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Culture

Musique: Les premières divas congolaises

Bien que la musique congolaise moderne soit largement dominée par les hommes, le timide apport féminin à son orée n’en reste pas moins appréciable. Qui sont-elles et quel est à ce jour l’héritage de ces premières chanteuses ?

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En réalité la domination reconnue aux hommes dans la musique n’est due qu’à leur présence sur les podiums et les disques. Car c’est de notoriété que la femme occupe un rôle majeur dans la musique qui occupe de tout temps une place de première importance dans la société congolaise : c’est bien elle qui rythme les berceuses chantées aux enfants, les travaux ménagers ou des champs et à chaque fois, c’est la voix douce de la femme qui caresse les tympans et apporte de la gaîté, sans oublier son talent naturel à esquisser des pas de danse aux sons de ses mélodies.

Bien que depuis les temps anciens, cette passion musicale soit bien ancrée dans les mœurs de la vie congolaise, et de vedettes ne pouvaient être comptées dans l’art d’Orphée en tant qu’animatrices dans les diverses cérémonies du quotidien, leur nombre reste toutefois limité dans la musique congolaise moderne.

  Il faut avouer qu’en dépit de l’engouement suscité par la musique, cet art ne dispose vraiment pas réciproquement de la considération sociale qui pousserait les individus à s’y lancer n’eut été la passion contenue en eux, les poussant à outrepasser les préjugés à son égard. Le métier est en effet estimé comme peu digne, la préférence étant accordé à un emploi dans l’administration. De plus, la réputation peu reluisante du musicien est une somme de qualificatif de débauché, de noctambule, de drogué au chanvre… Et donc si cette appréciation est portée sur l’homme comment cela ne le serait pas pour la femme. Toute femme évoluant dans ce milieu est, de surcroit, taxée de légère.

Cela n’a toutefois pas empêché certaines audacieuses à être happées par les sirènes de la musique et parmi celle alignée parmi  les pionniers de la musique congolaise, Lucie Eyenga est comptée sans aucun doute comme la seule cantatrice de la gente féminine. Elle a su tenir la dragée haute à des géants comme Wendo avec des tubes comme Nabanzaki, Bolingo ya biso ba la joie ou encore Dit Moninga ou Ah Baninga. Dans ses ritournelles, elle chante d’une voix aigüe l’amour, l’amitié…

A cette première vague, une autre génération entre en scène. Bien que toujours relativement mal jugée dans les mœurs et le respect social, la musique commence toutefois son essor avec l’émergence des vedettes masculines de renom comme Rochereau Tabu Ley, Franco, Gérard Madiata. Ceux-ci se démarquent relativement de la connotation négative accolée à cette profession. C’est également l’époque de l’émancipation de la femme encouragée à embrasser les carrières jusqu’alors réservées à l’homme. Elles sont recrutées dans la musique religieuse des chorales des églises, régulièrement sollicitées lors des cultes ou autres cérémonies comme les deuils.

C’est dans cette veine que l’on retrouve Etisomba, de son nom complet Antoinette Etisomba Lokindji. Elle se lance dans la pratique de la musique profane ou encore mondaine à partir de 1965. Grâce à une formation au Conservatoire de Kinshasa, ancêtre de l’Institut national des Arts (INA), elle maîtrise son don par la connaissance des règles de l’art.

Elle intègre l’orchestre Bamboula. A la suite d’un concours organisé par le ministère de la Culture, elle représente son pays au sein de ce groupe en tant qu’unique femme au Premier festival culturel d’Alger en 1969, avant d’effectuer plus tard des tournées dans l’ensemble de l’Afrique et en Europe, dans le milieu congolais ou non. Sa discographie comprend des titres comme «Imambekele » et « Tarame ». Son style se caractérise par un récital éclectique dans le genre tradi-moderne, des variétés afro-américaines sans oublier les chants religieux, interprétées d’une voix à la fois grave et chaleureuse. Témoignage de son succès, il lui sera décerné le surnom de « Myriam Makeba congolaise », immense icône africaine de l’époque, mondialement connue et reconnue. Elle décède en 2002 à Paris. Abeti Masikini, nom de scène d’Elisabeth Finant est une autre chanteuse de grande notoriété. Elle est née le 9 novembre 1954 à Kisangani, d’un père politicien (lire encadré). Elle débute sa carrière musicale en 1971 après avoir décroché la première place au concours « Découverte des jeunes talents ». Avec un répertoire des chansons inspirées des contes congolais et de la vie quotidienne, elle s’engage dans une musique traditionnelle exécutée en swahili, lingala, français dans des tournures africaines, mais également en anglais, avec une ambiance toujours marquée par la vivacité de sa danse.

