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Révision ou changement de constitution : premières fissures dans le camp Tshisekedi
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7 mois agoon
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La redaction
Le secrétaire général du parti présidentiel, Augustin Kabuya, a initié une campagne en faveur de la révision constitutionnelle prônée par son parti. Depuis, plusieurs membres de l’Union sacrée de la Nation – plateforme soutenant le président Félix Tshisekedi – expriment ouvertement leur opposition.
Dans une circulaire datée du 11 octobre et adressée aux instances du parti, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a officiellement lancé une campagne visant à sensibiliser et mobiliser « la base » autour de cette révision de la loi fondamentale. Il espère ainsi recueillir un soutien populaire massif. Cependant, cette initiative est loin de faire consensus, y compris au sein de l’UDPS.
Deo Bizibu, secrétaire général intérimaire de l’UDPS, désigné par la Convention démocratique du parti (CDP), a exprimé son désaccord. Contestant d’abord la légitimité de Kabuya pour engager le parti dans une telle démarche, Bizibu a souligné l’importance de consultations internes. « Il n’a pas qualité pour engager l’UDPS. Le temps où une personne pouvait se réveiller et décider au nom du parti est révolu. Il s’est exprimé en tant que député national, ce qui est son droit », a-t-il affirmé. Il a précisé que cette initiative représente uniquement l’opinion personnelle de Kabuya et ne reflète pas la position officielle de l’UDPS. Bizibu a également rappelé que pour une telle démarche, les organes dirigeants du parti, tels que la présidence du parti, la CDP et la Commission électorale permanente (CEP), doivent être consultés, ce qui n’a pas été le cas.
Alphonse Ngoyi Kasanji, membre influent de l’Union sacrée et élu de Mbuji-Mayi, a quant à lui critiqué le timing de cette révision constitutionnelle. « La priorité n’est pas la réforme de la constitution, mais plutôt la construction du pays et l’amélioration du quotidien de la population », a-t-il déclaré sur son compte X (anciennement Twitter).
Emery Okundji, député honoraire, a également exprimé son opposition à cette initiative. Selon lui, bien que la constitution actuelle présente des failles, elle permet de gouverner efficacement. « Il faut d’abord se concentrer sur la lutte contre l’agression rwandaise, plutôt que de distraire l’opinion publique », a-t-il souligné. L’ancien élu de Lubefu a insisté sur la nécessité de résoudre les problèmes de gouvernance qui existent indépendamment de la constitution avant d’envisager toute modification de cette dernière.
La dernière révision constitutionnelle en RDC date de 2011. Elle avait notamment permis de réduire le scrutin présidentiel à un seul tour. L’opinion publique craint que cette nouvelle tentative de modification ne vise à prolonger le mandat présidentiel, soulevant des interrogations sur la véritable intention de cette réforme.
Heshima
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Nation
Avec 2,3 milliards USD, la police congolaise au cœur d’une réforme ambitieuse
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7 heures agoon
mai 20, 2025By
La redaction
La République démocratique du Congo (RDC) a entamé depuis quelques années un processus de réforme profonde du secteur de la sécurité. Après la loi de Programmation militaire des Forces armées de la RDC (FARDC), le gouvernement a présenté un projet de loi ambitieux au Parlement pour refonder une institution souvent critiquée pour des dérapages et divers abus. Passant de la Garde civile zaïroise à la Police nationale congolaise (PNC), cette institution peine encore à réussir sa mutation doctrinale vers une police de proximité plutôt qu’une force militarisée de répression. Heshima Magazine relève certaines faiblesses décelées dans ce service et décrypte ce projet de réformes.
Pour réformer cette grosse machine de sécurité, le gouvernement met des grands moyens : de 2,3 milliards de dollars sont prévus sur cinq ans, soit de 2025 à 2029. Le 16 mai 2025, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité Jacquemain Shabani a défendu ce projet de loi à l’Assemblée nationale. Le texte prévoit un programme de réformes qui va nécessiter la mobilisation de moyens considérables.
Former 90 000 policiers pour renforcer l’effectif
En sous-effectif quasi permanent, la police a toujours du mal à accomplir efficacement sa mission régalienne. Il se constate une répartition inégale des effectifs sur le territoire national. Au Sud-Kivu, par exemple, après le départ des casques bleus pakistanais, la Police nationale congolaise n’a pas pu réoccuper pleinement la province. Fin avril 2024, plus de la moitié des 115 policiers censés occuper la base de Kamanyola l’avaient désertée, selon le constat d’un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Le peu de policiers qui restaient se plaignaient de leurs conditions de vie et de l’absence de rémunération. « Un policier qui passe deux jours sans manger alors qu’il a une arme, ça devient facile pour lui d’attaquer de paisibles citoyens » pour se ravitailler, dénonçait Joe Wendo, un acteur de la société civile locale. La plaine de la Ruzizi, située aux confins du Rwanda et du Burundi, est parfois présentée comme un haut lieu de braquages et de kidnappings. Le sous-effectif de la police et le déficit de sa logistique dans ces zones ne favorisent pas une bonne présence de l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays.
