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Le retour de Joseph Kabila sur la scène politique malgré sa condamnation : stratégie ou nostalgie ?

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Quelques semaines après sa condamnation à mort par contumace, Joseph Kabila a fait une réapparition remarquée à Nairobi. L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), condamné pour trahison et crimes de guerre, a convoqué un conclave d’opposants les 14 et 15 octobre dans la capitale kenyane, donnant naissance à une nouvelle plateforme politique baptisée « Mouvement sauvons la RDC ». Cette résurgence soulève une question centrale : s’agit-il d’une stratégie politique minutieusement orchestrée ou d’une tentative nostalgique de reconquérir un pouvoir définitivement perdu ?

La Haute Cour militaire de Kinshasa a prononcé le 30 septembre 2025 une condamnation à mort contre Joseph Kabila, assortie d’une amende historique de 33 milliards de dollars américains. Le tribunal l’accuse d’être le chef véritable de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), coalition politico-militaire dont le M23 constitue le bras armé dans l’est du pays.​

Selon le général Joseph Mutombo, président de la Cour, Kabila aurait dirigé des réunions stratégiques, supervisé des camps d’entraînement et orchestré les hostilités qui ont déchiré les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les accusations reposent notamment sur le témoignage d’Éric Nkuba Shebantu, conseiller stratégique et politique de Corneille Nangaa, président de la rébellion AFC actuellement emprisonné, qui a rapporté des propos de Joseph Kabila concernant un plan visant à s’opposer au président Félix Tshisekedi.​

Absent tout au long du procès ouvert le 25 juillet 2025, Kabila n’a jamais comparu devant ses juges ni mandaté d’avocat pour le défendre. Cette absence alimente les controverses. Pour ses partisans, elle témoigne du caractère politique d’un procès visant à écarter un opposant de premier plan. Pour ses détracteurs, elle révèle son incapacité à répondre à des accusations étayées par des éléments concrets.​

Nairobi, le retour par l’étranger

Kabila a choisi le Kenya pour orchestrer son retour politique. Le conclave de Nairobi a réuni une poignée de figures de l’opposition, dont l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, lui aussi en délicatesse avec la justice congolaise, ainsi que des personnalités comme Franck Diongo, Jean-Claude Vuemba et des fidèles historiques tels que Raymond Tshibanda.​

La déclaration finale du conclave reprend les critiques que Kabila adresse depuis plusieurs mois au pouvoir de Félix Tshisekedi : « dérive autoritaire, espace démocratique restreint, justice instrumentalisée et dégradation sécuritaire dans l’est du pays ». Le nouveau mouvement appelle à « mettre fin à la tyrannie » et à « restaurer l’autorité de l’État ».​

Cependant, des figures majeures de l’opposition comme Moïse Katumbi et Martin Fayulu ont brillé par leur absence. Cette difficulté à rassembler largement pose la question de la viabilité de cette nouvelle plateforme et de sa capacité à constituer une alternative crédible, alors même qu’elle ne réunit pas nécessairement les figures de proue de l’opposition.

Les Forces Politiques Alliées de l’UDPS/Tshisekedi ont dénoncé la tenue de ce conclave à l’étranger, y voyant une complicité du Kenya dans une opération visant pourtant la déstabilisation de la RDC. Le choix de Nairobi plutôt que Kinshasa reflète aussi les difficultés de Kabila à y retourner sans être arrêté immédiatement compte tenu de sa condamnation.​

Un passé qui divise et interroge

Le bilan de Joseph Kabila à la tête de la RDC pendant dix-huit ans fait l’objet d’appréciations contrastées. Ses partisans lui créditent d’avoir maintenu une certaine stabilité institutionnelle et d’avoir organisé les premières élections démocratiques depuis l’indépendance. Ses détracteurs dressent un tableau beaucoup plus sombre : corruption systémique, violations des droits humains, délabrement des infrastructures et enrichissement personnel.​

L’enquête Congo Hold-Up, basée sur plus de 3,5 millions de documents bancaires fuités, a révélé des transferts financiers importants impliquant l’entourage présidentiel durant l’ère Kabila. Le maintien de son mandat deux ans au-delà de l’échéance constitutionnelle en 2016 reste une tache indélébile dans son bilan politique.​

Plus troublant encore, des accusations persistent quant à ses liens avec le Rwanda. Certaines investigations affirment que, sous son règne, d’importantes sommes d’argent auraient été régulièrement détournées au profit du régime de Paul Kagame. Sa présence à Goma en mai 2025, puis à Bukavu, dans des zones partiellement contrôlées par le M23 venu du Rwanda, où son avion a atterri, a ravivé les soupçons de connivence. Non seulement avec les rebelles, mais surtout avec Kigali, accusé de soutenir activement le mouvement M23.