Ses premiers succès sont « Mutoto wangu » et « Safari ». En 1973, à 19 ans, elle effectue un premier passage dans la mythique salle de l’Olympia à Paris. Elle y côtoie les grands du show business d’alors comme Mireille Matthieu, Mohammed Ali, Myriam Makeba, sans oublier le maître des lieux, Bruno Coquatrix. Pierre Cardin, couturier français de renommée mondiale, parraine son premier album. En Afrique, elle est une véritable star, grâce à l’accompagnement de son manager et mari, le Togolais Gérard Akueson où elle a su porter très haut l’étendard de la musique congolaise. Elle meurt le 28 septembre 1994.

 Mpongo Love, de son vrai nom Alfride M’Pongo Landu naquit à Boma dans le Kongo Central le 27 août 1956 et s’éteint à Kinshasa le 15 janvier 1990, à l’âge de 33 ans. Victime à l’âge de quatre ans, d’une succession de drames, elle est d’abord frappée d’une paralysie causée par une injection de pénicilline mal administrée et ne retrouvera que partiellement l’usage de ses deux jambes. Ensuite, elle est affectée la même année par le décès de son père survenu lors des soubresauts ayant secoué le pays au lendemain de son indépendance. (lire encadré) Elle évoquera d’ailleurs les déboires de cette vie tumultueuse dans une chanson à jamais mémorable « Mama na ngai » qui ne cessera d’émouvoir le grand public déjà fan de cette grande chanteuse qui a développé son talent au sein de la chorale paroissiale de NotreDame de Boma au moment de ses études primaires.

D’abord secrétaire de direction dans la société Districar du groupe de l’homme d’affaires Dokolo, Mpongo Love se lance dans la musique avec l’aide de son manager et arrangeur Empompo Loway, saxophoniste de l’orchestre African fiesta national de Tabu Ley Rochereau. Elle crée son propre orchestre, le Tcheke Tcheke Love.

Malgré son handicap physique, cette belle chanteuse enchaîne tube après tube avec sa voix aigüe, tantôt mélancolique, tantôt gaie mais toujours plaisante qui émerveille le public congolais puis celui de toute l’Afrique. Après « Pas possible Maty », son premier succès, viendront le tour de Mokili compliqué, Mama na ngai, dans lesquelles elle chante l’amour, la rivalité entre femmes pour un homme, la duplicité de l’homme en amour…

Quel héritage ?

Avec un nombre d’à peine quatre albums qui peuvent paraître dérisoire pour marquer de son empreinte dans un art, le legs des premières divas congolaises n’en reste pas moins appréciable sous divers angles. Par l’audace à braver les préjugés de la société qui se plaisait à confiner la femme dans le rôle de mère et de ménagère, sans pouvoir imaginer qu’elle pouvait affronter le public, elles ont su donner de la valeur à leur métier, y attirer d’autres personnes talentueuses, en prouvant qu’avec une formation musicale dans la maîtrise des règles de l’art, il est possible d’en cueillir les fruits au même titre que toute autre profession. Sur ce registre, Mpongo Love représente sans aucun doute un modèle de battante en raison de son handicap physique. Elles ont aussi valorisé la culture congolaise par la promotion des différentes langues locales utilisées dans leur chanson, sans oublier l’attention qu’elles ont su focaliser sur leur pays. Ainsi, Mbilia Mbel et Tshiala Mwana sont d’ailleurs deux témoignages remarquables de cet héritage. Toutes les deux viennent en effet de l’orchestre d’Abeti, la première comme danseuse et la seconde d’abord danseuse avant de devenir à son tour chanteuse. Toutes les deux ont su porter au plus haut l’étendard de la musique congolaise, au point où leur répertoire vieux de déjà trois bonnes décennies de présence sur le marché du disque n’a à ce jour pris aucune ride et n’est jamais absent lors des fêtes congolaises.

De nombreuses autres vocations verront également le jour grâce à elles, malheureusement parfois oubliées par l’usure du temps comme Vonga Ayé, Déesse, Jolie Deta alors que d’autres sont bien présentes aujourd’hui à l’instar de MJ30 ou encore Cindy et tant d’autres nouvelles prometteuses.

