permettre d’allier la bonne santé économique avec l’amélioration progressive des conditions de vie de nos concitoyens », a déclaré Daniel Mukoko.
Développement rural, agriculture et inclusion territoriale
À Kinshasa, les chantiers visent à désengorger la capitale et à améliorer les conditions sanitaires, tandis qu’en zones rurales, l’enjeu est d’assurer un meilleur accès des producteurs aux marchés. L’accent mis sur l’agriculture stratégique, conforme au Plan national stratégique de développement, reflète une volonté de renforcer l’autosuffisance alimentaire et de réduire la dépendance aux importations, tout en stimulant la résilience économique des territoires marginalisés.
Des modèles internationaux comme sources d’inspiration
Le « Compact de résilience » s’inscrit dans une dynamique globale où plusieurs pays ont déjà testé des approches similaires. Le Maroc a misé sur le développement humain par une gouvernance locale participative ; le Brésil a su intégrer les transferts sociaux à des objectifs éducatifs et sanitaires durables, et l’Éthiopie a combiné filets sociaux et travaux publics dans une logique d’autonomisation. Des projets soutenus par la Banque mondiale en Afrique de l’Est, ou encore au Bangladesh et au Mexique, montrent que ces politiques, lorsqu’elles sont cohérentes et bien ancrées localement, peuvent produire des effets transformateurs.
Une synergie croissante avec les partenaires internationaux
En RDC, cette volonté de résilience s’accompagne d’une mobilisation accrue des bailleurs de fonds. Des initiatives majeures comme le Programme d’accès aux services d’eau et d’assainissement ou le Projet de développement multisectoriel à Kinshasa, financés par la Banque mondiale, viennent compléter le Compact. Cette convergence est perçue comme une occasion stratégique d’accélérer l’impact des investissements, pourvu que la coordination soit effective et la transparence garantie.
Une mise en œuvre sous haute tension sécuritaire et institutionnelle
Malgré son ambition, le programme se heurte à une réalité instable. À l’Est, les violences alimentées par le M23 et d’autres groupes armés compromettent l’accès à de larges portions du territoire. L’économie, bien que croissante, reste vulnérable aux chocs et à une forte dépendance aux matières premières, tandis que l’accès aux services de base demeure très limité pour une majorité de Congolais. La corruption, l’inefficacité administrative et les lenteurs dans la mobilisation budgétaire sont autant de freins à la réalisation des objectifs fixés.
Espoirs et doutes au sein de la population
Dans les quartiers populaires de Kinshasa comme dans les provinces isolées, les Congolais accueillent le programme avec un mélange d’espoir et de prudence. Si certains saluent les premières rénovations d’écoles ou les débuts d’infrastructures rurales, beaucoup expriment leur méfiance face à l’absence de résultats durables par le passé. Le besoin de soutien à l’entrepreneuriat local, notamment via le microcrédit et des politiques agricoles mieux structurées, est régulièrement mis en avant par les populations.
Refonder le contrat social congolais
Au-delà de ses aspects techniques, le Compact de résilience vise à rétablir un lien de confiance entre l’État et les citoyens. Restaurer la dignité, renforcer le sentiment d’appartenance et offrir des perspectives concrètes constituent les conditions d’un développement durable. Dans un pays fracturé par les conflits, miné par l’injustice et riche en potentialités, cette ambition représente un pari audacieux mais nécessaire. En plaçant l’humain au cœur de la reconstruction nationale, la RDC pourrait enfin ouvrir une nouvelle page de son histoire sociale et politique.
Heshima Magazine
Economie
L’économie congolaise déjà impactée par la guerre
Published
3 mois agoon
mars 11, 2025By
La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) est touchée par une guerre d’agression menée par le Rwanda sur son territoire en appui aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Cette situation a déjà une incidence sur l’économie du pays, qui repose essentiellement sur l’exportation des minerais.
La guerre, qui a repris dans l’Est du pays, dissuade les investissements étrangers et la création de nouvelles entreprises. Même si la RDC dispose de ressources naturelles abondantes, l’instabilité dans les zones minières et le manque de sécurité empêchent les investissements à long terme. Les multinationales et les entreprises locales hésitent à investir dans un environnement où les risques liés à la guerre et à la violence sont trop élevés. Le regain de violence armée depuis plus de 3 ans fait perdre énormément de recettes au pays.
Depuis juin 2022, Kinshasa perd ses recettes douanières du poste frontalier de Bunagana, au Nord-Kivu. Cette première cité occupée par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) pouvait réaliser jusqu’à 750 000 dollars de recettes mensuelles. Avec la progression des rebelles dans les deux Kivu, le pays a perdu des revenus qui sont désormais contrôlés par les insurgés. Bunagana est le troisième poste frontalier le plus important du Nord-Kivu après celui de la grande barrière à Goma et celui de Kasindi.
