La vie, la mort, voilà deux circonstances inhérentes à l’être humain au point qu’elles ne sont plus présentées comme une hécatombe, mais une finalité qui n’épargne personne. L’année 2020 a, toutefois, le mérite d’être celle au cours de laquelle la terre a dénombré des millions de morts, et ce, en un temps record.
Une mort naturelle due à l’âge ou des suites de la pandémie à Covid-19, de nombreuses personnes ont quitté la terre des hommes parmi lesquelles des célébrités et de grandes icônes de la vie sociale, politique, sportive et culturelle.
Dans les lignes qui suivent, Heshima Magazine rend un vibrant hommage à ces dignes fils qui ont marqué d’une empreinte indélébile l’histoire.
Ancien chef militaire, il a mené de grandes expéditions de l’armée nigérienne dont la répression de la révolte touarègue sous le Président Ali Salibou dont il a aussi été ministre de l’Intérieur. Après la mort du président Salibou, Mamadou Tandja tentera vainement de prendre le pouvoir lors de la Présidentielle de 1993 et celle de 1996. C’est finalement en 1999 que Mamadou Tandja réussira à saisir les commandes du Niger après avoir remporté le deuxième tour de la présidentielle face à Mahamadou Issou – fou. Il exercera deux mandats soit de 1999 à 2004 et de 2004 à 2009, c’est en voulant modifier la Constitution pour prolonger son bail de trois années qu’il sera déposé par l’armée et placé en résidence surveillée avant d’être finalement transféré à la prison de Kollo. La Justice nigérienne ayant abandonné ses charges contre lui, M. Tandja sera libéré en 2011. Il est mort à Niamey au Niger, le 24 novembre 2020.
Pierre Nkurunziza (1964-2020) :
Né le 18 décembre 1964 à Ngozi dans le Burundi, d’un père Hutu et d’une mère Tutsi, Pierre Nkurunziza était le chef d’un groupe armé hutu avant de se muer en homme politique et de prendre le pouvoir à la présidentielle de 2005. Il sera réélu en 2010 et en 2015 son dernier mandat qu’il achèvera complètement en passant la main au Président actuel, Ndayshimiye. Alors que la pandémie à Covid-19 commence à faire des premières victimes en Afrique, Pierre Nkurunziza n’y accorde aucun crédit affirmant que ce virus mortel n’existe pas dans son pays et préconise même un traitement traditionnel en cas de contamination. Lorsqu’il meurt au mois de juin de suite d’une crise cardiaque, des sources familiales affirment que l’homme de 55 ans était en détresse respiratoire avant de rendre l’ultime souffle. Un symptôme de la forme sévère de Covid-19 qui porte à croire que l’ancien chef de l’Etat burundais aurait peut-être été atteint par une maladie dont il niait l’existence. Les Burundais gardent de lui l’image d’un Président chrétien, sportif dont le premier mandat était caractérisé par la paix dans le pays.
Pierre Buyoya (1949-2020) :
Ancien président burundais, il a dirigé ce pays à deux reprises, de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003. Il sied de noter que ses deux mandats présidentiels, Pierre Buyoya les a obtenus par des coups d’Etat. C’est finalement sous l’égide de Nelson Mandela que cet ancien officier burundais devenu homme d’Etat, signera le 28 août 2000 un accord de Paix à Arusha lequel va ouvrir les chemins de la démocratisation du Burundi. Il cèdera le fauteuil présidentiel en 2003 à Domitien Ndayizeye. Retiré de la vie politique active, Pierre Buyoya était hospitalisé, au tout début du mois de décembre à Bamako, la capitale malienne. Le diagnostic était clair, l’homme de 71 ans était atteint du nouveau coronavirus et placé aussitôt sous respirateur artificiel. Suite à la dégradation de son état, un avion médicalisé sera mis à sa disposition pour le conduire à Paris. C’est à son arrivée dans la capitale française que Pierre Buyoya rendra l’âme. Il n’avait même pas franchi le seuil du centre hospitalier devant le prendre en charge.