La question des liens Kabila-M23

Les accusations de collusion entre Joseph Kabila et le mouvement rebelle M23 constituent l’un des volets les plus sensibles du dossier, ternissant davantage son image tant au niveau national qu’international. Selon le gouvernement congolais, plusieurs éléments viendraient étayer ces soupçons, notamment des témoignages directs et surtout la présence très remarquée de l’ancien président à Goma et à Bukavu en mai 2025, en provenance du Rwanda. Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, a dénoncé ce qu’il a qualifié de « choix délibéré de rentrer au pays par une ville sous contrôle de l’ennemi ». Des responsables de l’AFC se sont d’ailleurs « réjouis » publiquement de cette arrivée, un geste interprété par certains comme une confirmation implicite de liens politiques ou logistiques entre les deux parties.

Parallèlement, plusieurs enquêtes font état d’éventuels transferts financiers opérés mensuellement sous le régime Kabila au profit du gouvernement de Paul Kagame. Ces révélations, conjuguées à son passage par le Rwanda et à sa présence dans des zones sous influence du M23, ont ravivé les soupçons de connivence non seulement avec les rebelles, mais aussi avec Kigali, soutiens actif du mouvement.

Joseph Kabila, pour sa part, rejette catégoriquement toute implication. Il dénonce un « montage politique » visant, selon lui, à le discréditer et à masquer les échecs sécuritaires du pouvoir actuel.

Un capital politique limité

Si Kabila tente un retour, c’est aussi parce qu’il perçoit une faille dans le paysage politique congolais. L’opposition reste fragmentée et peine à s’unir autour d’une alternative crédible à Tshisekedi.​

Cependant, les sondages et analyses suggèrent que Kabila ne bénéficie d’aucune nostalgie populaire significative. « Il n’y a pas de forte nostalgie pour Kabila dans le pays aujourd’hui », confirme un analyste politique cité par le journal allemand Deutsche Welle. La jeunesse congolaise, qui représente une part croissante de l’électorat, aspire à un renouvellement que l’ancien président peine à incarner.​

Kabila tente de se positionner comme l’homme d’expérience capable de ramener la stabilité, mais son propre bilan conteste cette prétention. Son incapacité à résoudre les problèmes de l’est durant ses dix-huit années de règne affaiblit considérablement son argumentaire.​

Les fragilités du régime Tshisekedi

Le gouvernement Tshisekedi fait face à des défis majeurs qui fragilisent sa position. La perte temporaire de Goma et Bukavu en janvier 2025 a constitué un revers militaire et symbolique important. La capacité des FARDC à reprendre durablement le contrôle de l’est demeure incertaine.​

Sur le plan économique, les promesses de développement se heurtent aux réalités budgétaires. La mise en œuvre effective de la gratuité de l’enseignement et des soins de santé reste inégale selon les provinces. Les infrastructures, bien qu’en cours de réhabilitation, ne progressent pas au rythme espéré par la population.​

Ces difficultés alimentent une certaine désillusion et ouvrent des espaces pour l’opposition, même si celle-ci peine à capitaliser sur ces faiblesses. Le président Tshisekedi doit démontrer sa capacité à tenir ses engagements d’ici 2028 pour conserver la confiance d’un électorat exigeant.​

Le PPRD entre répression et résistance

Le PPRD, parti historique de Kabila, traverse une période difficile. La suspension de ses activités par les autorités en avril 2025, suivie de la réquisition de son siège, témoigne de la pression exercée par le pouvoir.​

Le parti dénonce ces mesures comme une atteinte aux libertés fondamentales et une tentative de museler l’opposition. Le gouvernement justifie ces actions par des préoccupations sécuritaires, évoquant des liens entre le PPRD et la rebellion AFC/M23 dans l’est.​

