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RDC : dialoguer avec le M23, mais à quel prix ?

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Après le sommet conjoint EAC-SADC tenu samedi 8 février, à Dar es-Salaam, en Tanzanie, le gouvernement congolais a accepté les conclusions de ces assises qui recommandent un dialogue avec toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris le Mouvement du 23 mars (M23). Le contenu de ces discussions risque de poser problème au regard des revendications parfois surréalistes de ces rebelles.

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a pris acte et a salué, dimanche 9 février, les conclusions du sommet conjoint des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Ce sommet a décidé d’un cessez-le-feu immédiat et de la cessation des hostilités sans conditions entre toutes les parties ; l’acheminement urgent d’une assistance humanitaire, y compris le rapatriement des dépouilles et l’évacuation des blessés ; l’ouverture et la sécurisation des principaux axes logistiques, y compris les voies routières et lacustres ; la réouverture immédiate de l’aéroport international de Goma ainsi que la sécurisation de cette ville et de ses environs.

Mais là où le problème pourrait se poser, c’est la recommandation du dialogue faite à toutes les parties, y compris le M23. Le gouvernement le tenait pour une ligne rouge à ne pas franchir. Cependant, face aux revers militaires subis à Goma et Saké, le gouvernement n’a plus d’autre choix que de dialoguer. Mais à quel prix ? Les rebelles du M23 ont des revendications qui sortent de l’ordinaire. Dans l’accord du 23 mars 2009, ils réclamaient notamment le contrôle militaire du Grand Kivu. C’est-à-dire que la communauté tutsie devait devenir la garante de la sécurité de cette partie de la RDC, dépossédant ainsi l’État de son pouvoir régalien. Ce qui crée les conditions d’une balkanisation du pays. Autre demande, c’était le mixage et brassage des éléments rebelles au sein de l’armée. Une mauvaise expérience qui a montré ses limites par le passé.

Une erreur à ne plus commettre

Après avoir effectué le brassage et mixage des rebelles du CNDP au sein des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), l’ancien président Joseph Kabila avait constaté que ces mêmes éléments avaient fini par faire défection en masse, en 2012, pour former le M23. Lors d’un échange avec la société civile de Goma, en 2013, Joseph Kabila avait reconnu ce brassage comme une erreur à ne plus commettre. Son porte-parole de l’époque, Lambert Mende, avait indiqué que s’il fallait faire la guerre pendant 100 ans, la RDC la ferait, pourvu que ces « bandits » ne soient plus intégrés dans l’armée. « Tout au long de notre histoire de ces dernières années, des erreurs ont été commises, celles de croire qu’on pouvait intégrer au sein d’une force armée des groupes de malfaiteurs, des groupes de bandits qui n’ont aucun patriotisme et penser qu’on peut les changer par le simple fait de l’intégration. Non, l’armée doit devenir un corps d’élite, un creuset du patriotisme. Ces gens peuvent faire tout. Ils peuvent travailler, étudier, ils peuvent faire de l’agriculture, du business… Mais pour rentrer dans l’armée congolaise, dorénavant, il va falloir remplir certaines conditions morales. Les gens du M23 ne sont pas éligibles dans l’armée. Donc, nous ne négocierons pas avec eux », avait déclaré Lambert Mende.

Actuellement, le régime de Félix Tshisekedi est confronté au même problème, 12 ans après. Après la prise de Goma, le M23 risque de se retrouver à la table de discussion en position de force. Le chef militaire du M23, Sultani Makenga, et ses hommes proches du Rwanda, peuvent à nouveau faire monter les enchères. Vital Kamerhe, lors de l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale, avait déclaré que le président de la République voulait négocier « sans vendre le Congo ». Le gouvernement devrait dorénavant veiller sur chaque mot prononcé et chaque accord signé pour ne pas retomber dans les erreurs du passé.

Heshima

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Conflits en RDC : des sanctions individuelles et leur inefficacité

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Les États-Unis ont sanctionné, jeudi 20 février, le ministre d’État rwandais de l’Intégration régionale, James Kabarebe, mais aussi le porte-parole du Mouvement du 23 mars (M23), Lawrence Kanyuka, pour leur rôle dans la déstabilisation de la République démocratique du Congo (RDC) par la guerre d’agression menée par Kigali et ce groupe rebelle sur le sol congolais. Mais ces mesures individuelles n’ont presque jamais réussi à changer le cours des choses dans les conflits qui sévissent au pays de Lumumba.