La ville de Kinshasa, loin d’être à l’abri, est aussi frappée par le problème d’effectif. Dans les quartiers reculés comme Lutendele, à l’ouest de la capitale, il existe très peu de postes de police, faute de logistique et du personnel policier. Il en est de même pour d’autres quartiers de l’est. « C’est ainsi qu’il y a des civils qui portent des uniformes de la police sans formation au préalable. Il y a une vraie crise d’effectif dans l’institution », a réagi le commandant d’un Sous-commissariat à Mikondo, un quartier du district de la Tshangu. Un procès en flagrance à Kinshasa a mis à nu cette réalité : aucun policier parmi les prévenus n’a été formé et porte un matricule reconnu par l’Etat congolais. La plupart de ces éléments sont des proches des commandants de Sous-commissariat qui, à force de se côtoyer, finissent par leur octroyer des uniformes et parfois des armes. En 2024, l’ancien ministre de l’Intérieur Peter Kazadi avait avoué l’existence de ce problème : « Je connais les effectifs de la Police, mais je ne peux pas le dire à la place publique. Mais, dans ces effectifs, il y a aussi beaucoup de fictifs. Nous allons châtier tous ceux qui sont à la base de ces fictifs. »
Dans le nouveau programme de la police, le gouvernement veut mettre un terme à ces pratiques. Pour combler le déficit, le projet de réformes prévoit la professionnalisation de la police. Cela comprend le recrutement et la formation de 90 000 policiers. Parmi ces éléments figureront des unités d’intervention, mais aussi des policiers de proximité. Cela est un besoin urgent, dans un pays confronté à la montée des gangs urbains communément appelés « Kuluna ». Sur le plan du coût, ce volet du projet absorbera plus de 72 % du budget prévu dans la loi de programmation de la police en examen.
Mise à la retraite de 10 000 policiers
La Police nationale congolaise rencontre des difficultés notamment administratives pour la mise à la retraite de ses agents. Plusieurs policiers déjà âgés continuent de travailler, dépassant largement l’âge de la retraite. « Si je reste à la maison, l’Etat va m’oublier. Rien n’est prévu pour notre retraite », déclare Séraphin Mutombo, un policier sexagénaire travaillant dans la commune de Mont-Ngafula, à l’ouest de Kinshasa. Dans la réforme initiée par le gouvernement appuyé par les Nations Unies, le plan prévoit la mise à la retraite de 10 000 policiers d’ici à 2028. La construction ou la réhabilitation d’infrastructures pour les policiers et un investissement massif dans les équipements de ce service figurent aussi en bonne place. Rien que pour cela, le programme dispose de près d’un milliard de dollars.
Renforcer le cadre institutionnel
Une autre priorité dans la loi de programmation de la police, c’est le renforcement du cadre institutionnel. La police est confrontée à de nombreux défis, notamment en raison de problèmes financiers, de formation et de corruption. Les officiers gagnent des salaires faibles, manquent de ressources pour leurs activités et sont parfois accusés de dérapages et d’abus de pouvoir. « Notre commandant nous dit souvent : ‘‘vous êtes là assis en train de me regarder, sachez que je n’ai pas d’argent pour vous offrir le pain, allez le chercher auprès des civils dans la rue’’ », témoigne un policier à Binza Delvaux. Après ce genre d’instruction, ces éléments vont se disperser en groupe à travers les rues de la capitale pour tracasser les vendeurs, motocyclistes, taximen et autres usagers de la route. Une pratique constamment décriée par les Congolais dans leur majorité. En janvier dernier, une opération de l’Inspection Provinciale de la Police de Kinshasa a ainsi conduit à l’arrestation de dix-huit policiers et militaires. Le général Blaise Kilimbalimba, commandant de la Police de Kinshasa à l’époque, a expliqué que ces agents avaient abusé de leur statut pour commettre des crimes. Ces éléments extorquaient les biens des civils. « Il y en a qui sont dans les visites domiciliaires indésirables, d’autres dans des déviations des missions. Donc ce sont des bandits se retrouvant dans les différents services [de police]. Nous sommes en train de les découvrir, et les arrêter jusqu’à leur dernier retranchement pour la tranquillité publique », avait décrié Blaise Kilimbalimba.
Face à ces dérives, le gouvernement veut poser les bases d’une police mieux organisée, avec des structures solides et cohérentes. Dans la logique de renforcer l’efficacité, depuis quelques années, la Police d’intervention rapide (PIR) a été rebaptisée Légion nationale d’intervention (LENI). La LENI est une unité d’élite de la police, formée dans le cadre du programme européen EUPOL-RDC. Elle est chargée de missions d’intervention rapide et d’antiterrorisme. Actuellement, ce service est dirigé par le commissaire général Jean-Félix Safari. La réforme dans cet aspect institutionnel va coûter plus d’un quart du budget, soit environ 600 millions de dollars.
Réputés aussi pour leur communication difficile avec les civils, les éléments de la police vont aussi bénéficier d’une mise à niveau. Au-delà de cet aspect de formation, il y a un axe de la réforme qui porte sur le dialogue entre la police et la population. Moins de budget est réservé à ce volet : presque 3 % de l’enveloppe globale, soit un peu plus de 51 millions de dollars.