Jerry Rawlings (1947-2020):
Sa beauté, son charme et sa bonne humeur en permanence contrastaient sans cesse avec sa casquette d’homme de l’armée et celle d’un politique invétéré. Et pourtant ce métis né à Accra est considéré comme l’acteur principal de la démocratisation du Ghana. Il prend le pouvoir après un putsh en 1979, il met le Ghana sur orbite par la modernisation des zones rurales, il ralentit la récession à laquelle était confronté son pays, grâce au prêts et aux investissements des capitaux privés, il redresse son économie. Sur le plan politique, il instaure le multipartisme au Ghana et organise deux Présidentielles démocratiques, libres et transparentes dont il est successivement sorti vainqueur. Il cèdera logiquement la présidence après son deuxième mandat tel qu’exigé par la Constitution. Cependant, il se battra bec et ongle en toute démocratie pour que son Vice-Président John Atta Mills soit élu Président du Ghana, ce qui fut fait. Devenu une icône pour toutes les tendances politiques ghanéennes, Jerry Rawlings meurt à l’hôpital universitaire de Korle-Bu d’Accra au Ghana.
Valéry Giscard d’Estaing (1926- 2020):
“Laissez les choses basses mourir avec leur propre poison”, cette célèbre phrase, VGE l’avait lancé vers la fin de son mandat lorsqu’il est cité dans une affaire de diamant centrafricain. Principal parrain de l’empereur Bokassa qui est accusé de piller la Centrafrique de ses maigres ressources, Giscard d’Estaing nie en bloc son implication dans la mégestion de Bokassa. Cela aura forcément une incidence sur la Présidentielle de 1981 que VGE perdra face à François Mitterrand, le même qu’il avait pourtant battu en 1974 devenant le plus jeune Président français à l’âge de 48 ans. L’héritage de Valéry Giscard d’Estaing est composé de son combat pour la création du G7, la relance du nucléaire en France et les premières heures du développement du projet TGV. A sa mort VGE était membre à vie du Conseil Constitutionnel.
Sindika Dokolo (1972-2020):
Avant Sindika, le patronyme Dokolo était intimement lié à la personne d’Augustin Dokolo, grand homme d’affaires, premier entrepreneur congolais d’envergure ayant œuvré dans la banque, l’automobile, l’alimentaire, l’immobilier, l’aviation, etc. Sindika Dokolo son fils, quant à lui, a fait son apparition en RDC vers les années 2015, 2016 jusqu’à sa mort en 2020, son nom restera dans toutes les bouches. Aux antipodes de son père qui n’était qu’entrepreneur, Sindika est connu pour ses sorties politiques notamment grâce à son mouvement « les congolais debout » qui lui permettait de faire entendre sa voix en dénonçant les injustices sociales en RDC son pays natal. Lui qui s’est installé depuis des années en Angola où il convolait en justes noces avec Isabel Dos Santos, fille de l’ancien président Eduardo Dos Santos, avait gardé des liens forts avec la RDC, terre de ses ancêtres. Sindika Dokolo était aussi connu pour sa collection d’œuvres d’art considérée comme la plus grande, estimé à de nombreux millions de dollars américains. Grand amateur de la plongée sous-marine, il y laissera la vie près de l’île de Umm-al Haab où il a tenu à pratiquer une plongée très risquée connue sous le nom de al-hiyari, laissant le plongeur ne dépendre que de sa propre capacité à respirer.
Ont brillé sur le gazon et le parquet
Diego Armando Maradona (1960-2020) :
El Pibe de Oro, le petit garçon en or, c’est ainsi qu’était surnommé celui que de nombreux analystes présentent comme le plus grand footballeur argentin de tous les temps, certains le comparant à Lionel Messi. Si son succès avec le club italien de Naples et son sacre avec l’Argentine en 1986 le placent au sommet du monde, ses deux buts marqués en finale contre l’Angleterre le font entrer au panthéon des plus grands. Le premier but est sujet à polémique puisqu’il le marque de la main, la fameuse main de Dieu ayant soulevé de graves protestations. Au cours de la même partie et comme pour se faire pardonner, il prend la balle depuis son camp, dans une sorte de slalom, pour dribbler trois, quatre, cinq joueurs anglais y compris le gardien avant de marquer dans le but vide. Incroyable. Son addiction à la drogue sonnera le glas de sa carrière. Par la suite l’homme tentera vainement de lutter contre une prise de poids excessive avant de mourir à l’âge de 60 ans, dans un hôpital argentin n’ayant pas remporté sa victoire contre une tumeur dans le cerveau.