D’après le Trésor américain, James Kabarebe est au centre du soutien du Rwanda au Mouvement du 23 mars (M23). Washington dit vouloir demander « des comptes » aux auteurs des activités déstabilisatrices perpétrées par l’armée rwandaise et les rebelles du M23 en RDC. « L’action d’aujourd’hui souligne notre intention de demander des comptes aux responsables et dirigeants clés comme Kabarebe et Kanyuka, qui permettent les activités déstabilisatrices des RDF et du M23 dans l’est de la RDC », a déclaré le sous-secrétaire intérimaire du Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier, Bradley T. Smith.

Malgré l’annonce de ces sanctions, Washington reste conscient de la nécessité d’une issue pacifique à cette crise, soulignant que « les États-Unis restent déterminés à garantir une résolution pacifique de ce conflit. » Ces sanctions comprennent généralement le gel des avoirs de ces individus aux États-Unis et l’interdiction pour tout citoyen américain de faire commerce avec eux.

Le Rwanda minimise les sanctions

Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Rwanda consulté par le Magazine Heshima, Kigali interprète ces sanctions comme une ingérence extérieure dans un processus de paix pris en charge par l’Afrique. « Les mesures punitives, y compris les sanctions, ne contribuent en rien à la sécurité, à la paix et à la stabilité à long terme dans la région des Grands Lacs. De telles mesures ne peuvent être interprétées que comme une ingérence extérieure injustifiée, risquant de retarder la résolution du conflit », peut-on lire dans ce document. Le Rwanda pense que ces sanctions ne vont donc pas précipiter l’arrivée de la paix dans la région des Grands Lacs, ce qui suggère que Kigali poursuivra son agression sur le territoire congolais.

Des sanctions sans effet sur Nangaa

Sanctionné depuis 2019 pour corruption et entrave au processus démocratique en RDC, alors qu’il dirigeait encore la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa a toujours agi comme si de rien n’était. Nangaa était accusé également de surfacturation de plus de 100 millions de dollars pour l’acquisition de machines à voter, détournement de fonds opérationnels de la CENI et financement de la campagne électorale d’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat président de la République désigné par le camp du président sortant, Joseph Kabila.

Même si ces sanctions peuvent réduire sa marge de manœuvre, l’homme est devenu encore plus radical en créant une rébellion armée en décembre 2023 depuis Nairobi, au Kenya. Il est devenu le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une structure politico-militaire créée avec le M23. Corneille Nangaa s’est allié au Rwanda pour tenter de faire tomber le régime de Félix Tshisekedi. À ce jour, sa rébellion, aidée par les troupes rwandaises, occupe une grande partie des deux Kivus, menaçant les provinces du Maniema, du Tanganyika et de l’Ituri.

Aucun impact sur les ADF

Depuis 2019, cinq membres de la rébellion ougandaise des ADF ont été également visés par des sanctions américaines, dont le leader du mouvement, Musa Baluku. Cette rébellion ougandaise, qui a fait allégeance à l’Etat islamique, opère dans l’Est de la RDC depuis près d’un quart de siècle. Elle est responsable de nombreux massacres de civils depuis 2014 dans les territoires de Beni, Lubero et dans la province de l’Ituri, plus au nord-est de la RDC. Mais depuis 2019, Musa Baluku se pavane en RDC et multiplie des massacres contre des civils congolais qu’il accuse d’être des « infidèles ». Dans le communiqué annonçant ces sanctions en 2019, Washington accusait les ADF de commettre de graves violations des droits de l’homme, dont l’enlèvement et l’utilisation d’enfants soldats.