Un programme conçu avec les Nations Unies
Le programme de réformes de la police a été conçu entre le gouvernement et le système des Nations Unies. En octobre 2024, Jacquemain Shabani avait présenté ce projet aux partenaires techniques et financiers du gouvernement. « C’est un programme conjoint conçu avec les Nations Unies pour développer la Police nationale congolaise », affirme un diplomate de l’ONU en RDC. Ce programme a été conçu sous le lead du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avec la participation de plusieurs autres agences comme l’Organisation Internationale de Migration (OIM), ONU-HABITAT, l’Office du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), et la MONUSCO.
De la Garde civile à la PNC, un long chemin de réforme
Entamée après la chute du régime du président Mobutu en 1997, la réforme de la Police nationale congolaise connaît un long chemin. Sous Mobutu, ce service s’appelait Gendarmerie nationale, mais une grande unité célèbre sortait la tête du lot : la Garde civile zaïroise. Cette Garde civile a été créée en 1984 par le président Mobutu, alors dirigeant du Zaïre (nom de la RDC entre 1971 et 1997). Elle avait pour mission principale de maintenir l’ordre public et de lutter contre la criminalité, en complément des forces régulières (notamment la police et l’armée).
Elle s’inscrivait aussi dans la volonté de Mobutu de diversifier les forces de sécurité afin d’éviter qu’une seule force devienne trop puissante et menace son pouvoir. Certaines sources indiquent que cette unité a été créée après des combats dans le Shaba (actuel grand Katanga) entre soldats zaïrois et zambiens. Elle était notamment chargée de la sécurité aux frontières, de la lutte contre les trafics illégaux et le terrorisme, et de la restauration de l’ordre public. Dirigée par le célèbre général Kpama Baramoto Kata, la Garde civile était perçue par une partie de l’opinion comme un instrument de répression pour mater l’opposition et d’autres voix dissidentes dans la société civile. Entre les années 90-95, la Garde civile et la Division spéciale présidentielle (DSP) faisaient partie des unités les plus équipées et respectées du pays. Elle regroupait officiellement 26 000 hommes avec un budget qui n’avait rien à envier aux Forces armées zaïroises (FAZ), pourtant quatre fois plus nombreuses que les éléments de la Garde civile.
À la chute du régime de Mobutu en 1997, avec l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir, la Garde civile a été dissoute ou intégrée dans d’autres forces armées. Beaucoup de ses éléments ont été intégrés dans les nouvelles Forces armées congolaises (FAC) de l’époque, créées par Laurent-Désiré Kabila. Avec le recul, cette Garde civile est perçue comme un symbole de la militarisation de l’ordre public sous Mobutu. Elle incarne également l’une des multiples forces parallèles créées dans le but de consolider un régime autoritaire, souvent au détriment des droits humains et de la démocratie.
1997 : D’une force de police hybride à la PNC
Après sa prise de pouvoir, le président Laurent-Désiré Kabila dissout plusieurs structures de l’ancien régime, y compris la gendarmerie nationale et la Garde civile, qui étaient les principales forces de sécurité intérieure sous Mobutu. Il crée alors une force de sécurité hybride appelée Police nationale congolaise (PNC). Mais dans un contexte de guerre civile (Première et deuxième guerre du Congo), la ligne de démarcation entre militaires et policiers est restée floue. Ce service peu organisé et encore brouillon n’avait pas connu de succès. Laurent-Désiré Kabila tentait de l’organiser avec des moyens de bord.
À Kinshasa, des recrutements et formations des civils se faisaient dans des terrains de football, notamment au stade Vélodrome de Kintambo. Peu professionnelle et mal formée, la PNC sera souvent accusée d’abus. Après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001, la police va de nouveau connaître une réforme en 2003. Cette fois-là, elle sera sous supervision internationale. Le régime de transition issu de l’accord de Sun City va conduire des réformes avec l’appui de la communauté internationale (MONUC puis MONUSCO). La Police nationale congolaise (PNC) est véritablement créée en 2002 par la loi comme une force apolitique, professionnelle et civile, distincte des forces armées. La PNC devient l’unique force de police nationale au pays, avec pour mission : le maintien de l’ordre public, la sécurité des personnes et des biens, la prévention et la répression de la criminalité. Elle est dirigée par le général John Numbi. En 2010, à la suite de l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, le général John Numbi, alors chef de la PNC, est suspendu. Charles Bisengimana assure l’intérim à la tête de la police congolaise. Né le 21 août 1964 à Bibangwa, dans le Haut-Plateau d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, ce spécialiste en droit, criminologie et sciences policières de l’Académie de police d’Égypte va être confirmé à son poste par le président Joseph Kabila. Sous sa direction, la PNC met en place des unités spécialisées dans la protection de l’enfance et la lutte contre les violences faites aux femmes. Charles Bisengimana n’hésite pas à se féliciter de la transformation de la RDC, autrefois qualifiée de « capitale mondiale du viol », en un modèle de lutte contre ces violences. Même si sa direction de la police a été émaillée des critiques suite à la répression sanglante des manifestations populaires en 2015, 2016 et 2017. Il sera remplacé 7 ans plus tard par le général Dieudonné Amuli, un transfuge des FARDC.