Depuis la prise totale de deux capitales des Kivu, des produits vivriers tels que des pommes de terre, du fromage, du lait frais ou de la viande de bœuf ne sont plus expédiés vers Kinshasa ou dans d’autres villes du pays. Toutes les chaînes d’approvisionnement sont bloquées, affirme Lesly Said, gérante du supermarché du Kivu au complexe Utexafrica, à Kinshasa. « Même avant que Goma ne soit prise, nous avions déjà été impactés par la prise de Minova. Le coût avait augmenté et nous avons eu beaucoup de plaintes de clients, mais nous n’avions pas de choix », a-t-elle déclaré.
Depuis la chute de la ville de Goma, les banques restent toujours fermées. La circulation du dollar américain dans la région devient de plus en plus difficile. Si une telle situation perdure, cela présente le risque d’un basculement de l’économie vers le franc rwandais. Le marché monétaire congolais étant asphyxié par l’absence prolongée des banques et des microfinances, la ville rwandaise voisine, Gisenyi, risque de devenir un débouché pour échapper à cette asphyxie économique de Goma. Cela risque d’être perçu comme une balkanisation économique.
Effort de guerre
Des entreprises publiques fournissent des efforts supplémentaires pour contribuer à l’effort de guerre lancé par le président de la République, Félix Tshisekedi. Pour répondre à cet appel à la solidarité, l’Office de gestion du fret multimodal (OGFREM) a apporté une contribution à hauteur d’un million de dollars. Cette cagnotte a été annoncée au Vice-Premier ministre, ministre des Transports et Voies de communication, Jean-Pierre Bemba, par l’équipe dirigeante de cette entreprise. D’autres entreprises publiques, qui avaient déjà du mal à fonctionner, pourraient fournir des efforts supplémentaires en cette période de guerre.
Cette situation sécuritaire grave a aussi perturbé les prévisions budgétaires projetées pour cette année (18 milliards de dollars). Des coupes budgétaires ont été opérées dans les enveloppes prévues pour certaines institutions comme la Présidence, la Primature, le Gouvernement et le Parlement. La mécanisation des nouveaux agents et fonctionnaires de l’État a été gelée pour une période de 12 mois. Autre effet ressenti, c’est l’inflation. Elle a été particulièrement forte ces dernières années, ce qui a réduit le pouvoir d’achat des Congolais. Les prix des produits de base, en particulier ceux importés, ont augmenté, aggravant ainsi la pauvreté et la précarité pour une grande partie de la population. La tentative du gouvernement de rabaisser les prix des biens de consommation courante s’est révélée vaine.
Chute des prix du cobalt
Pillée dans les Kivu par le Rwanda et les rebelles du M23-AFC, plombée dans l’espace Katanga par la chute de l’une des prix d’une des matières premières les plus en vogue, le cobalt, la RDC essaie tant bien que mal de tenir son économie. Mais les prix mondiaux du cobalt ont sensiblement chuté. Depuis mai 2022, le prix du cobalt a perdu les trois-quarts de sa valeur, passant de 82.000 à près de 22.000 dollars la tonne. Une chute vertigineuse qui s’explique aussi par une surproduction mondiale de ce produit. La Chine, une plus grande consommatrice de ce minerai, s’est émancipée de ce métal blanc. Pékin a commencé à produire des cellules de batteries pour véhicules électriques sans utiliser le cobalt, ce qui occasionne une telle chute des prix. Or, la RDC représente environ 70% de la production mondiale de cobalt, dont les deux tiers sont raffinés en Chine.
Pourtant, la redevance minière des substances minérales stratégiques, notamment le cobalt, reste la plus élevée en RDC. « On aura une situation de baisse des recettes et cela peut affecter les efforts que le gouvernement mène pour restaurer la paix dans l’est du pays », analyse Jean-Pierre Okenda, directeur exécutif de l’ONG « La sentinelle des ressources naturelles ».
Difficile canalisation des recettes du coltan
La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de coltan, un minerai essentiel qui est principalement composé de tantalite et de niobium. Le coltan est utilisé dans la fabrication de composants électroniques, tels que les condensateurs pour téléphones mobiles, ordinateurs, voitures électriques et autres appareils high-tech. Ce minerai est principalement extrait dans les régions orientales de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi qu’en Ituri. Ces zones sont souvent marquées par des conflits armés et des tensions politiques, et l’exploitation minière y est souvent artisanale. Cela signifie que de nombreux mineurs locaux utilisent des méthodes manuelles et rudimentaires pour extraire le coltan, ce qui peut rendre l’activité extrêmement dangereuse. Au-delà de cet aspect, le pillage de ces minerais par des pays voisins fait perdre des recettes énormes à la RDC.
Résurgence du M23 et boom économique au Rwanda
Depuis la résurgence du M23, fin 2021, dans les Kivu, le Rwanda a fait des bonds importants dans l’exportation des minerais, notamment le coltan. En 2023, Kigali a enregistré une augmentation spectaculaire de 43 % de ses exportations, qui sont passées de 772 millions de dollars en 2022 à plus de 1,1 milliard. En 2010, ces revenus dépassaient à peine les 70 millions de dollars par an. Une manne minière bénéficiée par un pays qui n’a pas grand-chose sous son sol. Ce qui met souvent Kinshasa en colère, estimant que les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) que Kigali cherche souvent au Congo sont essentiellement des minerais.
Heshima
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