Le PPRD a néanmoins annoncé la reprise unilatérale de ses activités début mai 2025, défiant ainsi les autorités. Cette résistance témoigne d’une détermination à peser sur l’échiquier politique, avec ou sans Kabila à sa tête.​

Élections 2028, un horizon incertain

Le retour de Kabila s’inscrit dans une perspective électorale claire : les élections générales de 2028. Cependant, plusieurs inconnues pèsent sur la tenue effective de ce scrutin dans un contexte de guerre à l’est.​

Le président Tshisekedi s’est engagé à respecter le calendrier constitutionnel, contrairement à Kabila qui avait reporté les élections de deux ans en 2016. Cette différence de comportement constitue un marqueur important de la consolidation démocratique.​

Des réformes électorales sont en cours pour améliorer la transparence du processus. Leur mise en œuvre effective déterminera la crédibilité du scrutin de 2028 et la confiance des acteurs politiques dans le processus.​

Kabila espère probablement profiter d’un éventuel report des élections pour dénoncer une dérive autoritaire, se positionnant alors en défenseur de l’ordre constitutionnel. Un scénario paradoxal pour celui qui a maintenu son mandat au-delà de l’échéance légale, mais cohérent avec une stratégie opportuniste.​

Une stratégie risquée aux résultats incertains

Le retour de Kabila relève autant du calcul politique que de la nostalgie du pouvoir. L’ancien président a identifié une fenêtre d’opportunité dans le contexte actuel et entend la saisir. Sa patience stratégique, acquise durant ses longues années au pouvoir, constitue son principal atout.​

Sa stratégie repose sur plusieurs piliers : la victimisation en se présentant comme persécuté par une justice instrumentalisée, la légitimation historique en rappelant son rôle dans les transitions, et le positionnement en alternative face aux échecs du pouvoir actuel.​

Cependant, cette stratégie comporte des risques majeurs. Son bilan contesté, ses liens avec le M23, et sa faible popularité constituent des handicaps difficilement surmontables. La communauté internationale reste également méfiante vis-à-vis d’un acteur susceptible de compliquer le processus de paix.​

Face à lui, le président Tshisekedi bénéficie de la légitimité démocratique et d’un bilan contrasté mais avec des réalisations tangibles dans les secteurs sociaux et infrastructurels. Ses efforts pour défendre la souveraineté nationale, malgré les revers militaires, lui confèrent une stature de chef d’État responsable.​

Entre stratégie et nostalgie

Le retour de Joseph Kabila sur la scène politique tient probablement des deux. Il y a chez lui une forme de nostalgie du pouvoir, commune à de nombreux anciens dirigeants. Mais il y a surtout un calcul politique, celui d’un homme qui pense avoir identifié une opportunité dans le chaos actuel.​

Le conclave de Nairobi marque le début d’une longue bataille dont l’issue demeure incertaine. Kabila ne peut probablement pas revenir au pouvoir par les urnes dans l’immédiat, mais il peut espérer reconquérir une influence politique significative.​

Reste à savoir si les Congolais, qui ont connu les difficultés de son long règne, sont prêts à lui offrir une seconde chance face à d’autres figures présidentiables comme Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba, Denis Mukwege ou Moïse Katumbi. La réponse à cette question dira si ce retour marque le début d’une nouvelle ère ou le dernier soubresaut d’un passé révolu. Entre ces deux lectures, une certitude s’impose : la scène politique congolaise demeure profondément divisée, et la route vers 2028 s’annonce tumultueuse pour tous les acteurs en présence.

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RDC : Inga III, le barrage du siècle ou le mirage énergétique ?

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 Annoncé depuis plus de deux décennies comme le projet qui transformera la République démocratique du Congo (RDC) en « géant énergétique de l’Afrique », le barrage Inga III peine à voir le jour. Entre ambitions colossales, retards chroniques, luttes d’intérêts et doutes environnementaux, l’un des plus grands projets hydroélectriques du monde oscille entre rêve de puissance et mirage industriel. Entre-temps, l’Ethiopie concrétise un projet similaire avec le barrage de la Renaissance. 