2025 : Tshisekedi fait le ménage au sein de la Police
Tout au long de son existence, la PNC a été soumise à plusieurs réformes. Ce processus s’est souvent heurté à de nombreux défis, même si des avancées notables ont également été enregistrées. En 2025, dans une série d’ordonnances signées le 28 mars et rendues publiques le 2 avril, le président de la République, Félix Tshisekedi, a procédé à la nomination des commissaires provinciaux de la police, ainsi que d’autres responsables de ce service. Une décision qui intervient après des changements opérés fin 2024 au sein des FARDC.
« Le président est dans une quête permanente de l’efficacité de nos forces de défense et de sécurité », résume un analyste des questions sécuritaires. En 2023, le patron de la Police, Dieudonné Amuli, a été admis à la retraite. Félix Tshisekedi a alors nommé Benjamin Alongaboni à la tête de l’institution. D’autres nominations et permutations ont été effectuées au sein des commissariats provinciaux, mais aussi dans différentes directions de la police.
À Kinshasa, le commissaire divisionnaire Israël Kantu Bankulu a été nommé commandant de ville, en remplacement du commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba, désormais affecté comme commandant de la police dans la province du Haut-Katanga. L’ancien chef de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo, précédemment affecté au Kasaï, prend désormais la direction de la province du Bas-Uélé.
D’autres services de la police ont également connu des changements d’animateurs. Le commissaire Ngoy Sengolakio a été nommé commandant de l’Unité de protection des hautes personnalités (UPHP). Le commissaire divisionnaire Elias Tshibangu Tumbila a été désigné inspecteur général adjoint de la PNC, chargé de l’appui et de la gestion au sein du Commandement de l’Inspection générale. Quant au commissaire divisionnaire Isaac Bertin Balekukayi Mwakadi, il a été nommé commissaire général adjoint chargé de la Police judiciaire, au sein du Commandement du commissariat général de la PNC.
La hiérarchie de la police est demeurée stable. Depuis 2023, elle est dirigée par le commissaire divisionnaire principal Benjamin Alongaboni.
Comme dans les rangs de l’armée, Félix Tshisekedi souhaite une montée en puissance du service de police. Avec ce programme de réforme ambitieux, Kinshasa entend redorer l’image d’une police longtemps critiquée pour son inefficacité dans la protection des civils. Les cinq prochaines années seront déterminantes pour tester la mise en œuvre de ces réformes.
Heshima Magazine
Nation
RDC : Quels risques politiques en cas de dissolution du PPRD et de 3 autres partis ?
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1 jour agoon
mai 19, 2025By
La redaction
Dans une démarche audacieuse qui secoue le paysage politique de la République démocratique du Congo (RDC), le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a saisi la justice le 24 avril 2025 pour demander la dissolution de quatre partis politiques, dont le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dirigé par l’ancien président Joseph Kabila. Cette initiative, motivée par des accusations de complicité avec des groupes armés, suscite un vif débat sur l’équilibre entre sécurité nationale et libertés politiques dans un pays marqué par des tensions persistantes.
Le PPRD, fondé en 2002 par Joseph Kabila, a longtemps dominé la scène politique congolaise. Sous la présidence de Kabila, de 2001 à 2019, le parti a exercé une influence considérable, remportant notamment une majorité parlementaire en 2006. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019, les relations entre le nouveau régime et le camp de Kabila se sont détériorées, marquées par des accusations mutuelles de déstabilisation. L’Est de la RDC, en proie à des conflits armés impliquant des groupes comme l’Alliance Fleuve Congo (AFC) dans laquelle fait partie le Mouvement du 23 mars (M23), constitue un défi majeur pour le gouvernement Tshisekedi. C’est dans ce climat d’instabilité que s’inscrit la décision de cibler des partis politiques soupçonnés de collusion avec des groupes rebelles, une démarche qui reflète la volonté du gouvernement de renforcer son contrôle sur la sécurité nationale.
Accusations de collusion avec des groupes armés
Le ministère de l’Intérieur reproche au PPRD, ainsi qu’à l’ Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) de Corneille Nangaa, à la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga et au Mouvement Lumumbiste progressiste (MLP) de Franck Diongo, d’avoir soutenu des activités menaçant l’intégrité nationale. Pour le PPRD, les griefs incluent la présence d’anciens cadres dans les rangs de l’AFC/M23, des déclarations de Joseph Kabila interprétées comme un soutien implicite à ce groupe rebelle, et son passage supposé à Goma, une ville sous influence rebelle. Ces accusations s’appuient sur des textes légaux interdisant aux partis politiques de s’associer à des insurrections armées et imposant des obligations spécifiques aux anciens présidents. La procédure judiciaire, entamée après la suspension des activités du PPRD le 19 avril 2025, vise à obtenir une dissolution définitive, une mesure que Jacquemain Shabani présente comme indispensable pour protéger l’unité du pays.