Kobe Bryant (1978-2020) :
S’il avait été professionnel à la deuxième moitié de la décennie 80, il aurait assurément fait partie de la dream team (Magic Johnson, Michael Jordan, Scottie Pipen, Charles Barkley, Patrick Ewing, etc.) qui a remporté la médaille d’or de Basket aux Jeux Olympiques de 1986. Il est compté parmi les virtuoses que le championnat américain de Basket, la prestigieuse NBA ait connus. Longtemps sociétaire du Los Angeles Lakers, Kobe Bryant a brillé sur tous les parquets des Etats-Unis concurrençant le grand Michael Jordan et surclassant d’autres basketteurs pour qui il est une véritable idole. C’est d’ailleurs comme une trainée de poudre que s’est répandue la nouvelle de sa mort avec sa famille suite à un crash de son hélicoptère. Une mort tragique qui a déclenché des hommages à travers la planète.
Pape Bouba Diop (1978-2020) :
Arborant le dossard numéro 19 de l’équipe nationale du Sénégal, le colosse des lions de la Téranga a jeté le premier coup de bêche pour l’inhumation de l’équipe de France championne du monde en titre, lors du Mondial 2002 en Corée du Sud et au Japon. A l’issue d’un match épique entre les deux Nations historiquement liées par une relation de colonisateur-colonisé, Pape Bouba Diop va sceller la victoire sénégalaise d’un coup de pied presque à la sauvette à bout portant. Dès cet instant, les projecteurs étaient braqués sur lui, l’accompagnant à Lens, à Portsmouth ou encore à Westham. Il décède en novembre 2020 après avoir lutté des années durant contre la maladie de charcot.
Emeka Mamale (1977-2020) :
il est au panthéon des génies du football congolais, son nom est cité dans le cercle très fermé de Kakoko, Muntubile Santos, Biscotte Mbala, Matumona Roum et Mputu Trésor. L’épopée de la Coupe d’Afrique des Nations Burkina Faso 1998 restera la plus belle ligne de sa page d’histoire. Sa coupe rasta, son sparadrap à la nuque et son short remonté jusqu’au niveau du haut de la cuisse flirtaient à merveille avec sa façon de gérer le cuir sur un terrain de football. Que ce soit à Matete, à Matonge ou au Dcmp, Mamalé a ébloui le public sportif congolais par ses dribbles et la précision de ses centres. Révélation des léopards 1996, il s’envolera par après pour l’Afrique du Sud, la Corée du Sud avant de descendre à Mazembe, Dcmp et Elima de Matadi. Ses derniers jours, l’enfant terrible du football congolais (ndlr : à cause de son franc-parler et la gestion de ses contrats) les passera comme entraîneur d’équipes de jeunes. Il rendra l’âme à l’hôpital Saint-Joseph de Kinshasa souffrant des problèmes respiratoires.
Les as de la musique
Manou Dibango (1933-2020) :
Aussi connu sous le pseudonyme de Papagroove, Manu Dibango est rattaché à un instrument : le saxophone. C’est avec cela que le natif de Douala au Cameroun, va sillonner la planète prestant sur les plus grandes scènes avec de grands noms de la musique tant africaine que mondiale. Décédé à Melun en France du coronavirus, Manu Dibango est sans nul doute sorti d’une renommée africaine à celle de tout un continent suite à son contentieux avec la légende de la musique pop, Michael Jackson. Le chanteur américain a repris dans un rythme pop, le refrain de la célèbre chanson de Dibango « Soul Makoussa » édité en 1972.
Meridjo Belobi (1952-2020) :
Machine ya kauka, un surnom que lui a attribué le chanteur Evoloko Atshuamo en référence au son que produit le contact entre les roues d’une locomotive et le rail. Meridjo s’en inspirera pour créer le rythme du sébène, partie dansée avec des cris cadencés de la musique congolaise. Si la batterie a été introduite dans la musique de la RDC dans les années 1960 par Seskain Molenga, la paternité du rythme sébène revient à Meridjo. Ce dernier a œuvré presque toute sa vie au sein du groupe Zaïko Langa Langa, géniteur du sébène.