  On peut aussi se souvenir de l’existence dans les années 80 d’un orchestre exclusivement composé de femmes, le Taz Bolingo dont une duplication est en cours de production sous la dénomination de Bana Bakaji.

Néanmoins, si de leur vivant, elles ont pu se hisser à un certain seuil de gloire avec le soutien de leur mentor, toujours un homme, au point de pouvoir en inversant une phrase célèbre dire que derrière une grande dame se cache un grand homme, leur progéniture malgré leur tentative de perpétuer le nom de leur génitrice en hommage bien mérité n’y parvient qu’assez difficilement.

Puisse-t-elle accéder à ce vœu afin de confirmer une fois de plus que les œuvres de l’artiste ne meurent jamais.

Duo de vie

 Les à-côtés de la vie des vedettes attisent toujours la curiosité du grand public. La vie d’Abeti Masikini et Mpongo Love n’échappent pas à cette règle d’autant plus qu’elles ont dû malgré elles, vivre une partie de leur existence, avec de malheureuses similitudes dont l’histoire est seule à en détenir le secret.

Le père d’Abeti, Jean-Pierre Finant, partisan de Patrice-Emery Lumumba installé à Kisangani trouve la mort à Bakwanga (actuellement Mbuji-Mayi) en 1961, avec d’autres de ses compagnons, sauvagement assassinés par leurs ennemis.

Quant à Gilbert Pongo, le père de Mpongo Love est un militaire chargé de combattre les lumumbistes. Il est arrêté à Bukavu, puis transféré à Kisangani pour servir d’échange avec Lumumba emprisonné par le régime de Kinshasa. L’échec de l’opération d’échange des prisonniers conduira à leur mort.

Culture

LE GNETUM SPP LÉGUME VERT FAIT À BASE DE PÂTE D’ARACHIDE

Connue en France sous l’appellation Gnetum africanum, le fumbwa est une liane forestière. On le retrouve aisément en Asie (tropicale et subtropicale), en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique Centrale. Mets très convoité, le Gnetum spp est aussi connu sous l’appellation d’Okok dans la partie francophone du Cameroun et d’Eru pour les anglophones. Mais aussi de Koko au Gabon, Angola, Congo, Centrafrique, d’Afang pour certaines tribus du Nigeria ou encore d’Ukazi pour d’autres.

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Bien longtemps, le fumbwa était un plat traditionnel et local consommé par les peuples Kongo vivant dans l’ouest de la RDC et l’Angola. Il est préparé avec les feuilles de Gnetum sp. dont il porte le nom en langue locale, le fumbwa. Mais, au fil des temps, il s’est imposé et est actuellement consommé par les autres ethnies qui apprécient son goût délicieux et son apport nutritionnel. Il est disponible dans les magasins africains, antillais, indiens et turcs. Même si son appellation diffère d’un lieu à l’autre, cette plante verte à la texture dure est convoitée pour ses différentes vertus. Qu’elles soient culinaire, médicinale ou esthétique, le fumbwa fait l’unanimité ! De plus, il constitue une filière commerciale très lucrative. Il est apprécié et principalement consommé localement. La plante est également exportée de la RDC notamment au Nigeria, et même jusqu’en France, aux États-Unis et au RoyaumeUni.

 Le Gnetum spp. est une treille trouvée la plupart du temps dans les jachères et les forêts secondaires, de qui les feuilles sont employées en tant que riches d’un légume feuillu en protéine. C’est l’un des rares légumes verts disponibles tout au long de l’année. Son importance dans la sécurité alimentaire ou comme source de revenu devient donc très important. C’est ainsi qu’il était choisi parmi les trois PFNL phares en RDC pour le projet « Mobilisation et renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises impliquées dans les filières des produits forestiers non ligneux en Afrique Centrale » regroupant quatre principaux acteurs, à savoir CIFOR, FAO, SNV et ICRAF. Dans cette perspective, une étude de base de la filière fumbwa a été menée en RDC. L’objectif de cette étude était de faire une analyse complète de filière afin de proposer des solutions pour sa gestion optimale. C’est ainsi que des enquêtes ont été menées auprès de différents acteurs de la filière notamment les cueilleurs, les commerçants et les consommateurs. Les enquêtes production « cueillette » ont été faites seulement dans la Province du Grand Equateur. En effet, dans les villages d’enquête, la cueillette des feuilles du fumbwa implique aussi bien les pygmées que les Bantou.