Contestation de la procédure
Face à ces accusations, le PPRD a dénoncé une tentative de répression politique orchestrée par le régime Tshisekedi. La coordination diaspora de ce parti, dirigée par Sandra Nkulu Kyungu, a qualifié la requête de manœuvre visant à anéantir un adversaire politique, allant jusqu’à évoquer un “génocide politique”. De l’autre côté, les dirigeants du PPRD affirment n’avoir reçu aucune convocation judiciaire formelle et considèrent la présence policière à leur siège comme une violation des procédures légales. En avril 2024, le secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, avait rejeté des allégations similaires, qualifiant les accusations de soutien à l’AFC/M23 de “sans fondement” et critiquant le gouvernement pour des politiques jugées contraires à la souveraineté nationale. De son côté, le secrétaire permanent adjoint de ce parti, Ferdinand Kambere, conteste la procédure initiée par le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur. « La loi est claire : celui qui demande la dissolution, c’est le procureur, saisi à la suite d’une décision de suspension. Ce n’est pas le ministre. Nous, nous n’avons jamais été convoqués à ce sujet. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, aucun parquet n’a convoqué le PPRD », a-t-il réagi.
Le PPRD a annoncé son intention de contester la dissolution par des recours judiciaires.
Quels risques politiques ?
La décision du gouvernement divise l’opinion publique en RDC. De nombreux Congolais, en particulier dans les régions affectées par l’insécurité, soutiennent l’initiative de Jacquemain Shabani, y voyant une mesure décisive pour couper les réseaux de soutien aux groupes armés qui déstabilisent l’est du pays. Des voix au sein de la société civile, comme l’ONG Paix et Réconciliation, saluent cette action comme un signal fort contre toute forme de collusion avec des forces rebelles, un objectif prioritaire pour le régime de Tshisekedi. « Le gouvernement a le devoir de protéger la population contre ceux qui, sous couvert d’activités politiques, alimentent le chaos », a déclaré un représentant de cette organisation. Cependant, d’autres Congolais perçoivent cette initiative comme une atteinte aux libertés démocratiques, craignant qu’elle ne serve de prétexte pour museler l’opposition. Des analystes politiques, comme Josaphat Kalubi, mettent en garde contre les risques d’une telle démarche : la dissolution du PPRD pourrait pousser certains de ses membres vers la rébellion ou l’exil, aggravant la crise actuelle.
Vers un tournant politique majeur ?
Le dossier, actuellement examiné par la Cour constitutionnelle, devrait connaître une issue dans les semaines à venir. Cette bataille judiciaire pourrait redessiner le paysage politique congolais. Si la dissolution est prononcée, elle renforcerait la position de Félix Tshisekedi dans sa lutte contre les groupes armés, mais au risque d’une polarisation accrue et d’une érosion de la confiance dans les institutions. En revanche, un rejet de la requête pourrait galvaniser l’opposition, tout en exposant les difficultés du gouvernement à étayer ses accusations. Alors que la RDC aspire à consolider la paix dans ses régions troublées, le régime Tshisekedi marche sur une corde raide, cherchant à concilier impératifs sécuritaires et respect des principes démocratiques. Dans ce climat d’incertitude, la capacité du gouvernement à gérer les retombées de cette initiative sera scrutée de près, tant par les Congolais que par la communauté internationale.
Heshima Magazine
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Jules Alingete Key : un héritage de rigueur à la tête de l’IGF
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2 jours agoon
mai 19, 2025By
La redaction
Lorsque Jules Alingete Key prend les rênes de l’Inspection Générale des Finances (IGF) en juillet 2020, la République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans un marasme marqué par des détournements endémiques et une absence criante de redevabilité. Nommé par le Président Félix Tshisekedi, le nouvel Inspecteur général hérite d’un organe presque figé, souvent relégué au rang de spectateur face aux abus. En cinq années de mandat, il transforme l’IGF en un véritable levier de transparence, au point d’en faire un rempart contre les antivaleurs. En mai 2025, il passe le flambeau à Christophe Bitasimwa, non pas en retraité d’un poste, mais en dépositaire d’un héritage institutionnel sans précédent.
Né le 25 juin 1963 à Kinshasa, originaire de Kutu (Mai-Ndombe), Jules Alingete est un pur produit de l’école congolaise. Diplômé en sciences économiques de l’Université de Kinshasa en 1988, il intègre l’IGF dès la fin de ses études. La suite est une ascension constante dans les arcanes de la finance publique : conseiller au ministère des Finances, coordonnateur au cabinet du gouverneur de Kinshasa, puis directeur des recettes à la DGRK (Direction générales des recettes de Kinshasa) entre 2008 et 2010. Son retour à l’IGF comme inspecteur général des finances s’inscrit dans la vision d’un chef de l’État décidé à restaurer la probité dans la gestion publique.