Chevaliers de la plume
Lukunku Sampu (1938-2020):
Son image reste rattachée à celle de Franco Luambo Makiadi, non parce qu’ils étaient grands amis et que le premier ne manquait pas de le faire venir sur son plateau de la télévision nationale, mais surtout parce que Lukunku Sampu est celui qui réalise l’interview historique, la dernière que donnera Luambo avant sa mort à Namur le 09 octobre 1989. Dans cette interview tournée dans les installations où Franco de Mi Amor apparaît sensiblement fondu ayant perdu plus de 30 kilos, le grand maître de la musique congolaise fait de grandes révélations sur ses pratiques fétichistes qu’il avoue avoir laissées. Après la disparition de Luambo Makiadi, Lukunku Sampu disparaîtra lui aussi progressivement de la télévision pour devenir diplomate en fonction au Portugal. Il est considéré comme une icône de la presse congolaise en général et des émissions de variétés en particulier.
Kasonga Tshilunde (2020) :
Incroyable, il est rare que des gens meurent après avoir remporté de grands combats, leurs victoires ont tendance à leur conférer une nouvelle jeunesse. L’ancien Président de l’Union Nationale de la Presse Congolaise n’aura pas eu la même chance. Au mois d’octobre, il remporte haut la main l’élection à la tête de l’UNPC après un plébiscite décroché depuis la ville côtière de Muanda où la corporation s’était réunie sous la bénédiction de madame Denise Nyakeru, épouse du Président Félix Tshisekedi. Il ne sera pas resté un mois dans sa peau de président réélu avant d’être terrassé par la maladie qui finira par l’emporter dans l’au-delà.
Sara Fani Da Cruz (décembre 2020) :
Est-il possible de mourir si jeune, si belle et si talentueuse? Si d’aucuns considèrent cela comme une catastrophe, la mort de Sara Fani Da Cruz vient tout confirmer. La presse congolaise qu’elle soit de l’ancienne ou de la nouvelle école s’est effondrée à l’annonce de la terrible nouvelle de la mort de l’ancienne présentatrice des « prime » du Journal télévisé sur la chaîne Digital Congo. Partie au Maroc pour vaincre son combat contre une tumeur au cerveau, elle n’aura pas eu les forces nécessaires pour venir à bout de son geôlier, laissant derrière elle un mari, une fillette de presque deux ans et une corporation aux abois. Sara Fani Da Cruz, métisse de par son teint, charismatique et convaincante avait pourtant un sourire pouvant illuminer les visages les plus ténébreux. C’est l’effet que son passage à la télévision produisait presque automatiquement des années durant, avant qu’elle quitte les médias pour entrer aux services de l’ancienne Première Dame de la RDC, Olive Lembe, inconsolable devant la dépouille de sa petite Sara.
Les électeurs gabonais ont validé à 91,8 % la nouvelle Constitution rédigée par le régime du président de transition, le général Brice Oligui Nguema. En adoptant ce changement fondamental, le pays tourne ainsi la page de 50 ans de pouvoir de la famille Bongo.
Le 16 novembre, les électeurs gabonais ont approuvé par référendum la nouvelle Constitution, ouvrant la voie à un retour aux élections et à l’ordre démocratique, selon les résultats provisoires annoncés le dimanche 17 novembre par le ministre gabonais de l’Intérieur. Plus de 91 % des Gabonais ont voté en faveur du texte. Seuls 8,2 % ont exprimé un vote « non ». Ces résultats devront être validés par la Cour constitutionnelle. En termes de participation, 53,5 % des 860 000 électeurs éligibles se sont rendus aux urnes lors de ce référendum.