 Contrairement à ce qui se passe ailleurs, dans cette province, la cueillette des feuilles du fumbwa est en grande partie faite par les hommes et il ne fait pas partie des régimes alimentaires des populations, plus de 80% de la production sont destinés à la vente. Actuellement, la cueillette et la vente se font de manière individuelle. Pour la campagne 2007, par exemple, la production moyenne annuelle par cueilleur est estimée à 257 kg. La cueillette se fait une fois par semaine, ceci par le fait que l’avion qui l’affrète le fumbwa de la Province de l’Equateur à Kinshasa n’effectue qu’un vol par semaine. Si le vol est annulé toutes les quantités sont jetées car la durée de vie maximum des feuilles du fumbwa est de trois jours.

 Dans ce cas, le producteur n’est pas payé car le produit est acheté à crédit. Ces problèmes de transfert créent un grand fossé entre le prix au producteur et le prix au consommateur. Le producteur reçoit moins de 10% du prix du consommateur. En 2007, le revenu moyen annuel du fumbwa par producteur est estimé 36752 Fc soit 668$ tandis que les marges nettes du détaillant et du grossiste de Kinshasa sont estimées respectivement à 34.354 $ et à 19.495. Dans la ville de Kinshasa, le coût moyen du plat du fumbwa est estimé à 2 000 Fc, soit environ 1 $ auprès des malewa de fortune. Dans la ville de Kinshasa, le fumbwa qui au départ était pour les « Bakongo » est entré dans les régimes alimentaires de tous les Kinois. En RDC, les problèmes majeurs de la filière fumbwa sont la conservation et le transport, la rareté du produit n’est pas encore une préoccupation.

 Raymond OKESELEKE

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Culture

Musique : retour du clan Wenge, 25 ans après sa dislocation…

Après l’apothéose des années 90, le groupe Wenge Musica BCBG 4×4 s’est à nouveau taillé une place de choix auprès de ses mélomanes. A l’initiative du producteur Amadou Diaby, un concert historique a scellé la réconciliation de ce clan, le 30 juin 2022, au stade des Martyrs, à Kinshasa. Mais d’autres productions VIP attendent encore ces « Anges adorables »…

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Loin des feux de projecteurs, les grands de ce groupe composé de JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Alain Makaba, ont acté leur réconciliation, plus de 25 ans après, un lundi 22 janvier 2022 à Paris. Plusieurs projets ont germé de cette rencontre dont un méga-concert au stade des Martyrs de Kinshasa en prélude aux autres productions dont celle de Pullman, ce samedi 9 juillet et un album en commun.

Les leaders de Wenge Musica BCBG 4×4 Tout Terrain se sont réunis le 30 juin 2022 au stade des Martyrs pour produire un spectacle inédit à l’intention de leurs mélomanes. Cette occasion a permis aux Anges adorables de se retrouver, de faire revivre les beaux moments de l’époque avec des tubes mémorables, faisant danser même les plus jeunes.

Après le concert du stade des Martyrs à Kinshasa, les activités vont se poursuivre cette fois-ci dans un autre site à savoir, au Pullman Hôtel ce samedi 9 juillet 2022 à partir de 19 h30 par le même groupe réunifié. Ce sera un concert VIP programmé au Chapiteau de l’Hôtel Pullman dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. L’on se rappelle bien qu’au stade des Martyrs, le prix du billet était fixé à partir de 5000 Francs congolais (2,5 dollars), mais pour celui de Pullman, le prix est fixé à 300 dollars.

Au milieu de tous les défis que rencontre la RDC dans ses différentes sphères, le concert du stade des Martyrs organisé le jour de l’indépendance du pays était l’occasion de porter un message fort et poignant autour d’un idéal commun : l’Unité, comme véritable force motrice et incontournable pour la grandeur de la nation congolaise. L’annonce de ce méga-concert s’est réalisée de manière à attirer un flux de demande de billes d’accès dans un stade réservé à l’accueil de 80 000 spectateurs. Pour leur part, les mélomanes ont bel et bien consenti à l’appel des organisateurs. Par nostalgie, des fans ont afflué de tous les quartiers de Kinshasa, sans compter ceux de la diaspora, pour rehausser de leur présence le grand rendez-vous. Question de remettre au goût du jour tous les répertoires qui ont fait la pluie et le beau temps des années 1990.