L’IGF, de l’ombre à la lumière
Avant 2020, l’IGF peinait à imposer son autorité, bridée par des diverses contraintes et un sous-effectif chronique. Avec Alingete, tout change : les patrouilles financières deviennent régulières, les audits surprises se multiplient, les synergies avec la justice s’intensifient. L’IGF passe de 55 à 225 inspecteurs en l’espace de quatre ans. L’institution est équipée, réarmée, et surtout, libérée. Car Félix Tshisekedi lui accorde une autonomie budgétaire et opérationnelle inédite, condition sine qua non pour frapper haut, fort et juste. En mai 2025, Africanewsrdc.net souligne que cette indépendance aura été la pierre angulaire de la mutation de l’IGF.
Des enquêtes au retentissement national
Le travail d’Alingete n’est pas seulement quantifiable. Il est visible et palpable. L’affaire Bukanga-Lonzo, révélée par l’IGF, expose un détournement de 285 millions de dollars autour d’un projet agro-industriel pourtant promu comme vitrine de l’autosuffisance alimentaire. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est mis en cause, les procédures judiciaires sont en cours.
En 2022, l’audit de la Gécamines jette une lumière accablante sur une décennie de gestion opaque, mettant en évidence des pertes colossales liées à des contrats léonins et à une corruption systémique. Le scandale secoue le secteur minier, précipitant des réformes indispensables. Deux ans plus tard, en 2024, c’est au tour du Fonds Minier de subir un examen minutieux. Les malversations révélées conduisent à la révocation du directeur général. En juillet 2024, ces mesures ont permis la suspension de plusieurs responsables et la renégociation de contrats déséquilibrés, rétablissant ainsi une répartition plus équitable des revenus miniers.
Mais l’enquête sur les contrats chinois, et en particulier la convention minière dite « Sicomines », signée en 2008 entre la RDC et un consortium d’entreprises chinoises, pourrait bien s’imposer comme l’un des dossiers les plus emblématiques du mandat d’Alingete. Dans un rapport explosif publié en février 2023, l’IGF révèle que la partie chinoise a empoché un bénéfice de 76 milliards de dollars, tandis que la RDC n’a reçu que 3 milliards pour des infrastructures. L’IGF dénonce un « déséquilibre financier majeur » défavorable à l’État congolais. L’enquête met en évidence que les engagements de la partie chinoise, notamment l’investissement de 3 milliards USD en infrastructures, sont largement insuffisants au regard des ressources minières déjà extraites. Le contrat, d’une disproportion flagrante, laisse plus de 90 % des bénéfices économiques aux entreprises chinoises, au détriment du Trésor congolais.
À la suite de la publication de ce rapport, le gouvernement de Félix Tshisekedi initie une renégociation des termes du contrat. En mars 2024, cette démarche débouche sur un nouvel accord plus avantageux pour la RDC : la valeur des infrastructures est revue à la hausse, la répartition des dividendes ajustée et un contrôle plus rigoureux est instauré sur les exportations de minerais. Un avenant à cette convention permet à la RDC d’obtenir 7 milliards USD pour la construction de 6 000 kilomètres de routes sur 15 ans. Cette révision, saluée par plusieurs chancelleries occidentales, témoigne de l’influence croissante de l’IGF sur la politique économique du pays, et de sa capacité à peser sur des décisions à l’échelle nationale.
Autre chantier majeur : l’éducation. L’IGF révèle une fraude massive au sein de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), estimée à 62 milliards de CDF détournés chaque mois. Cette découverte entraîne une réaction en chaîne, culminant en mars 2024 par la condamnation, par la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, de deux hauts responsables de l’EPST : Michel Djamba, Inspecteur général de l’EPST, et Delphin Kampayi, directeur du Service de contrôle de la paie du personnel enseignant (SECOPE), à 20 ans de travaux forcés. Les deux hommes ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics. Grâce à l’action décisive de l’IGF, cette hémorragie financière a été stoppée net, permettant ainsi de réorienter ces ressources vers la politique de gratuité scolaire, l’une des réformes sociales phares du quinquennat de Tshisekedi.
Une baisse tangible de la corruption
Dans cette lutte sans relâche contre la corruption, le bilan de Jules Alingete, chef de l’IGF, est éloquant. En mars 2025, lors de l’émission « Fauteuil Blanc », il a déclaré que « le taux de corruption est passé de 80 % à 50 % en cinq ans grâce à la détermination de Tshisekedi ». Il a ajouté : « Si vous examinez les statistiques des finances publiques en 2019 et 2020, vous comprendrez d’où nous venons. À cette époque, la corruption était profondément enracinée dans l’ADN des gestionnaires ». Ces propos interviennent dans un contexte où la RDC a enregistré des avancées significatives dans la lutte contre la corruption. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International atteste de cette amélioration. « En cinq ans, nous avons gagné environ 15 places au classement de Transparency International. Cela prouve que des efforts considérables ont été réalisés », a précisé Alingete, soulignant ainsi les progrès notables accomplis dans la gouvernance financière du pays.
Ces avancées ont contribué à améliorer l’image de la RDC sur la scène internationale, facilitant l’accès aux financements et rassurant les bailleurs de fonds. La rigueur instaurée par l’IGF sous la direction d’Alingete a ainsi joué un rôle clé dans la redynamisation de l’économie nationale et la restauration de la confiance des partenaires internationaux.