Sur les rives puissantes du fleuve Congo, à 225 kilomètres de Kinshasa, les eaux grondent au pied des chutes d’Inga. C’est ici que devait s’élever Inga III, le plus ambitieux projet hydroélectrique jamais conçu en Afrique. Mais plus de vingt ans après son lancement officiel, le chantier reste une promesse inachevée, symbole des contradictions d’un pays riche en ressources mais pauvre en infrastructures. « Inga III devait changer le destin du Congo », soupire Jean-Pierre Mbayo, ingénieur à la retraite de la Société nationale d’électricité (SNEL). « Aujourd’hui, on parle encore d’études, de financements, de consortiums… mais pas de béton coulé », a-t-il ajouté d’un air dépité.   

Un rêve ancien, des promesses répétées

Le complexe hydroélectrique d’Inga ne date pas d’hier. Les deux premiers barrages, Inga I (1972) et Inga II (1982), devaient déjà propulser la RDC dans l’ère de l’électrification continentale. Mais les années de crise politique, de mauvaise gestion et de guerres successives ont freiné toute expansion. L’idée d’Inga III refait surface dans les années 2000, sous Joseph Kabila, avec un objectif colossal : produire 11 000 mégawatts d’électricité, soit de quoi alimenter non seulement la RDC, mais aussi une partie de l’Afrique australe. Le projet est alors rebaptisé « Grand Inga », censé à terme atteindre 40 000 MW, devenant ainsi le plus grand barrage du monde.

« Sur le papier, c’est un Eldorado énergétique », commente Agnès Mboyo, chercheuse à l’Université de Kinshasa. « Mais dans la réalité, la gouvernance, les financements et la planification environnementale n’ont jamais été à la hauteur des ambitions. »

Le projet rencontre également deux types d’opposition : sur le plan environnemental et deuxièmement son intérêt semble limité aux seuls miniers. D’après le reporter d’Africanews télévision, Chris Ocamringa, ce vaste projet hydroélectrique a été critiqué par certains militants de la société civile qui pensent que ce projet répondra plus aux besoins des investisseurs miniers que des Congolais de manière générale. Des populations riveraines craignent également des expropriations mais aussi pour leurs activités champêtres.   

Ben Munanga, président du conseil d’administration du géant minier KAMOA Copper S.A, rejette les accusations selon lesquelles la production de l’électricité du projet Inga 3 ira à 100 % aux miniers. « Il est dit nulle part dans le projet que toute la production ira à l’opérateur minier », a-t-il réfuté.      

Des partenaires nombreux, mais aucune mise en œuvre concrète

Au fil des ans, Inga III a vu défiler les partenaires : Chine, Espagne, Afrique du Sud, Banque mondiale, Union africaine. Chaque accord semblait marquer un tournant, avant de retomber dans le flou. La Banque mondiale s’est même retirée du projet en 2016, évoquant « un manque de transparence dans la conduite du dossier ». Sous Félix Tshisekedi, les discussions ont repris avec un consortium sino-espagnol, mais les négociations patinent.

Le gouvernement affirme vouloir reconfigurer le projet pour répondre d’abord aux besoins nationaux – un changement stratégique face à l’opinion publique, lassée de voir le courant partir à l’étranger alors que moins de 20 % des Congolais ont accès à l’électricité. « Il est impensable que le Congo exporte l’électricité alors que nos villages vivent encore dans le noir », avait déclaré un coordonnateur d’une ONG de défense de l’environnement. « Inga doit d’abord servir le peuple congolais. »

Un projet pharaonique… et controversé

Derrière les promesses, les critiques se multiplient. Les organisations écologistes redoutent un désastre environnemental sur le fleuve Congo, le deuxième plus puissant du monde après l’Amazone. Les ONG locales, quant à elles, dénoncent un manque de consultation des communautés affectées par les expropriations prévues. « Le discours sur le développement masque souvent la réalité : des familles déplacées, des écosystèmes détruits et des contrats opaques », dénonce Marie-Louise Kebi, militante d’un collectif pour la préservation des eaux du fleuve Congo. « Inga III risque de reproduire les erreurs des grands barrages du passé », estime-t-elle.

Sur le plan financier, les chiffres donnent le vertige : le coût initial, estimé à 12 milliards puis à 14 milliards selon les dernières projections. Dans un contexte de dette publique croissante et de corruption endémique, beaucoup doutent de la viabilité économique du projet.