Affaire 100 000 dollars…

La nouvelle défraie la chronique et va jusqu’à devenir virale sur les réseaux sociaux. Elle est bien au-delà de ce qu’auraient espéré les fans nostalgiques du groupe qui a marqué leur jeunesse. Bien plus qu’une simple réconciliation de ses anciens sociétaires devenus presque tous leaders de leurs propres formations musicales, Wenge Musica 4×4 est allé jusqu’à se reconstituer autour d’un projet à deux étapes sous la houlette d’Amadou Diaby. C’est un pavé dans la mare jeté lors la distribution non équitable des cachets empochés par Werrason et JB Mpiana au détriment des autres leaders du groupe à savoir Alain Makaba et Blaise Bula à l’issue du concert du stade des Martyrs. Les deux précités auraient perçu chacun 100 000 dollars contre plus ou moins 50 000 pour les deux autres. Cette affaire risquerait d’éclabousser à nouveau le clan parce qu’il aurait été prévu pour Werrason et JB Mpiana d’encaisser chacun 300 000 dollars après le concert de Pullman. Ces faits, s’ils arrivaient à être confirmés, pourraient susciter d’autres frustrations au sein d’un clan nouvellement reconstitué.

10 000 billets achetés du coup 

25 ans après leur séparation, l’ancien vice-président de la Fédération guinéenne de football, Amadou Diaby, a réussi à réunir les têtes d’affiche du clan Wenge pour ce qu’il appelle le  »concert du siècle ». Amadou s’est associé à des personnalités comme le producteur américain Teddy Riley, l’artiste malien Salif Keita et le musicien congolais Mohombi pour réussir cette entreprise.

Pour la première fois, ces personnages qui échangeaient des piques par média interposé se sont produits au stade des Martyrs. Devant un public euphorique, ils ont repris leurs titres phares, rappelant des souvenirs des années Wenge avant l’éclatement de 1997. Au-delà de la réconciliation entre musiciens, ce concert réconcilie aussi le public qui était divisé à la séparation du groupe. Ledit concert n’est que le début d’une série de productions du Wenge Musica BCBG 4×4 Tout terrain, formule originale. Plusieurs concerts à jouer sont à l’affiche du programme. Le prospectus propose plusieurs productions après celle du stade des Martyrs et de Pullman Hôtel, ex-Grand Hôtel Kinshasa.

Le groupe devra ensuite s’ébranler vers l’Amérique, l’Europe et ailleurs dans le monde. Le concert dit de réconciliation de Wenge Musica BCBG 4X4 a mobilisé une grande masse de personnes. A en croire Werrason, l’un des leaders de cette formule originelle de Wenge, des gens sont venus de partout, de l’Amérique, de l’Europe, de Brazzaville voire de l’intérieur du pays. D’après lui, il n’y avait plus de places dans les hôtels de la capitale, étant donné que toutes les chambres avaient été occupées. Il avançait le chiffre de 240 000 billets vendus, alors que le stade des Martyrs, avec une capacité de 80 000, ne peut aller que jusqu’à 100 000 personnes.

Complétant le patron de Wenge Musica Maison Mère, Alain Makaba, l’autre artiste polyvalent de BCBG 4X4, a indiqué qu’ils étaient à cours de billets. En effet, nombreux étaient les mélomanes décidés à assister au concert du 30 juin. Des billets ont été raflés d’avance en soutien à l’événement. En prélude de ce concert qui s’est passé le 30 juin, les principaux administrateurs que sont JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Blaise Bula, Adolphe Dominguez accompagnés du producteur de cet événement, Amadou Diaby, ont eu une rencontre préparatoire le 25 juin 2022 à Matonge, dans la commune de Kalamu. Autour d’un verre symbolisant l’unité et la réconciliation, ces retrouvailles annonciatrices du méga-concert marquaient également l’exemple pour rapprocher davantage tous les camps des mélomanes opposés en vue de leur cohabitation dans un brassage culturel sans aucun clivage.

L’achat préalable des billets distribués à certains Kinois le 29 juin 2022 à Matonge s’est réalisé en amont pour permettre à l’organisateur du concert d’atteindre son objectif. Une partie de recettes (40%) générées à l’issue de l’événement du 30 juin au stade des Martyrs était prévue d’être déversée comme soutien aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) engagées au front contre les groupes armés à l’origine de l’insécurité dans la partie est du pays, notamment les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.