L’IGF, désormais logée à sa hauteur
En octobre 2024, l’IGF a franchi une étape symbolique de son renouveau en inaugurant un nouveau siège moderne de huit étages à Kinshasa, baptisé « Immeuble Étienne Tshisekedi wa Mulumba ». Ce bâtiment moderne, financé sur fonds propres, abrite 150 bureaux, six salles de réunion et un amphithéâtre de 250 places. Selon les informations partagées par le service de communication de l’IGF, sa construction a scrupuleusement respecté les normes de passation de marchés, un détail hautement significatif pour une institution dédiée à la transparence. « Ce bâtiment incarne notre autonomie retrouvée », déclarait alors Jules Alingete lors de l’inauguration.
Au-delà de ses dimensions, l’impressionnant édifice symbolise la transformation de l’IGF en une institution proactive et indépendante. Lors de la cérémonie d’inauguration, le président Félix Tshisekedi a souligné l’importance de doter les organes de contrôle des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission. Alingete, pour sa part, a exprimé sa gratitude envers le chef de l’État pour avoir revitalisé les institutions de lutte contre la corruption, en particulier l’IGF. Il a également mis en lumière les politiques internes visant à renforcer l’intégrité du personnel, notamment l’acquisition de plus de 280 véhicules individuels et la mise en place de crédits immobiliers pour les inspecteurs, afin de les prémunir contre les tentations susceptibles de compromettre leur éthique professionnelle. Ces initiatives témoignent de l’engagement de l’IGF à maintenir des standards élevés de gouvernance et de transparence.
Alingete a souvent souligné que les succès de l’IGF sont le fruit d’une volonté politique affirmée. Il a déclaré : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption. » Il a également exprimé son soutien indéfectible aux réformes initiées par Félix Tshisekedi, affirmant : « Recevez l’assurance de mon soutien pour toutes les réformes visant à bâtir une nation plus juste, plus transparente et résolument tournée vers un lendemain meilleur. » Ces propos illustrent la collaboration étroite entre l’IGF et la présidence, essentielle à la réussite des initiatives de bonne gouvernance. Il a ajouté que ce nouveau bâtiment représente « une nouvelle vision pour des finances publiques saines », mettant en avant l’engagement renouvelé de son institution en faveur de la bonne gouvernance.
Ces déclarations témoignent de la reconnaissance d’Alingete envers le soutien constant de Félix Tshisekedi, sans lequel les progrès réalisés par l’IGF n’auraient pas été possibles. Elles illustrent également la synergie entre la présidence et l’IGF pour instaurer une gestion transparente et responsable des finances publiques en RDC.
Un effet levier sur l’économie nationale
L’impact de cette rigueur dépasse les chiffres de l’IGF. Entre 2019 et 2025, le budget national explose, passant de 4 à 18 milliards USD. Cette hausse spectaculaire est alimentée par une mobilisation accrue des recettes et une réduction drastique des fuites financières. En traquant les détournements, l’IGF a permis à l’État de redéployer ses ressources vers des secteurs clés tels que l’éducation de manière générale, la santé, les infrastructures et la gratuité de l’enseignement primaire.
Sous la houlette de Jules Alingete, les régies financières ont été mieux encadrées et ont enregistré des performances inédites. En 2022, la Direction générale des impôts (DGI) dépasse largement ses objectifs : plus de 18 mille milliards de CDF collectés contre des assignations de 11,7 mille milliards, soit un taux de réalisation de près de 130 %. L’exigence d’attestations fiscales pour les fournisseurs de l’État a également asséché les circuits de fraude.
Par ailleurs, l’IGF a intercepté plus d’un milliard de dollars de dépenses publiques jugées irrégulières rien qu’en 2023, limitant les déperditions budgétaires et réorientant les crédits vers des usages conformes. Cette rigueur a contribué à asseoir une discipline budgétaire rarement observée ces dernières décennies.
Ces gains de transparence, conjugués à une volonté politique ferme au sommet de l’État, ont redonné à l’administration congolaise des marges de manœuvre inédites. La RDC, longtemps classée parmi les pays les plus corrompus du monde, a commencé à inverser la tendance, en témoigne le regain de confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs. Pour beaucoup, la rigueur imposée par Alingete a été un véritable levier de relance macroéconomique.
Une reconnaissance méritée
Les distinctions pleuvent : prix Forbes Best of Africa aux Etats-Unis, Anti-Corruption Best Price, Trophée Muana Mboka, Congo ya Sika, Tombwama, et bien d’autres. Chaque trophée n’est pas qu’une médaille honorifique. Il est la preuve qu’un changement est possible quand la volonté politique rencontre la compétence technique. Ces récompenses, tant nationales qu’internationales, soulignent l’impact significatif des actions menées par Jules Alingete à la tête de l’IGF. Elles témoignent de la reconnaissance de ses efforts dans la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence en RDC.
En recevant le prix Forbes Best of Africa, Alingete a été salué pour son engagement envers les réformes économiques et la bonne gouvernance. Le Trophée Muana Mboka et le prix Congo ya Sika reflètent l’appréciation nationale pour son dévouement au service public et son rôle dans la transformation du paysage financier du pays. Des distinctions qui démontrent et renforcent la crédibilité de l’IGF et encouragent la poursuite des efforts pour instaurer une culture de responsabilité et d’intégrité au sein des institutions publiques.