Le symbole d’un pays à la croisée des chemins

Pour ses défenseurs, Inga III reste une chance historique. « Le Congo ne peut pas renoncer à son rôle de puissance énergétique », plaide Germain Kabeya, économiste. « Si nous réussissons Inga, nous devenons le cœur électrique de l’Afrique. » Mais pour d’autres, ce rêve industriel ne doit pas faire oublier les priorités immédiates : électrification rurale, maintenance des réseaux existants, et lutte contre les pertes massives d’énergie (près de 40 % selon la SNEL).

« L’énergie ne se mesure pas en mégawatts produits, mais en foyers éclairés », rappelle Élodie Manda, une ingénieure électromécanicienne. « Tant que Kinshasa restera éclairée et Kikwit dans le noir, Inga restera un mirage », a-t-elle ajouté. Devant cette réalité amère, l’administration Tshisekedi a changé le fusil d’épaule. En attendant Inga III, le gouvernement a créé ANSER : une Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain. Elle vise à atteindre 30 % d’électrification des milieux ruraux et périurbains en 2025 et 50 % d’ici à 2030. Grâce à l’énergie solaire, cette structure a déjà apporté de l’électricité à Lodja, au Sankuru. Réputé un des trous noirs du pays, ce chef-lieu de la province a été éclairé avec notamment une partie de Lumumbaville, une nouvelle ville créée en hommage à Patrice Emery Lumumba, à Onalua.           

Inga III : le barrage du siècle… ou du siècle prochain ?

En 2025, Inga III n’est encore qu’un projet en attente de financement définitif, malgré des décennies d’études et de promesses politiques. Entre tensions géopolitiques, retards administratifs et défi de gouvernance, le barrage du siècle reste suspendu entre deux réalités : celle du rêve national et celle du doute collectif. « Le fleuve, lui, continue de couler », sourit amèrement un ingénieur qui renvoie ce projet aux calendes grecques suite aux nombreux défis qui se dressent au pays.

Pourtant, dans la Corne de l’Afrique, un pays a décidé et s’est donné les moyens d’y parvenir sans trop attendre l’aide extérieure : l’Ethiopie. Démarrés en 2010, les travaux ont duré 14 ans. Le Grand barrage de la Renaissance est aujourd’hui un projet hydroélectrique majeur construit par l’Éthiopie sur le Nil Bleu. Ce barrage est devenu une source de tensions géopolitiques avec les pays en aval du Nil, notamment l’Égypte et le Soudan. Le barrage est officiellement inauguré en septembre 2025, mais des turbines sont opérationnelles depuis 2022, produisant de l’électricité pour l’Éthiopie et ayant pour objectif l’exportation d’énergie dans la région. L’Égypte et le Soudan craignent que le barrage ne réduise leur approvisionnement en eau et cherchent à trouver un accord avec l’Éthiopie.     

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RDC : face aux embouteillages, comment bâtir une industrie du rail ? 

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Les villes de la République démocratique du Congo sont confrontées à une croissance démographique rapide, entraînant une urbanisation accélérée avec des défis majeurs comme l’insuffisance des infrastructures routières et des services de base. Des villes comme Kinshasa et Matadi font face à des embouteillages monstres, détériorant ainsi la qualité de vie dans ces métropoles. Le gouvernement a relancé, bon gré mal gré, le train urbain. Mais la qualité des rails laisse à désirer, obligeant l’exécutif national à penser à l’implantation d’une usine d’assemblage et de montage de trains au pays. 

L’Office national des transports (ONATRA) a réfectionné certains rails pour permettre la reprise du train urbain entre Kinshasa et Matadi. Dans des quartiers comme Mapela, dans la commune de Masina, cette réfection suscite des réactions contrastées. Si certains saluent la reprise du train, d’autres se montrent inquiets par rapport à la mauvaise qualité du travail réalisé lors de la réfection de ces rails. « La réhabilitation du rail est faite de manière précaire et cela peut causer un déraillement du train. Ils ont posé le rail sur des sacs de sable. Avec le soleil et le retour de la pluie, ces sacs peuvent s’user facilement et provoquer des dégâts au passage du train », explique Jérôme Mabeka, habitant non loin de ce chemin de fer. 