Origine…

Créé un certain 11 juillet 1981 autour de Didier Masela Ndudi sur la rue Dibamboma, dans la commune de Bandalungwa (Bandal), cet ensemble musical n’était composé au départ que d’amis et élèves habitant le quartier. Sans dénomination au départ, l’orchestre emprunte son nom d’une équipe de football existant dans le coin : Wenge et la particularité de cette équipe est qu’elle ne gagnait pas souvent ses matchs et après une énième défaite devant les membres du groupe, le nom de WENGE fut adopté. Et pour rendre hommage à Papa  Wemba et à King Kester Emeneya leurs idoles d’une part et pour apporter une différence avec l’équipe de football, ils  ajoutèrent Musica. C’est ainsi que l’orchestre prit le nom de Wenge Musica. Les séances de répétitions et concert se déroulaient au dancing « Moto na Moto » dans la commune de Bandalungwa. Et plus tard, pour notifier la progression du groupe auprès du public, d’autres surnoms furent collés au nom Wenge Musica. Et chaque appellation avait une explication pour les musiciens de ce groupe. Didier Masela Ndudi en est le fondateur aux côtés de Noël Ngiama Makanda dit Werrason, Aimé Bwanga et Alain Mwanga. Comme chanteurs : JB Mpiana, Blaise Bula, Dede Masolo (Deno Star), Anicet Pandu Anibo, Wes Koka, Adolphe Dominguez. Du côté des instrumentistes, Alain Makaba (Guitare et clavier), Christian Zitu (accompagnement), Maradona Lontomba à la batterie et Evo Nsiona (Tumba).

Jusqu’en 1986, l’orchestre n’était qu’un passetemps, vu que les composants étaient élèves et étudiants. Et tous n’espéraient pas faire de la musique comme un métier. L’orchestre se mesurait avec les autres groupes des jeunes de la capitale comme « Il fallait Kaka », « Litonge Bouge » ou encore « Arka Musica » pour ne citer que ceux-là. Wenge réussissait à jouer en première partie ou levé de rideau des orchestres chevronnés comme Langa Langa Stars et Choc Stars par le soutien inconditionnel de Defao Matumona.

Et c’est grâce à Madame Kiamuangana Mateta Verckys  que l’orchestre fut programmé pour une émission télévisé à la télévision nationale (OZRT) au Studio Maman Angebi après avoir livré des concerts dans l’enceinte de Veve Center, de l’artiste producteur Verkys Kiamwangana. Cette synergie permit au groupe de rentrer en studio  pour enregistrer « Kin e bougé » (1ère version) de JB, « Bébé ake na ye » de Zing Zong et « Laura » de Blaise Bula.

Apothéose

Le groupe entre en studio à Brazzaville à l’IAD et enregistre l’album « Bougé Bougé » en 1988. Un album de 6 titres avec la chanson phare « Mulolo » qui veut dire clameur. A ce jour, personne ne connaît son auteur. JB Mpiana et Werrason se disputent la paternité. Certains natifs et inconditionnels du groupe attribuent la chanson à Ladins Montana, un proche de Werrason ; les autres titres de l’album: Nicky D (Werrason), La fille du Roi et Kolo Budget (JB), Dodo la Rose (Blaise Bula), Fisol (Alain Makaba). La Chanson Mulolo a été primée comme chanson de l’année et l’orchestre Wenge Musica la révélation musicale de l’année 1988.

L’album « Bougé Bougé » récolte un succès fou auprès du public jeune, étudiants et élèves de tout le pays. Désormais, il faut compter avec ce groupe dans le paysage musical du grand Zaïre. L’album leur servant de book-press deux producteurs résidents en Belgique MM Masakuba-Kokard patron des Editions Sans Frontières et Kibonge organisent le voyage du groupe à Bruxelles via Paris. Ne disposant pas de bons documents pour le voyage, le groupe se divise en deux pour essayer de tromper la vigilance des agents de l’immigration à l’aéroport. Ainsi, seront envoyés en éclaireurs Ricoco Bulambemba et Pipo le drummer. Le voyage se déroule sans anicroches pour eux, au moment où le second groupe dit des leaders composé de JB, Werra, Masela, Makaba et Bula s’apprête au voyage, le subterfuge est détecté, le groupe est arrêté et reste à Kinshasa.

Au pays, l’orchestre se réorganise. Un organigramme du groupe qui place JB Mpiana à la Présidence et un conseil de 4 administrateurs composé de Ngiama-Werrason Administrateur-Directeur Financier, Makaba-Alain administrateur-Directeur artistique, Blaise Bula-Monga Administrateur sans oublier Didier Masela, le Fondateur.