Il faut viser le porte-monnaie du Rwanda

Il est vrai que le peuple rwandais ne décide pas de la politique violente que mène le président Paul Kagame dans la région, mais il est démontré qu’une fois que le porte-monnaie du Rwanda est visé, Kigali a toujours reculé. James Kabarebe, qui a causé autant de tort à la RDC depuis 1997-1998, ne va pas changer d’attitude parce qu’il est sanctionné par le Trésor américain. Paul Kagame, son leader, avait déjà avisé l’opinion internationale qu’entre les sanctions contre son régime et lutter contre une menace existentielle, il choisirait le second. Pour l’infléchir, il faudrait passer par des sanctions contre son État, en visant des secteurs comme la défense. Sous Barack Obama, Washington avait coupé l’aide militaire au Rwanda en 2013. Berlin et Londres avaient fait pareil. Ce qui avait poussé Kigali à cesser son soutien au M23 et le mouvement avait fini par être vaincu militairement par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), aidées par une Brigade d’intervention de l’ONU (FIB).

Actuellement, l’Occident continue de ménager Kigali, même si des condamnations verbales existent. Par exemple, la France a laissé la liberté sur son territoire qu’un rebelle puisse ériger un cabinet de conseil minier alors que Lawrence Kanyuka et le M23 contrôlent des mines dans l’Est de la RDC, notamment la mine de coltan de Rubaya. Ce cabinet, baptisé « Kingston Holding », fonctionne depuis 2017 sur l’une des artères les plus chères de la capitale française, rue Saint-Honoré. Cela démontre le laxisme de Paris vis-à-vis de la rébellion du M23 et de Kigali, son parrain direct. Si la communauté internationale campe uniquement sur des sanctions individuelles, cela n’apportera pas l’effet escompté sur le terrain.

Heshima

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Sanctions contre le Rwanda : L’ONU tourne en rond

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Le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu, le 19 février à New York, une nouvelle réunion d’urgence sur la crise sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). À la fin de cette séance, les positions des États membres n’ont vraiment pas évolué, se contentant des condamnations verbales contre le Rwanda pour sa violation de la souveraineté congolaise. La Russie a même choqué une partie de l’opinion congolaise par son soutien à Kigali.

Le 19 février, dans la Maison de verre, à New York, les lignes n’ont pas bougé en faveur de la RDC. Le Rwanda, dont les troupes violent l’intégrité du territoire congolais, continue à bénéficier d’un blanc-seing de la part de l’ONU. Après avoir envahi Goma et ses alentours, l’armée rwandaise, en appui aux rebelles du M23, a progressé à Bukavu et au-delà sans inquiéter qui que ce soit. La communauté internationale s’est bornée, jusqu’ici, à condamner cette progression sans prendre de sanctions contre Kigali. Pourtant, pour une fois, le gouvernement de la RDC a officiellement accusé le Rwanda devant le Conseil de sécurité de l’ONU, de vouloir renverser le pouvoir à Kinshasa. Dans son intervention devant cet organe qui examinait la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a demandé à l’ONU de prendre des « sanctions robustes » contre Kigali et la rébellion du M23 alliée à l’Alliance Fleuve Congo de Corneille Nangaa.

À Goma, une ville occupée, les rebelles font la loi, empêchant même les structures de l’ONU de travailler en toute quiétude. D’après la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, le M23 impose de sévères restrictions sur la liberté de mouvement des éléments de la MONUSCO. Ces rebelles empêchent la MONUSCO de se réapprovisionner en eau et autres produits essentiels pour les troupes de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIR-RDC). Les infrastructures essentielles de cette mission onusienne sont sous une pression extrême de la part des rebelles et de leurs alliés.

La représentante des États-Unis au Conseil de sécurité a même accusé le Rwanda d’avoir organisé une manifestation contre la MONUSCO à Goma. « Combien de fois devrons-nous encore nous réunir pour débattre du cycle prévisible des violences ? », s’est demandée la représentante des États-Unis. Selon elle, Washington est prêt « à travailler avec les membres du Conseil pour imposer des sanctions. »

La Russie surprend certains Congolais !