Implanter une usine de montage de trains 

Vieux de plus d’un siècle, le réseau ferroviaire de la RDC nécessite non seulement une réfection approfondie mais également la construction de nouveaux rails. Pour faire face à ces défis du rail et des locomotives, le pays a lancé le 25 octobre 2025 un appel à manifestation d’intérêt international pour la construction d’une usine d’assemblage et de montage de trains. Le document, signé par le ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, recherche des partenaires pour la création d’unités d’assemblage capables de produire plusieurs dizaines de locomotives et wagons par an, tout en assurant un transfert de compétences vers les ingénieurs et techniciens locaux. Le projet sera mis en œuvre sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP) d’une durée comprise entre 25 et 30 ans. Il prévoit également la création d’un écosystème de maintenance, la production de pièces détachées et la formation professionnelle. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de relance et de modernisation du secteur ferroviaire, en cohérence avec la politique d’industrialisation et d’intégration régionale promue par le gouvernement. Le projet vise aussi à moderniser la voie ferrée congolaise, vieille d’un siècle. Selon le communiqué, la RDC dispose de plus de 5 000 km de voies ferrées, mais son potentiel ferroviaire est sous-exploité en raison du vieillissement du matériel roulant et de l’absence d’industries locales de production ou de réhabilitation. Ce qui a poussé le gouvernement à lancer cet appel à manifestation d’intérêt international afin de trouver des partenaires en mesure d’assurer un réseau ferroviaire local. 

Les entités intéressées, telles que des constructeurs ferroviaires, sociétés d’ingénierie, entreprises BTP, investisseurs institutionnels et centres de formation, ont jusqu’au 5 décembre 2025 à 15h00 (heure de Kinshasa) pour soumettre leurs dossiers. Des visites de sites sont prévues à Matadi et Kalemie avant le 25 novembre 2025. Ces deux villes ont été choisies par le gouvernement pour abriter ces usines. 

Une fois mis en œuvre, cette usine pourrait renforcer la souveraineté industrielle du pays et réduire la dépendance aux importations de locomotives et wagons, relancer la production locale du matériel roulant adapté aux besoins nationaux et régionaux et créer des emplois qualifiés. Il s’agit également de favoriser le transfert de technologies et de développer un centre de formation ferroviaire national, de soutenir la relance de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et de l’Office national des transports (ONATRA) ainsi que les projets PPP ferroviaires (Corridor de Lobito, Corridor Est-Centre, Kinshasa-Matadi-Banana). 

Face aux embouteillages, relancer le train 

Pour combattre les embouteillages chroniques en RDC, et plus spécifiquement à Kinshasa, le pays prévoit des projets de train urbain pour réduire ces congestions du trafic. Ce projet, appelé Métrokin, a pour objectif de désengorger la capitale en offrant un transport de masse, même si des investissements colossaux et une réhabilitation du réseau sont nécessaires. Le gouverneur de Kinshasa avait annoncé la construction d’une ligne de métro aérien avec un partenaire malaisien, et des études ont été menées pour sa réalisation. Mais jusqu’ici, les signaux pour concrétiser ce projet restent encore faibles. 

Par contre, en septembre 2025, le gouvernement a relancé la ligne Kinshasa-Matadi, longue de 366 km. Cette ligne relie la capitale au principal port maritime du pays, tout en acquérant de nouveaux matériels roulants. À terme, cette ligne doit être prolongée jusqu’au futur port en eau profonde de Banana, actuellement en construction, dans le cadre d’un plan visant à fluidifier les échanges intérieurs et extérieurs. Si ces projets de l’industrie du rail se concrétisent, ils devraient réduire les défis de mobilité dans un contexte où le réseau routier national et le transport fluvial font face à de nombreuses contraintes : routes dégradées, congestion urbaine, embarcations vétustes, voies de navigation non balisées et accidents fréquents. Autant de facteurs qui pèsent sur les coûts logistiques et affectent la compétitivité économique du pays. 