Des tournées en spectacles à travers Kinshasa et le reste du pays, l’orchestre assoit sa notoriété. Le premier contrat publicitaire est signé avec la compagnie brassicole Bralima sous le label « Génération Primus ». L’orchestre agrémente les fêtes du parti-état, le MPR du Maréchal Mobutu aux côtés des grands orchestres comme Zaïko ou l’OK Jazz. Pourtant, un drame est venu frapper à la porte du «BCBG ». Sur le chemin du retour d’une prestation au site de Ngafura, Alain Kombo mi-soliste meurt dans un accident de circulation. Tout Kinshasa en avait parlé attribuant la thèse de sacrifice pour le succès du groupe. Il est remplacé par Fi-Carré Mwamba ; dans cette foulée, Maradona et Delo Basse quittent le groupe pour un voyage vers l’Europe pour y retrouver la bande à Ricoco. Patient Kusangila remplace l’accompagnateur Djo Lina et Titina Mbwinga « Al Capone » prend la place laissé par Maradona et deviendra le titulaire indiscutable à la batterie.

En novembre 1990, JB Mpiana, Werrason, Alain Makaba, Didier Masela, Blaise Bula, Roberto Wunda, Marie Paul et Titina Mbwinga arrivent à Bruxelles. Manda Chante, Fula King et Alain Mpela ne sont pas du voyage. Le groupe réside à Bruxelles et est renforcé par Adolphe Dominguez tandis que Ricoco est écarté du groupe au soir de l’unique concert que le groupe réalisa à Paris. A Bruxelles, le groupe continua sa tournée en livrant des concerts et  enregistre l’album « Kin e bougé ». Au moment du retour de l’orchestre à Kinshasa, Marie Paul qui ne se sentait pas à l’aise avec Adolphe Dominguez prit la fuite pour retrouver le groupe des bannis à Paris. C’est cette arrivée de poids qui avait scellée la naissance d’un nouveau groupe qui sera appelé Wenge Musica Aile Paris.

Crise de Leadership et dislocation

JB Mpiana, en sa qualité du Président du groupe, imposa à l’orchestre la sortie de son album qui avait connu la participation de tous les musiciens du groupe, excepté le jeune Hervé Gola dit Ferre. Une réussite avec la nouvelle danse le Ndombolo ; cet album marquera la fin du groupe car des conflits en conflits, l’irréparable arriva, deux  nouveaux groupes naissaient. Le Wenge Musica BCBG de JB Mpiana avec toute l’équipe sauf Adolphe Dominguez, Werrason, Didier Masela et Hervé Gola. Le groupe prit le nom de Wenge Musica Maison Mère pour notifier la continuité du groupe autour de Didier Masela. L’embellie n’était que de courte durée de chaque côté. JB Mpiana se sépara de Blaise Bula et d’Alain Makaba pour régner seul en qualité de Souverain Bina Adam, Blaise Bula créa son groupe Pondération 8 avec comme slogan Yb² qui veut dire : « Yemba nde, beta nde, bina nde » (Savoir chanter, jouer et danser). Il prône de la bonne musique, la maîtrise de l’art d’Orphée.

Werrason aussi se sépara de ses deux amis, le fondateur Masela et Adolphe Dominguez. Didier Masela garda Wenge Musica 4X4 et Adolphe monta son Wenge Tonya Tonya. A ce jour, le clan Wenge s’est éclaté en 8 groupes ci-après : Wenge BCBG de JB Mpiana, Wenge Musica Maison Mère de Werrason, Wenge Musica 4X4 de Didier Masela, Wenge Référence de Manda Chante, Wenge Tonya Tonya d’Adolphe Dominguez, Pondération 8 de Blaise Bula, Wenge Kumbela de Aimé Bwanga, Wenge Aile Paris de Marie Paul.

Raymond Okeseleke

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Culture

Culture: Le mariage traditionnel chez les pygmées Mbuti.

« Tête pour tête », tel est le principe de base dans la tradition mbuti lorsqu’un garçon de cette race humaine désire épouser une fille ayant les caractéristiques communes de ce groupe social. Le mariage traditionnel chez les Mbuti se fait sur la base d’échanges réciproques et sans obligation manifeste de versement de la dot.