Sous pression, mais jamais ébranlé
Son combat, Alingete ne l’a pas mené dans un cocon. Attaqué, menacé, diabolisé, il a tenu, soutenu sans faille par Tshisekedi. Le média congolais Ouragan.cd titrait en septembre 2024 : « L’homme à abattre », affirmant qu’il était la cible de mandataires publics véreux. Mais les attaques glissent sur un homme qui, à force de loyauté institutionnelle et de détermination, a rendu à l’IGF son autorité naturelle.
L’estime des pairs, l’adhésion du peuple
Au fil de son mandat à la tête de l’IGF, Jules Alingete a suscité une admiration croissante, tant parmi les experts que dans la population congolaise. Ses actions déterminées contre la corruption et sa rigueur dans la gestion des finances publiques ont été saluées par de nombreux observateurs. Jean-Pierre Tinda, analyste financier, souligne : « Grâce à Alingete, détourner n’est plus sans conséquence. » Marie-Claire Mbombo, économiste, affirme : « Il a redonné une âme à une institution oubliée. » Didier Katshungi, professeur de droit, observe : « Son nom est désormais synonyme d’intégrité. » Le professeur Albert Kikoso, spécialiste en gouvernance, déclare : « Un mur érigé contre la prédation. » Et Fatuma Kibati, active dans l’immobilier à Kinshasa, témoigne : « Grâce à lui, beaucoup commencent à respecter la loi sur les marchés publics. »
Ces témoignages reflètent l’impact profond de son action sur la société congolaise. En incarnant une lutte sans relâche contre les détournements de fonds publics, pour Jin Kazama, président d’une ONG des droits de l’homme, Alingete a non seulement renforcé la crédibilité de l’IGF, mais a également restauré la confiance des citoyens dans les institutions de l’État.
Une dynamique impulsée par le sommet
Pour Jules Alingete, les résultats engrangés par l’IGF s’inscrivent avant tout dans le sillage d’une volonté politique forte exprimée au sommet de l’État. À plusieurs reprises, il a salué l’engagement du président Félix Tshisekedi comme le socle qui a permis à l’IGF d’émerger comme acteur central de la lutte contre la corruption. « Si vous entendez parler de l’IGF aujourd’hui, c’est parce qu’il y a une volonté politique ferme qui accompagne ce travail », déclarait-il en 2023, soulignant que le chef de l’État a su « créer les conditions d’une action libre et rigoureuse ».
En septembre 2024, à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État, il affirmait encore : « Nous sommes dans la droite ligne des instructions données par le président de la République en vue d’incarner sa vision en matière de lutte contre la corruption ». Cette ligne directrice, Alingete l’a constamment revendiquée, notamment lors de l’inauguration du siège flambant neuf de l’IGF en octobre 2024, où il saluait « le soutien permanent du président Tshisekedi au travail difficile mais salutaire abattu par les inspecteurs ».
Dans ses vœux du Nouvel An 2025, il réitérait cette reconnaissance : « Votre engagement indéfectible pour le progrès de notre pays inspire confiance et espoir. L’IGF poursuivra sa mission dans cet esprit ». À ses yeux, l’IGF n’aurait pu jouer ce rôle sans l’impulsion et la protection du Chef de l’État Tshisekedi. Une conviction qu’il porte comme un leitmotiv : « la rigueur n’est possible que lorsqu’elle est soutenue par le sommet de l’État. »
Bitasimwa, la relève sous tension
Le successeur de Jules Alingete, Christophe Bitasimwa, prend les rênes d’une institution désormais bien ancrée, mais confrontée à de nouveaux défis. La corruption numérique, les réseaux transnationaux, les fraudes de plus en plus sophistiquées…, autant de fronts sur lesquels il devra s’imposer. Le financier Alexis Kita met en garde : « L’ère Bitasimwa commence dans l’ombre d’un géant. » Cependant, le socle est solide, bâti par un homme et un président dont les parcours ont marqué l’histoire de l’IGF. Lors de la cérémonie de remise et reprise, le 15 mai, Bitasimwa n’a pas manqué de saluer le travail de son prédécesseur : « Tout le monde sait à quel niveau il a porté cette institution […] Aujourd’hui, cette institution est très respectée. La population fonde beaucoup d’espoir sur l’IGF. On ne peut que le lui reconnaître ce travail abattu et le leadership qu’il a imprimé à ce service. » Selon lui, la grandeur de l’œuvre laissée par Alingete est telle qu’il est impossible de le remplacer, mais « on lui succède ».
Une sortie avec panache
En mai 2025, Jules Alingete quitte ses fonctions, non comme un fonctionnaire à la retraite, mais comme un bâtisseur qui laisse un édifice debout. L’IGF d’aujourd’hui n’a plus rien de celle d’hier. Son passage à la tête de l’institution aura marqué une rupture, une renaissance. Et si son avenir reste à écrire, son héritage, lui, est déjà inscrit dans l’histoire administrative du pays.
Heshima Magazine
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