Éviter les erreurs du passé 

En juin 2015, la RDC avait réhabilité certains tronçons de ses chemins de fer et avait réceptionné 18 locomotives neuves sur 38 commandées. À cette époque, la dernière acquisition d’une locomotive neuve datait de 40 ans. Après environ 15 ans d’interruption, le trafic passager sur la ligne ferroviaire Matadi-Kinshasa avait été inauguré le 2 juillet 2015. Mais faute de maintenance dans une ligne ferroviaire vétuste et de locomotives parfois inadaptées, le trafic Kinshasa-Matadi n’avait pas fait long feu sous Joseph Kabila. En relançant cette ligne sous Félix Tshisekedi, le gouvernement devrait éviter les erreurs du passé en travaillant sur la modernisation du rail congolais afin de pérenniser ce trafic en ajoutant des nouveaux rails sur des lignes existantes. Le sénateur Jean-Bamanisa, qui travaille depuis des années dans le secteur de la construction, conseille au gouvernement d’ajouter des rails modernes sur des servitudes ferroviaires existantes afin de permettre le trafic des locomotives de technologie récente. Sans cette modernisation, l’industrie du rail ne saurait redécoller en RDC. 

Avec la réhabilitation des corridors ferroviaires régionaux, notamment celui de Lobito (Angola – Zambie – RDC) et celui du Tanganyika vers la Tanzanie, l’industrie du rail pourrait être boostée. Ce qui augure peut-être un nouveau départ, à condition de remédier à l’absence d’un écosystème industriel complémentaire tel que des sous-traitants locaux, une logistique intégrée et la maintenance. Il faut également résoudre un goulot d’étranglement persistant dans les domaines de l’énergie, des infrastructures ou de la connectivité numérique, facteurs qui risquent aussi de freiner les gains de productivité attendus. 

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Perchoir de l’Assemblée nationale : la bataille s’annonce plus complexe que prévu

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La course à la succession de Vital Kamerhe à la tête de l’Assemblée nationale semble être plus complexe qu’un simple calcul politique. Le candidat favori Aimé Boji, qui a démissionné de son poste de ministre de l’Industrie pour occuper le perchoir, retrouve sur son chemin Christophe Mboso, Jean-Baudouin Mayo, Crispin Mbindule et d’autres candidats. Au sein de son propre parti, l’Union pour la nation congolaise (UNC), certains élus hésitent à lui apporter leur soutien. Même avec l’arbitrage de Félix Tshisekedi, cette élection paraît complexe.

En République démocratique du Congo (RDC), la bataille pour le perchoir est bien lancée. Un nom se détache du lot : celui d’Aimé Boji Sangara, membre de l’UNC, le parti de Vital Kamerhe, mais également très proche du président Félix Tshisekedi. Un détail prouve que cet élu de Walungu a le soutien du chef de l’État : sa démission du gouvernement. Mais son élection risque d’être plus complexe que prévu. Sur le starting-block, douze députés, dont aucune femme, sont prêts pour la course au perchoir. Parmi ces douze candidats, trois sont de l’UDPS/Tshisekedi. Il s’agit de Crispin Mbindule Mitono, ancien de l’UNC et initiateur de la motion contre Vital Kamerhe. Il y a aussi Doudou Dunia Mangu Mangu et Patrick Matata Makalamba.

Du côté de l’UNC, Aimé Boji n’est pas seul. Il y a aussi Jean-Baudouin Mayo Mambeke. Pour d’autres partis et regroupements politiques, 7 candidats se bousculent au portillon : Christophe Mboso Nkodia, Jean-Marie Kalumba Yuma, Didier Kamundu Batundi, Willy Mishiki Buhini, Simon Mulamba Mputu, Singoma Mwanza Hamissi et Emil Saidi Balikwisha.

L’astuce de l’Union sacrée pour barrer la route aux autres candidats

Dans ce lot des candidats, Félix Tshisekedi semble avoir déjà fait son choix. Mais pour barrer la route aux autres candidatures, l’Union sacrée ne déposera à l’Assemblée nationale que le profil qui sera validé par la « haute autorité politique » de cette plateforme présidentielle. D’après un communiqué publié le 17 octobre par André Mbata, secrétaire permanent de l’Union sacrée, les dossiers des candidats ont été transmis à la haute autorité politique de l’Union sacrée, à savoir : le Président de la République, pour décision. Seule la candidature choisie par Félix Tshisekedi, précise André Mbata, sera déposée à l’Assemblée nationale pour vote.

Selon Isaac Tshilumbayi, président intérimaire de l’Assemblée nationale, même si le président Félix Tshisekedi avait déclaré ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires internes du Parlement, il a eu son mot à dire, en sa qualité d’autorité morale de l’Union sacrée, et d’arbitre des crises institutionnelles.