Lors de son intervention, le représentant de la Russie au Conseil de sécurité a choqué certains Congolais par son soutien au Rwanda. La Russie demande à la RDC de cesser « toute collaboration » avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). La Russie a aussi dénoncé le recours, par la RDC, à des « mercenaires européens ». Une position qui a surpris certains Congolais qui appelaient justement leur gouvernement à nouer des alliances militaires avec Moscou. La Russie a simplement suivi une logique évidente. Elle a envahi l’Ukraine pratiquement pour des mêmes prétextes que le Rwanda. Donc, ce soutien à Kigali semble politiquement correct pour Moscou. Même Washington, que d’aucuns accusent d’être derrière Kigali, s’est dit prêt à prendre des sanctions contre le Rwanda. Le Royaume-Uni affirme également préparer des sanctions contre le régime de Paul Kagame.

Mais jusqu’à présent, toutes les réunions d’urgence organisées par le Conseil de sécurité au sujet de la crise sécuritaire en RDC n’ont rien produit sur le terrain. L’ONU ne fait que tourner en rond alors qu’elle a toute une palette de mesures contraignantes qui pourraient faire reculer Kigali.

Heshima

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Rwanda et FDLR : manipulation pour tuer et piller la RDC

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Depuis près de trente ans, le Rwanda brandit régulièrement la présence des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) en République Démocratique du Congo (RDC) comme un argument pour justifier ses interventions militaires, son soutien à des groupes armés, et son ingérence continue dans les affaires congolaises. À travers une analyse approfondie, Heshima Magazine explore l’histoire des FDLR, les réalités du terrain et les manipulations géopolitiques derrière cette rhétorique de menace.

Le gouvernement de Paul Kagame a systématiquement présenté les FDLR comme une menace existentielle pour le Rwanda, exploitant cet argument pour légitimer ses incursions militaires en RDC. Cependant, une étude plus poussée des faits révèle que cet argument est fallacieux. Les FDLR, dans leur configuration actuelle, ne représentent plus aucun danger militaire pour le Rwanda. En réalité, cette rhétorique sert avant tout à masquer des intérêts économiques et territoriaux bien plus pragmatiques.

Un mouvement né de l’exil

Les FDLR trouvent leur origine dans l’exode massif de réfugiés hutus fuyant le Rwanda après le génocide de 1994. À la suite de la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais (FPR), dirigé de facto par Paul Kagame, des centaines de milliers de Hutus, dont des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR) et des miliciens Interahamwe, se sont réfugiés en RDC, alors connue sous le nom de Zaïre. Parmi ces réfugiés se trouvaient à la fois des responsables du génocide, des militaires, ainsi que des civils fuyant la répression. C’est dans ces camps, principalement situés au Kivu, que certains groupes armés hutus ont commencé à s’organiser pour un retour au Rwanda.

Les FDLR émergent officiellement en 2000 en RDC, succédant à l’Armée de Libération du Rwanda (ALiR), elle-même composée des vestiges des FAR et des milices Interahamwe. Initialement présentés comme une force d’opposition, les FDLR ont vu leur activité militaire diminuer au fil des ans, se transformant en un groupe armé essentiellement actif en RDC. Ils se sont alors rendus responsables de nombreuses exactions contre les civils congolais : pillages, viols, enrôlement d’enfants soldats, et exploitation illégale des ressources minières.

Une menace fictive

Contrairement à la propagande soutenue par Kigali, les FDLR n’ont jamais constitué une véritable menace militaire pour le Rwanda. Depuis leur création, leurs rares tentatives d’attaque ont été insignifiantes et rapidement neutralisées. Plutôt que de constituer un danger militaire, les FDLR se sont concentrées sur leur survie en RDC, cherchant à éviter une riposte directe de Kigali. De nombreuses opérations militaires conjointes menées entre la RDC et ses alliés ont réduit leur influence, et plusieurs de leurs leaders ont été éliminés. Aucun incident majeur n’a eu lieu depuis leur création pour justifier cette soi-disant menace.

De plus, plusieurs groupes soutenus par le Rwanda, tels que le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), et enfin le M23, ont contrôlé pendant des années les mêmes régions où opéraient les FDLR. Si ces derniers représentaient une menace, Kigali a eu plusieurs occasions de les neutraliser. Le RCD, par exemple, contrôlait les provinces du Nord et du Sud-Kivu pendant près de cinq ans avec des moyens militaires largement supérieurs. Pourtant, aucune opération militaire d’envergure n’a été lancée contre les FDLR, suggérant que leur maintien en vie sert d’alibi pour l’intervention rwandaise.