Les innovations du texte
L’esprit d’un pouvoir dynastique est désormais banni par la nouvelle loi fondamentale. Désormais, un président de la République ne peut pas désigner un membre de sa famille comme successeur. Une référence explicite aux 50 ans de pouvoir de la famille Bongo, à la tête du pays pendant deux générations. Les candidats à la présidence doivent désormais avoir au moins un parent né au Gabon et ne détenir aucune autre nationalité. De plus, le candidat à la présidence doit être marié à une personne de nationalité gabonaise. Là encore, la nouvelle Constitution semble répondre aux critiques sur la famille Bongo, notamment sur le fait qu’Ali Bongo Ondimba, l’ex-président déchu, était marié à une Française.
Dispositions majeures supprimées
La nouvelle Constitution abolit le poste de Premier ministre et instaure un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une fois. Pour l’opposition, le président Brice Oligui Nguema semble vouloir concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. Bien que ce dernier affirme ne pas vouloir se présenter aux prochaines élections, la classe politique reste sceptique face à cette promesse. Le texte de la Constitution accorde également au président de la République le pouvoir de nommer les membres du pouvoir judiciaire et de dissoudre le Parlement.
Déroulement du référendum
Sous couvre-feu depuis le putsch du 30 août 2023, le Gabon a organisé ce vote sous haute sécurité. Cette mesure a été renforcée la veille du référendum, le vendredi 15 novembre. Bien que des observateurs nationaux et internationaux, interdits lors de l’élection controversée d’Ali Bongo, aient été autorisés à surveiller le déroulement du scrutin, l’accès au processus de dépouillement a été limité dans tout le pays, selon le Réseau d’Observateurs Citoyens (ROC).
Lors de la campagne référendaire, l’opposition a appelé les Gabonais à voter « non » à la Constitution, estimant qu’elle renforçait la dictature du président putschiste. Toutefois, la campagne électorale a été largement dominée par le camp au pouvoir, qui contrôle la majeure partie des canaux de communication.
L’Union africaine félicite…
Dans un communiqué, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a félicité le gouvernement de transition et le peuple gabonais pour la tenue de ce référendum sur la nouvelle Constitution. L’Union africaine considère ce scrutin comme une étape importante dans le rétablissement de l’ordre constitutionnel démocratique au Gabon. L’organe panafricain exprime son « plein et entier soutien » à la transition et au peuple gabonais, en vue de la mise en place d’une gouvernance inclusive, démocratique et apaisée.
Une manipulation des chiffres, selon l’opposition
Si le régime de transition se satisfait des résultats positifs du référendum, l’opposition dénonce, elle, une manipulation des chiffres ainsi que les conditions dans lesquelles le scrutin s’est déroulé. « Il y a des départements entiers où, sur l’ensemble des inscrits [sur les listes électorales], le « oui » l’emporte avec 100 % des suffrages et 100 % des votants », a dénoncé l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie. Pour ce dernier, le régime de transition utilise les mêmes méthodes qu’il dénonçait lorsqu’il s’opposait au président déchu, Ali Bongo.
Bien que l’opposition soulève des irrégularités, l’acceptation par référendum de cette nouvelle Constitution est une étape cruciale pour la tenue de la prochaine élection présidentielle, prévue pour août 2025. Le grand débat à venir concernera la participation ou non du président de la transition, Brice Oligui Nguema, à cette élection présidentielle.
Le Fonds monétaire international (FMI) est en discussion avec le gouvernement congolais en vue de la conclusion de deux nouveaux programmes qui pourraient mobiliser jusqu’à 2,5 milliards de dollars. L’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, dénonce la complaisance de cette institution financière, qui, selon lui, ne contrôle ni les critères ni l’argent qu’elle prête à la République Démocratique du Congo (RDC).
Le FMI accompagne-t-il le sous-développement en RDC ?
C’est la conviction de l’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. Il explique que cette institution ne devrait pas conclure de revues avec le gouvernement tant que tous les critères conjoncturels ne sont pas respectés. « Dans ce cas, le FMI ne pouvait pas procéder à la revue ni au décaissement des fonds, car les critères n’étaient pas respectés », a-t-il déclaré à la presse.
En 2010, rappelle Matata Ponyo, le FMI n’avait pas conclu de revue avec le gouvernement en raison d’un programme jugé non conforme à la transparence, signé par la Gécamines. Pourtant, le gouvernement de l’époque avait rempli l’ensemble des critères conjoncturels et structurels. « Mais curieusement, aujourd’hui, le FMI, tel un apprenti sorcier, se complaît à débloquer des milliards de dollars qui, malheureusement, sont en partie détournés, alors que les critères sont massivement ignorés, tant au niveau quantitatif que structurel », a-t-il dénoncé.