Pourquoi le choix de Boji ?

Avec la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est, l’approche de Vital Kamerhe faisait parfois l’objet de contestation. Le vide laissé par son départ de la tête de l’Assemblée nationale devrait être comblé en respectant la géopolitique. Ce qui expliquerait le choix d’Aimé Boji qui, non seulement est proche de Vital Kamerhe, mais il est aussi originaire du Sud-Kivu et du même territoire que Kamerhe. Un choix qui s’expliquerait par des raisons à la fois politiques et stratégiques : l’homme a cependant une ambition jugée moins affirmée que son chef du parti. Ce qui ne fera aucun ombrage à Félix Tshisekedi au cas où l’homme aurait des calculs sur la modification de la Constitution ou sur la négociation d’un atterrissage en douceur à la fin de son mandat.

Le seul problème est que l’ancien ministre de l’Industrie ne fait pas l’unanimité auprès des députés de la majorité. « Je n’ai rien contre Aimé Boji mais le fait d’être parenté avec Vital Kamerhe, cela ne donne pas une bonne image », a déclaré Willy Mishiki à Top Congo FM. Jean-Baudouin Mayo qui s’est porté aussi candidat n’a pas à cœur la candidature de son camarade du parti, Aimé Boji.

Si Vital Kamerhe n’a pas encore fait une déclaration officielle de soutien, certains dans son entourage s’expriment déjà en faveur de Boji. « Nous pensons que nous avons le candidat idéal. Parce qu’il y a aussi le critère de la géopolitique qu’il faut prendre en compte pour garder les équilibres institutionnels. Nous sommes tous derrière la candidature de Aimé Boji Sangara que nous pensons être en mesure de réunir l’Assemblée nationale… », a déclaré le député UNC Michel Moto, élu du territoire de Walikale.

Fort de son expérience parlementaire acquise depuis la première législature de 2006, Boji demeure confiant. Il s’est conformé d’ailleurs au communiqué de l’Union sacrée de la nation en se rendant au siège de la plateforme déposer son dossier contenant notamment son CV. Le choix porté sur Boji traduirait aussi la volonté de Félix Tshisekedi de fragmenter le leadership au Sud-Kivu, en favorisant l’émergence de plusieurs figures politiques régionales, comme il l’a déjà fait notamment dans le grand Équateur avec Jean-Pierre Bemba, Jean-Pierre Lihau, Jean-Lucien Bussa et Guy Loando. Il reste désormais à fixer la date du scrutin et à gérer les ambitions. Une tâche qui ne sera pas facile. Si d’autres candidats au perchoir seront recalés, il y a toujours un risque de fronde de la part des députés électeurs lors de l’élection.

Mboso se pointe encore…

Ancien président de l’Assemblée nationale de février 2021 à mai 2024, Christophe Mboso a tenté de revenir au perchoir lors de l’élection du nouveau bureau en 2024. Mais le système des primaires instauré pour départager Vital Kamerhe, Modeste Bahati et Christophe Mboso avait tourné à l’avantage de l’élu de Walungu, au Sud-Kivu. Mais cette fois-ci, Mboso s’est encore pointé comme candidat alors qu’il est actuellement deuxième vice-président du bureau. « Je suis convaincu que cette Chambre basse de notre pays nécessite une personne digne, intègre et serviable pour la diriger. Je suis prêt à mettre mon expérience et mes compétences au service de l’Assemblée nationale, pour œuvrer au développement de notre pays », a défendu Christophe Mboso N’kodia.

En attendant la dernière décision du Président Félix Tshisekedi, André Mbata rappelle que tous les candidats, qui avaient déjà signé les actes d’engagement à l’Union sacrée et de loyauté à la haute autorité politique, se sont par ailleurs engagés à accepter son choix. Cette course au perchoir de l’Assemblée nationale n’est pas seulement un jeu interne de nominations : c’est aussi un moment de configuration du pouvoir, de test de la majorité, de projection sur l’avenir politique. Le fait que plusieurs candidats de l’USN se bousculent déjà montre l’enjeu majeur que représente cette fonction. L’issue aura des conséquences à court et moyen terme : sur la légitimité du Parlement, sur la gouvernance, et sur la cohésion de la majorité présidentielle.

Heshima

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