Une contradiction évidente

Une autre contradiction majeure réside dans l’intégration de certains membres des FDLR au sein du gouvernement rwandais. Le Rwanda a intégré des anciens membres des FDLR dans ses structures de sécurité, comme en témoigne la promotion de Paul Rwarakabije, ancien commandant des FDLR, au rang de général dans l’armée rwandaise. Une telle démarche contredit l’argument d’une « menace génocidaire » et démontre clairement l’instrumentalisation politique de ce groupe par Kigali.

Le mythe des « génocidaires » toujours actifs

Une autre justification récurrente avancée par le Rwanda pour maintenir son intervention en RDC est celle selon laquelle les FDLR seraient composés en grande majorité de génocidaires toujours actifs. Cependant, après plus de trente ans, il est hautement improbable que les ex-FAR impliqués dans le génocide de 1994 soient encore en activité militaire. La majorité de ces anciens combattants ont été tués, capturés, jugés, ou ont simplement vieilli et ne constituent plus une menace. Aujourd’hui, les FDLR sont largement composées de jeunes recrues nées en RDC, sans lien direct avec le génocide. L’argument selon lequel les FDLR perpétuent une menace génocidaire est donc largement exagéré et semble davantage conçu pour justifier une ingérence continue dans l’Est congolais.

Un prétexte pour des ambitions géopolitiques

Derrière l’argument sécuritaire avancé par le Rwanda se cachent des objectifs plus terre-à-terre : l’accès aux ressources minières de l’Est de la RDC et des ambitions territoriales. Le Rwanda, petit pays pauvre en ressources naturelles, est devenu ces dernières années un acteur majeur dans l’exportation de minerais tels que le coltan, l’or et la cassitérite. Or, une grande partie de ces ressources provient de l’Est de la RDC, une région dévastée par les conflits où des groupes armés soutenus par Kigali exercent leur domination.

Des rapports d’experts des Nations Unies ont mis en lumière les circuits de contrebande et de financement des groupes rebelles opérant sous la tutelle de Kigali. Les profits générés par l’exploitation des ressources congolaises alimentent directement l’économie rwandaise, contribuant à sa croissance au détriment de la stabilité régionale. Des experts comme Stéphanie Wolters, chercheuse principale à l’ISS et spécialiste des dynamiques régionales en Afrique centrale, soulignent que « le Rwanda a des ambitions territoriales claires dans l’Est de la RDC », une réalité qui a longtemps été ignorée.

Vers une démystification urgente

Au-delà des manipulations géopolitiques et des intérêts économiques que cache l’argument de la menace des FDLR, une question demeure : combien de victimes congolaises faut-il encore pour que la communauté internationale cesse de cautionner cette rhétorique fallacieuse ? Le drame humanitaire qui se joue à l’Est de la RDC est d’une ampleur inimaginable, et pourtant, il continue d’être minimisé au nom d’une justification mensongère.

Aujourd’hui, plus de 7 millions de Congolais ont perdu la vie dans ce conflit, un bilan qui dépasse de loin les horreurs du génocide rwandais. Ce chiffre représente près de quatre fois la population de Paris, plus de six fois celle de Bruxelles et plus de deux fois celle de Berlin. N’est-ce pas suffisant ? Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce drame a causé plus de morts civiles que n’importe quel autre conflit dans le monde. Alors, combien de vies devront encore être sacrifiées pour que la communauté internationale prenne enfin conscience de l’ampleur du mensonge qui sert de couverture à l’impunité du Rwanda ? Combien de souffrances faudra-t-il pour que l’on cesse de tolérer que la souveraineté de la RDC soit continuellement violée sous prétexte d’une menace quasi inexistante ?

La RDC mérite enfin de se reconstruire dans la paix et la stabilité, sans que des puissances étrangères, à travers des manœuvres cyniques, n’exploitent ses ressources naturelles et ne maintiennent son peuple dans une éternelle souffrance. La communauté internationale doit agir, reconnaître la réalité de la situation et mettre fin à cette instrumentalisation meurtrière. La mémoire des millions de victimes congolaises doit être un appel impérieux à la fin de cette tragédie.

Heshima

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