Trois personnalités congolaises ont adressé une lettre au FMI pour solliciter un audit des fonds décaissés au profit du gouvernement, mais l’institution n’a jamais répondu à cette demande. « Cela signifie que le FMI est complice du détournement », a-t-il conclu. Matata Ponyo affirme avoir rédigé un article où il estime que près de 1,5 milliard de dollars du FMI ont été détournés en RDC. « Le peuple congolais est conscient que le FMI est complice et qu’il accompagne les autorités congolaises dans le détournement des fonds publics », a-t-il ajouté. Selon lui, cet argent détourné aurait pu servir à financer des projets essentiels tels que des bus, des universités, des routes et des écoles.
La dette extérieure explose
Les fonds du FMI, dont une partie est octroyée sous forme de prêts, ont contribué à l’explosion de la dette extérieure du pays au cours des six dernières années. En avril, la Direction générale de la dette publique (DGDP) a rendu publics des chiffres alarmants : la dette du pays a dépassé les 10 milliards de dollars en cinq ans. En 2010, cette dette était passée de 14 à 3 milliards de dollars et était restée stable jusqu’en 2019. En clair, entre 2019 et 2024, la dette a augmenté de 7 milliards de dollars. « La dette a presque doublé. C’est grave, car cela hypothèque l’avenir de nos enfants », a dénoncé Matata Ponyo.
L’endettement continue
En octobre, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a poursuivi des entretiens avec le directeur du département Afrique du FMI concernant les deux nouveaux programmes : la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité pour la résilience et la durabilité (RST). À travers ces deux programmes, le gouvernement pourrait mobiliser jusqu’à 2,5 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars sur trois ans au titre de la Facilité élargie de crédit et 1 milliard de dollars pour le programme de résilience et de durabilité. Si ces nouveaux programmes sont conclus, la dette publique extérieure connaîtra une nouvelle hausse. Le gouvernement congolais, qui peine souvent à réaliser un solde budgétaire sans déficit, se mettrait ainsi dans une position encore plus fragile avec un tel niveau de dette extérieure. Pour Matata Ponyo, le FMI se complaît à soigner un malade dont la température ne cesse de monter. « Un faux médecin qui accompagne un malade dont la température ne fait qu’augmenter, c’est dramatique ! », a-t-il réagi.
Le FMI, cible des critiques en Afrique
Depuis une vingtaine d’années, le FMI est régulièrement critiqué sur le continent africain, mais aussi ailleurs. On lui reproche d’être un instrument de soumission des pays du tiers monde, de freiner leur développement, et de les aliéner politiquement et économiquement aux puissances occidentales. Les Assemblées annuelles du FMI, organisées par cette institution du système de Bretton Woods, sont devenues des tribunes de protestation pour les pays africains encore soumis à des programmes avec cette structure. Au Kenya, en juin, lors des manifestations contre une impopulaire loi financière, des manifestants ont également dénoncé le FMI, l’accusant d’être responsable d’un « esclavage des temps modernes » pour les pays du continent.
En Afrique, modifier la Constitution pour prolonger un mandat présidentiel reste une entreprise périlleuse, souvent assortie de conséquences déstabilisatrices. Alors que certains dirigeants parviennent à allonger leur règne, d’autres subissent l’opposition populaire ou sont renversés par l’armée. En République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi envisage également une révision de la Constitution, suscitant des inquiétudes dans un pays aux multiples tensions politiques et sécuritaires.
Le projet de réforme constitutionnelle de Tshisekedi, bien que non détaillé, provoque des réactions diverses au sein de la classe politique congolaise et de la société civile. Nombreux sont ceux qui redoutent une atteinte à la démocratie, craignant que cette initiative ne déclenche des troubles comparables à ceux observés dans d’autres pays africains. Voici un panorama des chefs d’État africains ayant tenté de modifier la Constitution pour prolonger leur pouvoir.