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Dans leur système de filiation, les pygmées Mbuti constituent une société patrilinéaire mais le système est assez souple. Le groupe principal des Mbuti est la famille nucléaire. Le mariage se fait sur la base d’échange de femme. Sur la base d’échanges réciproques, des hommes de groupes différents échangent entre eux des sœurs ou des femmes avec qui ils ont des liens. Dans la société mbuti, le paiement d’une dot n’est pas obligatoire. Il n’y a pas de cérémonie formelle de mariage : un couple est considéré comme marié lorsque l’homme présente aux parents une antilope qu’il a chassée et tuée seul. La polygamie est pratiquée mais à des degrés variables selon les groupes et n’est pas très répandue.

Les sociétés mbuti n’ont pas de groupes ou de lignée dirigeante ni d’organisation politique générale et très peu d’organisation sociale. Les Mbuti forment une société égalitaire dans laquelle la bande constitue l’organisation sociale la plus importante. Le leadership peut s’affirmer par exemple lors des opérations de chasse. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Les problèmes sont discutés et les décisions sont prises par consensus autour du feu. En cas de désaccord, de délits ou d’infractions, la personne incriminée peut être bannie, battue ou ridiculisée.

Les hommes et les femmes mbuti s’occupent tous les deux des enfants. Les enfants s’occupent de la cuisine, du nettoyage, de la réparation de la hutte et vont chercher de l’eau. Les hommes portent les femmes dans les arbres pour qu’elles aillent récupérer le miel. Pour la chasse, les Mbuti utilisent des grands filets, des pièges, des arcs et des flèches. Les femmes et les enfants participent parfois à la chasse en rabattant les proies vers les filets.

Etymologie

On observe de multiples variantes : Bambote, Bambute, Bambuti, Ba.Mbuti, Bambutis, Bouté, Imbuti, Mambuti, Mbote, Mbutis, Pygmées de l’Ituri, Pygmées Mbuti, Wambouti. « Bambuti » est le pluriel de « Mbuti ». Cette race des pygmées vit dans des villages où chaque hutte abrite une cellule familiale. Au début de la saison sèche, les Mbuti quittent leur village et s’installent dans des campements qu’ils construisent dans la forêt. Les villages sont indépendants les uns des autres. Les maisons sont petites et circulaires et sont toujours conçus comme des habitats temporaires. La construction d’une maison commence avec le tracé du contour de la maison sur le sol. Les murs sont constitués de branches solides plantées dans le sol. Une liane est ensuite enroulée autour de ces branches pour les faire tenir ensemble. De grandes feuilles sont utilisées ensuite pour construire le toit de la hutte. 

Situation géographique 

Les Mbuti sont un peuple pygmée vivant dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. Leur langue appartient au sous-groupe des langues soudaniques centrales. Les Mbuti sont un peuple pygmée de chasseurs-cueilleurs et l’un des plus anciens peuples présents en Afrique centrale. Ils sont organisés en petits groupes ou «bandes» de 15 à 60 personnes. Les Mbuti seraient au nombre de 30 000 à 40 000. 

L’utilisation du terme Mbuti peut créer parfois une certaine confusion car il peut servir à désigner l’ensemble des populations pygmées de l’Ituri et un sous-groupe de Pygmées vivant au cœur de la forêt de l’Ituri. L’épicentre de la vie des Mbuti est la forêt. Les Mbuti voient dans la forêt une protection et la considèrent comme un lieu sacré. Ils désignent parfois la forêt comme une «mère» ou un «père». Un rituel important dans la vie des Mbuti est le molimo. Après des évènements comme la mort d’un membre important de la tribu, molimo est célébré de façon bruyante pour réveiller la forêt, partant du principe que si quelque chose de mauvais arrive à ses enfants, cela est dû au fait que la forêt s’est endormie. Comme pour la plupart des rituels Mbuti, la durée du Molimo est variable et dépend de l’humeur du groupe. 

De la nourriture est collectée auprès de chaque hutte afin de nourrir le molimo. Le soir, le rituel s’accompagne de danses de la part des hommes autour du feu tandis que les femmes et les enfants restent dans les huttes, portes closes. «Molimo» est aussi le nom de la trompette utilisée par les hommes au cours du rituel. Cette trompette était traditionnellement faite en bois ou en bambou. Elle pouvait aussi être en métal utilisé pour des gouttières. Lorsqu’elle n’est pas utilisée, la trompette est conservée dans les arbres de la forêt. Lors d’une cérémonie, ce sont les jeunes du village qui récupèrent la trompette et la ramène jusqu’au feu.

Raymond Okeseleke

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