Alpha Condé en Guinée – 10 ans
Après une longue lutte politique contre le régime de Lansana Conté, Alpha Condé devient président de la Guinée en 2010 et est réélu en 2015. En 2020, il modifie la Constitution pour briguer un troisième mandat, mais cette initiative suscite une opposition populaire grandissante. En 2021, un coup d’État militaire met fin à ses dix années de pouvoir.
Blaise Compaoré au Burkina Faso – 27 ans
Président du Burkina Faso depuis 1987, Blaise Compaoré tente en 2014 de réviser la Constitution pour se représenter, suscitant une contestation populaire sans précédent. Contraint de fuir, il s’exile en Côte d’Ivoire, laissant derrière lui un pays profondément ébranlé par ses 27 ans de règne.
Robert Mugabe au Zimbabwe – 29 ans
En 2013, une nouvelle Constitution permet à Robert Mugabe de briguer un autre mandat présidentiel, mais les difficultés économiques et la contestation interne au sein de son propre parti affaiblissent son pouvoir. En 2017, il est contraint de démissionner, clôturant une période de 29 ans à la tête du Zimbabwe.
Ali Bongo au Gabon – 14 ans
Ali Bongo accède à la présidence en 2009, succédant à son père Omar Bongo après 41 ans de pouvoir. En août 2023, après une élection contestée, il est renversé par un coup d’État militaire, mettant fin à une présidence de 14 ans et une dynastie marquée par des tensions politiques et des accusations de fraude électorale.
Abdelaziz Bouteflika en Algérie – 20 ans
Président de l’Algérie depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika lève la limitation des mandats en 2008. Malgré une santé déclinante, il reste au pouvoir jusqu’en 2019, année où des manifestations populaires massives le forcent à la démission, après deux décennies de gouvernance.
Félix Tshisekedi en RDC
Bien que récemment réélu, Félix Tshisekedi exprime en octobre 2024 son souhait de réviser la Constitution congolaise. Dans un contexte de forte insécurité, notamment dans l’est du pays, l’annonce de cette réforme suscite de vives inquiétudes. « Si cette question n’est pas bien traitée, elle peut déstabiliser le pays », avertit Mgr Donatien Nshole, de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
Autres cas marquants de modifications constitutionnelles en Afrique
Ibrahim Boubacar Keïta au Mali – 7 ans
Président depuis 2013, Ibrahim Boubacar Keïta initie en 2017 une révision de la Constitution pour renforcer son pouvoir. En 2020, il est renversé par un coup d’État après une montée de la contestation populaire.
Mamadou Tandja au Niger – 10 ans
En 2009, après dix ans au pouvoir, Tandja organise un référendum pour prolonger son mandat, déclenchant une opposition forte. En 2010, un coup d’État met fin à son projet.
Omar el-Béchir au Soudan – 30 ans
Après de nombreuses modifications constitutionnelles, Omar el-Béchir est renversé en 2019 suite à des manifestations massives. Son régime, marqué par 30 ans d’autoritarisme, s’effondre sous la pression de la rue et de l’armée.
Gnassingbé Eyadéma au Togo – 38 ans
Après avoir éliminé la limite des mandats en 2002, Eyadéma reste au pouvoir jusqu’à sa mort en 2005, laissant sa place à son fils Faure, qui poursuit la dynastie familiale au sommet de l’État togolais.
Idriss Déby au Tchad – 30 ans
En 2005, Idriss Déby supprime la limite des mandats pour rester en poste. Il meurt en 2021 à la suite d’une blessure par balle, après 30 ans à la tête du Tchad.
Une arme à double tranchant
Les tentatives de modification constitutionnelle en Afrique se révèlent souvent être des manœuvres complexes et périlleuses. Si elles permettent de prolonger certains régimes, elles précipitent aussi des déstabilisations politiques, des coups d’État, et des mouvements populaires de contestation sans précèdent. En RDC, le projet de Félix Tshisekedi de réformer la Constitution pourrait être un pari risqué, avec des répercussions potentiellement déstabilisatrices pour le pays. La prudence et le dialogue avec les forces vives de la nation s’avèrent essentiels pour éviter de nouvelles crises de gouvernance.